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Les traumatismes de l’enfance - II

Comment r�parer�?


Suite � des pr�dations subies dans l’enfance la question de la r�paration renvoie � une r�alit� tr�s complexe. Celle-ci inclut la notion du temps, des cycles de la pr�dation - leur dur�e, leur fr�quence, etc. - mais il sera important de tenir compte �galement de la qualit� m�me de cette pr�dation. Ainsi, des humiliations constantes qui mineront l’image de l’enfant auront parfois plus d’impact sur son �volution psychique que des coups port�s � intervalles plus ou moins r�guliers. Les classifications anciennes, lesquelles, d’ailleurs, ne tiennent pas compte du harc�lement moral, ni des actes d’indignit�, ni des humiliations psychiques, sont obsol�tes car elle �valuent la pr�dation selon des crit�res "m�caniques", ni de la puissance d’impact ni de la profondeur de l’atteinte.




Suite � des pr�dations subies dans l’enfance la question de la r�paration renvoie � une r�alit� tr�s complexe. Celle-ci inclut la notion du temps, des cycles de la pr�dation - leur dur�e, leur fr�quence, etc. - mais il sera important de tenir compte �galement de la qualit� m�me de cette pr�dation. Ainsi, des humiliations constantes qui mineront l’image de l’enfant auront parfois plus d’impact sur son �volution psychique que des coups port�s � intervalles plus ou moins r�guliers.
Les �valuation anciennes du pr�judice, lesquelles, d’ailleurs, ne tiennent pas compte du harc�lement moral, ni des actes d’indignit�, ni des humiliations psychiques, sont d�suettes car elle �valuent la pr�dation selon des crit�res ��m�caniques�� et non sur la puissance, sur la profondeur et la dur�e d’impact.

Ces classifications anciennes qui servent principalement le juge dans son exercice, v�hiculent de nombreux pr�jug�s. L’un des plus assassin serait qui consisterait � nous faire croire que certains enfants seraient "naturellement plus solides" que d’autres, d’autres souffriraient bien plus � cause d’une tr�s/trop grand sensibilit�. On devine derri�re ces opinions, parfois �nonc�es par des professionnels, les arri�re plans id�ologiques�: les toniques, les gagneurs d’un c�t�, les sensibles, les introvertis, etc. de l’autre...

Que l’on r�serve cette psychologie primaire � des arri�res cours de bar est une chose mais qu’on les retrouve dans des pr�toires devient scandaleux. Et, concernant la barbarie avec laquelle nous traitons le sujet, la "nature" de l’enfant n’est pas le seul sujet d’inqui�tude. La pr�dation infantile ne concerne pas seulement l’enfant. Un traumatisme ne se r�sume pas � une blessure pr�cise qu’il s’agira simplement de soigner pour que tout effet disparaisse. Sans aide, sans soutien, sans vigilance, l’effet profond de telles blessures peut marquer une vie enti�re.
C’est une v�rit� g�nante pour beaucoup mais il faudra bien en tenir compte un jour �valuer le coup social des s�quelles serait insuffisant si l’on ne tenait pas compte �galement de la perte d’inventivit� de ces �tres abandonn�s au silence de leurs blessures.
Une soci�t� n’est pas une simple somme d’individus, elle a besoin pour durer d’une part importante de r�activit� et d’inventivit�, seules ressources qui lui permettent de se renouveler et de faire face aux d�fis impos�s par une p�riode de mutation.
Peut-on se dire, na�vement, que parmi les 100 � 200 000 enfants maltrait�s en France, chaque ann�e, ceux qui pourront cr�er de nouvelles ressources de par leur seul talent, finiront bien par "s’en sortir"�?
Un tel cynisme reposerait sur un simple calcul de chiffre, une sorte d’�valuation du risque�: ��Combien pouvons-nous sacrifier d’enfants pour que nos besoins de s�curit� et de stabilit� soient satisfait�?�� Un enfant, comme une masse financi�re, rien de plus.
� ceux qui ont la r�plique rationnelle facile et qui invoquent souvent une soci�t� de victimisation, pour d�noncer les exag�rations de ceux qui d�fendent la cause des enfants, de bien mesurer le sens collectif de leurs critiques, � court et moyen terme.
Si l’on �value entre 17% et 22%le nombre global d’enfants maltrait�s, quand l’on sait que ces futurs adultes, s’il ne sont pas pris en charge, verront leurs facult�s consid�rablement diminu�es, c’est autant de pouvoir cr�atif et industrieux dont notre soci�t� se prive�?
Que les �conomistes et les sociologues nous dressent des prospectives pour une soci�t� qui se priverait de 17% � 22% de sa capacit� industrieuse et cr�ative�?

B - 2 - Comment r�parer�?

La question de la r�paration est complexe. Dire ainsi la chose ne constitue en rien une sorte d’esquive. En fait, notre approche rationnelle, m�canique des faits physiques nous a accoutum�s � penser en termes d’efficacit� et de logique. Or, les faits psychiques �chappent partiellement � une telle r�duction m�caniciste. (De ce point de vue les travaux de Jung me paraissent bien plus appropri�s pour rendre compte des m�canismes dynamiques du fonctionnement de la psych�) Par ailleurs, l’impr�gnation intensive, actuelle, des th�ories cognitives et comportementales ne permet pas une approche globale. Je ne pr�tends pas qu’elles soient inop�rantes, elles doivent �tre compl�mentaires d’une vision plus globale, incluant l’individu et le milieu dans lequel il baigne.
L’atomisation du r�el li� � la pens�e positiviste induit forc�ment de multiples morcellements, entre autre celui des faits et celui de l’impact qu’ils ont sur la personne... j’esp�re que les tenants de ces disciplines en conviendront.
Or la psych� ne se met ni en fractions ni en statistiques. Tout au moins, cela ne suffit pas � rendre compte de la totalit� de la dynamique psychique.
Un autre mod�le, beaucoup plus ancien peut constituer un handicap dans l’�laboration d’une vision globale de la psych�. Ce mod�le est si bien ancr� dans nos mentalit�s, surtout en Europe, qu’il nous est difficile de concevoir que la conscience puisse �tre constitu�e de plusieurs entit�s. Nous supposons toujours que la psych� est un bloc solide et uniforme. Concevoir l’existence de plusieurs complexes actifs au sein de la psych� est le plus souvent consid�r�e comme r�v�lateur d’une pathologie, sauf chez les artistes...

Je donne un exemple pour illustrer mon propos�:
Lors de mes entretiens avec des sp�cialistes canadiens de la prise en charge des victimes d’inceste, une �ducatrice me racontait que, parfois, durant les entretiens, d�s qu’il s’agissait d’�voquer les faits anciens, les personnes, par ailleurs adultes et socialement adapt�es, se transformaient en personnages enfantins, avec des r�actions, des comportements et des attitudes parfaitement immatures. Loin de constituer pour elle un probl�me, cette �ducatrice racontait, sans trouble, qu’elle r�pondait alors sur le mode d’une adulte responsable face � un enfant. Pour elle, cet effet de double r�ponse de la victime r�sulte de l’effet du traumatisme. Une partie de l’�tre est demeur�e dans les limbes de l’enfance, l� o� le pr�dateur a ��fixé » sa victime, l’autre partie aurait �chapp� au pr�dateur, poursuivant ainsi son �volution avec plus ou moins de bonheur et c’est sur elle que reposera alors la personnalit� sociale du moment, adulte ou adolescent... On comprend alors combien cette personnalit� ne pourra, � aucun moment fonder un quotidien ni un futur fiable, dans la mesure o� sa maison psychique repose, —�elle le sent bien —�sur des fondations instables ou pos�es de travers.

Sans rentrer dans des d�tails, trop longs � exposer ici, nous pouvons poser les param�tres d’un mod�le —�polyfocal�: L’ego serait/pourrait �tre fractionn� sans que cela puisse �tre interpr�t� comme un trouble profond de la personnalit�.
Polyfocal car le Moi n’est pas une entit� unique et indissociable, il est fait de couches, de morceaux complexes qui peuvent ou non interagir qui subissent des influences provenant de multiples instances. Le probl�me d’une v�ritable pathologie se pose uniquement quand ces entit�s fonctionnent sans communication entre elles.

Voici un exemple�: (je fais court)
Ce jeune homme de 28 ans est alcoolique. Il a d�j� v�cu plusieurs hospitalisations psychiatriques - trouble profond de la personnalit�, d�lires, etc. Il est sans travail, il est au bord d’une chronicisation de ses troubles, pensionnaire attitr� d’un H�pital psychiatrique pour le dire autrement.
S’il vient me voir c’est qu’il a plus ou moins intuitivement conscience que quelque chose de salvateur pourrait survenir dans sa vie. Il n’ignore rien de ses crises ni de son alcoolisme. Il est ��pris�� par�!
Je vais, avec lui, m’attarder sur les pans de sa vie qui ont pu �chapper � son pr�dateur durant l’enfance et, si possible, remonter le plus loin possible dans sa vie. Il comprend ma strat�gie et durant trois semaines il apportera tout ce qu’il a gard� de son enfance�: des croquis, des textes, des notes, des chansons, des po�mes. Nous explorons ensemble le monde de cet enfant, en dehors des emprises du pr�dateur. Ne pouvant s’enfermer dans sa chambre largement ouverte —�bien entendu —�au bourreau, il se r�fugiait sous la cage d’escalier de l’immeuble o� il emmenait ses petits tr�sors. Ces derniers se sont enrichis au fur et � mesure qu’il grandissait et que l’�cole lui apportait une ouverture sur le monde. Il a appris seul la guitare et le solf�ge. Le p�re/pr�dateur, ing�nieur, se d�sint�ressait totalement des ces passions naissantes. C’est ainsi, dans ce d�sint�r�t, donc dans une relative s�curit� par rapport aux intrusions du pr�dateur, que cet enfant s’est construit un monde sans le secours bienveillant des adultes. Quoique de guingois ce monde est enracin� dans les profondeurs instinctives de l’enfant et c’est dessus que se b�tira un monde r�par�. Je lui explique alors que, d’abord ensemble, nous allons prendre en charge cet enfant qui a grandi de mani�re sauvage. Et je lui recommande d’identifier dans vie tous les comportements, les humeurs, les �motions qui traduiraient la pr�sence de cet enfant en lui. Il ira plus loin en ouvrant un journal sp�cialement d�di� au dialogue avec et enfant...
Peu � peu, sa vie se stabilise, il trouve un emploi de musicien, ce qui lui assure une stabilit� financi�re qu’il ne connaissait pas. L’emploi est d’autant plus gratifiant que l’on fait appel � sa capacit� de cr�ation —�reconnaissance ext�rieure de l’enfant en lui.
Tr�s vite, il assume ce double jeu entre sa conscience —�lui dans la vie —�et l’enfant. Nous nous appuyons �galement sur l’�coute des ses r�ves. Ce qui nous donne des indications essentielles sur le processus de restructuration en cours. Peu � peu, l’enfant et cet �trange p�re adoptif tissent une sorte d’alliance et c’est ce qui permettra, sinon une gu�rison mais la capacit� pour cet homme de commencer � se prendre en charge en assumant des choix personnels fond�s sur des affinit�s profond�ment ancr�s dans son enfance. Son talent musical n’en �tant qu’une expression.

La Conscience, re�oit ou subit de multiples influences, parfois crois�es, parfois contradictoires. La conscience est alors impact�e partiellement, rarement dans sa totalit� si bien que certaines zones demeurent vierges de toute influence malfaisante. Plus tard, en rep�rant ces zones, on approchera plus finement les caract�ristiques essentielles de la personne. (J’ai �tudi� de pr�s les proc�dures de torture utilis�es par certaines arm�es et j’ai constat� que toutes reposaient sur la volont� du bourreau d’exercer une emprise totale, radicale et globale sur la conscience. Les initiateurs de ces techniques savent que rien ne doit �chapper � l’emprise. L’existence de la moindre poche libre compromet l’efficacit� de la torture)

Je viens de poser implicitement une r�gle fondamentale pour l’�dification de la personnalit� de l’enfant�:
Nous avons vu que la relation � l’environnement est incontournable, l’�change que cette relation induit produit un effet cr�atif de toute premi�re importance. Cela impose au clinicien la n�cessit� de prendre en consid�ration les facteurs li�s � la culture, � l’histoire personnelle et � l’int�gration que la personne fait de ces multiples facteurs tout au long de sa vie.
La composante temps, d�s lors, est importante. La mani�re dont les comportements, pathologiques ou non, �voluent l’est tout autant. Il ne suffit pas de rendre compte d’un instantan� � un moment donn� pour �tablir des certitudes.
La mani�re dont l’individu prend en compte et int�gre la dimension de la r�alit�, ici et maintenant mais aussi avant et ailleurs permet au clinicien de dresser une sorte d’�volution de la typologie de la personne, par-dessus et au-del� de l’effet pr�dateur... C’est ce qui permettra de pr�voir les r�actions tout au long du processus de caut�risation.

Il est une autre composante que nous devons prendre en compte�: La r�activit� des attitudes et leur plus ou moins grande flexibilit� face aux �v�nements de la r�alit� physique objective.
Un enfant normalement �duqu� b�n�ficiera d’une �ducation ��normale�� il sera alors capable d’une grande flexibilit� et d’une adaptabilit� si importante qu’il pourra faire face, sans trop de dommages, � des changements importants de son environnement. Il pourra puiser, dans le fonds que constitue son �ducation et son exp�rience, les ressources n�cessaires � une bonne r�activit�.
Un tel individu est capable de s’inventer une nouvelle vie si les circonstances l’imposent.
On comprend alors que la capacit� de l’individu � �valuer la r�alit� sous toutes ses formes est un atout important. Cette capacit� d�pend de facult�s intrins�ques, en principes essentielles�:
Une perception judicieuse et pertinente des faits r�els, ce qui d�pend d’une bonne interpr�tation de ces faits�; La capacit� d’�changer et d’entreprendre une libre communication avec l’environnement mat�riel et humain�; La capacit� fluide de se servir de l’instinct pour en adapter les formes aux circonstances�; Le libre acc�s au fonds d’exp�riences et de connaissances accumul� au cours de la vie...

Les enfants victimes de traumatismes vont, quant � eux, d�velopper des dimorphismes dans l’acquisition de leurs connaissances et, par suite, de leur interpr�tation du monde. De proche en proche les dysfonctionnements iront en s’accentuant, jusqu’� ce que la personne atteigne un seuil de s�curit� qu’elle ne voudra pas franchir de crainte de se placer en position inconfortable voire dangereuse. La personnalit� ainsi l�s�e se recroqueville et se crispe autour d’un cercle d’habitudes parfaitement balis�es. Le contact au monde s’en trouve r�duit, c’est une nouvelle source de souffrance.

D’une part, le traumatisme, dans sa cruaut�, impose souvent une d�connexion plus ou moins partielle des sensations —�le ph�nom�ne physiologique de d�connexion des sensations est parfaitement connu. L’enfant se coupe de la r�alit� douloureuse, ��Il part�!��, comme l’affirment certains t�moignages.
La partie du Moi qui a �t� endommag�e demeure fig�e dans le temps, � vif et, dans la souffrance, elle subit.
Elle demeurera rigide car elle gardera en m�moire une blessure qui n’est pas caut�ris�e. Une autre partie suivra son cours, gr�ce au silence environnant —�pseudo r�silience. Cette partie, presque fonctionnelle se d�veloppe aupr�s des amis, des proches, des �ducateurs, l’important �tant que le silence demeure sur la partie l�s�e. (Ce silence, nomm� d�ni par beaucoup constitue une protection de cette partie du Moi qui s’est socialis�e. Vouloir sortir du d�ni, � tout prix peut s’av�rer tr�s dangereux)
Tant que ni le r�el du moment ni la m�moire ne permettent le lien avec la zone bless�e, une apparente adaptabilit� semble s’installer. C’est oublier un effet sp�cifique de la psych� humaine —�probablement de la vie en g�n�ral —, un constant influx d’auto-gu�rison qui est actif en permanence. (C’est ainsi que je puis comprendre le ph�nom�ne de r�silience. Mais je n’en tire pas les m�mes cons�quences que la plupart de mes confr�res sp�cialistes de r�silience. J’ai d�velopp� ce th�me dans mes �crits sur la fonction transcendante)


R�le et place de l’instinct, de l’�motion

J’ai montr� que le retour aux aspects les plus anciens de l’histoire de l’�tre pouvait s’av�rer salvateur.
J’ai aussi attir� l’attention sur les m�faits possible d’une trop pressante ��volont� de gu�rir��. Retrouver l’authenticit� du petit enfant, tel qu’il �tait dans ses espoirs avant que ne survienne un grave traumatisme revient � fouiller dans les profondeurs de l’histoire. M�me s’il s’agit de cr�er un clivage, voire une sorte de d�personnalisation, l’objectif est de reprendre contact avec les fondements instinctifs de l’�tre.
Cela doit se faire prudemment, selon un temps que la personne elle-m�me nous r�v�le � travers les mat�riaux spontan�s que sa psych� nous fournit, pas selon un protocole ext�rieur qui serait plaqu�. L’enfant, dans son avanc�e dans la r�alit� physique fait l’apprentissage d’une sorte de compromis entre le pure instinctivit� et les r�gles en vigueur dans le lieu o� il �volue. Les parents sont les premiers � faciliter cette libre association —�sans l�sion —�entre instinct et r�alit�. Mais l’instinct ne doit ni �tre bris� ni dress�, comme le souhaitait une antique forme d’�ducation h�rit�e de l’�poque victorienne, il doit pouvoir vivre en alliance avec les imp�ratifs que lui imposent la r�alit� physique objective. Cela veut dire que, � certains moments de sa vie, l’individu doit pouvoir toucher au plus pr�s de l’instinct, dans son originalit� premi�re.
L’appel de cet instinct s’entend gr�ce aux �motions, aux envies et pulsions mais aussi � travers les images int�rieures et les r�ves. Le malentendu sur la question de l’instinct vient souvent d’une mauvaise compr�hension de ce que j’entends ici par instinct. Bien s�r il n’est pas sans danger de r�veiller des instincts dont certains sommeillent depuis longtemps dans un coin recul� de la psych�. Il ne s’agit pas de toucher � ceux qui ont �t� dress�s, pervertis, refoul�s par l’action pr�datrice —�cela se fera bien plus tard —, il s’agit d’abord d’aller chercher les formes d’instincts qui sont demeur�es vierge de toute atteinte malfaisante.
De m�me, faire revivre des instincts qui, souvent plongent leurs racines dans le monde de l’enfance, peut �tre v�cu comme r�gressif, voire humiliant, surtout quand on a b�ti un monde gr�ce � la volont� de mettre � l’abri le peu d’authenticit� que la pr�dation avait �pargn�. C’est l� que le savoir faire du clinicien intervient. Il s’agit —�c’est une m�taphore tr�s judicieuse —�de chercher � apprivoiser une b�te bless�e, ou une autre qui n’a jamais eu de contact avec le monde des humains. (J’ai appris beaucoup de ma formation en �thologie animale) Ce n’est pas simple, cela ne se fait pas � coup de volont� ni � coup de rationalisation. Dans ce monde, comprendre ne sert pas, l’observation fait tout.

Cela impose au clinicien un suivi assidu, une vigilance constante et un savoir-�couter que seule l’exp�rience peut forger.
Par ailleurs, le suivi th�rapeutique ne peut se figer dans une forme unique de technique th�rapeutique. Ce serait jouer sur un mod�le fig� l� o� il s’agit de faire l’apprentissage de la mobilit� et de la flexibilit� psychique.

Toutes les techniques connues peuvent intervenir � un moment ou un autre et il n’en n’est aucune qui soit suffisamment globale pour encadrer tout le processus de r�paration.
Parfois il faudra user de techniques comportementales, d’autre fois, �tre moins intrusif et laisser les choses s’organiser d’elles-m�mes. Dans ces circonstances, des techniques comme l’art th�rapie s’av�reront pertinentes, parfois, il faudra recourir � des techniques plut�t s�datives comme la sophrologie ou le yoga...

Le clinicien doit il ma�triser toutes ces techniques�? Il lui faudrait bien une vie enti�re pour en acqu�rir la ma�trise, exercer dans un constant �change avec d’autres cliniciens est donc indispensable. Malheureusement, et il s’agit d’une tendance sp�cifiquement europ�enne, la formation des cliniciens les pr�disposent peu � partager un processus th�rapeutique avec d’autres praticiens, surtout si ces derniers exercent dans d’autres champs professionnels.

En guise de conclusion

Le praticien qui s’aventure pour la premi�re fois dans ce monde peut �tre assailli par un sentiment d’impuissance et par l’immensit� de la t�che � accomplir. Les manques ne sont pas seulement du ressort individuel, ils sont aussi de la responsabilit� de la soci�t�. La maltraitance de l’enfance, sous toutes ses formes, nous confronte � des questions qui semblent nous d�passer...
Depuis l’accueil du premier signalement jusqu’� la prise en charge des adultes ��rescap�s��, les imp�ratifs de prudence sont si imposants que l’on peut se d�courager � s’engager dans cette voie. Si notre champ d’action professionnelle se situe au niveau du terrain, il faut bien avoir � l’esprit que nous n’�chapperons pas � la pr�sence obs�dante et constante des plaintes qui �manent de ces �tres qui, un jour, ont eu � subir des s�vices terribles durant leur enfance, parfois tr�s pr�cocement. Devons-nous esquiver le probl�me ou bien —�mus par ce sentiment de lien humain qui r�side en nous —�nous dire qu’il faut bien faire face et prendre les moyens qu’impose le probl�me de la maltraitance de l’enfance sous toutes ses formes. Que cela passe par une plus ample formation, des remises en cause du savoir universitaire, qu’importe�! C’est � nous de faire le choix de l’endroit o� nous pouvons �tre les plus utiles � nos semblables. Devons-nous faire plaisir � nos pairs ou agir avec le maximum de pertinence et d’humanit� aupr�s de ces �tres�?

Une explication sur les chiffres avanc�s dans cet article

Les chiffres avanc�s ici sont d�duits du recoupement de plusieurs sources, nationales et d�partementales - police, parquet, centres sociaux, centres d’urgence. Ils ne reposent sur aucune �tude officielle. Il n’y en a pas en France�! Pour �valuer s�rieusement l’ampleur du ph�nom�ne nous devons donc nous reporter aux �tudes r�alis�es en Am�rique du Nord - Canada, �tats Unis.
Il y a en France environ 800 000 naissance par an, cela nous conduit � 12 millions d’individus suppl�mentaires sur 15 ans - �ge � partir duquel on peut supposer que l’enfant est capable de s’opposer � une tentative de pr�dation. (sic)
Les recoupements nous donnent donc une population de 180 000 � 200 000 enfants maltrait�s chaque ann�e. Ce qui fait 2,7 millions � 3 millions d’enfants maltrait�s sur 15 ans soit 22,5% � 25% de cette population de 0 � 15 ans et 5% sur l’ensemble de la population. Or, on sait qu’un nombre consid�rable de pr�dations ne sont jamais d�clar�es. �valu�es � 40% selon les sp�cialistes canadiens. Nous en arrivons � une �valuation globale de 9%. Ce qui, pour beaucoup de sp�cialistes canadiens, repr�sente une estimation basse�!
Une autre r�alit� chiffr�e
Co�t du crime crapuleux et moyen d�ploy�s pour le combattre
Le crime crapuleux co�te � la France de 17 � 20 Milliards � � l’�conomie
Le PIB fran�ais et de 1970 Milliards � pour 2008, soit un peu plus de 1% du PIB qui dispara�t dans une �conomie occulte.
On sait les moyens d�ploy�s, � juste titre, pour lutter contre ce fl�au. Les moyens d�ploy�s pour faire face � la p�docriminalit� sont quasi n�gligeables et, surtout, non structur�s. Ils sont pris sur les budgets de minist�res d�j� exsangues, dont celui de la Justice. Quand on r�alisera de v�ritable �tudes sur le co�t global des cons�quences de la pr�dation infantile, qui pourra dire�: ��Je ne savais pas�!���?

Sur le m�me sujet
Les traumatismes de l’enfance

I - Approche g�n�rale

II - Comment r�parer

III - Comment faire face

============

La marque de l’inceste

Les pr�jug�s autour de la p�docriminalit� intrafamiliale

Enfance viol�e, maturit� vol�e

Psychopathe, narcissique, d�sordre de la personnalit� et troubles de l’identit� sexuelle Quelques mises au point

Les pr�dateurs p�dosexuels - Typologie et classement

Le crime d’inceste et sa p�nalisation au regard du droit

==================

T�moignages

Inexistence

Qu’est-ce qu’un p�re�?

Tentative noir et blanc de description d’un vivant
Le chemin de croix d’une maman ==================



Sur le Post
De la vengeance � la justice

Si on en parlait�?

Le viol une arme de maintien de l’ordre

La justice r�paratrice, une illusion�?

P�nalisation de l’inceste, illusions et impostures

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Confusion de la pens�e et soci�t� de pr�dation


Des questions sur la psychoth�rapie et la m�moire
Aucune th�rapie ne serait possible

Questions sur la psychoth�rapie et la m�moire

d�cembre 2009 par Illel Kieser ’l Baz


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