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Illel Kieser 'l Baz, psychologue clinicien �
� � Dans son article ��Le Milieu astrologique en France au XXe si�cle�� (sur ce site, m�me rubrique), Jacques Halbronn rel�ve, � juste titre, que le mouvement astrologique fran�ais ne parvient pas � �tablir vraiment sa propre g�n�alogie de mani�re �quitable et rigoureuse. Se fondant sur une r�cente conf�rence de Robert Lenoble, Jacques Halbronn (voir son article) note, pour s�en �tonner, que certains �v�nements ou courants ont �t� oubli�s� Cela ne m��tonne pas du tout et il existe plusieurs raisons � cela. Fr�quentant les milieux astrologiques depuis 1973 j�ai, en effet, remarqu�, durant la p�riode des congr�s � ann�e 70-80, que les groupements astrologiques se comportaient de fa�on tr�s autarcique et sans v�ritable souci d��changes m�thodologiques ou de d�bats �pist�mologiques avec d�autres groupes. Les congr�s permettaient des �changes entre personnes, pas entre mouvements ou entre �coles. Chacun �tant, le plus souvent dirig� par une ou deux personnalit�s charismatiques. (Consulter � ce sujet les diff�rents annuaires et �tudes que Jacques Halbronn a �dit�s) L�espoir de sortir de l�obscurantismeCe marquage personnel des courants astrologiques a largement contribu� � l��chec des diff�rents mouvements f�d�rateurs initi�s, par exemple, par Dani�le Rousseau ou par Denise Daprey. Ces essais f�d�rateurs furent-ils, comme le souligne J. Halbronn, le signe de l��mergence �ph�m�re d�un leadership f�minin�? C�est possible, compte tenu de la p�riode � dans la lign�e d�une prise de conscience globale du r�le de la femme dans la soci�t�, en g�n�ral. Cette p�riode fut fertile en tentatives pour sortir l�astrologie de son ghetto mais c�est le courant anglo-saxon, plus pr�cis�ment am�ricain, qui en fut l�initiateur. C�est parce que les am�ricains �taient moins sensibles aux clivages qui existaient dans les sciences humaines que le vocabulaire ��astrologique�� s�enrichit des apports th�oriques de C. G. Jung. Jung a longuement abord� l�astrologie dans ses travaux mais aucun chercheur fran�ais � hormis Luigi Aurigemma � n�avait os� transgress� les tabous qui figeaient la recherche dans les sciences humaines � plus pr�cis�ment en psychologie. Ces tabous sont toujours vivants et il est souvent de mauvais aloi de se pr�senter comme psychologue tout en affirmant un int�r�t quelconque pour l�astrologie. Le d�bat qui agita les milieux ��scientifiques�� � propos de la th�se d�Elizabeth Tessier t�moigne de cet ostracisme qui frappe l�astrologie. (Cf. le site du CURA et, plus globalement sur Internet, tous les sites qui ont consacr� de nombreuses pages � ce sujet.) Les tentatives de synth�se entre Psychologie et Astrologie furent le fait des astrologues eux-m�mes et non des psychologues, pr�cis�ment durant les ann�es 80, souvent en reprenant les travaux de Karen Hamaker-Zondag ou de Liz Greene. Ainsi naquit l�astropsychologie (cf. de Karen Hamaker-Zondag, Astropsychology, The Aquarius Press, GB 1980) Il n�y eut jamais de psychoastrologie, voire d��tude psychologique des cycles et des rythmes humains. De ce point de vue, la psychologie a rat� une voie d��volution� Les historiens ont bien moins de tabous et l�astrologie est un objet d��tude au m�me titre qu�un autre. Si Jacques Halbronn est reconnu par l�Universit� c�est bien plus comme historien de l�astrologie que comme th�oricien de cette discipline, laquelle, d�ailleurs, n�existe pas au sein de l�universit�. (Voir cependant les travaux de Yves Lecerf et des chercheurs qu�il a form�s) En injectant du ��psychologique�� dans l�astrologie, le mouvement astrologique mondial s�est consid�rablement enrichi mais, dans le m�me temps, il a �pous� les travers de la psychologie analytique et plus g�n�ralement de la psychanalyse. La psychanalyse n�est jamais sortie de sa crise juv�nile et n�a jamais d�pass� les anath�mes lanc�s par son fondateur, S. Freud. La psychologie clinique, largement inspir�e de la psychanalyse, demeure donc, un demi si�cle apr�s son apparition, une science �ternellement jeune qui ne pourra �voluer qu�en ouvrant son champ s�mantique � d�autres disciplines � histoire, ethnologie, anthropologie des soci�t�s, math�matique, etc. � et en abandonnant ses vis�es dogmatiques � pansexualisme, primaut� de la conscience, universalit� du complexe d��dipe. Choisissant une ��nouvelle fondation��, changeant de lign�e, l�Astrologie h�rita �galement d�un environnement st�rile pour la recherche. Devenue la b�tarde de la psychanalyse, elle s�embourba du m�me coup dans un terrible probl�me de filiation�: la n�gation de son antique h�ritage. H�ritage et filiationDu c�t� de la psychanalyse, il suffisait � Freud de pr�tendre qu�il allait hisser la psychologie hors du ��trou noir de l�obscurantisme��, pour fonder une pseudo science. L�illusion de la psychanalyse comme science dure encore. Que lui importait la n�gation des travaux ant�rieurs, ou ceux de Janet, le ��petit fran�ais��, que valaient les immenses sommes de travaux et de recherches accumul�es au cours des si�cles sur les comportements humains puisqu�on d�clarait que tout cela reposait sur une sexualit� mal v�cue ou un �dipe mal r�solu�? La th�orie psychanalytique se fondait sur le meurtre du p�re, sur la n�gation de toute ant�riorit�, sur la rupture �pist�mologique. Et cela la sert encore puisqu�elle peut ainsi se nourrir de toute critique qui lui est adress�e. La psychanalyse � celle de Freud � fut un bel objet du XXe si�cle car L�Homme moderne � et Occidental � s�est plac� en rupture de tout ce qui l�avait pr�c�d�. Il s�est voulu en rupture totale de l�Histoire, se d�clarant au sommet de la cha�ne humaine et rejetant dans les limbes de la barbarie tout ce qui g�nait sa volont� universaliste. Il fut, du m�me coup, l�auteur de toutes les d�mesures. C�est, � mon avis, pour cette raison que C. G. Jung est tr�s mal connu car il fut un des premiers psychologues � inscrire ses travaux � la fois dans l�Histoire et dans la globalit� de l�esp�ce humaine. L�astrologie ne pouvait op�rer la m�me rupture que celle de la psychanalyse car son objet m�me se situe dans la recherche d�une filiation pour le sujet et l�inscription de celui-ci dans une globalit� qui d�passe son champ de conscience. Il lui fallut op�rer d�une autre mani�re que celle dont Freud avait us�. Un vocabulaire rafra�chiLe rafra�chissement que l�Astrologie crut op�rer pour se sortir du ghetto de l�obscurantisme se situe � trois niveaux. Au plan astronomique il fallut op�rer un ajustement sur le placement des maisons et des plan�tes dans le Zodiaque. Il y eut donc des courants de pens�e astrologiques qui adopt�rent des calculs plus ��scientifiques��. Au plan psychologique, on tenta, dans un premier temps de proc�der par comparaison entre les vocabulaires de la psychologie et ceux de l�Astrologie puis on tenta une assimilation du premier au second. Andr� Barbault proposa ainsi une premi�re synth�se entre la psychanalyse et l�Astrologie. Mais ce furent les am�ricains et les anglais qui r�ussirent le mieux ce tour de force en choisissant plut�t les travaux de C. G. Jung comme support de ce qui devint l�astropsychologie ou l�astrologie humaniste. On notera que la ��pr�diction�� devient un exercice de plus en plus d�licat que certains astrologues �vitent d�sormais en r�duisant leur astrologie � une sorte de psychologie dynamique. On peut enfin citer les travaux de Jacques Halbronn qui pr�f�re quant � lui se servir d��toiles fixes pour rep�rer et qualifier des rythmes et des cycles, puisque le placement des plan�tes sur le th�me astral n�a aucun sens en terme d�astronomie. Il reprend �galement une partie du vocabulaire de Jung, animus/anima, par exemple. � Globalement, ces rafra�chissement permirent aux courants astrologiques de demeurer de fa�on plus ou moins lointaine dans la filiation traditionnelle des Chald�ens � par les outils�: plan�tes, maisons � tout en adoptant les valeurs de leur si�cle et plus pr�cis�ment les m�urs de la psychologie clinique � une jeune ��science�� qui se soucie assez peu d��pist�mologie et du regard critique sur elle-m�me. Puisque nous en sommes � cette p�riode de jeunesse, ambitieuse et arrogante, il ne peut �tre question d��tre �quitable, de reconna�tre � l�autre le m�rite de ses recherches ou de ses d�couvertes. Il ne peut �tre envisag� d�incorporer � son propre vocabulaire les avanc�es d�un autre. Comme le pratiquent les psychanalystes, on ne se reconna�t qu�entre semblables, les autres sont ignor�s. Les oublis que Jacques Halbronn rel�vent s�inscrivent dans cette logique. Pr�vision�?L�objet de la science est de savoir pour mieux pr�voir� dit-on. Concernant le milieu astrologique francophone, est-il permis d�en pr�voir l��volution�? Celle-ci est indissociable du devenir des sciences humaines, de la psychologie clinique en particulier. Actuellement la psychologie subit le courant scientifique des neurosciences, on assiste � un impressionnant retour du comportementalisme et la clinique psychologique se m�dicalise de mani�re outranci�re. � un si�cle pr�s, nous nous retrouvons au temps de la m�decine conqu�rante, jetant son flambeau �clatant sur tous les archa�smes. La mort de la psychanalyse, effective depuis les ann�es 70 est d�sormais largement consacr�e. Qu�est-ce que cela peut vouloir dire�? Face au retour du nouveau rationalisme, nous pouvons pr�voir un �gal retour des f�tichismes, ces derniers compensant la pression du premier. Il y aura donc du travail pour les f�ticheurs et autres marchands d�horoscopes. L�Astrologie court donc le risque d�une accentuation de ce que Jacques Halbronn nomme une ��pathologie de l��spit�mé », une schyse, en quelque sorte. D�un c�t�, et avec retard par rapport � la psychologie, une partie des astrologues sera tent�e d�aller encore plus loin dans le recours � la rigueur scientifique et au contr�le du discours. Je pense que ce mouvement est largement amorc� aujourd�hui et il ne peut en d�couler qu�une nouvelle astrologie qui serait consacr�e � l��tude des rythmes et des cycles humains. Il est tout � fait possible que ce courant rejoigne sur ce point, dans un futur proche, les avanc�es de la biologie, de l��thologie et de l�Histoire. D�un autre c�t�, d�autres astrologues seront tent�s de revenir � la pratique divinatoire, sans doute par un suppos� ��retour l� la tradition�� ce qui n�est pas sans rappeler un mouvement identique qui s�empare des religions partout dans le monde, par r�action, dit-on, � la d�shumanisation du monde. Que cela anticipe sur un renouveau de la spiritualit� est probable mais il nous faudra d�abord traverser la vague des int�grismes� IBK, 01/04/2003 | |||
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