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Pascal Houba

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Selon Kant, l'exp�rience est m�diatis�e par un ensemble de cat�gories a priori qui sont les conditions de possibilit� des objets de l'exp�rience (les ph�nom�nes). Ces cat�gories permettent une universalit� dans l'appr�hension des ph�nom�nes. Selon Foucault, ces cat�gories a priori ne sont pas tout � fait universelles mais ob�issent � une historicit� (on pourrait aussi observer des variations spatiales mais qui sont en fait d'une certaine mani�re dues �galement � une historicit�, les diff�rents peuples humains pourraient �tre d�s lors consid�r�s comme appartenant � des temporalit�s h�t�rog�nes). Cela implique que les cat�gories d�finissent l'ensemble des choses qui sont �non�ables, visibles, etc., bref repr�sentables � un moment donn�, d�finissant donc un a�priori historique, ��distribution originaire du visible et de l�invisible dans la mesure o� elle est li�e au partage de ce qui s��nonce et de ce qui est tu�� (Naissance de la Clinique). Cette variation historique n'est pas continue mais op�re par sauts d�finissant des �poques historiques. Foucault appelle ces �poques historiques �pist�m� (Dans une perspective ontologique, Heidegger parlait d' ���poques de l'�tre�� et d'historialit�)�: ��dans toute culture et � un moment donn�, il n�y a jamais qu�une �pist�m� qui d�finit les conditions de possibilit� de tout savoir�� (Les Mots et les Choses). Les cat�gories ne permettent cependant pas de repr�senter ad�quatement la totalit� de l'exp�rience. Par cons�quent, � une structure de cat�gories (�pist�m�) donn�e correspond un irrepr�sentable qui lui m�me peut varier selon les �poques.

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Par exemple, la folie qui �tait pens�e comme un rapport direct � Dieu (rapport � l'Infini) avant l'�ge classique, le d�lire �tant l'expression de l'inspiration divine, deviendra la d�raison en r�f�rence au pouvoir tout puissant accord�e � la raison � l'�poque classique (Descartes) et est maintenant d�termin�e par un ensemble de cat�gories m�dicales d�finies par l'homme, c'est-�-dire par un sujet constituant mais fini (cf. L'Histoire de la Folie � l'�ge classique). De m�me, le sexe deviendra la sexualit� (cf. La Volont� de Savoir, L'histoire de la sexualit� I). Les cat�gories font donc l'objet d'une construction. Cette construction se manifeste � travers un changement progressif des pratiques concernant l'objet en question.

De l�, on peut dire que le r�le de l'artiste est d'exprimer l'irrepr�sentable � travers l'�uvre d'art, c'est-�-dire ce qui se trouve ��� la limite�� de ce qui peut se repr�senter au moment de la cr�ation. Il peut notamment y arriver en mettant en relation un certain visible avec un certain �non�able sachant que l'irrepr�sentable du visible (l'invisible) ne co�ncide pas forc�ment avec l'irrepr�sentable de l'�non�able (l'indicible). Cette mise en relation peut prendre la forme de la m�taphore ou de la m�tonymie. Il n'est pas �tonnant que l'on retrouve les deux fonctions associ�es par Lacan au travail du r�ve selon Freud (d�placement, condensation). Dans les deux cas (oeuvre d'art et inconscient), on retrouve le m�me surgissement cr�atif face � l'irrepr�sentable, � l'inconnu.