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Frederik van Eeden, un personnage oubli�

vendredi 15 janvier 2016, par Webma�tre

Frederik van Eeden, psychiatre et r�formateur social a �t� un des premiers � faire une �tude syst�matique des r�ves. Ses travaux et les descriptions qu’il a tir�es de l’analyse des manifestations oniriques sont encore in�gal�s.

��Frederik Willem van Eeden est un �crivain, psychiatre et r�formateur social n�erlandais, n� le 3 avril 1860 � Haarlem, mort le 16 juin 1932 � Bussum (Pays-Bas).

Auteur prolifique, il publia des romans, de la po�sie, des drames, des �tudes et des essais. Il eut son heure de gloire aux Pays-Bas tant pour ses �crits que parce qu’il �tait le premier psychiatre n�erlandais reconnu au niveau international.

Fils d’un botaniste, Frederik van Eeden grandit dans un milieu o� l’art et la science sont mis en valeur. En 1878, il entreprend des �tudes de m�decine � Amsterdam. Il s’installe en 1886 en tant que m�decin g�n�raliste � Bussum mais se sp�cialise rapidement dans la psychiatrie. Il ouvre en 1887 avec Albert van Renterghem un institut de psychoth�rapie � Amsterdam, o� sont pratiqu�es les m�thodes d’hypnose de Li�beault dont il avait suivi les cours � Nancy.

Poursuivant parall�lement une carri�re litt�raire, Frederik van Eeden devient membre de l’association Flanor et fonde en 1885 avec Frank van der Goes, Willem Kloos, Willem Paap et Albert Verwey (nl) le magazine De Nieuwe Gids (Le Nouveau Guide) qui sera le porte-parole des Tachtigers, un mouvement litt�raire qui pr�ne l’art pour l’art et la spiritualit�. Son œuvre la plus connue, le conte initiatique ��De Kleine Johannes�� (��Le petit Jean��), para�tra dans les premi�res �ditions du Nouveau Guide avant d’�tre publi�e en 1887.

Van Eeden int�gra ses connaissances psychiatriques � certaines de ses œuvres litt�raires. Dans son roman psychologique ��Van de koele meren des doods�� (��Les lacs frais de la mort��), il relate de mani�re intimiste la lutte d’une morphinomane face � sa d�ch�ance physique et mentale.

Afin de donner une forme concr�te � ses points de vue sociaux, Van Eeden fonda pr�s de Bussum la communaut� agricole et artistique autarcique Walden. L’exp�rience, qui n’eut que quelques ann�es d’existence (de 1898 � 1907), fut significative pour le d�veloppement du socialisme aux Pays-Bas.

Van Eeden s’est converti au catholicisme dans les derni�res ann�es de sa vie.��

C’est ainsi que Wikipedia francophone r�sume la vie de ce chercheur. Or ce dernier a collect� d�s 1896 tous ses r�ves qu’il a ensuite soigneusement class�s pour en d�gager des lignes directrices, des cat�gories et des descriptions dont nous pouvons encore nous inspirer. Cet oubli est significatif d’un �tat d’esprit face � l’univers des r�ves et des images int�rieures.

��Depuis 1896, j’ai �tudi� mes propres r�ves, report� le plus int�ressant dans mon journal. En 1898, j’ai commenc� � tenir une comptabilit� distincte pour un type particulier de r�ve qui me semblait le plus important, et je l’ai poursuivi jusqu’� ce jour. Au total, j’ai recueilli environ 500 r�ves, dont 352 sont de ce type particulier que viens de mentionner. Ce mat�riau peut �tre � la base d’une structure scientifique d’une certaine valeur. Tel est mon souhait si le loisir et la force de la construire avec soin ne me manque pas.��

De ses travaux demeure la d�finition de ce qu’il a nomm� ��les r�ves lucides�� que la neurologie moderne consent d�sormais � �tudier. Cependant il a d�crit d’autres �tats oniriques.

On peut citer, notamment, les r�ves initiaux�:

��Le premier type de r�ves, je les appelle r�ves initiaux. Ce genre de r�ve est tr�s rare, je n’en connais que la moiti� d’une douzaine de cas que j’ai v�cue, sans aucune indication claire � ce propos chez d’autres auteurs. Pourtant, il est tr�s caract�ristique et facilement reconnaissable. Il ne se produit que dans le d�but du sommeil, lorsque le corps est dans un �tat de sant� normal, mais tr�s fatigu�. Puis le passage de la veille au sommeil a lieu � peine au moment de ce qu’on appelle g�n�ralement une perte de conscience, mais que je pr�f�re appeler la discontinuit� de la m�moire. Ce n’est pas ce que Maury appelle une hallucination hypnagogique, ph�nom�ne que je connais bien selon ma propre exp�rience et que je ne consid�re pas appartenir au monde des r�ves. Lors des hallucinations hypnagogiques nous avons des visions, mais nous avons la pleine perception corporelle. Durant le r�ve initial je vois et ressens comme dans n’importe quel autre r�ve. J’ai un souvenir presque complet de la vie courante, je sais que je dors et o� je dors, mais toutes les perceptions du corps physique, interne et externe, visc�rale ou p�riph�rique, sont totalement absentes. Habituellement j’ai la sensation de flotter ou voler, et j’observe avec une nettet� parfaite que la sensation de fatigue, le malaise du corps surmen�, ont disparu. Je me sens frais et vigoureux�; je peux bouger et flotter dans toutes les directions, et pourtant je sais que mon corps est en m�me temps mort de fatigue et qu’il dort profond�ment.��

Selon lui ��Le r�ve est une r�int�gration plus ou moins compl�te de la psych�, une r�int�gration dans une autre sph�re, sur un mode d’existence psychique, non spatiale. Cette r�int�gration peut aller jusqu’� ramener le plein souvenir de la vie courante, de la r�flexion et de l’action volontaire sur la r�flexion.��

Il distingue nettement la dissociation qu’il �voque plus haut dans cet �crit et ce qu’il nomme ��r�int�gration��, con�ue donc comme une caut�risation de l’�tat dissoci� de l’�tat de veille.

Il nous propose deux autres types de r�ves remarquables�:

Les ��r�ves sensation��

Ces derniers relatent des objets ou des sc�nhes qui n’ont rien � voir avec la r�alit� et dont nous n’avons gu�re le souvenir au r�veil. Par contre des sensations r�siduelles nous habitent longuement apr�s le r�veil. Des affects diffus, impr�cis mais tr�s pr�gnants.

Les r�ves de ��mauvais r�veil��

��Nous �prouvons la sensation du r�veil dans notre chambre � coucher ordinaire, puis on prend conscience de quelque chose d’�trange autour de nous, nous voyons des mouvements inexplicables ou bien entendons des bruits �tranges, et nous savons que nous sommes encore endormis.��

Ces r�ves sont terrifiants et laissent apr�s le r�veil une sensation d�sagr�able de crainte et un sentiment d’irr�alit�.


Les citations sont extraites de Actes of Society for Psychical Research, vol. 26, 1913 copi�s et relu par Blake Wilfong ([email protected])

Le commentaire de Blake Wilfong�: ��Dans ce travail de pionnier, van Eeden d�crit plusieurs vari�t�s de r�ves et propose l’expression ��r�ve lucide��. Bien que beaucoup de ses conclusions contredisent celles des chercheurs modernes, ce document reste un classique.��