| ||
Introduction
| ||
| ||
Le constat contemporain s��tale � la Une des tous nos journaux, quotidiens, hebdomadaires, mensuels reprennent en �cho, de jour en jour, de semaine en semaine les m�mes titres : il n�y a aucun doute, nous vivons dans un monde en ��crise��[1]. Dans le sens courant r�pandu aujourd�hui, la crise est ��une manifestation �motive soudaine et violente[2]��. Or, s�il est un d�bat qui nous met en �moi, c�est celui engag� sur ��l�image��, sur la ��violence�� et l�impact qu�on lui pr�te. De ��crise�� en ��crime��, la ��violence�� des ��images�� distill�es par les m�dia assombrit un horizon jadis prometteur de tous les biens. Comment en sommes-nous arriv�s l� ? L'Homme moderne s�interroge, en proie � des convulsions angoiss�es qui n�ont plus rien d�existentiel. Il s�interroge, analyse, passe au crible de son savoir la soci�t� qui l�a vu na�tre : ��la fracture sociale��, ��les banlieues��, ��la psychose des attentats��, la liste est longue des peurs quotidiennes. En filigrane, on per�oit la question : quelle faute avons-nous commise pour subir tant de maux ? Effectivement, de quelque c�t� que nous nous tournions, partout nous ne trouvons que d�sastre, catastrophe, �pid�mie et mort d�humaine. Face � ce monde hostile, l�Homme[3] contemporain retrouve d�anciens r�flexes, les m�mes assur�ment que les premiers hommes devant la foudre du ciel ou son descendant m�di�val, confront� � la peste, pi�destal pour les feux de l�Enfer : il transpire de terreur, se terre sous sa couette, ou bien fuit, va cultiver les ch�vres � l�abri, tr�s tr�s loin de la G�henne urbaine. Quand la terreur devient trop forte, il explose, au-dedans, en folie meurtri�re. Les faits divers commencent � regorger de meurtres abominables qu�on ne sait expliquer : ��Il �tait si calme, parlait peu.�� Un jour, il a tu� p�re, m�re, fr�re, passants dans la rue, presque vingt personnes. ��Malaise��... Certes, il devait ���tre mal dans sa peau��. Qu�il s�agisse de drames priv�s ou de catastrophes collectives, on n�en finit pas de s��tonner ! Feinte, la surprise ? Hypo-crite[4], l�humanit� ? Hypo-th�se, hypoth�se, quand tu me tiens. L�expos� est gratuit, les associations tout personnelles, et pourtant ! Les catastrophes naturelles, �cologiques, d�clenchent des commentaires, suscitent des images connues, associ�es � la peur. Telle est une partie de la r�alit� que nous vivons quotidiennement dans une soci�t� industrialis�e d�une certaine Europe. Mais en regard, le r�ve ! N�avez-vous jamais sursaut� en passant d�une s�quence de publicit� au Journal puis � nouveau � la pub ? Tressaillement de l��tre n� de l��cart entre la ��r�alité » dont on nous abreuve et le ��r�ve�� qu�on nous injecte ? Il y a peu de temps, l���agressivité » des jinggle suffisait � marquer le pas d�un univers � l�autre. Mais de plus en plus, ils se font soft, subreptice passage, glissement progressif vers un monde . Quel monde ? Les r�ves humains, distill�s par les m�dia oscillent entre la nostalgie du paradis perdu, abondance de biens sans efforts, de la puret� d�une nature que n�aurait pas souill� la main de l�Homme, d�une vie sans risque : la liste est longue des litanies, les grains nombreux � ce chapelet du bonheur �gren� par la f�e de notre temps qu�est la publicit�, n�e de l�esprit fertile des modernes pr�tres de la communion/communication entre l�Homme contemporain et ses dieux.[5] La religion, espace vacant ? L�acharnement d�un Pontife s�nile[6] � imposer des valeurs d�un autre �ge montre assez le vain d�cha�nement des forces de la r�action contre le mouvement de l�histoire. Qu�en est-il du pouvoir du discours dans ��un monde de l�image�� ? Or, le v�hicule, commun�ment appel� ��image��, lui m�me objet de d�bat, de controverses, li�es � sa puissance, � son impact, aux d�tournements dont elle peut �tre l�objet, d�autant plus depuis l�av�nement de l�image virtuelle. De fait, on parle beaucoup d�image mais pas de l�imaginaire. Mais qu�est-ce que image ? D�o� vient-elle ? Comment se forme-t-elle ? Si l�on d�bat sur sa puissance, on admet qu�elle ne soit pas seulement d�filement sans effet d�impressions visuelles ou auditives, qu�elle puisse g�n�rer des sentiments, des r�actions. Le fait n�a pas �chapp� aux publicitaires�: du d�but � la fin de la cha�ne, les campagnes de marketing reposent sur une conscience aigu� de l�impact de l�image. Il convient donc d�int�grer � la conception de l�image les impressions qu�elle produit sur les sens et les �motions qu�elle suscite, de consid�rer qu�en vertu des progr�s techniques, les repr�sentations de l�image ont pu �voluer, alors qu�elle-m�me, dans une conception globale qui inclut la notion d�impact restait fixe. Dans sa permanence, elle reste attach�e � la polys�mie d���imago-eik�n��[7], poss�de de multiples facettes, parmi lesquels ��repr�sentation, reflet (dans un miroir), fant�me�� sugg�rent qu�au-del� de la repr�sentation, il existe un objet repr�sent�, concret, vivant. L�image comme miroir de l��me contemporaine.L�image serait donc une totalit� dont nous n�appr�hendons que les reflets inscrits dans l�histoire la r�alit� physique. On doit imaginer une polarit� � ces repr�sentations dans la r�alit� psychique. De plus, image et crise sont constamment associ�es � la violence. Or, suivant le m�me itin�raire �tymologique, qu�est-ce que la violence ? Aujourd�hui ��abus de la force�� Ainsi la violence serait-elle inscrite dans le processus de vie. Les mythes de cr�ation du monde en portent la trace, de m�me que la mise au monde d�un enfant, dans le sang m�l� de d�jections et les cris. L�expulsion, c�est d�go�tant et violent ! Nous vivrions donc dans un syst�me de repr�sentation o� toute manifestation de vie est con�ue comme violente. Pour se prot�ger de la violence environnante, il semblerait que le monde contemporain se soit forg� une armure inviolable, � l�abri des agressions ext�rieures et de la contamination. Les ma�tres mots de la soci�t� industrielle : propret�, s�curit� traduisent la peur de la contamination propag�e par des facteurs souvent inconnus, et donc incontr�lables. Ce souci des contaminations tr�s diversifi�es ne serait-il pas r�v�lateur d�une profonde terreur globale d��tre submerg� par une force irr�pressible venue des profondeurs. D�s lors, il s�agira de se garder de l�impromptu, � droite et � gauche, que nous nommerons tout au long de ce travail neon : le terme grec englobe, par glissement s�mantique, � la fois le sens de ��jeune��, ��nouveau�� et par suite ��inattendu��, ��surprenant��, mais aussi ���v�nement impr�vu��, et enfin ��malheur��. Le verbe ne�teriz� quant � lui signifie ��faire une r�volution��. Derri�re le progr�s technique pointent les signes d�une peur tr�s archa�que, contre laquelle il serait n�cessaire d��riger sans cesse de nouveaux remparts. � A chaque moment de son histoire, l�humanit� devrait se rem�morer les �tapes ant�rieures de son histoire. Or, si l�on tient pour acquis que la repr�sentation cosmogonique transcrite dans le mythe fonde les constructions et les valeurs humaines dans tous les secteurs d�activit�, il y a lieu de s�interroger. En effet, l�observation attentive des soci�t�s industrialis�es, sugg�re que, le rationalisme, ayant r�cup�r� la notion d�inconscient � son profit par le biais d�une psychanalyse �rig�e en dogme[8], reste roi dans le discours officiel : il perp�tue ainsi un mod�le dualiste, niant par cons�quent toute perception dialectique du vivant, laquelle, serpente n�anmoins en profondeur : les comportements f�tichistes en font foi. Or sans dialectique, il n�est pas de vivant. Et chacun y va de sa lamentation sur l���immobilisme��, la ��soci�t� fig�e��, la ��fracture�� sociale ou autre. Le numen divinTous se passe comme si le progr�s technique faisait table rase du numen, comme si l�humanit�, � chaque �tape de son �volution annulait les �tapes ant�rieures. Et l�Homme de progr�s, deus ex machine surgit ex nihilo s�approprie la ma�trise toute-puissance sur toute chose de la terre et du ciel. Tout se passe comme si des couches de la psych� dont on ne prenait en compte que les sup�rieures. La psych� contemporaine reposerait donc sur du vide : Qui le per�oit ? Pourtant, de la lost generation aux g�n�rations destroy, on peut marquer les jalons qui aboutissent � la cr�ation d�une d�tresse du vide g�n�rant une apologie du n�ant dont le mot d�ordre tonitruant, no future devrait secouer les consciences. Pourtant, le XXe si�cle a connu bien des cataclysmes qui auraient pu op�rer un r�veil collectif. Le dernier en date et non des moindres, ce fut derni�re guerre mondiale. La chronique d�une mort du vieux monde, annonc�e par le pr�c�dent conflit mondial, tentait d�sesp�r�ment de sauvegarder quelques pierres de l��difice humaniste en ruine : que valaient ��libert�, �galit�, fraternité » devant le spectacle de cinquante millions de morts, dont un cinqui�me au moins s��taient �vanouis dans les noires fum�es des camps de concentration ? De ces cendres est ren� le ph�nix de la peur. Mais la guerre semeuse de mort � en quelque chose malheur est bon � dans son activit� industrieuse, a eu pour corollaire un gigantesque bond en avant des sciences et techniques. Or, plut�t que de se r�jouir d�un tel progr�s, le monde renaissant a associ� horreurs de la guerre et progr�s, cr�ant un monstre moderne sauvage nomm� progr�s. D�un c�t�, le progr�s, de l�autre la qu�te � rebours d�un refuge de valeurs s�res, �prouv�es, d�une morale rassurante. Dans ce monde en devenir, on s�accorde � relever la mort des religions. Il ne viendrait � l�id�e de personne que la religion puisse emprunter de nouvelles voies : les actes de ��violence�� maintes fois r�p�t�s par les ��hordes��, les ��jeunes��, on dit aussi parfois dans certains milieux les ��bandes ethniques��, ne prennent-ils pas les couleurs de rituels anciens, ceux que l�on observe dans les premiers temps de l�organisation d�un culte nouveau. Ne pourrait-on les consid�rer comme une tentative de retrouver un fondement, une assise, une profondeur, une structure qui vienne remplacer ce qui a cours mais est devenu obsol�te dans un monde transform� par le progr�s technique ? Le sacr� et le f�tichismeIl n�est pourtant pas n�cessaire d��tre grand clerc pour relever de curieux usages contemporains, dont la constance et les cons�quences rappellent �trangement d�autres rites anciens : ainsi la ru�e estivale vers les plages br�l�es de soleil, qui chaque ann�e, malgr� les mesures de pr�vention, compte ses morts ? L�outil sacrificiel a chang� de forme, le coutelas a fait place � la ��caisse��, la ��chiotte��, la ��bagnole��. Aujourd�hui, on ne se couche plus sur l�autel des sacrifices, on se ��viande en caisse��. Bernard Teyss�dre �voque ces figures h�rit�es d�un fonds commun � tout le Proche-Orient antique souligne que ��leur combinatoire mainte fois renouvel�e peut se jouer des m�tamorphoses, tant�t se fixer en compos�s �trangement stables�� A c�t� des figures ais�ment reconnaissables, d�autres masqu�es. Mais qu�elles soient directement accessibles ou m�connaissables sous l�effet des m�tamorphoses, les grandes figures mythiques fonctionnent et se structurent selon un processus constant, qui permet de les d�celer, dont nous montrerons les ressorts. Restant secr�tes, non rep�r�es, dont impossibles � domestiquer, elles se font sauvages. Sauvages pour celui, malheureux, qui se laisse prendre par l�image, et reste d�muni face � sa puissance, la gorge s�che, le verbe retenu, le souvenir perdu de la pri�re efficace. Sauvages pour la communaut� des hommes dont le chef spirituel aurait dit un jour : ��Que ta volont� soit faite et non la mienne.�� Le mod�le chr�tien serait mort, mais la Parole demeure. Et de m�me qu�on a tent� jadis de supprimer les premiers sectateurs du Christ, on tente d��vacuer aujourd�hui les adeptes d�un nouveau culte, pr�sum� dangereux parce qu�inconnu, donc monstrueux. Reviennent alors les r�flexes imm�moriaux de d�fense � de ceux-l�, on se souvient, ils sont le dernier recours contre le retour du chaos ! � qui ont toujours eu nom d���exclusion��. On exclut, on d�blaie, on balaie devant sa porte, on pratique, c�est tr�s � la mode la ��purification ethnique��. La purification ! Et les grands de ce monde s�en lavent les mains ! Mais il en est de plus fins pour s�en remplir les poches. Voyez-les, � l�heure de la pri�re audio-visuelle, d�ployer sous vos mornes regards les chasubles sans tache, les riches �toles aux couleurs intactes, par la gr�ce d�Ariel et de Mir ; haut les c�urs, quand de mains �lev�es en calice ruisselle une eau si pure ! N�y aurait-il pas l� mati�re � subsumer une corr�lation entre des manifestations observ�es dans des domaines si vari�s ? � La seule prise en compte des productions dans le domaine des arts ne suffit pas � affirmer la pr�sence efficace d�un mythe dans une soci�t�. Le mythe est un ciment qui assure la coh�sion entre deux plans de r�alit� et ne saurait se r�duire � une liste d��uvres. Dans ce cas aussi, l�imaginaire s�empare de l�actualit� historique, de m�me que l�histoire peut exploiter l��uvre litt�raire pour asseoir un pouvoir nouveau : l�histoire de France conna�t bien cette manipulation de la mythologie � des fins politiques. L�utilisation de Diane, par exemple, sous l�Ancien r�gime, celle de Jeanne d�Arc aujourd�hui. Mais les cr�ations artistiques constituent des rep�res de surface ; dessous grouille de vie la troupe de figures moins reconnaissables. C�est par leur impact dans la r�alit� objective, dans l�Histoire, qu�elles se r�v�lent, sous des formes indissociables d�un sentiment pr�cis r�v�l� par les images-affect. Ainsi, chez les Latins, peuple terrien, le mythe de la Toison d�or prendra-t-il une r�sonance particuli�re, o� l�on retrouve l�image de la peur de ��la Mort unie aux profondeurs am�res de la Mer�� que Bernard Teyss�dre rel�ve dans la Gen�se. Mais la qu�te de la Toison d�or est aussi � consid�rer comme mythe de l�av�nement de la conscience technique, qui, envisag�e sous son aspect dialectique, s�organise selon un axe antith�tique. Cela revient � consid�rer la technique sous son double visage de progr�s, gain pour l�humanit�, indissociable d�une perte nostalgie du paradis de l��ge d�or o� l�Homme n�a pas pos� le fer. D�s l�Antiquit�, des �coles de pens�e s�organisent autour de ces deux p�les : d�un c�t� les pan�gyristes du progr�s, de la conqu�te/colonisation, synonyme de civilisation, face � et bient�t contre � les nostalgiques apologistes du temps de l��ge d�or. Dans la M�d�e de S�n�que, au Ier si�cle apr�s J.-C., les deux points de vue coexistent encore mais bient�t, la dialectique se figera en dualit�, dans un syst�me que nous connaissons bien. Le dualisme a fig� le monde en deux camps qu�une muraille infranchissable s�pare : un Bestiaire de l�Ab�me et un Bestiaire de la Foudre, que l�on peut conjuguer � tous les temps, d�cliner � tous les cas et dans tous les registres : l�Enfer et le Paradis, Dieu et Diable, Conscience et Inconscient.... La vision d�Ez�chiel n�a plus cours. Les deux faunes rivales qui s�entrecroisaient lorsque le serpent br�lant des mines de cuivre, �rig� sur l��tendard de Mo�se, recevait les six ailes des S�raphins joufflus aujourd�hui s�ignorent superbement : pas d�alliance possible, ni m�me de combat. ��Deux mondes ont d�fil� sans se voir�� titrait Lib�ration[9], � propos de tout autre chose semble-t-il, � moins que ... Restons un moment dans le cadre mythique : c�est, nous dit H�siode, au temps du banquet de M�kon� que fut consomm�e la rupture s�instaura la coupure entre les Dieux et les Hommes. L�Odieux Prom�th�e, ce voleur de feu, s��tait jou� de Zeus, offrant aux dieux, en guise de festin les bas morceaux. Zeus n�a pas appr�ci�. Dieux et Hommes ne v�curent plus de ce moment en bonne intelligence. La situation allant s�aggravant, qui r�serve aujourd�hui ne serait-ce que quelques miettes � la divinit�. Le foss� est si grand qu�aujourd�hui on ne sait plus qui sont les Dieux. Quelle diff�rence avec l�Antiquit� ? on ne rend plus de culte conscient aux dieux, la fonction d�apprivoisement des divinit�s ignor�es, elles sont sauvages, violentes : ainsi se manifeste leur autonomie ? Qui sont les grands pr�tres de nos modernes sacrifices ? Qui fait br�ler de terreur les agneaux ? Sous le masque qu�ils empruntent se manifestent les anciennes divinit�s ! ��Bison futé » orchestre les grandes migrations ? Belle repr�sentation en v�rit� dans une soci�t� technologique, l�alliance/combat de la force, de la puissance et de la ruse. Les images mythiques sont beaucoup plus facilement accessibles que ne le laissent entendre les diff�rentes �coles qui proposent des lectures ��symboliques��. ��Symbole�� [10]! Le grand mot est l�ch� et donne lieu � de savantes d�cortications. Il convient de cadrer le sens d�un mot si galvaud�, puisqu�aujourd�hui, quand on a dit symbole, on cro�t avoir tout dit. Un rapide tour d�horizon de l��volution s�mantique de ce mot permet d�illustrer un processus qui concerne la conception de la r�alit� globale. Le retour � la signification premi�re du symbole en montre la simplicit� de fonctionnement : c�est, dans le monde grec un objet de reconnaissance, g�n�ralement un osselet � astragalos �, partag� entre deux h�tes[11]. Chacun en conservait une moiti� qu�ils transmettaient � ses enfants. Ces deux parties rapproch�es servaient � faire reconna�tre les porteurs et � prouver les liens d�hospitalit� �tablis ant�rieurement. Il n�existe pas entre les deux parties du symbole de hi�rarchie d�aucune sorte, seulement une valeur de r�ciprocit�. Il n�est pas indiff�rent, au plan de la psychologie, de noter que l��volution du terme dans le monde moderne engage au contraire une hi�rarchisation entre la face signifi�e connue du signe/symbole et sa face cach�e signifiante. Si le signifi� est d�acc�s direct, le signifiant quant � lui fait l�objet de sp�culations. Mais me direz-vous, cela n�a pas de sens. Par exemple, chacun sait que l�eau est le symbole de la vie. Il n�est pas n�cessaire d��tre Saint-Exup�ry, assi�g�, ass�ch� aux sables du d�sert, pour go�ter cette v�rit� premi�re de l�exp�rience humaine, lui adressant cette ode : ��Eau, tu n�as ni go�t, ni odeur, ni ar�me ; on ne peut pas te d�finir ; on te go�te sans te conna�tre ; tu n�es pas n�cessaire � la vie, tu es la vie.[12]�� Mais peut-�tre faut-il en revanche avoir v�cu ce type d�exp�rience pour appr�cier la double �quation : eau = vie ; non-eau = non-vie = mort. L��preuve directement v�cue du manque am�ne � la conscience la perception de l�envers du miroir. Mais pour �tre complet, il est n�cessaire d�ajouter que dans le d�sert, et ailleurs, l�eau de vie se mue en eau de mort quand y stagne une carcasse pourrissante, arriv�e au but, mais trop tard. Nous ne pouvons, nous autres gens des villes, approcher cette r�alit� que de tr�s loin : certes, une coupure d�eau, une rupture de canalisation, une s�cheresse prolong�e entra�ne son cort�ge d�inconv�nients du confort, mais ne met pas la vie en p�ril. Pourtant, depuis peu, on nous met en garde, par media interpos�s : il faut s�attendre, dans un avenir plus au moins proche, � un rationnement d�eau. Il faut faire la chasse au ��gaspi��, �duquer les enfants, installer des �conomiseurs, d�eau, mais aussi d��nergie... Aujourd�hui, l��ge d�or de l�abondance est r�volu : il faut �conomiser, rogner sur tout et, surtout, rationaliser nos d�penses. �conomie dans le foyer (oikon), �conomie de l��tat. Partout surgit la peur du manque. Aujourd�hui la Grande Peur est �conomique. M�me la langue �conomise. La transition peut para�tre artificielle, mais les d�couvertes de la linguistique sont essentielles � asseoir notre d�monstration, qui s�appuie sur l��mergence de signes convergents dans diff�rents domaines, est particuli�rement dans le culturel. La transition s�impose doublement si nous �coutons A. Martinet �voquer ��la loi du moindre effort��, vestige d�un temps o� il suffisait de tendre la main vers la terre nourrici�re pour �tre combl� : ��Ici (en linguistique) comme ailleurs, le comportement humain est soumis � la loi du moindre effort selon laquelle l�homme ne se d�pense que dans la mesure o� il peut atteindre aux buts qu�il s�est fix�s.[13]�� Par le biais du symbole, il est possible d��tablir un parall�le entre la langue et le mythe, con�us comme syst�mes de signe. ��� Le lien entre signifiant et signifi�, unis comme recto/verso d�une feuille de papier.[14] ��� Le sens r�sulte de l�union dialectique des deux. ��� ��Toute langue est, � tout instant, en cours d��volution. Il suffit d�examiner le d�tail de son fonctionnement pour y d�celer des processus qui� peuvent aboutir, � longue �ch�ance, � la rendre m�connaissable... De nouveaux phon�mes, de nouveaux mots, de nouvelles constructions apparaissent, tandis que d�anciennes unit�s et d�anciens tours perdent leur fr�quences et tombent dans l�oubli.[15]�� Il y a tout lieu de penser que le langage mythique suit une �volution parall�le. L�oralit�, la langue �crite et le mytheComme on le constate dans l��tude de la langue, le code �crit a tendance a figer la langue en code officiel, immuable, alors que la vie en perp�tuelle transformation passe par l�oral. N�oublions pas� que le muthos est � l�origine oral ; et qu�� ce titre, il a b�n�fici� de multiples enrichissements, dus au mode de transmission. L��crit imprime au mythe la marque de l�historicit�, et lui impose son sceau de convention. Le mythe �crit devient dogme, porteur d�un message moral codifi� et rationalis�. Ainsi, lorsque nous �voquons le mythe aujourd�hui, c�est � la forme �crite que nous faisons r�f�rence. Dans la logique des analogies que nous relevions plus haut avec la langue, nous devons consid�rer qu�il a, dans cet �tat, que nous dirons litt�raire � pour simplifier et parce qu�il est sp�cialement utilis� ici, mais qui n�exclut pas d�autres formes d�expressions artistiques � subi nombre de pertes et d�enrichissements, mais qu�il continue � vivre en marge de l��crit. Enfin, A. Martinet met en �vidence ��l�antinomie�� �conomie�/enrichissement : ��L��volution linguistique peut �tre con�ue comme r�gl�e par l�antinomie permanente entre les besoins communicatifs de l�homme et sa tendance � r�duire au minimum son activit� mentale et physique.�� Deux voies de prospection s�ouvrent alors qui donnent acc�s aux portes de deux domaines, que j�ai nomm� empire mythique et empire historique. � L�empire mythique trace sa route d�une mani�re souterraine, sous les fondations de l�empire historique, qui, lui, englobe tout ce qui est manifestations concr�tes de l�histoire et de la culture. Mais parfois, une roche friable, ou un terrain poreux laisse passage � la nouveaut� : les sables du d�sert s�ouvrent sur une oasis [16]o� se vient rafra�chir l��me humaine, � cours de r�serve, souvent �puis�e par des ann�es de troubles, de guerres et de famines. C�est en effet que les fronti�res ne sont pas herm�tiques entre le mythe et l�histoire. A certaines p�riodes de l�histoire, on voit le mythe le litt�raire varier, se transformer de mani�re significative. Les recherches men�es sur des p�riodes ant�rieures � la n�tre r�v�lent que des contaminations s�op�rent entre les deux empires, selon le m�me sch�ma : le mythe, comme une source souterraine, s�enrichit au contact du terrain qu�elle traverse, puis surgit en surface, riche de ses d�p�ts mill�naires, pour �tre consomm� par l�Homme : les publicitaires modernes illustrent tr�s bien le ph�nom�ne[17]. � Les images mythiques sont accessibles directement, disions-nous plus haut, et pourtant nous ne les voyons pas, ou du moins ne les percevons pas comme telles. Pourquoi ? La principale difficult� que nous �prouvons � saisir l�image mythique aujourd�hui r�side, d�une part, dans le fait qu�elle est �vidente, tellement impr�gn�e, que nous n�y pr�tons-nous pas attention tant elle nous colle � la peau. Il est paradoxalement n�cessaire de prendre du recul pour la percevoir. D�autre part, des transformations successives peuvent la rendre m�connaissable : A. Martinet souligne le processus identique dans le domaine linguistique[18]. Prol�gom�nes bien longs pour introduire une hypoth�se, d�j� partiellement �voqu�e dont la formulation, au plus pr�s de la concision et qui pourrait �tre la suivante : montrer que derri�re les valeurs ma�tresses des soci�t�s industrielles sont embusqu�es de tr�s anciennes figures mythiques honor�es des civilisations antiques qui les avaient rep�r�es, avaient su les domestiquer et les rendre ��domestiquantes�� et par suite g�rables, gr�ce � des rituels dont les vestiges anciens ont laiss� la trace. Dans le monde occidental contemporain qui, ne les reconnaissant plus, ne les honore plus et en est devenu le jouet, leur impact reste n�anmoins constant. � l�appui de cette hypoth�se, on �voquera l�omnipr�sence de peurs collectives, projet�es sur des objets divers mais pr�sentant des qualit�s constantes, dont la nouveaut�, l��tranget�/�trang�ret�, la violence. L�Etrang�re, la Barbare, la Meurtri�re-infanticide, c�est, M�d�e, dans l�imaginaire grec, ��celle qui m�dite��, celle qui fait peur. Le constat des peurs contemporaines, confront� au r�cit mythique de la Barbare conqu�rante du monde civilis�, appelle remarques et questionnements. D�une part, ces peurs collectives sont largement m�diatis�es�: sous l�impact des media, elles sont r�put�es g�n�rer des psychoses, collectives elles aussi. Or, la psychose est, au plan individuel une fracture dans l�int�grit� de l��difice psychique. Est-ce un fait du hasard si la ��fracture�� sociale arrive en t�te du hit parade des peurs m�diatis�es, flanqu�e de son acolyte ��contamination�� ? Mais, comme au hit-parade, chaque semaine hisse de nouveaux titres, m�me si l�on a souvent l�impression que depuis quelques lustres, c�est la m�me rengaine qui tient la t�te, alors que dans leur caves et greniers d�illustres inconnus concoctent, mais un peu t�t, les musiques du futur, sans espoir imminent d�int�grer le hit magique. Il semble en �tre de m�me de la valse des peurs projet�es et amplifi�es sous nos �crans loupes. Toujours autre et cependant toujours la m�me, telle la ��femme inconnue�� pr�sente dans un ��r�ve �trange et p�n�trant��de Verlaine. C�est pourquoi, sous ces diverses manifestations et oripeaux, nous croyons reconna�tre la grande Peur, parcourant l�histoire humaine en qu�te de forme. L�imaginaire grec la pr�sentait sous les traits de Phobos, l�imaginaire contemporain s�en empare, mais � quelles fins ? La r�ponse � cette question n�cessite, selon nous, un retour aux sources, en qu�te des divinit�s primordiales. L��tude des grands mythes fondateurs transcrit en effet avec pr�cision le processus psychologique fondateur de la vie civilis�e, o� l�on rep�re la constance pr�sence de la peur comme moteur. Or, dans la r�alit� physique, la peur fait plut�t office de frein. D�s lors, ne pourrions-nous pas supposer que les images distill�es par les media se posent comme r�action � un mouvement irr�pressible devant conduire � une mutation cosmogonique fondamentale ? Ne sommes-nous pas en plein d�ferlement de peurs mill�naristes, le jour n�est-il pas venu de la fortune des petites marchandes d�allumettes[19] pour de nouveaux b�chers �rig�s en l�honneur des boucs �missaires du moment ? C�est ce que nous avons cru d�celer en particulier dans la communication de masse, destin�e au plus grand nombre, fond�es sur le matraquage de valeurs s�curitaires et purificatrices. La r�p�tition forcen�e de tels slogans, associ�e aux discours protectionnistes vari�s laisse appara�tre une volont� affich�e de juguler le mouvement de transformation dont nous d�celons des signes �pars et n�anmoins r�els. Nous sommes alors amen�e � nous demander, puisque le mod�le qui a pr�sid� � l��laboration de notre civilisation montre des signes de faiblesse, quelles sont les ressources dont dispose le genre humain, pour sortir de l�impasse. Certaine qu�elles existent, nous posons en derni�re hypoth�se que l�aventure humaine, r�duite � la stagnation, gagnerait � r�int�grer l�imaginaire comme guide dans sa qu�te de possibles futurs. ARGUMENTS M�THODOLOGIQUESTranscription graphiqueLe code de transcription graphique de l�alphabet grec adopt� est celui de Allard et Feuill�tre, Grammaire grecque, Hachette. � ���������������������� e�������������������������� � ���������������������� h������������������������� � ���������������������� q�������������������������� th ���������������������� r������������������������� rh ���������������������� u������������������������� y ���������������������� j������������������������� ph ���������������������� c������������������������� ch ���������������������� y������������������������� ps ���������������������� w������������������������� � Pour l�alphabet latin, suivant A. Cart et P. Grimal, Grammmaire Latine, Nathan : ���������������������� u�������������������������� u et v ���������������������� V������������������������� U et V ���������������������� i��������������������������� i et j ���������������������� I��������������������������� I et J BibliographieElles se compose des ouvrages cit�s dans le texte mais aussi de ceux qui ont �t� consult�s dans le cours des recherches sur M�d�e, dans les domaines litt�raire, linguistique, historique et anthropologique. On y trouvera aussi quelques titres destin�s aux esprits curieux. Abr�viationsUn terme transcrit en abr�g� a �t� d�velopp� lors de sa premi�re utilisation soit dans le corps du texte soit dans les notes. DocumentationElle s�est constitu�e, sur un peu plus de dix ans, d�articles de presse, documents vid�o, cin�matographique etc., au fil de l�actualit�, mais aussi des recentrages successifs du travail. On pourra constater ainsi qu�elle contient la trace, dans les premi�res ann�es, d�un int�r�t centr� sur la femme, le f�minin, l�enfant et le couple, alors qu�elle prend une orientation plus g�n�rale dans les derniers temps. Elle n�a pas la pr�tention d��tre exhaustive, il s�en faut de beaucoup. Nous l�avons utilis�e comme les �l�ments de construction d�une image, estimant rester ainsi dans le cadre d�une anthropologie g�n�rale, telle que d�finie par Fran�ois Laplantine. L'anthropologie d�finie en effet comme ��science de l'homme dans ses variations culturelles��[20], est aussi ��un certain regard, une certaine mise en perspective��[21], l'�tude de ��l'homme tout entier��. �tude de ��tout ce qui constitue une soci�t� : ses modes de production �conomique, ses techniques, son organisation politique et juridique, ses syst�mes de parent�, ses syst�mes de connaissance, ses croyances religieuses, sa langue, sa psychologie, ses cr�ations artistiques.��[22]. Mais l�anthropologue, portant un regard globalisant sur un quotidien dont il participe personnellement, ne saurait se d�partir de son esprit critique. Catherine Barb�, Paris � 1996� [1] � De krin�, ��s�parer, trier, passer en jugement, �tre condamné ». l�upokrit�s, hypocrite, de ��interpr�te d�un songe��, devient ��acteur�� avant d�endosser le sens moderne de simulateur. Le grec moderne a krima : ��p�ché ». [2] � Petit Robert, ��crise��. [3] � L�Homme avec majuscule initiale, parce qu�il est question du genre humain en g�n�ral, incluant masculin et f�minin, et aussi parce que je me r�f�re � une conception globale de l�humain, o� chaque genre comprend son compl�mentaire et son oppos�. [4] � Voir note 21. [5] � Les publicit�s d�agence de voyage, de compagnies d�assurance, d�eau min�rale, sont � cet �gard dignes d�int�r�t, discours �colo, � relier � ��pl�t au ciel que jamais le pin ne fut tomb� sous la hache��). [6] � D�claration r�it�r�e du Pape contre l�avortement, le 08/10/95. [7] � Nous nous reportons le plus souvent possible � l��tymologie du mot, partant de l�hypoth�se que sa repr�sentation est l�aboutissement d�une �volution et qu�elle englobe tous les glissements de sens, de m�me que l�homme contemporain est le fruit de son histoire. Consid�rer le mot uniquement dans son sens actuel serait une des multiples manifestation de la tendance � la r�duction, en vigueur de nos jours. [8] � C'est la th�se que d�veloppe A.Kieser-�l Baz dans Inanalyse, Lierre & Coudrier �d., Paris, 1989. [9] � Lib�ration du 18/3/94. [10] � Les remarques qui suivent peuvent constituer une base simple pour une critique de la psychanalyse, la d�monstration de son �chec en tant que science humaine, et une analyse des causes de cet �chec. Nous n�aurons pas le loisir de d�velopper, mais pour jalon, remarquons que la psychanalyse, focalis�e sur l�interpr�tation, a fonctionn� elle-m�me comme un mythe fig�, s�est auto-nourrie de sa propre mati�re, d�laissant le signifi� pour s�int�resser presqu�exclusivement au signifiant et le rationaliser. S�appuyant sur une lecture r�ductrice du mythe d��dipe, dans une tentative de d�codage, elle a surcod�, en raison d�une erreur d�appr�ciation initiale : la non prise en compte du mythe dans sa totalit�, mais le r�duisant au parricide, qui a fatalement abouti � la r�duction de la totalit� � un seul des aspects du mythe, ramen�s � un plan uniquement concret, physique, g�nital, depuis lors et pour l��ternit� confondu avec le sexuel. Or, sur de telles bases, l�humanit� est amput�e d�une moiti� d�elle-m�me, c�est-�-dire de son �me. A travers ce d�ni, c�est aussi une moiti� d�exp�rience et de sagesse mill�naires qui se trouvent ni�es, dans lesquelles la sexualit� dans l�asc�se (�ducation des sens et non brimade au sens moderne) est reli�e �troitement au religieux, dans des traditions, des rituels rapport�s de toutes les contr�es du monde. Il ne s�agit pas ici de croire ou de ne pas croire � l�efficacit� de tels rituels, mais de consid�rer qu�ils ont exist� et existent toujours, qu�ils font donc partie de la r�alit� et que nous devons les prendre en consid�ration. Le collectif est exclu, et la fonction de lien entre l�homme et le monde an�antie. Or, l�alliance ou reliance est dans le mythe, plus essentielle que l�interpr�tation, dans l�hypoth�se que nous d�fendons, que le mythe vit en dehors de l�interpr�tation humaine : une interpr�tation peut �tre valid�e en un lieu et une p�riode donn�e, mais ne saurait en aucun cas englober l�enti�ret� significative du mythe. Le mythe est ancr� dans le vivant. Son sens est accessible directement � l�homme reli�. Voir les r�ves de la Gen�se : r�ves de Joseph, de Pharaon, ��interpr�t�s�� par Joseph. Ah, r�ves merveilleusement simples d�hommes simples, nous �crierons-nous en ch�ur. Ah, les sept vaches maigres et les sept vaches grasses ! Aux hommes simples (certains disent ��primitifs��) des r�ves simples. Ainsi, ne sommes-nous plus simples aujourd�hui ?! Et pourtant, les vaches ont la vie dure, si j�ose dire : ��Quatre ann�es de vache maigre en perspective��, titre le Monde, dat� du 5/10/95. Est-ce � dire que les modernes augures sont pass�s du divan aux rotatives ? C�est quand m�me plus dynamique, plus vivant. Et nous aurons � reparler longuement de la fonction des media. [11] � Euripide, M�d�e, v.613. [12] � Citation de m�moire. [13] � A. Martinet, El�ments de Linguistique G�n�rale, p.177, Armand Colin, 1970. L�auteur illustre son propos d�un exemple que nous tenons � relever, parce qu�il marque une fois de plus l�identit� �voqu�e dans la note 29 : Martinet prend pour exemple � presque proph�tique ! � la machine � laver (�conomie syntagmatique, Bendix au lieu de machine � laver ; �conomie paradigmatique, machine � laver au lieu de Bendix, Laden, Conor. Or, d�s la premi�re �dition des E.L.G., en 1960, l�outil machine � laver est un des objets privil�gi�s, avec l�aspirateur et le dentifrice, de ce que l�on nomme encore r�clame. La machine � laver est une nouveaut� en cours de lancement; dans les m�nages citadins moyens, on utilise encore fr�quemment la lessiveuse � champignon, alors que dans les campagnes, les femmes d�filent au lavoir. La r�clame quant � elle s�affiche ou se voit au cin�ma. Elle n�a pas encore l�ampleur que conna�tra la publicit�, parall�le � la d�mocratisation d�une autre invention moderne :la t�l�vision ; c�est sur ses �crans que s��talent aujourd�hui les bandes annonces innombrables vantant les m�rites, non seulement des machines � laver, mais d�une pl�thore de lessives, de javel, dentifrice et autres malins g�nies de la propret�. [14] � F. de Saussure, Cours de Linguistique G�n�rale, Payot, 1978. [15] � A. Martinet, op. cit., p.173. [16] � Les comparaisons et m�taphores que j�utilise visent � souligner d�une part l�identit� de contenus entre le mythe, les repr�sentations contemporaines, et les voies de transmission m�me du message mythique, et d�autre part (et par cons�quent) l�imbroglio infernal, sac de n�ud vip�rin entre les mains, les miennes... je me pique, je me pique... Dans l�id�al, si cela �tait possible, la plus fid�le approche de la r�alit� du mythe serait m�taphorique, et en place de th�se, je pr�f�rerais/ferais mieux d��crire un po�me... [17] � Le d�sert et l�oasis, la source vive sont abondamment utilis�es dans la publicit�. Nous �voquerons plus loin la publicit� pour l�eau de Qu�zac : une fillette raconte la l�gende de l�eau de Qu�zac en patois, alors qu�une voix m�le et n�anmoins douce, traduit en surimpression, l��volution mill�naire d�une eau riche en oligo-�l�ments. � l�origine de la source, un d�luge. [18] � Op. cit. [19] � Le marchand d�allumettes doit tenir une place particuli�re dans l�imaginaire (moderne Prom�th�e ?): on se souviendra que, comme exemple du d�sespoir n� du Krack boursier de 1929, on cite en premier lieu le suicide du roi des allumettes. [20] � N. Rouland, L'Anthropologie Juridique, [21] � F. Laplantine, Clefs pour l'anthropologie, Ed Seghers, Paris 1987, p 16 [22] � F. Laplantine, Ibid, p 19 | ||
Envoyez vos commentaires et vos questions au r�gisseur du site. Copyright � � 1997 Lierre & Coudrier �diteur |