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�volution des id�es sur le R�ve-�veill� de Robert Desoille
par Jacques Launay
lundi 27 juin 2016, par
Le r�ve-�veill� en psychoth�rapie a �t� initi� en 1925 par Robert Desoille (1890-1966) et a connu depuis des �volutions tant au niveau des recherches de son auteur que de celles de ses successeurs. Ces �volutions se traduisent dans les d�nominations successives de la m�thode et de l’Association groupant ses praticiens�:
Ces �volutions se traduisent dans les d�nominations successives de la m�thode et de l’Association groupant ses praticiens�:
On ne peut comprendre la sp�cificit� du " R�ve-�veill� en Psychanalyse " d’aujourd’hui sans envisager l’�volution de Desoille lui-m�me qui n’a cess� de se comporter en v�ritable chercheur de 1925 � sa disparition en 1966. Mais au pr�alable faut-il pr�ciser que le r�ve-�veill� n’a pas �t� invent� par Desoille bien que depuis 1938, ann�e de publication de son premier ouvrage, son nom y soit imm�diatement associ� et m�me encore aujourd’hui.
En soi, le r�ve �veill� est une manifestation de l’onirisme humain � l’�tat de
veille connu depuis longtemps. Desoille en avait d�couvert l’existence apr�s
avoir lu les exp�riences de Flournoy avec son m�dium H�l�ne Smith dans son
ouvrage Des Indes � la plan�te Mars (1899).
On conna�t aussi les exp�riences de Janet provoquant des cauchemars hyst�riques sous hypnose, la " technique d’imagerie solitaire " de L�on Daudet, qui publie en 1925�: Le r�ve �veill�.
On peut citer aussi un auteur allemand, Karl Happich qui publie en 1922 une " m�thode de surgissement d’images " dans une optique m�ditative et Carl Gustav Jung qui utilise " l’imagination active ".
Desoille s’est int�ress� depuis son adolescence aux manifestations de
transmission de pens�es, comme il le relate dans son ouvrage de 1938. Avant la guerre de 14-18, il entreprend des �tudes de psychologie � la Sorbonne qu’il
doit abandonner �tant mobilis�. En 1923, il est attir� par un opuscule intitul�
�: M�thode de d�veloppement des fonctions supra-normales d’un certain
Eug�ne Caslant, qui y relatait des exp�riences de mont�es et de descentes dans l’imaginaire � des fins plus ou moins �sot�riques (comme c’�tait bien la mode � l’�poque). Desoille le rencontre et exp�rimente avec lui durant deux ann�es.
C’est alors qu’il per�oit tout l’int�r�t de cet onirisme � l’�tat de veille pour
l’investigation psychologique et pour la r�solution des conflits intra-psychiques par la mise en mouvement de l’imaginaire et la recherche de " la sublimation des instincts ", se d�gageant totalement des projets occultistes de Caslant.
Il publie les r�sultats de sa recherche dans son premier ouvrage de 1938
Exploration de l’affectivit� subconsciente par la m�thode du r�ve �veill�,
avec pour sous-titre Sublimation et acquisitions psychologiques. Si, par la
suite, il �voluera dans l’interpr�tation th�orique qu’il donnait � sa m�thode,
il restera toujours attach� � deux �l�ments qui lui apparaissaient essentiels�:
On peut dire que Desoille a eu l’intuition tout � fait originale d’une
utilisation de l’imaginaire mis en mouvement qui se diff�rencie des autres modes d’acc�s � l’inconscient, m�me s’il n’adh�rait pas, comme nous le verrons, � la notion stricte d’inconscient freudien.
INCONSCIENT, voila bien un des probl�mes de pol�mique � propos de Desoille, � qui l’on reproche de s’�tre trop pr�occup� des " images " et pas assez de l’inconscient, en particulier de ses avatars dans le transfert. Personnellement, je ne partage pas ce point de vue, sauf � vouloir plaquer sur une pratique des th�orisations appartenant � une autre.
On peut citer ce qu’il �crivait en prologue � son dernier ouvrage publi� de son
vivant�: Th�orie et pratique du r�ve �veill� dirig�, (1961)�: " Le r�ve
�veill�, �tat interm�diaire et nuanc� entre l’�tat de veille et l’�tat de
sommeil, entre le " physiologique " et le " psychique " est, par essence, le reflet de ce r�servoir in�puisable o� le sujet a accumul�, depuis sa naissance, ses angoisses, ses craintes, ses d�sirs, ses exp�riences, lesquels demeurent, en tout �tat de cause et face au monde ext�rieur, les facteurs d�terminants de son comportement ". Reflet, r�servoir in�puisable, angoisses, d�sirs, depuis la naissance, voila bien des expressions qui nous renvoient � la notion d’inconscient (qui, il faut le pr�ciser, n’est pas une invention de Freud comme le montre bien l’ouvrage de Lancelot Whyte�: L’inconscient avant Freud, 1960). Par contre, l’apport g�nial de Freud a �t� de proposer des hypoth�ses de fonctionnement de l’inconscient en lien avec une pratique bien pr�cise, qui n’�tait pas celle de Desoille.
� propos des rapports du r�ve-�veill� et de l’inconscient, on peut �galement
citer Jacques Chazaud, psychanalyste, qui �crivait dans une analyse du dernier
ouvrage posthume de Desoille�: Entretiens sur le R�ve �veill� dirig� en
psychoth�rapie, (1973)�: " Tout lecteur de bonne foi... reconna�tra que le
r�ve-�veill� de Desoille est la seule trouvaille qui compte depuis Freud ". En effet, si, � la fin du chapitre VII de la Traumdetung, il y a une esquisse de
r�ve-�veill�, cette voie n’a �t� ni explor�e, ni approfondie par Freud. Celui-ci
note seulement dans�: Le mot d’esprit dans ses rapports � l’inconscient,
(1905), l’importance de la r�gression dans le passage aux images visuelles et
dans�: Le moi et le �a, (1923), le fait que la pens�e en images est plus
proche des formations inconscientes que le langage verbal.
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LES RAPPORTS DU R�VE-�VEILL� ET DE LA PSYCHANALYSE
Ils ont �t� particuli�rement �tudi�s dans un article tr�s fouill� et document�
de Jacques Natanson intitul�: Le R�ve-�veill�, la psychanalyse et l’�volution
culturelle en France, (in �tudes Psychoth�rapiques, 1985, n�61). Il cite le
livre de Denise Saada�: L’h�ritage de Freud, (1966) dans lequel celle-ci
classe sans h�sitation le r�ve �veill� dirig� de Desoille comme faisant partie
de cet h�ritage, m�me s’il s’en �carte sur le plan pratique. Elle le range parmi
les tentatives de simplification de la technique psychanalytique, trop longue et
complexe dans un certain nombre de cas, au m�me titre que la " m�thode active " de Stekel et les " psychoth�rapies br�ves " d’Alexander. Mais selon elle�: " La m�thode du R�ve-�veill� repose sur les m�mes bases th�oriques que la psychanalyse ".
Jacques Natanson rappelle ensuite les liens qui unissaient Robert Desoille et
Juliette Favez-Boutonier, qui consacre le chapitre VI de son ouvrage�:
L’angoisse, (1945), � la " gu�rison de l’angoisse " par la m�thode du r�ve-�veill�. Elle explique pourquoi le R.E. qui parle le langage de
l’inconscient a des effets th�rapeutiques m�me sans interpr�tation�: " C’est parce que l’angoisse est 1i�e � des images qui se cristallisent en symboles, et l’affleurement de ces images dans le r�ve-�veill� r�alise d�j� un certain d�foulement ". Par ailleurs�: " Il n’y a pas d’analyse sans synth�se et le r�ve-�veill� de Desoille souligne le c�t� synth�tique de la th�rapeutique. "
Des liens existent �galement entre Desoille et Fran�oise Dolto, Lagache, Nacht,
mais aussi avec Gaston Bachelard, qui n’�tait pas particuli�rement favorable �
la psychanalyse freudienne. On peut comprendre ainsi que�: "le R�ve-�veill�, dans les ann�es 1945-1965, se situait dans le courant de recherches d’orientation � la fois psychanalytiques et ph�nom�nologiques qui se faisait jour en France � cette �poque ". Jacques Natanson ajoute�: " M�me s’il se d�marque de la psychanalyse - ce qu’il fit notamment dans son ouvrage de 1950�: Psychanalyse et r�ve-�veill� dirig� - Desoille se situe par rapport � elle, il en tient compte, il la suppose, m�me s’il essaie de faire autre chose. " Comme le notent, en 1967, J. Deniau, P. Garnier et J. Levine�: " … l’adoption des grands points de vue freudiens n’entra�nent pas n�cessairement celle de la pratique freudienne ". Et de rappeler qu’� cette �poque, les scissions et les affrontements au sein du courant freudien portent autant sur la pratique que sur la th�orie.
" C’est donc le mouvement psychanalytique dans son ensemble qu’il s’agit de situer dans la culture fran�aise " et Jacques Natanson rappelle les diff�rents d�veloppements de la psychanalyse en France depuis les pionniers, Mme�Sokolnicka, Loewenstein, Marie Bonaparte, Ren� Laforgue, jusqu’� Lacan et leur inscription dans la culture fran�aise. Il montre comment durant cette p�riode de 40 ans,�: " … la culture de notre pays a �t� successivement marqu�e par quatre �tapes�:
- - l’humanisme�;
- - l’�re du soup�on�;
- - le structuralisme�;
- - le retour du sujet."
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Pour en revenir � Desoille, il montre comment il en est venu � s’inspirer d’abord de Jung, puis � s’orienter vers Pavlov et une interpr�tation physiologique de l’imaginaire. Desoille s’appuie sur une citation de Freud d’apr�s laquelle�: " L’�difice th�orique de la psychanalyse, que nous avons cr��, n’est qu’une superstructure que nous devons asseoir sur sa base organique. Mais cela ne nous est pas encore possible " (in Introduction � la psychanalyse). Desoille pense que c’est possible gr�ce aux travaux de Pavlov�: " Tout se passe donc comme s’il essayait de reprendre � son compte une des orientations possibles de la psychanalyse, celle du Freud anatomo-physiologiste... qui n’aurait jamais renonc� � mettre ses espoirs dans une chimie du cerveau. Tout se passe aussi comme si les sympathies politiques de Desoille, sur la fin de sa vie, l’avaient orient� dans cette direction ".
A propos de l’�volution g�n�rale des psychoth�rapies par rapport � la psychanalyse, Jacques Natanson montre comment, dans la p�riode 1970-1980, les divers courants, allant de la psychoth�rapie rog�rienne au psychodrame en passant par la psychoth�rapie institutionnelle, se posent la question de savoir�: " … si elles peuvent se maintenir en dehors d’une prise en compte de l’essentiel de la d�marche analytique, � savoir la verbalisation, l’interpr�tation et le transfert ". Il lui semble que le r�ve-�veill�, dans ce contexte, a subi une �volution analogue.
Dans un autre article Robert Desoille et la psychanalyse paru dans le num�ro du Centenaire, J. Natanson ajoute�: " Desoille, tout en rendant souvent hommage � Freud et aux acquis de la psychanalyse, ne comprend pas bien ces acquis et ses critiques r�sultent pour une part de cette incompr�hension ". " On peut penser que Desoille, � s’appuyer sur un biologisme inspir� de Pavlov, a manqu� la possibilit� d’un retour � Freud ax� sur l’importance donn�e au langage ".
Gilbert Maurey, en 1973, avait montr�, de son c�t�, toute l’ambigu�t� qu’il peut y avoir � consid�rer le r�ve-�veill� comme rattach� � tel ou tel syst�me pr�-explicatif�: "Pour en revenir � Desoille, celui-ci n’a peut-�tre jamais retenu l’id�e qu’il pourrait �tre ni jungien, ni pavlovien, mais tout simplement lui-m�me".
G. Maurey, dans son ouvrage�: Les cousins du r�ve, (1992), a montr� comment un �l�ve de Desoille, Marc GUILLEREY (1895-1954) a pris d’embl�e une orientation analytique dont il avait pr�alablement une exp�rience personnelle. Il utilise le r�ve-�veill� comme une " technique d’associations libres sur le plan des images ", consid�rant que sa m�thode passe �galement par la " prise de sens ", par la mise en mots des images - ce qui existe bien aussi chez Desoille�! Le transfert n’est pas consid�r� comme ayant un r�le aussi important qu’en psychanalyse, l’image ayant aussi une fonction sur ce plan � travers des " projections diverses " - chez Desoille aussi, me semble-t-il. Pour Maurey, Guillerey serait le v�ritable pr�curseur du r�ve-�veill� en analyse. On conna�t sa m�thode et sa th�orisation par son �l�ve Gabrielle Charbonnier, qui a publi� un article en 1966 dans la revue L’�volution Psychiatrique et un ouvrage�: Le maniement psychanalytique de l’image (ESF 1970).
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L’�VOLUTION TH�ORIQUE DE DESOILLE
Elle se suit ais�ment dans ses diff�rents ouvrages publi�s de son vivant�:
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- 1938�: Exploration de l’affectivit� subconsciente. Sublimation et acquisitions psychologiques, (J.L.L.d’Artrey)
- 1945�: Le r�ve-�veill� en psychoth�rapie. Essai sur la fonction de r�gulation de l’inconscient collectif, (PUF.) dans lequel appara�t le terme de "r�ve �veill� dirig�" sur le conseil de G. Bachelard pour le d�marquer d’autres utilisations non th�rapeutiques.
- 1950�: Psychanalyse et r�ve-�veill� dirig�, Imprimerie Comte-Jacquet, prenant pour guide la critique de Politzer et o� pointe d�j� une vision pavlovienne de la n�vrose�: "La cure des n�vroses par le r�ve-�veill� dirig� implique donc, non seulement une r�flexion du sujet sur son pass� affectif, mais aussi un entra�nement � acqu�rir de nouveaux automatismes adapt�s aux conditions de la vie r�elle".
- 1955�: Introduction � une psychoth�rapie rationnelle, (L’Arche �dit.), dans lequel s’affirme son orientation pavlovienne en lien avec la revue La Raison et les Cahiers de M�decine Sovi�tique, � conotation id�ologique sous des apparences scientifiques.
- 1961�: Th�orie et pratique du r�ve-�veill� dirig�, �ditions du Mont-Blanc, dans lequel il tente une synth�se entre les processus inconscients et la th�orie pavlovienne du " double niveau de signalisation ".
En ce qui concerne la verbalisation, l’interpr�tation et le transfert chez
Desoille, ils sont nettement envisag�s dans le dernier ouvrage de 1961 "Th�orie et pratique du r�ve �veill� dirig�" mais d’une fa�on toute personnelle�:�verbalisation du sc�nario imaginaire qui est de moins en moins "dirig�" le th�rapeute se limitant � de "simples stimuli de l’imagination" et r�daction du sc�nario v�cu par le patient pour servir � l’interpr�tation seconde�;
�interpr�tation des symboles du R.E. dans une optique essentiellement jungienne�;
�transfert faisant l’objet d’un long chapitre avec discussion de l’intervention
de Lagache � la XVIe conf�rence des psychanalystes de Langue fran�aise de 1951. Apr�s l’�vocation d’exemples cliniques, il concluait�: "Nous retiendrons que dans la plus grande partie des cas (98%) la "situation de transfert" est v�cue symboliquement dans le r�ve-�veill�. Elle est �galement r�solue symboliquement en invitant le sujet � modifier son attitude dans la situation symbolique du r�ve �veill� et en l’amenant progressivement � prendre, en face de cette situation, l’attitude bien adapt�e d’un adulte ma�tre de soi".
Voila bien une conception radicalement diff�rente de l’attitude psychanalytique
mais le probl�me n’est pas �lud�. Le ressort de la cure reste � la fois dans une
interpr�tation surtout jungienne, dans le domaine de l’abr�action et de la
transformation des st�r�otypes dynamiques.
On aimerait, � ce propos citer D. Widl�cher qui �crivait en 1971 dans un article
intitul� "R�flexions d’un psychanalyste sur le r�ve-�veill� dirig�" (Etudes Psychoth�rapiques n�4-5)�: "La pratique qui nous est propos�e se d�finirait comme proche de l’analyse par l’�tendue de l’insight recherch�e, assez diff�rente sur le plan de la relation (en raison d’une t�che),
naturellement diff�rente si l’on consid�re la t�che elle-m�me, quant aux degr�s
de directivit� il ne serait pas sensiblement diff�rent".
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COMMENT L’HISTORIQUE INSTITUTIONNEL EST PONCTU� PAR LES �VOLUTIONS TH�ORIQUES
�tudions maintenant comment les �volutions institutionnelles s’articulent avec
les �volutions th�oriques et les rapports du r�ve-�veill� avec la psychanalyse.
Cr�ation en 1968 du GIREDD, dans le but d’approfondir les ressorts cliniques
dans le domaine des th�rapies d’adultes, d’adolescents et d’enfants. P�riode qui ira jusqu’en 1982, et qui sera marqu�e par�:
- en 1970, le d�but de la revue �tudes Psychoth�rapiques, organe officiel du Groupe o� sont publi�s de nombreux travaux portant exclusivement sur le r�ve-�veill� dirig�;
- en 1971 et 1973, la publication de deux ouvrages posthumes de
Desoille � partir de manuscrits confi�s � Nicole Fabre et mis en forme
par elle�:
- Marie-Clotilde, une psychoth�rapie par le r�ve-�veill� dirig�. Un cas de n�vrose obsessionnelle, relations de s�ances et commentaires, Payot, 1971.
- Entretiens sur le r�ve �veill� dirig� en psychoth�rapie, Payot, 1973. - la publication de SEPT OUVRAGES par des membres du GIREDD et qui marquent chacun des �volutions th�oriques importantes�:
- 1970�: Le r�ve-�veill� dirig�, une
m�thode de psychoth�rapie analytique, ESF, par Myriam
Fusini-Doddoli, �l�ve italienne de Desoille (Venise). Sans rien
changer � la pratique desoillienne, elle �tudie les rapports entre
R.E.D. et psychanalyse � travers la fonction du fantasme, les
relations entre le r�el et l’imaginaire, le traitement du transfert
qui, selon elle, se pose dans les m�mes termes qu’en psychanalyse, seul "capable de permettre la rem�moration des probl�matiques inconscientes".
� - 1973�: Le triangle bris�. Trois
psychoth�rapies d’enfants par le r�ve-�veill� dirig�,
Payot, par Nicole Fabre. Titre bien �vocateur de la prise en compte
de la triangulation œdipienne. Outre les modalit�s techniques
propres � l’enfant, elle insiste sur le langage symbolique partag�,
le R.E.D. r�alisant une plong�e au cœur du syst�me de d�sir et la
mise en mouvement d’une dynamique de la fonction signifiante. Elle envisage aussi la dynamique de la relation � travers "�quivalence et
interd�pendance", "libert� et directivit�", "acceptation du travesti et �lucidation" dans des cures o� n’intervient pas une interpr�tation du mat�riel symbolique.
� - 1975�: Le r�ve-�veill�-dirig� et
l’inconscient, Dessart & Mardaga, par Jacques Launay,
Jacques Levine et Gilbert Maurey. Livre � trois voix�:
- J. Launay traitant de la gen�se et de la m�thodologie, avec �tude de la place de l’angoisse dans la cure et des rapports entre discours R.E.D. et fantasme�;
- J. Levine traitant de la fa�on dont le sc�nario R.E.D. et son analyse sont en prise sur l’inconscient, et des modalit�s de "m�tabolisation" des probl�matiques�;
- G. Maurey d�veloppant essentiellement la sp�cificit� de la relation.
J. Levine montrait comment, par cette utilisation de l’imaginaire et son analyse, il existe des "modifications intra-syst�miques du Moi" � travers les diff�rents personnages qui viennent se mettre en sc�ne sur le mode onirique et essaient de nouveaux modes r�solutoires par rapport � ce qu’il appelle "les v�cus de rupture".
G. MAUREY envisageait l’impact du R.E.D. sur la relation, le th�rapeute pouvant �tre d�sign� comme "un rep�re". Le R.E.D. constitue un "3e p�le relationnel" du fait qu’il est "le pivot de la cure". Le projet relationnel du th�rapeute est d�fini comme "d’�quivalence" renvoyant � son statut de "rep�re". Il agit en amont et en aval du R.E.D., ce qui situe les probl�mes relationnels de fa�on bien diff�rentes par rapport aux th�rapies � relation duelle non m�diatis�es. La notion "d’�quivalence" renvoie � celle "d’�gale valeur" sans �tre pour autant "synonyme d’�galit� ou d’identit�".
En ce qui concerne les rapports du R.E.D. et du fantasme, J. LAUNAY �mettait l’hypoth�se que "la dimension temporo-spatiale" du R.E.D. repr�sentait "l’espace du possible" et pas uniquement "l’espace du d�sir". Le R.E.D. puise au m�me r�servoir que le fantasme, c’est-�-dire l’inconscient, mais par la r�actualisation d’une pens�e qui a �t� fantasmatique. Le discours R.E.D. irait au-del� du fantasme pour restituer une probl�matique inconsciente dans un "langage archa�que".
On peut dire que cet ouvrage a marqu� un tournant important dans l’�volution de la th�orie concernant le R.E.D., introduisant dans sa compr�hension la notion d’inconscient freudien qui, il faut bien le dire, �tait r�cus� par Desoille, tout en lui gardant sa sp�cificit� en tant que mode d’acc�s aux probl�matiques et mode relationnel original.
C’est � cette �poque qu’il est d�cid� d’�crire R�ve-�veill�-Dirig�, avec des tirets, pour signifier qu’il s’agit d’un tout dont chaque �l�ment est indissociable des deux autres.
� - 1978�: �couter le r�ve. Le
r�ve-�veill�-dirig� analytique. Ecoute et rep�res de l’inconscient.
Po�sie et mythe en psychanalyse.
R. Laffont, par Roger Dufour.
Livre extr�mement riche et dense dans lequel l’auteur veut rester fid�le � Desoille (dont il a �t� l’�l�ve, comme tous les auteurs de cette g�n�ration) et donner � la cure R.E.D. le statut de v�ritable m�thode analytique.
Il insiste sur " l’intensit� �motionnelle " et l’importance du mat�riel affectif et symbolique�: " Le R.E.D. est un langage culturel occult� par ce qu’il est dans un rapport privil�gi� et dangereux avec l’inconscient. Il poss�de, comme le r�ve nocturne, la capacit� de r�v�ler les fantasmes inconscients, d’en fournir la grammaire et, � travers cette grammaire, de d�couvrir comment le sujet �crit sa vie et se constitue ".
Il introduit la notion de " r�ve-�veill� de situation " au cours duquel " le sujet est invit� � ressentir l’�prouv�, le laisser se montrer (images), le laisser se dire (acc�der � la parole), le voir et l’entendre effectivement pour l’int�grer, l’assumer et l’analyser �ventuellement."
Il ne s’agit pas, d’une fa�on g�n�rale, de rechercher " le-sens-cach�-derri�re " le manifeste, mais " le sens-latent-dedans " qui �tait non vu et non entendu. Il prend le terme d’anabase pour qualifier ce mouvement d’avanc�e vers l’int�rieur - ce mot poss�dant en grec le double-sens de marcher vers l’int�rieur et de faire aller vers l’ext�rieur, avec une coloration d’aventure.
Dans une optique en partie lacanienne, il insiste sur la fonction sp�culaire du R.E.D. qui, selon lui, constitue l’instrument op�ratoire de l’analyse R.E.D., le patient travaillant sur le rapport de la parole, du corps et de l’imaginaire (P.C.I.), rapport constitutif de la dynamique psychique.
Enfin, une analyse des rapports entre le langage R.E.D. et la l�gende, l’�pop�e, la fiction, lui fait consid�rer une " po�tique du R.E.D. " d�finie comme " action de faire ", dynamique structurante dans une " d�marche d’effraction progressive du sens ". Notion de " po�tique " qui sera reprise ult�rieurement par Nicole Fabre.
Roger Dufour insiste sur " l’�coute affectivo-structurale " centr�e sur les processus de structuration interne � la parole qui " int�gre dialectiquement les diff�rents niveaux du sujet ".
� - 1979�: Avant l’Œdipe.
R�ve-�veill�-dirig� et fantasmes archa�ques.
Masson, par Nicole Fabre. � partir de la cure d’un patient, Bertrand, elle montre comment le R.E.D. fait appara�tre des fantasmes archa�ques t�moins de phases tr�s r�gressives. Elle s’appuie sur les travaux de l’Ecole Anglaise (Winnicott, Masud Khan, Balint, Marion Milner) tout en �laborant une th�orie originale d�coulant de l’�coute et de l’observation clinique sp�cifiques aux cures R.E.D.
Pour elle�: " Le v�cu archa�que se situe aux confins de l’image et des sensations corporelles ". De cet inconscient dont les mots ne parviennent � rendre compte que de fa�on vague et impr�cise, elle d�gage des processus op�ratoires�: univers de fusion et de d�fusion, d’amour et de haine, d’explosion et de bien-�tre, d’angoisse et/ou de bonheur indicible. Univers o� le Moi et le non-Moi, l’ext�rieur et l’int�rieur se confondent. Monde d’avant la diff�renciation des sexes o� le sujet peut �tre masculin ou f�minin, voire sans sexe aucun. "
" Quels que soient les avatars qui se succ�dent, le sentiment de culpabilit� en para�t toujours absent, comme si celui-ci ne pouvait survenir que dans un conflit qui mette en jeu la rivalit�, c’est � dire une dimension œdipienne. Dans ces processus, il s’agit davantage de l’�laboration de l’angoisse existentielle, de la d�finition de l’identit� et de l’int�grit� corporelle � d�gager des impressions sensorielles."
" Le r�le du th�rapeute est longuement pr�cis�, � la fois analyste bonne-m�re qui accompagne le sujet au cours du r�ve-�veill� et le soutient dans ses efforts, mais aussi analyste mauvaise-m�re jetant au monde, arrachant de son univers chaleureux le patient-fœtus�; enfin analyste r�el, distinct du th�rapeute fantasm� en r�ve-�veill� et garant de la r�alit� et de la situation analytique".
" Se trouve ainsi pos�e la double exigence de la cure R.E.D.�: favoriser la r�gression et les v�cus fusionnels d’une part, et de l’autre maintenir l’alt�rit� prometteuse de d�fusion. De l� l’importance de la voix de l’analyste qui au cours du r�ve-�veill� maintient la pr�sence du r�el ". (extraits de l’analyse de l’ouvrage par Nicole Dufour-Gompers in �tudes Psychoth�rapiques, n�38, d�c. 1979, Privat.)
� - 1981�: Le temps de la n�vrose, le temps
du R.E.D. par Jean Nadal. Il s’agit d’un article paru
dans les �tudes Psychoth�rapiques, n�45, sept.1981, Privat, o� se
poursuit une r�flexion, d�j� �labor�e en 1974, concernant
l’articulation interne des images signififiantes et le r�le imparti
au d�placement dans la diachronie et la synchronie de la cure.
" Un �clairage sur la diachronie de la cure permet de rep�rer un certain nombre de " temps forts " synchroniques qui structurent le langage imaginaire dans l’analyse R.E.D. ". Il montre comment la cure est d’abord parcourue par des "signifiants-clignotants" orientant vers des hypoth�ses qui ne prennent leur poids qu’explicit�s par des "signifiants-carrefours". Puis viennent des "signifiants-r�v�lateurs " qui, par r�currence, permettent de comprendre l’apport des signifiants pr�c�dents. Il s’agit d’organisateurs symboliques qui appellent l’attention de l’analysant et de l’analyste quant � la reprise du sens perdu, les jeux des registres (v�cu subjectif, mythe, fantasme, r�ve nocturne, souvenir �cran), la lev�e du refoulement, la place de l’interpr�tation ".
Les "transformations-m�tamorphoses" qui surviennent dans le cours m�me du r�ve-�veill� lui assignent une fonction de d�condensation qui, en quelque sorte, " d�vide le symbole ". " Ce travail au niveau des significations laisse appara�tre un r�le d�terminant de la pens�e, peu trait� dans la litt�rature analytique et qui semble particuli�rement agissant en R.E.D. ".
DURANT CETTE P�RIODE 1968-1982, NOMBREUX TRAVAUX SUR LES TH�RAPIES D’ENFANTS, avec de nombreux articles de Nicole Fabre, Jacques Levine, Jean Nadal, Marie-Aim�e Guilhot, dans la revue �tudes Psychoth�rapiques.
� - 1982�: L’enfant et le r�ve-�veill�. Une
approche psychoth�rapique de l’enfant.
ESF, par Nicole Fabre. Y sont envisag�s les probl�mes m�thodologiques particuliers aux cures d’enfants et, � travers la cure de Nadine, comment s’effectue le passage du dessin � une expression authentiquement r�ve-�veill�. Sont aussi d�velopp�es les proc�dures particuli�res de l’interpr�tation avec les enfants�: "Le r�le premier du r�ve-�veill�, avant toute interpr�tation, et sans interpr�tation, est donc de rendre possible et non coupable l’expression devant un tiers des d�sirs interdits".
On retrouve ici ses pr�occupations d�j� exprim�es dans un article de 1971�: " Cures par le R.E.D. sans interpr�tation " in �tudes Psychoth�rapiques, n�3, dans lequel Nicole Fabre mettait l’accent sur la symbolique du R.E.D. comme langage de connivence, langage de lib�ration et action th�rapeutique.
Probl�matique qu’elle reprendra plus tard dans sa partie de�: Le R�ve-�veill� analytique, publi� en 1985.
- 1970�: Le r�ve-�veill� dirig�, une
m�thode de psychoth�rapie analytique, ESF, par Myriam
Fusini-Doddoli, �l�ve italienne de Desoille (Venise). Sans rien
changer � la pratique desoillienne, elle �tudie les rapports entre
R.E.D. et psychanalyse � travers la fonction du fantasme, les
relations entre le r�el et l’imaginaire, le traitement du transfert
qui, selon elle, se pose dans les m�mes termes qu’en psychanalyse, seul "capable de permettre la rem�moration des probl�matiques inconscientes".
Ainsi durant cette p�riode de 1968 � 1982 toute une recherche s’�labore pour une meilleure compr�hension des ressorts sp�cifiques de la cure, en r�ve-�veill�, de moins en moins Dirig� ", en particuliers en ce qui concerne les propositions de mouvements ascensionnels et de descente. Le r�ve-�veill� est de plus en plus spontan�, ce que J. Launay r�sumait dans son article de 1983 (in La serrure et le songe sous la direction de Y.P�licier, Œconomia�: "Les discr�tes interventions de l’analyste, en d�but de cure, permettent de pr�ciser une r�gle fondamentale�: laisser venir les images le plus spontan�ment possible, se cr�er un espace imaginaire par l’implication d’un mouvement et de d�placements, dire � l’analyste les sc�nes qui se d�roulent au fur et � mesure, exprimer les affects li�s au d�roulement des situations".
Par ailleurs, les concepts freudiens et post-freudiens sont pris en compte dans
la recherche qui se veut sp�cifique au r�ve-�veill� en temps que mobilisateur de l’imaginaire. La probl�matique relationnelle est �galement approfondie, tout en �vitant de la calquer sur le mod�le de la relation psychanalytique non
m�diatis�e par ce que Widl�cher a appel� "une t�che".
�
DANS CE CLIMAT DE RECHERCHE ET D’APPROFONDISSEMENT SURVIENT, EN 1982, UNE SCISSION ET LA TRANSFORMATION DU GIREDD en GIRED.
Scission dont les causes, comme dans toutes les scissions connues �taient autant relationnelles que th�oriques, sinon plus�: pour ne nous en tenir qu’�
celles-ci, des affrontements existaient sur la place du r�ve-�veill� dans la
cure, la place et le r�le du transfert et la formation des jeunes analystes.
Trois courants diff�rents s’opposaient�:
- ceux qui pr�naient une int�gration totale du r�ve-�veill� dans le cadre d’une psychanalyse, le RE n’�tant qu’un mode d’acc�s � l’inconscient parmi les autres�;
- ceux qui penchaient pour une sp�cificit� du r�ve-�veill�, certes �clair�e par les apports freudiens et post-freudiens, mais avec la prise en compte d’une relation de transfert originale�;
- ceux qui consid�raient le r�ve-�veill� dans une optique cr�atrice et novatrice, restant fid�les � la notion desoillienne de transfert exprim� et r�solu dans et par le RE lui-m�me.
Les cons�quences de cette " crise " furent�:
�
- le changement de d�nomination du Groupe, par la suppression du "D " de " Dirig� ", tout en gardant un attachement � la production et � la dynamique propre du RE en tant que mise en mouvement de l’imaginaire dans le cadre d’une relation�;
- de chercher � approfondir cette relation en r�f�rence au transfert et au contre-transfert. Ainsi, parlera-t-on de plus en plus de " R�ve-�veill� analytique ".
�
�VOLUTION VERS LE GIREP (R�VE-�VEILL� EN PSYCHANALYSE)
Si l’on consulte les comptes-rendus des colloques de 1982 � 1987 dans les
Cahiers de l’Institut du RE, on constate un travail important sur les rapports
du RE et de la psychanalyse, avec pour th�mes�:
- - R�ve-�veill�, onirisme et imaginaire,
- - Lien entre image, affect et verbe,
- - La question des th�mes dans l’espace R.E.,
- - L’interpr�tation, la directivit�,
- - Le changement en cure RE,
- - Le transfert et le contre-transfert donnent lieu � plusieurs colloques, avec
en juin 1985 un rapport de J.Launay�: Historique et �volution de la notion de
transfert en R�ve-�veill� de 1938 � 1985, (Cahiers de l’Institut du RE, n�2, de
mars 1987).
Cette recherche se concr�tise par un certain nombre d’ouvrages nouveaux.
1985�: Le r�ve-�veill� analytique, de Nicole Fabre et Gilbert Maurey, Privat. Ouvrage � deux voix�:
- Maurey traitant�: "imaginaire, onirisme, inconscient",
- Nicole Fabre traitant�: "les voies et les fins d’une analyse R�ve-�veill�".
D�marche compl�mentaire mais assez divergente, si bien que les auteurs ne renouvelleront pas l’exp�rience qui, � seconde vue, apparaissait assez acrobatique. Divergences clairement expos�es d�s l’avant-propos�:
- Gilbert Maurey se situant dans un cheminement rh�torique serr� dans lequel les concepts lacaniens sont �vidents et avec une r�cusation de la notion de r�gression�;
- Nicole Fabre articulant circulation de la clinique � la th�orie avec r�f�rences explicites � l’Ecole anglaise avec tout un chapitre consacr� � la r�gression.
Ils introduisent l’un et l’autre des apports extra-analytiques�:
- pour Gilbert Maurey�: r�f�rences � l’onirisme d�lirant � partir de l’Amentia de Meynert et apports syst�miques�;
- pour Nicole Fabre�: apports philosophiques en r�f�rence � Jankelevitch et � Bachelard.
On peut comparer les points de vue th�oriques de l’un et l’autre sous les angles suivants�:
�
R�VE-�VEILL�, R�VE NOCTURNE ET ONIRISME
Pour Gilbert Maurey, le mod�le du r�ve nocturne est insuffisant pour la
compr�hension du RE et risque d’entraver celle-ci si l’on veut trop s’y r�f�rer.
Pour lui, � partir de l’Amentia de Meynert et � partir d’une description par
Henri Ey d’�tats oniro�des non confusionnels, le RE serait � rapprocher d’un "
onirisme d�lirant sans confusion ".
Pour Nicole Fabre, les analogies entre RE et r�ve nocturne se retrouvent au
niveau de la "construction d’un espace imaginaire". Elle rappelle que pour Freud
�: "… c’est bien plus par son fond affectif que par son contenu repr�sentatif que
le r�ve s’impose comme exp�rience psychologique ". Pour elle, les traits
essentiels des RE sont les m�mes que ceux des RN.
�
R�VE-�VEILL� ET IMAGINAIRE
C’est le cœur du probl�me des rapports du RE avec l’inconscient. Pour Nicole
Fabre, l’imaginaire RE peu �tre rapproch� de l’espace potentiel tel que l’entend
Winnicott, espace potentiel recr�� et retrouv�, aire de jeu de la cure. Il y a
dans le RE une "dramatisation" au sens de Masud Khan. Le RE en s�ance est
cr�ateur de l’espace analytique tel que le pense Vidermann.
Pour Gilbert Maurey, les rapports du RE et du fantasme sont consid�r�s dans une
optique lacanienne, en lien avec la triade R.S.I. � travers l’imaginaire RE,
c’est " un sujet qui parle " et de ce fait le RE est inscrit dans un autre ordre
que l’imaginaire. Il fait sienne l’affirmation de Lacan sur " l’�lucidation
parl�e " qui est le " ressort du progr�s ". " C’est ici que l’analyse se joue -
� la fronti�re du symbolique et de l’imaginaire ".
�
PLACE ET TRAITEMENT DU TRANSFERT
Gilbert Maurey examine " le mode de jeu transf�rentiel dans les r�ves-�veill�s
et la mani�re selon laquelle s’exerce alors des effets � potentiel de changement
". Pour lui, ce jeu se d�roule sur deux plans, l’un implicite, l’autre explicite
�: �" Le plan de l’implicite a trait au mode selon lequel dans le d�roulement m�me
des r�ves-�veill�s les �l�ments repr�sentatifs du transfert subissent des
modifications, trouvent des prolongements, des ramifications, des �clairages du
fait d’une double pouss�e "�: 1’une " na�t de l’interaction entre les images,
les pens�es et le discours, interaction au sein de laquelle, le patient parcourt
� son insu l’ensemble de son r�seau signifiant par le vu, le senti, le dit avant
m�me toute interpr�tation"�; l’autre r�sulte de l’interaction " qui s’exerce sur
les �l�ments repr�sentatifs du transfert comme la pr�c�dente. Celle-l� est de
nature relationnelle, � savoir que le r�ve-�veill� est adress� � l’analyste, ou
plus exactement que le patient �prouve qu’il est entendu d’une certaine place,
celle de l’analyste dans la relation de transfert ". " Un mouvement complexe
prend ainsi naissance et se d�veloppe ".�Le plan explicite est sans doute moins original, ce qui ne signifie �videmment
pas qu’il soit superflu ou de qualit� inf�rieure ".
La place de l’analyste et son r�le dans le transfert sont envisag�s dans une
optique lacanienne, Gilbert Maurey y introduit une notion de " m�tacommunication
" dont l’un des supports est " le r�ve-�veill�, production inscrite dans la
relation patient-analyste, dans une communication � l’int�rieur de ce syst�me,
mais dont on ne peut vraiment parler que d’un ailleurs ".
Nicole Fabre traite des probl�mes transf�rentiels d’une fa�on plus diversifi�e
et plus clinique � propos de l’espace potentiel, de la r�gression, des
r�sistances, de l’apr�s-coup, de l’amour de transfert. Tout d’abord, le R.E. ne
peut �tre propos� tant que la relation initiale n’est pas " suffisamment bonne "
au sens winnicottien, d�crit dans le cadre des structures archa�ques de la
relation � la m�re. C’est l’illusion d’une m�re suffisamment bonne qui est
r�veill�e.
Elle �tudie les caract�ristiques de "la pr�sence-absence" de l’analyste en RE�:
" Cet espace-temps sp�cifique, int�rieur � l’espace-temps de la s�ance �
certains moments de la cure, appara�t donc massivement comme rappel de
l’intimit� archa�que, illusion fusionnelle aujourd’hui rev�cue, et cela du fait
de la pr�sence-absence qui est � la fois r�alit� et fantasme ". Mais " la
r�f�rence � l’illusion suppose celle de la d�sillusion et c’est bien la
dynamique d’une analyse que de passer de l’illusion � la d�sillusion ".
Le r�ve-�veill� facteur et lieu de " sublimation " du d�sir, c’est dire que sa "
transformation " semble permettre de traiter le fameux " amour de transfert ".
Elle fait ici r�f�rence � Octave Mannoni pour qui il y a n�cessit�, sur le plan
relationnel, de toujours rester sur le registre imaginaire pour �viter "l’amour
de transfert". "Quand cet espace de parole, cet espace analytique, se concentre
de temps � autre en " espace du r�ve-�veill� " ... l’analyste est plus
facilement convaincu du caract�re imaginaire de ce qui se passe dans la s�ance
et la succession des s�ances. Le patient aussi peu � peu. En cela r�side une des
particularit�s du v�cu de transfert en R.E.D. ainsi que du traitement du
transfert ".
�
DES APPORTS EXTRA-ANALYTIQUES A LA COMPR�HENSION DU R.E.D.
Gilbert Maurey, dans son chapitre�: "Organisation et d�sordre en R.E.D.", en
lien avec les travaux de Bateson, consid�re que les situations paradoxales, dans
lesquelles analyste et analysant sont inscrits, produisent un "brassage des
niveaux logiques" qui serait g�n�rateur de mouvement au sein d’un syst�me
statique ou r�p�titif. Il y aurait, ainsi, en R E.D. "une cr�ation par le
d�sordre" qui pourrait s’apparenter � la r�organisation qui s’op�re dans la
pens�e du sommeil.
Pour sa part, Nicole Fabre fait r�f�rence � V. Jank�l�vitch, la proposition
desoillienne r�sidant dans la mise en place de "l’alambic de l’alchimie
espace-temps dans lequel le temps et ses contraintes seront feintes". Elle
insiste �galement sur le "psychotropisme de l’image" en lien avec l’exp�rience
bachelardienne de l’imaginaire ouvert sur l’avenir. La cure R.E.D. est ainsi
proposition de cr�er un espace imaginaire qui devient espace de r�ve et espace
analytique.
1987�: Analyse, activation et action th�rapeutique
par Marie-Aim�e et Jean Guilhot (Edition ESF), ouvrage ayant pour
sous-titre�: " Vers un int�gralisme analytique et prospectif " et dans lequel un
chapitre est consacr� au " R�VE-�VEILL� ANALYTIQUE ET PROSPECTIF ".
Pour les auteurs, l’int�gralisme correspond � la prise en compte de la totalit�
des composantes de la personne humaine et de son environnement. Il est
prospectif par son int�r�t pour le devenir et est, de ce fait,
transdisciplinaire et transculturel. L’axe de la conduite de toute cure se situe
dans les "processus de lib�ration " et de " d�veloppement novateur ".
Le " R�ve-�veill� analytique et prospectif " ne peut se r�duire � une simple
variante de la psychanalyse avec production de loin en loin de " libres
associations imaginaires ". Il s’agit de mettre en œuvre des" processus
d’activation " " en phase d’approfondissement et d’�lucidation " par la
technique de focalisation, d’immersion, ou d’intensification " susceptibles de
favoriser la reviviscence, mais aussi les confrontations et les catharsis �
vis�e de liquidation ". Pour eux, le RE est un instrument de changement �
travers un projet d’exp�riences r�paratrices et novatrices dans une optique
analytique et transpersonnelle.
Cette orientation semble prolonger celle de Jean-Claude Benoit qui, dans les
ann�es 1960, incluait le R.E.D. dans les " Psychoth�rapies de Cr�ativit� " � la
recherche de "potentiels subconscients d’organisation novatrice de la perception
et des conduites", incluant le RE dans les "�tats hypnagogiques induits et
dirig�s", ( Contribution clinique � l’�tude des �tats hypnagogiques induits et
dirig�s, th�se de doctorat en M�decine, l959).
Jean Guilhot, dans l’ Hommage du centenaire de Robert Desoille,(1990, num�ro
hors-s�rie des Cahiers de l’Institut du RE) reprend les grandes lignes de ce
qu’il consid�re comme l’originalit� du r�ve-�veill� de Desoille, en tant que "
th�rapie multidimensionnelle " privil�giant les aspects dynamiques et
prospectifs � travers les strat�gies d’activation et de transmutation. Il parle
de "co-pilotage" qui "lance un d�fi � la non directivit� et au principe de libre
association", patient et th�rapeute se dirigeant mutuellement "au cœur d’une
aventure et d’un vivant dialogue qui transgressent tout mod�le ". C’est pourquoi
il a toujours �t� oppos� � consid�rer le r�ve-�veill� par rapport � la
psychanalyse dont, pour lui, les proc�dures et les objectifs sont diff�rents.
�
1987 - TRANSFORMATION DU GIREDD EN GIREP�: GROUPE INTERNATIONAL DU R�VE-�VEILL� EN PSYCHANALYSE
� l’instigation d’un groupe de th�rapeutes de Rouen r�unis autour de Jean-Claude
Auriol en mars 1986, un groupe de r�flexion est constitu� en vue d’envisager une
modification des statuts du GIREDD marquant nettement l’inscription de la
pratique du RE dans le champ analytique. C’�tait en fait la reprise d’une
question d�j� pos�e en 1981, avant la scission�: "Sommes-nous oui ou non
psychanalystes�?".
Au cours de ces r�unions, si l’utilisation des concepts psychanalytiques
freudiens et post-freudiens faisait � peu pr�s l’unanimit� pour la compr�hension
de la cure RE, il existait de nettes divergences quant � la formulation�:
- certains, autour de Maurey, voulant �liminer toute r�f�rence � Desoille estimant que rien dans ses �crits n’�tait analytique�;
- certains autour de N.Fabre et de J.Launay, estimant que leur projet analytique de la cure R.E. ne saurait ne pas faire " mention explicite � Desoille, dans sa gen�se et son h�ritage "�;
- d’autres, enfin, autour de J.Guilhot, souhaitaient garder le sigle GIREDD afin de ne pas s’enfermer dans une conception restrictive et psychanalytique de l’inconscient.
On trouvera les comptes rendus de tous ces points de vue dans les n��20 et 21
des Cahiers de 1’Institut du R.E. (mars 1987, octobre 1987).
L’Assembl�e G�n�rale du 5 avril 1987 aboutissait � un compromis presque unanime,
apr�s h�sitation entre�: Psychanalyse R�ve-�veill�, R�ve-�veill� analytique et
R�ve-�veill� en Psychanalyse. C’est ce dernier qui fut retenu, le " EN "
marquant le cadre et le projet de la cure, mais ne r�duisant pas le RE � un
simple �v�nement de la cure psychanalytique.
La r�f�rence explicite � Desoille �tait inscrite dans l’article 2 des nouveaux
statuts�: " Le GIREP s’inscrit dans le mouvement psychanalytique et maintient
l’originalit� de son apport fond� sur l’exp�rience et la pratique du
r�ve-�veill� qui s’origine dans les travaux de Robert Desoille ". Cet article 2
est toujours en vigueur.
L’approfondissement th�orique se poursuit et se traduit par la publication de
nouveaux ouvrages�:
- 1992�: Deux imaginaires pour une cure. Le
r�ve-�veill� en s�ance. L’analyse et la qu�te du sens. (Bayard
�dit.), par Nicole Fabre. � partir du r�cit d’une cure, Monique, elle montre
comment, par l’onirisme �veill�, l’imaginaire entrouvert atteint � la fois les
images du patient et celles de l’analyste. Elle avait d�j� parl�, dans d’autres
textes, de " co-cr�ation ". Pour elle, l’image r�ve-�veill� n’est pas un reflet
mais plut�t un creuset dans lequel se construit une r�alit� psychique. Charg�e
d’affects, d’�mois, de souvenirs, elle est mise en mouvement dans la rencontre
transf�rentielle et contre-transf�rentielle. La "pouss�e en avant de
l’imaginaire du patient" va donner au transfert et au contre-transfert une
tonalit� particuli�re dans cette rencontre de "deux imaginaires".
La fonction de l’image du " r�ver �veill� " met en jeu, dans le contre-transfert
la " capacit� de r�verie de la m�re " souvent � l’origine des propositions qui
structurent cet " espace r�ve-�veill� ". En contrepoint � la c�l�bre formule
lacanienne faisant de l’analyste un "sujet-suppos�-savoir", elle ajouterait
volontiers, en ce qui concerne le R E, le "sujet-suppos�-r�ver" montrant par l�
que l’analyste est partie prenante du transfert.
Elle insiste � nouveau sur l’importance du " mouvement dans l’espace imaginaire,
lui-m�me figure de l’aire transitionnelle, de l’espace analytique et de l’espace
psychique".
- 1992�: Les cousins du r�ve , par Gilbert
Maurey , avec pour sous-titre�: A la d�couverte de l’onirisme �veill�.
Produtions des m�diums, r�ve-�veill� dirig�, d�lires oniriques. R�ve-�veill� en
psychanalyse, Bayard. L’auteur consid�re le r�ve-�veill� parmi les
manifestations de l’onirisme � l’�tat de veille, au m�me titre que les
productions m�diumniques, le d�lire hyst�rique, en passant par le cauchemar,
tous modes d’expression en lien avec l’inconscient.
Pour lui, le r�ve-�veill� de Desoille n’a rien d’analytique, son inventeur en
�tant toujours rest�, selon lui, � des manipulations d’image dans une n�gation
de l’inconscient et uniquement dans une recherche de sublimation, " �l�ment
crucial de sa m�thode ". Cette constante aurait eu pour effet de " […] lui
cacher une partie du paysage de ses r�ves �veill�s ".
Cependant, " […]si une ligne de d�marcation passe bien, pour ce qui concerne le
r�ve �veill�, entre son emploi � des fins de sublimation et son application
psychoth�rapique, on peut cependant franchir cette ligne sans modifier
profond�ment ses r�f�rences th�oriques. Ce fut le cas de Desoille. Il reste
possible de faire des allers et retours de part et d’autre de cette ligne, alors
qu’il s’agit d’une mutation quand le r�ve-�veill� prend place dans une cure
analytique o�, si grand que soit le poids de l’imaginaire, celui de la parole et
du transfert est encore plus important ". Et de citer deux �l�ves de Desoille
illustrant ces deux orientations�: Andr� Virel d�veloppant une technique
d’imagerie mentale dite "oniroth�rapie d’int�gration", et Marc Guillerey cr�ant
une m�thode originale, consid�rant que le r�ve-�veill� passe aussi par la "
prise de sens ", se constituant ainsi comme le " v�ritable pr�curseur du
r�ve-�veill� analytique".
Maurey rapproche le r�ve-�veill� du " d�lire onirique " dans une optique
essentiellement lacanienne, envisageant les divers processus de
d�sidentification, de projection, de r�gression et de mise en mots des images,
qu’on y rencontre. Mais, ajoute-t-il, " Avec le d�lire et ses analogues, un
certain domaine de l’onirisme �veill� se ferme, tandis que par l’emploi que
firent Caslant, puis Desoille de leur m�thode, il s’en ouvre un autre, qui se
poursuivra dans le "r�ve-�veill� en analyse ".
On en vient ainsi aux rapports de " L’onirisme et la parole�: le r�ve-�veill� en
analyse ". Il y avait chez Desoille " beaucoup d’œil et peu d’oreille ". "Il
suffit .... que la parole soit entendue, la prise de sens vis�e et la relation
de transfert analys�e pour qu’il acc�de � la dimension que Freud donna au r�ve
par la psychanalyse".
Le RE est envisag� � l’aune de la triade lacanienne R.S.I. et sa principale
originalit� serait de se situer " � la fronti�re m�taphorique du symbolique et
de l’imaginaire".
"Nous nous trouvons de la sorte � un carrefour […] o� se rencontrent, sans se
confondre, car ils sont de niveaux diff�rents, un tissu imaginaire, une
production onirique et la parole. Quant � l’inconscient, il se situe lui aussi �
un autre niveau ".
L’interpr�tation est pens�e sur le mod�le de "l’apologue" de Lacan selon
l’histoire classique des trois prisonniers, avec trois temps�:
" l’instant de regarder, le temps de comprendre, le temps de conclure ", temps
logiques formant un ensemble et non des �tapes temporelles".
Sont ensuite envisag�s les " masques " de la probl�matique sexuelle dans les
productions oniriques, en particulier en ce qui concerne la r�gression et
l’archa�que dont il faut, selon lui, relativiser le poids.
"Admettre que la r�gression ne correspond pas seulement � une probl�matique �
r�soudre, mais bien aussi un effet de transfert, lui fait perdre un peu de cette
sorte d’aura magique qu’on lui pr�te parfois".
"L’angoisse que la r�gression vient colmater � tel moment du processus de
l’analyse, est li�e avant tout au danger d’�mergence de contenus sexuels, en
tout cas chez un adulte ".
L’ouvrage se termine par l’hypoth�se que l’onirisme �veill� repr�senterait un "
ensemble autonome ", qui se comprendrait par le jeu des identifications et
d�sidentifications�: " Tout se passe comme si le sujet manipulait � son insu la
s�rie de ses identifications ", que ce soit dans le d�lire onirique ou dans le
r�ve-�veill�.
" C’est un processus vital d’organisation de l’�tre humain que l’onirisme
�veill� met en question, dans un jeu complexe de modifications, labiles ou
persistantes, qui portent sur les formes id�ales, les identifications sexu�es,
les relations � l’autre ". On peut imaginer d’appliquer � la reprise de ce
processus la notion freudienne d’apr�s-coup.
"Peut-on dire de l’onirisme �veill� qu’il serait un interm�diaire approximatif
entre le code temporel de l’inconscient et celui que nous exp�rimentons
ordinairement�? ". " La quatri�me dimension de l’onirisme �veill�, le temps, ne
serait pas imperm�able au temps de l’inconscient�: ce serait m�me une de ses
caract�ristiques ". " Si ces consid�rations sont fond�es, nous devons admettre
que l’onirisme, sorte d’imaginaire assez remarquable, joue un r�le �minent dans
notre vie psychique".
1995�: Le r�ve-�veill� en psychanalyse, de l’imaginaire
� l’inconscient, E S F, de Gilbert Maurey reprend, dans ses grandes
lignes, les d�veloppements th�oriques du livre pr�c�dent. " La place du
r�ve-�veill� analytique se situe � la fois dans la psychanalyse et d�j� au-del�.
Le r�ve-�veill� semble un " �v�nement " survenant de fa�on r�it�r�e dans le
cours de l’analyse et ne prenant tout son sens que dans le transfert. La
recherche de sens montre que ce qui est produit " du c�t� de l’imaginaire " doit
�tre entendu " du c�t� de l’inconscient ".
" L’œuvre de Freud est ouverte � des voies qu’il indiqua sans parfois avoir �t�
plus loin que ces indications. Le r�ve-�veill� en psychanalyse emprunte sans
doute l’une de celles-ci, une voie possible de progr�s ".
Voila les grandes lignes de l’�volution qui a conduit du GIREDD au GIREP, de
Desoille � la psychanalyse, tout en gardant comme �l�ment central le
R�VE-�VEILL�. Il n’est pas possible de rendre compte ici de tous les apports des
uns et des autres au long de ces trente ann�es.
Il faut cependant dire un mot de trois orientations originales�: celle de
Jean-Marc Henriot, celle de Marc-Alain Descamps et celle de Roberto Enrique
Rocca, d’Argentine.
Jean-Marc HENRIOT, dans une s�rie d’articles et
d’expos�s �crits entre 1988 et 1995, propose une compr�hension du mode d’action
du R�ve-Eveill� en lien avec le " pr�-conscient " qu’il consid�re comme un
espace psychique qui permet la contention et le traitement des " motions
oppos�es en provenance du conscient et de l’inconscient ". Il �met l’hypoth�se,
dans une perspective topique, que�: " Les fronti�res entre les espaces
psychiques ne sont fonctionnelles qu’� condition d’�tre semi-poreuses,
permettant une circulation osmotique d’un c�t� � l’autre ". Par ailleurs�: "
Chaque espace psychique est un lieu de contention des positions diff�rentes
issues de l’osmose � chacune des deux fronti�res qui le bordent ".
Il s’appuie sur les travaux de Guillaumin concevant le pr�-conscient comme "un
espace transitionnel interne" dont le d�sinvestissement (selon Marty) ou le
sous-d�veloppement (selon Anzieu) apparaissent comme une cl� significative pour
la compr�hension et le traitement de certaines pathologies�: troubles
psychosomatiques, d�pressions, pathologies caract�rielles ou narcissiques. Selon
Henriot�: " L’analyse R�ve-Eveill�, avec sa proc�dure si sp�cifique, semble
particuli�rement apte � permettre � l’analysant une restauration de son
pr�conscient et d’autre part la fonctionnalit� osmotique des fronti�res
semi-poreuses qui encadrent celui-ci " (in�: Attention changement, �tudes
Psychoth�rapiques, n�72, juin 1988).
Dans un autre article, rendant compte de son intervention au Colloque de mai
1993 sur le th�me�: " En quoi la cure RE est-elle une psychanalyse�? " Henriot
rappelle que le R�ve-�veill� analytique n’est pas r�ductible au seul imaginaire,
mais qu’il s’agit d’une exp�rience particuli�re qui m�le imaginaire, affect et
verbalisation ". S’interrogeant sur les " conditions de survenue de l’image, de
la symbolisation et d’une repr�sentation interne ", il s’appuie sur Bion et
Anzieu pour �laborer l’hypoth�se que " l’exp�rience du R.E. et les deux logiques
qu’elle suppose, renvoie aux grands paradoxes de la construction m�me de
l’identit� suivant Winnicott " et aurait un rapport � la cr�ation du Moi-peau
psychique. ( in " Origines de la vie psychique et exp�rience du R�ve-�veill�. "
Cahiers de l’Institut du R.E.P., n�30, janvier 1995).
Marc-Alain DESCAMPS, dans son ouvrage�: La
ma�trise des r�ves, (Editions universitaires, 1983), inscrit la pens�e de
Desoille dans le courant des "psychoth�rapies transpersonnelles" � c�t� de Jung,
Frankl et Assagioli. Il insiste sur la "m�thode active" que repr�sente le
r�ve-�veill� cherchant � d�velopper toutes les potentialit�s incluses dans cette
pratique "novatrice et originale" qui, selon lui constitue "un plus" par rapport
� la psychanalyse. (Trism�giste �dit. 1990 )
C’est ce "plus" et cet "autrement" qu’il va d�velopper dans un article paru en
1997, "La th�orie du r�ve-�veill�" ( in Cahier de l’Institut du R.E.P.,
n�32, avril 1997). Pour lui, aucun concept ext�rieur ne peut �tre appliqu� tel
quel au RE, il doit lui �tre adapt�. Et tout d’abord la notion d’inconscient qui
ne se limite pas � "l’inconscient refoul�" de Freud, mais comprend
"l’inconscient primitif", "l’inconscient archa�que", "l’inconscient cr�atif",
l’inconscient th�rapeutique.
Il n’est pas possible de reprendre ici tous les d�veloppements concernant "la
relation", "les images-forces", "le RE mutatif", "les Transactions", dont il
faut lire les cheminements.
L’article se termine par une "M�tapsychologie du R�ve-�veill�" dont "le
principal apport est d’abandonner les croyances mat�rialistes pour rester ouvert
dans ce domaine � une vision saine et positive de l’appareil psychique". "Le
psychisme humain se comprend � partir de la th�orie des structures dissipatives
d’Ilya Prigogine�: il se maintient en �tat d’�quilibre instable par une
dissipation continue d’�nergie mentale. De m�me, selon Ren� Thom, la
morphog�n�se se d�crit par la disparition des attracteurs initiaux et leur
remplacement par capture par des attracteurs repr�sentant des formes plus
globales [...] L’attracteur lib�re l’homme car il le tire vers l’avant, alors
que la pouss�e de la pulsion provoque un refoulement".
L’appareil psychique comporte un quatri�me niveau�: "Le surconscient" compris
comme "une amplification ou une expansion de conscience", �tat dans lequel se
r�alisent ce que Descamps appelle des "RE mutatifs" et qui "fait �chapper �
l’�go�sme de l’ego et oriente vers une reconnaissance des Valeurs". Enfin, le RE
fait appara�tre "le P�le de R�alisation" qui dans l’inconscient "se lie � la
partie positive et saine de l’inconscient primitif, archa�que, cr�atif et
th�rapeutique"..."Ce processus de r�alisation est li� au Sens des Valeurs. Il
�chappe au surmoi freudien et constitue le noyau et le ferment de l’�thique".
Roberto Enrique ROCCA ( ancien Pr�sident de la
Soci�t� Argentine du R�ve-�veill� de Desoille), de formation et de pratique
psychanalytique freudienne, insiste � travers tous ses �crits de 1984 � 1997 sur
la n�cessit� de bien diff�rencier les deux pratiques�: " Je pratique le
r�ve-�veill� cr�� par Desoille et mon agir… bien qu’absolument psychanalytique
d�pourvu de toute intention r��ducative ou psychagogique, est bien plus
semblable � ce que Desoille faisait qu’� ce que faisait Freud. Je n’ai aucun
doute que l’insight des conflits inconscients soit le ressort fondamental des
cures et que l’inconscient qui surgit l� est le m�me que Freud d�crivait�; mais
je ne doute pas non plus que le chemin qui nous permet d’acc�der � l’inconscient
et la perspective que nous en avons sont diff�rents de ceux de la psychanalyse
traditionnelle. " ( in "Lettre aux coll�gues du GIREP, 12 f�vrier 1994, Cahiers de l’Institut du R.E.P., n�29, juin 1994).
En 1984, dans un article intitul�: "R�ve-�veill� et mythologie personnelle",
(in �tudes Psychoth�rapiques, n�55, mars 1984), il propose une conceptualisation
du processus th�rapeutique du RE comme structuration d’une " mythologie
personnelle ", en prenant pour mod�le la mythologie grecque. Th�me qu’il
approfondit dans un texte de 1997�: " La mythologie personnelle" (in Cahiers de
l’Institut du R.E.P., n�32, avril 1997). " En synth�tisant mon id�e, je dirai
que la cure analytique avec le r�ve-�veill� peut �tre conceptualis�e comme la
structuration progressive d’une mythologie personnelle, en consid�rant comme
telle la structuration et la syst�matisation des mythes propres � l’individu,
exprim�s dans les r�cits mythiques constitu�s par les sc�narios des
r�ves-�veill�s, �tudi�s dans les s�ances de commentaires ".
Pour lui�: " Le g�nie de Desoille consiste � avoir inclus l’activit� de r�verie
dans un cadre th�rapeutique d�fini, lequel d�termine des modifications
fondamentales de cette activit�. " Le niveau des images mythiques doit �tre
induit chez le patient autant que possible, et je crois que le v�cu du travail
imaginaire � ce niveau, d� � son voisinage particulier avec l’inconscient, se
constitue en un p�le d’attraction, de sorte que le patient investit l’univers
mythique, et il est possible de d�vier vers celui-ci les affects propre au
transfert. L’analyste fonctionne plut�t comme un catalyseur et le transfert se
n�gocie - bien des fois sans �tre explicit� - dans la dramatisation imaginaire
".
En 1997, dans un autre article�: " A propos de quelques particularit�s du
R�ve-�veill� (Notes pour une th�orie) " (in Cahiers de l’Institut du R.E.P.,
n�32, 1997), Rocca insiste sur la valeur du langage symbolique du RE en soi et
qui bien souvent n’a pas besoin d’explicitations qui ne conduisent qu’� des
rationalisations.
Par ailleurs, le sc�nario est le terrain naturel o� se d�veloppe et s’exprime la
relation. " Le fait primaire de la cr�ation d’une structure
linguistico-imaginaire o� se manifeste, s’exprime et s’incarne la relation, lieu
propre � la " communication po�tique ", contribue � la restauration du soi et
ses relations avec le monde environnant. Il consid�re comme fondamentale " la
puissance prospective de l’imagination " et l’incitation par l’analyste de faire
face et � surpasser les obstacles par un processus en mouvement. " Il est
fondamental de tenir compte de cette �nergie potentielle pr�sente dans le
travail du r�ve-�veill� ".
C’est pourquoi, bien que se r�f�rant � la m�tapsychologie freudienne, il tient �
distinguer nettement la th�rapie par le R�ve-Eveill� et � continuer � l’appeler
" R�ve-�veill� de Desoille " parce que constituant l� son originalit� et sa
sp�cificit�.
Enfin, il faut citer, faute de pouvoir les d�velopper, les apports
th�orico-cliniques, dans le domaine des th�rapies d’enfants et d’adolescents, de
N. Fabre, C. Fiatte, J.L�vine, B. Montaclair, J. Nadal, M.�Natanson et ceux dans
le domaine de la psychosomatique (M.�Aumage, S. Chab�e), travaux qui ont jou� un
r�le important dans l’�volution des pratiques et les �laborations th�oriques.
�
QUE D�GAGER DE CE SURVOL HISTORIQUE�?
Tout d’abord constater la tr�s grande vitalit� de recherche � propos du
R�ve-�veill� en psychoth�rapie depuis trois quart de si�cle (1925-2000), tant en
France qu’� l’�tranger�: Argentine, Allemagne, Belgique, Br�sil, Italie, Suisse,
Uruguay. On en trouvera la bibliographie chronologique dans le num�ro hors-s�rie
Hommage du Centenaire de Robert Desoille des Cahiers de l’Institut du R.E.P.,
(octobre 1990).
On constatera ensuite la constante ambigu�t� des diff�rentes th�orisations en
lien avec la psychanalyse. Mais Desoille n’avait nullement l’intention de faire
entrer le R�ve-�veill�, tel qu’il le concevait, dans la psychanalyse. Il se
posait seulement des questions sur le fonctionnement du psychisme humain tel
qu’il l’appr�hendait � travers sa pratique du R.E. et sur les rapports qu’il
pouvait avoir avec la th�orie psychanalytique. Ce qui l’int�ressait au premier
chef, c’�tait les capacit�s de changement par le R�ve-�veill� lui-m�me, et
soutenu en cela par des psychanalystes tels que J. Favez-Boutonier, F. Dolto, S.
Nacht, entre autres.
On peut citer, � ce propos, ce qu’�crivait Daniel Widl�cher dans un article paru
en 1971 (in �tudes Psychoth�rapiques, n�4-5, juin-sept. 1971). " Est-il si
n�cessaire, si utile de situer ainsi le R.E.D. par rapport � la psychanalyse�?
Sans doute, et pour de nombreuses raisons qui tiennent � l’histoire de la
psychoth�rapie des n�vroses et aussi � la valeur de r�f�rence que conserve la
m�thode psychanalytique. Encore conviendrait-il de pr�ciser ce que l’on entend
par cette notion de r�f�rences. On ne saurait la lier � un id�al th�rapeutique,
comme un pr�jug� favorable l’accorde parfois trop g�n�reusement. " Et il
ajoutait�: " Si l’on parvenait � s’entendre sur un certain nombre de param�tres
n�cessaires, on pourrait situer chaque psychoth�rapie non par rapport � la
psychanalyse mais dans un champs o� la psychanalyse proprement dite occuperait
une place d�finie parmi les diff�rentes formes d’interventions
psychoth�rapiques. "
On a beaucoup reproch� � Desoille de s’�tre tourn� vers une approche pavlovienne
de la n�vrose et d’avoir tent�, comme il le fait dans le dernier ouvrage paru de
son vivant (Th�orie et pratique du r�ve-�veill� dirig�, 1961) un compromis entre
inconscient et " double niveau de signalisation " ce qui apparaissait � l’�poque
comme une incongruit�.
Et pourtant, Widl�cher dans son ouvrage de 1996�: Les nouvelles cartes de la
psychanalyse, (Odile Jacob), pose le probl�me des rapprochements possibles entre
psychanalyse et neurosciences, regrettant que la plupart des psychanalystes
actuels s’en tiennent � des positions d�fensives et isolationnistes�: " D�crire
un trouble en termes psychodynamique n’exclut pas le point de vue selon lequel
il faut un cerveau pour produire cette dynamique de l’action "… " La physiologie
de la volont� redevient une question � l’ordre du jour. Reste � d�velopper une "
physiologie de la volont� " qui pourrait s’appeler une " neuro-psychologie de la
volont� ", renouant ainsi avec le r�ve freudien du "Projet de psychologie scientifique", (1895).
Dans La psych� carrefour, Georg Eshel Edit, 1997, suite d’entretiens, avec Emile
No�l, D. Widl�cher montre comment la psychanalyse a besoin " de sortie du ghetto " pour s’ouvrir aux sciences de la communication�: " toute la pragmatique de la communication, actuellement d�velopp�e dans des travaux contemporains, �claire certains aspects de la communication psychanalytique�: les pens�es surr�f�rentielles, l’interpr�tation du contexte et, pourquoi pas,
l’interpr�tation du signifiant, de la cha�ne linguistique… etc. � l’inverse on
peut penser que l’exp�rience psychanalytique pourrait stimuler certaines
r�flexions, notamment, dans les sciences cognitives ".
Il faudra aussi un jour s’interroger sur la dimension "hypnotique" du
R�ve-�veill�, non pas en terme de suggestion, mais en tant que mode de
fonctionnement de la psych� tel que le d�veloppe Roustang dans plusieurs de ses ouvrages et notamment "Influence" Editions de Minuit, 1990.
�
L’�VOLUTION HISTORIQUE DU R�VE-�VEILL� DEPUIS ROBERT DESOILLE JUSQU’AU GIREP
Elle permet de distinguer trois grandes p�riodes�:
L’avenir dira si une relecture de Desoille et une pratique du r�ve-�veill�
proche de la sienne ne sont pas prometteuses de nouvelles avanc�es dans le
domaine de la psychoth�rapie.