Comme dans l’article pr�c�dent, Catherine Barb�, en 1994, analyse les m�canismes des peurs contemporaines. Elle d�voile �galement comment ces peurs sont instrumentalis�es tout en signalant qu’une ligne directrice semble "d�terminer" la qualit� de cette instrumentalisation. Toujours, nous voil� renvoy�s � l’exclusion de l’�tranger et du f�minin, figures repr�sentatrices du chaos. Pr�sence annonciatrice de catastrophes � venir.
Sans y prendre garde, nul ne peut voir un lien entre l’instrumentalisation de la peur d’une grippe r�put�e d�vastatrice, les d�rives du climat et les charters de renvoi au pays des �trangers sans papiers. Au fond de cela g�t une peur bien plus profonde, visc�rale m�me et � trop s’en d�tourner nous passons � c�t� de sa r�solution probable.
M�me si les r�f�rences sont anciennes, le lecteur attentifs pourra trouver dans l’actualit� leur �quivalents contemporains.
Avec la crise c’est le retour aux valeurs simples�: nature, famille, simplicit�, s�curit�.
Au discours s�curitaire s’ajoute donc le regret d’une nature maternante. La publicit� pour yaourt est exemplaire � cet �gard�: une femme v�tue de voile l�ger dissimule � peine un ventre respectable qu’elle prom�ne dans les verts pr�s fleuris, en d�gustant un yaourt. Un fondu encha�n� raccourcit le temps et d�j� l’enfant n� savoure son premier yaourt. Elle a tout d’un printemps de Botticelli. Femme-fleur, femme-nature, femme-corne d’abondance, les po�tes des temps anciens ont brod� sur ce th�me, on s’en souvient. Or, chantons aujourd’hui, fr�res et s�urs po�tes, la femme yaourt... nature bien s�r.
Quand la famille se sera agrandie pour compter trois enfants en �ge de pr�parer le petit d�jeuner, c’est dans le m�me vert pr� fleuri que la famille r�unie d�s potron-minet, dans l’all�gresse d’un chant, accueillera l’ami Ricor�. On n’en finirait pas, et avec quel plaisir, de faire d�filer encore le cort�ge de ces visions de r�ves, d�bordantes de bonheur�!
Dans le cas de l’eau min�rale, la nature est pourvoyeuse de tout bien. Avec les agences de voyage c’est l’abondance de biens sans effort.
Aux dangers qui se profilent sur tous les fronts, il existe des moyens de r�torsion �prouv�s. Feront-ils leurs preuves une fois encore�? Certains �mettent des doutes, humblement formul�s, mais qui en disent long sur les moyens � mettre en �uvre�: “ Nous sommes sortis du Si�cle des Lumi�res. La trilogie Science-Progr�s-Humanit� bute sur ses contradictions. Les climats se modifient, les eaux sont souill�es, l’atome menace. Il ne s’agit plus de ma�triser la nature, mais de ma�triser notre ma�trise de la nature. ”�[1]
Lutter contre les cons�quences d’un contr�le � tout crin sur la nature appellerait un contr�le renforc�. En est-il ainsi�? L’examen des valeurs courantes sur lesquelles se fonde notre conception de la civilisation et les moyens mis en �uvre pour la sauvegarder apportent en la mati�re des �l�ments de r�ponse.
Se faire une id�e pr�cise des valeurs dominantes de notre �poque ne n�cessite pas de lire des volumes de sociologie, il suffit d’allumer son poste de t�l�vision aux heures de grande �coute, l� o� se comptent � grand renfort de dollars les saintes “ parts de march� ” qui ma�trisent les programmations. C’est � cette heure exquise que d�filent les cohortes de spots publicitaires.
Dans les repr�sentations m�diatis�es de la propret�, nous marquerons un int�r�t particulier � celle qui utilisent le ��Trois en un��. Le proc�d� tend � se d�velopper, particuli�rement dans ce domaine particulier. Que ce soit le dentifrice x “3 en 1”, les laits et cr�mes cosm�tiques, les lessives�: la propret�/puret�/protection, fra�cheur, �clat, confort est un clich� qui superpose g�n�ralement, dans une vision cubiste, trois faces d’un visage f�minin.
Les eaux min�rales ne sont pas les derni�res � fonder leurs campagnes publicitaires sur la puret�: Volvic, Evian, toutes deux purifi�es et enrichies au contact d’une nature o� la seule tache humaine est un b�b�.
Quant � la petite derni�re, l’eau de Qu�zac, elle est tout simplement “ la sensation pure ” �gren�e sur r�cit mill�nariste du d�luge de l’An Mille.
Les publicit�s automobiles sont �galement une v�ritable mine des �valeurs actuelles’ en g�n�ral, et aussi de la propret�, toujours associ�e � la femme.
C’est assez nouveau�: on a plut�t l’habitude de voir un pauvre homme, englouti jusqu’� la ceinture dans la gueule de l’engin, comme en d’autres temps Jason dans celle du dragon, en ressortir tout barbouill� de cambouis.
L’article“ Belles bagnoles et petites p�p�es ”,�[2] nous apprend qu’en d�pit de la f�minisation grandissante du march�, la publicit� automobile poursuit son hold-up sur l’image de la femme. ”
“ �a y est, ils viennent de d�couvrir qu’un conducteur sur deux est une femme ”. C’est une publicit� parue il y a quelques semaines � peine�: double page dans les magazines, avec photo de femme et sa coccinelle jaune. Une annonce furtive, sans tapage. Il faut dire que Shell ne cherche � nous vendre aucune r�volution, seulement des stations-service o� il y a des gants pour se prot�ger les mains quand on met de l’essence dans son r�servoir. D�tail infime...
La propret� prot�ge du sale, de l’impur. De la puret� � la s�curit�, le glissement est ais�. Elle est le seul rempart contre les agents polluants d’un monde si idyllique, que sont, entre autres, ��la violence�� et ses ��bandes��.
“ Le nouveau code p�nal est marqu� par l’aspiration des Fran�ais � la s�curit� ”�[3] Huit ans apr�s le d�p�t du projet de loi, est-ce un hasard si le nouveau code entre en vigueur au moment o� les conflits sociaux s’exacerbent�[4]�?
Le code ne fait qu’ent�riner l’impact du double message m�diatis� depuis des lustres, fond� sur l’exacerbation dans l’imaginaire d’une grande peur collective prot�iforme, dialectis�e � la valorisation d’un rutilant discours s�curitaire
Le garant de la s�curit�, en dernier ressort, c’est l’�tat, dont les armes, par effet boomerang, se retournent contre lui. Les mises en accusation des instances repr�sentatives du pouvoir, au plan r�gional ou national se multiplient, dans les catastrophes �cologiques et autre. Suivent les actions judiciaires�: deux exemples r�cents en sont les proc�s de Furiani et de Vaison-la-romaine.
Les valeurs examin�es jusqu’� pr�sent r�f�rent � un univers prot�g� et protecteur. Utilisant d’abondance des repr�sentations f�minines, la communication contemporaine vise � nous convaincre qu’est souhaitable le seul monde de la m�re, la seule apte � pr�voir les dangers, le seul capable d’octroyer la s�curit� et le confort.
Mais les repr�sentations de la femme ne sont pas univoques�: la m�re protectrice appelle d’autres figures du f�minin, � elle oppos�e. Il semblerait bien en fait que la repr�sentation de la femme soit le pivot sur lequel s’articule tout notre syst�me. En effet, s’il est incontestable que les valeurs examin�es plus haut ait une fixit�, n’en d�plaise � Monsieur Debr�, il en est d’autres moins stables. Les valeurs en place � sauvegarder laissent cependant transpara�tre quelques flottements, des domaines o� l’on n’appelle plus exactement un chat, un chat... mais peut-�tre une chatte. C’est en effet entre les genres, masculin et f�minin, que le flou des valeurs semble le mieux install� qui laisse transpara�tre la fondamentale ambivalence du f�minin. Cela non pas exclusivement parce que la femme est abondamment utilis�e, dans la publicit� par exemple. Le f�minin n’appartient pas exclusivement � un sexe plut�t qu’� l’autre�: c’est un ensemble de valeurs, de qualit�s dont nous aimerions montrer qu’elles sont partag�es entre homme et femme, et qu’aujourd’hui semble s’op�rer un renversement dans les attributions de l’un et de l’autre.
La vulgarisation scientifique offre un catalogue �difiant du partage des qualit�s entre, dit-on, l’homme et la femme�[5]. La confusion entretenue entre masculin et homme, parall�le � celle entre f�minin et femme ne fait qu’accro�tre le d�sarroi.
Rien ne nous pr�parait � cette r�v�lation. Certainement pas en tout cas la publicit� automobile que l’on peut voir tous les jours � la t�l�vision. Les femmes y �voluent dans un registre tr�s limit�, qui va en gros de l’auto-stoppeuse � l’allumeuse. � quelques exceptions pr�s, lesquelles ne sont d’ailleurs pas sans arri�re pens�e, du genre de femme au bord de l’accident ou femme au bout d’un revolver. Dr�le d’image de la femme que l’on nous donne. Pourtant, dans les agences de pub ou chez les sociologues, il n’est question que de la f�minisation de notre soci�t�. Il y a hiatus, mais o��?[Ibid.] ”
Une r�trospective des vingt derni�res ann�es nous d�couvre deux �coles�:
� En 1968, la femme se pr�lasse sur la banquette de la Renault 10, se blottit dans le coffre, caresse le tableau de bord�; elle entrouvre puis ressort vite les genoux pour inviter le conducteur � monter � bord.
� En 1975, l’auto-stoppeuse en minijupe sous un parapluie, pos�e l� par Uniroyal, pour tester l’efficacit� des pneus pluie.
� En 1994, l’auto-stoppeuse au foulard fait traverser la France � un conducteur de R21.
� Apr�s l’amour, une femme apprend que c’est l’essai d’une Volvo qui donne � son mari tant de fougue. “ Tu l’ach�tes quand�? ”
� Une vamp fait une quiche au poireaux en petite culotte�: r�serv�e exclusivement aux conducteurs de ZX Citro�n.
� Une femme fait une lecture �rotique de la fiche technique de la Renault Safrane, ce qui semble exciter la libido du conducteur�;
etc.
Le m�me message dans les ann�es 80, dans une publicit� qu’on ne pourra pas soup�onner de s’adresser aux femmes, puisqu’ayant pour objet les supermarch�s du bricolage B3, des outils aux allures phalliques suggestives c�toient des nymphes potel�es et alanguies.
La repr�sentation de l’homme a chang�: avant il disait “ je suis le plus fort ”�; aujourd’hui�: ”Je veux qu’on m’aime ”. Comme un petit gar�on, qui se blottit sur le sein de sa m�re�: ��Rappelez-vous les sensations de votre premier air-bag�� dit B.M.W, montrant l’ad�quation entre son coussin de s�curit� avec le sein maternel. Du sein maternel � celui de la ma�tresse, il n’y a qu’un pas.
�S�curit�’, le mot est l�ch�. Faut-il voir une corr�lation avec la crise, les incertitudes, la peur de cette fin de si�cle�? “ Je veux qu’on m’aime ” crient donc d�sormais les consommateurs, hommes et femme confondus au marketing. Ce qui veut dire�: je veux de la s�curit�, du confort, de la fiabilit�, de la rondeur, de la beaut�, de la douceur.
��C’est �vident, ce sont l� des valeurs f�minines, par opposition � celles qui furent longtemps en vigueur dans l’automobile. Elles ont pris le pouvoir depuis plusieurs ann�es dans le design et la communication (...) La s�curit� (...) a remplac� la vitesse dans l’argumentation des constructeurs pour devenir en publicit� un arch�type f�minin. Un arch�type � 16 soupapes paradoxales, chez Audi.��[�mission ��Filles de pub��]
Une femme au volant�: r�sultat c’est l’accident d’o� n�cessit� d’un syst�me de s�curit� Procon-ten
“ Impact dans 20 secondes ”, femme au volant, deux enfants derri�re�; pas d’accident. Le nouveau r�le est de d�dramatiser la situation.
Les assurances�: les femmes ont moins d’accident que les hommes donc “ dans la pub auto, les femmes ne sont pas l� pour repr�senter la r�alit�, mais pour illustrer des valeurs f�minines vendues aux hommes... La r�alit� du march� est tr�s diff�rente de l’image qu’en donne la pub. ”L’importance d�cisionnaire de la femme s’est accrue, dans tous les domaines, mais la pub continue � transmettre une repr�sentation traditionnel de la femme�: la voiture-berline est une affaire d’hommes.
Au contraire des petits mod�les dont la publicit� s’adresse au femmes�: “ Il n’y a au monde de voiture plus f�minine ni plus facile � conduire. ” D�pensi�re, elle se gare pour revenir ensevelie sous les paquets, s’entra�nent au stand de tir pour �liminer leur mari, voleur de Peugeot 106. Dans la derni�re mouture, pour la m�me marque, le mari voleur (de voleur � volage, il n’y a qu’un pas vers le renversement d’une valeur tellement f�minine), se bat avec une porte de garage peu coop�rante (pi�g�e), combat dont il ne sortira �videmment pas vainqueur.
On est pass� de la femme passive et sensuelle � la femme active et guerri�re, qui n’est pas conforme non plus � la r�alit� du march�.
La premi�re version pour la 106�: deux hommes dansent le tango. Les hommes ont d�test�. La publicit� est donc retir�e. La raison�? 42% du march� est repr�sent� par les hommes�!!!! Conclusion, la femme 106 est un homme.�[6]
La publicit� auto met la p�dale douce�[7]�!
Dans les autres domaines�:
“ Ambre solaire (cr�e en 1935) v�hiculera pendant plusieurs d�cennies les notions de plaisir, de joie de vivre et de s�duction, � la port�e de tout le monde. Les pin-up en maillot de bain sont forc�ment souriantes. Pas question pour ce produit populaire d’utiliser les charmes d’une femme fatale. A la fin des ann�es 80, les choses changent, la publicit� embo�te le pas aux innovations scientifiques... Ambre solaire a d� prendre le virage scientifique n�cessaire � l’heure o� le soleil se dote aussi d’une connotation n�gative... Ambre solaire insiste d�sormais sur ... la filtration photostable et la n�cessit� de prot�ger ses enfants du soleil. Pour conserver ses 45% de part de march�s, Ambre solaire est pass� de la pin-up s�ductrice � la m�re protectrice.[- Ibid., p.28.]
Nombre de publicit�s utilisent la femme, dans deux repr�sentations contradictoires et compl�mentaires�: d’une part, la m�re qui lave plus blanc que blanc, m�me si de plus en plus souvent, c’est son mari qui �uvre pendant qu’elle enfante, gav�e de bifidus, encore plus blanc que pr�c�demment - mais ce n’est pas le lieu ici, pour l’instant, de d�terminer qui dans le couple assume aujourd’hui la fonction de m�re�; d’autre part la harpie, emp�cheuse de vivre en rond, voire tueuse potentielle, � l’occasion, au cas o� son mari voudrait lui subtiliser sa Peugeot�!
Un sp�cimen de la deuxi�me cat�gorie, du moins en apparence, associ�e aussi � l’automobile, figure dans une publicit� de 1984 pour une Citroen CX GTI Turbo, exemplaire en ce qu’elle inclut un texte sans ambigu�t�: “ c’est d�mon�! ”. Un visage de femme, noire, de profil, les yeux soulign�s de noir et de bleu, se d�tache d’un fond bleu nuit presque noire. De sa large, large bouche jaillit une automobile blanc-m�tal[Dans un article sur M�lusine je reprends ce th�me - sur ce site, en archives], tellement rapide qu’elle laisse fuser derri�re elle une tra�n�e blanche.
L’inscription “ C’est d�mon ” renforce le c�t� sombre, de l’ambiance de nuit et de la couleur de la peau. Mais la bouche ouverte ne peut manquer d’�voquer un accouchement, mais en v�rit�, la voiture part-elle en avant ou est-elle aspir�e par la bouche�?
Le but de toute publicit� est de faire vendre le produit en vantant ses qualit�s. Ici, la vitesse essentiellement, alli�e � l’a�rodynamique�[8], m�diatis�es par la pr�sence d’un personnage f�minin. De l’encart publicitaire d�crit plus haut, on peut d�gager quelques traits r�currents dans la repr�sentation de la femme�: on ne voit que la t�te, ce qui laisse � l’imagination le soin de composer le reste du corps. Elle est noire, donc renvoy�e � l’�trange/�tranger dans une culture blanche.�[9] La bouche/gouffre, d’o� jaillit l’objet dans une tra�n�e de lumi�re figure un d�placement de ce qui est habituellement attribu� au regard.�[10] On peut aussi y voir une connotation sexuelle, renvoyant au �vagin dent�’. Ce qui permet d’int�grer le masculin, absent de la repr�sentation�[11].
Dans le m�me temps, nous voyons �Schwartzie’, � la super-puissance andro�dique.
Pour l’Occidental, un objet de consommation, n� de la bouche d’une femme noire dans une tra�n�e de lumi�re et une ambiance de nuit ne peut manquer d’�voquer �danger’. Quant � l’impact dans la r�alit�, l’analyser n�cessiterait de poss�der des donn�es pr�cises concernant la r�alisation de l’objectif vis�, le public r�ellement touch�, ses comportements sur la route. Mais encore ne serait-ce pas suffisant, car on peut �tre amen� � se demander si l’objet CX GTI a seul b�n�fici� de la publicit�, ou si les cons�quences n’ont pas �t� �tendues � l’objet voiture en g�n�ral.
Or l’ambivalence a mauvaise presse�: c’est l’absence de cadre, de rep�re, l’instabilit� par excellence. Elle fait peur et fascine � la fois.
�Adressez vos dons au tueurs en s�rie’, Lib�ration du 14/3/94.
��Depuis sa condamnation (pour le meurtre de 17 enfants et ados pr�alablement tortur�s, viol�s puis d�vor�s), Jeffrey Dahmer re�oit des centaines de lettres d’admirateurs fascin�s par ses actes, souvent accompagn�es de contributions volontaires (plus de 70.000 francs en 1993)��, p�cule auquel s’ajoutent les revenus monnayant ses interventions m�diatiques�: d�but mars, il a racont� en direct sur N.B.C ses crimes et expliqu� les pulsions qui l’habitent... Un cannibale japonais �tait pareillement intervenu � la t�l�vision, y compris � la t�l�vision fran�aise, lors d’un d�bat en direct, il y a quelques ann�es.
Les �monstres’ exercent une r�elle fascination. Le th�me du tueur en s�rie fait d’autre part l’objet de cr�ation, nous y reviendrons longuement plus loin. (On peut y ajouter la fascination nouvelle pour les tueurs p�docriminels. NDLR)
La nature souill�e par l’Homme, haro sur le progr�s sont les deux mamelles de l’�cologie. La pollution urbaine, le nucl�aire, les baleines et les b�b�s phoques...�: on ne compte plus les chevaux de bataille enfourch�s par les chevaliers du combat �cologique, ��v�tus de lin et probit� candide��. Blancs et probes sur eux�? Voire�!
L’objectif de l’�cologie, en tant que science, repose sur l’�tude du vivant dans son milieu. Que ces recherches aboutissent � la conclusion qu’il faille faire tarir les sources de pollutions, para�t logique respectable en soi, mais il ne saurait occulter les dessous d’une lutte, peut-�tre pas si nets qu’il semble, fond�s sur un retour du moralisme plut�t que sur une �thique.
Effectivement, le ton r�actionnaire du pr�ne �cologique ne fait pas de doute lorsqu’on �coute les scientifiques, appel�s � la rescousse�: ��Pollutions, d�gradations et d�s�quilibre se multiplient�: les soci�t�s industrielles disposent de techniques tellement puissantes et exercent de telles violences sur l’environnement que les pires exc�s sont � redouter. La conclusion ��cologique’ va quasiment de soi�: freiner le processus destructeur chaque fois que c’est possible.���[12] Que voudrait dire ��freiner le processus destructeur�� sinon freiner le progr�s, puisque les techniques de la soci�t� industrielle sont ��violentes��. L’�cologie ne va donc pas dans le sens d’un progr�s, mais dans celui d’une r�gression. Elle se r�v�le comme un des puissants syst�mes de d�fense mis en place contre un vaste complot technologique, ourdi dans l’ombre par un tyran, usant de pressions et d’�exc�s’ dont la finalit� serait la destruction du vivant.
Le danger doit �tre bien terrible pour que les r�nes du combat �colo soient prises en mains par l’�tat�: on a connu la cr�ation d’un minist�re de l’environnement. On sait les campagnes contre le tabagisme, l’alcoolisme, les interdictions de publicit� y aff�rent et les mesures de r�torsion �conomiques associ�es�: augmentation, taxations diverses. Pourtant, � paradoxe, le tabac est monopole d’�tat. Oui, mais alors, et les centrales nucl�aires g�r�es par E.D.F.�?
Le premier effet, si nous passons outre l’affirmation r�it�r� d’une �lite d’argent nantie de tous les privil�ges y compris celui de �s’intoxiquer’, ne r�side-t-il pas en une atteinte sournoise aux libert�s individuelles, quand l’�tat, notre m�re � tous, s’attaque � nos petits plaisirs coupable, et nous oblige � aller fumer en douce dans les Toilettes�? Quand il se livre, par syst�me �ducatif interpos�, � l’intoxication id�ologique de nos enfants, � tel point qu’il devient difficile de fumer chez soi, sans avoir droit � une r�flexion d�sobligeante�? Big Brother, c’est pour bient�t�?
Sans doute est-ce le v�u de certains.
La presse �crite se fait d’ailleurs l’�cho d’une sourde rumeur, dont un sondage, publi� dans l’Express, donne la tonalit�, sur les relations qu’entretiendraient les mouvements �cologistes avec l’extr�me-droite.
L’�cologie, dans ses d�rives moralisatrices ne r�sume-t-elle pas � elle seule une tendance rampante � r�tablir un ordre nouveau aux saveurs d’Age d’or dont l’arsenal des protections d�ploy�es donne une id�e plus pr�cise.
De quel c�t� est le �complot’�?
Le corps se trouve au centre du rempart des protections, dont l’int�grit� ne souffre aucune des atteintes qui pourraient d�couler du progr�s. Dans les ann�es 70, vint le port obligatoire du casque pour les utilisateurs de deux roues � moteur. Puis ce fut le tour de la ceinture de s�curit�. Aujourd’hui, on peut supposer que l’air-bag sera le prochain sur la liste.
Mais c’est dans l’univers aseptis� des h�pitaux que se manifeste � l’�vidence le culte du corps. Plus de recherche � la d�couverte des secrets de l’organisme humain, pour plus de protection�:
��En dix ans, l’enfantement, la chose la plus naturelle du monde, a chang� de nature. Aujourd’hui gr�ce � une fascinante panoplie de techniques m�dicales - �chographie, c�lioscopie, biopsie des cellules f�tales - l’embryon est devenu un objet d’�tude...��[Nouvel Observateur, 19-25 avril 1990].
Les propositions se multiplient face aux dangers de contamination, comme le r�v�le celle ��d’assouplir le secret m�dical, en cas de Sida��.
Le corpse (cadavre) lui m�me devient intouchable quand il s’agit de ��supprimer l’autopsie�[13]�� (Le Monde 23/03/94).
Nous trouvons l� une confirmation de notre soup�on, formul� � plusieurs reprise, que derri�re une telle volont� de contr�le, les politiques de protection abritent non un d�sir de pr�servation de la vie, mais une survivance inconsciente de comportements f�tichistes, articul�s au corps, d’une part et � l’objet technique, comme si les deux ne devaient, dans l’avenir, ne faire qu’un.
Les utilisateurs de l’outil informatique n’ont-ils pas aujourd’hui mal � l’ordinateur, comme d’autres souffrent de migraine�? Ne sursautent-ils pas, pris de fi�vre, � la moindre d�faillance de l’outil, terroris�s au soup�on qu’un �virus’ aurait pu s’infiltrer dans ses circuits�?
Le ph�nom�ne n’est pas nouveau�: n’a-t-on pas pris l’habitude de dire avant l’av�nement de l’informatique, d’un moteur qu’il tousse’, quand il est �gripp�’ ,
Donner de l’esprit � la chose est � la base de tout comportement animiste, et l’animisme fascine, on ne devrait pas l’oublier.
Dans les rituels de gu�rison animistes, il s’agit de transf�rer le mal et la douleur dans l’objet.
Or, nous l’avons dit plus haut, la lutte contre la souffrance mobilise la science m�dicale contemporaine. Mais comme, les dieux en soient lou�s, nous aurions largement d�pass� le stade de l’animisme, il n’est plus question de la transf�rer, mais de l’exterminer. Car la douleur physique est le ��sympt�me�� d’un dysfonctionnement. Or, un sympt�me actuellement est porteur de connotations, au minimum, morbides, au plus il s’en d�gage des remugles de mort. Le sympt�me a perdu son simple sens �tymologique de �signe’.
Donc comme manifestations ext�rieure que ��quelque chose ne va pas��, dans la logique des m�urs en cours, il doit dispara�tre. �a d�passe, �a fait pas beau, pas propre. Vite, vite, de l’aspirine.
Une petite d�prime�? vite, vite, un antid�presseur, l’aspirine de l’�me.
C’est le syndrome du cataplasme. Et peut importe si dessous prend la gangr�ne. En surface, c’est lisse, c’est tout ce qui importe.
Vaincre la souffrance � tout prix n’est qu’un des signes - nous n’osons plus dire �sympt�me’ - d’un syst�me r�pressif en voie de d�veloppement.
Il suffit de s’immiscer dans un groupe de parents � la sortie d’une �cole pour entendre que le discours sur la violence, largement m�diatis�, est bien partag� entre le commun des mortels. En ligne de mire, au premier plan et par effet de boomerang�: la t�l�vision. La culpabilisation marche � plein r�gime�! On ne s’�tonnera pas que les gouvernements ne s’�meuvent, �lection oblige, et ne prennent des mesures adapt�es � cette situation qui met en danger notre belle jeunesse, ce dont la presse �crite fait �cho � son tour�:
�L�gislation sur les films vid�o violents (en Angleterre)’ , Le Monde du 14/04
��Le gouvernement britannique veut durcir la l�gislation sur les films vid�o violents. Menac� d’une d�faite parlementaire, le gouvernement a annonc� un durcissement de la l�gislation relative � la vente de films vid�o trop violents. Mais cela ne cl�t pas le d�bat concernant l’influence de la �violence t�l�visuelle’ sur les enfants.
Pour calmer l’inqui�tude de l’opinion publique, traduite par le mobilisation des �lus, Michael Howard a donc propos� un plan en trois points....���:
� Peine allant jusqu’� deux ans de prison et de lourdes amendes aux revendeurs et distributeurs de cassettes ��ultra-violentes�� qui enfreindraient la r�glementation sur l’�ge du public�;
� Plus grande rigueur dans la classification des films, qui en limitera le choix�;
� �tablissement de nouveaux crit�res et rejet des films pr�sentant un ��mod�le contestable�� ou pouvant provoquer ��un tort psychologique�� chez l’enfant.
La panoplie accept�e facilement par le Parlement laisse n�anmoins sans solution le probl�me de la violence � la t�l�vision et son impact sur les enfants.
La juxtaposition de ces titres signale la r��mergence de monstres anciens o� l’antique peste vaut le Sida contemporain.
Faisant r�f�rence aux r�centes d�clarations du Ministre de l’Int�rieur sur le danger terroriste, Le Courrier International publie un article�[14] de L’Hebdo de Lausanne, par Jean-Claude P�clet. Celui-ci ne manque pas de mettre en relation la r�cente vague de terrorisme subie par la France et les mesures pr�conis�es par J. L. Debr�: la suspension sine die des accords de Schengen relatifs � l’ouverture des fronti�res, et le fait qu’il “ double cette ann�e le nombre de charters expulsant les immigr�s clandestins. ”
Monsieur Debr� n’a pas invent� les charters, ni le protectionnisme. Il ne fait que s’inscrire dans une lign�e qui fonctionne selon un principe tr�s archa�que, nous aurons � y revenir.
Dans un pass� r�cent, son pr�d�cesseur, Monsieur Pasqua en avait us� de m�me[Le Monde du jeudi 24 mars 1994.], expulsant deux jeunes Alg�riens en “ urgence absolue ”, lors des mouvements sociaux suscit�s par le C.I.P. Cette mesure avait n�anmoins d’original d’avoir �t� prise contre l’avis de la justice�: bien que le juge n’ait pas consid�r� que les jeunes gens constituaient un danger pour l’ordre public, le Minist�re de l’int�rieur avait n�anmoins poursuivi l’ex�cution de l’expulsion.
Le consensus m�diatique fait dresser l’oreille et �carquiller les yeux.
Proc�s Touvier, "comme un revenant", Lib�ration du 18/3/94�; "un fant�me en pleine lumi�re" Le Monde, 19/3 ou le ��spectre de mai 1968 est dans toutes les t�tes��[L’Express du 17 au 23 mai 1994.].
Que repr�sentent ces cr�atures surgit d’outre-tombe�? Quel impact sur l’imaginaire�?
Manifeste la permanence de la projection
Comme si le grand ��complot��, toujours lui, �tait ourdi, mais par qui�?
La peur Mill�nariste, d’apr�s les recherches actuelles, serait une cr�ation de l’esprit des eccl�siastiques, n’aurait pas eu de prise sur le uulgum. Th�se rationalisante et r�ductrice, - voire r�visionniste�? - � laquelle nous ne souscrivons pas, tout en la prenant en consid�ration, � titre de t�moignage sur l’air du temps qu’il fait en ce bas-monde.
Que le pouvoir religieux et politique se soient empar�s des peurs populaires, � base de superstition, pour asseoir un pouvoir en �quilibre dans un monde en transformation, nous ne le nions pas. Jean Delumeau sur qui nous nous appuyons ne dit pas autre chose. Et c’est le m�me processus que nous relevons dans la soci�t� contemporaine, o� l’imaginaire est pris en otage pour les m�mes raisons.
Mais cela ne saurait tout expliquer, et surtout pas, en particulier, la permanence de la Peur dans l’histoire de l’humanit�, sa propension constante � se projeter sur des boucs �missaires, comment la peur est surmont�e, et sur quoi elle d�bouche, une fois vaincue.
Inutile ici encore de se plonger dans les ouvrages sp�cialis�s pour savoir ce qui s’en dit�: la presse � grand tirage relaie largement le discours sur la peur, en n’h�sitant pas � faire appel � l’�lite �rudite�! Faut-il que l’angoisse soit bien grande, et le besoin de se r�assurer�!
Une s�rie d’interviews, de l’historien G. Duby sur “ l’origine de nos peurs ” publi�s par l’Express, au mois de mars 1994, montre, si l’en �tait encore besoin, que le sujet est d’une br�lante actualit�, et aussi le besoin de replonger aux sources de l’histoire pour y trouver des rep�res. Pointe en filigrane un message rassurant�: si au cours de son histoire l’Homme a connu des peurs, au moins aussi terribles que celles d’aujourd’hui, l’humanit� en est sortie � chaque fois revigor�e, pourquoi pas aujourd’hui�? Pourquoi pas par les m�mes moyens�? Mais lesquels�? scande une foule avide de conna�tre la solution � son malheur.
On se souviendra alors avec int�r�t que le mill�narisme fut l’origine et l’occasion de pers�cutions dont les victimes remplirent le r�le du bouc �missaire qui rend par son sacrifice coh�sion et paix � la communaut�.
Les peurs mill�naristes qui animent le XXe si�cle finissant pourraient porter en leur sein la m�me soif de sang et de meurtre, que celles qui ont marqu� l’histoire dans ses grandes p�riodes de mutation.
Le bouc �missaire poss�de des qualit�s particuli�res qui le destine � sa fonction. Nous traiterons de la pers�cution des sorci�res, mais nous aurions tout aussi bien pu aborder celle des Juifs. Pour m�moire, la bible de l’Inquisition, le Marteau des Sorci�res, para�t en 1486. L’expulsion des Juifs d’Espagne se produit en 1492. Facile � retenir... Christophe Colomb... la D�couverte de l’Am�rique. Les tendances expansionnistes de l’Occident chr�tien ont pr�f�r� retenir ce dernier �v�nement dans les manuels d’histoire, au d�triment de l’autre. Honte ou faille de la m�moire�? Quoi qu’il en soit, c’est une faille dans l’�difice de la conscience.
En examinant les documents que nous avons choisi de traiter, on pourra constater que la peur de l’autre, de l’�tranger, du diff�rent reste une dominante. Qu’il s’agisse des “ bandes ” de J. L. Debr�, ou de pr�server “ nos marches ” de l’Est, le lit est pr�t des valeurs - celles auxquelles se r�f�re le Ministre de l’Int�rieur, sans doute - qui loin d’�tre “fragilis�es” comme il le pr�tend, ne font que prendre force et vigueur, aliment�es par les peurs de plus en plus nombreuses. (Consciemment manipul�e par le discours d’une �lite[J. Delumeau], certes, mais la peur a-t-elle besoin de �a�?) N’a-t-on pas plut�t l’impression que l’apport des la technique ayant fait reculer les fronti�res du malheur et de l’impr�visible, on s’emploie aujourd’hui � compenser l’absence de peurs r�elles par d’autres imaginaires�? N’est-il pas �trange qu’au d�but du deuxi�me mill�naire, la peur de la contamination par le virus de la peste ait �t� le revers synchrone de la peur du Juif, alors qu’aujourd’hui le sida trouverait ses v�hicules favoris chez les homosexuels et les Africains, les Br�siliennes, et autres boucs �missaires potentiels�?
�trangers, marginaux de tous les pays, m�fiez-vous�!
Quelles sont les constantes que l’on peut entrevoir entre peurs archa�ques et peurs contemporaines�?
“L’influence ”, euph�misme souvent utilis� pour ne pas dire “ contamination ”�: de l’un � l’autre, le glissement est facile, et le d�rapage ais�. Elle est v�hicul�e par une image-affect. Avec l’apport du progr�s et de l’outil technique, son impact est donc d�cupl�.
Permanence de l’affect et ambivalence�: la peur est ins�parable du progr�s.
Les barri�res de protection, la volont� de ma�trise n’y fait rien. De nouvelles br�ches s’ouvrent dans les remparts �rig�s par la toute-puissance�: quand une maladie grave r�gresse, jugul�e par les d�couvertes m�dicales, une autre surgit. On d�couvre soudain, contre toute attente, qu’un vaccin peut n’�tre pas inoffensif. Les mesures tr�s sophistiqu�es de protection dans les centrales nucl�aires g�n�rent de nouveaux dangers Comme si continuait � vivre, hors de la conscience des hommes, et contre leur volont�, un mouvement souterrain moteur des heurs et malheurs de l’humanit�.
“ La peste... Elle vint d’Asie par la route de la soie. Voyez-vous, l’�pid�mie, cette catastrophe, est donc aussi l’un des effets du progr�s, de la croissance. ”[L’Express, 24 mars 1994.]
La peste en dessous de soi... Sous la soie... la peste�!
La repr�sentation, par les quelques traits qu’elle utilise, draine une totalit�, de la m�me mani�re qu’il arrive, dans la journ�e, qu’une sensation, une �motion, un mot ram�ne � la surface un r�ve toute entier, que l’on croyait oubli�. Les associations que nous avons faite dans le d�cryptage des diff�rents documents montre qu’une certaine repr�sentation de la femme appelle forc�ment son compl�mentaire masculin, aux qualit�s exactement d�finies par la pr�sence d’un certain type de f�minin. De m�me, un pr� verdoyant parcouru par une femme enceinte enrichi de quelques ingr�dients suppl�mentaires ne manque pas d’�voquer la f�licit� d’un paradis perdu. L’incontournable dialectique de l’image s’imprime en filigrane, que nous retrouverons bient�t sous d’autres traits plus anciens.
En effet, une soci�t� qui focalise sa peur devant la nouveaut�, l’�trange, l’�tranger, l’autre et se polarise sur une morale de la propret�, de la s�curit� n’invente rien�: elle reproduit un tr�s ancien sch�ma que l’on retrouve dans les cultes les plus archa�ques vou�s � une divinit� pourvoyeuse des pires fl�aux. Sur l’espace laiss� vacant par la religion officielle, le consensus. Mais on observe des engouements collectifs rappelant par quelques traits ceux des religions naissantes.
Ces quelques �l�ments relev�s laissent supposer que l’impact dans la r�alit� objective pourrait, alors largement d�passer l’objectif avou�. Certes les publicitaires savent qu’ils touchent � une structure tr�s profonde de l’humain, nous le verrons plus loin. Mais au-del� de tous les objectifs explicites ou non, volontairement cibl�s ou involontairement atteints, se dessine une finalit� de l’objet image, que les dieux ni les hommes ne sauraient contrarier. C’est ce que nous allons essayer de montrer au cours d’un parcours au fil du temps, � rebours, avec premi�re halte quelque vingt-sept si�cles en arri�re, � la rencontre de l’�trang�re.
Suite de l’�tude�:
Aux sources du Mythe, la qu�te - Le mythe de M�d�e
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[1] - Philippe Roqueplo, directeur de recherches au CNRS, in L’Histoire, n�138, p.21, note 4.
[2] - "Filles de pub", Anne Magnien, Le premier magazine, n�14, juin 1995.
[3] - Le Monde du mardi 1er mars 1994.
[4] - Voir les nombreux articles cit�s pendant cette p�riode, relatifs aux mouvements, � la fracture et � l’immobilisme sociaux. (Th�matique qui sera reprise par Sarkozy en 2007 avec le succ�s que l’on sait.NDLR
[5] - Eur�ka, novembre 1995, n�1, “ Hommes et femmes, nos diff�rences cach�es ”.
[6] - Cette s�rie de publicit�s pour la 106 permet d’approcher l’essentiel caract�re dialectique de l’image�: la repr�sentation de la femme au revolver appelle celle d’un masculin�; d’une part son mari qu’on imagine immanquablement ratapenade, le petit doigt sur la couture du pantalon, qu’il s’est repass� lui-m�me, dormant dans la baignoire ou dans la niche du chien. C’est d’ailleurs celui que les publicitaires ont choisi de pr�senter dans la derni�re mouture, ou il a n�anmoins encore le courage de braver l’interdit... Attendons la suivante�!
D’autre part et dialectiquement, ainsi que conclut l’article cit�: la femme 106 est un homme, i.e. elle poss�de les qualit�s du masculin qui font d�faut � sa moiti�.
[7] - In Mensuel du Diner’s club, juin 1995, p.31.
[8] - CX = coefficient de p�n�tration dans l’air.
[9] - Cf. reportage sur l’utilisation des noirs dans la publicit� en Afrique du sud depuis la fin de l’Apartheid, diffus� dans Culture Pub, en juillet 1995. INA
[10] - De tels d�placements ne sont pas rares�: par exemple H�cate aux trois visages est aussi repr�sent�es munies de trois paires de bras, soit l’un soit l’autre, soit les deux ensemble. Nous verrons dans d’autres exemples que l’accent mis sur le regard, accompagn� d’accessoires, g�n�ralement des armes.
[11] - Le mannequin vedette de cette publicit� est Grace Jones. Or l’artiste, aux allures androgynes, a �t� poursuivie longtemps d’une malsonnante rumeur, qui la faisait transsexuelle. Puis, une presse sp�cialis�e a largement exploit� une liaison avec le tr�s m�le Schwarzenegger.
[12] - Pierre Thullier, sp�cialiste de futurologie, enseigne l’histoire et la philosophie des sciences�; in L’Histoire, n�125, septembre 1989.
[13] - La dissection des cadavres est � la base des progr�s en biologie ��science du vivant��, en m�decine et � l’origine de la psychanalyse, faite par Freud � partir d’un mod�le de type biologique. On peut s’interroger sur la finalit� de sciences initi�es dans l’observation de la mati�re morte.
[14] - "Au secours, la Chiracquie�! La France, petit royaume obsol�te", Courrier international, du 12 au 18 octobre 1995.