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Les traumatismes de l’enfance - III

Comment faire face�?


R�duire les crimes p�dosexuels de voisinage � la seule dimension d’une affaire priv�e serait une profonde erreur. Il y a dans l’ampleur du ph�nom�ne les signes d’une d�rive de soci�t� dont les implications vont bien au-del� du personnel. C’est pourquoi nous devons prendre conscience qu’il s’agit de quelque chose de tout aussi important pour l’humanit� que les changements climatiques. Or, si la terre se fiche bien des humains, nous avons besoin de nos enfants...



Quels moyens mettre en �uvre pour nous en prot�ger Dans un premier temps j’ai montr� comment nous pouvions faire face aux s�quelles de la p�docriminalit� - principalement de voisinage - et ce, sur le plan de l’individu. Mais j’ai bien pris garde de montrer �galement qu’il ne suffit pas d’envisager la question sous l’angle uniquement individuel. La composante collective est intrins�quement li�e � la r�solution du probl�me. Elle l’est car tout individu, na�t et grandit dans le milieu restreint de la famille puis il �volue dans un ensemble plus vaste que l’on nomme couramment soci�t�. Il en est influenc� et cela rend cette m�me soci�t� responsable de ses membres. C’est aux fondations de tous les pactes sociaux. Elle doit les prot�ger, faciliter leur ascension sociale et, quand la n�cessit� s’impose, elle doit assumer la prise en charge des probl�mes tant moraux que juridiques qui mettent en p�ril une cat�gorie particuli�re de ses membres. Il faut parfois avoir le courage de dire que si le droit n’encadre plus la r�alit�, il faut changer le droit. J’ai d�j� pos� le probl�me de l’inceste et des maltraitances de l’enfant comme relevant de la responsabilit� collective. (Inceste, p�docriminalit�, crimes contre l’humanit�, �d. Lierre et Coudrier, Toulouse, 2006)
Poser ces crimes comme relevant des d�finitions internationales du crime contre l’humain n’a rien d’une outrance car si nous nous penchons sur les chiffres que j’ai cit�s dans l’article pr�c�dent, nous restons constern�s. Et si l’on pr�tend que ces chiffres sont erron�s, il suffit de s’en remettre aux �tudes canadiennes, ce qui nous ram�ne, de toute mani�re � des �valuations identiques.
Je ne suis pas seul � poser les choses ainsi mais l’inertie collective est puissante, le politique, plut�t suiviste quand cela l’arrange, ne se risquera donc pas � engager un d�bat incertain car le probl�me de la maltraitance de l’enfance touche autant la morale que la vie citoyenne, le vivre ensemble.
C’est bien ce qui complique la r�solution de ce probl�me. Pour �vacuer la question beaucoup de d�tracteurs des mesures qui pourraient �tre prises pour faire face � la p�docriminalit� de voisinage, invoquent la notion morale pour dire�: ��Ce n’est pas � l’�tat de s’immiscer dans des probl�mes de m�urs��. Ce � quoi on peut r�pondre qu’il le fait bien quand il s’agit de punir un crime passionnel, par exemple. Est-ce que ces d�tracteurs voudraient nous dire que l’inceste, pour ne citer que ce crime, ne rel�verait que de la sph�re personnelle�?
Pr�cis�ment depuis deux ou trois si�cles les probl�mes d’inceste et de maltraitance de l’enfant se r�glaient en famille sous l’�gide du Pater familias...
Peut-on, un instant consentir � voir qu’il s’agit l� d’un archa�sme indigne d’une soci�t� moderne.

C —�1 —�Du point de vue de la victime

Faire face � la p�docriminalit� c’est d’abord se placer du point de vue de la victime et du m�me coup faire l’inventaire des d�g�ts caus�s par cette criminalit�. S’en tenir aux chiffres et donn�es de la chancellerie pour situer le probl�me rel�ve de l’imposture et de l’escroquerie intellectuelle.

Nous devons d�j� d�finir cliniquement ce que sont les pr�dations sexuelles, incestueuses et celles r�sultant d’un acte barbare ou des pulsions d’un pervers � l’aff�t.
Les d�finitions actuelles qui reposent sur une distinction archa�que entre viol et attouchement sont totalement d�pass�es. Et ce n’est pas l’inscription r�cente de l’inceste comme crime qui changera les mentalit�s, car les mentalit�s, c�t� enqu�teur, c�t� juge voire c�t� expert demeurent ant�diluviennes. Elles masquent mal leur appartenance � l’id�e d’une patria potesta, cette supr�matie absolue du p�re sur l’ensemble de la famille. En apart�, il est inconcevable que l’on pose � une adolescente viol�e la question suivante�: ��comment �tais-tu habill�e�!�� (Le tutoiement est de rigueur)
D’embl�e, � part quelques rares exceptions - des enqu�teurs remarquables, form�s et diligents —�la parole de la victime est mise en question. La recherche de la preuve semble incontournable, preuve de l�sions physiques, bien entendu. Comme si la l�sion psychique �tait une illusion, un phantasme. � l’heure o� l’on introduit la r�alit� du harc�lement au travail, preuve qu’une l�sion psychique peut �tre prise en consid�ration, comment ignorer l’existence de l�sions � vie chez les victimes de p�docriminels�?
Il faut convenir que rares sont les cliniciens form�s au d�pistage des ces traces d’un traumatisme produit dans la petite enfance. Premier pas � franchir�: former des cliniciens, approfondir nos recherche et nos connaissance en victimologie.

Ce vide clinique ne doit pas emp�cher de faire un inventaire national des victimes d’inceste, de viol commis dans l’enfance par des proches. On demeure constern� devant cette b�ance. Pas un sociologue n’a �t� assez influent pour imposer une enqu�te globale. A-t-on peur d’avance de la v�rit� qui �clatera au grand jour�?

Dans la perspective d’un approfondissement de nos connaissances en victimologie, il convient �galement de diff�rencier les diff�rents facteurs de toxicit� et de perversit� li�s � la p�docriminalit�. (J’y inclus la p�docriminalit� sur internet qui semble tant fasciner nos �diles)

Partant de ces premiers �l�ments de connaissance, il faudrait alors �tudier de pr�s l’impact � court et long terme de la toxicit� des traumatismes de l’enfance, �valuer le co�t social de cet impact. Je crois savoir qu’Aude Fievet a pos� les premiers �l�ments qui pourraient servir � cette �valuation. Je n’ai pas eu connaissance de ses travaux finalis�s.
Enfin, sans nullement porter atteinte � notre fiert� nationale ou europ�enne, des missions aux USA et au Canada pourraient nous aider � rattraper le retard consid�rable en la mati�re�: connaissance de la victime et de ses besoins, connaissance des p�docriminels et de leurs modes op�ratoires. Notre sentiment primaire antiam�ricain constitue certes un frein consid�rable mais n’est-il pas temps de voir les choses autrement�?

C —�2 —�Du point de vue du pr�dateur

Bri�vement, dire qu’en criminologie, nous connaissons mal la personnalit� des pr�dateurs p�dosexuels de voisinage. M�me sur continent Nord-am�ricain, il n’existe pas r�ellement d’�tude approfondie qui nous permette d’approcher ces personnalit�s complexes. En France, il nous manque d�j� la possibilit� d’acc�s aux personnes d�j� condamn�es. Ce vide laisse trop souvent la place � des rumeurs et � des pr�jug�s qui sont pr�judiciables � la cause des victimes. En effet, si nous avons connaissance de la personnalit� et du mode op�ratoire du pr�dateur il nous est plus facile de rendre cr�dible des t�moignages de victimes. L’agir des ces personnalit�s est si bien adapt� aux circonstances qu’il parvient � duper les experts et, par suite, les juges eux-m�mes.
(J’ai apport� une contribution � la connaissance des pr�dateurs p�dosexuels. On en retrouvera les premiers �l�ments dans deux articles�:
Les pr�dateurs sexuels, typologie et classement, http://is.gd/58N23 et Psychopathe, narcissique, d�sordre de la personnalit� et troubles de l’identit� sexuelle, quelques mises au point, http://is.gd/58N7o)

Nous devons aussi engager des recherches pour jeter les bases d’une pr�vention de la criminalit� p�dosexuelle, � sa source. C’est dans la fin de l’enfance et au d�but de l’adolescence que se fixent les �l�ments qui se traduiront plus tard par des passages � l’acte � la malfaisance certaine. Nous ne savons rien ou presque de ce monde, celui au sein duquel, dans le secret des fantasmes de quelques adolescents, vont prendre forme des pulsions criminelles, alors que chez d’autres rien ne se passera.
Si nous entreprenons des actions de pr�vention aupr�s des parents et des enfants, celles-ci doivent s’articuler � des actions identiques, en amont, qui permettraient � de jeunes adolescents de faire face � des fantasmes inqui�tants. (L’existence, en soi, de fantasmes p�dosexuels n’est pas signe d’une tendance du m�me nom, la r�alit� psychique est plus complexe)
La pr�vention qui consisterait uniquement � mettre en garde les enfants contre les pr�dations, sur Internet, � l’�cole ou en famille, loin de s’av�rer pertinente � court terme, peut devenir contre performante car elle pourrait accentuer le sentiment d’ins�curit�, lequel est d�j� un fait marquant de nos soci�t�s.
Peut-on transmettre ce sentiment d’ins�curit� globale � nos enfants�? De m�me, comment faire quand le pr�dateur est lui-m�me aux avant postes, � surveiller toutes les informations qui viendraient perturber le contr�le qu’il exerce sur son entourage�?
Je ne dis pas que ces actions sont vaines. Elles le seraient si elles n’�taient pas compl�t�es par des actions, en amont, aupr�s des criminels eux-m�mes mais aussi, l� ou naissent les comportements criminels.
Mais comment faire quand la tendance g�n�rale est de d�pister les comportements criminels au plus t�t. D�s la maternelle, pour certains�? Sortir de la rumeur et combattre les pr�jug�s sur des bases solides serait un premier pas.
D�licat �quilibre � tenir entre n�cessit� sociale et �thique fondamentale. C’est pourquoi la cr�ation d’une instance nationale charg�e de veiller au juste respect de nos valeurs fondamentales.

C —�3 —�Faire face collectivement

Quand un aspect particulier de la vie sociale est ignor�e des politiques, il se trouve toujours des individus engag�s pour cr�er des instances de revendication ou des groupes de pression afin de forcer la prise de conscience n�cessaire � un changement d’attitude collective voire induire un changement de m�urs.
L’exemple m�me de la prise de conscience des bouleversements climatiques � venir en est un mod�le. Il aura fallu plus 40 ans de revendications et de pression pour que le probl�me fasse l’objet d’un vaste d�bat. Et, qui dit d�bat, dit aussi diffusion au pr�alable d’une information fiable.
L’inertie collective ne repose pas sur une soi disant indiff�rence du public —�c’est un pr�jug� f�roce —�mais sur l’indiff�rence m�me des intellectuels et des �lites politiques...
C’est pourquoi les associations de victimes constituent, pour l’instant, la seule force susceptible de cr�er un mouvement d’opinion. Mais on peut se demander s’il cela doit s’installer comme pr�sence permanente.


Mouvements populaires et associations de victimes
Marche Blanche est le nom d’un mouvement de protestation n� � la suite de l’Affaire Dutroux en Belgique et suite � l’arrestation de plusieurs p�docriminels. Ce mouvement populaire spontan� a rassembl� plus de 300 000 personnes � Bruxelles en octobre 1996 lors d’une Marche Blanche pour protester contre l’inertie des pouvoirs publics et les silences douteux de la justice face aux crimes p�dosexuels. Le mouvement —�comme souvent en pareil cas —�s’est institutionnalis� et a donn� naissance � des associations du m�me nom, en Suisse notamment, plus tard d’autres associations de victimes ont vu le jour, souvent gr�ce � des initiatives individuelles. Certaines se sont fait conna�tre au plan national, d’autres, plus discr�tes, se sont ancr�es localement d’autres, enfin ont disparu. En France, AIVI (2000, Association Internationale des Victimes d’Inceste), et IED (2001, Innocence en Danger) s’imposent comme des leaders de la d�fense des victimes d’inceste, pour la premi�re, de l’enfance en danger en g�naral pour la seconde. Ce sont des associations g�n�ralistes qui peuvent accorder une sorte de franchise � des clubs locaux pour des actes ponctuels ou qui cherchent � en cr�er pour d�multiplier leur capacit� d’information et d’impact aupr�s du public et il s’agit, le plus souvent de ce deuxi�me type de d�l�gation. Dans un paysage plut�t d�sert, leur capacit� de pression sur les pouvoirs publics et sur des �lus, les promeut au rang de porte parole des victimes. Cependant leur volont� h�g�monique —�quasi naturelle car reposant sur une absence de concurrence —�finira par poser probl�me � un moment ou � un autre.

On peut citer aussi L’INAVEM qui, depuis 20 ans, contribue � la reconnaissance des droits des victimes. Il s’agit d�j� d’une f�d�ration de professionnels, fort bien structur�e, document�e et qui offre des services gratuits. Ce pourrait �tre un premier mod�le f�d�ratif ou de mutualisation de moyens dont la vocation serait de diffuser une information aupr�s des victimes ou des proches.
Enfin la Fondation Princesses de Cro� et Massimo Lancellotti, cr��e en 2001 s’est donn�e pour but premier de prot�ger les droits des enfants et des parents, notamment dans le cadre de la p�docriminalit� organis�e, sectaire ou intra-familiale et la traite d’enfants�; des enl�vements parentaux o� par des tiers et des enfants plac�s en institutions publiques.

En France donc, le r�seau d’associations de victimes de maltraitance est peu dense, disparate dans ses moyens et ses objectifs. La plupart des associations n�es dans la foul�e de la Marche Blanche demeurent impr�gn�es par ce mouvement l�gitime de col�re et de revendication. Depuis, les parlementaires, les politiques, les acteurs de la justice ont peu � peu int�gr� cette dimension de lutte et, globalement, se sont recroquevill�s sur des positions conservatrices, tout en se cachant derri�re un discours r�cup�rateur et manipulateur. Cette tendance est assez commune en Europe de l’Ouest, m�me si L’Espagne, la Suisse et les pays scandinaves d�veloppent actuellement de r�els moyens pour faire face au probl�me pos� par les maltraitances conjugales et les maltraitances de l’enfant.
L’�volution globale des soci�t�s europ�ennes contraint � une d�centralisation des moyens de pr�vention et de lutte —�c’est valable pour tout le champ culturel et social. Les associations locales, proches du terrain sont bien plus � m�me de faire face � une demande de proximit� forc�ment individuelle et singuli�re, que des associations nationales dont le fonctionnement, qui repose sur le b�n�volat, ne peut offrir la qualit� d’accueil requise pour les victimes. Par contre, ces derni�res d�veloppent la puissance n�cessaire pour devenir des groupes de pression efficaces. Les associations locales doivent, par contre, garder et d�velopper la ma�trise de l’accueil et du soutien aux victimes. Mais ces derni�res devront, � un moment ou � un autre, se f�d�rer pour se prot�ger des al�as et des pressions financi�res ou politiques al�atoires et impr�visibles.
Quant aux administrations territoriales et � l’�tat, il faudra bien � un moment ou � un autre qu’ils s’impliquent dans des actions g�n�rales de pr�vention, de lutte et d’accueil des victimes, d’�ducation et d’information aupr�s du public. Or, pour l’instant, nous constatons surtout des gesticulations qui, le plus souvent, pour des mobiles �lectoraux, instrumentalisent la souffrance et l’attente des victimes, sans v�ritablement d�bloquer les moyens de mise en �uvre n�cessaires ni permettre l’application correcte des lois et r�glements �dict�s sans ordre ni concertation. Entre les d�clarations de bonnes intentions d’un pouvoir qui agit dans la h�te de l’actualit� et le terrain, la d�calage est saisissant. Enqu�tes b�cl�es, longues, des d�cisions de justice aberrantes, des auxiliaires de justice bien plus habitu�s � encadrer des d�linquants que des petites victimes, des experts manipul�s par ceux-l� m�me qui devraient rendre des compte...

Les besoins au plan national

Il manque, sur le territoire fran�ais une instance de r�gulation et de coordination. Ce pourrait �tre le r�le d’un Commissariat g�n�ral de surveillance des violences domestiques et des violences faites � l’enfant, au fonctionnement ind�pendant, dont le but serait, dans un premier temps, de faire l’inventaire des besoins�: enqu�te sur l’ampleur des m�faits de cette d�linquance masqu�e, besoins des victimes, formations des acteurs, etc. —�il est inconcevable que cela n’ait jamais �t� entrepris. Faire ensuite l’inventaire des ressources existantes pour, ensuite, proposer des solutions � court, moyen et long terme tant au point de vue de l’�ducation, de la sant�, de la s�curit� et de la formation des personnels sp�cialis�s. Cette instance aurait comp�tence aupr�s de plusieurs minist�res et r�unirait, de mani�re coll�giale et paritaire, des professionnels, des repr�sentants minist�riels et des repr�sentants de victimes. La mobilit�, l’ajustement des m�thodes et l’ouverture vers la recherche pourrait reposer sur des �tats g�n�raux r�unis p�riodiquement, facilitant ainsi la rencontre des acteurs du secteur et largement ouverts � la soci�t� civile, pas seulement � quelques sp�cialistes autoproclam�s.
Dispositif � plusieurs �tages et � plusieurs vis�es, complexe mais seul susceptible de mettre un terme � la confusion en dentelle du moment, qui pourra harmoniser les modes d’approche du probl�me sous tous ses aspects mais �galement servir d’instrument de vigilance �thique et de plateforme internationale car le probl�me des r�seaux de p�doprostitution impose une collaboration internationale, un engagement de tous les �tats qui ont sign� la D�claration des Droits de l’Enfant, �dict�e le 20 novembre 2009 par les Nations Unies.

Les besoins professionnels


J’ai d�j� insist� sur la n�cessaire formation des cliniciens � une approche diff�renci�e, sensible et fond�e sur la pratique, non sur des th�ories pr�alables. Il n’en n’existe de toute mani�re aucune qui nous permette d’encadrer la question.
Psychiatres et psychologues doivent recevoir une formation moins technique pour les premiers, moins intellectuelle et th�orique pour les seconds.
Si le monde du handicap mental —�exemple des structures d’accueil des handicap�s mentaux —�demeure confin� dans les limites de la clinique psychopathologique, et des acteurs sociaux sp�cialis�s, il n’en va pas de m�me pour toutes les personnes qui ont subi un traumatisme puissant durant leur enfance.

La pr�dation p�dosexuelle met en pr�sence plusieurs acteurs, les psychiatres et les psychologues, naturellement mais, en amont, nous allons rencontrer les policiers ou gendarmes, les juges et les avocats, puis, en suppl�tifs, des �ducateurs ou assistants sociaux.
Chacun, � son niveau, ne peut approcher le probl�me de la pr�dation p�dosexuelle s’il n’est solidement form� au pr�alable, s’il ne ma�trise pas les outils sp�cifiques qu’impose cette criminalit� dont les auteurs appartiennent � toutes les couches de la soci�t�, dont les auteurs nous touchent de pr�s, qui peuvent �tre nos coll�gues, nos amis... J’ai soulign� plus haut combien la connaissance de cette criminalit� �tait n�cessaire pour comprendre l’�cheveau dans lequel la victime est emprisonn�e. La connaissance de ce type particulier de criminel, s’impose autant que la connaissance de la victime.

Concernant le maillage d’un territoire et son organisation, j’ai pu constater au Canada et aux USA combien l’existence de structures locales tr�s sp�cialis�es et implant�es dans chaque ville ou chaque quartier, rendait possible la lutte et la pr�vention contre ce fl�au. Autre point singulier, si en Europe, la collaboration entre acteurs sociaux priv�s et enqu�teurs ou juges est exceptionnelle, notamment en mati�re de p�docriminalit� de voisinage, il n’en va pas de m�me dans ces pays. En effet, policiers ou acteurs sociaux de ces structures, CAVAC ou autres, peuvent, de mani�re non diff�renci�e, entreprendre toutes les actions cons�cutives � un premier signalement et engager ce qui pourrait s’appeler une enqu�te pr�liminaire avant d’en rendre compte au Procureur de la Reine.
Le policier adopte un mode de fonctionnement proche de l’�ducateur, l’�ducateur se dote d’outils d’investigations de type policier. Exceptionnelle pour certains acteurs sociaux mais, pour reprendre l’exemple de l’UNAPEI, cette pratique fait partie des standards, notamment dans la relation entre parents d’enfants handicap�s mentaux, associations et instances judiciaires, preuve que tout est possible si l’on veut bien avoir le courage d’initier un d�bat qui engage tous les partenaires, lequel pourrait d�boucher, � terme, sur des actions concert�es, coh�rentes et efficaces.
Si les �lus et l’�tat ne prennent pas leurs responsabilit�s, ce sont des structures comme celles de l’UNAPEI qui verront le jour et dont l’influence modifiera consid�rablement le tissu social fran�ais. N’oublions pas, en effet, que la question de la p�docriminalit� de voisinage trouve sa source dans des attitudes qui, si elles paraissent banales dans leur forme visibles —�la fess�e par exemple —�peuvent s’amplifier et prendre des allures de fl�au social si rien n’est fait pour endiguer cette d�mesure morale.
Il ne s’agit pas seulement d’un probl�me m�canique de handicap n�vrotique.

L’incontournable n�cessit� d’implantations locales


Si les associations g�n�ralistes ont un r�le � jouer au plan national, et si leur diversit� peut �tre un atout, la mutualisation de leurs moyens, de leurs outils et/ou la syndicalisation des instances s’av�reront n�cessaires pour gagner en efficacit� d�s qu’il s’agira d’exercer une pression d’envergure sur une instance nationale ou europ�enne. L’�tude des groupes de pression anciens —�plus de 20 ans de pr�sence —�le montre bien, dans tous les domaines.
Par contre, au plan local, sur le terrain, leur taille les rend presque inop�rantes, moins efficaces et, surtout, trop distantes des besoins sp�cifiques des usagers �ventuels.


Des exemples � �tudier

Depuis la fin de la guerre, en France un groupement d’associations locales ou de simples cr�ations de particuliers engag�s, l’UNAPEI, Union Nationale des Associations de Parents et Amis des Personnes Handicap�es Mentales, est un vaste organisme qui regroupe et f�d�re. Elle coordonne des actions de formation, elle harmonise des m�thodes gestion autant que des modes th�rapeutiques. Elle permet des �changes entre tous les partenaires concern�s par le probl�me du handicap mental. Sa puissance r�sulte, non pas du charisme d’une seul, mais d’un ordre dans le respect des diversit�s de m�thode, d’approche et de soins. D�s sa cr�ation elle est n�e de la simple volont� de quelques uns d’unir leurs efforts pour faire face aux besoins multiples g�n�r�s par le handicap mental qui �tait ignor� des pouvoirs publics. On se contentait d’enfermer les handicap�s mentaux dans des hospices sp�cialis�s et la th�rapie consistait surtout � les parquer et � �viter les comportements trop turbulents. Il n’�tait pas m�me question d’ins�rer les ��arri�r�s mentaux�� dans la soci�t�.
La puissance de ce regroupement a permis de faciliter l’�volution de mentalit� face au handicap mental. Il a permis � de nombreux cliniciens - psychiatres et psychologues - de mieux appr�hender le handicap mental et, par cons�quent, gr�ce � une approche diff�renci�e de proposer aux handicap�s des structures de soins plus humaines et, pour beaucoup, de faciliter une insertion professionnelle qui all�ge la vie des familles tout en donnant � ces personnes la dignit� qu’elles n’auraient pas autrement.
La premi�re association de parents date de 1948, le premier IMP s’est ouvert en 1950, la f�d�ration UNAPEI, sous sa forme actuelle na�tra en 1960. Dans la m�me ann�e, s’ouvrira le premier CAT (Centre d’aide par le travail) qui signe un v�ritable aboutissement dans la r�habilitation des handicap�s mentaux...
Plus proches de nous, Sidaction et le T�l�thon, fruits d’initiatives priv�es, repr�sentent, chacun � sa mani�re un mod�le de mobilisation populaire qui a permis d’attirer l’attention du public sur des pathologies n�glig�es par la puissance publique. Ces initiatives ont permis aux simples particuliers de rencontrer des chercheurs et de les engager dans leur cause. En retour ces chercheurs ont b�n�fici� du soutien du public, ce qui, pour nombre d’entre eux, les a sortis de l’anonymat dans lequel ils se trouvaient...
Le premier T�l�thon am�ricain a vu le jour en 1954, en France, le premier a �t� produit en 1987. 20 ans apr�s, o� en sommes-nous�? Tirer les le�ons de ces exp�riences, en explorer tous les ressorts, les m�thodes, les proc�dures, voil� ce qui pourrait inspirer ceux qui sont engag�s dans la d�fense de l’enfance en danger.

Sur le m�me sujet�:

Les traumatismes de l’enfance

I - Approche g�n�rale

II - Comment r�parer

III - Comment faire face

============

La marque de l’inceste

Les pr�jug�s autour de la p�docriminalit� intrafamiliale

Enfance viol�e, maturit� vol�e

Psychopathe, narcissique, d�sordre de la personnalit� et troubles de l’identit� sexuelle Quelques mises au point

Les pr�dateurs p�dosexuels - Typologie et classement

Le crime d’inceste et sa p�nalisation au regard du droit

==================

T�moignages

Inexistence

Qu’est-ce qu’un p�re�?

Tentative noir et blanc de description d’un vivant
Le chemin de croix d’une maman ==================



Sur le Post
De la vengeance � la justice

Si on en parlait�?

Le viol une arme de maintien de l’ordre

La justice r�paratrice, une illusion�?

P�nalisation de l’inceste, illusions et impostures

Maltraitance, l’enfer ou la raison

Confusion de la pens�e et soci�t� de pr�dation


Des questions sur la psychoth�rapie et la m�moire
Aucune th�rapie ne serait possible

Questions sur la psychoth�rapie et la m�moire

d�cembre 2009 par Illel Kieser ’l Baz


Notes�:

Au long de ces expos�s, je n’ai �voqu� ni la p�docriminalit� sur Internet ni l’esclavage des enfants � des fins �conomiques, ni la traite des enfants � des fins de prostitution, ni les enl�vements d’enfants pour servir des r�seaux internationaux - certains sur nos territoires si bien s�curis�s. Ce sont autant d’expressions d’un ph�nom�ne qui s’amplifie, d’une grave d�rive du sens m�me de la vie. J’y reviendrai dans d’autres articles.

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