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Les fondements neurologiques de la conscience, des �motions et de la m�moire selon A. Damasio
dimanche 8 juillet 2012, par
Les hypoth�ses qui avaient cours jusqu’au seuil des ann�es 90 laissaient entendre que le cerveau serait un superordinateur dot� de milliard de connexions que la science finirait par d�crypter. Il n’�tait pas envisageable, d’une que les �motions entrent dans le ballet en y jouant un r�le important parall�le � la raison, deux que la dualit� corps/esprit soit aussi mise � mal.
Antonio Damasio est directeur de l’Institut pour l’�tude neurologique de l’�motion et de la cr�ativit� de l’Universit� de la Californie du Sud (University of Southern California) depuis 2005. Le public conna�t ses travaux gr�ce � deux ouvrages parus chez Odile Jacob, Le sentiment m�me de soi, paru en 1999 et L’erreur de Descartes en 1995. Enfin Spinoza avait raison, joie et tristesse, le cerveau et les �motions�a �t� �dit� chez Odile Jacob en 2004. Ses recherches ont boulevers� la vision que l’on avait de l’activit� du cerveau et de sa place dans l’organisme humain. Les hypoth�ses qui avaient cours jusqu’au seuil des ann�es 90 laissaient entendre que le cerveau serait un superordinateur dot� de milliard de connexions que la science finirait par d�crypter. Il n’�tait pas envisageable, d’une que les �motions entrent dans le ballet en y jouant un r�le important parall�le � la raison, deux que la dualit� corps/esprit soit aussi mise � mal.
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La fonction primordiale du cerveau est d’assurer l’hom�ostasie de l’organisme humain, c’est-�-dire le maintien permanent et la r�gulation harmonieuse de ses param�tres internes avec pour fin la survie. ��Un organisme simple ou complexe n’est pas simplement en vie, il est r�solu � rester en vie.�� Ce d�sir inn� et inconscient de rester en vie, qui se manifeste par des ajustements internes aux variations de l’environnement, est pr�sent chez les �tres unicellulaires. Il pr�c�de donc l’apparition d’un syst�me nerveux et d’un cerveau. C’est une forme d’instinct tr�s archa�que attach� aux organismes vivants.
Cependant, le d�veloppement d’un cerveau permet � l’organisme humain d’�tendre consid�rablement ses capacit�s � sentir son �tat interne et les variations qui y surviennent.
Cependant, le d�veloppement d’un cerveau permet � l’organisme humain d’�tendre consid�rablement ses capacit�s � sentir son �tat interne et les variations qui y surviennent.
Ainsi, chez l’homme certaines structures c�r�brales (tronc c�r�bral, hypothalamus et cortex insulaire) sont d�volues � cette t�che de surveillance et de r�ajustement constant. Elles re�oivent en permanence des informations sur l’�tat des visc�res, des muscles, sur la temp�rature corporelle, la composition chimique du sang�; elles �tablissent � chaque instant un �tat des lieux sous forme de configurations neurale ou cartes corporelles internes, et prennent les mesures appropri�es pour corriger les d�s�quilibres dangereux.
Dans le contact permanent � un environnement, � tout instant, le cerveau met � jour ces cartes sensorielles des diff�rents syst�mes et organes qui communiquent � chaque instant leur �tat interne, ce qui leur arrive, dans quelle position ils sont, ce qu’ils per�oivent, etc. Cet encartage totalement inconscient donne naissance a des images sensorielles, il induit une valorisation des �tats du corps. Ces images qui d�crivent l’�tat valoris� de l’organisme sont des �motions. Cette organisation a pour but constant d’ajuster le corps a son environnement. L’ensemble des cartes valoris�es engendre ce que Damasio appelle le Proto Soi inaugural – le premier auquel parvient une information.
Ce syst�me de r�gulation fonctionne de fa�on inconsciente et autonome. Ce syst�me n’a donc pas besoin des structures d’int�gration sup�rieures pour fonctionner mais cela ne signifie pas qu’il en soit totalement ind�pendant. En effet, certaines d�cisions prises au niveau des centres corticaux peuvent influencer voire perturber cette activit� r�gulatrice.
Dans le contact permanent � un environnement, � tout instant, le cerveau met � jour ces cartes sensorielles des diff�rents syst�mes et organes qui communiquent � chaque instant leur �tat interne, ce qui leur arrive, dans quelle position ils sont, ce qu’ils per�oivent, etc. Cet encartage totalement inconscient donne naissance a des images sensorielles, il induit une valorisation des �tats du corps. Ces images qui d�crivent l’�tat valoris� de l’organisme sont des �motions. Cette organisation a pour but constant d’ajuster le corps a son environnement. L’ensemble des cartes valoris�es engendre ce que Damasio appelle le Proto Soi inaugural – le premier auquel parvient une information.
Ce syst�me de r�gulation fonctionne de fa�on inconsciente et autonome. Ce syst�me n’a donc pas besoin des structures d’int�gration sup�rieures pour fonctionner mais cela ne signifie pas qu’il en soit totalement ind�pendant. En effet, certaines d�cisions prises au niveau des centres corticaux peuvent influencer voire perturber cette activit� r�gulatrice.
Le compte rendu des changements impos�s au Proto Soi est mis en relation avec l’objet inducteur des changements, lui m�me repr�sent� par�des images mises en carte et valoris�. L’assemblage de la carte du Proto Soi et de la carte de l’objet donne naissance � une nouvelle carte dite de second ordre qui repr�sente le Proto Soi modifi� par l’objet et mis en superposition temporelle avec lui.
Cette superposition demeure inconsciente donc non verbale. Les images g�n�r�es par les cartes de second ordre qui d�crivent la relation sont des sentiments – feelings, capacit� de ressentir.
Cette superposition demeure inconsciente donc non verbale. Les images g�n�r�es par les cartes de second ordre qui d�crivent la relation sont des sentiments – feelings, capacit� de ressentir.
Damasio d�finit l’�motion comme ��la s�rie des changements qui se produisent dans le corps et le cerveau, le plus souvent en r�action � un contenu mental particulier��. Feeling serait alors la ��perception de ces changements��.
Ces �motions ne sont pas entendues comme des affects non fond�s dans le corps, mais plut�t comme des marqueurs somatiques (Damasio, p. 239) traduisant la r�action de l’ensemble de l’organisme � des objets ou �v�nements nouveaux. Les marqueurs somatiques alertent l’organisme lorsqu’une d�cision peut s’av�rer n�faste � l’�quilibre hom�ostasique de l’organisme. Ils pr�viennent celui-ci du danger potentiel d’un raisonnement non pertinent.
La mise en relation de l’image du corps avec l’image de l’objet permet au cerveau de ��comprendre�� l’�v�nement en cours et d’�mettre une d�cision pertinente qui induira par la suite une action appropri�e pour une plus fine adaptation aux changements survenus.
��Les marqueurs somatiques aident ‘le processus de lib�ration’ � se r�aliser, en mettant en lumi�re certaines options (soit dangereuses soit favorables), et en permettant rapidement de ne plus avoir � les compter parmi celles � envisager��. Ils interviennent ��de fa�on � �valuer les sc�narios extr�mement divers du futur envisageable��.(Damasio, L’ Erreur de Descartes, Odile Jacob poches, p. 241) Ils visent une action juste avec le moins de d�penses possible pour l’organisme.
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Ce point est de toute premi�re importance car c’est aussi ce r�le que Jung assigne aux r�ves – compl�mentaires ou compensatoires � l’action de la conscience – l’action d�cid�e ou prise par cette conscience � un instant donn�. Le r�ve serait-il alors l’�cho du proto Soi modifi� per�u par la conscience quand celle-ci est au complet repos – durant le sommeil paradoxal quand tous les sens sont en �veil, et archiv� un court moment dans une m�moire transitoire singuli�re. Les r�ves seraient les images neurales des marqueurs somatiques. Or les r�ves ne sont pas pris en compte par la neurologie. Les contenus et les affects autour desquels ils se trament sont consid�r�s comme n�gligeables. (�?)
Comme pour les r�ves, nous utiliserons cette dynamique des images superpos�es – image-objet/image du corps – � des fins th�rapeutiques au cours du processus que j’ai nomm� en 1981 imagoth�rapie.
Lors de l’interaction de l’organisme avec un objet r�el ou virtuel – cr�� par la conscience –, l’�tat interne du corps se trouve subtilement modifi� et ainsi le proto-soi g�n�re une nouvelle carte corporelle. Le compte rendu de ce changement entre l’ancienne et la nouvelle configuration neurale est enregistr� sous formes d’images neurales non verbales, les cartes neurales de deuxi�me ordre. Celles-ci��tablissent une relation causale entre le changement et l’objet. Ainsi, la repr�sentation neurale du proto-soi non conscient en cours de modification permet � l’�tre de se sentir en train de conna�tre�; c’est l’�mergence d’une conscience � travers le feeling – la perception du changement. Damasio la nomme conscience-noyau.
Elle d�finit les contours du�Soi central transitoire, centr� sur l’ici et maintenant, sans cesse recr�� par les objets avec lesquels l’organisme interagit dans l’instant pr�sent – cf. E. Varela avec la notion d’attention et de vigilance. Damasio la repr�sente sous forme de pulsations de conscience, qui commence avec le changement du proto-soi et se termine lorsqu’un nouvel objet vient � son tour d�clencher sa propre s�rie de changements. Il serait illusoire de rechercher une localisation c�r�brale unique pour la conscience-noyau car manifestement plusieurs structures sont impliqu�es dans la cr�ation de ces cartes neurales de deuxi�me ordre – thalamus, cortex cingulaire et des zones des cortex pr�frontaux.
Elle d�finit les contours du�Soi central transitoire, centr� sur l’ici et maintenant, sans cesse recr�� par les objets avec lesquels l’organisme interagit dans l’instant pr�sent – cf. E. Varela avec la notion d’attention et de vigilance. Damasio la repr�sente sous forme de pulsations de conscience, qui commence avec le changement du proto-soi et se termine lorsqu’un nouvel objet vient � son tour d�clencher sa propre s�rie de changements. Il serait illusoire de rechercher une localisation c�r�brale unique pour la conscience-noyau car manifestement plusieurs structures sont impliqu�es dans la cr�ation de ces cartes neurales de deuxi�me ordre – thalamus, cortex cingulaire et des zones des cortex pr�frontaux.

Il est cependant tr�s probable que le thalamus, qui relie les structures d’�laboration du proto-soi aux centres d’int�gration sup�rieurs, joue un r�le central dans l’apparition de la conscience-noyau.

Tous les animaux sup�rieurs – les vert�br�s – ont une conscience noyau car elle est l’�l�ment clef de l’�volution des esp�ces.
C’est � ce stade de connexion avec les centres d’int�gration sup�rieure qu’intervient la capacit� m�morielle. Cette connexion permet � ces derniers de mettre en m�moire l’�v�nement et cette phase est cruciale dans l’apparition d’une nouvelle conscience que Damasio appelle la conscience-�tendue, fondement du Soi autobiographique. L’archivage organis� des exp�riences pass�es d’un organisme humain constitue le Soi autobiographique.
� ce stade de constitution du Soi autobiographique l’esp�ce humaine semble se distinguer nettement des autres.�Alors que la conscience-noyau est une conscience de l’instant, la conscience �tendue cr�e le pass� et le futur, et place ainsi l’individu dans le temps. Elle permet la reconnaissance des objets, le rappel des souvenirs, la m�moire de travail, le fait d’�prouver des �motions et des sentiments, le raisonnement et la prise de d�cision.
� ce stade de constitution du Soi autobiographique l’esp�ce humaine semble se distinguer nettement des autres.�Alors que la conscience-noyau est une conscience de l’instant, la conscience �tendue cr�e le pass� et le futur, et place ainsi l’individu dans le temps. Elle permet la reconnaissance des objets, le rappel des souvenirs, la m�moire de travail, le fait d’�prouver des �motions et des sentiments, le raisonnement et la prise de d�cision.
Cependant des observations d’�thologues d�montrent que des gorilles sont capables de m�moriser les lieux et les saisons o� leurs fruits pr�f�r�s parviennent � maturit�...
Les �v�nements m�moris�s sont archiv�s dans plusieurs aires distinctes du n�ocortex et sont p�riodiquement r�activ�s. Lorsqu’ils sont r�activ�s, ils sont per�us de la m�me fa�on que des objets r�els et d�clenchent alors l’activation de la conscience-noyau.
Les �v�nements m�moris�s sont archiv�s dans plusieurs aires distinctes du n�ocortex et sont p�riodiquement r�activ�s. Lorsqu’ils sont r�activ�s, ils sont per�us de la m�me fa�on que des objets r�els et d�clenchent alors l’activation de la conscience-noyau.
Cela signifie que des objets issus des repr�sentations ant�rieures, qui sont donc tout � faits virtuels peuvent d�clencher une nouvelle activation au m�me titre que des objets physiques objectifs. Cela peut s’av�rer d’une importance extr�me pour comprendre les m�canismes qui se mettent �l’œuvre quand les d�cisions prises par l’individu s’av�rent contreproductive, voire totalement criminelles.
La conscience �tendue�connecte le Soi central aux souvenirs et aux perspectives d’avenir qu’elle est en mesure de se repr�senter � travers des images. C’est pourquoi Damasio parle des souvenirs du futur.�Ces souvenirs du futur sont constitu�s d’images neurales � partir des simulations de ce qui peut se produire dans un proche avenir au regard de ce qui s’est d�j�produit dans le pass�, et des �tats pr�sents du corps.
Ce qui rejoint les paroles de Alain Berthoz�: ��La m�moire du pass� n’est pas faite pour se souvenir du pass�, elle est faite pour pr�venir le futur. La m�moire est un instrument de pr�diction.��
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La conscience �tendue permet de relier les informations de la conscience noyau � tout l’ensemble de l’exp�rience individuelle, tant du point de vue intime que des influences externes, historiques et locales.
Les souvenir biographiques sont repr�sent�s comme des objets dans les cartes de second ordre. Les �pisodes du pass�, avec leur immense complexit� entrent ainsi en relation avec l’organisme sur le m�me mode que pour la conscience noyau�; chacun de ces souvenirs peut donc susciter une pulsation de conscience noyau, engendrant ce sens aigue que l’on a de se conna�tre soi m�me.
En l’absence de ce sentiment de Soi il ne peut y avoir de pens�e logique ni d’effet pertinent sur l’objet agent du changement. Et il faut bien avoir pr�sent � l’esprit que le Soi se construit par les �motions, le feeling et, par suite, la conscience de soi.
En l’absence de ce sentiment de Soi il ne peut y avoir de pens�e logique ni d’effet pertinent sur l’objet agent du changement. Et il faut bien avoir pr�sent � l’esprit que le Soi se construit par les �motions, le feeling et, par suite, la conscience de soi.
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Du proto-soi dont l’activit�, bien qu’inconsciente, active le sentiment continu de l’�tat du corps sous la forme de cartes neurales de premier ordre au soi autobiographique il existe un lien de continuit� qui impose une vision globale pour l’�tude de l’esprit humain. Damasio propose aux chercheurs psychologues, sociologues et neurologues d’adopter un positionnement holiste.
Antonio Damasio

Research Topics
The neurobiology of mind and behavior, with an emphasis on emotion, decision-making, memory, communication, and creativity.
Research Overview
Antonio Damasio is an internationally recognized leader in neuroscience. His research has helped to elucidate the neural basis for the emotions and has shown that emotions play a central role in social cognition and decision-making. His work has also had a major influence on current understanding of the neural systems, which underlie memory, language and consciousness. Damasio directs the USC Brain and Creativity Institute.
Pr. Alain Berthoz
�Professeur honoraire de la Chaire de physiologie de la perception et de l’action du Coll�ge de France. Membre de l’Acad�mie des sciences.
Sources
Une grande partie de ce texte est �dit�e sur Internet sous la signature de plusieurs auteurs qui ne citent pas leur source. Il est donc impossible de revenir � l’auteur original auquel on doit certaines lignes. N�anmoins, en approfondissant les recherches, on constate que des �l�ments de texte sont directement issus de L’erreur de Descartes, de A. Damasio, d’autres proviennent de l’excellent site de l’Institut des neurosciences, de la sant� mentale et des toxicomanies,
Le cerveau � tous les niveaux
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Chaque fois que j’ai pu le rep�rer, j’ai ouvert des citations. Toutes les illustrations proviennent de ce site. On y trouvera de nombreuses r�f�rences.
Chaque fois que j’ai pu le rep�rer, j’ai ouvert des citations. Toutes les illustrations proviennent de ce site. On y trouvera de nombreuses r�f�rences.
La d�finition de certains concepts est inspir�e de sources diverses�:
Intelligence�: Wikipedia
Images�: in L’erreur de Descartes, A. Damasio, p. 139 et sq.
Le sentiment m�me de soi, E. Damasio, p. 406 et sq
Le Pouvoir de l’esprit Entretiens avec des scientifiques, le Dala� Lama XIV, Editions Fayard, 2000, (participation)
Le Pouvoir de l’esprit Entretiens avec des scientifiques, le Dala� Lama XIV, Editions Fayard, 2000, (participation)