Les penseurs de l'Islam
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Illel Kieser Ibn 'l Baz | ||
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Au moment ou foisonnent les prises de position et les théories sur l’image, le virtuel et le réel, il importe de rendre justice à celui qui fut le premier dans le monde à véritablement s’affranchir des dogmes contemporains — ceux du Christianisme iconoclaste notamment — pour fonder une philosophie qui tout en restant conforme à l’abrahamisme, attribuait cependant une vie à ce que l’on nommera bien plus tard l’Imaginaire. À travers lui, les expériences intérieures de Thérèse d’Avila ou de Hildegar de Bigen se lisent avec simplicité et trouvent une correspondance facile dans la psychologie moderne. On doit à Avicenne la notion d’Imaginal, reprise par Henri Corbin puis, à sa suite, par Gilbert Durand et son école mais aussi largement exploitée par les penseurs jungiens tels que Pierre Solié et Michel Cazenave. Parler d’Image ou d’Imaginaire sans faire référence à Ibn Sinâ reviendrait à faire appel à la Raison sans parler de Socrate ou de Descartes.
AVICENNE
— Abû'Alî al-Hosayn Ibn Sinâ — est un des plus fameux philosophes de
la pensée Islamique. La perspective occidentale latine résulte de la pénétration
d'une partie de l'œuvre d'Avicenne dans
le monde médiéval. Dès le milieu du xiie
siècle, à Tolède, on traduisit, avec quelques œuvre s d'Aristote, un certain
nombre de traités de penseurs musulmans : al-Kindi, al Fârâbî, al-Ghazâlî
(Algazal), Avicenne. Viendront ensuite les traductions des œuvres d'Averroès.
Si importantes que fussent ces traductions, il ne s'agissait cependant que
d'une entreprise fragmentaire par rapport à l'ensemble des œuvres d'Avicenne.
Elle s'attachait, il est vrai, à un ouvrage fondamental : la Somme qui a
pour titre le Shifâ (Livre de la guérison de l'âme), embrassant la
logique , la physique et la métaphysique. Aussi cela suffit-il pour déterminer
une influence considérable, telle qu'il est permis de parler d'un Avicennisme latin, médiéval, même si peut
être il n'y eut pas de penseur chrétien pour être avicennien jusqu'au bout, au
sens où il y eut des averroïstes pour qui l'œuvre d'Averroès s'identifiait avec
la vérité philosophique tout court. La doctrine d'Avicenne put s'allier avec
les forme de platonisme déjà connues (Saint Augustin, Denys, Boëce, Jean Scot
Erigène); cependant la cassure devait se produire à la limite où la doctrine
avicennienne fait corps avec son angélologie et, partant, avec sa cosmologie.[1] Cette signification, et avec elle la vitalité philosophique de l'avicennisme, nous devons la chercher dans l’Iran antique, c'est en effet ailleurs qu'en occident que nous pouvons en trouver les sources, à savoir en Islam oriental, dans ce monde iranien dont Avicenne était originaire et dans les limites duquel il passa toute sa vie. Là même où nous rencontrons une tradition avicennienne persistante, les philosophes qui y ont lu Ghazâlî n'en ont point tiré pour la philosophie les conséquences qu'en tirèrent certains Occidentaux, un peu obsédés par leur comparaison avec la critique de Kant. Quant au nom d'Averroès, il fut pratiquement ignoré en Orient; son œuvre ne put guère franchir les limites de l'Espagne; elle ne survécut même que grâce en partie à l'abri de l'écriture hébraïque et par les traductions latines publiées en Occident. L'averroïsme, c'est essentiellement le phénomène de l'averroïsme latin, qui se prolongea en Occident jusqu'au xviiie siècle, et qui exerça une influence en profondeur sur la pensée moderne. Pour comprendre l'œuvre d'Avicenne, il importe donc de la replacer dans la perspective où elle ne cessa de fructifier et d'inspirer de génération en génération, des commentaires le plus souvent très originaux. Ce faisant, on la dissocie du complexe où nos historiens de la philosophie la situaient comme appelée à succomber soit devant Ghazâlî soit devant Averroès. IKB – Mauvezin 12/11/2000 [1] — Ce détail est important dès lors que l’on conçoit toute œuvre humaine sous l’angle de sa cosmogonie. | ||
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