CommuniquéSur dix de vos amis, trois ont subi des violences dans l’enfance. Parfois durant plusieurs années. Ils n’en parlent jamais ? Cela vous étonne ? Pas nous ! Vous avez déjà entendu parler de la pédocriminalité, la presse en fait ses Unes mais connaissez-vous cette violence sourde que l’enfant subit, souvent de l’un de ses parents ? |
Classement des personnalités de prédateurs pédosexuels
L’Angleterre s’apprête à mettre à disposition du public les noms des prédateurs pédosexuels afin que chacun puisse savoir si un précepteur, un professeur, ont un passé douteux. La France cherche à imposer une loi frappant les criminels dangereux d’une peine de sûreté. Un quotidien français dévoile les noms de détenus dangereux... Le Président de la République française déclare de manière tonitruante qu’il est important que les « monstres » soient mis en sûreté, des maires français demandent à être prévenus par les services de police quand un prédateur pédosexuel s’installe sur le territoire de leur commune...
Toutes ces dispositions que les politiques proposent reposent sur un vide quasi-total dans la connaissance de la personnalité des prédateurs pédosexuels. Les réactions sont purement émotionnelles et fondées sur le sombre éclat donné par les médias à ces douloureux faits.
Il importe de poser le débat, prendre une distance salutaire par rapport aux passions déchaînées pour savoir de quoi il retourne, savoir qui sont ces monstres, comment ils opèrent et où réside vraiment le grand danger social dont il est tant question.
Les typologies qui suivent résultent de plus de 35 années de pratique sociale, d’écoute attentive des victimes et, parfois, mais moins souvent des confessions de prédateurs.
Pour l’établissement de ce classement j’ai partiellement utilisé des éléments de la caractérologie de René Le Senne. J’ai associé ce classement à celui de DSM IV et aux éléments de psychopathologie dont nous disposons. Mais ces classements demeurent uniquement descriptifs et ils ne rendent pas compte de la plasticité de la psyché humaine ni de son caractère dynamique. Ainsi, par exemple, dans la catégorie des névrosés, les psychopathologues jugent pathologiques les fantasmes pédosexuels, souvent précoces, chez l’adolescent, jeune pubère. Cette catégorisation nous prive d’une vision plus souple qui nous permettrait d’intervenir très tôt par des actions de prévention et d’information. En second argument à l’encontre de cette précocité d’un classement, j’ajouterai que mes observations me conduisent à considérer que le passage à l’acte n’est qu’une des résolutions possibles de la tension créée par des fantasmes pédosexuels répétitifs. Dit autrement, je considère que l’apparition même précoce de ces fantasmes n’est pas forcément le signe d’une « prédisposition » à la pédocriminalité.
Dans la partie consacrée à l’étiologie de ces pathologies, je reviendrai sur ces considérations.
La caractérologie est la branche de la psychologie qui a pour objet l’étude du caractère psychologique. Etablie par René Le Senne et popularisée par Gaston Berger, elle est délaissée depuis quelques années, la psychologie contemporaine préférant au concept de caractère, celui de personnalité même si ces deux notions sont parfois assez proches. La principale différence tient au fait que les composantes significatives de la personnalité sont déduites d’une analyse statistique de la diversité humaine. Or, concernant l’étude des prédateurs pédosexuels, nous ne disposons d’aucune statistique. Et c’est bien un des problèmes les plus importants qui nous renvoie à bien des questions d’ordre social.
Une certaine vision de la psychologie a rejeté ces notions, sous l’influence du freudisme, donc parce qu’il s’agissait avant tout de s’extraire de la "boue noire de l’occultisme" qui fut l’un des combat de Freud. Caractérologie, cela s’enracine jusque dans la Mésopotamie avec ce qui deviendra plus tard l’Astrologie, les « caractères » et les « humeurs » de la magie opérative au 18e siècle, etc. Cela fleure bon le concept de Nature associé à une forme de déterminisme. Le rationalisme occidental a cherché à s’extraire de ces représentations magico-religieuses, laissant probablement de côté une méthode descriptive aussi judicieuse qu’opérationnelle sur le terrain de la criminologie.
Cette méthode descriptive paraît complémentaire d’une représentation qui tiendrait compte de l’existence de l’inconscient comme facteur opérant dans les comportements de chaque individu. Il n’y a pas incompatibilité entre ces deux systèmes de représentations. L’important étant de préciser soigneusement les articulations mutuelles entre ces deux systèmes et de s’en tenir à une certaine cohérence.
Si la criminologie s’en tient souvent, par exemple, à la notion de pulsion pour distinguer deux types de mode opératoire, il se dessine, en arrière plan, un vocabulaire moderne ou la notion d’instinct et, par suite, d’animalité, donc de monstruosité, se profile reliée à des représentations médico-biologiques... Ces représentations posent problème même si la neurophysiologie vient à notre secours à grand recours de colorisation des zones du cerveau. Elle nous conduit à comparer certains comportements humains à leurs équivalents animaux. L’éthologie animale est alors appelée au renfort de la criminologie, soit pour justifier certaines hypothèses soit pour les démonter. La génétique, enfin, vient confirmer ces hypothèses comparatives.
La criminologie pourrait-elle se passer de ces étalons de comparaison ? Si le bonobo n’assassine pas son rival, que va-t-on en déduire des comportements humains confrontés au même type de situation ? Le monde animal, n’offre que des modèles de comparaison repérables au plan physiologique
René Le Senne avait tenté de rendre compte de la grande diversité des attitudes et comportements individuels tout en cherchant à établir des constantes générales scientifiquement incontestables. Différenciation et globalité, c’est ce qui est intéressant pour notre propos. Il existe des constantes dans les comportements des prédateurs pédosexuels, mais, individuellement, leur mode opératoire présente une grande diversité. Je me suis intéressé aux constantes, ce sont celles dont je rends compte ici.
Dans une même situation d’opportunité, chaque prédateur réagira selon ses caractéristiques propres, cela peut donc faire l’objet d’une étude clinique approfondie tant du point de vue comportementaliste que si l’on prend en compte la dialectique conscient-inconscient. En m’appuyant alors sur une relative stabilité des comportements individuels - dans un contexte socioculturel donné, j’ai cherché à en dégager les ressorts facilement repérables.
Le caractère est défini par son « inventeur » comme « l’ensemble des dispositions congénitales qui forme le squelette mental d’un homme ». Le terme « congénital », émis bien avant l’apparition de la génétique, peut ici choquer, à juste titre. Je ne me placerai pas sur ce terrain, ne conservant de la caractérologie que l’apparente stabilité des comportements repérés dans un environnement donné. Les données cliniques, les témoignages nombreux, les procès verbaux d’enquête nous permettent, en effet, de dresser une carte relativement stable des comportements dont certains éléments communs, répétitifs, nous permettent de déduire des constantes. Cette stabilité repérée dans des circonstances et un environnement donnés, cela veut aussi dire que cette typologie n’est valable que dans les pays Européens. J’ai ainsi étudié plusieurs dossiers de crimes pédosexuels en Algérie, en Tunisie - pays que je connais particulièrement - et au Sénégal, cette typologie ne s’y applique pas forcément si j’en juge par les informations que j’ai pu recueillir.
Dans l’élaboration des constantes, les composantes suivantes sont prises en compte :
l’émotivité, comme un ensemble qui résulte de l’interaction des sens avec les strates de la mémoire et des sentiments ;
l’activité ; il s’agit de l’impact concret de l’individu sur la réalité physique objective, repéré par les enquêteurs. C’est à partir de cette activité que nous pouvons déduire le mode opératoire ;
le retentissement des représentations (primarité/secondarité). Notamment deux notions importantes : primarité et secondarité. Un primaire réagira immédiatement face à une situation stimulante pour lui, il passera très vite à autre chose, semblant totalement indifférent à la situation antérieure ; un secondaire réagira jamais immédiatement, mais il pourra ruminer durant des mois, voire des années et se venger beaucoup plus tard. En fait secondarité et primarité rendent compte de la manière dont l’énergie psychique est investie dans la réalité.
Le DSM, réalisé par l’APA (American Psychiatric Association) est la classification des maladies mentales la plus importante et la plus utilisée. Les éléments le plus souvent mis à jour sont : Caractéristiques et troubles associés, Facteurs prédisposants, Examens complémentaires, Examen somatique et affections médicales générales, Caractéristiques spécifiques liées à la culture, l’âge et le sexe, Prévalence, évolution, aspects familiaux, diagnostics différentiels, De nouvelles modalités d’établissement du niveau global du fonctionnement (GAF) figurent dans l’évaluation multi-axiale.
À la différence de la classification dimensionnelle d’Achenbach ou des organisations psychologiques des classifications psychanalytiques, le DSM-IV individualise des entités diagnostiques qui sont fréquemment associées, comme par exemple les troubles anxieux et dépressifs. À cela correspond la notion de concomitance.
Le DSM-IV se veut indépendant de toute forme d’élaboration théorique, mais on peut considérer que son approche est psycho-biologique. Comme les versions antérieures du DSM, le DSM-IV est validé par un vote des membres de l’Association américaine de psychiatrie et ne reflète donc que le point de vue majoritaire des membres de cette association. Mais il tend à être adopté par l’ensemble des pays développés de culture dite européenne.
Le nombre minimum de symptômes par diagnostic, la fréquence et la durée des symptômes sont des données quantitatives. Dans une certaine mesure, elles intègrent au DSM-IV la notion dimensionnelle de déviation par rapport à une norme.
Une section nous est particulièrement familière celle qui est consacrée aux troubles habituellement diagnostiqués pour la première fois pendant la petite enfance, l’enfance ou l’adolescence. Les troubles qui peuvent débuter à tout âge (y compris chez les jeunes) sont ainsi décrits dans la section générale. Nous savons que le débat entre l’inné - génétique - et l’acquis n’est pas réglé en ce qui concerne les pathologies pédosexuelles. Chaque fois qu’une société est confrontée à des monstruosités de comportements, la question du génétique resurgit. Dans le cas présent, même s’il se trouvait un substrat génétique à de tels comportements, cela n’est en rien incompatible avec d’autres facteurs catalyseurs.
L’approche adoptée par le DSM-IV vise à éliminer toute forme d’interprétation dans l’établissement du diagnostic. Pour y parvenir, des critères très précis ont été définis. Quatre types de critères sont décrits :
1. les caractéristiques descriptives du symptôme visé
2. sa fréquence ou sa durée
3. l’âge auquel il est apparu
4. des critères d’exclusion basés sur la présence d’autres diagnostics.
Un nombre minimum de symptômes est nécessaire pour qu’un diagnostic soit porté, ils ne sont pas tous associés, un groupe de symptômes déterminants peut induire un diagnostic sans qu’il soit nécessaire d’enregistrer tous ceux qui figurent au tableau clinique général d’une pathologie. Pour certains diagnostics, par contre, (par exemple la dépression, l’anorexie), la présence de certains symptômes est obligatoire.
Le DSM-IV comporte cinq axes qui étudient respectivement :
1. Axe I : les troubles cliniques
2. Axe II : les troubles de la personnalité et le retard mental
3. Axe III : affections médicales générales
4. Axe IV : troubles psychosociaux et environnementaux
5. Axe V : évaluation globale et fonctionnement
Pour la description des personnalités de prédateurs, je me suis conformé à ces caractéristiques axiales. Cependant, seuls les axes I, II, III et IV peuvent, ici, faire l’objet d’une présentation, tout en sachant qu’il n’existe aucune compilation statistique sérieuse qui nous permette d’appuyer nos affirmations sur des résultats probants.
L’axe III ne peut faire l’objet d’aucune affirmation ou hypothèse sérieuse, même si l’on s’en réfère aux annales judiciaires, aucune information de ce genre n’étant recueillie par les enquêteurs.
La pédosexualité rassemble, en psychiatrie, tout ce qui a trait aux relations sexuelles adultes-enfants. Elle peut être hétérosexuelle, homosexuelle, ou mixte. Elle concerne des hommes comme des femmes de tous âges mais les hommes sont concernés en grande majorité. Elle peut coexister avec une sexualité en apparence normale de l’adulte en cause, ou s’associer à une anomalie anatomique ou à un trouble psychique. Elle peut s’exercer au sein des familles, souvent dans le cadre de relations incestueuses, ou dans le cadre d’une fréquentation usuelle des enfants, comme l’école, des groupes sportifs, des activités de loisir pour enfants, - ce que les psychiatres appellent des « structures facilitantes », mais aussi au hasard des situations.
Elle peut aussi dépasser le cadre de relations purement sexuelles, et s’associer à des vexations, des atteintes à la personne, voire des meurtres. Elle peut être un acte isolé, ou une habitude.
Elle se manifeste à la société par un acte transgressif qui ne respecte pas la norme. L’adulte qui commet ce raptus social a, en principe, conscience de la gravité de son désir ou de son acte, du fossé creusé avec le reste de la société, du renvoi à une déviance grave.
Pour nombre de psychiatres, le simple désir de relations sexuelles avec un enfant, même frustes, entre dans le cadre de la pédosexualité mais, selon moi, cela ne conduit pas forcément à des passages à l’acte de nature criminelle. Et, il convient d’être extrêmement prudent car des fantasmes pédosexuels peuvent indiquer tout à fait autre chose qu’une volonté délibérée qui surgirait dans le futur, à la faveur de circonstances facilitantes. La prévention de la pédocriminalité passe d’abord par la décrispation et par la reconnaissance par le thérapeute de fantasmes dont le potentiel criminel n’est pas démontré. Ces précautions sont d’autant plus nécessaires que les premiers fantasmes marquant apparaissent à la puberté et la culpabilité qu’ils génèrent entrave la prise en charge personnelle. Ajoutons à cela une prise en charge sociale déficiente et nous pouvons penser qu’une tendance dormante se conclura un jour dans le drame.
L’état de névrose se caractérise par l’existence de deux tendances conflictuelles au sein de la conscience. Il en résulte alors une souffrance que le sujet peut plus ou moins exprimer. Dans ces cas-là, la prévention et l’information peuvent être un recours pour permettre à ces personnes d’accéder à des thérapies d’orientations diverses.
Dans le cas d’une tendance névrotique pédophile, on peut distinguer :
Trois types de « tendances » qui sont accessibles à la prévention et à la thérapie. Ce n’est pas parce que la pression psychique de ces tendances peut rester dormante durant de longues années qu’il faut en négliger la puissance de réalisation à la faveur d’une opportunité.
Il existe une circonstance qualifiée de névrotique par le classicisme de la psychopathologie mais que je classerai parmi les tendances perverses :
L’acte commis, l’adulte peut aussi le nier à sa conscience, souvent par des constructions mentales qui visent à accréditer la thèse d’un désir de l’enfant ou d’un consentement supposé, visant à requalifier l’acte comme normal et naturel (« je n’avais pas conscience de faire du mal »). Ainsi justifié, l’acte pédophile peut se reproduire sans aucune mauvaise conscience, voire avec l’idée (assez fréquente) que cela « fait du bien à l’enfant ».
Un tel échafaudage justificatif relève de la perversion car il dénote le franchissement d’une limite que toutes les sociétés humaines ont définie et défendue : celle qui oblige l’adulte à protéger l’enfant. Abuser d’en enfant au prétexte que cela pourrait lui faire du bien relève de la perversité car, le commettant, la plupart du temps, joue sur des artifices juridiques ou sociaux inadmissibles.
L’acte justifié, parfois répétitif, et l’acte pervers revendiqué ou systématique, représentent la cohorte principale des cas judiciarisés. En général, il y a plusieurs victimes successives, car l’absence de violences directes sur l’enfant fait longtemps ignorer la situation. De plus, il s’agit souvent de personnes qui organisent leur vie dans des « contextes facilitants » en fréquentant les structures de jeunes, qu’elles soient scolaires, sportives, etc. Les psychiatres s’accordent à reconnaître que de tels pédophiles usent rarement de violence mais plutôt de séduction, et qu’en tous cas ils ne tuent pas. C’est sans doute là qu’on peut parler de « pédomanie » (mot forgé par les mouvements de lutte contre la pédophilie), c’est-à-dire de consommation compulsive d’enfants, au sens psychiatrique d’une manie.
Il existe par ailleurs des structures de personnalité, notamment perverses (au sens psychiatrique), très différentes des cas ci-dessus. Il s’agit de sujets qui n’intègrent pas les interdits sociaux ou qui les contestent. L’acte pédophile peut être un moyen de transgression sociale revendiquée, volontaire, délibérée et souvent organisée.
Ces pédophiles ont souvent un discours parfaitement structuré, voire prosélyte, pour justifier leur conduite, présentée comme éducative et saine pour l’enfant. Le pervers pédophile recherche volontairement la relation sexuelle avec un ou des enfants, parfois de façon systématique en passant des uns aux autres au fil du temps ou en entretenant des relations avec plusieurs enfants en même temps. Ce type de comportement peut alors aboutir à une sorte de commerce de chair enfantine. L’existence des réseaux sociaux a favorisé l’émergence de cette perversité sociale qui s’affiche sur deux niveaux ; l’un, parfaitement repérable, prosélyte et militant, se fondant sur d’infinis discours, l’autre, verrouillé et inaccessible au premier abord où la perversité s’affiche comme un rituel malfaisant. De nombreux psychiatres et experts contestent l’existence des ces tendances, or j’ai de nombreuses raisons d’affirmer qu’il ne s’agit pas d’un mythe.
Enfin, en dehors des pédophiles présentant une personnalité névrotique, psychotique ou perverse, il existe aussi des pervers sadiques, capables d’atteintes physiques graves envers les personnes, voire de meurtre. Peu d’entre eux s’attaquent aux enfants, même si les cas de ce genre provoquent une émotion considérable, ils restent en réalité exceptionnels. Les psychiatres les considèrent d’abord comme des psychopathes, auteurs de crimes sexuels (Marc Dutroux), pas comme des pédophiles comparables aux précédents, même quand les enfants sont leurs victimes préférentielles. Chez Michel Fourniret, par exemple, la préférence pédosexuelle n’était pas marquée. Elle semble avoir été circonstancielle. Chez Francis Evrard, au contraire, cette tendance était affirmée et affichée.
On a souvent évoqué comme étiologie de la pédophilie le fait que certains sujets ont pu être traumatisés dans leur enfance, en étant eux-mêmes l’objet de raptus pédophiliques. Si cela est souvent évoqué devant les tribunaux comme circonstance atténuante de la responsabilité, le peu d’études actuellement disponibles, souvent controversées, ne permet pas de trancher avec certitude.
On ne peut définir les comportements du premier sans s’attacher à étudier la dialectique singulière qui lient le premier à sa victime. Non pas que la personnalité de la victime soit en cause, c’est plutôt la qualité de cette relation qui est spécifique, qui va évoluer selon les circonstances dans un milieu donné. Dans mon étude sur la pédocriminalité j’ai défini plus particulièrement ce lien qui se trouve au cœur de tous les modes opératoires. Par ailleurs dans « L’inceste psychologique », (sur Hommes et Faits, 2005 http://www.hommes-et-faits.com/Dial/spip.php ?article14) j’ai abordé cette dialectique sous l’angle purement symbolique en soulignant que les facteurs socioculturels étaient déterminants. Il apparaît alors que la relation spécifique conscient/inconscient est déterminante.
La victime est, le plus souvent, l’objet d’une représentation. Elle n’existe pas, en soi, c’est pourquoi, dans la plupart des cas, son ressenti est totalement occultée par le pédocriminel. Et dans les circonstances graves où le crime se perpétue dans la durée, cette négation de l’autre se transforme en un véritable esclavage.
Vu la gravité des affaires judiciaires de ces dernières années (entre autres les affaires Dutroux, Fourniret, Émile Louis), le mot « pédophile » a aujourd’hui pris le sens sémantique courant de « violeur d’enfants », voire d’assassin. Il est largement usité par les médias, dont les titres font parfois des amalgames, certains « crimes pédophiles » contemporains ne concernant pas des mineurs. Quant à la « pédophilie », la compréhension courante du mot aujourd’hui associe le champ des relations adultes-enfants, et celui de la contrainte sexuelle sur autrui, qu’il s’agisse de sollicitation, de viol ou de meurtre.
Loin de son étymologie et de son origine littéraire, le mot « pédophilie » est plutôt du registre du vocabulaire médiatique. Dans beaucoup de législations ce terme n’est pas utilisé pour qualifier un crime ou un délit. En droit français il ne figure dans aucun texte de loi, pas plus qu’en psychopathologie.
Deux termes paraissent plus appropriés : pédosexuel ou pédosexualité pour définir une orientation déterminante dans la genèse criminelle.
Pédocriminalité pour renvoyer au crime déterminé par une orientation sexuelle définie ci-dessus.
Notes et sources :
- CMI-10 ; Chapitre V "Troubles mentaux et du comportement" ; F60-F69, "Troubles de la personnalité et du comportement chez l’adulte" ;F-65, "Troubles de la préférence sexuelle" ; F65.4, "Pédophilie".
- DSM-IV-TR, manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux, 2e édition, Elsevier, Masson, 2003.
Primaire/secondaire
Violent-passage à l’acte/pédophile-ami des enfants
Les psychologues et psychiatres connaissent ce type de pédosexuel psychologiquement frustre et immature. Il abusera de sa sœur très tôt et il lui imposera sa domination durant des années au vu et au su du reste de la famille qu’il domine par sa violence, voire sa folie. Certains individus abusent de leur mère dont ils feront leur esclave sexuel. On est là dans un monde d’indigence culturelle, financière et sociale. Leurs méfaits peuvent être connus de tout un village et tolérés, au prix de la paix sociale ou d’une hypocrite commisération. J’ai connu ce type de prédateur lors de missions dans le Cantal profond, mais aussi dans le Perche, en Ariège et dans les cités (Sarcelles, par exemple)...
C’est ce que certains experts qualifient de pédophiles immatures.
Dans le film « Délivrance » de John Boorman, quatre randonneurs épris de nature sont pris en chasse par des forestiers qui les traquent, les soumettent aux pires tortures et humiliations.
Les quatre protagonistes du film de John Boorman décident de descendre en canoë, sans doute pour la dernière fois, une rivière avant que les gorges, dans lesquelles elle sillonne, ne soient définitivement englouties sous les eaux du barrage que l’on construit pour alimenter en électricité la ville d’Atlanta (Géorgie). La mise à l’eau des canoës est tout d’abord vécue comme un véritable retour aux sources, une délivrance. Tous ressentent une soif de liberté comme ont dû l’éprouver les premiers colons partis à la découverte du nouveau continent. Au contact de cette nature de rêve, ils trouvent progressivement la force d’affronter toutes les difficultés. Mais l’apprentissage de ce retour est parfois difficile, ne serait-ce que pour tuer, d’une flèche, une biche quand tuer n’est pas encore devenu une nécessité, une obligation même ; et la rivière les conduit irrémédiablement vers ce monde où toutes les règles auront disparu hormis celle de la lutte pour la survie. Leur aventure va devenir alors une véritable descente aux enfers.
La scène culminante du film est bien sûr celle du viol. Ces montagnards que nos citadins rencontrent ne sont ni des sadiques ni des criminels, et la violence dont ils font preuve révèle un comportement irraisonné, instinctuel. Ils n’appartiennent même pas à la plus basse des classes que la société peut englober. Ils sont purement et simplement en dehors d’elle. La civilisation n’a pas eu d’emprise sur eux. C’est seulement au hasard d’un accouplement, que l’on suppose incestueux ou consanguin, qu’un adolescent montre qu’il sait jouer du banjo. Ce don qu’il possède, fruit d’une curiosité génétique, constitue son seul moyen de communication avec le monde extérieur. Aussi, une fois le duo improvisé et conduit de manière brillante terminé, il retombe dans un mutisme inquiétant. Ces hommes agissent comme des êtres à l’état sauvage obéissant à leurs seuls instincts. Pour eux, un individu un peu grassouillet, n’est rien d’autre qu’une truie qui peut servir occasionnellement à satisfaire leurs pulsions sexuelles. La parole est ici réduite à des grognements. Le violeur exige de sa victime qu’elle l’imite et couine pour que sa jouissance soit extrême.
En janvier 2006, Youssouf Fofana, chefs du « gang des Barbares » enlève, torture et assassine un jeune homme Ilan Halimi au seul prétexte qu’il est juif et qu’il a de l’argent. Nous avons là un exemple marquant du comportement type de ce genre de psychopathe.
En Italie, en avril 1981, Roberto Zucco tue son père et sa mère autoritaire (qui l’adorait et le surprotégeait). Déclaré schizophrène par les psychiatres, il ne peut être jugé pour ce crime et est interné en hôpital psychiatrique pour une durée de 10 ans.
Le 15 mai 1986, interné depuis cinq ans, il parvient à s’échapper et se rend en France, où il commet vols, cambriolages, viols, et meurtres. Il a une relation avec une jeune fille de seize ans prénommée Sabrina. Ses crimes ne prennent fin qu’avec son arrestation dans la région de Venise le 28 février 1988. Le 1er mars de la même année, il tente de s’échapper par les toits de la prison avant de chuter et se blesser.
Moins de trois mois plus tard, le 23 mai, il se suicide dans sa cellule, avec une recharge de gaz qu’il ouvre dans un sac plastique, avec lequel il a recouvert sa tête. Il échappe ainsi à ses procès, en Italie et en France.
Ce prédateur, masqué, traque ses victimes sur son terrain qu’il connaît parfaitement. Il agit, telle une araignée au fond de sa tanière, toujours prêt à bondir, insignifiant et ordinaire quand sa pulsion sommeille. Il n’y a pas pour lui de victime de prédilection, c’est l’intrusion au cœur de son territoire qui induira la traque et la mise à mort. La volonté sadique est ostensible, excessive. Il y a derrière ces actes une jouissance à faire souffrir la victime. Leurs crimes peuvent rester impunis durant de nombreuses années.
Violeur pédosexuel en série
Un exemple : Les enquêteurs l’avaient surnommé le « violeur aux volets ». Un homme de 33 ans soupçonné de quatre viols et d’une tentative en 2007, a été interpellé mardi 19 février 2007 à Paris et déféré devant la justice mercredi soir. Il a été mis en examen et écroué le lendemain. L’homme, sans profession, avait "gagné" son surnom en raison de "la particularité de son mode opératoire". Il épiait ses victimes, des jeunes femmes domiciliées au rez-de-chaussée, à travers les volets afin de connaître leurs habitudes. Il entrait alors chez elles par effraction, ont indiqué des sources proches de l’enquête insistant sur la "dangerosité" du suspect. Le premier viol présumé a été commis en janvier 2007, le dernier en décembre de la même année.
Quant il s’agit d’enfant, le viol est toujours suivi d’un meurtre sauf si une intervention rapide de la Police parvient à démasquer le criminel. D’où l’intérêt du plan Alerte enlèvement.
Il s’adapte au milieu pour sa traque, son comportement est celui d’un chasseur à l’affût. Mais la mise en acte demeure opportuniste et imprévisible. Pourtant, il restera toujours, derrière une apparente mise en acte désordonnée, une signature spécifique à chaque individu.
Les profils de ces prédateurs sont multiples, ce sont les modes opératoires qui vont permettre de dresser un profil susceptible d’orienter les enquêteurs. La criminologie cerne bien ces prédateurs et elle s’est dotée de moyens efficaces pour les arrêter, et la presse se fait souvent l’écho de leurs méfaits.
Ce sont ces monstres dont il est abondamment question dans la presse, les autres, plus discrets, mais surtout plus nombreux échappent aux clameurs de la presse et à l’instrumentalisation des politiques.
Ce sont des individus bien insérés socialement ou reconnus dans leur groupe, mais qui profitent d’une situation favorable pour dominer une victime et la soumettre à leur volonté. C’est la situation qui induira le mode opératoire de l’agression. Celle-ci peut être commise par un individu ou par un petit groupe (soirées).
Mais la sauvegarde de leur réputation ou de leur statut social les conduit à exercer un chantage sur la victime, voire un harcèlement qui peut les conduire à maintenir la situation de domination et d’abus. Peu à peu un lien pervers peut s’établir, réduisant la victime à l’état d’objet, on la prête, on la vend, on l’humilie en public, etc.
Une agression opportuniste peut donc, dans certaines circonstances, évoluer vers une situation de domination perverse installée dans la durée. (Bizutage, "tournantes", soirées)
Dans une soirée
Comment le jeu vire à la bestialité :
Au cours de la nuit du 9 au 10 octobre 2006, Frédérique (prénom d’emprunt), qui s’apprête à fêter ses seize ans, sort avec une amie et deux jeunes gens. L’accès du B-Club à Braine-l’Alleud lui est interdit car elle n’a pas l’âge requis. Elle poursuivra la soirée et une partie de la nuit avec Jérôme, 23 ans, et Christian, 20 ans, deux Brainois au prénom également d’emprunt, qui achèvent avec elle une première bouteille d’alcool. Ils boivent la seconde au goulot, la consommant à tour de rôle. Pour corser le plaisir, ils mélangent l’alcool à une boisson énergisante aux effets immédiats. Les jeunes gens flirtent, s’autorisent à tour de rôle des plaisirs sexuels acceptés par l’adolescente qui, après une double fellation librement consentie en voiture, se couche dans l’herbe au parc Bourdon.
L’un des jeunes a avec elle un rapport sexuel total. Il a l’impression qu’elle consent. « Tout s’est fait naturellement. Nous avions envie de faire l’amour ensemble. Frédérique n’était plus vierge... » Vers 5 heures du matin, le trio regagne le parking du B-Club. Frédérique quitte les deux jeunes. Une de ses amies témoignera. « Elle semblait ivre, elle ne tenait plus debout. Elle a fait la bise à l’un d’eux. Un geste naturel, comme si elle avait passé une bonne soirée... »
Les vapeurs d’alcool dissipées, l’adolescente narre sa mésaventure à ses parents. La justice est saisie d’une plainte. Les jeunes gens sont entendus. Ils acceptent de tout raconter en présence de leurs parents. « On est désolés. Nous n’étions pas dans notre état normal. On n’aurait pas dû faire ça. On était trop ivres, mais Frédérique était d’accord de boire et de faire l’amour. Elle était consentante... »
Source : Le Soir.be, http://www.lesoir.be/regions/brabant_wallon/tribunal-l-acquittement-de-2008-02-22-579370.shtml
Les « tournantes »
Samira Bellil, à quatorze ans, est séquestrée et violée par un ami du caïd de son quartier, un quartier difficile de Garges-lès-Gonesse dans le Val-d’Oise. Dans l’enfer des tournantes (Poche), elle note que, dans les quartiers « une fille qui traîne, c’est une pute, donc qu’elle ne se plaigne pas s’il lui arrive des embrouilles ». Son violeur écope de huit ans. Cette épreuve conduira Samira Bellil dans une errance dont elle sort grâce à une psychothérapie.
Proche du mouvement Ni putes ni soumises, son témoignage dénonce les viols collectifs (« tournantes ») et la nécessité de dépasser la victimisation, le besoin de vengeance et le traumatisme. Son livre dénonce le système judiciaire français et sa difficulté à trouver une oreille qui l’écoute sans la juger et des gens en qui elle puisse avoir confiance.
Ce témoignage soulèvera une vaste polémique entre experts, certains dénonçant le fantasme des « tournantes », contredisant ainsi Samira Bellil et la traitant implicitement de simulatrice... second crime qu’elle devra subir avant son décès d’un cancer de l’estomac à 31 ans.
Dans les milieux sportifs
Une récente étude, diligenté par le Ministère de la Santé, de la jeunesse et des sports, révèle que 110 des 356 jeunes sportifs de 13 à 23 ans interrogés pensent ou affirment avoir été confrontés à au moins une forme de violence.
Dans les faits, ces actes pratiqués sur des mineurs ne diffèrent en rien des agissements pédophiles. « Mais il y a un déplacement des normes dans le milieu sportif qui fait parfois accepter des choses inacceptables », explique Sabine Afflelou. « Le sport est un milieu à part. Le rapport au corps y est particulier. Il y a des disciplines comme la gymnastique où l’entraînement suppose un contact. Et les parents sont parfois moins vigilants sous prétexte que le sport c’est bon pour la santé. »
L’enquête (voir article sur 20 minutes : http://www.20minutes.fr/article/214852/France-Un-jeune-sportif-sur-trois-confronte-a-une-forme-de-violence-sexuelle.php) a révélé un autre phénomène, également notable dans les cas de pédophilie, celui de « la culpabilité ou de l’auto-accusation » qui explique la part importante (40 réponses) de jeunes sportifs qui ne font que « penser » avoir été victimes de violences sexuelles.
La formulation est intéressante et gravement ambigüe : « qui ne font que « penser » avoir été victimes de violences sexuelles ». Que pouvons-nous penser d’une telle nuance sémantique ?
Je pense avoir été victime ! Vous le pensez ou vous l’avez été ? Cela suppose-t-il que, dans les items de l’enquête, se trouvait une question rédigée ainsi : « Pensez-vous avoir été victime... ? »
De même, en quoi consiste ce « déplacement des normes » dont nous parlent les responsables de l’enquête, Greg Decamps, psychologue, et Sabine Afflelou, psychiatre ? La République aurait-elle perdu son autorité sur l’ensemble du territoire ?
Pédophile mais pervers car il se présente comme l’ami des enfants et il s’abrite derrière une idéologie inspirée de Lewis Caroll.
La tactique semble toujours la même. Un pédophile - il affiche son amour pour les enfants - fréquente divers forums de discussion où se trouvent des centaines d’enfants, il observe et lit le maximum de commentaires. Il cherche à discerner les habitudes, les goûts du mineur. Il se lie d’amitié avec l’un d’eux ou plusieurs. Peu à peu sous une identité adaptée, il approche sa victime et tout peut très mal finir.
Pour le docteur Janis Wolak de l’Université du New Hampshire, les prédateurs sexuels sont très à l’aise sur le net car ils peuvent y développer des identités virtuelles multiples et au moindre incident, ils réapparaissent sous un autre "avatar". L’avantage principal du cyberespace est justement de garder une identité d’emprunt. Nul n’est obligé de divulguer quoi que ce soit à quiconque.
Les enfants et les adolescents sont d’importants utilisateurs d’Internet. Ils se confient volontiers entre eux, mais les commentaires sont souvent ouverts et accessibles à tous car ils cherchent ainsi à se faire de nouveaux amis et à découvrir de nouvelles activités. Ils ne pensent pas que la personne avec laquelle ils échangent peut être un adulte dissimulé.
Selon Janis Wolak (David Finkelhor, Kimberly J. Mitchell, and Janis Wolak. Online Victimization : A Report on the Nation’s Youth, Alexandria, Virginia : National Center for Missing & Exploited Children, 2000), « Les médias d’information laissent entendre que ces crimes sont violents, que les agresseurs bernent des enfants très jeunes, mais ce n’est vraiment pas le cas. » Selon elle, les prédateurs sexuels ne se cachent de rien lorsqu’ils naviguent sur le net et s’en prennent à des adolescents.
Dans ce domaine, le cynisme le plus époustouflant règne en maître. Au caractère dominateur habituel qui nie toute forme d’humanité chez la victime s’ajoute une sorte d’idéologie « humanitaire » qui accentue le caractère forban des actes criminels. (Voir les commentaires sur Agoravox http://www.agoravox.fr/article.php3 ?id_article=29860 repris sur enfancedanger.com)
Sur Agoravox, sous le titre, « République dominicaine : l’enfance violée », Thierry Follain, l’auteur évoque le « Paradis » antillais, la République dominicaine, comme un hot spot du tourisme sexuel, pédophile en particulier.
Quelques commentaires, publiés à la suite de cet article méritent une attention : (j’ai laissé l’orthographe d’origine)
Commentaire : « Ces adultes qui ont des relations sexuelles avec des jeunes gens offrent tout en contrepartie : un toît, de la nourriture à volonté, la sécurité, les vêtements, les soins, l’éducation (parfois). En gros, cette fillette est certes libérée de cette vie sexuelle mais du jour au lendemain elle va se retrouver à la rue avec la faim au ventre, à la merci de proies en tout genre et sans savoir de quoi est fait le lendemain. »
En gros, le viol d’une fillette est une ressource économique. Que l’Afrique suive l’exemple !
Autre commentaire : « Mais oui c’est triste tout ça mais si au moins ça permet à ces pauvres âmes, qui n’ont pas demandé à naître, de manger, on va pas s’en plaîndre quand même. C’est un moindre mal. Espérons qu’un jour ces pauvres gosses n’aient plus besoin d’avoir recours à ce genre de choses. »
Encore : « Vous ne vous mettez pas à la place de ces gosses.... Être pauvre dans ces pays-là c’est 10x pire que d’avoir des relations sexuelles avec des vieillards. Dans cet article, la petite fille pleure tout simplement tout ce qu’elle a perdu de confort matériel. C’est tout. »
Une autre : « Je connais bien ces pays. Je peux me tromper, mais je pense que cet homme n’est pas un violeur. Il y a eu probablement négociation entre la mère, la petite et lui-même. La petite a sûrement accepté (sans trop se réjouir, certes), sachant que mis à part cette contrepartie, sa qualité de vie serait améliorée. J’ai connu plusieurs familles qui ont fait ça, et c’était toujours pour confier les enfants à des vieillards. L’exemple de cet article est typique. À Saint Domingue il y a aussi des étrangers qui payent tout pour la famille locale (toît, nourriture, soins, etc...) et qui en contre partie ont des relations sexuelles avec les enfants, sans violence (ce qui est certes condamnable). »
Suite : « Je pense au contraire qu’elle a beaucoup plus de maturité que nous pour prendre du recul, justement... Dans nos sociétés occidentales il se trouve que le sexe est considéré comme la pire des choses qui puisse arriver à un enfant - on vit dans une espèce d’hystérie schizophrène, on voit des pédophiles partout. Mais ce genre de conception n’existe que parce que nous (et nos enfants) ne connaissent pas la faim, la violence et la pauvreté à l’extrême (enfants des rues, etc.) tels qu’ils existent dans des pays pauvres. C’est nous qui ne parvenons pas à prendre du recul, collés que nous sommes sur cette vision selon laquelle l’enfant impliqué dans une affaire de sexe est le plus malheureux du monde. Cette fille, qui connait, elle, des malheurs bien plus grands encore que l’abus sexuel, est en mesure de relativiser et de faire son choix avec un certain recul. »
« Il ne semble pas essentiel de voir cette réalité à travers le prisme de la pédophilie. » dit un autre.
On sort de la lecture de telles ordures, complètement secoué. Enfin quoi, le tourisme sexuel, ce n’est ni plus ni moins qu’une ressource pour les pays pauvres. En somme, violer une fillette Rom dans nos rues ce serait la hisser hors de la misère.
Qu’en pensez-vous ? Ces commentaires sont le fait d’individus que l’on pourrait côtoyer chaque jour. L’anonymat des signatures de commentaires permet aux auteurs de déverser leur vision insensée. C’est sur cette base que les sites pédophiles invoquent, pour exister sur Internet, le droit à la liberté d’expression. On est à la limite de la justification bien pensante d’un crime dont on banalise la portée et les conséquences. Certains invoquent parfois, les différences ethniques, le droit coutumier et la propension caractéristique de la société dominante à l’ethnocentrisme pour justifier de telles pratiques et en profiter pour leur propre satisfaction narcissique.
L’action humanitaire, le respect de certaines traditions locales sont appelés au secours d’une perversion qui s’affiche dans le confort et la bonne conscience.
La lecture de ces commentaires nous apprend qu’il règne une sorte de tolérance plus ou moins tacite à l’égard de ces pratiques. Pire, la justification humanitaire ou sociale nie fondamentalement l’atteinte sauvage portée à la dignité de ces enfants. Et c’est la même rhétorique dont usent les habitués du tourisme sexuel. Ils rendent service et permettent à ces enfants de survivre et d’aider leur famille.
Ainsi « C’est nous qui ne parvenons pas à prendre du recul, collés que nous sommes sur cette vision selon laquelle l’enfant impliqué dans une affaire de sexe est le plus malheureux du monde. Cette fille, qui connait, elle, des malheurs bien plus grands encore que l’abus sexuel, est en mesure de relativiser et de faire son choix avec un certain recul. » La dénonciation fallacieuse d’une forme d’ethnocentrisme semble nous dire que ces enfants peuvent être violés parce qu’ils mesurent la portée de leur soumission, donc qu’ils choisissent de se faire violer.
Il s’agit bel et bien d’un déni de nature perverse ! On se demande quelle serait la réaction de ces intervenants si, au cours d’un voyage au Maroc, ou en Thaïlande, un rabatteur venait leur proposer une soirée avec une mineure...
On est ici, dans le droit fil d’une perversion latente, argumentée et nourrie de bonne conscience.
Leur démarche n’est plus instinctuelle, elle résulte d’une lente élaboration, d’une observation minutieuse du milieu dans lequel ils évoluent. Leur mode opératoire paraît ensuite pulsionnel mais ce n’est qu’une apparence dû au simple fait qu’ils ont installé leurs habitudes et qu’il ont circonscrit un territoire qui devient leur terrain de chasse.
Ils sont redoutables car leur structure psychique repose sur une absence totale de scrupules. Ce sont des psychopathes, toujours dangereux et inaccessibles à toute forme de traitement. Leurs méfaits enflamment des débats sans fin, à l’instar des psychopathes du premier groupe - les prédateurs primaires, quand il s’agit de promouvoir une politique populiste de sécurité. Statistiquement, ils sont très peu nombreux. Malgré le caractère solitaire de leur mode opératoire, ils s’associent parfois les services d’un ou d’une complice dévolue au rabattage et au basses œuvres domestiques. Ils peuvent servir de fournisseurs à des réseaux plus élaborés.
Ce sont les seuls prédateurs pédosexuels qui opèrent en réunion. C’est même un point distinctif de leur mode opératoire. Le 12 octobre 2007, je signalais un gigantesque coup de filet contre un réseau pédophile menée sur l’ensemble du territoire français, qui conduisit à l’interpellation de 132 pédophiles présumés. La direction de la Gendarmerie, à Paris annonçait que des arrestations furent effectuées dans 78 départements.
Plus de 1 400 000 photos et 27 000 vidéos pédopornographiques « d’enfants prépubères » furent saisies. En tout, les gendarmes avaient identifié 310 personnes concernées par ces échanges de photos et de vidéos. Toutes furent arrêtées après le lancement de l’opération "Arc-en-ciel", décidée en liaison avec les 101 parquets compétents auxquels la procédure initiale avait été transmise sur instruction du parquet de Bobigny.
(Sources : http://www.enfancedanger.com)
Au Portugal
L’ancienne directrice de la Casa Pia affirme dans une entrevue publiée le 5 octobre 2007, dans l’hebdomadaire Sol, affirme que son établissement a été le centre d’un réseau pédocriminel durant de nombreuses années. Catalina Pestana, retraitée depuis mai 2007, a porté plainte devant la justice de son pays. Elle affirme que des réseaux pédocriminels externes continuent à abuser des enfants de la Casa Pia en les réduisant à un esclavage sexuel permanent. Le procureur général Fernando Pinto Monteiro a confirmé à la presse que Madame Pestana avait porté plainte et que celle-ci était en cours d’étude.
Il faut cependant savoir que l’Affaire de la Casa Pia (la Maison pieuse) a éclaté à Lisbonne en novembre 2002, lorsque Fabio Cruz, un garçon de 16 ans, ancien élève de la Casa, s’est confié à une journaliste de l’hebdomadaire Expresso, Felicia Cabrita. Ce témoignage a été le départ d’une série de révélations faites par d’anciens pensionnaires se déclarant tous victimes.
Cette affaire de réseau pédocriminel, organisée par un ancien gardien de l’école, Carlos Silvino, alias Bibi implique des personnalités publiques et politiques. Le procès est toujours en cours et sept personnes attendent de connaître le sort que la justice portugaise leur réservera. D’après l’accusation, Bibi choisissait ses victimes « parmi les enfants spécialement vulnérables, en manque d’affection et sans références parentales masculines ».
En décembre, le procureur général de la République, José Souto Moura, a accusé formellement dix personnes d’avoir commis des « violences sexuelles sur enfants et d’exercer la prostitution de mineurs ». Parmi les inculpés figurent :
· Des stars du show-biz, dont l’humoriste Herman José et le présentateur vedette, Carlos Cruz, 62 ans, qui fut l’égérie du Portugal lors de la Coupe d’Europe de football en 2004. Il avait déjà été inquiété pour des faits similaires dans les années 1980. On avait, à l’époque, retrouvé chez lui des cartons à chaussures remplis de photos d’enfants, mais ces pièces à conviction avaient mystérieusement disparu et les choses en étaient restées là.
· Des notables comme l’archéologue Francisco Alves et le médecin Ferreira Diniz, connu du grand public pour avoir animé une émission quotidienne sur la radio catholique Radio Renascença, et qui aurait fait subir des examens aux enfants de la Casa Pia, afin de s’assurer qu’ils ne souffraient pas d’infections vénériennes avant leur introduction dans le réseau de ces pédocriminels de la haute société.
· Un dignitaire de la haute diplomatie, l’ancien ambassadeur Jorge Ritto, pour lequel, dans sa résidence, auraient été organisées des orgies au cours desquelles des enfants de la Casa Pia étaient livrés par Bibi à des notables.
· L’ancien ministre du Travail et de la Solidarité et actuel député socialiste Paul Pedroso, 38 ans, très populaire pour avoir introduit le RMI au Portugal.
· D’anciens élèves ont évoqué d’autres orgies pédophiles qui se seraient déroulé dans une villa tranquille de l’Alentejo où Bibi les emmenait auprès d’une soixantaine de participants.
La plainte de Catalina Pestana est significative mais aussi très inquiétante car le procès est toujours en cours. Cela veut dire que, même durant l’instruction et après, les orgies ont continué. C’est ce que souligne cette ancienne directrice indignée. (Sur le site enfancedanger.com)
On notera le rôle d’organisateur joué par l’ancien gardien. C’est une constante dans ce genre d’affaire. Les participants ne s’occupent pas de la « gestion » du réseau, c’est à un homme de main qu’est dévolu le rôle de rabatteur. Ces sociétés secrètes s’organisent à l’image de la société globale, il y a les laquais, il y a les personnages importants. Or, dans les affaires Dutroux et Émile Louis, on a aussi avancé l’hypothèse de réseaux greffés sur leurs activités. Ils auraient été les fournisseurs de chair humaine pour des réseaux de notables. La solidité de ces réseaux repose sur le lien du silence et du chantage : la participation à une soirée constitue le point de départ à partir duquel le participant ne pourra plus revenir en arrière.
Italie Turquie
En février 2008, un réseau pédophile parfaitement organisé a été démantelé par les polices turques et italienne... un de plus et ce ne sera pas le dernier !
L’existence de vastes réseaux criminels est farouchement contestée par de nombreux experts et journalistes. Et on peut se demander sur quel ressort psychologique reposent de tels dénis. D’autant plus que les polices nationales affirment disposer désormais d’outils performants qui leur permettent de prendre les organisateurs de réseaux à leur propre jeu. Depuis 2006, en effet, le nombre d’opérations spectaculaires a considérablement augmenté.
Ainsi, Marcela Iacub sous le titre « Le goût du sperme du diable » - référence aux questions des inquisiteurs du Moyen âge qui demandaient aux supposées sorcières quel était le goût du sperme du Diable -, dans le quotidien Libération du 16 novembre 2004, s’en prend violement aux « antipornographes » suspectés de se livrer à des délires dignes des inquisiteurs.
« Entre 1983 et 1994, une véritable panique des réseaux pédophiles s’est emparée des États-Unis, jusqu’à ce que le gouvernement fédéral, à la suite d’une enquête qui dura cinq ans et coûta 750 000 dollars, mît fin à ces rumeurs d’une manière officielle. On imagina des sectes satanistes infiltrées dans les écoles maternelles et les familles, qui violaient, assassinaient, torturaient des enfants avant de les filmer, selon des rituels « lucifériens ». Dans un sondage réalisé à la fin des années 1980, on estimait à 70 % la population qui adhérait à ces croyances et à 33 % ceux qui étaient persuadés que ces crimes « innommables » étaient réalisés avec des complicités officielles, notamment du FBI et de la police.
Une véritable armée d’experts psychologues, d’assistants sociaux, de féministes, d’antipornographes, de chrétiens fondamentalistes, de ligues de protection de l’enfance, s’est discréditée à force d’accréditer ces soupçons. Ces délires collectifs ont donné lieu à des procès à l’issue desquels des centaines d’innocents furent mis en prison à vie. »
Marcela Iacub s’appuie avec volupté sur les délires narcissiques du petit juge Burgaud pour asséner ces vérités fougueuses de certitudes. Les dérives du procès d’Outreau ont longtemps masqué une réalité bien plus sinistre et triviale. La crainte d’un autre scandale judicaire que la France redoute, a laissé de côté les victimes car il y en eut tout de même dans cette affaire.
Nous nous souvenons des innocents du procès dit d’Outreau, mais les victimes ont-elles laissé un souvenir dans votre mémoire ? Non ? C’est bien le problème.
Une société manifeste un déni devant un fait avéré quand celui-ci menace ses fondements et révèle un point aveugle, cela traduit une volonté plus ou moins crispée de s’opposer à un changement d’attitudes. Je pense, en effet, que la pédocriminalité, comme fléau bien plus répandu qu’on n’ose le croire, touche si largement et dans toutes les couches de nos sociétés que la prise de conscience nous mettrait de nouveau face à la « banalisation du mal ». Or, nous sommes encore trop imprégnés de notre certitude d’appartenir à une civilisation hautement évoluée, humainement, socialement et économiquement parlant. Ce faisant, nous oublions que plus nous tendons vers la civilisation plus les aspects obscurs se différencient, imposant des changements de règles donc de comportements. Les attitudes sécuritaires, quoiqu’utiles, renforcent cette rigidité. Nous vivons encore sous des préceptes et des coutumes issus d’un passé rural ou d’une industrialisation de type familial, sur un tissu social plutôt centré autour d’un clan familial. Nos mœurs n’ont pas suivi l’évolution de la structure des sociétés.
Pourtant certains caciques conservateurs ne peuvent pas s’empêcher de penser autrement. Ainsi, s’exprimant à propos d’une affaire de prêtre pédocriminel dénoncée par la presse, Vitus Huonder, Evêque de Coire, en Suisse, déclare qu’au fond, les médias en faisaient trop en rallumant ces vieilles histoires de pédophiles curés et « qu’avant, on en parlait moins, dans les familles, à l’école, dans la presse et à l’Église et que ça allait mieux comme ça ». Sources : NZZ am Sonntag du 15 février 2007
Il s’agit bien d’un appel au déni pour la paix sociale. Mais, cela fait référence à des pratiques désuètes car il faut penser d’autres règles, d’autres lois, d’autres principes fondateurs structurants et susceptibles de répondre aux attentes du moment. Un nouveau « contrat social » est nécessaire à la paix sociale, bien plus que le déni ou la seule répression. La référence à des principes anciens « qui marchaient bien » intervient quand une société cesse d’être créatrice et que les comportements sociaux se figent peu à peu dans une crispation craintive et stérile.
Ce phénomène était déjà perçu à l’aube de nos cultures, dans les contes de fées qui relatent l’ennui qui étreint un vieux roi alors qu’il possède toutes les richesses de la terre. Survient alors un jeune Prince étranger, un enfant débile ou un gueux qui, au prix de différentes épreuves féroces, parvient à hériter du royaume. Ce qui signe le renouvellement des principes fondateurs du royaume...
Pour l’instant, nous ne faisons que rêver des jours meilleurs dans les limbes d’un lointain passé.
Les garçons de St Vincent (Version originale : The Boys of St. Vincent (1993), directed by John N. Smith for the National Film Board of Canada) retrace la vie d’un pensionnaire d’un collège religieux soumis progressivement au pouvoir du père directeur de l’établissement. Le réalisateur a parfaitement traduit le mode opératoire de ce type de prédateur.
Partant de témoignages recueillis durant 35 ans, j’ai plus particulièrement développé la description de ce prédateur dans mon étude : Pédocriminalité, inceste, crimes contre l’humanité, éd. Lierre et Coudrier, Toulouse 2006.
Bernard Giossi a produit une excellente étude sur la relation qui existe du pédagogue au pédophile et le lien entre la pornographie - étymologiquement parlant - et l’enfant marchandise.
« La pédérastie (au sens du grec antique) désigne l’usage sexuel d’un enfant mâle ou d’un adolescent par un adulte et contredit ainsi toute idée de consentement réel, vu le rapport d’âge et l’éducation impliquant toujours la manipulation du plus jeune au profit du plus âgé. »
Et il établit un lien entre la mise en esclavage de l’enfant et le pouvoir. Telle est bien, également, mon hypothèse, ce qui expliquerait le point aveugle sur lequel butent les regards de nos penseurs.
«
Lorsqu’une fillette est, très jeune, sexualisée par les rapports ambigus, voire
incestueux, de ses parents puis poussée à se comporter comme une « petite femme »
tout en essuyant les reproches (explicites ou implicites) d’une mère frustrée
et d’un père mal à l’aise, elle est détournée de sa réalité et de la
réalisation de sa conscience de femme. Adolescente, puis jeune femme, elle ne
peut s’épanouir car elle est déjà livrée à l’homme pour sa satisfaction
sexuelle et sociale. Elle devient une icône de la prétention maternelle et
paternelle, puis masculine. Inconsciente et livrée aux hommes de pouvoir
(parents, médecins, religieux, professeurs, etc.), seule et privée de la
protection de l’homme conscient et fort qu’aurait dû être son père et que n’est
pas son époux, elle livrera d’autant plus facilement ses enfants aux mêmes
hommes. La pédophilie (pour graves que soient ces actes) est donc bien une
étiquette destinée à soustraire au regard du plus grand nombre l’énormité de la
manipulation de l’être humain opérée aux fins de maintenir le Pouvoir et ses
représentants. »
(Regard conscient http://www.regardconscient.net/archi03/0304pedo.html#top)
Loin d’être un phénomène exceptionnel, la prédation pédosexuelle est inscrite dans l’histoire de certaines sociétés, la nôtre, en l’occurrence. Mais elle se développe jusqu’à devenir inquiétante sous nos fausses modernités. Que ce développement épidémique pose problème et trouve un sens sous nos latitudes porte un sens.
Le Docteur Hirigoyen a élaboré une description assez détaillée du manipulateur psychique, catégorie de pervers commune à certains milieux où les dispositions hiérarchiques lui permettent d’opérer en toute impunité.
La description du Docteur Hirigoyen est intéressante même si sa démonstration repose sur la description plus générale du manipulateur pervers. On peut facilement étendre sa typologie au prédateur pédocriminel domestique en y apportant quelques différenciations liées au mode opératoire et au choix de la vicitme.
En 1989, une jeune femme témoigne, dans une émission de télévision - Médiations, animée par François de Closets -, de son calvaire subi durant de très longues années. Plus tard elle produira un ouvrage dans lequel elle livrera le récit complet de son histoire, J’avais douze ans, écrit en collaboration avec Marie Thérèse Cuny. Le livre commence au moment où sa vie de fille prend fin, lorsque son père paraît changer de comportement à son égard. Le soir, il entre dans sa chambre, commence à lui caresser les cheveux presque avec tendresse. La scène se répétera puis les caresses vont devenir plus insistantes, il lui pose des questions obscènes sur elle et son petit ami. La situation évolue jusqu’à dévoiler la monstruosité d’un père abject ... Nathalie ne comprend pas ce qu’il se passe, ce qu’il lui arrive, elle ne sait pas quoi faire, comment réagir ! Elle a peur !
Ce n’est que le commencement car le cauchemar s’installe dans la durée ! Il viendra pratiquement tous les soirs et elle restera impuissante devant lui, elle n’arrivera pas à le stopper. Quand elle ose dire non, il se met en colère, l’insulte, la rabaisse et la frappe... C’est elle qui finit par se culpabiliser !
Dans mon étude citée plus haut, je relate d’autres témoignages identiques et tout aussi horribles. Il y a des constantes !
Le prédateur vampirise l’énergie vitale de sa victime. Celle-ci pourra mettre des années avant d’avoir conscience du processus de destruction mis en place dans sa jeunesse. Parfois, c’est une rupture brutale, un choc psychique, qui lui permettra de prendre conscience du détournement complet de sa personnalité.
La progression de l’invasion se fera toujours de la même façon, comme si le prédateur procédait de manière empirique pour mieux connaître son terrain de conquête. Au commencement il peut n’y avoir que des petites brimades, des phrases anodines mais méprisantes, pleines de sous-entendus blessants, avilissants, voire violents, c’est la répétition constante de ces actes qui rend l’agression évidente. Souvent un incident provoque la crise qui amène l’agresseur à dévoiler son piège ; en règle générale, c’est la prise de conscience de la victime, et ses sursauts de révolte, qui déclenchent le processus de mise à mort. Car il peut y avoir véritable mise à mort psychique, où l’agresseur n’hésitera pas à employer tous les moyens pour parvenir à ces fins : anéantir sa proie.
Dans le film Les garçons de St. Vincent, ce processus de destruction est parfaitement démonté. Le réalisateur montre comment, après des approches fondées sur la séduction, survient le stade dominateur et annihilant, dévoilant le véritable visage du prédateur.
Le prédateur pédosexuel domestique est un personnage totalement dépourvu d’empathie, qui n’éprouve aucun respect pour les autres, qu’il considère comme des objets utiles à ses besoins de pouvoir, d’autorité, que cela soit conscient ou non. Il a besoin d’écraser pour exister. C’est pourquoi l’enfant fragile et malléable, avec sa confiance illimitée et sa soif d’amour et de reconnaissance, devient si facilement sa proie privilégiée !
Ce prédateur ne possède pas de personnalité propre, elle est forgée sur des masques dont il change suivant les besoins, passant de séducteur paré de toutes les qualités, à celui de victime faible et innocente, ne gardant son véritable visage de démon que pour sa victime. Et encore peut-il jouer avec elle au chat et à la souris, faisant patte de velours pour mieux la tenir, puis sortant ses griffes lorsqu’elle cherche à s’évader... De ce point de vue, tous les témoignages de victimes concordent.
Si ces êtres paraissent doués d’une intelligence puissante c’est parce qu’elle est entièrement asservie à leur comportement vicié et leur permet d’élaborer des pièges très subtils.
Ce prédateur s’appuie volontiers sur les sentiments de culpabilité de leur victime. Puisqu’ils sont toujours victimes, c’est l’autre qui les agresse et leurs arguments sont le plus souvent très pertinents, fondés sur la manipulation des sentiments ou sur une logique matérielle : argent, partage domestique, etc. Ces individus ne supportent pas la contradiction et ils sont incapables de discussions ouvertes et constructives ; ils bafouent ouvertement leur victime, n’hésitant pas à la dénigrer, à l’insulter autant que possible sans témoin, sinon ils s’y prennent avec subtilité, par allusions, tout aussi destructrices, mais invisibles aux regards non avertis !
Le harcèlement moral, lentement déstructurant est un complément indispensable de la panoplie du prédateur domestique.
La violence n’est jamais directe, tout au moins à notre époque, car le prédateur domestique sait parfaitement jouer avec la loi, voire la retourner à son service. Par contre il peut exister une relation très particulière entre l’enfant et le pervers narcissique, qui induise la violence, parfois poussée à l’extrême. En effet, la spontanéité de l’enfant ne fait pas bon ménage avec l’extrême susceptibilité du pervers narcissique. L’enfant n’est pas toujours accessible au raisonnement ni à la logique de l’adulte. Le bourreau frappe, parfois très fort, car la contradiction l’atteint au cœur de son système. Il est donc en danger. Et c’est bien la preuve que cela touche, chez lui, une constellation psychique particulièrement puissante. (Si l’on se reporte à la description du prédateur violent, on constate que, souvent, il assassine sa victime parce qu’elle crie ou se débat. La pulsion de domination est plus forte que la pulsion sexuelle)
Les coups, les humiliations physiques, imposées comme des actes de discipline, peuvent intervenir nombreux, réguliers et violents, dès les premiers mois de la vie de cet enfant... dans d’autres milieux les violences physiques sont remplacées par une prédation morale et avilissante.
En étudiant attentivement les stratagèmes et les manœuvres du prédateur domestique on s’aperçoit qu’il cultive un art particulier du « décervelage ». Il s’assure d’une domination possible, d’un accès particulier à la psyché de sa victime et de l’entourage. Il introduit ensuite le poison qui conduira sa proie à subir une véritable addiction.
Voir cette affaire d’un père professeur de lettres dans le Loiret qui a abusé, au vu et au su de tous, de ses enfants, de certains de ses élèves puis de ses petits enfants. C’est finalement l’un de ses fils qui l’a dénoncé. Cette homme aura maintenu toute sa famille, sur trois générations, dans un tel climat de violence qu’il aura agit impunément quarante ans durant.
(Rtl Info du 11 janvier 2008 repris aussi par de nombreux médias)
Certains prédateurs pédocriminels domestiques parviennent même à transformer complètement la vie de leur entourage pour que tout soit conforme à la vision qu’ils ont d’un monde bien rangé. Il est évident alors qu’aucune perturbation ne doit intervenir. Ils vivent alors de l’âme des autres.
Le pervers qui n’a aucune « vie » personnelle si ce n’est celle de détruire les autres, de s’approprier les idées, les gestes, les habitudes des autres, suscite l’obsession chez les autres. Des années après, l’obsession est encore vivante, tel ou tel détail revient et défile dans notre tête. On croit les mauvais souvenirs effacés, la plaie cautérisée durant des années, la vie s’est reconstruite mais, soudain, comme un assaut, l’idée qu’il va revenir nous plonge dans une angoisse démesurée. On appelle contamination psychique ce genre de phénomène qui conduit l’individu à se sentir sali, même plusieurs années après, en dehors de toute présence physique.
C’est bien pourquoi, j’ai souligné que les positions comportementalistes ne peuvent tenir face à une telle pollution psychique. Tout au plus peuvent-elles « couvrir » l’apparition de signes perturbateurs de surface, sans, pour autant, s’attaquer au noyau dur de la constellation psychique toujours active en profondeur et qui peut se réactiver au moindre incident. C’est d’ailleurs ce danger pressenti dans la profondeur de leur psyché qui confine certains rescapés dans des comportements de contrôle au caractère fortement obsessionnel.
Affaire Okpara http://www.20minutes.fr/article/214883/France-Okpara-prend-dix-ans-de-prison-pour-viol.php
L’ancien footballeur nigérian Godwin Okpara et son épouse Linda ont été condamnés vendredi 22 février 2008 à 10 et 15 ans de réclusion criminelle par la cour d’assises d’appel des Hauts-de-Seine pour viols, torture et asservissement de leur fille adoptive.
Le prévenu a été reconnu coupable de viols répétés entre 2002 et 2005.
Les deux accusés, qui auront clamé leur innocence tout au long des deux procès, ont également été reconnus coupables d’avoir soumis leur fille adoptive « à des conditions d’hébergement et de travail indignes », dans leur propriété familiale de Chatou (Yvelines) où ils vivaient avec leurs quatre autres enfants.
Cette affaire que je présente ici a valeur d’exemple démonstratif de formes modernes d’esclavage associées à un niveau de vie confortable. D’autres affaires similaires avaient éclaté auparavant et il y en aura d’autres. Si la victime ne se signale pas, il n’y a aucune chance que le prédateur soit mis en examen. Ce qui veut dire que les dispositifs de veille que la société doit mettre à disposition du public et des victimes ne sont pas opérants ou n’existent pas, tout simplement.
Pour ce type d’individu, la violence est un mode de vie. Le bourreau refuse toute forme de sédition, de révolte, d’impertinence chez sa victime. Il la tiendra donc longtemps en esclavage. Et, pour ce faire il ira la chercher au bout du monde, enfants de familles pauvres, enfants du tiers monde, etc. Derrière le masque social, cet individu fonctionne comme le pervers narcissique (cf. Docteur Hirigoyen), la violence, la force et l’abus sexuel en plus. Sa personnalité se rapproche ainsi de celle du prédateur primaire, le masque social étant là chargé de faire diversion.
Jusqu’aux années 50 - quand les châtiments corporels furent mis au ban - ce type d’individu pouvait avoir une vie sociale moins marquée par la discrétion et le clivage entre masque social et vie domestique.
Bernard Giossi (cité plus haut) relève fort justement que ces comportements demeurèrent longtemps considérés comme socialement « normaux », voire définis, théorisés et encouragés. On trouve encore, dans nos consultations des personnes de 40 ans et plus dont la vie a été marquée par ce genre d’individu, tous fort bien insérés socialement et bénéficiant même d’une excellente réputation.
Lors d’une mission professionnelle dans le Cantal, j’ai découvert sur la propriété d’un notable de la vieille noblesse une famille qui vivait dans des conditions caractéristiques d’esclavage, la fille étant, depuis l’enfance, l’objet sexuel du propriétaire. Dans le village, tout le monde savait, depuis des années... Prévoyant de signaler ces faits, j’ai été repris par ma hiérarchie. Il fallait que tout demeure dans la quiétude des villages d’antan.
Ajoutons que dans certains états, ces mœurs sont normalisées.
Informer le public, c’est d’abord tenter de se hisser hors des débats passionnels, qui s’effacent comme un soufflet, laissant les victimes, à nouveau oubliées, isolées, délaissées dans leur lutte pour recouvrer un peu de dignité et une vie normale.
Lutter pour la défense des victimes ce n’est pas, d’abord, frapper le prédateur dans un réflexe primaire de vengeance, c’est, avant tout, prendre en considération les souffrances muettes de la victime rescapée, entendre enfin sa parole. C’est ensuite préparer les outils sociaux, pédagogiques et juridiques pour informer et prévenir. Sans ces préalables, la sanction ultime, qu’importe sa férocité, serait un aveu d’impuissance.
Parution : Inceste et pédocriminalité : crimes contre l’humanité de Kieser ’l Baz Illel, éditions de la Fondation Fleur de Lys, Montreal, 300 p., 15 x 21 cm. (Amérique du Nord) & Editions Lierre et Coudrier.
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