Il existe alors deux sortes de rites, " ceux qui protègent l'individu contre le contact au numineux, et ceux qui tentent de capter ou de manier la force du numineux. "
" En définitive, ou bien l'on veut fixer la condition humaine dans un système stable en l'entourant de règles, et alors on a recours à des rites pour écarter de ce système tout ce qui symbolise son imperfection ; ou bien on se place symboliquement dans le monde de la puissance absolue, irréductible à la règle, et alors il n'y a plus à proprement parler de "condition " humaine. "
" Cependant, la condition humaine fixée par les règles reste une création artificielle, elle ne repose en fin de compte que sur l'homme lui-même. " Ce qui échappe à la règle, ce qui se manifeste comme exceptionnel est donc plus réel et se suffit à soi-même.
" Il est donc naturel qu'on ait éprouvé le besoin de résoudre l'opposition entre [...] l'ordre et la puissance, par une synthèse qui, elle aussi, ne pouvait se réaliser que symboliquement. Il fallait pour cela recourir à des rites qui donnassent à la condition humaine un autre fondement qu'elle-même, la fissent participer à une réalité transcendante. C'était s'engager sur la voie de la religion. "
J. Cazeneuve définit donc la religion comme une tentative pour relier deux mondes. Et, certes, le terme religion vient du latin religare qui signifie relier. Il propose trois "solutions" laissées à l'humain face à l'angoisse de son humanité :
" Dans la première solution, le numineux devait être écarté comme une impureté ; dans la deuxième, il devait être manié comme un principe de puissance magique, et dans la troisième enfin, il se présentait avec le caractère supra-humain de ce qui est sacré, de ce qui est au cœur des religions. "
Les rites pourraient alors être (re)définis comme " les réactions possibles de l'humanité en face de son propre mystère. "