Image
Étymologie
brève
du lat. : imago-inis,
représentation
Imago : (rac. im
cf. imitor)
- Représentation,
imitation, portrait.
- Portrait
d'ancêtre
- homo
multarum imaginum :
homme qui compte de nombreux ancêtres = de haute noblesse
- Image,
ombre d'un mort, fantôme, vision, songe;
- Écho
- (fig.)
a – copie
b – imitation
c – ombre
d – représentation par la pensée, évocation
Autre étymologie possible (une hypothèses
séduisante, mais rejetée et qui reste à vérifier)
de imus* : au fond, depuis le
bas et agere : mettre en mouvement
Mais i de imus est long alors que
celui de imago est bref.
* Cette dernière hypothèse demeure
à vérifier soigneusement malgré son apparente cohérence.
- de im/in : dans...
- et agere
: mettre en mouvement
À rapprocher de eikôv
: image/icône
a – image, portrait
b – image réfléchie dans un miroir
c – simulacre, fantôme
d – image de l'esprit
et de Eidos,
eidö, voir, savoir (idole)
a – forme
b – beauté
c – idée
Par suite…
– Personne ou objet qui présente un rapport de ressemblance
ou d’analogie avec un autre.
– Symbole ou représentation matérielle d’une réalité
invisible ou abstraite : un pays dévasté : image de la désolation
universelle ; l’eau qui coule, image du temps qui passe.
Aspect sous lequel quelqu’un, quelque chose apparaît à
quelqu’un, manière dont il le voit et le présente à autrui, notamment dans un
écrit : donner une image exacte de la situation.
Représentation mentale élaborée à partir d’une perception
antérieure et qui est appelée par un mot, un son, quelque chose ou quelqu’un
que l’on voit etc. Image visuelle auditive, tactile, etc. Image verbale. Les
images visuelles par un mot.
Vision intérieure, liée à la mémoire et à l’affectivité, que
l’on a d’un être ou d’une chose (cf. le trauma chez Freud).
Voici ce qu’en dit Edgar Morin :
« C'est une synthèse cognitive dotée des qualités de
globalité, de cohérence, de constance, de stabilité.
Elle est obtenue par un processus de construction. Elle est
construite à partir de plusieurs choses :
·
l'action du réel sur nos sens (la perception),
·
notre mémoire ( des schèmes mémorisés),
·
les fantasmes
qui nous font privilégier certains aspects plutôt que d'autres.
Cette construction que nous projetons ensuite sur le réel forme une
boucle qui achève de nous mettre en relation avec ce réel.
Cette boucle est sélective (dans le sens où une partie de la
réalité est éliminée), additive, dans la mesure ou nous rajoutons des aspects
mémorisées (des schèmes), ce qui fait que toute perception a une composante
quasi hallucinatoire. »
E. Morin réactualise, sans rien y changer des définitions
vieilles de plusieurs décades et nous renvoie tout simplement à Aristote. (cf.
infer) Ignorant en cela les travaux, pourtant balbutiants de Jean Piaget tout
autant que les écrits des philosophes musulmans Avicenne, A. Ghazali, entre
autre.
Littérature
Expression évoquant la réalité par
analogie ou similitude avec un domaine autre que celui auquel elle s’applique :
figure, métaphore : s’exprimer par images. Justesse, force des images – en
poésie et dans le roman. D’où l’importance de trouver l’image la plus en
rapport avec la représentation intérieure de l’individu.
A l’image de quelqu’un, se dit de ce qui, par son
caractère, ressemble à quelqu’un, quelque chose d’autre y correspond – voir le
poème de Baudelaire (Correspondance). Un désordre qui est à l’image de
la société.
Philosophie
selon Aristote, entité (phantasma) semblable à un
objet de la sensation.
Psychologie
image générique, image mentale formée à partir des
caractéristiques perceptives communes d’un certain nombre, ou d’un grand
nombre, d’objets de la même catégorie. (On considère aujourd’hui que le terme
s’applique à l’image type, et non aux images-occurrences).
Image-émotion
Image-affect
En 1948, Juliette Boutonier introduit la notion d’image-émotion
pour évoquer la place que C. G. Jung donne à l’action des archétypes dans les
rêves.
Plus tard, Bernard Teyssèdre donne au concept d’image-affect
un contenu autrement plus dense. A travers son archéologie de l’Image du
Diable, il démontre que si les représentations ont changé, l’impact émotionnel
que suscitent certaines images n’a pas changé. C’est que, selon lui, des
images-affect continuent d’agir au présent comme elles agissaient déjà dans
l’antiquité, voire depuis la naissance du monde – celui de Sapiens. Voir Naissance
du Diable, Allbin Michel, Paris 1985
Image mentale
Représentation subjective, actuelle, d’un objet, d’une
personne, d’une scène etc., survenant durant l’activité de veille, en l’absence
de cet objet, de cette personne ou de cette scène – on parle aussi, dans ce
cas, d’image-occurrence ; entité mentale dont on suppose l’existence en
mémoire pour rendre compte de ce phénomène – on parle aussi dans ce cas,
d’image type.
Au Moyen Age, le mot « image » désignait toute
figure sculptée ou peinte.
Psychologie : Image mentale. Cette notion a joué un grand
rôle dans la psychologie subjectiviste du début du XXe et a connu un
regain d’études depuis le milieu des années 60. Son étude a été d’abord
conduite en relation avec le langage, à la fois grâce aux réponses et au compte
rendu que celui-ci permet sur ce qui se passe « à l’intérieur » des
sujets, et grâce aux possibilités qu’il offre d’induire des événements mentaux
chez ces sujets. L’exemple le plus simple consiste à présenter un nom, et à
demander aux sujets de former l’image mentale correspondante; on peut ainsi
établir des « valeurs d’imagerie », variables selon les mots ou les
individus, et mettre cette activité en relation avec une série d’autres
activités : mémorisation, lecture, compréhension, etc.
Les images mentales entretiennent des rapports très étroits
avec les perceptions correspondantes; on peut ainsi demander aux sujets
d’effectuer divers types d’opération sur des images mentales : les faire
tourner sur elles-mêmes, feindre de s’en approcher ou de s’en éloigner, par
exemple. On parle à ce propos du caractère « analogique » – par
rapport à la perception – de l’image mentale.
On considère généralement aujourd’hui que le support
cognitif de l’image subjective, actuelle, ou « image occurrence » est
une sorte d’entité existant dans la mémoire du sujet, appelée aussi
« image » ou image-type. Les rapports entre cette entité et les
significations des mots, les concepts, etc. font l’objet de débats et de
recherches.
Les travaux de J. Piaget ont montré que l’image mentale ne
découlait pas directement de la perception mais était une reconstruction active
de la part du sujet : une imitation intériorisée.
Ainsi l’image mentale d’un mouvement du corps propre est une
forme d’imitation intériorisée des mouvements perceptifs.
L’image mentale ne peut être étudiée que par l’intermédiaire
d’une production concrète : reproduction graphique ou gestuelle. Piaget
distingue deux types d’images mentales : les images reproductrices, qui
évoquent des spectacles présents ou précédemment perçus, et les images
anticipatrices, qui imaginent des transformations de l’objet, des mouvements et
de leurs résultats, sans qu’ils aient été vus auparavant.
L’apparition des images mentales chez l’enfant est liée à
l’avènement chez lui de la fonction sémiotique : la différenciation entre
signifié (l’objet réel) et signifiant (son image mentale) permet d’évoquer
l’objet en son absence.
Chez l’enfant : premières images mentales à la fin de la
période sensori-motrice (deuxième année) : soit des images reproductrices,
copies. Les images anticipatrices apparaissent plus tardivement au moment des
opérations concrètes (7-8 ans).
Chez le petit pas de pensée opératoire, c’est à dire une
pensée qui permet d’anticiper et de représenter les transformations.
Imagination
Fonction psychique par laquelle l’homme peut évoquer dans le
présent, sous forme d’images mentales, des objets ou des faits connus par une
perception, une expérience antérieure, mémoire imaginaire.
Fonction par laquelle l’esprit voit, se représente, sous une
forme sensible concrète, des êtres, des choses, des situations dont il n’a pas
eu une expérience directe : un récit qui frappe l’imagination.
Capacité d’élaborer des images et des conceptions nouvelles
dans un domaine quelconque de l’activité intellectuelle, capacité de trouver
des solutions originales, à des problèmes théoriques ou pratiques; invention.
Imaginations
Choses imaginaires, constructions de l’esprit, créations
plus ou moins chimériques d’une activité mentale incontrôlée ou déréglée.
Philosophie : l’imagination est appréhendée chez Platon,
comme la faculté de se représenter une image irréelle à laquelle elle veut
conférer une réalité.
« Ainsi, quand un homme se fait fort de tout créer par
un seul art, nous reconnaissons qu’en fabriquant des imitations il sera
capable, grâce à son art, de peindre, de faire illusion et de faire croire
qu’il est parfaitement capable de fabriquer réellement tout ce qu’il lui
plaît ».
L’imagination est ainsi, dès l’origine de la réflexion
philosophique, perçue comme une source d’erreur. La cause de la fausseté réside
dans le fait que l’imagination veut se faire passer pour ce qu’elle n’est pas :
la perception.
Si cette conception se conserve chez Aristote, comme quoi
nous ne pouvons accorder aucune réalité objective aux entités que nous
imaginons, l’imagination, pour lui, ce processus psychique dérive de la
sensation « un mouvement engendré par la sensation en acte ».
Chez Descartes, deux imaginations :
a
l’imagination psychique,
b
l’imagination corporelle (reçue par les sens), qui elle-même
se différencie en imagination reproductrice (conservant les traces des figures)
et imagination créatrice (en créant de nouvelles).
Pour Spinoza, « L’âme, autant qu’elle peut, s’efforce
d’imaginer ce qui accroît ou seconde la puissance d’agir du corps ».
Pour Kant, « L’imagination est le pouvoir de se
représenter dans l’intuition un objet même en son absence ».
En tant que l’imagination est spontanéité, je l’appelle
aussi, imagination productrice, et je la distingue là de l’imagination
reproductrice, dont la synthèse est uniquement soumise à des lois empiriques, à
celles de l’association, et qui, par conséquent, ne contribue en rien par là à
l’explication de la possibilité de la connaissance a priori, et pour cette
raison n’appartient pas à la philosophie transcendantale mais à la psychologie.
Pour Sartre, il s’agit de revenir à l’image même et prouver
que celle-ci est radicalement différente d’un objet.
Chez Sartre l’imagination est une conscience, la conscience
de viser ce qui n’est pas. C’est le statut même de la conscience puisqu’elle
est intentionnalité, c’est à dire qu’elle est sur le mode de n’être pas.
L’imagination pose ou ne pose pas la question de l’objet.
Qui pose l’objet dans la réalité ou dans le réel.
Imagisme : courant
poétique anglo-américain (1912) : le poème doit se mouler physiquement sur la
perception (surtout visuelle) qu’il évoque).
Imago : forme définitive
de l’insecte adulte sevré : insecte parfait. L’état définitif des insectes à
métamorphoses complètes.
Imago (G. Jung, 1911) :
désigne une représentation telle que le père, la mère, qui se fixe dans
l’inconscient du sujet et oriente ultérieurement sa conduite et son mode d’appréhension
d’autrui.
Chez Engel, l’imago est élaborée dans une relation
intersubjective et peut-être déformée par rapport à la réalité. Ainsi l’imago
d’un père fort peut être substituée à un père inconsistant dans la réalité.
Pour Lacan, l’imago a une fonction identificatoire qui donne
forme aux instances de la personnalité. L’imago du corps propre, retrouvé dans
le père ou l’hallucination, correspond à l’image spéculaire au temps inaugural
du stade du Miroir. Les imagos du corps morcelé, servirait par exemple autant
de substrats des images de castration, de déviation et d’éclatement du corps.
Un des effets essentiels de l’imago est d’être constitutif de l’aliénation du
sujet.
Représentation
Action de rendre sensible quelque chose au moyen d’une
figure, d’un symbole, d’un signe.
Image, figure, symbole, signe qui représente un phénomène,
une idée quelconque.
On trouve le concept de représentation chez Platon, comme
base de la métaphysique.
Pour la science : représentation des faits objectifs réels
et dont on peut reproduire les lois. La représentation est un outil qui
débouchera plus tard sur la simulation et la construction de modèles
mathématiques.
Husserl ou l’objet apparaît en dehors de toute prétention à
l’existence ou à la non existence.
Jung : « Le carbone du corps est carbone en général.
C’est pourquoi « au tréfonds » de soi, la psyché et le monde »
sont synonymes. (p. 67, L’âme et la vie)
Le symbole : « il doit être la meilleure expression
possible de la conception du monde d’une époque donnée, avoir un sens qui ne
saurait être dépassé » (Ibid. p. 70).
« La vision du symbole prépare la suite de la vie,
attire la libido vers un but encore lointain mais qui, à partir de ce moment,
agit inévitablement sur elle; de sorte que la vie, ranimée comme une flamme,
marche sans arrêt vers des buts lointains ».
Imaginaire
Définition : grand dictionnaire encyclopédique Larousse (du
lat : imaginarius).
a
Se dit d’un être
créé par l’imagination, de ce qui n’existe que dans l’imagination, de ce qui
n’existe que dans l’imagination, et non dans la réalité, fictif, inventé,
irréel : les personnages imaginaires d’un film. Des craintes imaginaires. Vivre
dans un univers imaginaire.
b
Se dit de quelqu’un qui n’est tel que dans la manière dont il
se voit : un malade imaginaire.
Philosophie : Pour Sartre, attitude particulière
de la conscience qui vise un objet comme n’étant pas là, qui le pose comme
néant, corrélative de sa fonction de recentration.
Psychanalyse : catégorie de l’ensemble symbolique /
imaginaire / réel, introduit par J. Lacan en 1953. (L’imaginaire a pour
propriétés spécifiques : la méconnaissance de la détermination symbolique du
sujet; le masquage du réel et la dissimulation de sa structure de trou et
d’impossible; l’illusion de la totalité de l’image du corps; la dénégation de
la castration; l’imputation à l’autre imaginaire, le rival, de la cause des
frustrations du sujet, la dimension d’envie et de rivalité, où apparaît
toujours prise la cause du désir en tant qu’elle est l’objet du désir de
l’Autre).
Encyclopaedia Universalis
Imaginaire : représentation dont c’est l’essence de
nous soustraire au déjà vu, et d’ériger un monde dont on s’entend souligner
qu’il est sans modèle.
Fantaisie, fantasme – phantastikon
La représentation « fantastique » ne se connaît
pas d’original, elle est sans modèle dans le réel, mais elle soutient ce
paradoxe de prêter à un contenu irréalisable, ou pour le moins tenu, pour
irréel, l’apparence d’une réalité. Mais de ce déplacement surgit le problème de
l’imaginaire : comment l’image, en tant qu’image, peut-elle parodier le réel ?
Comment l’image destinée à reproduire les traits caractéristiques d’un objet se
trouve-t-elle revendiquée dans l’imagination les traits d’une quasi-réalité ?
L’image, l’imaginaire est liée au désir sous tendu par la notion
de besoin. Le nourrisson, en situation d’impuissance, fait appel à l’adulte
pour la satisfaction de son besoin. Mais sur le sein, qui apaise la faim, se
greffe une notion de plaisir : plaisir à la succion. Puis comme l’enfant sera
amené progressivement à séparer le sein de la mère, et que ces derniers ne sont
pas toujours à sa disposition, il va halluciner l’objet, l’imaginer, le
fantasmer, pourrait-on dire.
Le père participe selon Freud aussi au désir, puisqu’il est
régi par le message de plaisir, c’est à dire qu’il met en image des
représentations faites par la réalisation d’un désir.
Jacques Lacan
L’image se fonde au stade du miroir, et est
« imaginaire car l’enfant s’identifie à un double de lui-même, à une image
qui n’est pas lui-même, mais lui permet de se reconnaître. Ce faisant, l’enfant
a comblé un vide, une « béance » entre les deux termes du rapport :
le corps et son image, p. 19.
« Cette image est actuelle », se caractérise par
l’indistinction, la confusion du soi et de l’autre. En définitive, elle est
aberrante, car le sujet-enfant n’a aucune distance vis-à-vis de son double
(image du miroir ou enfant autre), il télescope son corps et celui de ses
semblables; ce dernier est traité comme un double » (p. 14).
Ceci renvoie aux premières relations mère-enfant.
« L’enfant désire être son tout, son complément. Il se
fait désir du désir de sa mère » (p. 15).
Ici on parle d'imaginaire et pas de symbolique.
Pour Lacan, l’enfant cherche à remplacer le phallus manquant
à sa mère.
Pour Jung, il actualise l’Animus de sa mère demeuré
inconscient.
En vérité, c’est non pas l’enfant qui se fait désir du désir
de la mère, mais la mère qui l’incorpore, en fait – pour Jung – son petit animus vivant.
Mais de toutes façons, les deux sont de l’ordre de
l’imaginaire.
Une troisième étape dans le stade du miroir : quand l’enfant
intègre son image à son corps propre.
Si ce stade n’a pas lieu l'enfant aura tendance à revenir
à ses origines : corps
morcelé sous emprise de la grande mère.
Dans le second temps du miroir, le père apparaît avec la loi
du père, il éloigne l’enfant de celle-ci et sépare cette dernière de son
phallus.
Troisième temps : le nom du père – où l’enfant se reconnaît
en cet homme qui porte le phallus – encore faut-il, selon Jung que l’homme
se soit déjà séparé de la mère, et qu’il ne soit pas identifié à son
animus, ou
construit dans la violence de la projection sur la mère. Auquel cas derrière la
loi du père, apparaît la terreur sacrée liée à la mère, et la fascination
qu’elle exerce.
Si la loi du père peut intervenir, l’enfant subit une
castration symbolique, mais qui le délivre de la relation duelle, il peut alors
entrer dans la triade et dans le langage, la culture, la civilisation.
Le signifiant est lié à la métaphore faite de substitution
signifiante.
S = lion (va signifier tout en l’homme courageux
S’ (« homme courageux ») = homme courageux
Le lion renvoie au signifiant « homme courageux »
qui, lui, renvoie au signifié ce qui est un homme courageux. p. 17
x castration : il accepte de ne plus être le tout du désir
de la mère. Il accepte des limites, la loi.
Définition du signifiant p. 21
« Chaque élément y prend un emploi afin d’être
différent des autres ».
Quant au signifié : la parole, il demeure flottant et
ne trouve de cohérence qu’en se rattachant au réseau des signifiants.
Lacan : « Le désir de l’homme, c’est le désir de
l’Autre ».
p. 31 « L’amant éprouve un manque mais ne sait pas ce
qui lui manque. L’aimé ne sait pas ce que lui-même a de caché et qui pourtant
attire l’amant. Entre l’amant et l’aimé, il y a donc inadéquation,
non-coïncidence : ce qui manque à l’amant n’est pas forcément ce qu’il y a de
caché dans l’aimé. Le désir est ainsi manqué par une impossibilité essentielle.
L’adéquation, c’est à dire la parfaite coïncidence du désir et de l’objet, est
un mythe, le mythe par exemple de l’androgyne ».
Imaginal
C'est
cet espace – propre à l'individu – qui signe sa ligne évolutive. Il ne peut
être réduit à l'imaginaire (car le sujet connaît ici les limites de sa raison)
ni au symbolique. La mystique a décrit cette quête du sujet à la découverte
d'autres mondes que parfois les Arts nous font pressentir. Il reste à faire une
enquête approfondie sur l'histoire de ce terme et de son contenu. De nombreuses
traditions en repèrent le contenu et malgré cela il demeure encore inconnu de
nos modernes psychologies. Seuls quelques jungiens – Pierre Solié notamment –
en explorent la dynamique. Pour certains penseurs musulmans, il serait un
organe à part entière, à la fois agent et médiateur… Le terme, d’ailleurs,
vient d’un islamologue, Henri Corbin. Lequel, cependant, ne serait appuyé que
sur des sources de deuxième ou troisième main…
Mythe
C'est une forme poétique, créatrice, symbolique et
figurative des conflits et aspirations qui agitent l'humanité tout au long de
son développement. Il représente les rapports qu'entretient la collectivité
avec ses dieux (donc envers sa propre psyché). Un mythe est donc représentatif
de la dynamique psychique, il en réalise en quelque sorte le contenu. Par
conséquent, un mythe qui ne répondrait plus à cette exigence ne serait plus
qu'un document psychologiquement vide de sens, un fossile digne d'observation
philologique mais sans valeur humaine. Les recherches contemporaines sur les
mythes ne permettent pas de dégager cette différentiation pourtant primordiale.
Complexe – Imago
Notion de Complexe et d'Imago
On doit ces termes à Jung. Il ne
suffit pas de se confronter avec les contenus de l'inconscient, il convient de
les objectiver. L'activité consiste à faire passer des contenus éminemment
instable, autonomes et fluctuants au plan de la conscience en les écrivant, les
dessinant ou les parlant. En les posant pour qu'ensuite ils puissent être
regardés, observés, critiqués, servant en cela de base à d'autres constructions
ou métaphores. On observe alors que les contenus purement émotifs se
transforment, évoluent vers d'autres formes. On constate que la mise à distance progressive de ces contenus finit par constituer une chaîne
signifiante. Un langage se constitue, issu des brides de ces
« phrases » déposées lentement par ce travail d'accouchement.
Apparaît alors une bipolarisation provisoire. Il y a moi (je peux, je sais, je
fais, j'aime...) Il y a cet Autre qui prend corps peu à peu et qui me parle
d'étrange façon. Cet autre dont je suis en outre le transcripteur, par mes
écrits, mon discours mes dessins, mes sculptures… Cet autre se découvre avec
une logique qui m'est étrangère mais n'en existe pas moins. Qui ne parle au
delà de mon espace familier. Pourtant cette parole trouve en moi un écho, une
compréhension venue du plus profond de mon être. Cette bipolarisation se
transforme peu à peu en dialectique. C'est à dire que la rencontre de Moi et
des contenus momentanés de l'inconscient vont opérer une transformation dans
laquelle l'un et l'autre subiront une mutation, créant un sens de vie différent
et un mouvement qui ne les laisseront pas inchangés.
Il se passe une sorte de mitose psychique : deux cellules, le Moi et
l’Inconscient, de polarisation différente vont se rencontrer, créant dans un
premier temps un espace confusionnel. La division ultérieure créera un nouvel
espace et une mise en mouvement (par polarisations successives).
La confrontation du Moi avec les contenus de l'Inconscient
dans un moment donné n'a pas pour seule fin de comprendre intellectuellement ce
qui se passe. Une telle démarche a pour finalité de faire que se relient en
nous les différents messages qui du corps, des Émotions, ou de l'intellect nous
interrogent. Et le lien de ces messages est porteur de sens. En quelque sorte,
il ne s'agit pas de dissection mais d'une rencontre – confrontation –
compréhension in vivo.
En outre cette recherche, ce besoin des retrouvailles avec
une totalité vivante en nous échappe à notre volonté consciente. Nous sommes
seulement libres d'en refuser la pression consciente ou de l'accepter en
ignorant totalement l'espace qui se crée ainsi. En acceptant la confrontation
aux contenus de l'inconscient dans un moment donné le Moi peut ressentir comme
un affaissement en lui-même ou la sensation provisoire d'une perte de contours.
En la refusant, le Moi peut avoir l'illusion de se croire bien construit et
solide. C'est l'illusion et l'impression du barrage poussé par les eaux qu'il
retient. Et face aux puissances contenus dans l'inconscient le problème ne sera
plus seulement mécanique. Que tout individu doive à un moment ou à un autre se
confronter aux contenus de l'Inconscient peut ensemencer sa vie, cela peut
échapper à une compréhension purement intellectuelle mais pas à l'expérience
clinique. Cette pulsion représente probablement ce qui a permis progressivement
à l'humanité d'échapper à l'emprise grossière des éléments pour crée
progressivement un espace de conquête consciente. Les mythes et légendes
mettent en scène des héros civilisateurs, lunaires et solaires, représentant
semble-t-il la spécificité de cette démarche humaine. C'est également cette
force en nous qui fait toute l'ambivalence apparente de l'Inconscient : beauté
fascinante mais en même temps terrifiante et dangereuse.
Fantasme
Propre
à toute vie intérieure, il est constitué des imaginations personnelles sur des
thèmes variés en rapport avec la problématique du sujet. Il peut se présenter
sous forme d'images ou de rêveries. Il est essentiel que l'individu y prête la
plus grande attention car il le renseigne sur le déroulement de sa vie
inconsciente qui n'est pas que source de pathologie.
La
psychanalyse francophone contemporaine demeure très confuse à propos du
fantasme.
Fantaisie, fantasia
C'est
un autre terme plus désuet pour désigner le fantasme – plutôt dans le monde
germanophone. Il possède cependant l'avantage de ne pas être empesé par la
psychiatrisation.
Corrélats
Mythes, rêves,
songes, légendes, art, archétypes, complexe, chaman, chamanisme, cosmogonie,
représentation du monde, idole, icône, mandala, Tanka,