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La Palestine du mandat et l'Anschluss arabe
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Essai de politique compar�e

Jacques Halbronn

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� l�heure o� il est � nouveau s�rieusement question du ��partage��, de la ��partition�� de la Palestine, et o� le mot m�me de Palestine ne d�signe plus que la partie de la r�gion cens�e passer sous autorit� arabe, il est urgent de rappeler un certain nombre d��tapes d�un processus organisationnel quelque peu complexe, tant dans le temps (les contextes successifs) que dans l�espace (les territoires concern�s). Nous emploierons ici le terme ��Palestine du mandat�� pour d�signer g�ographiquement la r�gion qui fut d�volue aux Britanniques et le sort qui est le sien jusqu�� nos jours.

Une �vidence d�abord�: tout n� a pas commenc� au lendemain de la seconde Guerre Mondiale, � la suite de la Shoah et tout ce qui a pr�c�d� ne correspondait pas n�cessairement � ce � quoi cela a fini par aboutir. Il convient de ne pas �craser le pass� au regard du pr�sent, m�me s�il est vrai qu�avec le recul les �v�nements peuvent sembler d�risoires au regard de ce qui se produira ensuite.

L�importance du premier conflit mondial

Laisser entendre que l��tat d�Isra�l a �t� fond� au lendemain de la Shoah est source de confusion. Il faudrait d�j� s�entendre sur la notion d��tat, notamment au Moyen Orient, dans une r�gion o� jusqu�� la Premi�re Guerre Mondiale, il n�y avait que la puissance ottomane, y compris en �gypte laquelle b�n�ficiait cependant d�une certaine autonomie et �tait contr�l�e par les Anglais. Ce qui explique que Th�odore Herzl s�adressa successivement au sultan de Constantinople qu�� Londres (le projet du Sina�) .

L�id�e de cr�er un �tat Juif ne date nullement de la Seconde Guerre Mondiale et m�me si la situation des juifs n��tait pas au d�but du si�cle ce qu�elle devint dans les ann�es Trente-Quarante, elle �tait d�j� jug�e suffisamment pr�occupante dans les ann�es 1880, en Russie, notamment avec les pogroms. Point n��tait besoin d�en arriver aux camps de concentration pour d�cider les nations � cr�er un espace o� les Juifs puissent venir se r�fugier.

Dans l�histoire de la colonisation de la Palestine, sous le joug turc, la France joua un r�le d�terminant, notamment du fait des initiatives du baron Edmond de Rothschild. Mais Herzl consid�rait que de tels efforts n��taient pas � la mesure des enjeux, � savoir accueillir des centaines de milliers voire � terme des millions de juifs. Aucune solution ne fut trouv�e de son vivant (il mourut � 44 ans, en 1904) mais les sionistes parvinrent � sensibiliser le gouvernement anglais qui, la Premi�re Guerre Mondiale ayant �clat�, avaient les mains plus libres que lorsqu�il fallait encore m�nager les Turcs.

Les arm�es anglaises lib�r�rent le monde arabe de la domination turque et se mirent � proc�der � un certain d�coupage du Moyen Orient. A priori, la situation �tait bien diff�rente de celle qui existait dans les Balkans, en ce que la tr�s grande majorit� des populations autochtones relevait d�une m�me langue, si l�on relativise les variantes dialectales, et d�une m�me religion, encore qu�il y ait des Chiites et des Sunnites. Mais pour les Anglais, c��tait aussi l�occasion de faire aboutir le projet sioniste, tel que le Congr�s de B�le (1897) l�avait �labor�. On peut dire que cet engouement des Anglais � propos de la question juive n�a d��gal que celui des r�volutionnaires fran�ais � la fin du XVIIIe si�cle, d�sireux d��manciper les Juifs europ�ens. Et il n�est peut -�tre pas inutile de rappeler que la pr�sence en Palestine des Crois�s, au Moyen Age, fut avant tout le fait des Fran�ais et des Anglais. La contribution des Fran�ais � l�am�lioration du sort des Juifs dans les divers pays o� ils demeurait a pour contre point l�importance que les Anglais accord�rent � la cr�ation d�un Foyer Juif en Palestine, pour all�ger la pression � l�encontre des Juifs dans le monde. Deux approches sinon antagonistes du moins compl�mentaires.

Rien d��tonnant d�s lors � ce qu�� la suite de la D�claration Balfour de novembre 1917, �manant du gouvernement britannique et reprenant les attentes des congr�s sionistes, la Soci�t� des Nations (SDN) � dont les �tats Unis n��taient pas membre � chargea les Anglais de constituer un Foyer Juif en Palestine, dans le cadre d�un mandat, comportant un cahier de charges qu�il convient ici d�analyser.

Or, ce Foyer National Juif en Palestine correspondait d�ores et d�j� � l�id�e herzlienne d��tat Juif�; un tel intitul� demandant � �tre contextualis�. L� encore, il ne faut pas "�craser" l�Histoire. Le fait qu�en 1947, trente ans apr�s la D�claration Balfour, il fut question d�une autre formule, ne signifie pas que la pr�c�dente formule ne faisait pas d�j� sens. Les choses auraient pu � et probablement du � �voluer autrement. En tout �tat de cause, en 1917, les juifs n��taient pas en mesure comme ils le seront trente ans plus tard, autour de l�Agence Juive pour la Palestine, de l�establisment (Yishouv), d�assurer, par eux-m�mes, l�existence d�un �tat au sens o� on l�entendra plus tard, lors de la p�riode post-coloniale. Dans la logique de la p�riode coloniale, paternaliste, les grandes puissances �taient consid�r�es comme des tuteurs, au sens o� l�entendent les cultivateurs.

En 1917, le contexte est celui d�un monde arabe en voie de structuration �tatique, souvent sous contr�le britannique mais aussi, dans certaines r�gions, sous contr�le fran�ais (notamment au Liban et en Syrie). Bref, on �tait dans un syst�me de tutelle et le tuteur avait pour t�che d�aider son prot�g� � parvenir � maturit�. Or, il n�en �tait pas autrement en Palestine mais au profit de qui�? Notons que la France avait en quelque sorte pour t�che de maintenir un p�le chr�tien, en milieu arabe tandis que l�Angleterre, plus au Sud, avait re�u pour mission de maintenir voire de renforcer un p�le juif en milieu arabe, les deux p�les �tant install�s le long du littoral m�diterran�en. Le parall�lisme peut �tre pouss� encore plus loin, dans la mesure o� la Syrie fut d�tach�e du Liban tout comme la Transjordanie de la Palestine et que par la suite la Syrie cherchera � garder le contr�le sur le Liban comme la Jordanie sur la Palestine. Les arabes restant dans ces r�gions auraient ainsi b�n�fici� d�un pr�cieux savoir faire occidental, dans la mesure o� ces communaut�s, chr�tienne et juive, auraient ainsi constitu� des interfaces entre l�Europe et le monde arabe. Contrairement � ce que l�on imagine, la question politique et religieuse importait moins dans ces r�gions que la question �conomique, le politique ne reprendra le dessus que plus tard.

Il faut se rendre � l��vidence, le mandat que les Britanniques re�urent de la SDN ne pr�voyait nullement la mise en place d�un �tat arabe en Palestine. Le fait qu�en 1947, un tel �tat fut annonc�, dans le cadre de l�ONU, n�y change strictement rien.

Le texte du Trait� de S�vres (ville de la r�gion parisienne) , r�glant le sort des populations non turques de l�ex empire ottoman - ces Turcs qui avaient an�anti en partie les Arm�niens qui se trouvaient sur leur sol, en Anatolie - stipulait, dans son article 95 que ��le Mandataire sera responsable de la mise � ex�cution de la d�claration (Balfour) originairement faite le 2 novembre 1917 par le Gouvernement britannique et adopt�e par les autres Puissances Alli�es en faveur de l��tablissement en Palestine d�un foyer national pour le peuple juif��.

Certes, tout le monde �tait-il parfaitement conscient de que les Juifs �taient encore peu nombreux en Palestine puisque le projet avait une dimension dynamique qui d�passait la question des populations existant sur place et en ce sens nous sommes tr�s loin des termes qui pr�vaudront au lendemain de la Seconde Guerre Mondiale. En effet, il ne s�agissait de rien moins que de cr�er les conditions pour accueillir un afflux de Juifs venus d�Europe et notamment de Russie.

Qu�avait-on pr�vu pour les populations musulmanes et chr�tiennes en Palestine�? Il faut bien comprendre que les Arabes avaient une dette envers les Britanniques et que cette dette c��tait en particulier la Palestine. Faut-il rappeler que lorsque Napol�on III aida les Italiens dans leur guerre d�ind�pendance contre les Autrichiens, la France en fut r�compens�e en recevant notamment un territoire limitrophe comportant la ville de Nice. Or, la Palestine, c�est en quelque sorte Nice. Il y avait eu le pr�c�dent ni�ois dans la seconde moiti� du XIXe si�cle.

Le Trait� de S�vres traite ainsi du statut de la population non juive en Palestine�:

��Bien entendu, rien ne sera fait qui pourrait porter pr�judice aux droits civils et religieux des communaut�s non-juives (sic) en Palestine��. La formule dit bien ce qu�elle veut dire�: il n�y a pas ici sym�trie entre juifs et arabes. Il y a un projet en faveur des Juifs sur le sol de la Palestine, toute enti�re � au demeurant une superficie tr�s modeste au regard du monde arabe dans son ensemble � et il y a la question des minorit�s non juives, chr�tiennes et musulmanes. Certes, la population arabe est-elle, en 1920, date du trait� de S�vres sup�rieure d�mographiquement � la population juive mais cela �tait amen� � changer, d�s lors que pr�cis�ment existerait le dit Foyer National Juif. On pr�voyait qu�� terme, la population juive d�borderait tr�s largement la population arabe locale, laquelle deviendrait r�siduelle. De fait, la population arabe de Palestine se trouvait-elle ��sacrifi�e�� pour prix de la construction des �tats Arabes tout comme les Ni�ois avaient �t� � on l�a dit � quelques d�cennies plus t�t, rattach�s � la France.

Faut-il cependant rappeler que la Palestine �tait historiquement un cas tout � fait particulier dans la r�gion. Et d�abord en raison des Lieux Saints de la Chr�tient� et rappelons, tout de m�me, que l�Angleterre est une nation chr�tienne. Le Conseil de la SDN�; � propos du Mandat sur la Palestine, pr�cise d�ailleurs, en son pr�ambule, que ��cette d�claration comporte la reconnaissance des liens historiques du peuple juif avec la Palestine et des raisons de la reconstitution de son foyer national en ce pays��.

De fait, la pr�sence arabe en Palestine �tait certainement, du fait des revendications s�culaires juives et chr�tiennes, beaucoup plus discutable que dans le reste du Moyen Orient. Personne ne l�ignorait. Nulle part, ailleurs, le souvenir d�une pr�sence ant�rieure � la conqu�te arabe n�y �tait plus manifeste.

On comprend, d�s lors, pourquoi le fait de situer la cr�ation d�un ���tat Juif�� au lendemain de la Shoah rel�ve de la manipulation en ce que cela d�couple et d�contextualise le fait que ce projet �tait la contrepartie de la sortie du joug turc, lequel en 1947 �tait d�j� de l�Histoire ancienne.

Ce qui d�ailleurs venait justifier l�attribution d�un mandat aux Anglais sur la Palestine tenait pr�cis�ment au fait qu�il �tait alors tout � fait hors de question de laisser les Juifs seuls face au monde arabe environnant et ce d�autant plus que la pr�sence juive n��tait qu�embryonnaire par rapport � ce qu�on attendait. Il fallait donc bien, litt�ralement, un tuteur, pour soutenir le jeune arbre. Plus que nulle part ailleurs, la n�cessit� d�un mandat s�imposait-elle et d�une certaine fa�on � ce que Herzl n�aurait pas contest� � n�avait-elle de raison de cesser jamais.

Herzl avait en effet pressenti qu�un �tat Juif � selon le titre m�me de son livre � ne pourrait survivre sans protection international. Quand il n�gociait avec le Sultan � et l�on voit que le statut de la Palestine �tait d�j� en discussion bien avant la Premi�re Guerre Mondiale � de l�attribution aux Juifs de la Palestine, il ne songeait � rien d�autre qu�� un �tat Juif sous le contr�le ottoman et si la Turquie n�avait pas perdu la guerre, peut-�tre que cet �tat Juif aurait fini par exister sous mandat turc.

Il convient d�sormais d�essayer de comprendre comment la situation �volua sous le mandat britannique pour d�boucher sur la d�claration de l�ONU de novembre 1947 pr�nant l�existence en Palestine d�un �tat Juif et d�un �tat arabe.

� Le cas gr�co-turc

Dans le cadre de la p�riode post-ottomane, se posa le probl�me des relations gr�co-turques, en Asie Mineure et dans la r�gion de Salonique, notamment. On d�cida de proc�der, dans les ann�es 1922-23, � un transfert de population, et ce dans les deux sens�: des Grecs �tant rapatri�s de Turquie en Gr�ce et des Turcs de Gr�ce en Turquie. Cette op�ration semble s��tre d�roul�e relativement bien et servira de pr�c�dent pour r�gler des probl�mes peu ou prou comparables. Autrement dit, en concurrence avec l�id�e de minorit� existait celle de transfert, chacune ayant du pour et du contre. De fil en aiguille, la solution du transfert des populations et donc du partage de la Palestine allait-elle p�n�trer les esprits des diplomates.

� Le cas transjordanien

Sur quelle r�gion, au demeurant, s��tendait le dit mandat britannique en Palestine�? En fait, il concernait �galement la Transjordanie mais avec des modalit�s particuli�res�:

Article 25 du Trait� de S�vres�:

Dans les territoires s��tendant entre le Jourdain et la fronti�re orientale de la Palestine, telle qu�elle sera d�finitivement fix�e, le Mandataire aura la facult�, avec le consentement du Conseil de la Soci�t� des Nations, de retarder ou de suspendre l�application des stipulations du pr�sent mandat qu�il jugera inapplicables � raison des conditions locales existantes et de prendre en vue de l�administration de ces territoires toutes les mesures qu�il estimera convenables etc.

En bon fran�ais, cela signifie que la Transjordanie est une partie de la Palestine et qu�elle en constitue � d�o� son nom � la partie orientale, au del� du fleuve Jourdain. Car si la Transjordanie n��tait pas une partie de la Palestine que signifierait la formule ��entre le Jourdain et la fronti�re orientale de la Palestine��, laquelle signifie bel et bien que le Jourdain ne constitue nullement la dite fronti�re orientale, puisqu�il est question d�un espace situ� entre ce fleuve et la dite fronti�re.

Toutefois, ce qui conf�rait � la Transjordanie � mais nullement � la Cisjordanie telle qu�on la d�signe actuellement � un statut � part, c�est que la mise en place de la pr�sence juive, objet principal du mandat, pouvait �tre report�e en ce qui concernait la dite Transjordanie. Rappelons cependant que les H�breux s��taient install�s des deux c�t�s du Jourdain, ce qui vient confirmer que la r�gion pr�vue par le mandat, sous le nom de Palestine, couvrait �galement cette partie.

Et les Anglais semblent avoir outrepass� le cadre du mandat en conf�rant � la Transjordanie une autonomie, et ce d�s 1922. Initiative �minemment discutable mais qui aurait fait sens si cela avait abouti � la cr�ation d�un �tat arabe palestinien, laissant d�s lors le reste de la Palestine � Cisjordanie comprise � aux Juifs, au prix �ventuellement de transferts de population, sur le mod�le alors en train de fonctionner entre Grecs et Turcs.

Il est regrettable, en ce sens, que l�ONU en 1947 ne soit pas revenue sur cette initiative, contraire � l�esprit du mandat accord� dans le cadre du Trait� de S�vres, et n�ait pas confirm� que l��tat arabe de Palestine serait la Transjordanie (c�est � dire l�actuelle Jordanie). Pr�cisons que la Transjordanie constitue les 4/5 de la Palestine du mandat�!

Certes, le cas de la Transjordanie est-il consid�r� comme sp�cifique dans les textes relatifs au Mandat Britannique mais il reste pr�cis�ment qu�il est bel et bien rattach�, dans les textes, � la question palestinienne et que, lors de la d�l�gation de pouvoir � l��mir Abdulla (dynastie hach�mite), le responsable britannique � Amman d�pendra du Haut Commissaire en Palestine..

Nous reviendrons sur le facteur jordanien qui a jou� un r�le d�terminant et ce jusqu�en 1967.

� Le cas pakistanais

La politique britannique allait effectivement �tre de plus en plus marqu� par la formule de la partition, qu�elle appliquera � une autre r�gion, �galement marqu�e par la pr�sence islamique, � savoir l�Inde. Cela donnera naissance, au lendemain de la Seconde guerre Mondiale, donc simultan�ment avec la question palestinienne, � une entit� appel�e Pakistan, en deux tron�ons � nom parfaitement artificiel � qui comportera essentiellement des Musulmans et qui est anciennement une partie de l�Inde. Il y eut des transferts de population mais une minorit� musulmane se maintint dans ce qui restait de l�Inde, ce qui montre bien que toute minorit� musulmane n�a pas � se constituer en �tat souverain, ce qui semble aller � l�encontre d�un postulat r�current chez certains musulmans selon lequel toute pr�sence musulmane en un quelconque pays doit d�boucher soit sur une annexion de la part d�un �tat musulman voisin, soit sur la cr�ation d�un �tat arabe suppl�mentaire. On n�est pas loin ici de l�argumentation nazie, dans les ann�es Trente, avant l�annexion de l�Autriche et des Sud�tes, partie germanophone de la Tch�coslovaquie. Mais � la diff�rence du Pakistan, la Palestine recouvrait un territoire beaucoup plus modeste, ce qui cr�ait des probl�mes d��chelle particuliers concernant la viabilit� des d�coupages.

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Revenons pr�cis�ment au d�bat sur la partition de la Palestine � la veille de la nouvelle conflagration. Non contents donc d�avoir dilapid� une partie de la Palestine du mandat, on en �tait arriv� � vouloir cantonner les Juifs dans une partie seulement de ce qu�il en restait, renon�ant ainsi � un transfert de la population arabe vers la Transjordanie, l�autre partie de la Palestine du mandat, et d�sormais le Jourdain ne constituerait m�me pas une fronti�re naturelle entre Palestine juive et Palestine arabe (Transjordanie).

Apparemment, sous la pression arabe, l�Angleterre, en arriva � proposer un "Livre Blanc", en 1939, alors m�me que l��migration juive vers la Palestine, du fait cette fois des �v�nements dans une Allemagne �largie, justifiait plus que jamais le projet d�un Foyer National Juif en Palestine. La Palestine restante se verrait, selon les propositions britanniques qui ne furent d�ailleurs pas adopt�es, d�coup�e en trois secteurs�: un juif, un arabe et un restant � la puissance mandataire et qui comporterait notamment J�rusalem et un acc�s � la M�diterran�e autour de Tel Aviv. � cette �poque l� les plans de partage se multipli�rent et on d�battit sur les territoires � attribuer aux uns et aux autres, selon divers param�tres. Tout cela influa, bien entendu, sur la partition pr�n�e par l�ONU en novembre 1947. Mais de fait l�id�e du partage n�est pas apparue au lendemain de la Seconde Guerre Mondiale pas plus d�ailleurs, � l�inverse, qu�elle n��tait pos�e dans le Trait� de S�vres de 1920. C�est dans les ann�es Trente que les plans de partage sont apparu, m�me si le cas de la Transjordanie constituait d�j� un pr�c�dent qui se r�v�lera incapable, malgr� son ampleur, de r�soudre le probl�me des rapports jud�o-arabes. On voit que la partie proprement juive de la Palestine du mandat devenait une peau de chagrin. Par dessus le march�, les Britanniques avaient d�cr�t�, dans la logique de leur division en trois, que les Juifs ne sauraient d�passer le tiers de la population totale de la Palestine cisjordanienne (notons qu�initialement le terme de Cisjordanie aurait du concerner toute la Palestine � l�Ouest du Jourdain et pas seulement la Jud�e et la Samarie. En r�duisant l�expression Cisjordanie au secteur qui finalement sera r�cup�r� en 1948 par la Transjordanie � puis repris en 1967 par les Isra�liens � on assiste � une marginalisation du Jourdain car, au bout du compte, le terme de Jordanie aurait pu d�signer la totalit� de la Palestine du mandat tel qu�il �tait d�fini dans le cadre du Trait� de S�vres. En fait, tout se passe comme si le nom de Jordanie (Cisjordanie, Transjordanie) avait fini par d�signer les territoires ��arabes�� de la Palestine. Apparemment, un tel code a fini par �tre abandonn� pour aboutir � ce que le mot m�me de Palestine ne d�signe plus que les territoires ��arabes�� de la partie occidentale de la Palestine. Curieusement, en 1967, l�occupation isra�lienne de la ��Cisjordanie�� avait r�tabli le cadre propos�, en son temps, par la SDN, puisque cela aboutissait � ce que la Palestine soit divis�e par le Jourdain en une partie sous contr�le arabe, � savoir la Jordanie et une partie sous contr�le juif, � savoir Isra�l. Il n�est pas certain que l�on ait recouru aux arguments li�s � l�article 25 du ��Pacte de la Soci�t� des Nations�� pour justifier le maintien de cette occupation et ce que l�on a appel�, d�ailleurs, � tort le Grand Isra�l, puisqu�il ne comportait pas la partie orientale de la Palestine du mandat.

La situation qui pr�valut de 1948 � 1967 est bien connue�: annexion par la Jordanie de ce que l�on appellera la Cisjordanie, ce qui aboutissait � ne plus respecter le Jourdain comme ligne de partage entre la Palestine du Foyer National Juif et la Palestine Orientale, plac�e, par la volont� des Anglais, sous contr�le exclusivement arabe. Tout se passe en fait comme si l�on avait eu affaire, avec la Palestine du mandat, � deux populations arabes bien diff�rentes, s�par�es pr�cis�ment par le Jourdain, un peu comme ce qui peut distinguer les Alsaciens des Allemands, de part et d�autre du Rhin. Les Anglais, en r�glant, � leur fa�on, la question des arabes � l�Est du Jourdain n�avaient pas r�solu le cas des arabes situ�s � l�Ouest du Jourdain et qui finiront par �tre appel�s ��palestiniens��. En cr�ant un pr�c�dent avec la Jordanie, ils ouvraient une large br�che qui allait conduire � la cr�ation, par l�ONU, d�un second �tat arabe dans la Palestine du Mandat. Le paradoxe, c�est que pr�cis�ment, le premier �tat arabe, est-palestinien annexa en 1948 le second �tat arabe ouest-palestinien et ne fit pas grand chose pendant 20 ans pour donner une v�ritable autonomie � ce dernier. Par leur intervention, lors de la Guerre des Six Jours, les Jordaniens allaient faire perdre aux Arabes le contr�le du "second" �tat arabe palestinien du mandat.

Le vote de l�ONU � la majorit� des deux tiers allait donc d�terminer, a priori, la cr�ation de deux �tats dans la Palestine occidentale du mandat -venant s�ajouter � un troisi�me �tat ��palestinien��, d�j� en place, la Jordanie � ce � quoi les dirigeants sionistes s��taient r�sign�s mais le monde arabe �tait hostile � un tel arrangement pourtant d�j� si �loign� des conditions initiales pr�vue pour le mandat britannique en Palestine. On parvenait ainsi avec le vote de New York � trois �tats palestiniens mais ce n�est qu�� partir des ann�es 1990 que l�id�e de constituer bel et bien un troisi�me �tat palestinien prit forme, au niveau du consensus international (Accords de Madrid). Le fait que le terme Palestine ne puisse plus gu�re �tre revendiqu� par les Isra�liens et que celui de Jordanie (trans et cis) ne suffise pas, indique que les Isra�liens ont perdu la guerre des noms, successivement celle autour du nom Jordanie, et celle autour du nom Palestine.

La guerre de 1948 conduisit � des transferts de population qui, a priori, �taient de toute fa�on impliqu�s par le plan de partage mais probablement dans une moindre mesure que s�il n�y avait pas eu guerre. Ce qui explique le maintien en Isra�l d�une minorit� arabe importante, bien plus consid�rable que la minorit� juive dans la Palestine sous contr�le arabe.

Au vrai, cette id�e de partage pose bien des probl�mes�: celui des minorit�s, des nationalit�s et donc des transferts, selon le pr�c�dent gr�co-turc. Ce qui a compromis en partie le projet du Foyer National Juif en Palestine, c�est qu�on se trouvait dans une situation virtuelle. Il ne s�agissait pas seulement d��changer des populations entre deux �tats, mais d�accueillir des populations venant d�ailleurs et difficiles � estimer puisqu�il �tait hors de question de faire venir en Palestine tous les Juifs pas plus d�ailleurs que l�on ne pouvait se limiter � ceux qui �taient d�j� install�s. Rappelons, en tout cas, la formule pr�sente dans les textes d�terminant le cadre du mandat britannique�: ���tant bien entendu que rien ne sera fait qui puisse porter pr�judice (..) aux droits et au statut politique dont jouissent les Juifs dans tout autre pays��. Le projet du Foyer, on le voit, n�envisageait nullement que les Juifs deviennent ipso facto des ���trangers�� dans les pays o� ils se trouvaient. Cela valait d�ailleurs pour les Juifs dans le monde arabe dont il n��tait pas question qu�ils soient expuls�s, la proc�dure de transfert, non pr�vue � l�origine, ne pouvant jouer qu�au sein de la Palestine du mandat. Or, le d�part, plus ou moins forc�, des Juifs des divers �tats du Monde arabe ne saurait trouver dans les textes sus nomm�s, une quelconque justification.

Quant au partage actuellement envisag�, il est peu probable qu�il conduise � un important transfert de population. A priori, les juifs peuvent vivre au sein d�un �tat arabo-palestinien tout comme des arabes au sein d�un �tat jud�o-palestinien, �tant entendu, comme le pr�voient d�ailleurs les textes, de mettre en place un statut des minorit�s. Quant au retour de juifs ou d�arabes, dans les r�gions dont ils sont partis, cela irait � l�encontre du principe du transfert, lequel d�ligitimise une telle revendication.

Cependant, si le mandat britannique sur la Palestine justifiait une �migration juive vers la Palestine � ce qui est le vrai sens de Foyer National Juif � il ne pr�voyait pas a priori une ��loi du Retour�� en faveur des arabes de Palestine, non seulement occidentale mais aussi orientale (Jordanie). Il n��tait pas pr�vu, en effet, la cr�ation d�un Foyer National Arabe en Palestine. Ces deux �tats arabo-palestiniens ne peuvent a priori int�grer que des r�fugi�s musulmans de la partie isra�lienne, dont on sait que nombreux demeurent dans des camps.

Est-ce que l�ONU a pr�vu que le nouvel �tat Juif ait � nouveau vocation � �tre un Foyer National Juif�? Si l�ONU s�est content� de demander l�instauration d�un �tat Juif et d�un �tat arabe en Palestine occidentale, il n�est alors pas certain que la Loi du Retour puisse s�appliquer vis � vis de juifs n�appartenant pas aux deux Palestines arabes. Or, un passage semble devoir mettre fin � un tel doute�: ��La puissance mandataire (c�est � dire encore l�Angleterre) fera tout ce qui est en ses pouvoirs pour assurer � une date aussi rapproch�e que possible et en tout cas le Ier f�vrier 1948 au plus tard, l��vacuation d�une zone situ�e sur le territoire de l��tat Juif (tel que d�limit� par le plan de l�ONU) et poss�dant un port maritime et un arri�re-pays suffisant pour donner des facilit�s n�cessaires en vue d�une immigration importante�� (R�solutions adopt�es sur le rapport de la commission ad hoc charg�e de la question palestinienne. R�solution adopt�e par l�Assembl�e G�n�rale (de l�ONU) au cours de sa 128e s�ance pl�ni�re, le 29.11.1947). Ainsi cet �tat Juif, s�il est limit� g�ographiquement � et il l�est sensiblement plus alors que ce qu�il �tait encore � la veille de la Guerre des Six Jours � ne l�est nullement en ce qui concerne sa population, sa vocation principale �tant l�accueil de tous les juifs du monde entier amen�s � devoir s�y installer, pour quelque raison que ce soit, de leur plein gr� ou en raison de pers�cutions.

On nous objectera que la Jordanie n�est pas mentionn�e par l�ONU mais c�est pourtant bien la Jordanie qui a annex� une partie de la Palestine occidentale, ce qui la repla�ait ipso facto dans le cadre du projet du mandat britannique en Palestine.

En ce qui nous concerne, nous pensons que le seul texte qui fasse r�f�rence est celui du Trait� de S�vres et documents de la Soci�t� des Nations. Il est clair qu�en filigrane se profilait d�j� � l��poque l�id�e d�un �tat est-palestinien ne servant pas de Foyer National Juif ou plut�t pas dans un premier temps. En revanche, dans la Palestine Occidentale, le Foyer National Juif pouvait se mettre en place sans aucune restriction, ce qui englobe la Cisjordanie ou la ��Palestine��. On ne saurait donc contester aux ��colons�� le droit de r�sider en Cisjordanie, puisque celle-ci ne rel�ve pas des exceptions de l�article 25 qui ne concernent que la Palestine orientale du mandat.

Que le terme Palestine ait �t� utilis�, dans les dits textes, d�une fa�on discutable et qu�il ne soit pas appropri� pour d�signer les territoires � l�Est du Jourdain importe peu, d�s lors que l�on sait de quoi on parle. A la diff�rence des autres �tats arabes, le sort de la Jordanie, en tant qu��tat � part enti�re, n��tait nullement r�gl� par le Trait� de S�vres qui concernait le sort des populations non turques, il n�appara�t que dans le cadre du mandat britannique sur la Palestine o� son ind�pendance n�est nullement envisag�e. Celle-ci ne trouve au demeurant, dans le dit article 25, sa sp�cificit� qu�en tant que r�gion susceptible d��chapper � la Loi du Retour, pr�vue par la constitution d�un Foyer National Juif. Cela ne signifie pas qu�elle ne puisse accueillir, en revanche, des descendants des juifs d�j� pr�sents en Palestine avant 1917 et qui ne sont pas vis�s par cette restriction.

En revanche, on ne saurait exclure que le dit Foyer National Juif ne soit pas plac� sous protection internationale, comme il �tait pr�vu avec l�Angleterre laquelle peut �tre remplac�e par une autre puissance, qui exercerait en quelque sorte un mandat de l�ONU sur la Palestine. Il ne faut pas oublier, en effet, comme nous le rappelions plus haut, que cette r�gion est sp�ciale, qu�elle a vocation, par son histoire, � assumer un caract�re international.

Il est regrettable que la cr�ation de la Transjordanie, future Jordanie, par les Anglais, ne se soit pas accompagn�e d�un transfert de population, selon le mod�le gr�co-turc, les Arabes de Palestine occidentale �migrant en Palestine orientale. Il y a eu l� une cote mal taill�e. S�il en avait �t� ainsi, les Anglais n�auraient pas eu, pour m�nager les arabes de Palestine occidentale, � limiter l�afflux des Juifs fuyant les pers�cutions et la Shoah n�aurait non seulement pas pris les proportions qu�on lui conna�t mais n�aurait probablement m�me pas eu lieu. On sait en effet que les Allemands ne s�engag�rent, fin 1941, dans une politique d�extermination que du fait de l�impossibilit� d��vacuer leur population juive hors d�Europe. Entre le drame d�un transfert de quelques centaines de milliers d�arabes vers la Palestine orientale, rejoignant ainsi leurs fr�res, et .celui de l'an�antissement non seulement de six millions de Juifs mais des souffrances des survivants, il n�y a pas, nous semble-t-il, de commune mesure et la douleur juive semble bien d�valu�e, de ce fait, par rapport � la douleur arabe.

On peut d�ailleurs se demander si l�id�e de partage est concevable de nos jours, si elle n�appartient pas � un contexte qui est celui de la premi�re moiti� du XXe si�cle. A l��poque, le partage s�accompagnait, on l�a vu pour le cas gr�co-turc qui faisait alors r�f�rence, d�un transfert de population. Au demeurant, comme le notait Herzl, dans son �tat Juif (voir notre r��dition, Feyzin, Ramkat, 2002), la solution de la question juive ne passait-elle pas par un transfert d�une partie de la population juive en Palestine (ou ailleurs) et le mandat britannique sur la Palestine impliquait une �migration juive c�est � dire bel et bien un transfert. De nos jours, d�aucuns parlent toujours de partage mais plus de transfert de population, ni c�t� �migration arabe hors d�Isra�l, ni c�t� immigration juive en Palestine. En revanche, il est question du retour des r�fugi�s arabes en Isra�l. Or, il nous semble bien que l�id�e consistant � s�parer deux populations occupant un m�me espace selon des crit�res religieux ou autres de fa�on � diviser le dit espace en deux implique de se donner les moyens de parvenir � une certaine homog�n�it� au sein des deux zones ainsi constitu�es. Nous serions en faveur d�une formule pas de partage sans double transfert (des juifs vers Isra�l et des arabes hors d�Isra�l.). Autant, si l�on ne peut parvenir � un tel accord refuser tout partage car il y a d�j� eu le partage de la Palestine avec la formation de la Transjordanie, puis on est pass� au partage de la Palestine occidentale avec la formation de la Cisjordanie. Et une fois ce partage acquis, on s�acheminera vers un troisi�me partage, celui d�une partie de la Galil�e o� r�side la minorit� arabo-isra�lienne. Puisque apparemment personne ne veut plus entendre parler de transfert de population, autant dans ce cas l� renoncer � cr�er un second �tat arabe dans la Palestine du mandat � le premier ayant �t�, d�s les ann�es Vingt ce qui deviendra la Jordanie � et se diriger vers une formule f�d�rative, comportant des r�gions administrativement dirig�es par des arabes, au sein d�un �tat f�d�ral contr�l� par les Juifs. Parler de partage sans transfert, c�est vouloir conduire une voiture sans acheter d�essence. Si le transfert est une id�e obsol�te, c�est ipso facto �galement le cas du partage, id�e qui fut un temps ch�re aux Anglais. Apparemment, les temps ont chang� et de facto les juifs ont du quitter les pays arabes et sont tr�s peu nombreux en Cisjordanie, alors que les arabes constituent en Palestine occidentale (Cisjordanie comprise) une portion importante de la population globale. D�s lors, la notion de transfert de population appara�t comme �tant � sens unique puisque ce des arabes r�sident dans la zone juive et fort peu de juifs � hormis le cas des ��colons�� en Cisjordanie et essentiellement en bordure � dans la zone arabe, puisque les juifs qui immigrent dans la r�gion se dirigent uniquement vers la zone dite juive. Tout se passe comme si les plans qui �taient acceptables dans les ann�es Trente-Quarante ne le sont plus maintenant.

Certes, le monde juif a-t-il une dette de reconnaissance envers la Grande Bretagne qui a cherch� � la fin de la Premi�re Guerre Mondiale � n�gocier avec le monde arabe � il ne faudrait pas l�oublier � un accord sur la ��reconstitution�� d�un Foyer National Juif, dans une r�gion dont le statut historique �tait de toute fa�on exceptionnel et avait vocation � accueillir des populations non musulmanes. Le malheur, c�est que les Anglais ont d�missionn� du fait probablement de ces liens avec le monde arabe. La formule du Livre Blanc, des trois tiers � de 1939 n��tait pas, du moins provisoirement, si mauvaise que cela, � ce d�tail pr�s qui g�chait tout, que l�on avait fix� que la population juive ne pouvait d�passer le tiers de l�ensemble de la population de la Palestine Occidentale, ce qui �tait trahir � l��vidence le projet d�instauration d�un Foyer Juif, accueillant, sans restriction, les Juifs en qu�te de refuge.

Nos entretiens avec certains ressortissants arabes, tant chr�tiens que musulmans, font ressortir une volont� d��dulcorer les textes relatifs � l�installation d�un Foyer Juif en Palestine, niant ainsi le caract�re prioritaire de solution de la question juive, dans un lieu sur lequel au demeurant le monde chr�tien avait toujours pr�serv� un droit de regard. On ne saurait en revanche contester que du point de vue arabe, une telle politique soit typique d�un esprit colonialiste. Ainsi, en remettant en question le projet Balfour et ses avatars institutionnels (S�vres, SDN, ONU), le monde arabe ne cherche-t-il pas, par Isra�l interpos�, � prendre sa revanche sur des relations qui furent longtemps l�onines�?

Un autre argument tient au distinguo entre Foyer Juif et �tat Juif. En ce qui nous concerne, nous regrettons que l�ONU ait renonc� au syst�me du mandat dans cette r�gion. On a vraiment l� affaire � une attitude � la Ponce Pilate�: que les parties se d�brouillent entre elles�! Nous ne verrions, pour notre part, aucun inconv�nient � ce qu�Isra�l soit requalifi� par les instances internationales de Foyer Juif ni d�ailleurs � un retour aux termes du Trait� de S�vres de 1920. Que l�Union Europ�enne, par exemple, exerce un tel mandat, dans un tel but, sur la Palestine occidentale nous semblerait une heureuse issue et serait dans la continuit� des mandats fran�ais et anglais sur une r�gion qui fut l�aboutissement des Croisades. Bien entendu, cela devrait inclure les lieux saints se trouvant en Cisjordanie, notamment Bethl�em. � ce propos, force est de constater que la diff�rence effectu�e entre Palestine Orientale (Transjordanie) et Occidentale semble tenir au fait que les Lieux Saints du christianisme se situent dans la partie Occidentale et gu�re dans la partie au del� du Jourdain. D�ailleurs, quand on �tudie le plan de partage britannique, on observe une tripartition de la Palestine occidentale, une partie continuant � incomber � la puissance mandataire. Pourquoi ne pas imaginer un syst�me qui conserverait � l��tat d�Isra�l sa dimension telle que d�finie dans les Accords d�Oslo et placerait sous mandat europ�en la Cisjordanie et J�rusalem Est, l�actuelle Jordanie constituant �tatiquement le p�le arabe. Et ce �ventuellement au sein d�un ensemble conf�d�ral.

Mais comment s�emp�cher de rapprocher le partage de la Palestine de l�Anschluss nazi de 1938�? Faut-il rappeler que c�est pr�cis�ment � l��poque des Accords de Munich, o� les Anglais �taient partie prenante, que l�id�e du partage s�est impos�e. Mais s�agit-il d�un partage ou bien plut�t de la revendication pour le monde arabe d�une partie de la Palestine � majorit� arabo-musulmane tout comme les Sud�tes �taient une partie � majorit� germanophone d�une Tch�coslovaquie n�e au lendemain de la Premi�re Guerre Mondiale des ruines de l�Empire Austro-hongrois � l�instar de la Palestine du mandat, n�e des ruines de l�Empire Ottoman�? Il ne s�agit nullement ici d�un processus nationalitaire de la part des arabes de la Palestine occidentale du mandat mais bien d�une revendication arabe, au nom de son Lebensraum, dont nous avons montr� qu�il s�agissait d�une spirale conduisant � la revendication d�annexion d�une partie de la partie de la Galil�e � majorit� arabe. Il y aurait processus nationalitaire si la partie arabophone de la Palestine n��tait pas limitrophe avec le monde arabe. Il se trouve que lors de l�Anschluss arabe de 1948 puis de 1967, c��tait l��tat attaqu� qui l�avait emport�, comme si la Tch�coslovaquie en 1938 avait repouss� l�arm�e allemande. Comment ne pas d�s lors comparer les Accords de Madrid/Oslo avec ceux de Munich, permettant ainsi d�annexer les ��Sud�tes�� de Palestine, par la seule force de la diplomatie�? Le principe de la Palestine du Mandat tout comme celui de la Tch�coslovaquie ne pr�voyait pas d�anschluss, on avait consid�r� qu�il y avait �dification d�un �tat comportant des minorit�s tout comme l�Alsace est partie int�grante de la France en d�pit de sa germanophonie. Nous, juifs fran�ais, et qui plus est si nous sommes alsaciens, nous sommes bien plac�s pour nous m�fier de la logique de l�Anschluss qui nous a priv� de l�Alsace pendant pr�s d�un demi-si�cle, de 1870 � 1918�! Pourquoi les arabes de la Palestine du mandat ne seraient-ils pas les Alsaciens du Moyen Orient�?

D�une certaine fa�on, la question palestinienne est avant tout europ�enne � et nullement am�ricaine, les �tats Unis n�ayant pas �t� membres de la SDN. Les Juifs dont il s�agissait, les premiers concern�s par le Foyer, ne venaient-ils pas d�Europe�? Cette Europe qui avait affirm� ses droits sur la Palestine lors des Croisades. Les mandats accord�s par la SDN n�avaient-ils pas �t� accord�s exclusivement � des �tats Europ�ens�? Une Europe qui avait entretenu pendant des si�cles des relations complexes avec l�Empire Ottoman, comme en t�moigne la Guerre de Crim�e qui vit la France et l�Angleterre d�fendre la Turquie contre la Russie. Une Europe qui avait commenc� � prendre le relais de la Turquie, comme ce fut le cas de la France en Alg�rie, en 1830. Il y a bien eu l� d�possession, en 1945/1947 par les �tats Unis � et le fait que le si�ge de l�ONU soit � New York est symbolique � des droits historiques de l�Europe que les �tats Unis n�ont aucun scrupule � brader.

La question palestinienne � car la question juive d�passe largement ce cadre l� �! � nous appara�t d�s lors comme une ligne de clivage majeure entre l�Europe et les �tats Unis. Il conviendrait d�ailleurs de rester fid�le � la notion de Foyer Juif. Rien n�emp�che d�envisager qu�une partie des Juifs du dit Foyer ne retourne en Europe, eux ou leurs descendants. Rappelons enfin que si le monde arabe peut protester contre cette pr�sence des juifs europ�ens en son sein, un nouvel argument est apparu depuis quelques d�cennies, � la suite de la d�colonisation �: la pr�sence des �migr�s musulmans en Europe. Les temps changent�!

Il ne s�agit nullement, cependant, par nos analyses, de laisser entendre que nous adopterions la th�se d�une n�cessit� pour les Juifs d��migrer en Isra�l (cf. notre texte sur les Juifs entre Chr�tient� et Islam). Pendant longtemps, d�ailleurs, les juifs ont circul� d�un pays europ�en � l�autre et la Turquie � dont la Palestine a fait partie des si�cles durant � a jou� un r�le de refuge depuis l��poque de l�Expulsion des Juifs d�Espagne en 1492. On sait � quel point la France aura servi aussi de refuge pour ces Juifs de l�Est de l�Europe comme du Maghreb et d�autres anciennes possessions turques, sans oublier la Turquie elle-m�me, stricto sensu. Il y a bien ainsi une symbiose, un �cosyst�me, entre l�Europe et l�ancien empire ottoman, laquelle passe aussi par la gestion de la question juive � et pas seulement en Isra�l � qui reste une donn�e majeure de la civilisation m�diterran�enne au sens large.

J. H.

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