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Sources �tymologiques



H�catombe

le retour (aux sources)

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Catherine Barb�
�conomie, �cum�nique � Virtuel
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H�catom � be, du grec h�katon, ��cent�� et de bous, ��b�uf��

Le mot grec, en transcription directe signifie ��sacrifice de cent b�ufs��.

De tels sacrifices sanglants eurent lieu dans l'antiquit� grecque, mais pas tr�s souvent, pas tr�s longtemps. La plupart du temps, c'est seulement une dizaine de ch�vres ou de moutons et/ou un seul b�uf que la communaut� offrait en sacrifice aux divinit�s tut�laires.

On comprend un peu : il fallait avoir les moyens ! Quelle soci�t� pourrait s'offrir ce luxe de perdre une telle quantit� de nourriture�? � moins bien s�r qu'elle ne sache plus tr�s bien comment �couler ses exc�dents. Et puis, quand m�me, les dieux ne sont pas si voraces ! Certes, il y en eut bien qui d�voraient leurs enfants. Zeus merci ! Ces temps sont bien r�volus. Mais au fait, de quels dieux parlons-nous ? Il y eut ceux, tr�s antiques, dont Zeus, le petit dernier de la lign�e, grand consommateur de belles vaches aux grandes cornes, nous est bien connu. Dans d'autres contr�es, on se souvient de Yavh�, autre grand amateur de chair fra�che

Mais depuis J�sus, dans la soci�t� jud�o-chr�tienne, les go�ts divins se font plus frugaux : du pain, une goutte de vin, quelques fragrances d'encens. Dieu est au r�gime. Peut-�tre depuis qu'il est tout seul ! Finis, les grands festins, les somptuaires bamboulas du tonnerre de ... Pardon, je m'�gare !

Certes, aujourd'hui encore, � l'Occident de l'Orient, on sacrifie toujours au cousin Allah (toute r�v�rence gard�e) l'animal � poils laineux, lors de r�jouissances communautaires o� Dieu et hommes se retrouvent en convives.

Et pendant ce temps l�, chez nous, dans l'Occident au nord de l'Orient, � quel dieu sacrifions-nous ? Au ch�ur de l'�glise, l'hostie fait toujours recette, dans l'all�gresse. Mais �a ne nourrit pas vraiment ! Non, lors des agapes festives, des grandes bouffes, et autres orgies stomacales, avez-vous vu souvent r�citer le Benedicite ? Ces rites l� tombent en d�su�tude. Dans la soci�t� de consommation, depuis cinquante ans, les hommes se goinfrent en douce, hors de port�e du regard divin. Ils inaugurent d'autres rituels pour d'autres dieux. Mais lesquels ? La f�e �lectricit� ? La f�e publicit� ? Non, ce ne sont que nymphettes sans envergure. Nous jurons nos grands dieux, mais o� sont-ils ? Qui sont-ils ? Ceux dont le regard tue, ceux que nous ne pouvons, nous les hommes, regarder en face sans grand dommage�?

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�a me rappelle une histoire, tr�s ancienne, rapport�es par notre vieil H�siode dans sa Th�ogonie. Et il l'aimait tellement cette histoire qu'il la reprend dans les Travaux et les jours.

��C'�tait au temps, nous dit-il, o� se r�glait la querelle des dieux et des hommes mortels, � M�c�n�. En ce jour-l�, Prom�th�e avait, d'un c�ur empress�, partag� un b�uf �norme, qu'il avait ensuite plac� devant tous. Il cherchait � tromper la pens�e de Zeus : pour l'un des deux partis, il avait mis sous la peau chairs et entrailles lourdes de graisse, puis recouvert le tout du ventre du b�uf ; pour l'autre, il avait, par une ruse perfide, dispos� en tas les os nus de la b�te, puis recouvert le tout de graisse blanche. Sur quoi le p�re des dieux et des hommes lui dit : �O fils de Japet, noble sire entre tous, tu as bel ami, �t� bien impartial en faisant les lots �.

Ainsi railleur parlait Zeus aux conseils �ternels. Et Prom�th�e aux pensers fourbes lui r�pondit avec un l�ger sourire, soucieux de sa ruse perfide : � Zeus tr�s grand, le plus glorieux des dieux toujours vivants, choisis donc de ces parts celle que ton c�ur t'indique dans ta poitrine��.

Il dit, le c�ur plein de fourbe, et Zeus aux conseils �ternels comprit la ruse et sut la reconna�tre. Mais d�j� en son c�ur il m�ditait la ruine des mortels. De ses deux mains, il souleva la graisse blanche, et la col�re emplit son �me, tandis que la bile montait � son c�ur...��

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Comme punition, Zeus ��refuse (alors) de diriger sur les fr�nes l'�lan du feu infatigable��. Pour ses fr�res les hommes priv�s du feu, Prom�th�e se fait voleur du feu divin. Ce qui fait bondir Zeus d'une col�re encore plus grande, et en compagnie des colocataires de l'Olympe, il imagine le pire fl�au dont il puisse affliger les mortels, ��un �tre tout pareil � une chaste vierge��, la femme !

Passons ...

Cette vierge aux yeux pers n'a pas encore de nom dans la Th�ogonie. Mais H�siode, y revenant dans les Travaux, la baptise Pandore. Il enrichit et explique : ��...� Pandore � parce que ce sont tous (pant�n) les habitants de l'Olympe qui, avec ce " pr�sent � (d�ron), font pr�sent du malheur aux hommes qui mangent le pain (...) la race humaine vivait auparavant sur la terre � l'�cart et � l'abri des peines de la rude fatigue, des maladies douloureuses qui apportent le tr�pas aux hommes. Mais la femme, enlevant de ses mains le large couvercle de la jarre, les dispersa par le monde et pr�para aux hommes de tristes soucis. Seul l'Espoir restait l� dans son infrangible prison...��

C'est bien depuis ce jour que ��des tristesses errent innombrables au milieu des hommes : la terre est pleine de maux, la mer en est pleine ! Les maladies, les unes de jour, les autres de nuit, � leur guise visitent les hommes, apportant la souffrance aux mortels ...��

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Tout �a pour un b�uf mal d�coup�, quand m�me !

Mais je me demande pourquoi je n'ai pas arr�t� de penser � �a, ces temps-ci !

Catherine Barb� 18/01/2001


Bibliographie

H�siode, traduction Paul Mazon, Belles Lettres, 1972,

Th�ogonie, 535 � 617,

Travaux, 70 � 106.

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