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Un personnage de conte moderne : le robot � � � � � � A.�� INTRODUCTIOND'antiques spectres resurgissent au point que la vague morale ouvre les portes du salut devant ce que l'on nomme violence, ins�curit�, acc�l�ration non contr�l�e du progr�s, etc. Effray�, l'Occidental moyen en arrive � recourir � des m�thodes exp�ditives pour pr�server ses dogmes, conserver ses rites, ses saintet�s S�curit�, Stabilit�, Sant�. Le long labeur de la civilisation para�t menac� car c'est lui l'accus� de ce proc�s o� la peur du devenir fige chacun dans une attitude frileuse et st�rile. On se demande quel a bien pu �tre le b�n�fice des religions qu'il faille, sit�t la mort de Dieu, retourner aux cavernes pour mieux s'exercer � la sauvagerie. Quelle confiance peut-on alors accorder � un retour du sacr�, m�me dans l'espoir de mieux vivre la modernit� ? La sacralit� porte-t-elle d'avantage de fruits sous le costume des nouvelles tendances que v�tue des habits solennels des pr�tres et officiants d'antan ? Il est dit que l�enfant porte l�avenir mais il lui faut, avant de devenir adulte, absorber, int�grer les r�gles que ses parents et l�environnement lui inculquent�Les mythes, les l�gendes, les contes lui permettent de se forger une diff�renciation entre l�Imaginaire et le r�el. B.�� LE ROBOT, NOUVEAU MAITRE1.� La construction du moi, naissance du monde moderneDans l'imaginaire de l'enfant moderne, d�sormais, le robot remplace le loup ou la sorci�re. La substitution s'est faite avec simplicit�... Celle-ci s'ins�re logiquement dans les moments d'�volution de l'enfant. Vers trois ans, l'enfant voit cro�tre en lui une forme de conscience qui le distingue du monde ext�rieur lui permettant une entr�e progressive dans celui-ci. Le Moi se forge alors dans une lutte angoissante contre le monstre avaleur qui menace la toute jeune conscience �mergeant vers la lumi�re des Humains. C'est sur la base de cette figuration que s'illustre le processus de naissance au monde concret, hors des flots sombres de l'inconscient. Durant cette p�riode, la jeune conscience est menac�e � parce que � peine n�e � de r�-engloutissement par les flots sombres du chaos, de la ��non-vie��. Les figurations de m�re ��avaleuse��, ��engloutisseuse��, ��mauvaise�� ou ��castratrice�� sont destin�es � repr�senter ce mouvement de la ��vie en soi��. La m�re r�elle ou son substitut incarn� ne sont nullement en cause. En dehors de pathologies gravissimes, aucune m�re au monde ne pourrait atteindre ce niveau de cruaut� froide en d�truisant les jeunes forces de l'enfant. Par contre � travers ses imagines, ses angoisses et ses cauchemars, l'enfant per�oit le puissant mouvement de la vie en lui. Ce dernier lui est en quelque sorte ��r�v�lé » de mani�re puissamment sensitive et affective. C'est � partir de cette valse d'images que se forge les premiers �l�ments du Moi, adaptable et pilote de la conscience. La conscience lib�r�e de la gangue indiff�renci�e du monde ant�rieur fabrique d�sormais des outils de transformation du monde. L'enfant apprend � manipuler les robots �lectroniques du monde moderne et en luttant contre ces silhouettes mutantes, contre ces structures aux fonctions multiples, le jeune humain se cr�e les moyens de faire face � un monde dans lequel la forme ext�rieure des objets n'est plus stable. Les outils psychiques de transformations du monde se perfectionnent. Mais le monstre est l�, de forme massive, dent�, la gueule engloutisseuse, mena�ant, fascinant, il guette de sa pr�sence �ternelle... Quand le monde environnant �tait celui de la nature sauvage, que la terre � cultiver �tait encore habit�e de b�tes fauves, les images d'�mergence de la conscience cr�atrice se d�veloppaient autour du th�me d'un combat contre les fauves de la jungle. C'est autour de ces figurations que se d�velopp�rent les rites initiatiques d'affrontement de la for�t sacr�e. Il fallait que le jeune, l'ado-lescent � celui qui va devenir adulte -, montre sa capacit� � tirer parti de ses qualit�s physiques et psychiques pour faire face au monstre engloutisseur qu'�tait la jungle, au profit de sa communaut� et pour la plus grande gloire de son petit Moi. En d'autres temps, les humains eurent plut�t � vaincre la masse sombre d'une morale barbare. Les grandes villes �taient n�es, une partie de l'humanit� se sentait d�j� apte � ma�triser de nombreuses techniques, mais les centres urbains �taient insalubres et dangereux. Il fallut ma�triser ces masses psychiques encore proches de la violence d'antan. Les grandes morales naquirent, le Tao�sme, le Juda�sme, la Philosophie grecque, etc. Chaque fois le jeu des images changeait de forme, pas de structure ni de finalit�. Au Moyen �ge, un pauvre animal en voie de disparition, le loup, figura ce pouvoir terrible de la Nature sauvage et, par suite, l'inconscient qui menace la jeune pousse trop faible pour affronter le monde turpide. De nos jours, l'engloutisseur, le monstre, c'est bel et bien l'inconscient dont la conscience de l'enfant se d�tache. C'est ainsi que nos syst�mes de connaissance nomment une zone de la psych� qui demeure voil� d'un �pais rideau de myst�res et de dangers. L'enfant moderne � celui de nos cultures � forte coloration h�doniste, assur� d'une longue stabilit� mat�rielle n'a plus � faire face � une nature externe, v�g�tale ou animale, il lui faut affronter les monstres noirs de ses r�veries int�rieures. Et c'est dans son environnement imm�diat que l'enfant trouvera les formes capables de figurer cette danse des masses psychiques. Les grues, les gros excavateurs, les ordinateurs et les robots vont remplacer le loup sur lequel d�sormais, l'enfant s'apitoie plut�t. La premi�re coupure conscient/inconscient se produit � ce moment de la vie et c'est gr�ce � elle que l'enfant prend la mesure de ses jeunes forces. L'en priver, lui �ter les moyens de ce passage, en le prot�geant par exemple, c'est menacer gravement son potentiel adaptatif. Laisser l'enfant faire ses propres exp�riences ne veut pas dire l'abandonner � lui-m�me face au monstre d�vorant de sa nature int�rieure. C'est par le jeu des images int�rieures, par le truchement de repr�sentations, hors des balises du rationnel, que l'enfant trouvera les moyens de s�aguerrir et de fortifier son jeune ego. Les anciens nous avaient l�gu� un patrimoine mythique et l�gendaire abondant dont le but �tait, par la r�p�tition, le r�cit et la narration de montrer le chemin de la domestication du monstre/loup/inconscient. Les r�cits au coin du feu, les l�gendes du croque-mitaine, etc. permettaient � l'enfant de prendre en compte la dimension puissante et cr�atrice de l'inconscient/nature et cela lui permettait aussi de pressentir les issues possibles vers la r�alit� objective du monde environnant. C'est de l� que d�coule cette prodigieuse victoire de la ruse sur la force car l'enfant, anim� par le mythe, au lieu d'�tre guid� par des rationalisations qui balisent tout, apprend � faire confiance � l'intuition qu'il peut avoir de la situation et ce, sans avoir de plan pr�construit. L'enfant apprend l'inventivit� gr�ce � l'adaptation qu'il fait du r�cit mythique ou l�gendaire face � la r�alit� telle qu'il la vit. La violence qui s'expose dans les mythes et les contes est une sorte de repr�sentation des puissances en jeu dans l'inconscient. La cruaut� si bien affich�e dans les l�gendes n'est �galement rien de plus que l'affectation par des g�n�rations innombrables d'�tres humains de la puissance ambivalente de la Nature. La m�me que celle que Olivier Boissi�re pressentait dans les paysages ass�ch�s de l'Arizona. ��Ces landes arides ont vu se p�trifier les Titans. Rien ici de paisible. La nature dans toute sa violence. Le ruisselet qui serpente sous les frondaisons de cottons woods et de junipers peut en un instant se muer en torrent d�vastateur emportant tout sur son passage. Partout, m�me dans la for�t de pins ponderosas des hauts plateaux, la roche affleure, d�nud�e, visible. M�re nature en nourrice s�che, cassante, exigeante, voire meurtri�re. On saisit mieux � ce spectacle la terreur sacr�e des indig�nes, leur soumission religieuse � la terre et � la montagne, l'attachement farouche � leur sol aussi. Quelque chose comme la tendresse et la frousse qu'inspire aux marins l'oc�an. �[2] L'histoire de l'�tre humain semble riv�e � la r�solution de la peur, comme si seul ce sentiment pouvait signifier qu'il y ait quelque chose � vaincre, une r�sistance � passer et finalement une r�elle conqu�te � op�rer sur le monde. Un enfant qui ne conna�trait pas cet assaut de la crainte et de la peur face aux puissances de la Nature[3] serait menac� de ne pas pouvoir acc�der efficacement au monde de l'adulte, par manque, � la fois, de souplesse, de force et de capacit� � changer � ondoyer dans les interstices du r�el. Que veut dire prot�ger un enfant si nous ne savons pas lui donner la possibilit� d'affronter ses monstres int�rieurs pour les domestiquer, mettre leur force au service de la conscience. Au lieu de cela, bien souvent parce que nous sommes inconscients de l'enjeu et que nous n'avons pas su nous-m�mes dominer cette peur, nous transmettons � nos enfants la crainte du monstre/robot, pris ici comme m�taphore du monde technique dans lequel nous vivons. 2.� Place au nouveau ma�treLa rencontre de l'enfant moderne, du robot et du loup rev�t un caract�re �trange. L'enfant, bien plus que l'adulte est amen� � r�agir de fa�on adapt�e, rapide et pertinente aux sollicitations du monde alentour. Pour lui, cet affrontement est frapp� du double sceau de l'ambivalence. D'un c�t� la curiosit� pour le monde, nourrie par la puissance de l'�ros qui pousse l'�tre vers le monde, de l'autre, la peur, le suintement de l'angoisse qui noue le ventre et tord les visc�res. Un t�moignage��J'�tais avec mon fils pr�s d'un chantier de d�molition et nous regardions �voluer les puissantes grues avec leur lourd b�lier qui abattaient d'immenses murs comme s'il s'�tait agi de paravents. J'avais d�j� rep�r� chez lui des r�ves effrayants, lesquels �taient tous en rapport avec ses robots/jouets. Pour l'aider � pousser je lui avais parl� du loup... et autres fauves de la nuit. Rien ne fonctionnait comme mes ma�tres me l'avaient annonc�. Je fus tr�s surpris de constater qu'il n'avait pas du tout envie de s'approcher des grues. Il paraissait m�me franchement effray�. D�cid�ment ses terreurs prenaient des allures bien singuli�res. Il en fit une v�ritable obsession durant la journ�e qui suivit. La grue avaleuse �tait pass�e dans ses jeux et fantasmes aux c�t�s des robots et autres figures cuirass�es. Je l'initiai donc � la domestication de la grue/robot � l'instar de ce que l'on m'avais d�j� appris pour domestiquer les monstres de l'inconscient. Je tenais cette m�thode de ma vie en Afrique. Selon les vieux africains, au lieu de favoriser le refoulement des peurs dues aux images int�rieures effrayantes, les adultes ont pour r�le principal de faciliter l'int�gration de celles-ci en aidant l'enfant � �prouver ses premi�res forces en se mesurant aux monstres, avec l'appoint des forces parentales. C'est � cette fin que des jeux sont mis en place qui miment l'approche, le combat et finalement la victoire de la conscience sur le fauve titanesque que l'enfant rapporte � sa tribu comme gage de sa jeune puissance. Je sugg�rai donc � mon fils de se reposer sur moi ou sa maman pour faire face aux robots de sa nuit, aux excavatrices de son inconscient. Ses p�r�grinations lui permirent au moins de consid�rer les robots un peu plus comme des jouets. Il se mit � les manipuler, � en construire. Il ne les d�truisit plus. Quel impact cela eut-il sur son �volution ? Je ne sais. Nous verrons dans vingt ans , lui et moi !��[4]. A la suite de cette anecdote je d�cidai de me pencher sur le probl�me et en parlai � ceux de mes amis qui pouvaient avoir des enfants en �ge de passer au stade de la conscience (3 � 4 ans). Les informations vinrent confirmer mon hypoth�se de d�part : Il existe bel et bien une �quivalence psychologique entre l'ancienne Nature et la Culture contemporaine.�� Nous n'avons plus de for�t sacr�e mais nous sommes chaque jour � la lisi�re d'une jungle terrifiante, celle de nos images int�rieures qui d�filent sans ordre. L'enfant citadin sait o� est son monstre et il convient seulement de lui donner les moyens de p�n�trer dans sa for�t int�rieure. Pour cela il suffit simplement de savoir que ���a existe��. Les vieilles l�gendes meurent, les enfants ne croient plus en la puissance terrifiante du loup, qu'il soit simplement habill� ou rev�tu des attributs du loup-garou. Certains intellectuels sont ravis d'une telle transformation de l'esp�ce humaine et se frottent les mains � l'id�e que l'humanit� s'affranchit des terreurs anciennes, d�su�tes et idiotes. D'autres au contraire se lamentent de nostalgie et pr�nent d�j� un retour aux traditions l�gendaires. Nous pourrions comprendre ces j�r�miades de nantis si nous ignorions que la crainte des choses obscures qui gisent au fond de l'�me r�v�le aussi chez l'enfant la naissance d'une forme de conscience, la r�plique exacte de celle qui va plus tard ma�triser les outils de la modernit�, construire des robots pour am�liorer la vie. 3.� L'adulte et le RobotIl existe beaucoup de r�ves de robot chez l'adulte, ceux-ci n'expriment pas forc�ment une tendance m�caniste de la psych�. Les terreurs contemporaines sont bien plus du c�t� de la m�canique et de l'�lectronique que provoqu�es par des aventures dans une jungle transform�e en r�serve africaine. En nous tournant vers des sc�nes de la vie quotidienne nous constatons que l'homme moderne projette sur ses outils et sur la technique les fantasmes que nos anc�tres attribuaient plut�t aux monstres de la nature environnante : fant�mes, d�mons, elfes et autres animaux fantastiques... Ne parle-t-on pas de virus informatique, de parasites dans les logiciels ?... Lisons ces lignes extraites de ��L'�v�nement du jeudi�� du 31 mars 1988 : ��De son c�t�, Chirac, qui a voulu incarner l'avenir a fini par en faire un peu trop. Transform� par ses conseillers en image en vue superman jeune, heureux, sans souci d'argent, sans ennui de sant�, il s'est en quelque sorte deshumanis�. D�contract�, excessivement d�contract�, ayant un peu vite r�ponse � tout, il fait quelques fois penser � un robot et, � ce titre, il inqui�te. Car un robot, aussi avenant soit-il n'est jamais autonome�; il existe toujours, dans l'ombre quelques hommes myst�rieux qui l'ont programm�.�� Ainsi s'exprime un journaliste que l'on ne peut pas soup�onner de se livrer � des interpr�tations psychologiques fantaisistes. Cette remarque exprime pourtant quelque chose de vrai au plan de l'imaginaire. Face aux outils modernes, l'homme a peur, terriblement peur que le contr�le de la machine ne lui �chappe. Ce n'est pas un th�me de science-fiction, c'est une hypoth�se largement d�battue par les experts. Ses terreurs se portent d�sormais sur la micro-nature et sur la technologie. C'est en elle que logent les d�mons. Toute cette foule se trouve aussi maintenant dans le corps de l'homme et dans les atomes qui servent de base � la technique. L'�tre humain a d�sormais peur d'�tre pollu�, infiltr� par des sortes de parasites qui le d�truisent et par des virus intelligents. Le loup s'est d�guis� en robot et Merlin, le magicien, pilote d�sormais des ordinateurs sophistiqu�s. L'homme et la femme modernes sont bien plus effray�s par la complexit� du monde moderne que par les dangers d'une Nature qui n'existe plus qu'� l'�tat de jardin. Pendant que l'enfant, dans un r�flexe simple et imm�diat se pr�munit seul des craintes que ses parents lui l�guent. La v�ritable r�volution de l'�re moderne se situe dans ce passage quasi imperceptible d'un objet r�el/naturel � un objet r�el/culturel. Qu'est ce qui agite l'Homme moderne pour qu'il soit aussi m�fiant � l'�gard de la technique et pr�t � en brider l'utilisation. L'Ethique, nouvelle d�esse purificatrice, compl�te remarquablement l'�cologie pour ce qui est de freiner les "progr�s" de la technique. L'�cologie apporte la pond�ration, l'Ethique l'ordre moral. Cette position est fortement charg�e d'ambigu�t�s. D'un c�t�, pour la pr�servation de son bien-�tre et de sa sant�, l'individu moderne demande � celle-ci d'�tre la plus performante possible, de l'autre il lui est impossible d'assumer les cons�quences de cette demande : la blessure d'une plan�te qui saigne et menace de mourir. Dans un sursaut de bonne conscience il accuse la soci�t�, les cadences, l'inhumanit� des villes... Le r�flexe �cologique vient � point, traduisant le d�sir de revenir � Nature naturante comme au temps du paradis, dans l'harmonie. Malgr� tout, ce r�flexe, m�me s'il para�t �tre le seul qui soit l�gitime face aux agressions de la technique, n'est pas totalement assum� ni clairement justifi�. La conscience �cologique, telle qu'elle s'expose commun�ment, est une mauvaise conscience qui abrite des morales douteuses, fond�es sur la peur. Il n'est pas s�r que l'�cologie scientifique se reconnaisse tout � fait dans cela. L'Homme moderne ne se rend pas tr�s bien compte que science et technique vont ensemble et sont les fruits de l'Humanit� elle-m�me. Tout se passe comme si les humains ne supportaient pas d'avoir � surmonter les difficult�s dues � la ma�trise des techniques. Pour l'occidental, tout devrait �tre facile et couler de source. Qu'une menace plane et il se sent trahi, c'est bien au travers de cette trahison que se dessine ce sentiment de d�ch�ance et de d�go�t de soi, si poignant dans les id�ologies contemporaines. L'enfant divin est abandonn� ! L'Occidental est emp�tr� dans l'incompr�hension de l'objet qu'il a cr�� et qui n'est pas le moins important dans le champ culturel car il s'agit en fait de l'ensemble des outils sur lesquels reposent la soci�t� moderne. Parmi ceux-l�, l'�lectronique semble devoir subir le sort particulier du fils honni, r�it�ration du mythe de Ca�n. L'informatique est vis�e par les campagnes d'�puration de la culture. Il suffit en effet de lire n'importe quel magazine pour constater combien l'Homme nourrit � l'�gard de l'outil un immense soup�on. Les humains qui habitent l'Occident sont devenus profond�ment m�fiants � l'�gard du monde qu'ils ont cr��. Partout c'est le proc�s de l'outil qui s'annonce et l'on oublie volontiers que � derri�re le robot, dans l'ombre il existe toujours quelques hommes qui l'ont programm�. � ... Ce qui veut dire que nos consciences contemporaines reproduisent le mythe du complot. Et cette opinion se r�pand bien plus parmi les gens autoris�s que chez le vulgum pecus. C'est le th�me de nombreux films produits tant aux USA qu'en Europe. La s�rie X Files en est un exemple caract�ristique. Voici par exemple l'opinion d'un savant, Pierre Thuillier, sp�cialiste de futurologie et qui enseigne l'histoire et la philosophie des sciences. ��Pollutions, d�gradations et d�s�quilibre se multiplient ; les soci�t�s industrielles disposent de techniques tellement puissantes et exercent de telles violences sur l'environnement que les pires exc�s sont � redouter. La conclusion "�cologique" va quasiment de soi : freiner le processus destructeur chaque fois que c'est possible. �[5] Cette opinion est tr�s r�pandue mais, de la part d'un savant cela r�sonne avec force. Pollution, d�gradations... riment avec techniques. La soci�t� industrielle est inculp�e. Ses techniques sont "violentes"... Comme � regret le sage en arrive � dire que la solution �cologique s'impose mais il sous entend aussi qu'il ne s'agit pas de la meilleure solution : freiner le processus destructeur... La solution �cologique se trouve donc du c�t� conservateur, c'est ce qui semble g�nant, elle est freinatrice de progr�s et n'est qu'un signe de d�fense. Sur ce point de nombreux savants s'entendent pour dire que le r�flexe �cologique est une sorte de geste d'auto-d�fense qui est le moins n�gatif. Il n'est pas s�r que l'�cologie ne soit que cela, pourtant c'est ce qui pr�vaut pour l'instant. En marge du proc�s de l'outil, c'est celui de la programmation � donc d'un manipulateur � qui commence. D�j� les krach boursiers sont mis au compte de l'informatique, les pannes diverses des administrations lui sont imputables. Et beaucoup d'individus ont par rapport � l'outil informatique une attitude �tonnamment animiste. L'outil est anim�, on lui parle, on l'insulte, il se cr�e entre lui et l'humain une sorte de lien empli de mana[6]. Il n'est pas sans int�r�t de constater qu'il se passa quelque chose de semblable au moment de l'arriv�e de la voiture sur le march� des m�nages. 4.� L'exemple de la voitureNombreux furent les hommes qui eurent avec leur m�canique un lien d'ordre amoureux. La machine �tait aim�e, elle s'appelait ��Titine��, on la flattait dans les c�tes pour la soutenir dans son effort, on s'inqui�tait pour elle quand elle "toussait" ... Puis la voiture fut banalis�e et l'on oublia sa charge affective puissante d�sormais pass�e au sens commun. Mais la voiture demeure dot�e d'une tr�s forte charge affective qui tient du tabou ; tout se passe comme si cet outil dangereux repr�sentait une zone sacr�e, or voil� un instrument terriblement bruyant, dangereux, tr�s polluant et dont les ressources m�caniques n'ont aucun rapport avec ce qui lui est demand�[7]. Dans de nombreux cas, sauf chez les professionnels, la voiture est plus qu'un vernis de repr�sentation. Nul ne peut y toucher. Si bien que les gouvernants qui g�rent ce secteur selon une ligne fortement d�magogique, plus qu'ils ne la gouvernent, ne peuvent pas r�glementer l'utilisation des v�hicules automobiles selon des objectifs coh�rents avec les besoins contemporains d'une Nation. Pour soutenir ce mythe moderne le pr�texte �conomique ne suffit pas et m�me les �cologistes demeurent � ce sujet dans une certaine ambivalence. Quel adulte financi�rement autonome ferait actuellement le sacrifice de sa voiture pour n'utiliser que les services des professionnels de la conduite ou des transports en commun�? L'affectation de la voiture est pass�e dans les m�urs et il faudra beaucoup de temps pour sortir d'une telle idol�trie. Or, c'est bien cela qui nous d�montre que l'Homme moderne est d�pass� par l'outil qu'il a cr��. La conscience n'a pas suivi les rythmes des changements. L'informatique et ses industries p�riph�riques sont en passe de subir le m�me investissement affectif au grand ravissement des producteurs et cr�ateurs de ces produits. La marge �conomique des produits de l'�lectronique est telle que tout psychologue y soup�onnerait l'existence de quelque objet pr�cieux sur-investi par la psych� de nos contemporains. Les marges atteignent parfois dix fois le prix de revient. Seules les productions artistiques parviennent � ce niveau dans une �conomie de march�. 5.� Les robots �lectroniquesL'informatique prend peu � peu la place de la voiture, une place religieuse, une valeur de tabou, crainte d'un c�t�, v�n�r�e de l'autre, presque au m�me titre qu'une d�esse. Mais nous savons aussi qu'il existe quelqu'un derri�re la machine, qui la con�oit et la programme pour nous, et nous n'avons pas acc�s � ces fonctions quand nous sommes de simples utilisateurs. La ma�trise de cet outil finit par devenir myst�rieuse et se constitue en lieu de projection ; l'inqui�tude gagne le c�ur de chacun d�s qu'il s'agit de s'aventurer dans le monde, la ville, cette formidable repr�sentation de la complexit� humaine. Une grande part de la philosophie catastrophiste contemporaine prend sa source dans une telle inqui�tude. De plus en plus �tranger � sa cr�ation, l'humain finit par s'en couper, la rejetant � l'ext�rieur dans un sursaut de projection qui semble le lib�rer de cette emprise de l'outil et de ��ceux�� qui le manipulent dans les coulisses de la vie. Comme les antiques humains nous ne sommes pas loin de donner � la technique une sorte d'�me. C'est un f�tichisme d'un genre moderne et aux cons�quences encore impr�visibles. Pour mieux saisir cette comparaison que nous faisons entre la nature telle que les anciens la percevait et la structure sociale contemporaine, �coutons ce que dit un journaliste � propos de la terre des indiens de l'Arizona :� Nous pourrions ajouter comme dernier exemple que d�sormais L'homme et la femme modernes connaissent face au monde urbain, complexe et truff� d'�lectronique le m�me type d'effroi et de fascination que les indiens de l'Arizona ressentaient face � la perfidie de leur nature environnante. � ("L'Arizona de John Wayne", Olivier Boissi�re, op. cit.) Dans la fantasmatique commune, la complexit� de la Culture remplace celle de la Nature. L'humain moderne projette sur la culture les craintes que les hommes pr�historiques nourrissaient � l'�gard de la for�t primitive. Il en r�sulte que la premi�re difficult� � vaincre pour vivre convenablement r�side dans la peur que nous avons de la vie urbaine, principale composante de la soci�t� moderne. L'enfant cherche � s'en acquitter au travers de la figure des robots qu'il apprend � dominer. L'acquisition d'un savoir sur l'outil et sa domestication sont les autres composantes que l'humain doit englober avant de pr�tendre � une forme de conscience individuelle. La for�t sacr�e est d�sormais au c�ur des villes. Cela ne nie pas la n�cessaire introversion � laquelle l'homme moderne est confront�. Derri�re le robot il y a quelqu'un qui le manipule et qui en conna�t donc tous les rouages. C'est la Conscience, et nul autre ma�tre. La t�che de la modernit� est bien d�finie. Peut-�tre l'�ducation des jeunes enfants devrait-elle int�grer d�sormais la mort du loup ? 6.� La mort du loupLes jeux de beaucoup de nos bambins m�les tournent autour de ces jouets repr�sentant des humano�des robotis�s. Au travers de ceux-ci les enfants cr�ent un rituel qui leur permet d'exorciser la peur qu'ils ont des m�caniques complexes qu'ils auront � g�rer et � commander. Tout se passe comme si la psych� �tait bien plus mall�able, souple et adaptable que la conscience commune, p�trie de crainte et conservatrice. Cette facult� de manier l'outil que l'enfant acquiert en dominant ses peurs le conduit alors � aborder des instruments tr�s complexes avec une rapidit� qui �tonne mais qui est, au fond, toute naturelle car il ne fait que ma�triser le fruit d'une civilisation qui n'est pas forc�ment le monstre si volontiers d�peint. Les enfants de cinq � sept ans se servent des ordinateurs avec une intelligence qui surprend d'autant plus qu'ils ne savent pas lire, ils se guident gr�ce aux signes qui abondent dans la plupart des logiciels. Ces enfants, sans guides, parviennent � lire et �crire rapidement sans le recours des m�thodes habituelles. De ce point de vue, la p�dagogie appara�t terriblement d�su�te et les id�ologues se r�fugient dans des consid�rations plus ou moins moralistes qui rejettent de toute mani�re l'outil �lectronique jug� froid, impersonnel et d�shumanisant... On voit mal comment un ordinateur, � moins que ce ne soit la t�l�, pourrait �tre responsable de la d�cadence culturelle que d'aucuns constatent et d�noncent en tous points. Que peut-on faire avec, pour ou contre le robot de l'imaginaire de l'enfant�? Les recours ne manqueront �videmment pas dans les manuels de psychologie. Mais c'est sur le terrain, dans les lieux o� cet imaginaire si puissant rencontre le concret que nous aurons le plus de chance d'apprendre. Il nous reste beaucoup � inventer car l'horizon urbain, nouvelle Nature, impose une adaptation de tout le patrimoine culturel et mythique et l'assouplissement de nos mentalit�s. Peut-�tre avons-nous � redevenir face aux lieux de l'�me comme ces guetteurs anciens qui �piaient les mouvements de la Nature afin de mieux s'y glisser et pour donner � leur famille tout le confort d'une s�curit� conquise de haute lutte. C.�� LE ROBOT, NOUVEAU HEROS1.� Vivacit� enfantine et morales parentalesSi l'on se penche sur la litt�rature enfantine, sur la productions des jouets, on est frapp� de constater l'�norme place prise par les m�caniques cuirass�es. Il est loin le temps des poup�es chiffons, des marionnettes et des jouets en bois. Il est vrai que ces derniers imitaient les outils du moment. Papa construisait la maison et maman brodait... On trouve encore des jouets repr�sentant des maisons � construire et des canevas pour petites filles, mais dans des boutiques sp�cialis�es en jouets anciens. Cette constatation interf�re avec une autre, celle de la prolif�ration des films qui mettent en jeu des h�ros dont la principale caract�ristique est d'�tre dot� d'attributs bien plus m�caniques qu'humains. Il en va ainsi des Mad-Max, Rangoog et autres Bioman. D'autre part, la t�l�vision elle-m�me contribue par son apport � cette prolif�ration d'images de h�ros irr�els, m�caniques, automates et robotis�s. Il est facile de constater que ces productions cin�matographiques et t�l�visuelles font partie de gigantesques campagnes de publicit� et dont le jouet pour enfant n'est qu'un des aspects particuliers. La campagne Bioman en fut un exemple frappant. On pourrait dire que ces campagnes ont un impact intol�rable sur notre culture par l'influence insidieuse qu'elles exercent sur l'�ducation de nos enfants. On pourrait �voquer alors la perte des valeurs traditionnelles de courage, d'audace, de solidarit� et d'amour et enfin de probit� morale qui s'effaceraient devant l'invasion des figures h�ro�ques brutales, froides, asexu�es et donc sans don d'amour. C'est ce qui para�t � premi�re vue tout au moins. Seulement l'enfant fait son jeu et on ne l'influence pas si facilement que cela. La campagne Bioman l'a bien montr�. On dirait que ce sont plut�t les producteurs et les industriels qui ont suivi l'engouement des enfants. Plus tard sont venus les productions litt�raires sophistiqu�es contenant de merveilleuses illustrations, les collections d'images r�parties dans divers produits alimentaires et autres. De la m�me fa�on, la s�rie t�l�visuelle, Les Chevaliers du Zodiaque a-t-elle �t� � l'origine de tout un circuit commercialo-culturel dont l'importance d�passe, il faut bien le dire, les seuls int�r�t �conomiques de quelques uns. Il faut cesser de penser que le commerce pervertit notre jeunesse. Il faudrait beaucoup d'inventivit� aux th�oriciens du marketing pour en �tre l�. En fait le commerce suit les tendances ! Il suit, il flaire, il s'arrose ensuite, il ne cr�e pas ! On peut bien dire que la publicit� influence les enfants et qu'en diffusant une image alt�r�e de la culture elle contribue � l'appauvrissement de notre patrimoine id�ologique. Mais on peut tout de m�me se demander comment un bambin de deux ans peut �tre influenc� par la publicit� d�s lors qu'il ne regarde pas la t�l�vision, qu'il ne fr�quente pas encore l'�cole, lieu de toutes les contaminations, qu'il ne sait pas lire mais s'int�resse par contre aux images et il est par ailleurs une v�ritable �ponge des affects de l'entourage. Or, sur quel jouet le bambin va-t-il jeter son d�volu ? Sur les voitures d'abord, les robots ensuite. Les enfants sont-ils tous toqu�s ? Ou bien les parents manifestent-ils � ce point leur d�mission et leurs d�fections pour les fondements de nos soci�t�s qu'ils laissent quasiment leurs enfants livr�s aux images de la rue, sans souci de la port�e future d'une telle apathie ? Faut-il donc �lever nos enfants selon les pr�ceptes antiques, dans des lieux prot�g�s � l'int�rieur desquels la consommation des biens vulgaire seraient strictement limit�s ? On aura reconnu ici certains slogans des philosophies modernes et manifestement ceux-ci traduisent le d�sarroi, non des enfants en bas �ge, mais des parents. Dans ce maelstr�m, les enfants conservent un statut privil�gi� qui semble contenir les assauts moralistes des parents. On l'a vu avec la fameuse affaire des Crados qui a tant �mu la gent parentale pendant que les enfants se d�lectaient de ces repr�sentations grima�antes, vulgaires et monstrueusement insolentes � l'�gard de la morale bien-pensante. (Cf. � Lib�ration � Plon, 17 mars 1989, ��Les Crados � l'assaut des cours de r�cr�ation��. [La une 73-97]. [chapitre un].) �
� Seuls les adolescents auront le cruel privil�ge de se heurter � l'ambivalence de nos morales opportunistes et �clair�es. Ils constituent en effet une v�ritable caste d'individus qui n�auraient pas encore le pouvoir de production mais seraient assez proches des richesses inventives de l'enfance pour se cabrer contre le sort d'esclaves qui leur est r�serv� gr�ce au gavage protecteur dont ils sont l'objet pendant un temps de plus en plus long. Comme les quartiers de haute s�curit� sont, dans les prisons, de v�ritables p�pini�res � d�linquants, il n'y a pas de meilleure machine � fabriquer des drogu�s ou des apathiques que cette tendance de nombreux parents � prolonger l'adolescence de leur prog�niture au del� de la vingtaine, voire la trentaine sans jamais vraiment se poser la question du v�ritable besoin du jeune adulte. Mais, d�linquants, drogu�s ou apathiques, ce sont de toute mani�re des nervis que l'on fabrique. Leur capacit� d'invention s'est �puis�e dans la rencontre cotonneuse des sollicitudes et des bienveillances parentales. L'enfant, avec peut-�tre l'aide de quelques financiers avides � des sorciers ou des diables s�rement � peut encore se r�server une terre vierge dans laquelle son imaginaire s�engouffre � loisir. Ses parents n'y comprennent rien de toute fa�on et il est autoris� � naviguer dans ces contr�es bizarres de l�imaginaire. C'est bien l�, en effet, que se passe peut-�tre une r�volution. L'enfant, gr�ce � sa plasticit�, nous montrerait le chemin d'une meilleure int�gration au monde moderne. 2.� Le Seigneur des Anneaux et quelques autres merveillesVoil� une bien belle histoire que celle que Tolkien nous raconte. Mais c�est un conte d�adulte, misogyne et b�ti sur la formidable supr�matie du h�ros conqu�rant nageant en pleine dualit�. � Sus aux m�chants et les bons avec moi�! � Cela nous rappelle quelques vagues discours politiques tenus il y a quelques mois. Et que des enfants soient au centre de l'action nous renvoie au pressentiment plut�t d�sesp�rant que l'adulte ne peut plus rien contre le monde qu'il a cr��. La conscience adulte, trop rigide, doit laisser la place � ce qui reste enfant en nous pour d�nouer "magiquement" les n�uds de nos drames. C'est une projection d'adulte, mise en sc�ne par des adultes ! Ce simulacre de merveilleux, promu avec efficacit�, nous raconte-t-il vraiment quelque chose�? Il y a toujours quelque information � extraire de la mani�re dont l�imaginaire d�un soci�t� nous parle. Et je ne puis m�emp�cher de faire le rapprochement entre ce merveilleux l� � celui de "Harry Potter" ou du "Seigneur des anneaux" � avec cette autre d�livrance qui nous est promise si nous participons � la non moins merveilleuse croisade contre l�ennemi barbu. Les personnages f�minins de cette saga ressemblent � ceux que l'on trouve d�j� dans la litt�rature ou au cin�ma�! Et plut�t androgynes ou dot�s d'un caract�re bien mi�vre et l'on ne peut se m�prendre. Il s'agit encore une fois des repr�sentations du f�minin par un auteur � Tolkien � de genre masculin, le tout repris dans un contexte culturel qui ne parvient toujours pas � prendre conscience que les repr�sentations du f�minin ne sont pas "La Femme" mais l'image que nous � hommes/andros � en avons, figures de l'Anima de l'Homme d'abord.� �
D.�� L�Ours et le BarbuDans les ann�es 50, l�URSS s�invitait sur la sc�ne de la plan�te, avec des m�thodes brutales qui emplirent de crainte de nombreux adultes et enfants. Du c�t� ��Occidental��, on imagina une kyrielle d�images fantasmagoriques dont la plus impressionnante repr�sentait un ours gigantesque �crasant la plan�te de ses griffes sanglantes.[8] Il y eut ensuite les ann�es robots � dont j�ai parl� plus haut � et les monstres �lectroniques ont rejoint les loups dans les archives des mus�es de l�imaginaire. Suivant la mort de l�Ours sanguinaire, on crut � la paix mais comme l�Imaginaire ne s�en satisfait jamais � il s�en m�fie m�me car il lui faut bien anticiper les fatales erreurs des hommes � nous e�mes les cyber robots qui invent�rent leur arm�e de l�ombre, les virus, les ��effractions en ligne�� et une mafia � col blanc.� Puis certains adultes ont invent� les barbus comme monstres et m�cr�ants, ce qui n�est pas forc�ment un progr�s, car c�est un bond de quelques sept si�cles en arri�re que la civilisation risque de faire. Mais la barbarie ne recule devant aucun exc�s. D�autres adultes nous racontent que la mondialisation est le vrai monstre � craindre. L�Aigle imp�rial � un des embl�mes repr�sentatifs des USA, ne l�oublions pas � se serait-il substitu� � l�Ours�? Rien n�est moins s�r�! On parle aussi des OGM, des manipulations g�n�tiques... Pendant ce temps, l'enfant et l'adolescent s'inventent des attitudes, des costumes des rites protecteurs. Il n'y a pas d'�sot�risme en la mati�re. Leurs h�ros se donnent � voir partout. Corps nus ou presque, bard�s d'appareillage sophistiqu�s, les forces humaines amplifi�es par un exosquelette, des attitudes provocantes et guerri�res. Il suffit de lire les bandes dessin�es, d'aller voir leur film ou d'aller �couter leurs vedettes pr�f�r�es qui s'habillent comme leurs h�ros... Qu'est ce que ces enfants cherchent � conjurer � travers leur propre saga ? Les dangers que nous d�non�ons comme probables � les rouges hier, les barbus aujourd'hui, les extra terrestres demain peut-�tre � ou bien la formidable insolence de nos propres d�cisions, de nos actes et que leurs h�ros affichent avec ostentation. Comme si cette pantomime nous renvoyait au ridicule de nos d�cisions. C'est bien l�, d'ailleurs, un artifice du conte : ridiculiser les attitudes inadapt�es en les exag�rant. Des mythes, des l�gendes, des contes naissent qui racontent l��volution des outils de l�Humanit� � robots et autres, d�autres rapportent l�envers de l�Histoire � �pop�e, guerres et conqu�tes, d�autres enfin nous renvoient au c�ur de l��me humaine aux prises avec ses troubles int�rieurs � ceux-l�, probablement, deviennent des livres sacr�s. � Illel Kieser, Toulouse le 27/01/2002 � [1] � Cet article fut command� par "Le Courrier de l�UNESCO". Cependant le comit� de r�daction fut choqu� par la th�se expos�e et d�cida de ne pas le publier� Il a �t� remani� pour la pr�sente �dition. [2] � L'Arizona de John Wayne, Olivier Boissi�re, Le Monde du samedi 18 Novembre 1989. De tels t�moignages contrastent avec ceux des hommes de sciences car il apportent une vision directe de l'�motivit� qui est derri�re l'aventure de la technique, le spectacle na�f en quelque sorte. [3] � Qu'il soit bien not� que nous parlons de peur face aux forces de la Nature et non face � un ma�tre ou � un h�ros quelconque, fondement de toutes les id�ologies totalitaires. La confrontation solitaire � la Nature permet � l'enfant de s'affranchir de toute tutelle � mesure de son �volution. [4] � Nous sommes tr�s proches de cette �ch�ance et l�enfant se porte bien, tr�s � l��coute des ��bruits�� de son imaginaire. Il est devenu graphiste et souhaite s�orienter vers la conception et la r�alisation d�images de synth�se. [5] � L'histoire n�125 - septembre 1989. [6] � La Mana est ce qui anime les objets, dans les cultes animistes. Chaque objet est dot� de sa mana propre. [7] � Les m�caniques sont surpuissantes par rapport aux limitations du code de la route. Elles co�tent en France plus que l'ensemble des crimes de sang. [8] � Cette image a fait le tour du monde, j�en ai trouv� un exemplaire dans un vieil atelier de m�canique de Cuzco. | ||||||
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