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Les Tuniques d'Aveugle de Paul NOTHOMB Coll. Vers la seconde Alliance dirigée par Bernard Chouraqui Ed. La Différence / La Longue Vue. "J'ai toujours eu un problème
avec Dieu. Un problème de coexistence. J'ose le mot. S'il existait -ce qui
allait de soi dans mon milieu catholique- il était tout puissant et
omniscient-comme on me l'enseignait chez les jésuites. Dès lors je ne voyais
pas comment je pouvais, moi frêle créature, exister aussi. je veux dire, de
façon autonome".(page 205) A cette angoissante et lancinante
question qui obsède l'auteur depuis son plus jeune âge s'ajoute l'humiliation
de ne pas comprendre ce qui semble être une évidence pour son entourage, sa
famille, ses éducateurs, et ce n'est qu'à l'âge de 13 ans qu'il osera enfin la
poser, pas à l'un de ses proches tant est grande sa honte, mais à un cousin
éloigné. En vain. Sa déception est telle qu'à peine
sorti de l'adolescence le jeune homme rejète le "Bon Dieu" des
"bons pères"(page 208), et se détourne de la religion. Commence alors
pour lui une quête incessante qui ne se nomme pas, du moins pas dans
l'immédiat, mais se traduit par une crispation farouche dans une attitude dont
la seule finalité est de se prouver qu'il agit en homme libre de ses actes. L'engagement politique, un temps support
de sa foi, puis l'écriture de "romans" hâtifs, forcement
autobiographes témoignent de son désarroi mental......"je n'arrêtais pas,
contre tout bon sens, de chercher un sens au non-sens".(page 210) C'est alors que la découverte de
Kierkegaard lui donne envie de lire la Bible, et il est intéressant de noter
que cela coïncide avec le moment où il cesse d'agir en réaction à..., et de se
laisser enfermer dans un système de pensée.
Longtemps interdite par l'église,
comme le rappelle Paul Nothomb dans son autobiographie, la Bible est
incontestablement devenue l'un des livres les plus lus , du moins en occident,
mais son message reste, et tout aussi incontestablement le plus incompris et ce
malgré les innombrables interprétations dont elle fait l'objet. Car voilà : la bible c'est de
l'hébreu !.... Hébreu synonyme pour beaucoup
d'entre nous d'incompréhensible, d'hermétique même. N'y a t'il pas, dans cette
expression "c'est de l'hébreu" une abdication, un refus à priori
d'essayer de comprendre , une sorte d'auto-exclusion? Pourtant cette réponse qu'attend P.
Nothomb depuis l'âge de 13 ans, il la trouvera dans une lecture
"différente" de la Bible, lecture différente non pas tant parce que
lue à partir du texte original mais parce que vue avec "un nouveau regard"(page
227) et c'est cette découverte qu'il nous propose de partager avec lui. De la création de l'Homme-Haadam- à
la chute, de "l'origine" d'Adam et Eve au déluge, P. Nothomb
bouleverse et dénonce, parfois avec véhémence, toutes les thèses traditionnelles
sans jamais perdre de sa rigueur . Certes le non hébraïsant devra
fournir un effort de réflexion soutenu pour saisir toutes les subtilités des
analyses faites par l'auteur à partir du texte hébraïque mais s'il y parvient,
peut-être aura t-il, comme lui, l'agréable, l'enivrante surprise de la rencontre
avec "l'Inouï". RAYMONDE GILANT |
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