Accueil > Criminologie > Catherine Bonnet, le courage d’une éthique
mardi 26 janvier 2016
Dans une brève précédente nous insistions sur les dysfonctionnements des acteurs institutionnels dans les affaires d’enfance maltraitée.
Nous évoquons ici le courage d’une pédopsychiatre qui a dû faire face à la justice et à ses paires pour avoir signalé des maltraitances.
Catherine Bonnet a été contrainte à l’exil professionnel suite à des plaintes, parce qu’elle avait signalé des violences sexuelles sur des enfants. Les plaignants prétendaient que ces signalements étaient la conséquence de manipulation par les mères en raison de divorces conflictuels. Depuis février 1997, il y eut au total 8 plaintes : 6 plaintes disciplinaires et 2 plaintes pénales.
La justice donnera raison aux plaignants. Pour avoir voulu porter secours à des enfants, Catherine Bonnet sera sévèrement sanctionnée : trois fois trois ans d’interdiction d’exercer. Elle n’aura d’autre choix que de fermer son cabinet, puis de s’exiler en Angleterre.
Depuis, Catherine Bonnet se bat pour que les violences sexuelles envers les enfants soient enfin reconnues et que les médecins puissent signaler ces violences en toute sécurité, sans risquer de perdre leur cabinet et leur droit de pratique.
Catherine Bonnet a également écrit deux livres :
L’Enfant cassé, l’inceste et la pédophilie, éditions Albin Michel, 1999
L’Enfance muselée, un médecin témoigne, éditions Thomas Mols, 2007
Présentation de l’éditeur (tirée du lien ci-dessus) :
« En 1996-1997, en signalant aux autorités judiciaires des enfants subissant des agressions, filmées par un de leurs parents pour être enregistrées en cassettes et exploitées sur Internet, Catherine Bonnet n’avait pas imaginé qu’ils seraient considérés comme menteurs, puis qu’on s’acharnerait à les museler. Pouvait-elle penser qu’il en serait de même pour elle parce que ses prises de position indisposaient fortement ? Etait-elle en mesure d’anticiper qu’elle perdrait son travail et serait contrainte de s’exiler alors qu’elle n’avait fait que son devoir de médecin ? L’auteur témoigne des résistances qu’elle a rencontrées pour faire entendre la voix de ses jeunes patients, tout comme celle de 200 autres médecins et autres professionnels de l’enfance, indignés par les mêmes abus et victimes des mêmes pressions au silence. Elle nous fait découvrir les défaillances de la loi française envers les enfants maltraités. Elle décrit comment d’autres pays occidentaux ont résolu des situations similaires. »
Les procédures dureront presque huit ans. Le dernier non-lieu sera prononcé le 10 septembre 2004.
En 2006, la commission d’enquête de l’Association mondiale de psychiatrie (WPA) confirme la valeur de son travail.
Aujourd’hui, Catherine Bonnet est réhabilitée par l’Ordre des médecins.
Voir en ligne : Lutte contre le patriarcat et ses activités masculinistes