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Une n�cessaire alternance

Est-ce que le vote fait encore sens ? Si on admet que les �quipes doivent se succ�der, � quoi bon demander au peuple d�arbitrer ? Il suffit, d�embl�e, dans la constitution, de poser cette r�gle d�alternance. Il ne resterait plus � chaque parti de choisir son leader. Les �lections ne concerneraient plus des programmes mais des personnalit�s.

En effet, n��tait-il pas logique qu�au bout de cinq ans, la gauche laiss�t la place � la droite ? Est-ce que la d�mocratie, ce n�est pas d�accepter mais surtout de respecter le principe de l�alternance ?

Nous nous dirigeons vraisemblablement vers un tel syst�me impliquant l'institutionnalisation de l�alternance gauche -droite. Un syst�me qui ne serait pas � la merci de l�opinion publique qui se trouverait ainsi entour�e de garde fous. Un syst�me qui �viterait que pour rester au pouvoir, on adopte le propos de l�adversaire et o� chaque �quipe effectuerait une t�che bien sp�cifique et parfaitement distincte de l�autre.

Car, au fond, ce qu�on n�ose pas dire, c�est que la politique est une chose trop grave pour qu�on la laisse � la merci des �lecteurs. Il y a eu trop de rat�s, trop d�al�as, tant en France qu�aux �tats Unis avec l��lection litigieuse de Bush junior. On ne peut plus continuer � jouer ainsi avec le feu et risquer notamment de manquer l�alternance dont nos soci�t�s ont besoin. Dans nos soci�t�s hyper technologiques, il y a des choses qui ne sont plus de mise .Imaginez qu�au lieu de nous mouvoir, une jambe apr�s l�autre, de temps en temps, la m�me jambe doive servir deux ou trois fois de suite. Ce serait infernal !

Les Am�ricains sont peut �tre les plus proches d�un tel syst�me avec leurs primaires mais encore faudrait-il accepter que D�mocrates et R�publicains se succ�dent selon un rythme bien pr�cis. Et d�ailleurs, de fait, mais par hasard, les R�publicains ont en effet succ�d� aux D�mocrates mais il n�emp�che que chaque camp prend chaque fois un malin plaisir � vouloir emp�cher l�alternance, au lieu de laisser le champ libre � l�autre partie. C�est ainsi que Jospin, achevant cinq ans de pouvoir � et sans avoir trop souffert, quoi qu�on dise, de la cohabitation qui a bon dos et qui ne sert qu�� masquer une volont� de s�y maintenir � n�avait rien de plus press� que de se faire r��lire pour poursuivre son action. On nous objectera que Chirac aussi : mais est-ce que Chirac �tait vraiment au pouvoir, depuis la dissolution de 1997, est-ce que ce n�est pas la politique de la gauche qui �tait appliqu�e ? Et d�ailleurs, s�il fut pl�biscit� (82%), n�est-ce pas parce que, tout de m�me, il incarnait l�alternance ? Mais qui a soulign� le fait que ce qui avait gagn� le 5 mai, c��tait l�id�e d�alternance ? Dans le rejet de la cohabitation, il y a la volont� qu�il existe une vraie alternance et que celle-ci soit garantie sur facture, c�est � dire inscrite dans la Constitution de la Ve R�publique � moins d�en fonder une VIe..

On retrouve cette id�e, aux �tats Unis, dans l�interdiction de briguer plus de deux mandats mais cela concerne les hommes et non les partis, il faut aller plus loin et exiger une alternance partisane.

Gageons que dans un demi-si�cle on jugera un tel comportement avec s�v�rit�, on y verra un refus d�alternance, donc d�accepter ce que l�autre camp a � apporter ou une volont� de se substituer � lui, en l�imitant. Tout cela sera certainement consid�r� comme d�testable par les g�n�rations qui suivront.

En fait, ce que nous proposons et rappelons est certainement tr�s ancien et nous ne ferions en fait que le red�couvrir ; il est fort probable, en effet, que les soci�t�s traditionnelles antiques fonctionnaient selon de tels principes d�alternance et qu�elles nous en aient l�gu� le besoin sinon l�instinct.

Comme nous l�avons dit, il ne s�agit nullement de renoncer aux �lections mais d�en limiter l�enjeu, de ne pas mettre l�alternance en jeu mais seulement ses artisans. Au bout de tant d�ann�es, on laisserait automatiquement la place � l�opposition qui prendrait la rel�ve.

Le d�faut d�un tel raisonnement, c�est qu�il doit prendre en compte un autre param�tre, qui est celui de la structure du temps, qui est un domaine encore tr�s mal explor�. On ne saurait, en effet, fixer arbitrairement, les moments de l�alternance.

Expliquons-nous : si, comme nous le supposions, les soci�t�s antiques ont �labor� un tel syst�me � on se souvient, dans l�Ancien Testament, du songe de pharaon et de ses sept vaches grasses d�vor�es par sept vaches maigres � il est fort probable que cela ait agi sur nos horloges biologiques. Et il est donc fort recommand�, d�accorder cette alternance sur la cyclicit� inh�rente � ces horloges, faute de quoi, si l�alternance politique s�av�rait en porte � faux avec une alternance biologique, le syst�me deviendrait rapidement insupportable. Et puis, encore conviendrait-il de fixer la dur�e de l�alternance : cinq ans, sept ans....ce n�est pas la m�me chose. Et on ne saurait changer ces dur�es sans effet, positif ou n�gatif, sur le bon d�roulement de l�alternance. Or, quand la d�cision a �t� prise, on ne s�est aucunement pr�occup� du respect d�une certaine respiration sociale.

L� encore, cette m�connaissance des rythmes sous-jacents ne sera bient�t plus tol�rable et la vie politique ne saurait se d�marquer des cycles de la vie sociale. Malheureusement, tous nos politologues sont bien incapables, de nos jours, d�apporter des �l�ments pr�cis sur la fa�on de scander l�alternance.

Faudrait-il aller voir du c�t� des astrologues ? Ne vont-ils pas nous calculer, vite fait, les dates auxquelles nos �lections devraient se soumettre ? Ce qui leur r�ussirait peut �tre mieux que de chercher � deviner qui sera le prochain pr�sident. Or, les astrologues sont largement discr�dit�s sur la sc�ne publique, en tant que communaut�, m�me si on va les consulter en priv�.

Voil� donc des gens qui, a priori, seraient bien plac�s, pour mettre en place, sur des bases saines, l�alternance que nous appelons de nos voeux et qui sont plut�t discr�dit�s comme si leurs activit�s �taient futiles. Peut �tre se rendra-t-on compte, un jour, que la mod�lisation du temps social est une question majeure � r�soudre pour les prochaines d�cennies (voir notre rubrique Astrologie sur ce site)...

Tout indique que le passage du septennat au quinquennat fut une erreur car le chiffre sept correspond davantage � une phase cyclique, comme c�est le cas de la Lune. Dans le songe de Joseph �voqu� plus haut, Joseph interpr�te ce r�ve comme indiquant deux s�ries de sept ann�es. D�s lors, au bout de cinq ans, est-ce que l�on sera en phase avec un cycle naturel ou bien en porte � faux ? Car si l�on peut constater aujourd�hui le besoin d�une alternance, qui peut anticiper sur ce ressenti pour dans cinq ans ? Et si l�alternance arrivait trop vite, pr�matur�ment. Ah ces hommes qui tirent des projets sur la com�te !

Nous avions, dans nos pr�c�dents �ditoriaux, insister sur le d�coupage spatial, en communaut�s mais il convient aussi de le combiner avec un d�coupage temporel. C�est au prix de ce double d�coupage que la Cit� du XXIe si�cle pourra s��panouir. Or, on assiste � une n�gation de telles cat�gories au nom d�une la�cit� qui ne veut rien voir du relief des choses.

En ce qui concerne les prochaines �lections l�gislatives du mois de juin prochain, il n�est pas exclus que cela n�aboutisse � une nouvelle cohabitation mais ce qui est pire encore avec toujours un gouvernement de gauche comme c�est le cas depuis cinq ans. On en vient � regretter que Jospin n�ait �t� �lu Pr�sident de la R�publique pourvu qu�une majorit� de droite se soit mise en place au Parlement Cette cohabitation l� s�inscrirait, en effet, dans l�alternance pour peu que l�on accepte le fait que durant la cohabitation, c�est le Premier Ministre, soutenu par une majorit� parlementaire, qui gouverne.

Autrement dit, une cohabitation qui respecterait l�alternance serait tout � fait acceptable, ce n�est pas la cohabitation qui fait en soi probl�me, c�est le refus de l�alternance gouvernementale. Ne nous trompons pas de cible et de repoussoir ! On pourrait en effet admettre, au nom m�me de l�alternance, que le Pr�sident de la R�publique appartiendrait au camp qui n�exerce pas sur le moment le pouvoir.

Le paradoxe, c�est que l��lection de Chirac le 5 mai en ferait un excellent Pr�sident de la R�publique, d�passant les clivages, bref un excellent Pr�sident de cohabitation et c�est probablement ce que la gauche pourrait �tre amen�e � d�clarer : pourquoi ne pas reconduire la cohabitation et donc faire �lire une majorit� de d�put�s de gauche ?

Mais tout s�oppose � un tel discours : d�une part, le rejet de la cohabitation qui devrait favoriser la droite, une fois �lu un pr�sident de droite, d�autre part, le fait que nous avons besoin � pr�sent, pour quelque temps, au nom de l�alternance, d�un gouvernement de droite. Or, l�on sait que d�s lors que la droite refuse un accord �lectoral avec le FN, elle hypoth�que ses chances de l�emporter. Diabolisation de l'extr�me droite, diabolisation de la cohabitation mais le rejet du FN �conduit pr�cis�ment � la cohabitation, �galement honnie ! Quel dilemme�!

On nous explique que les Fran�ais ne veulent plus de la cohabitation alors qu�il ne s�agit l� que d�un argument �lectoral. Mais est-ce qu�ils sauront imposer un gouvernement de droite, puisque le Pr�sident �lu est de droite ? Rien n�est moins s�r ! On a vu que pour les �lections pr�sidentielles, les Fran�ais n�ont pas su maintenir ce choix gauche droite au deuxi�me tour. Certes, en pla�ant deux candidats de droite au deuxi�me tour, cela garantissait l�alternance au sommet, sauf que Chirac s�y trouvait d�j� et que son �lection ne garantit pas qu�il n�y aura pas cohabitation. La multiplicit� des candidats au premier tour n�est pas une excuse mais cela montre bien que ce type d��lection, en dehors d�une alternance institutionnalis�e, est par trop al�atoire et qu�au bout du compte chacun est surpris du r�sultat final, ce qui conf�re aux sondages un r�le exorbitant et absolument indispensable. C�est en effet parce que les sondeurs donnaient Jospin et Chirac au second tour que les �lecteurs s�en sont donn� � c�ur joie dans leurs votes dits protestataires. Mais ne voit-on pas que les sondages agissent ainsi sur les �lecteurs, ce qui aboutit � les invalider ?. Il y a l� un processus pervers.

L�extr�me droite a-t-elle les moyens, par sa capacit� de nuisance, � faire reconduire la cohabitation � l�identique ? Ce serait en effet son jeu, dans une politique du pire, que d�exasp�rer encore un peu plus la population ! Conjonction ainsi de deux diabolisations qui tendent � devenir les axes de toute strat�gie politique actuelle, du double rejet, en France ! La droite ne veut pas pactiser avec l'extr�me droite, elle ne veut pas non plus cohabiter avec la gauche. Fort bien ! Mais on approche de la quadrature du cercle d�s lors qu�en rejetant le FN, Chirac court le risque que, par le biais des triangulations, on ne retombe dans la cohabitation. Entre deux maux, faut-il choisir le moindre ?

A vrai dire, les choses seraient plus simples si la gauche acceptait de renoncer � gouverner durant quelques ann�es. C�est � elle de se d�sister au nom de l�alternance. Et en se d�sistant, elle �terait � l'extr�me droite ses atouts. Mais pour cela, il faudrait qu�elle retire ses d�put�s chaque fois qu�un candidat d�extr�me droite serait en position de l�emporter. Le fera-t-elle ? That is the question ! Combien de d�put�s de gauche seront �lus gr�ce aux voix du FN ? Il semble que cela mieux admis que de voir des d�put�s de droite �lus de la sorte ! On �volue en plein paradoxe !

Jacques Halbronn le 8 mai 2002

Lierre & Coudrier �diteur

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