Il est important de s’entendre sur les contenus des termes que nous utilisons quand nous �changeons � propos des d�sordres de l’identit� sexuelle, notamment des pr�dateurs sexuels agissant dans leur famille ou dans le voisinage de familles tierces.
Les professionnels de la psychopathologie s’en tiennent � des classifications universelles qui leur permettent d’�tablir des r�gles communes ainsi que des protocoles standards d’expertise. Que l’�dification de ces standards mondiaux soit soumis � critique ne fait pas de doute, il est m�me n�cessaire de le faire car les classifications sont toujours plus ou moins influenc�es par divers facteurs culturels, sociaux, politiques, voire financiers. (Voir mon article sur le sujet)
Mais quelque soit le degr� de critique auquel on soumet ces classifications, nous sommes contraints de nous y r�f�rer car il s’agit de rep�res par rapport auxquels nous pouvons d�velopper nos argumentations.
(Je me r�f�re ici aux classifications du DSM IV et du CIM 10, aux d�finitions du Dictionnaire des sciences criminelles. Les mots en italique que j’ai utilis�s sans les d�finir trouveront leur d�finition dans une encyclop�die. Certains termes sont directement r�f�renc�s sur notre propre encyclop�die, indiqu� par une ic�ne � fl�che.)
A priori deux points de vue doivent �tre pris en compte imm�diatement, celui de la justice et celui de la psychiatrie.
Pour la justice
� propos de la justice, il est commun�ment admis que la distinction est faite dans le crime quand celui-ci est commis en toute conscience ou quand le criminel agit sous emprise, soit qu’il soit inconscient de ce qu’il commet soit qu’il soit sous l’emprise d’une passion qui le d�borde ou sous l’emprise d’une drogue.
Quand un crime est commis en toute inconscience, le criminel ne rel�ve pas de la justice mais de la psychiatrie. Dans le droit fran�ais, il n’y a m�me pas jugement. C’est au psychiatre commis par le juge comme expert de d�terminer si le sujet �tait ou non conscient au moment du crime. De quoi est-il question et qu’est-ce que le psychiatre est charg� d’�valuer�? Est-ce qu’au moment du crime, le sujet �tait-il conscient de son acte, avait-il conscience de la port�e de ses actes�?
Parfois la question pos�e est celle-ci�: Le sujet peut-il appr�cier les notions de bien et de mal�?
Commettre un crime sous l’�gide d’une pulsion passionnelle constitue une circonstance att�nuante et amoindrira la peine encourue. C’est ce que l’on retrouve dans les jugements pour crime passionnel. L’affaire Bertand Cantat/Nadine Trintignant a �t� jug�e en Lituanie en 2003. Bertrand Cantat b�n�ficiera de circonstances att�nuantes. La qualification de crime passionnel ayant �t� retenue, le meurtrier ayant agi sous l’emprise d’une violente crise de jalousie. On peut �tre ou non d’accord avec ces appr�ciations, ainsi Nadine Trintignant, la m�re de Marie, ne put accepter ce verdict mais c’est un fait de justice et il ne peut �tre soumis � critique.
Quand un d�ficient mental commet un crime, il est intern� d’office et soumis � un traitement, en principe surveill�. Mais seuls les psychiatres d�cident du traitement et de sa fin.
Il en va de m�me pour tout individu ��psychotique��. Le terme ��psychotique�� recouvrant un ensemble assez vaste de troubles du comportement et de la personnalit�. Tous se d�finissent par rapport � une abolition passag�re, chronique ou d�finitive de la conscience. Ces troubles rel�vent, en toutes circonstances, de la psychiatrie.
Retenons donc ces deux notions tr�s importantes que sont l’ alt�ration passag�re ou d�finitive de la conscience et la capacit� � distinguer le Bien du Mal.
Les troubles graves de la personnalit�
Concernant les psychopathes et autres individus narcissiques ou pervers, les choses sont beaucoup moins claires pour les psychiatres. Les classifications sont souvent flottantes, voire individualis�es, chaque psychiatre pouvant avoir sa propre �chelle d’appr�ciation. Ceci ne manque pas de semer le trouble dans le public. Quand un psychiatre soumet � l’�dition ses propres appr�ciations, m�me s’il se r�f�re � une nomenclature internationale, le lecteur ne retiendra souvent que la classification que ce sp�cialiste en donne, surtout si ce m�me lecteur y reconna�t le portrait d’un pr�dateur ou d’un criminel dont il aurait subi les s�vices.
Si l’on s’efforce de faire des croisements parmi les d�finitions qui sont donn�es des narcissiques, des psychopathes et des pervers on est � la peine tant on p�n�tre dans un ensemble confus.
Les psychopathes
C’est le criminologue qui nous en dit le plus sur le psychopathe, la psychiatrie semble s’en �tre d�sint�ress� et ce sont souvent les �quipes qui interviennent en milieu p�nitentiaire qui posent le plus souvent ce diagnostic.
Les psychiatres retiennent surtout une relation entre la psychopathie et les personnalit�s borderline, voire avec les troubles bipolaires.
On retiendra chez le psychopathe l’absence de remords et de sentiment de culpabilit�, une tr�s forte capacit� � s�duire voire une facilit� � user d’emprise sur autrui, le chaos du parcours de vie, absence de projet, opportunisme... On retrouvera cette mani�re de saisir les opportunit�s du moment chez les violeurs en s�rie mais, c’est � noter, pas chez les p�docriminels incestueux. ( Dictionnaire des sciences criminelles)
Ce qui est consternant et effrayant chez le psychopathe, c’est sa facilit� � passer d’une humeur � une autre, d’un �tat de calme relatif � la plus extr�me violence. C’est ce qui a conduit de nombreux psychiatres � associer la psychopathie � des troubles de l’humeur. Le comportement du psychopathe est toujours d�crit comme antisocial.
Enfin, contrairement � ce que laisse croire une abondante documentation, les criminologues ne s’entendent pas sur la pr�valence de la psychopathie chez les criminels. Les estimations vont de 62 % � 1%. C’est dire que nous sommes en terre encore inconnue.
Les narcissiques
Ce sont les plus souvent d�crits dans l’abondante litt�rature scientifique et populaire consacr�e aux pr�dateurs et aux dominateurs. Il suffit de faire une recherche sur Internet et l’on aura le standard que de nombreux sites r�percutent avec plus ou moins de variabilit�. Je n’y reviendrai donc pas mais je retiendrai les caract�res suivants�:
- la puissance de leur �gocentrisme
- la froideur �motionnelle qui donne parfois le sentiment de personnes sans affect
- le manque d’empathie, et l’indiff�rence aux sentiments d’autrui
- l’aptitude � d�valoriser autrui
- la pr�occupation qui peut tourner � l’obsession de l’image de soi, ce qui r�v�le une extr�me fragilit� de ce c�t�. On peut dire du narcissique qu’il est, en fait, un narcisse bless�
- un sens grandiose - fantasm� - de sa puissance et de ses capacit�s
- la capacit� au mim�tisme qui peut appara�tre comme une grande facilit� d’adaptation alors qu’il s’agit d’une d�fense derri�re laquelle il masque ses incertitudes.
Ce sont ces caract�ristiques qui leur permettent de s’�panouir particuli�rement dans des fonctions de commandement ou de leader. Des fonctions de leader leur permettent ainsi d’exercer leurs fantasmes sans laisser para�tre leur fragilit�. S’ils ne le peuvent pas, la fragilit� exceptionnelle de l’image qu’ils ont d’eux-m�mes leur conf�re alors une forme d’humilit� qui n’est qu’apparente. Elle est un bouclier derri�re lequel ils se prot�gent. Cela ne les emp�che nullement de r�agir avec rage, voire avec violence quand ils se sentent bless�s. On comprend que, m�me dans une existence modeste, ils trouveront un souffre douleur � leur port�e.
On devra donc distinguer les narcissiques exer�ant des fonctions de dominant de ceux qui se trouvent dans des fonctions ou des positions sociales effac�es. Le narcissique n’est pas sp�cialement dispos� � occuper des postes de leader, ce sont les circonstances qui vont lui permettre d’exercer avec plus ou moins d’insolence les comportements que nous venons de d�crire.
On doit aussi savoir que, nulle part les classifications internationales n’associent ces troubles de la personnalit� � une certaine pr�valence sexuelle.
Quant aux perversions, leurs d�finitions ont quasiment disparu des classifications internationales. C’est dans la litt�rature psychiatrique fran�aise que l’on trouvera le plus de r�f�rences, notamment, au ��pervers narcissique��. Mais, � y regarder de pr�s, on constate qu’il s’agit d’une combinaison de psychopathe et de narcissique. La notion de perversion fait r�f�rence, sur le territoire hexagonal et quasi exclusivement, aux travaux de Freud. Et si on ne la retrouve plus dans les classifications internationales c’est pr�cis�ment parce que la psychiatrie a voulu s’affranchir du joug dogmatique de la psychanalyse et de son vocabulaire souvent moraliste. (Ce qui n’emp�che nullement ces classifications internationales de souscrire � des morales du moment)
Le Fran�ais montre des r�ticences � suivre cette ligne d’affranchissement...
Le terme perversion faisant r�f�rence � la psychanalyse, par souci de clart�, je lui pr�f�re celui de d�viance. Si cela renvoie � une norme sociale on y retrouve aussi la notion de d�voiement par rapport � des valeurs qui servent de fondement � l’�dification d’une soci�t�. Et il faut savoir que d�viance et perversion n’ont rien d’universel. Elles sont soumises aux mouvements qui traversent toute soci�t� au cours de son histoire.
Aux limites de la criminologie et de la psychiatrie
Au total, on peine � trouver une d�finition qui caract�riserait ces personnalit�s que l’on trouve d�crites dans les forums ouverts aux rescap�s de l’inceste ou de ��p�docriminalit� de voisinage�� (le terme est de moi), p�re, beau-p�re, fr�re, oncle, ��ami de la famille��, pr�cepteur, etc. (� 98 % du genre masculin d’apr�s ce que l’on sait)
L’exp�rience clinique nous montre effectivement qu’il s’agit de personnalit�s qui combinent les comportements du narcissique et du p�dophile.
Quant aux p�docriminels qui d�fraient l’actualit� par leurs actes odieux - Dutroux, Fourniret..., ils combinent, eux, les caract�ristiques du psychopathe et du p�dophile.
Cette classification combinatoire n’existe pas pour l’instant, d’o� les tentatives de combler ce vide par diff�rents �crits, sans coh�rence apparente. Il s’agit d’un domaine � d�fricher et il importe pour tout clinicien d’y apporter son savoir et le fruit de son exp�rience, sans n�gliger les nombreux t�moignages de victimes qui ne sont toujours pas recens�s. Tant qu’il n’existera pas de classification appropri�e pour ces comportements, l’arbitraire et l’al�atoire se retrouveront dans les rapports d’expertise, accentuant le trouble et l’incertitude au sein du public et des victimes.
Ou classer les adultes incestueux�?
Le DSM IV les classe parmi les d�viations sexuelles, au rep�re ��p�dophiles��. Le CIM 10 ne fait pas mieux. � peine une page leur est consacr�e. On se contentera d’y lire une courte description de leurs tendances. � noter que quand la p�dophilie est constat�e entre deux mineurs, le DSM IV retient que ce peut �tre le cas si le p�dophile a, au moins, 16 ans et 5 ans de plus que sa victime. D�tail d’importance car il r�v�le l’embarras du psychiatre. Pourquoi cette limite et qu’en serait-il d’un jeune pr�dateur de 16 ans abusant d’une adolescente de 14 ans, voire plus, en usant de la force ou de la persuasion�? Devrait-on alors parler de viol caract�ris�? Que peut-on conclure si cet individu r�cidive au cours de sa vie en choisissant toujours ses victimes dans la m�me tranche d’�ge�? Pas de r�ponse, sinon en criminologie.
On trouvera peu de choses sur leur mode op�ratoire, pas plus sur la gen�se de leurs comportements et de leurs d�viances sexuelles (�tiologie). Ces vides laissent en suspens les questions autour de la pr�vention de ces crimes, de l’accompagnement de leurs auteurs. Et si la r�cidive est si fr�quente, n’est-ce pas parce que nous ne savons pas comment aborder le probl�me�?
La question reste donc pos�e d’une classification de cette cat�gorie de d�viance.
L’exp�rience nous apprend � distinguer nettement le p�docriminel psychopathe, le p�docriminel rapteur et le p�docriminel de voisinage. Ils diff�rent nettement dans leur mode op�ratoire, les moyens dont ils usent pour exercer leur pouvoir et la gen�se de leur d�viances.
Quant au pr�dateur sexuel qui s�vira au sein du cercle familial, le sien ou celui d’un proche, sa personnalit� est-elle rep�rable, ses comportements sont ils accessibles au clinicien�?
Bien s�r, nous avons suffisamment de donn�es qui nous permettent d’avancer plus que des hypoth�ses�: les innombrables t�moignages de victimes, des confessions, plus rares, de ces criminels, et de l’exp�rience des cliniciens qui op�rent aupr�s des victimes. Nous pouvons dire que la personnalit� du p�docriminel incestueux et celle du p�docriminel de voisinage sont tout � fait sp�cifiques, distinctes de celle du narcissique - elles en �pousent cependant parfois les traits - et encore plus de celles du psychopathe.
J’ai donn� des �l�ments d’approche de ce type de personnalit�. (I. Kieser, Inceste, p�docriminalit�: crimes contre l’humanit�, p. 51 et ss., Lierre et Coudrier, Toulouse, 2006, �galement sur
Mais, ce crime est-il vraiment nomm�?
L’importance du nom
Les anthropologues et les psychologues savent que tant qu’une chose n’est pas nomm�e, elle n’existe pas pour la soci�t� (anthropologie) ou pour la personne (psychologie).
On sait aussi que, en l’absence du nom, l’existence d’une chose n’en persiste pas moins � influer sur les comportements collectifs ou individuels. Cette influence est alors soumise aux pr�jug�s et aux paradigmes du moment. La soci�t� �tant incapable d’imposer son ordre, ce sont alors des sentiments chaotiques et arbitraires, des rumeurs, des pr�jug�s, des passions violentes qui prennent la place de la raison et de la mesure. Cela est vrai au plan individuel et collectif. Dans nos soci�t�s les principaux sentiments qui surgissent chez les victimes sont la culpabilit� et le remords, accompagn�s d’un profond sentiment de chaos int�rieur - le sentiment de fragilit� extr�me et d’ins�curit� d�coulant de ce chaos. Cependant que le pr�dateur, lui, se trouvant confort� par l’invisibilit� de son crime ne peut que tirer gloire et orgueil de ses ��exploits��. C’est ce que l’on retrouve dans les personnalit�s narcissiques.
Cela veut dire que le pr�dateur b�n�ficie du d�ni collectif, pendant que sa victime souffre d’une absence de reconnaissance collective de sa blessure. Or, sur ce point, le dommage est gravissime car il s’agit pour elle d’une d’exclusion de cette soci�t� qui refuse de reconna�tre son identit� propre. Non reconnue pour ce qu’elle est, dans sa blessure et sa souffrance, elle est ainsi mise au ban de la soci�t�. On pourra toujours gloser, banaliser, chercher des justifications de toutes sortes, l’histoire et l’anthropologie nous apportent une interpr�tation que nul clinicien, politique ou juriste ne saurait ignorer. Il s’agit d’un bannissement (au sens antique du terme) ou d’une damnatio, condamnation r�serv�e aux pires parias dans de nombreuses soci�t�s et qui s’est perp�tu�e sous la forme de l’excommunication dans l’�glise Catholique et Romaine. (En mars 2009, Mgr Jos� Cardoso Sobrinho, Recife, a excommuni� la m�re d’une fillette de 9 ans enceinte de jumeaux apr�s avoir �t� viol�e par son beau-p�re, ainsi que l’�quipe m�dicale qui avait officiellement proc�d� � l’avortement.)
Ne nous leurrons pas, il existe une similitude entre le d�ni du nom (du p�docriminel et de sa victime) et cette excommunication qui para�t, de prime abord, comme r�sultant d’un relent du Moyen �ge. Il n’en est rien, la similitude est bien pr�sente, actuelle, pressante. Refuser l’analogie, c’est confirmer le d�ni en perp�tuer l’instauration dans le registre de nos m�urs.
Rappelons que la peine de bannissement existe �galement dans nos soci�t�s modernes. Il s’agit de soustraire sa nationalit� � un individu. Cela ne veut rien dire de plus que lui �ter toute identit� collectivement reconnue. Le sentiment de profonde ins�curit�, avec toute la gamme de comportements qui pourraient en d�couler, r�sulte de cette absence de soutien qui pourrait l�gitimement d�couler d’une attitude empathique de la soci�t�. Sans l’abri r�confortant de la loi du groupe qui pourrait se sentir en s�curit�.
� l’absence d’empathie du psychopathe ou du narcissique correspond l’absence d’empathie de la soci�t�. C’est ce qui me fait souvent dire que pr�dateur et soci�t� sont, en ce point, complices. � charge pour le juriste ou le l�gislateur d’en tirer les conclusions qu’ils veulent.
Que je sache, c’est au Canada et aux �tats-Unis que l’on trouve le plus d’avanc�es dans ce domaine, les pays europ�ens demeurant encore tr�s en retrait dans la reconnaissance de ces crimes.
Conscience du crime et discernement du Bien et du Mal
La question se pose maintenant de savoir si ces personnalit�s rel�vent de la psychiatrie ou s’ils doivent �tre soumis au bras de la justice.
J’ai �voqu� plus haut la notion de norme sociale en rapport avec celle de d�viance.
Il existe aussi des normes universelles, consid�r�es comme inh�rentes � l’esp�ce humaine. C’est de ces r�gles naturelles que d�coulent les Droits humains, consid�r�s, � tort ou � raison comme universels.
Il y a donc des normes locales ou momentan�es dont l’influence fluctuera au cours du temps ou selon les lieux et des normes intemporelles n�cessaires � la p�rennit� de l’esp�ce humaine. On d�couvrit la n�cessit� de fixer ces r�gles apr�s le proc�s de Nuremberg qui marquait la prise de conscience d’une n�cessit� de faire barrage au Mal. (Hannah Arendt) Et quand G. W. Bush fit r�f�rence au n�cessaire combat contre l’axe du Mal apr�s le d�sastre du 11 septembre, l’�vocation n’�tait pas innocente.
J’ai toujours consid�r� que le tabou de l’inceste relevait de la cat�gorie des lois universelles. Son universalit� historique et g�ographique n’est pas discut�e.
Ces valeurs, qu’elles soient universelles ou locales d�finissent les limites au-del� desquelles le Mal survient et il revient au syst�me �ducatif et aux transmissions personnelles de perp�tuer la conscience que nous avons de ces limites. En de�� d’elles, nous sommes vivants parmi les vivants, au-del�, nos comportements appellent la sanction.
Qu’en est-il de la conscience que tous ces criminels ont de leurs actes, de leur port�e et de leur impact sur les malheureuses victimes�? Pour toutes ces personnalit�s qui ont �t� �voqu�es ici, les psychiatres et experts en criminologie s’entendent pour dire que cette conscience existe.
C’est encore plus vrai pour le pr�dateur p�dosexuel qui s�vit au sein de la famille. On ne peut nier chez ce dernier l’existence d’une conscience claire de la port�e de ses actes et de leur n�gativit�. Il existe, certes, une dualit� entre la conscience du caract�re r�pr�hensible de son acte et le d�ni des souffrances de sa victime. On retrouve cette m�me dualit� chez tout criminel, du voleur au braqueur... Dans chaque crime, l’existence m�me de la victime est ni�e, la conscience du Mal est pr�sente.
En guise de conclusion ...
Il s’agira plut�t de d�couvrir des terres en friche. En France une d�put�e, Marie Louise Fort, a propos� l’inscription du crime d’inceste dans le code p�nal. Mais sa proposition initiale, au d�part g�n�reuse, fut vid�e de ses contenus, notamment tout l’aspect de soutien et de reconnaissance des victimes a �t� �limin� de fait, avant m�me sa discussion en commission. Il n’en reste que la nomination de l’inceste dans le code p�nal ce qui constitue un pas mais largement insuffisant. On sait bien que, sans moyens financiers et humains, la judiciarisation ne sortira pas de l’orni�re pr�sente, celle de l’ambivalence et de l’embarras des juges.
Les victimes fran�aises doivent donc s’attendre encore � parcourir un long chemin de solitude. Et ce dernier ne d�bouchera sur une v�ritable reconnaissance qu’� partir du moment o� un v�ritable inventaire sera entrepris pour recenser l’ampleur et l’�tendue des d�g�ts occasionn�s aux victimes. Seul cet inventaire serait susceptible de conduire � une prise de conscience collective.
Quelles sont les autres voies de cette prise de conscience�? Telle est bien la question � ouvrir, l’espace moral, psychologique collectif qui reste � d�fricher... Ce crime touche si profond, au c�ur de nos soci�t�s, que pas un politique actuel ne se sentira le courage d’affronter le probl�me.
Parution�: Inceste et p�docriminalit�: crimes contre l’humanit� de Kieser ’l Baz Illel, �ditions de la Fondation Fleur de Lys, Montreal, 300 p., 15 x 21 cm. (Am�rique du Nord) & Editions Lierre et Coudrier.
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Les pr�jug�s autour de la p�docriminalit� intrafamiliale
Enfance viol�e, maturit� vol�e
Les pr�dateurs p�dosexuels - Typologie et classement
Le crime d’inceste et sa p�nalisation au regard du droit
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