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Jacques Halbronn � L'exemple de l'astrologie� Si l�on reprend la formule figurant au d�but du T�trabiblos (IIe si�cle de notre �re), on trouve pos� le principe de ce que nous appellerons�: Pr�visible sur Pr�visible. (P/P)�: � partir d�un �v�nement pr�visible, le mouvement des astres, je peux acc�der � la connaissance d�un autre �v�nement pr�visible qui, en quelque sorte, en d�riverait. Mais cela signifie aussi que ce second �v�nement ne serait possible que gr�ce au premier. Il ne serait donc pas pr�visible au m�me titre que le premier. Autrement dit, ce second �v�nement qui est de l�ordre de l�astrologie ne pourrait �tre cern� que par la connaissance que l�on aura du premier qui, lui, est de l�ordre de l�astronomie. Cependant, en d�pit de cette d�pendance, ce second �v�nement n�en appartient pas moins au champ de ce qui est pr�visible. Ce qui signifie qu�il ne peut s�agir d�un �v�nement qui serait, de par sa nature m�me, impr�visible. D�s lors, l�astrologie que le T�trabiblos veut justifier concerne un champ limit� des activit�s humaines, � savoir celui des choses pr�visibles. Mais il existe une autre astrologie qui, elle, rel�ve du domaine de l�impr�visible et qui s�oppose en quelque sorte � la premi�re, par ses m�thodes et par ses buts. Elle aurait donc pour objectif de traiter d��v�nements impr�visibles et pour ce faire, elle doit recourir � d�autres m�thodes que celles qui servent pour acc�der aux choses pr�visibles. Il semble que ces deux astrologies tendent � se confondre depuis un certain nombre de si�cles sinon de mill�naires, ce qui contribue sensiblement � la complexit� des d�bats tournant autour des fondements �pist�mologiques de l�astrologie. L�approche divinatoire Nous partirons de cette autre astrologie que nous qualifions comme relevant de l�impr�visible. Comment l�actionner�? La r�ponse sera de l�ordre de la sym�trie�: � partir de l�impr�visible�! Ainsi, on acc�derait � de l�impr�visible par de l�impr�visible comme on acc�derait � du pr�visible par du pr�visible. Tel est en effet selon nous le fondement m�me de la pens�e divinatoire. Pour formaliser notre th�se, nous parlerons de�: Pr�visible 1 (P 1) Pr�visible 2 (P 2) Impr�visible 1 (IP 1) Impr�visible 2 (IP 2) Pr�visible I et Impr�visible I seraient ainsi les �supports�, respectivement, de Pr�visible 2 et d�Impr�visible 2. Prenons le cas du marc de caf�: on pr�pare du caf�, on est dans le domaine du pr�visible. A pr�sent, au lieu de s�int�resser au caf� en tant que boisson, nous allons nous demander ce qui caract�rise le caf� qui est dans une tasse donn�e parmi mille autres tasses. Et c�est ainsi que je passe de Pr�visible 1 � Impr�visible 1. � Or, � partir de cet Impr�visible I, on va tenter de passer � Impr�visible 2. Par exemple, que va-t-il arriver, prochainement, � la personne dont on examine la tasse de caf�? Cette tasse que nous avons individualis�e en relevant ce qui est unique en elle, � savoir les dessins form�s par le marc de caf�, va nous permettre d�acc�der � un autre niveau d�individualit� � propos d�un �tre humain (IP2) et cela selon la m�me logique qui permet de passer de P1 � P2. Autre exemple�: l�h�patoscopie�: on prend le foie d�un animal x qui, grosso modo, est semblable dans ses grandes lignes, � tous les autres foies propres aux animaux de la m�me esp�ce et on va s�int�resser � certaines de ses particularit�s. On peut avoir, par avance, dress� un catalogue de toutes sortes de d�tails � prendre en consid�ration � propos d�un foie � examiner, sous l�angle divinatoire (IP1). On pourrait constituer une science divinatoire � deux niveaux�: le premier qui d�crirait un certain nombre de situations de type IP1, l�autre qui les ferait correspondre � des situations de type IP2. Cette �science� de l�IP proc�derait de fa�on analogue � celle de la science du P. Une sorte de �science parall�le�. Bien plus, � force de d�crire des sp�cificit�s a priori jug�es individuelles de tel ou tel objet, la d�marche IP2 peut f�conder la d�marche IP1, par une sorte de feed back, d�s lors que certaines descriptions finissent par rev�tir une signification g�n�rale. IP1 a une fonction heuristique � jouer pour P1 tout comme P1 fournit, objectivement, du mat�riau, notamment au niveau de la production de nouveaux types d�objets, pour que P2 puisse �uvrer aux taches qui sont les siennes. Prenons le cas de l�astronomie�: au d�part, qu�est ce qui dans le ciel relevait de P1 et qu�est ce qui relevait de IP1�? Il est fort possible que certains facteurs que l�on consid�rait comme impr�visibles deviennent pr�visibles. Mais cela est de peu d�importance dans la mesure o� il y a instrumentalisation de ce qui est, � tort ou � raison, jug� comme relevant de IP1. Individuel pr�visible et individuel impr�visible On entendra par individuel pr�visible le fait que le membre d�une cat�gorie donn�e ait une partie de son existence conditionn�e par cette appartenance. Les hommes sont vou�s � mourir un jour (P1), tel homme mourra � tel �ge (IP2). Une femme donn�e va �tre amen�e � vivre sa condition de femme, et notamment � porter des enfants, � accoucher. En revanche, l�individuel impr�visible est li� � tout ce qui peut �tre sp�cifique dans la vie de cette femme�: par exemple combien d�enfants elle aura. Et pour acc�der � cet individuel impr�visible (IP2) , il faut passer par IP1, c�est � dire par exemple observer la forme de ses seins. Le lien entre IP1 et IP2 est bien entendu al�atoire, il est fortement fond� sur la mise en relation de deux facteurs en rapport avec la personne, l�un qui est accessible imm�diatement � l�observation de ses seins, l�autre qui est projet� dans le futur � le nombre d�enfants qu�elle aura au cours de sa vie de femme. On pourrait faire les m�mes observations avec une voiture. En tant que voiture, elle pr�sente un certain nombre de caract�ristiques g�n�rales qui la distingue par exemple d�un avion ou d�un bateau. Chaque voiture aura beau �tre vou� � un fonctionnement al�atoire, elle ne devra pas moins subir le destin habituel d�un v�hicule. Maintenant, si je veux savoir ce qui va arriver de sp�cial � cette voiture (IP2), il va falloir que j��tablisse un code me permettant d�accorder � divers indices accessoires (IP1) au sens de P1 des significations concernant le nombre et le type d�accidents (IP2). Les liens entre le niveau 1 et le niveau 2 Le passage de P1 � P2 et de IP1 � IP2 comporte-t-il un hiatus�? Si les exemples que nous avons pris concernant le passage de IP1 � IP2 �taient assez frappants de par leur caract�re relativement aberrant, au premier abord, peut �tre les exemples que nous avons pris pour illustrer le passage de P1 � P2 sont-ils un peu trop banals et ne permettent que difficilement de nous situer par rapport � l�astrologie �pr�dictive� par opposition � l�astrologie �impr�dictive�, au sens o� nous entendons ici cette expression. Affirmer en effet qu�en �tudiant le mouvement des astres, je conna�trai le destin de l�humanit� en g�n�ral, exige d�admettre qu�il y ait un lien entre les hommes et les astres, qu�il existe un homo astrologicus vou� � une certaine fa�on de se situer dans l�espace et dans le temps. Mais pr�cis�ment, qu�en sait-on et pourquoi une telle affirmation ne rel�verait pas plut�t de IP1�? Pr�cisons donc qu�il existe une astromancie de type IP1 qui cherchera � d�terminer ce qu�il arrivera de sp�cifique � un individu donn�, � partir d�une �tude du ciel de naissance qui ne rel�ve pas de P1, c�est � dire qui prend en compte des particularit�s non pertinentes, non significatives et finalement indiff�rentes, au regard de la science astronomique. Mais cette astromancie n�est en fait que l�ombre port�e de l�astrologie de type P1/P2. Quand dans le T�trabible, il est indiqu� qu�� partir des pr�dictions des mouvements des astres, on devrait pouvoir conna�tre l�avenir des hommes, que faut-il vraiment entendre par l�? D�abord, cela signifie l�avenir ��pr�visible�� de l�homo astrologicus de base, le fait que sa vie soit d�coup�e en phases, que sa population soit divis�e en cat�gories en nombre bien d�fini tout comme lorsque l�on traite de l�homme, astrologicus ou non, on sait que ses cheveux � en excluant la question des teintures � ont un nombre de couleurs assez strictement limit� (blond, roux, ch�tain, noir, blanc mais pas vert ou bleu. En fait, il convient d�inverser les orientations�: � savoir si l�on passe de IP1 � IP2, en revanche, on passe de P2 � P1. Expliquons-nous�: dans la d�marche divinatoire � par opposition � la d�marche pr�visionnelle � on part d�un objet ext�rieur � cela peut m�me �tre un objet con�u en vue de la divination (tirage de tarot, par exemple) ou de quelque chose qui rel�ve de l�ext�rieur de la personne, de ce que l�on peut appr�hender de l�ext�rieur (IP1) pour acc�der � ce qui est int�rieur, cach� pour les autres et souvent inconscient pour la dite personne (IP2). En revanche, dans la d�marche pr�visionnelle, on part de l�observation de l�objet �tudi� (P2) pour remonter aux principes (P1). Dans le premier cas, le but c�est de parvenir � conna�tre la personne, dans le second, c�est la personne qui contribue, par la multiplicit� des cas �tudi�s en dehors du sien, � �laborer une loi, m�me si ensuite � partir de cette loi, on peut ensuite, par extrapolation, inverser et passer de P1 � P2 tout comme on peut se persuader que l�on observe ce qui nous a �t� annonc� par la voie divinatoire.. On dira que la d�marche pr�visionnelle est d�ductive alors que l�approche divinatoire est inductive. Dans un cas (P2), le niveau 2 peut servir de point de d�part de la recherche, dans l�autre(IP2), il est l�aboutissement et ne peut servir d�assise. Il semble qu�il y ait l� un distinguo malais� � cerner pour nombre de personnes s�effor�ant de penser l�astrologie. L�astronomie peut certes servir de support divinatoire en passant de P1 � IP1, � partir du moment o� l�on accorde du sens � ce qui n�est pas pertinent du point de vue de la m�canique c�leste, et notamment au th�me natal, qui est typiquement de l�astronomie de type IP1. En revanche, les cycles dont se sert l�astrologue peuvent s�inscrire dans le processus astronomique de type P1. Ces astrologues voudraient que le T�trabible vienne l�gitimer IP1. Et de fait, on trouve dans cet ouvrage des chapitres qui rel�vent pleinement de IP1 pour ne pas parler d�IP2. Comment passer d�ailleurs de IP1 � IP2�? Il importe de codifier un certain nombre de cas de figures, d�ment r�pertori�s et identifiables. Cela est propre � toute pratique divinatoire�: on doit d�crire et observer l�objet qui va servir de support. Cela peut se faire avec une certaine rigueur, un certain luxe de d�tails. Mais, pr�cis�ment, cela peut faire illusion�: c�est un peu la diff�rence entre celui qui est m�canicien et s�assure qu�une voiture est en �tat de fonctionner (P1) et celui qui rel�verait les rayures sur la carrosserie, sur les vitres (IP1), aux fins par la suite de deviner � impr�visible sur impr�visible � combien d�ann�es la dite voiture pourra encore servir (IP2) En effet, le nombre de rayures sur une voiture donn�e est impr�visible et d�ailleurs n�a que peu d�incidence sur son fonctionnement normal, c�est bien ce qui caract�rise le basculement de P1 sur P2. Bien entendu, dans certains cas, la description de type IP1 n�est pas compl�tement absurde et peut exiger un certain talent pour collecter des donn�es. On peut r�diger des manuels entiers de type IP1. Puis vient le moment de passer de IP1 � IP2�: le support est constitu�, c�est IP1 et il renvoie � diverses significations qui sont attribu�es selon ce qui a �t� observ�. Ces significations permettent d�acc�der � IP2, � savoir � des �l�ments impr�visibles, c�est � dire qui n�appartiennent pas � la norme, ce qui serait le cas de P2. Soulignons ce point�: on ne part d�IP2 qui est l�inconnue mais d�IP1 qui lui peut �tre d�crit de visu. On peut certes essayer de ��d�crire�� IP2 � partir des observations faites sur IP1 mais il ne s�agit nullement du m�me processus cognitif. D�un c�t�, on d�crit ce qu�on voit, de l�autre on d�crit ce que l�on croit avoir appris de ce qu�on a pu observer au niveau du support. On peut ainsi all�grement jouer sur les mots�: confondre la description en P1 avec la description en IP1 et celle en IP2, mais ce sont trois niveaux de description qui peuvent s�encha�ner diachroniquement mais non synchroniquement. En r�alit�, la description la plus pr�gnante est celle qui concerne P2. Car c�est dans la mesure m�me o� l�on aura d�crit un terrain que l�on pourra acc�der � un paradigme, remonter vers certains principes. Les corr�lations que l�on peut �tablir entre P2 et P1 ne sont pas du m�me ordre que celles qui relient IP1 � IP2. C�est en connaissant P2 que l�on parvient � d�couvrir s�il existe un param�tre sous-jacent de type P1. Une fois ce point d�termin�, connaissant P1 je pourrai pr�voir P2, c�est ce que propose pr�cis�ment le T�trabible. En revanche, IP2 n�est pas en soi connaissable� et ne peut �tre ��deviné » qu�� partir du support divinatoire IP1, lui-m�me d�riv� de P1. Le raisonnement est le suivant�: IP1 �tant impr�visible par rapport � P1, donc avec IP1, on a des chances d�acc�der � IP2�: c�est le principe impr�visible sur impr�visible qui s�oppose � pr�visible sur pr�visible. Mais pourquoi ne pas passer de P2 � IP2�? Parce que nous l�avons dit P2 est aussi explorable que IP2 ne l�est pas. P2 permet de constituer P1 alors que IP2 a besoin de IP1 pour prendre forme. Toutefois, on ne peut pas cerner l��pist�mologie des sciences de l�Homme sans prendre en compte le processus d�instrumentalisation�: si les hommes d�pendent des astres, au sens o� l�entend le prologue du T�trabible, c�est parce qu�une relation s�est mise en place que l��tude de P2 permet de retrouver. Et on peut dire que P2 est l�instrumentalisant et P1 l�instrumentalis� alors qu�il n�y aurait pas de lien d�instrumentalisation entre IP1 et IP2 et ce serait cette absence d�instrumentalisation qui contraint � l�impr�vision. Ce que ne dit pas le T�trabiblos, c�est que ce lien entre les astres et les hommes impliquent que les hommes se soient en quelque sorte branch� sur le ciel pour y trouver une structure externe, que l�on pourrait qualifier de surmo�que. Passer de P2 � P1, c�est d�terminer la nature d�une instrumentalisation. Pourquoi n�y a-t-il pas instrumentalisation entre IP1 et IP2�? Quand on ne rep�re pas de lien instrumental, on en est effet vou� � la divination d�s lors que le niveau 2 est l�Homme/homme et le niveau 1 un support mat�riel donn�. En tout �tat de cause, on sait que les informations de type IP2 ne sont pas du m�me ordre que les informations de type P2. Les premi�res sont a priori g�n�rales, r�p�titives, r�currentes, et n�offrent rien en elles-m�mes de sp�cifique pour un individu donn�, sauf dans le cadre d�un entretien o� l�on prendrait le temps d�ajuster un mod�le g�n�ral � un cas particulier. En revanche, les secondes s�attachent pr�cis�ment � ce qui est en soi impr�visible, � savoir ce qui est particulier � une personne donn�e et non ce qui rapproche cette personne d�autres personnes plac�es dans la m�me situation. Donc, en tout �tat de cause, IP2 ne peut se satisfaire de ce qu�apporte P2. Autrement dit, celui qui travaille sur IP2 ne peut acc�der � P1 puisque son but est de cerner l�impr�visible. Il y a l� une gageure dans la divination�: pr�voir l�impr�visible. Ajoutons que le lien entre IP1 et IP2 est tr�s al�atoire, il ne rel�ve pas de l�instrumentalisation en ce que IP2 n�a pas en soi de lien essentiel avec IP1 dans la mesure m�me o� l�existence de IP1 est accidentelle. Une personne n�a pas pu construire avec le temps de lien avec un marc de caf� dont le dessin vient � peine de se former alors que l�instrumentalisation exige une longue habitude entre P2 et P1. Le caract�re ponctuel du support de type IP1 diff�re totalement du caract�re fixe du support de type P1. L�astrologie moderne est syncr�tique en ce qu�elle ne parvient pas � s�parer les deux axes P et IP. Elle affirme que pour conna�tre l�individu, dans toute sa sp�cificit�, (IP2) il faut passer par un support IP1, ce qui constituerait une astromancie, d�riv�e de l�astronomie (P1). Elle a d�ailleurs d�velopp� des descriptions astronomiques d�une grande minutie mais qui n�ont d�application que dans le champ divinatoire. Mais, en m�me temps, l�astrologie moderne affirme l�existence d�un lien �pr�dictif� entre les astres et les hommes mais sans parvenir � se d�marquer des descriptions astromantiques puisqu�elle vise pr�cis�ment � cerner l�individu, en lui-m�me impr�dictif. Pour le T�trabible, il y a place pour une astrologie du pr�dictif (P1/P2), mais il faudrait pour cela accepter que les hommes traversent simultan�ment et depuis des si�cles les m�mes phases, donc d�assumer l�id�e d�un destin collectif. Pour parvenir � cerner P1 � partir de P2, il importe de constater que le terrain est balis� selon un certain mod�le que l�on peut d�crire empiriquement, c�est � dire sans r�f�rence � P1. Puis il s�agit de relier ce mod�le � une structure non humaine, environnementale existante (P1). Etant bien entendu que P1 n�existe en tant que tel qu�� partir du moment o� il est reli� � P2 et vice versa. Il importe donc que l�astrologie moderne distingue entre astrologie individuelle ax�e sur l�impr�visible et astrologie mondiale, ax�e sur le pr�visible. Encore faut-il pr�ciser que si son axe IP1/IP2 est illustr� notamment par une pratique de l�entretien, il est assez �vident qu�elle reste largement dans le domaine de l�infalsifiable. On pourrait parler dans le cas de l�astrologie d�un savoir virtuel, qui refuse d�avoir des limites pour saisir un objet non moins virtuel, � savoir l�individu dans son idiosyncrasie. En fait, l�astrologie moderne si elle doit reconqu�rir l�axe du pr�visible � alors qu�elle occupe actuellement celui de l�impr�visible � doit accepter de passer par le terrain et d�en faire ressortir les lignes de force, ce qui ne signifie nullement qu�elle doive se servir des astres pour conna�tre celles-ci. Il faut au contraire que ces lignes soient � observer puis les connecter avec un mod�le astronomique qui puisse, peu ou prou, se superposer. Mais il ne suffit pas, pour ce faire, que l�astrologie change de philosophie, il faut aussi qu�elle change de techniques. Bien des r�formateurs de l�astrologie, de Rudhyar � Jean-Pierre Nicola, ont tent� de repenser celle-ci mais tout en pr�servant le th�me astral qui est typiquement un support de type IP1. Reconstruire une astrologie de type P1 exige un �lagage consid�rable auxquels ne sont pas pr�ts la plupart des praticiens voire des chercheurs. Ils pr�f�rent changer les significations des cat�gories divinatoires plut�t que de les �vacuer, c�est ainsi que le syst�me des douze maisons est � connotation divinatoire forte�: suffit-il pour passer de IP1 � P1 de traduire ces notions dans un langage moins divinatoire�? A notre avis, cela n�a pas d�int�r�t car en conservant la structure de type IP1, on ne peut qu�acc�der � un discours de type IP2. C�est la structure qui doit changer et pas simplement le langage qui est plaqu� dessus. En fait, on voit mal ce qui distingue une astrologie de type IP1 du tarot, du Yi King ou de la g�omancie. La seule diff�rence, c�est que tarot, Yi King ou g�omancie ont �t� construits d�s le d�part pour le domaine IP1/IP2 alors que l�astrologie s�est d�voy�e en basculant de P2 � IP2. Et c�est ce qui est particuli�rement p�nible car elle ne cesse d�osciller d�un axe � l�autre. Certes, le tirage de l�astrologie n�est-il pas al�atoire mais d�termin� par les coordonn�es de naissance�: on ne tire pas son th�me avec des d�s. En ce sens, l�astrologie se rapprocherait plus de la chiromancie�: on prend un ph�nom�ne qui existe mais dont on appr�hende la sp�cificit� (IP1) au lieu de faire ressortir la dimension g�n�rale (P1). On s�attache ainsi � des d�tails incontestables certes mais qui ne font pas sens au regard de P1. On peut donc avoir affaire � des personnes extr�mement minutieuses qui font r�aliser des mesures tr�s fines mais en dehors du domaine de P1 et qui, par ailleurs, � partir de ces donn�es ainsi rassembl�es, chercheront � acc�der non pas � P2 mais bien � IP2. En fait, tout serait beaucoup plus simple si chacun assumait ce qu�il faisait et restait sur son axe. Ceux qui sont sur P1/P2 ne pr�tendent pas acc�der au plan IP2. En revanche, ceux qui sont sur IP2/IP2 affirment qu�ils se situent sur le plan P1. A commencer par les astrologues qui pour dominer les autres modes divinatoires (IP1) s�appuient sur le fait que leur sup�riorit� au niveau m�me divinatoire est de s�appuyer sur une astronomie de type P1 alors qu�en r�alit�, ils approchent l�astronomie dans une optique IP1 qui englobe effectivement P1. L� est en effet le n�ud du probl�me�: l�axe IP1/IP2 englobe l�axe P1/P2 alors que la r�ciproque n�est pas vrai. Qui peut le plus, peut le moins�: si j��tudie un astre dans ses moindres d�tails, je l��tudie aussi, ipso facto, tant sous l�angle P1 que IP1 et si je m�int�resse � l�avenir d�un objet, sa dimension sp�cifique (P2) n�inclura-t-elle pas, par la m�me occasion sa dimension g�n�rale (P1) Mais en r�alit�, il n�en est pas tout � fait ainsi�: car si l�on peut en effet admettre que IP1 englobe P1, avec cette r�serve que l�attention va se disperser vers des donn�es accessoires aux d�pens de la perception de l�essentiel, en revanche, rien ne prouve qu�avec une m�thodologie de type IP1 je puisse acc�der � IP2 et par cons�quent, IP2 risque d��tre tr�s inf�rieur au r�sultat obtenu au niveau P2, atteint par une toute autre m�thodologie. IP2 ne me donne pas � coup s�r quoi que ce soit qui rel�ve de P2 alors que P2 constitue a priori une partie de ce qui constitue IP2. Si j�annonce qu�une femme enceinte accouchera dans neuf mois, je suis dans un registre de type P2. Je ne sais pas exactement comment les choses vont se passer pour un individu donn� (IP2) mais je peux n�anmoins m�en faire une id�e assez g�n�rale qui restera valable pour tout individu, y compris donc pour la personne que je consid�re en particulier. Le probl�me pos� par l�axe IP2/IP2 tient au fait qu�il s�articule sur un sophisme�: puisque ce que je veux pr�voir est impr�visible par une science qui ne traite que du g�n�ral, donc je vais regarder la science par le petit bout de la lorgnette, m'attarder sur des points que l�on tend � n�gliger (IP1) et ainsi, �forc�ment�, aller plus loin que P2, c�est � dire atteindre IP2. Autrement dit, si IP1 = P1+n, je devrai parvenir � IP2 qui sera P2+n. Ce �n�, c�est le coefficient impr�visible. IP1 est �au del�� de P1, donc IP2 est �au del�� de P2. On est litt�ralement dans une m�taphysique (en grec, meta, signifiant apr�s, au del�). En fait, celui qui fonctionne sur l�axe IP1/IP2 a besoin de s�appuyer sur l�axe P1/P2. Une fois balis� le champ P1/P2, on peut passer raisonnablement au champ IP1/IP2. Le probl�me, c�est que de nos jours l�astrologie de type P2 a �t� phagocyt�e par l�astrologie de type IP2 qui ne peut donc la soutenir. Autant l�astronomie (P1) a su r�sister aux proc�d�s de IP1, l�astronomie revisit�e par l�astrologie avec son ciel en partie fictif, et se constituer comme science, autant P2 n�y est parvenu que tr�s difficilement et tr�s r�cemment, avec les travaux de Gauquelin et certaines recherches en astrologie mondiale. Au lieu, en effet, d�asseoir une astrologie de type P2, les astrologues passent imm�diatement � une approche de type IP1/IP2 correspondant � la demande de leurs clients. Et ainsi, ils montrent qu�ils sont, au bout du compte, socioculturellement, plus proches du monde de la divination, laquelle parasite la science et caricature les m�thodes, que de celui de la science stricto sensu. Jacques Halbronn, Paris 20/12/2001 | |||
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