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Perspectives minimalistes |
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� Jacques Halbronn Laissons d�embl�e de c�t� la possibilit� que le psychologue se serve du th�me astral pour aborder son patient�! En revanche, on ne peut exclure (cf. L�astrologue face � son client, Paris, Ed. La Grande Conjonction, 1995) qu�un psychologue fasse appel � un astrologue pour qu�il se serve du th�me astral aux fins de communiquer avec le patient du dit astrologue. Saisit-on la nuance�? Dans un cas, le psychologue accorderait une valeur informative au th�me natal alors que dans l�autre il ne lui accorde plus qu�une valeur de support de communication. En revanche, si on d�leste l�astrologie du th�me astral pour s�int�resser plut�t � l�astro-histoire, que l�on peut �ventuellement d�signer sous le nom plus classique d�astrologie Mondiale (en anglais Mundane Astrology), l�astrologue est en mesure de fournir au psychologue des donn�es que ce dernier pourra �ventuellement utiliser. Nous avons d�j� abord� les relations pouvant exister entre l�astrologue et le devin, mais une compl�mentarit� d�un autre ordre existe �galement entre l�astrologue et le psychologue. Deux cas de figure se pr�sentent � nous�: soit c�est le psychologue qui vient prolonger le travail de l�astrologue, soit c�est l�astrologue qui accompagne celui du psychologue mais .ce n�est pas la m�me astrologie qui sera en oeuvre. Dans le premier cas, l�astrologue fournir au psychologue un cadre g�n�ral, correspondant � une approche collective, astro-historique. Et il revient alors au psychologue d�y apporter un �clairage individuel, d�une fa�on au demeurant fort diff�rente de celle du devin. Mais tant le psychologue que le devin nous apparaissent comme des gens de terrain, seuls en mesure d�adapter un savoir g�n�ral � une situation particuli�re. En ce sens, l�astrologue, selon nous, n�est pas un praticien mais un th�oricien qui fournit un mod�le - celui de l�astrologie axiale - au psychologue, sans que cela ait quoi que ce soit � voir avec le th�me natal puisque, pr�cis�ment, le th�me astral concerne une dimension individuelle qui, selon nous, �chappe � l�approche astrologique, au sens o� nous l�entendons. Dans le second cas, la situation s�inverse (cf. notre expos� sur la Cosmoth�rapie, in Clefs pour l�astrologie, 2e Ed., Paris, Seghers, 1993). C�est alors le psychologue qui utilise les services de l�astrologue praticien en ce qui concerne certains de ses patients, pr�sentant quelques particularit�s. Ici, la valeur intrins�que de l�astrologie n�entre pas en jeu, ce qui importe l�id�e que s�en fait le patient du psychologue et le transfert qui en d�coule. Et il est instamment demand� � l�astrologue de ne pas basculer dans le contre-transfert. Dans ce second cas, le th�me astral joue, contrairement au premier, un r�le d�terminant, mais sur un plan symbolique.. Au psychologue de d�cider lesquels de ses patients pourrait b�n�ficier d�un tel traitement. A notre avis, il s�agirait plut�t de patients r�sistant au cours normal de la th�rapie et ayant d�velopp� une cuirasse et une extr�me m�fiance � l��gard de tout interlocuteur s�adressant � lui sur un mode habituel. En effet, l�astrologue, pour sa part, tend � se comporter diff�remment et c�est ce qui, dans certains cas, fait sa force. Ainsi, le psychologue, face � des patients r�calcitrants, pourrait recourir � des s�ances d�astrologie, qui amorceraient le contact, au travers d�un langage particulier, ne comportant pas les stigmates du lange coutumier. Ce serait ici l�exotisme m�me de la pratique astrologique qui ferait sa force. Il y a en effet, dans le discours astrologique, des �l�ments susceptibles de rassurer et de calmer d�aucuns. La pr�sence m�me du th�me n�est-elle pas l�assurance d�une int�grit� de l'ego du patient�? Le fait que l�astrologue soit cens� - suppos� - de ne s�exprimer qu�en tant qu'interpr�te du th�me et non, subjectivement, � titre personnel, est un plus. Le fait, enfin, qu�il n�est suppos� appr�hender le patient, non pas directement mais par le truchement du th�me, est �galement des plus symptomatiques de certains troubles. Bien entendu, il y aurait de la part du psychologue un suivi vigilant et un contr�le, ce qui conduirait � terme, � mettre fin aux s�ances d�astrologie pour revenir � une relation ��normale�� entre le psychologue et son patient. Pour que la confiance s�instaure entre certains astrologues et certains psychologues (psychoth�rapeute, psychanalystes etc.), il importe que les dits astrologues sachent parler en toute lucidit� et maturit�, de leur activit�. L�insistance sur la valeur en soi de la carte du ciel nous semblerait ici tout � fait contreproductive et campe l�astrologue comme un joyeux illumin� auquel on ne saurait accorder cr�dit, un charlatan qui s�illusionne lui-m�me en premier. En revanche, l�astrologue ne doit pas h�siter � rappeler l�engouement qu�un public nullement n�gligeable manifeste en ce qui concerne l�horoscopie et � proposer de consid�rer un tel �tat de choses, � savoir la croyance en ce que l�astrologue est, comme dirait Jacques Lacan, suppos� savoir, comme pouvant offrir quelque valeur th�rapeutique. Mais pour cela, il importe donc que l�astrologue ne soit pas � la merci d�un f�cheux contre-transfert. Pr�cisons ce que nous attendons exactement par l�: il convient que l�astrologue n��pouse pas les croyances de son consultant au nom d�une d�ontologie mal venue. En effet, il est parfois difficile pour certains astrologues, qui ont pris mod�le sur une �thique d��piciers, de sentir que l�on trompe les clients sur la marchandise. Ce pauvre astrologue, il voudrait bien que son client ait raison et il est tout pr�t � jouer le jeu et � entrer dans le r�le. Et c�est justement ce qu�il importe d��viter. Mieux vaut des praticiens qui ne connaissent que tr�s peu d�astrologie mais suffisamment pour amorcer le transfert que des astrologues patent�s et obnubil�s par un savoir acquis ch�rement et dont ils ne sont pas pr�ts � se d�lester. Quant � l�autre cas de figure, celui o� c�est l�astrologue qui fournit l�encadrement, c�est une toute autre paire de manches. Il ne pr�tend ni jouer au devin, ni se substituer au psychologue et encore moins �tre une sorte d�homme-orchestre, portant plusieurs casquettes. Il se contente de proposer un mod�le cyclique g�n�ral, tout comme le faisait d�ailleurs Freud, le fondateur de la psychanalyse (notamment avec le complexe d��dipe) et laisse au praticien le soin d�examiner comment passer du g�n�ral au particulier. Cela dit, l�astrologue apporte une dimension prospective qui fait singuli�rement d�faut au psychologue. L�astrologue, tel que nous l�entendons ici, peut, en tout premier lieu, mettre l�accent sur les �volutions � des stades � pr�visibles qui affecteront peu ou prou le patient, notamment dans un traitement s��talant sur des ann�es. Bien plus, ces indications ne vaudront pas seulement pour tel ou tel patient mais pour l�ensemble des patients du psychologue, � un moment donn�. Ici, l�astrologue se situe en amont et le psychologue � tout comme le devin � en aval. L�astrologue ne pr�tend pas se substituer � eux. Dans tous les cas abord�s, une constante�: le th�me astral n�est pas cens� fournir d�information viable, ce n�est l� qu�un fantasme propre au patient et qu�il faut respecter comme tel. Nous voyons donc la profession astrologique offrir deux d�bouch�s bien distincts�: soit l�astrologue met en sc�ne l�astrologie, � des fins th�rapeutiques et, en quelque sorte, joue � l�astrologue, se veut plus astrologue que nature, se conformant aux attentes du patient que lui envoie le psychologue, soit, dans un tout autre style, l�astrologue apporte un �clairage global au moyen d�un savoir d�pouill� et conseille le psychologue qui lui soumet des cas � int�grer dans son mod�le � valeur collective. Dans un cas comme dans l�autre, nous avons affaire � une astrologie que l�on pourra qualifier de minimaliste. Dans le premier cas, le th�me astral n�est que le symbole de l�existence de l�individualit� du patient, sa pr�sence seule est r�confortante pour ceux qui se sentent menac�s dans leur moi. Dans le second cas, l�astrologie se r�duit � un vecteur plan�taire, Saturne, circulant autour d�un axe stellaire (Ald�baran/Antar�s). On nous dira que l�astrologie est l�anc�tre de la psychologie. Nous ne le pensons pas, c�est bien plut�t la divination et c�est parce que l�astrologie est devenue par la suite divinatoire que l�on croit pouvoir affirmer cela. L�astrologie, en effet, a d�velopp� un comportement mim�tique envers la divination en s�en appropriant certaines techniques, parvenant ainsi � s�y substituer un peu comme l�anglais emprunta au fran�ais dans le m�me but. De nos jours, logiquement, l�astrologie se veut psychologique toujours dans une perspective mim�tique, selon laquelle elle pense trouver sa place, un peu � la fa�on du coucou qui occupe le nid d�autres oiseaux. L�attitude actuelle des astrologues consistant � recourir au langage psychologique pour l�interpr�tation du th�me, ou plus g�n�ralement dans le cadre de la consultation, nous semble un leurre, dont nous avons montr� qu�il ne se justifiait que dans des cas tr�s particuliers (cf. supra). Certes, d�s lors que l�astrologue se constitue une certaine culture psychologique, ses propos ne pourront appara�tre que plus pertinents, ce qui ne signifie pas plus vrais, c�est ce qui permet notamment � l�astrologie par ordinateur de donner satisfaction � ses usagers. Je peux d�crire une maladie par le menu mais que cette maladie ne soit pas celle du patient. .Il n�en reste pas moins que l�astro-psychologue pr�tendra pouvoir travailler plus vite que celui qui n�est que psychologue voire psychanalyste (cf. A. Barbault. De la psychanalyse � l�astrologie, Paris, Ed. Seuil, 1961). Il semble bien que de tels propos ne sont plus de mise dans la perspective d�une collaboration entre l�astrologue et le psychologue et vice versa. Cette fa�on de pr�tendre �tre psychologue au petit pied, en raccourci, est devenue de nos jours quasiment la norme en milieu astrologique. Le rapport entre ces deux m�tiers ne saurait �tre fond� sur un mim�tisme de mauvais aloi qui conduit d�ailleurs � se passer de l�autre dont on s�est appropri� le statut. L�astrologue n�a pas � jouer au psychologue de terrain, abordant empiriquement chaque individualit�, ce n�est pas le th�me astral qui lui en donne le droit ni le pouvoir. De son c�t�, le psychologue ne saurait prendre la place de celui qui �tudie notamment les structures et les clivages temporels mais il a comme excuse que l�astrologue se d�consid�re souvent dans un tel exercice. L�astrologie, aujourd�hui, se cherche et est dans une impasse qui tient au fait qu�elle ne se situe pas dans une relation de dualit�. Or, le mim�tisme est la n�gation m�me de la dualit� et de l�alt�rit�. La marginalit� de l�astrologie la conduit � ne pas savoir se limiter et se d�limiter. On le remarque ainsi en interrogeant l�astrologue sur son objet d��tude�: sa r�ponse habituelle est qu�il �tudie l��tre humain dans sa totalit�, y compris, d�ailleurs, chez certains, au niveau m�dical. En ce sens, il appara�t comme le praticien du pauvre, de l�homme press�, de celui qui ne veut pas passer par les tribulations de l�entretien psychologique. L�astrologue en fournit un simulacre qui donne bonne conscience � celui qui ressentait le besoin d�aller consulter un psychologue et qui ainsi, � bon compte, s�en est donn� les sensations et peut ainsi s�en dispenser. J.H. � 06.03.03 |
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