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� � Jacques Halbronn � � � � On entend ici et l� des Cassandres annon�ant, pour bient�t, des mouvements sociaux graves. Ces propos �manent souvent de ceux qui n�arrivent pas � se consoler de la d�confiture de la gauche aux derni�res �lections, pr�sidentielles et l�gislatives. Ou de ceux, parmi les astrologues, notamment, qui avaient annonc� la victoire de la gauche. Encore faut-il comprendre ce qui conduit � une crise sociale comme ce fut le cas, notamment, en mai 68 ou en d�cembre 95. Nous tendrions � d�crire ce genre d'�v�nement comme rev�tant un caract�re d�pressif. Une soci�t� qui fait gr�ve est une soci�t� qui implose. Par del� les revendications de salaire, de conditions de travail, il y a avant tout une perte de tonus qui joue sur le manque de motivation. Or, les ann�es qui viennent ne seront pas marqu�es, nous semble-t-il par une telle d�pression et cela tient notamment au comportement f�minin. Autour de nous, on remarque que nombreuses sont les femmes qui prennent des responsabilit�s ou qui accompagnent � on pense � l�entourage du pr�sident de la R�publique par exemple � ceux qui en prennent. Or, selon nous, quand les femmes sont dynamis�es, c�est toute la soci�t� qui l�est et qui tourne. Comme on disait parfois : � quand le b�timent va, tout va ! � Une soci�t� qui � tourne �, c�est un peu comme une machine dont le moteur est bien huil�. Inversement, quand les femmes d�priment, c�est la soci�t� qui s�enrhume et qui se croise les bras, ce qu�est de fait la gr�ve. La gauche a triomph� lors de la dissolution de 97 parce que les femmes �taient mal dans leur peau, ce qui a conduit la soci�t� � rechercher un r�le accru de l�intervention de l��tat venant pallier une telle carence. Inversement, quand les femmes remontent la pente, le besoin d��tat d�cro�t. Il est d�ailleurs probable que l�accent mis sur la s�curit�, sous toutes ses formes, est d�sormais inad�quat, il symbolisait avant tout un malaise, un mal �tre, il ne faudrait pas trop en faire en mati�re de r�pression � s�curitaire �. Cette id�e de conf�rer aux femmes un r�le de cheville ouvri�re vient recouper d�autres de nos �ditoriaux, dont celui vou� � Spiderman. Un tel constat ne conduit pas pour autant � placer la femme sur un pi�destal. Car pour nous, l�activit� f�minine, par sa cyclicit� m�me � puisqu�elle est n�cessairement suivie, � terme, d�une phase d�pressive qui peut faire des ravages � appartient au p�le m�canique, organique de nos soci�t�s; Plus les femmes sont pr�sentes et se manifestent par leurs initiatives et plus notre soci�t� tend � verser dans un certain formalisme qui risque d��tre un peu vide. La gr�ve, c�est en effet, l�arr�t des machines mais c�est aussi le ralentissement de ces� �l�ments moteurs de nos soci�t�s que sont les femmes. La gr�ve, c�est aussi une certaine lib�ration par rapport � une activit� qui fait des gens des rouages. La gr�ve, en ce sens, serait anti-f�minine ou plut�t hostile � la phase hyperactive qui la pr�c�de et qui produit quelque surchauffe. D�o� son ambigu�t�: elle est protestation mais elle est aussi d�couragement, d�mission. La gr�ve a quelque chose de masculin, du fait m�me que l�homme est par essence paresseux et c�est pour cela qu�il fabrique des machines pour le transporter, pour le prolonger, pour le seconder. La gr�ve, c�est une r�action contre le machinisme, contre le fonctionnalisme et finalement contre un certain f�minisme. A l�oppos� de la gr�ve, du mouvement social, qu�y a-t-il ? Il y a une phase de concurrence, d��mulation, qui induit une suractivit� qui convient au temp�rament f�minin, et qui est faite d�une juxtaposition d�actions souvent les plus diverses, o� l�on passe du coq � l��ne. Les hommes qui vivent avec des femmes sont les plus touch�s par cette nouvelle pression, cette volont� de servir � quelque chose, de se rendre utile. Ils sont entra�n�s dans le mouvement. En revanche, les hommes solitaires, misogynes, refusant � s�appuyer sur une femme, sont d�favoris�s, puisque se privant d�une dynamique qui leur servirait d'�lectrochoc voire de proth�se. Mais ces solitaires n�ont pas dit leur dernier mot et quand la machinerie f�minine commencera � s�enrayer, ils ne seront pas entra�n�s dans la chute. Si l�on prend le cas de de Gaule, il faudrait appr�cier le r�le positif ou n�gatif de � tante Yvonne � dans les hauts et les bas de son �poux, tant en 40, en 58 ou 69. On sait ce qu�il en a �t�, ces derniers temps, pour Jacques Chirac. Il est des moment o� les femmes sauvent la mise et d�autres, au contraire, o� elles poussent leur partenaire � se retirer, ce qu�il fait, s�il est trop d�pendant de leurs �tats d��me. La coop�ration homme/femme a donc ses bons et ses mauvais c�t�s � pour le pire et pour le meilleur � � moins de consid�rer que la soci�t� a besoin de vacances et que les femmes sont programm�es, p�riodiquement, � avoir un effet calmant, d�mobilisant, sinon soporifique, anesth�siant. De fait, la s�duction f�minine, aux deux visages, peut aussi bien encourager l�homme � l�effort que le faire succomber, tel Hannibal sur la route de Rome, aux d�lices de Capoue. Disons qu�il est des moments o� la femme se fait dominatrice, affirme ses exigences, qui vont g�n�ralement vers un surcro�t de r�glementation mais au niveau priv� et non � celui de l��tat. Et il y a d�autres moments, pour paraphraser l�Eccl�siaste, o� la femme sent qu�elle doit faire une pause, qu�elle est en manque de carburant et c�est alors qu�elle peut entra�ner l�homme dans sa d�prime, si celui-ci d�pend par trop de ses �tats d��me et de son moral. Il semble que les soci�t�s anciennes, dont nous sommes les h�ritiers, bon gr� mal gr�, aient voulu un tel �tat de choses de fa�on � ce que l�homme ne d�missionne pas compl�tement devant la machine, sous toutes ses formes. Et c�est � ce moment l� que l�homme doit prendre le relais et r�gler les probl�mes � sa fa�on, faute de quoi la soci�t� concern�e plongera dans le marasme et le doute. Le respect du sabbat (Shabbat, d�o� l�espagnol sabbado), un des Dix Commandements, nous rappelle cette dualit� entre le temps du faire et le temps de la pause. Ne dit-on pas que Dieu, lui-m�me, apr�s avoir oeuvr� � la Cr�ation, se reposa, au septi�me jour ? Or ce monde de la Cr�ation, ce n�est pas autre chose que tout un environnement technologique dont il faut parfois s�abstraire et s�isoler ? Pratique qui reste vivace chez de nombreux Juifs mais avec ce paradoxe que c�est pr�cis�ment au moment du repos sabbatique que les machines sont les plus mobilis�es, par un syst�me de minuterie qui rend l�homme encore plus d�pendant . Le vrai shabbat serait d�une autre veine et impliquerait que les hommes se retrouvent entre eux, en l�absence des femmes, ce qui est d�ailleurs le cas � la synagogue, o� les femmes sont s�par�es voire dissimul�es par une cloison, une jalousie. Le Shabbat, c�est litt�ralement une gr�ve mais qui n�est rendue possible que parce que la femme s�est mise en veilleuse. Rappelons d�ailleurs que mai 68 a co�ncid� avec la cr�ation du MLF (Mouvement de Lib�ration de la Femme), qui se voulait aussi une sorte de gr�ve, un refus de faire le jeu des hommes, l�expression en d�finitive d�un certain d�sarroi qui s�expliquerait par le second cycle de la femme. Un tel questionnement nous interpelle en ce qui concerne le statut de la femme au XXIe si�cle. Il nous semble que dans la comp�tition entre soci�t�s, entre civilisations qui n�est pas pr�te de s�arr�ter, la gestion de la question de la femme sera tout � fait d�terminante. Dans un monde qui recherchera toujours plus d�efficacit�, on ne pourra plus se contenter de vagues professions de foi sur l��galit� de l�homme et de la femme. Les soci�t�s qui le feront seront menac�es � terme dans leur existence m�me. .Car la fonction de la femme - et cela bien au del� de son premier cycle qui est li� � l�enfantement � s�inscrit dans une probl�matique plus vaste qui est celle de l�organisation du monde, de l�environnement, et tout simplement de la gestion optimale des ressources. Paradoxalement, la compl�mentarit� homme-femme ne saurait d�boucher, contrairement � ce que d�aucuns s�imaginent, que sur une prise conscience aigu� de ce qui les distingue, la femme incarnant, nous l�avons dit, le pole (bio) technologique, organiciste lequel sera plus ou moins pr�gnant selon les p�riodes. Les soci�t�s qui sauront g�rer la question f�minine, de la fa�on la plus lucide, et la plus coh�rente, seront dominantes et en ce sens, l�Occident souffre d�un s�v�re handicap qui pourrait laisser pr�sager son d�clin � terme, � savoir qu�il est plus mal plac� que l�Orient � conf�rer � la femme une position particuli�re. C�est l�, v�ritablement, son talon d�Achille. Il ne s�agit certes pas de d�fendre le statut de la femme musulmane, par exemple, tel qu�il est actuellement mais de dire que ce statut est porteur d�une �volution int�ressante vers la modernit� de demain et ce sans les tabous de l�Occident. Il est possible que la prochaine r�volution industrielle ne soit pas � la port�e de l�Occident car cette r�volution repensera la place de la femme au sein pr�cis�ment de l�ensemble technologique. Et les soci�t�s qui sauront conf�rer � la femme la place optimale, au sens o� nous l�avons laiss� entendre, dans une logique de sexuation qui est plus que jamais cruciale, prendront l�avantage. Comme le disait Max Weber (cf. D�veloppement mondial et culturalit�s de Claude Rapha�l Samama, Ed. Maisonneuve et Larose, 2001), il y a un lien �troit entre les repr�sentations religieuses et les potentialit�s �conomiques. Il est d�ailleurs probable que l�avantage qu�ont pris les soci�t�s protestantes sur les soci�t�s catholiques aura tenu - ce que ne dit pas Samama � au statut de la femme. Il ne s�agit nullement, en effet, de mettre la femme sur la touche mais de l�int�grer dans une dynamique socio-technique qui renoue avec des enjeux tr�s anciens et qui furent � l�origine de la fin de l�androgynat; La victoire allemande, en 40, fut probablement li�e � une place diff�rente de la femme dans les deux soci�t�s en pr�sence. L�argument selon lequel la meilleure fa�on d�exploiter le capital repr�sent� par la femme consiste � la placer en situation d��galit� par rapport � l�homme est sp�cieux et sous tend une politique de l�autruche. Il est bien plut�t question de concevoir une meilleure articulation entre l�homme et la femme qui pr�serve toutes les potentialit�s... de l�homme. Car, � terme, on ne saurait l�oublier, il s�agit bien avant tout d��viter � l�homme d��tre �cras� par le monde qu�il a g�n�r� et dont la femme est partie prenante, comme l�exprime � sa fa�on la Gen�se. Un homme fragile face � la machine, en ce qu�elle a d��minemment sophistiqu� et puissant, et qui doit absolument en garder le contr�le, faute de quoi il sera absorb� par ce qui �tait cens� le lib�rer et le prolonger, dans le temps et dans l�espace: sa cr�ation. JH � 08/07/02 | ||||||||||||||
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