<meta name="keywords" content=" Informations légales , Anthropologie , Témoignages et carnets de bord , Psychologie , Chroniques laïques d’Afrique du Nord ",spip,mutation société, violence urbaine />
Je tenais à faire part de mon témoignage et rebondir suite a votre article...Je me prénomme Jennifer et j’ai 32 ans , j’ai un parcours chaotique sur ma construction identitaire à la base (séparation, sentiments d’abandon...famille dysfonctionnelle) mais j’ai aussi subi ( et cela me fait drole de l’évoquer aujourd’hui...)des abus sexuels de la part du mari de ma grand mère (celle ci m’a élevé jusqu’à l’age de 4 ans).... Cela a commencé quand j’avais 7 ans je crois, par des caresses que je prenais a priori pour de l’affection. Cet homme je le considérais comme un grand père, un père...Rapidement cela a été plus loin : douches ensemble , demande de sa part de la caresser, caresses sur mon sexe etc...Je suis quasiement persuadée que ma grand mère "savait", ce qui a a eu pour moi des répercussions d’autant plus graves...J’ai grandi et les pratiques de cet homme sont devenus intimes, mes seins naissants et mon corps se développant, il était toujours là, omniprésent physiquement et moralement. J’étais un peu à sa merci, il était "gentil", était mon confident pour moi.Mais je sais aujourd’hui que tout cela n’était que de la manipulation pour qu’il arrive à ses fins...Chantage affectif aussi "si tu parles tes parents vont pas te croire et ta grand mère non plus" "tous les grands pères font ça ""je fais la meme chose à ta grand mère" "ne couche pas avec des garcons, il y a le sida". Jusqu’à l’age de 14 ans j’ai subi cet enfermement, cette pression psychologique, en me disant que je ne pouvais pas réveler quelque chose d’aussi honteux et je me disais que j’étais responsable car je n’avais pas réussi à lui dire "non", que quelque part j’étais une petite salope car il me payait des jeux vidéo, on jouait au billard, il m’apprenanit a conduire (d’ailleurs ces lecons ont commencé quand j’avais 12 ans et personne de ma famille trouvait cela étrange, passons..)j’ai meme été jusqu’à culpabiliser vis a vis de ma grd mère pensant que je lui volait sa place, par rapport à mes parents je me senatsi honteuse, nulle et j’avais l’impression de ne plus mériter d’etre leur fille, d’autant plus que mes parents n’ont jamais apprécié cet homme. Je me sentais prise au piège, l’histoire a éclaté car il cherchait a attirer ma meilleure amie vers lui en lui proposant de la ramener chez elle, elle le craignait bien sur. J’ai donc commencé a dire certaines choses mais très peu, j’avais l’impression que j’étais responsable et voulait protéger tout le monde, y compris lui !Il a abusé aussi de ma cousine, c’est tout d’abord elle qui a avoué certaines choses et puis le jour de l’anniversaire de ma grd mère, j’ai craqué, je n’en pouvais plus et mon père m’a prise à part dans la cuisine et je lui ai donné quelques détails (mais comment avouer des choses pareilles à son père ?cela m’était trop difficile), et puis et puis vient l’heure des dépositions, de la confrontation et du tribunal...Aujourd’hui je regrette de n’avoir pas tout dit car cela uarait été les assises, cet homme est rentré chez lui, en premier procès il a eu 8 mois ferme puis 1 mois avec sursis en appel....C’est a dire qu’il ne s’est rien passé, tout cela pour ça....Moi bousillée, je tente avec une psychothérapie longue de m’en sortir, c’est impossibilité de me projetter dans l’avenir, trouble de mon identité, angoisses, repli et j’en passe.... Alors aussi comment ne pas avoir la haine contre cette societé , contre la justice quand en plus de ce que l’on a subi rien n’est reconnu, puni , comment se reconstruire sans etre reconnue comme victime ? Aujourd’hui j’y travaille mais je me sens toujours coupable, je n’ai aucune estime de moi alors que mon potentiel est grand, j’ai l’impression de crever a petit feu avec ce vécu destructeur et c’est moi qui me bousille...je fais confiance à mon psy, j’ai un entourage aimant, loin de ma famille qui m’a demandé de "tout oublier", je suis en rupture avec elle, je ne peux pas pardonner leur manque de vigilance, leur lacheté et le fait que c’est aujourd’hui puisque j’ai du tourné la page que tout revient et j’ai meme des envies de suicide... Alors oui, c’était il y a plus de 17 ans mais combien de vie ca détruit d’avoir rencontré sur son chemin un monstre de la sorte ? Et comment ne pas avoir envie de tout péter au lieu de se donner une place dans la société, car oui, elle est injuste , comme le reste d’ailleurs...Je n’ai plus confiance en moi, plus en l’autre et encore moins au système de merde qui soi disant protège les victimes , car la prise en charge, comme elle est faite est d’autant plus traumatisante et inhumaine... Voilà ce que j’avais à dire, moi une jolie nana de 32, intelligente et pleine de qualité qui se laisse crever car elle se sent sale, en marge desespérée et en colère, une colère innommable...