La rumeur, le mythe et le monde vus de nos fenêtres

 Les carnets de route sont traditionnellement des témoignages sur ce qui nous environne. Témoigner en jugeant au minimum et en rapportant les faits au plus proche de ce que nous  « voyons » ! Prendre parfois une distance...

Pourquoi le citoyen ne serait-il pas un reporter, un témoin de son temps ? Tout juste, dans la presse, accorde-t-on quelque petite place à des lettres tronquées, à des témoignages qui ne sont que la caution de ce qui a déjà été écrit par des professionnels. Pourtant, qui connaît la cité, qui mieux que le témoin sait ce qui se passe à deux pas de chez lui ? Du témoignage on convoque celui que la justice valide. La presse l'ignore !

Ha ! On nous dira que le témoin ne peut se dégager d'une certaine subjectivité, qu'il est emporté par le jeu des passions... Parce que le journaliste professionnel serait lui un modèle de "distanciation" ?
L'expérience quotidienne nous montre pourtant que les journalistes eux-mêmes se laissent envahir par les modes, les émotions du moment, les opinions et préjugés qui ont cours.
Ne s'agirait-il pas plutôt du résultat d'un des ces clivages qui structurent nos sociétés, du fossé consacré entre ceux qui pensent et ceux qui consomment, s'embourbent et s'empêtrent dans la boue du quotidien ?
Le journalisme d'opinion se nourrirait-il de cette vieille idéologie selon laquelle, certains sauraient mieux que d'autres ce que le bon peuple attend de ses élites ?
Au-delà, cependant, il serait intéressant que l'anthropologue, le psychologue, tous ceux qui opèrent sur ou avec l'âme humaine, en reviennent au témoignage, au parler direct plutôt qu'à leurs doctrines qu'ils tiennent le plus souvent pour paroles de vérité éternelle et universelle. L'entretien avec Francine McKenzie en est un « témoignage » poignant.

Il est probable que pour l'anthropologue, mû par les idéaux de la connaissance, le point ultime de son expérience, serait d'écrire un roman...