On a daubé, avec raison, sur une prétendue fonction consolatrice de l’art. Cette fonction pourrait être anodine si elle ne détournait pas du réel. C’est que l’art participe de la fiction et en tant que tel, il peut servir à prolonger et à renforce les illusions, les compromissions, les mensonges, donc à entretenir l’état de guerre. L’exemple que vous donnez de l’arche en trompe l’oeil en est une illustration saisissante. Il est certain que l’entreprise de Clara Halter, elle, relève d’un authentique désir de paix et est donc parfaitement louable -et peut-être nécessaire :il faut ouvrir les têtes et les coaurs à ce désir-là et la représentation esthétique permet d’embrasser formulation locale et expression universelle dans l’unité humaine de la parole. Mais il n’est que trop vrai, hélas, que dans la situation actuelle, une telle manifestation fait facilement figure d’incantation vaine. Il faut vouloir la paix, c’est-à-dire la désirer et oeuvrer pour elle. L’art tente depuis longtemps de jouer son rôle dans l’articulation de ce désir et de cette volonté.