Avant Propos Derri�re les gracieux battements de paupi�res complices d’une femme, d’une m�re ; sa tendresse, son baiser, le souffle chaud et caressant de son amour, il y a bien plus que le simple assouvissement d’un tourment ou d’un besoin naturel. Derri�re le froufroutement d�licat du vol silencieux et dansant d’un papillon, il y a bien plus que la c�l�bration d’un acte existentiel banal. Le tourment existentiel de la c�l�bration ou de la jouissance de la vie, pour peu naturel et commun qu’il soit, n’en t�moigne, n’en exprime pas moins un c�r�monial unique d’un in�galable enjeu : celui d’�panouir et d’exercer, sur un champs de vie � la fois pr�caire qu’absolu dans sa finalit� de ce don incurable, exceptionnel, dont l’intensit� et le d�sespoir de son v�u incertain d’aboutissement, la multitude et la complexit� de ses objets autant que de ses intentions, rend la qu�te existentielle passionnante, path�tique, bien ardue � ma�triser. Et sans un talent sensible et cr�atif motiv� et cons�quent, sans un infatigable effort � conna�tre, � comprendre ; � nous d�voiler � nous-m�me autant qu’� cr�er et projeter nos moyens et instruments d’exercice, nous ne serions pas capable de rendre honneur � l’immense dimensionnalit� de l’art, de la c�l�bration sans pareille de la vie dont l’existence nous a dot� de la lourde pr�somption. Et derri�re la violence ou le violentement de l’assouvissement imm�diat ou fonctionnel, individuel ou collectif, j’appr�hende un manquement dangereux sanctionnant autant l’incapacit� � harmoniser et pacifier ses propres instincts, que celle de l’abus et de la m�connaissance du respect des droits des autres : autant �l�ments, facteurs, partenaires, que lois syst�matiques de l’�quilibre et de l’harmonie partageant avec nous l’existence.
Derri�re le m�pris �vident de la violence ou du violentement. J’ai bien appr�cie de l’approche psycho analytique de cet article, et cependant, chaque fois que je l’ai lu, il m’a h�las sembl� que je devais y faire un commentaire. Pourquoi ? Mais parce que derri�re la violence ou le violentement sexuel, il y a, � mon avis, un monstre d’abus de sensibilit� qui s’exerce, s’accomplit sur son objet humain sans tenir compte que celui-ci �tait un sujet de droit � part enti�re. Cette violence ignoble et gratuite, outre qu’elle d�truit, renie outrageusement l’attribut le plus fondamental de la race humaine, celui de l’identit� individuelle reconnue et prot�g�e par la soci�t�, dans son droit � la libert�, � s’engager librement et sans contrainte dans l’assouvissement de tout enjeu et intention de r�alisation sensible.
Il ne s’agit donc pour moi, autant dans l’inceste, le viol domicile, familial, ou m�me social en brisant volontairement des r�gles �thiques et morales de rapports sexuels interdits, pas seulement d’un d�faut, d’une h�r�sie ou d’un cas de psychose, de maladie individuelle d’exercice sexuel reniant le consentement de la victime ou le respect de son agr�ment ; l’individu qui s’exerce ainsi place son d�sir au dessus de tout, comme un absolu sans autre r�flexion que son propre assouvissement ou son imp�rieuse et m�prisante jouissance. Non seulement, � mes yeux, il se refuse au partage consenti, mais il d�truit par cet acte odieux un des principes fondamentaux de l’existence humaine, celui qui est � la base de sa survie et de son excellence : le respect de l’autod�termination et de la libre participation de « l’autre ». Or, ce qui fait la grandeur et la richesse autant sensible, imaginaire que cr�ative de la race humaine, c’est justement la consid�ration et la reconnaissance des apports volontaires des autres membres de la soci�t� avec lesquels nous sommes tous tenus de partager l’existence.
Freud auquel je rends un hommage vibrant en cet endroit, disait : « Alles ist Libido », c’est dire, tout est libido. Et il avait pleinement raison, car dans l’existence, il n’y a que deux forces qui prennent des visages, des facettes multiples ; cependant qu’il ne s’agit que de l’anima et de l’animus. De la masculinit� et de la f�minit�. Et au risque d’�tre involontairement simpliste, nous disons que la masculinit� est de nature dominante et repr�sente la force, la puissance sexuelle ; tandis que la f�minit� repr�sente la recevabilit�, la tendresse, l’�l�gance. Et afin de couper court � toute discussion inutile, notons que pour les deux cat�gories sexuelles de l’esp�ce humaine, il y a non seulement des degr�s (regrettables ou pas) que des inversions de caract�res dominants. Mais je ne dis pas que l’homosexualit� ou la bissexualit� sont contre nature, mais qu’elle sont, du point de vue de la nature humaine elle-m�me, des contradictions naturelles. Parce que non seulement s’il n’y avait qu’elles, la nature humaine n’existerait plus. Car ce qui qualifie et caract�rise la race humaine, c’est sa fertilit�, et c’est dire, se reproduire dans le temps, l’espace et la qu�te de l’assouvissement du tourment de l’exercice sensible.
Du constat �loquent de cette dualit� freudienne, se d�duit la loi de l’harmonie naturelle : celle qui, en concordance avec la compl�mentarit� de ces deux �l�ments, cr�e l’harmonie de l’amour fructueux. Et j’irai m�me plus loin en disant que cet exemple naturel est bien plus significatif qu’on ne le pense, parce que tout en pr�sentant la premi�re unit� sociale, morale et �thique de l’existence humaine, elle n’en est pas moins compos�e de deux individualit�s distinctes, compl�mentaires, infructueuses l’une sans l’autre. Et de cela, on peut conclure que l’�quilibre, l’harmonie ou la qu�te fructueuse et positive dans l’�quation de l’existence humaine est duale. Pourquoi ce d�tour ? Mais parce que l’�tre qui n’accepte, dans son assouvissement, de respecter l’autod�termination de l’autre, ne projette que ses propres insuffisances, sa propre incomp�tence � acc�der � la notion de responsabilit� la plus intransigeante de la civilisation, de la culture humaine. Et celle-ci implique non seulement le respect de l’autre, du partenaire, de la communaut� ; mais aussi des r�gles et des usages qui agr�ent au bon fonctionnement d’un id�al social d’int�r�t commun : celui de la r�alisation complexe et multiples des moments et d’enjeux d’exercice de la jouissance existentielle de tous et de tout un chacun.
Celui ou ceux qui affirmaient ou affirment encore que l’�tre humain est n� bon et que c’est la soci�t� qui le d�truit, se trompent bien, j’en suis convaincu ; car le bien comme le mal font partie int�grante de notre nature humaine. Le bien n’est � mon avis qu’une valeur d’exp�rience confirmant des lois r�pondant au r�sultats fructueux et positif inh�rents � un fonctionnement naturel rapprochant les rapports humains et sociaux le plus �troitement � l’harmonie, � la paix, � la r�alisation partag�e et respect�e des �tres humains. Le mal, par contre, est plut�t l’erreur, le manquement, le d�faut insolent et poursuivi qui, depuis les temps les plus recul�s de l’existence humaine, a toujours �t� source de maux, d’abus et de destruction autant individuelles que collectives. Seuls la raison et le jugement objectifs respectant le bien et tous ses principes et ses implications nous ouvrent sur un id�al individuel, social et culturel nous permettant d’aspirer et de nous reconna�tre de la civilisation. Autrement dit, ceux qui ne se sont pas affranchis ni de la violence, ni ne parviennent � ma�triser ou � dominer leurs bas instincts, ne sont rien d’autre que des barbares sociaux ou culturels. Et certes, la soci�t� ne peut pas les rejeter (sinon, o� iraient-ils donc ?) ; mais elle se doit les soigner, et bien s�r se garder d’eux. Mais le meilleur moyen de se prot�ger de tels individus, c’est d’agir sur les valeurs �ducatives que toute soci�t�, dans ses id�aux, cultive et encense. Car notre monde, de jour en jour, devient petit et exigeant de s�curit�.
On ne sera surpris de trouver derri�re l’esclavage, la colonisation destructive des cultures, des us et usages de peuples �trangers, la m�me violence, le m�me m�pris de l’autre que dans l’inceste, le viol sexuel. Et bien de guerres, d’actes politiques ou d’exploitation ont intentionnellement pour effet de violenter des faibles, de priver des peuples entiers de leurs droits l�gitimes en imposant ceux du plus fort. Ce sont tous des actes de violentement incultes et barbares parce qu’ils se r�sument tous ou s’exercent tous au d�triment de tout respect et droit humain d’�quitable int�r�t. Faire subir aux autres ce dont on se pr�serve soi-m�me ou le dictat de sa religion ou de ses id�es n’est ni juste, ni honorable. Il en va de m�me de croire ou d’instaurer par la violence que sa vie, ses d�sirs ou ses int�r�ts sont imp�rativement au dessus de ceux des autres. Si ce n’est pas du racisme, de la discrimination...de l’Apartheid ou du terrorisme ?
Ce qui choque aujourd’hui, c’est qu’avec la croissance de l’anonymat des grandes villes, et ce malgr� culture et civilisation de notre �re actuelle, ces violences gratuites et plut�t honteuses envers les femmes, les enfants, les faibles, les �trangers, les malades se multiplient. A croire que bien de gens se cachent sous le manteau de la civilisation ou de ses facilit�s pour y exercer le plus vulgairement du monde leurs bas et primitifs instincts. L’�ducation, l’enfermement, la culture...la civilisation avaient-ils failli ? Personnellement, je ne le pense pas. C’est plut�t, � mon avis, un probl�me d’id�al d’exercice et de jouissance existentielle. Lorsque dans une soci�t� on a longtemps l�gitim� ou instaur� la violence ou la pr�pond�rance aveugle de la phallocratie comme principes existentiels par excellence, il est bien difficile de s’en d�barrasser plus tard car des g�n�rations en cha�nes ont aval� ce venin et l’ont transmis aux pr�c�dentes. Peut-�tre serait-il temps de dire aux gens la v�rit�, notamment que toute violence, sous quelque forme qu’elle soit, est un acte avilissant et barbare qui doit �tre irr�m�diablement sanctionn�. Et ceci pour tous, et partout...alors peut-�tre vaincrons-nous ce vil fl�au. Et nous pourrons enfin nous dire que nous sommes civilis�s.
Musengeshi Katata Muntu wa Bantu, Bantu wa Muntu