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Économie, œcuménique – Hécatombe | |
Une
simple curiosité étymologique peut conduire loin ! Et plonger dans des abîmes
de réflexion où l’on est susceptible de se perdre. Quelques amorces, quelques
jalons, quelques repères suffiront à ouvrir des pistes insoupçonnées que chacun
pourra aller explorer selon son goût ! Nous nous reportons le plus souvent possible à l’étymologie du mot,
partant de l’hypothèse que sa représentation est l’aboutissement d’une
évolution et qu’elle englobe tous les glissements de sens, de même que l’homme
contemporain est le fruit de son histoire. Considérer le mot uniquement dans
son sens actuel serait une des multiples manifestation de la tendance à la
réduction, en vigueur de nos jours. Virtuel
est une réfection étymologique du XVIe siècle sur uirtus, qui
au XIe siècle nous avait donné la vertu, celle que Vénus se plaît à
faire « cascader »[1],
chez les femmes, cela s’entend ! Mais la uirtus romaine est tout autre chose où les femmes n’ont strictement rien à voir !I - Virtus,C’est
la qualité inhérente au uir
« l’homme », opposé à la « femme » ( et non pas homo, « genre humain »)[2]. Selon
Gaffiot[3]
appartiennent globalement à la uirtus les qualités qui font la valeur de
l’homme physiquement et moralement Par
glissement de sens ou dérivation, uirtus se spécialise, se différencie
en A
– Caractère distinctif de l’homme, mérite essentiel
Animi
uirtus corporis ante ponitur, Cic., fin., 5,38 : « les mérites de
l’âme passent avant ceux du corps » B
– Qualités morales
Virtues
continentiae, grauitatis, iustitiae : « les
vertus qui consistent en la maîtrise de soi, la gravité, l’esprit de
justice », Cic., Mur.,23 C
- Qualités
viriles, vigueur morale, énergie
Vestae
uirtuti continentiaeque confido : « j’ai confiance en votre
énergie et votre fermeté. », Cic., Phil., 5,1 D’où « bravoure » « courage » voir le
« corage » médiéval = qualité du cœur « vaillance » La
uirtus renvoie donc aux qualités
intrinsèques à l’homme (ce qui laisse peu de choses aux femmes) Il
faudra noter que cet intrinsèque là est situé différemment dans le corps selon
les civilisations et les époques. Ainsi, chez les Grecs, le
tumos/tumoz, traduit habituellement par « le cœur », siège des
« guerriers », défenseurs de la Cité[4]
dans la vision platonicienne, avait une place indéterminée chez Homère, ou du
moins largement située dans la partie supérieure du corps, associer à Image/imago/eikon/eikon II – Vertuapparaît dans langue française dès le XIe
siècle au sens de « courage, force physique, sagesse » = ce qui vient de Dieu « Signur baron, de deu aiez vertu »
Chanson de Roland, LXXX « … fist Deus vertuz mult grave »
ibid., CLXXVI = sang® force® vie « Nen ad vertut, trop ad perdut del
sanc » Ibid., CLXIII A
– Au XIIIè siècle :
St Bernars dit : « vertus est us de
la volonté selonc le jugement de la raison » Brun. Latini, Trésor, 338 …/…
annexe Au
XVIIe, renvoie spécifiquement à la force d’âme, énergie morale
(vieilli dans ce sens aujourd’hui) « Sais-tu que ce vieillard fut la même
vertu… », Corn., Le Cid B
– Au sens moderne,
c’est 1) la force par laquelle l’homme tend au bien, la force
morale appliquée à suivre la règle, la loi morale « La vertu est
toute dans l’effort », A. France 2) Spécialement
concernant les femmes (nous y voilà) : « la fidélité conjugale, la
chasteté » III - De la vertu au virtuelÉvidemment,
la relation avec le virtuel ne frappe pas les esprits jusqu’ici ! C’est que
nous avons passé sous silence que vertu bifurque au XIIe siècle, en
dehors de toute connotation morale, moraliste ou moralisante, s’appuyant sur
« l’essence », « l’intrinsèque » que nous avons souligné
plus haut, et se retrouve comme synonyme quasi parfait de
« principe » : c’est-à-dire ce qui dans une chose, est considéré
comme la cause des effets qu’elle
produit. En
particulier, appliqué aux plantes : « Les plantes ont ce je ne sais quoi de
magique, où sans doute résident leurs vertus étrangement thérapeutiques »
H. Bosco. Le
terme virtuel, issu précisément du uirtualis
scholastique, lui même dérivé de uirtus,
apparaît en 1503, mais reste rare avant la deuxième moitié du XVIIè
siècle. A
– En philosophie ou en littérature, s’applique à ce qui est en puissance, qui
est à l’état de simple possibilité dans un être réel. On
ne peut à ce propos manquer d’évoquer l’entéléchie d’Aristote. Catherine Barbé, Paris le 25/10/00 À suivre,
Études étymologiques sur : Entéléchie , Imago/eikon, psuchè/soma
BIBLIOGRAPHIEDictionnaire latin/français, F.Gaffiot
Dictionnaire de l’ancien français,
Larousse Littré Petit Robert |
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