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Les traumatismes de l’enfance - I

Approche g�n�rale


Si l’on parle souvent de p�dophilie c’est plut�t d’un artifice m�diatique qu’il est question, voire d’une instrumentalisation politique. Les crimes dont on parle, spectaculaires, odieux et souvent barbares sont, en fait, rarissimes. �trangement, il est moins souvent fait �tat de cette p�docriminalit� rampante, dite intra-familiale, qui touche des dizaines de milliers d’enfants par an, en France. On ne peut qu’�tre frapp� d’un tel silence.
En 310, vaincus et assi�g�s par les Grecs de Sicile, Carthage souffrait de manque d’eau. Les pr�tres, pour se faire pardonner leurs fautes par Baal, organis�rent un holocauste. Selon Diodore, 500 nouveaux n�s de la noblesse furent ex�cut�s de la plus atroce des fa�ons. Un immense Baal tr�nait sur la place centrale de la cit�. Il �tait creux, et l’on entretenait � l’int�rieur un immense brasier. Les bras de la statue, articul�s, emportaient les enfants, encapuchonn�s de noir.

Avertissement au lecteur

Pour faciliter l’expos�, j’ai m�l� dans un m�me texte les deux conf�rences pr�vues lors de l’�v�nementiel de Sartrouville L’approche clinique que je pr�sente ici n’est pas famili�re des professionnels et du public europ�en. J’ai tent� de faire au plus simple mais il est parfois apparu impossible de r�duire le propos au risque de para�tre avancer des arguments d’autorit�.
Ces arguments sont issus d’une exp�rience de plus de 30 ann�es de terrain. Au cours de cette exp�rience, je suis constamment rest� � l’�coute du t�moignage sans jamais chercher � r�duire ce dernier � une composante th�orique pr�alable. C’est cette accumulation des t�moignages, associ�e � des conduites de gu�rison et � des suivis, qui m’a peu � peu permis d’avancer des hypoth�ses, parfois, peu acad�miques notamment celles concernant la pseudo-dissociation de la psych� des victimes de traumatismes pr�coces et durables subis dans l’enfance.

Le travailleur social qui se trouve souvent confront� � des enfants victimes de maltraitance doit pouvoir agir vite et efficacement dans le sens de la pr�servation de l’int�grit� de la personnalit� et du corps de l’enfant. Mais il doit �galement rester tr�s prudent dans son �valuation de la situation. Le probl�me, pour lui, est de disposer d’outils fiables pour r�ussir sans d�truire. En France, le retard, dans ce domaine, est consid�rable.

Avant de partager une exp�rience qui r�ponde � de l�gitimes pr�occupations je ferai le point sur les modalit�s environnementales, �v�nementielles et somatopsychiques qui entrent en jeu dans la pr�dation sexuelle ou dans les cas de maltraitance. Je n’aborderai pas les questions pratiques qui concernent le rep�rage de l’enfant maltrait�, le signalement et le suivi. La conf�rence de Vincent Caux r�pondra � une partie, au moins, de ces pr�occupations.

Il m’arrivera souvent, au long du texte, de renvoyer le lecteur � des �crits ant�rieurs. Cela s’est parfois av�r� n�cessaire tant la mati�re abord�e se trouvait ramifi�e. Les sources et textes en question sont visibles sur les sites que j’ai indiqu�s plus haut.

A —�1 —�Vision Globale psych�/soma —�individu/collectif —�pass�/pr�sent/futur

Pour faire bref, l’entit� humaine interagit constamment avec l’environnement que je nomme ici R�alit� physique objective. (Cf. mon article compl�mentaire en annexe —�� venir)
De m�me, elle r�agit et interpr�te ces �l�ments/�v�nements pour en faire une v�rit� assimilable, cela devient la R�alit� psychique objective. La capacit� d’ajustement au plus pr�s entre ces deux r�alit�s d�pendra des transmissions parentales, d’abord, culturelles ensuite —�tout l’environnement social et historique, des transmissions g�n�alogiques, etc. C’est dire que la relation entre ces deux r�alit�s devra toujours �tre ajust�e, r�actualis�e et c’est la capacit� � op�rer des ajustements constants, laquelle d�pend de la relative souplesse psychique de l’individu qui rendra la vie prosp�re. Les parents jouent un r�le primordial dans ce sens. Leur r�le consiste � permettre � l’enfant de se lib�rer de son attachement puissant, souvent inconscient, � l’influence de son premier environnement, de telle fa�on qu’il puisse y choisir ce qui est valable � sa vie adulte et rejeter ce qui ne l’est pas. Je nommerais Conscience l’instance qui permet ces ajustements d’une r�alit� � l’autre. De la naissance � l’�ge adulte, les contacts � la R�alit� physique objective permettront � la Conscience de se forger, de se consolider et de prosp�rer... Cette conscience est la base des comportements manifestes de la vie, ce que l’individu sait de lui-m�me. On fixait habituellement � 3 ans l’�ge auquel la Conscience semblait na�tre. Il y a tout lieu de penser qu’elle est op�rante bien avant, voire durant la vie intra-ut�rine.

La vie de l’enfant doit se d�velopper dans un climat de compr�hension, de calme et de constant soutien. Ces �l�ments contribuent � l’�dification de la personnalit� de l’enfant et c’est ainsi qu’il gagne en assurance, que sa curiosit� naturelle contribue � l’enrichissement progressif de son exp�rience.
Que se passe-t-il alors quand des accidents, plus ou moins graves, plus ou moins durables viennent perturber ce climat, ou bien que l’enfant ne b�n�ficie jamais de ces conditions de d�veloppement�?
Nous allons d�finir deux types d’atteinte et plusieurs qualit�s de choc/trauma, nous devrons �galement tenir compte du facteur temps - dur�e et fr�quence des actes pr�dateurs�:

  • Selon l��ge auquel les actes pr�dateurs s’imposent,
  • selon leur dur�e et les conditions qui permettront la fin de la maltraitance,
  • la fa�on dont l’environnement r�agira est d’une importance primordiale.
Face � un crime quelconque, en principe, la soci�t� r�agit gr�ce � des crit�res d�finis par des codes et des r�gles. En est-il ainsi s’il s’agit de faire face � la maltraitance de l’enfant�? Quels actes la soci�t� pose-t-elle pour faciliter la caut�risation des blessures de l’enfance�?

Nous devrons toujours envisager la prise en charge des blessures de l’enfance selon deux angles�:

  • L’angle individuel, psychique et somatique�;
  • L’angle social, reconnaissance des blessures et contribution � leur r�paration.
Nous pouvons aussi postuler l’existence de plusieurs niveaux d’atteinte —�tout comme la psych� se d�veloppe en strates successives —�qui se fondent sur l’axe Pass�-Pr�sent-Futur. L’enfant accumule des exp�riences, il se forge une identit� � partir de ces �preuves de la vie et c’est ce qui fonde son d�sir d’avenir. (Sans r�f�rence partisane)
Que se passe-t-il quand un �v�nement qui perturbe cette progression�? Ce n’est que dans une p�riode r�cente que la psychologie a pris conscience de la multiplicit� des facteurs traumatisants susceptibles de perturber l’�volution de l’enfant. Auparavant on ignorait la vari�t� des facteurs traumatiques et, de ce point de vue, la psychologie demeurait relativement archa�que. Pour beaucoup d’�v�nements perturbants on en restait encore � une sorte de psychologie qui banalisait nombre de chocs et ignorait les s�quelles sur la vie adulte. ��Bah, il s’en rel�vera�!��, entendait-on souvent...
La pr�dation sexuelle sur l’enfant est un de ces faits qui fut longtemps ignor�. Il n’est pas dit qu’il soit, actuellement, �valu� justement, � la mesure des s�quelles qu’il induit.

Atteinte Brutale —�irruptive —�tr�s violente

Elle est le fait des pr�dateurs p�docriminels/rapteurs isol�s. Ils connaissent rarement leur victime, ils op�rent selon un mode op�ratoire qui leur est sp�cifique. L’issue en est, malheureusement, le plus souvent fatale. Le cas du petit In�s - affaire Evrard - est exceptionnel. Mais on rencontre �galement un mode op�ratoire violent et bref dans le cas de viol d’adolescentes ou d’adolescents. Deux enqu�tes, l’une g�n�rale, l’autre dans les milieux sportifs montrent que ces pr�dations ne sont pas exceptionnelles.
Les violences sexuelles en France, quand la parole se lib�re et Violences et agressions sexuelles dans les milieux sportifs,
Les r�sultats sont consternants et devraient nous alerter.
Nous savons, et les enqu�tes le montrent, que la prise de parole et la lib�ration par un signalement favorablement accueilli par la soci�t� sont primordiales pour un bon d�roulement du processus de r�paration.
La reconnaissance du crime ou du d�lit par la soci�t� est une composante indispensable du processus th�rapeutique, il en est un �l�ment parmi d’autres.
Dans le meilleur des cas, si le milieu r�agit positivement, la blessure est rapidement nomm�e, elle est alors localis�e dans le temps et les facteurs l�sionnels judicieusement-juridiquement nomm�s. La famille et l’environnement global r�agissent de concert et de mani�re coh�rente. L’enfant est assur� qu’� aucun moment il n’y aura malentendu, ambigu�t� ou suspicion � l’encontre de sa parole.
Ce fut le cas pour le petit In�s, la soci�t� assume alors pleinement sa responsabilit�, elle offre � la victime des moyens d’�coute, de reconnaissance, de soins et de r�paration. La th�rapie qui s’ensuivra aura toute les chances de restituer � In�s une int�grit� psychique gravement l�s�e. (Je ne parle pas ici des d�clarations fracassantes des politiques qui sont bien plus des instrumentalisations de la douleur de la victime qu’un r�el et efficace support de r�paration. L’autre cas, celui de la victime du cin�aste Roman Polanski qui suffoque du harc�lement m�diatique et hurle sa d�tresse devant ce tapage au point de demander que l’on en finisse au plus vite, est exemplaire. La responsabilit� de la soci�t� est aussi engag�e sur ce point. Les politiques savent-ils que, dans ce cas, ils r�it�rent une forme de manipulation que la victime a subie du pr�dateur�?)
Malheureusement la parole ne se lib�re pas facilement, pour des raisons que tous les observateurs savent rep�rer�: culpabilit�, accueil d�ficient de la soci�t� —�des enqu�teurs en premier —, lenteur des proc�dures, humiliations des confrontations, inexp�rience des acteurs sociaux, etc.
Les circonstances relev�es par l’enqu�te localement restreinte sur les milieux sportifs nous montrent que de nombreuses victimes n’ont pas le bonheur de profiter d’une relative compr�hension globale�: peur de dire, culpabilit�, chantage, etc. Nous nous retrouvons alors dans le cas de pr�dations que la soci�t� ne prend pas en compte —�cf. chap. suivant —�et sur lesquels cette derni�re s’aveugle m�me. (L’enqu�te devait �tre �tendue � tout le territoire... nous attendons que cela soit effectif.)

Les pr�dations qui se concluent par une issue fatale pour la victime sont rares, ce sont pourtant elles qui attirent le plus l’attention et qui d�bouchent sur des mesures qui ne concernent que de loin les pr�dateurs de voisinage... Il en est tout autrement des pr�dations qui sont commise au sein m�me de la famille.

Atteinte pr�coce, r�p�t�e, durable, impunie

Le mode op�ratoire sera pernicieux, fond� sur le calcul, l’observation et la domination de la victime.
Le pr�dateur agit selon un cycle parfaitement d�fini�: Captation —�Programmation —�Emprise.
Cela concerne des pr�dateurs de proximit�, de voisinage, ils peuvent appartenir � la famille...
Ce sont les plus nombreux, les plus manipulateurs/calculateurs, les plus masqu�s, les moins condamn�s car leur mode op�ratoire fond� sur la programmation leur permet de cr�er un personnage qui, par anticipation, visera � miner la cr�dibilit� des t�moignages et du signalement. Ils sont toujours hors de tout soup�on, voire hors d’atteinte gr�ce � un statut social qui les prot�gera...
Ce sont les cas qui soul�vent le plus l’indignation de l’entourage et des d�fenseurs des droits de l’enfant. Ce sont les cas qui se signalent par la plus grande disparit� dans la qualification du crime et par les condamnations. Comme si le juge, dans ces circonstances, manifestait, soit le plus grand d�sarroi, soit une volont� d�lib�r�e d’ignorer ou de minorer le crime. On peut r�unir des milliers de t�moignages qui attestent de la volont� du juge - par cons�quent de la soci�t� globale - de d�qualifier le crime —�un viol —�en un d�lit mineur. (� mon simple niveau de clinicien ind�pendant, j’ai re�u, durant l’ann�e 2008, 150 signalements, dont 80% me semblaient imposer une r�action rapide sur la base d’une enqu�te approfondie. Or, les t�moignages me rapportaient que rien de tel n’�tait envisag� dans des d�lais courts)
La recherche de la preuve est un argument souvent oppos� � ceux qui souhaitent des r�actions rapides, Or les examens d’expertise m�dico-l�gale sont fr�quemment tardifs. Il n’y a plus de preuves physiques attestant alors d’une pr�dation sexuelle.

Le processus de r�paration proc�de autant d’une reconnaissance de la soci�t� que d’une prise en compte personnelle. Il ne suffit pas de ��faire une th�rapie��, il faut aussi que la soci�t� globale assume ses responsabilit�s, d’autant plus que, dans ce cas, la personne assume seule la charge des frais d’une th�rapie.

Je souligne donc�:

L’Importance primordiale de la r�action du milieu
Du plus proche au lointain, jusqu’� la soci�t� globale, aucun effet th�rapeutique n’est consolid� si le processus de r�paration n’int�gre pas la validation des paroles de la victime.

1. La captation
Le pr�dateur installe tous les �l�ments qui favoriseront sa future programmation d’une maltraitance sexuelle, incestueuse ou de maltraitance physique.
J’ai relev� de nombreux cas o� l’homme avait nettement choisit la m�re de ses enfants dont il tirera un profit criminel apr�s avoir, au pr�alable, soumis son �pouse � une emprise mentale si puissante qu’elle sera incapable de r�agir avec un minimum de discernement.
Dans des circonstances plus communes, celle d’une famille, apparemment sans histoire, l’homme - 98% des pr�dateurs - choisit sa victime tr�s t�t, il la pr�parera tout en cr�ant autour d’elle les conditions de vie qui faciliteront la pr�dation�: prendre l’habitude du bain commun avec l’enfant, imposer des r�gles douteuses tr�s t�t sous des pr�textes tr�s rationnels, voire tr�s p�dagogiques, imposer l’habitude de visites tardives et inopin�es dans la chambre de l’enfant durant la nuit, autant de mani�res de brouiller les pistes aupr�s de son �pouse et de tout l’entourage...
La captation d�tourne l’attention de l’entourage, elle installe un climat d’aveuglement � toute la maisonn�e qui s’installe dans une relative inconscience des �v�nements qui se produiront plus tard. Cette phase n’est pas d�nu�e de comportement de s�duction � l’�gard de l’enfant et de l’entourage. Le pr�dateur p�dosexuel use volontiers de s�duction. Ce n’est que contrari� ou d�couvert qu’il peut devenir dangereux et tr�s violent.

2. La programmation
Le crime est programm� d�s que le pr�dateur est certain que tous les �l�ments de la vie peuvent lui assurer une invisibilit� certaine. Les manigances manipulatrices des premier temps de la pr�dation, pour peu que celle-ci �veille quelques soup�ons, suffiront � d�tourner l’attention. Le m�canisme d’emprise commence � ce moment. L’entourage perd toute forme de conscience voir de r�activit� m�me si certains faits peuvent para�tre troublants. L’aveuglement est install�, le pr�dateur contr�le toute la vie de la maison ou de l’environnement dans lequel il exerce son acte. (Processus fort bien d�crypt� par le film Les gar�ons de St. Vincent, dans l’affaire d’un couvent sur l’ile de Jersey, dans celles, plus r�centes, des �coles des monast�res catholiques en Irlande)
Cette programmation vise trois buts, en dehors de l’assouvissement d’une pulsion morbide,

l’isolement de la victime,
le contr�le total de l’environnement,
la consolidation du personnage socialement irr�prochable du pr�dateur.
(Un processus identique se retrouve dans des affaires matrimoniales qui concernent uniquement des adultes�: le cas des manipulateurs narcissiques)

3. L’emprise
Dans le face � face qui oppose le pr�dateur � sa victime, l’emprise s’installe. Celle-ci pourra durer bien au-del� des faits criminels eux-m�mes. Cette dur�e dans le temps, quelque que soit la distance qui pourrait s’interposer entre le pr�dateur et sa victime, est un ph�nom�ne largement ignor� des sp�cialistes, m�me si, de nombreuses victimes s’en font les t�moins.
Ce ph�nom�ne d’emprise qui peut donc durer dans la vie de l’adulte est si puissant et ind�racinable que certaines victimes en sont l’objet leur vie durant. Durant le processus psychoth�rapique, il peut devenir un puissant freinateur.

Les modes op�ratoires de l’emprise seront multiples, ils reposent sur�: L’association perverse de la victime � la pr�dation�: ��Ce sera notre secret�!��
La violence, les coups, les menaces, le pr�dateur installe une peur suffisante pour taire toute vell�it� de r�volte
Le chantage, souvent mortif�re�: ��Si tu en parles tu vas d�truire toute la famille�!��
La n�gation de la parole de la victime, pour peu que celle-ci ose parler
Le double jeu du pr�dateur�: hors de tout soup�on, dont le personnage social pass� � la laque rend la victime impuissante, incapable de se r�volter�: ��De toute mani�re, quoique je dise, personne ne me croira�!��
L’extr�me r�activit� du pr�dateur aux m�canismes de vie d’un milieu donn�.

B —�1 —�Comment se propage l’onde de choc�?

Voici quelques lois que mon exp�rience me permet de poser�:
Il y a proportionnalit� entre la pr�cocit�, la dur�e, la s�duction (absence de violence pour �tablir a captation) et la profondeur et l’�tendue de la l�sion.

La r�action doit �tre imm�diate sinon la structure de l’entit� humaine est profond�ment atteinte, parfois gravement l�s�e. Le processus de r�paration sera d’autant plus difficile � mettre en place et � se consolider que la victime est enferm�e dans l’impossibilit� de communiquer. Cela r�sulte de l’isolement install� d�s les premiers instants de la captation.
Si le signalement n’est pas rapide les l�sions s’installent. Des manifestations ostensibles d’une atteinte traumatique on passe � une mise en latence des effets du traumatisme, en fait, la l�sion s’organise dans les strates profondes de la psych� et ce qui paraissait un d�s�quilibre de comportement chez la victime se d�veloppe en personnalit� plus ou moins adapt�e.
Tout se passe comme si l’enfant, devenu adolescent, plus tard adulte, semblait avoir d�velopp� une sorte de capacit� � surmonter ses souffrances. C’est le malentendu le plus terrible que pourrait induire une mauvaise interpr�tation du ph�nom�ne de r�silience.
Paradoxalement plus la captation repose sur des facteurs violents et sur la coercition plus il est possible d’acc�der � la l�sion (dire, nommer, m�moriser...)
La soci�t� dispose, en effet, de codes pour r�agir � ces violences. Les signalements de violences physiques sont plus r�guli�rement pris en compte. (Fr�quence de la preuve, marqu�e au corps, mais pas seulement)
Il existe, par contre, moins de codes pour faire face � la s�duction meurtri�re.

Les effets de la blessure s’�tendent du proche au lointain, de la surface � la profondeur ils ne s’estompent pas dans le temps. Leurs effets et leurs cons�quences ont tendance � devenir chroniques. Des manifestations ��superficielles�� ou aigu�s d’affectation de l’humeur, on passe � des comportements instables, voire asociaux. De la manifestation psychique de souffrance aigu�s, on passe � des pathologies chroniques. L’atteinte psychique, la d�formation op�r�e sur la structuration de la personnalit� de l’enfant se r�v�lent par des atteintes somatiques qui rendront alors le crime quasi invisible. Cette fragilit� physique pourra m�me �tre utilis�e par le pr�dateur s’il doit un jour se d�fendre des accusations rendues possibles par une prescription de 20 ou 30 ans selon les �tats.
Nous disposons de peu de moyens cliniques associant certaines maladies chroniques � une pr�dation prolong�e dans l’enfance. (Maladie de Crohn, par exemple)

(J’ai d�j� expos� ce processus dans de nombreux articles depuis les ann�es 80, voir sur le site)


Sur le m�me sujet
Les traumatismes de l’enfance

I - Approche g�n�rale

II - Comment r�parer

III - Comment faire face

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==================
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d�cembre 2009 par Illel Kieser ’l Baz


Notes�:

R�pondre � cet article
  • Les traumatismes de l’enfance - I

    14 janvier 2010, par Marit�e

    Bonjour Dr. ’L Baz,

    J’ai lu quelques uns de vos articles qui m’atteignent droit au coeur tellement ce que vous dites est vrai, et trop m�connu.

    Je ne sais si vous pouvez m’aider car j’ai �crit un livre dans lequel beaucoup de ce que vous �crivez dans vos articles se retrouvent dans mon horrible histoire de vie.

    Vous parlez d’atteinte pr�coce, r�p�t�e, durable, impunie. Aussi d’atteinte Brutale - irruptive - tr�s violente. J’ai �t� victime des deux de la part de mon propre p�re de l’�ge de 2 ans � 13 ans. Personne de ma famille ne me croit, surtout que j’avais tout oubli� jusqu’� l’�ge de 38 ans, tant que j’ai continu� � �tre sur l’emprise psychologique de mon agresseur. J’avais pourtant des comportements en solitaire hautement �vocateurs depuis l’�ge de 13 ans, mimant un viol perp�tr� avec violence sur moi-m�me avec contention et coups, etc. sans savoir pourquoi. Je vis seule, rendue a`51 ans et PERSONNE de ma famille ne me croit tellement mon p�re parait bien. Incapable de vie intime ou sexuelle. Toujours en th�rapie. Ce qu’il m’a fait est un m�lange de torture sexuelle et de viol. J’ai port� plainte � la police, c’est all� jusqu’� la procureure qui m’a crue mais a trouv� ma d�marche Inusit�e parce que j’avais oubli�.

    Je ne suis pas capable de continuer � vivre dans cette situation. M�me mon propre fils, probablement abus� par son grand-p�re, mais qui aurait peut-�tre aussi fait des attouchements � des petites filles vit maintenant depuis 7 ans avec mes parents, octog�naires qui se portent � merveille. Mon fils ag� maintenant de 24 ans a pr�f�r� rejoindre leurs rangs, celui du club des n�gateurs.

    Ma d�marche en justice (je vis au Qu�bec) n’a pas pu continuer, �tant donn� l’absence totale de preuves, de t�moins. Ma m�re prot�ge mon pere.

    Ma seule facon de continuer � vivre �tait d’�crire ce livre pour livrer mon histoire. Mais encore l�, se faire �diter par des �diteurs traditionnels pour un sujet comme celui l�, alors que ce livre est fait de fa�on professionnelle de A � Z (aide d’une biographe francaise) et bien �crit, ce n’est pas facile. alors que c’est si fr�quent. J’ai �t� victime de plus de la th�se des faux souvenirs induits en th�rapie, ce dont mon abuseur se sert toujours pour se d�fendre et amener toute la famille � croire en son innocence.

    J’ai besoin d’�tre crue pour pouvoir continuer � vivre. Je n’en peux plus de cette injustice et de ces mensonges. JE n’en peux plus d’�tre celle qui est ostracis�e. Tous ceux qui lisent mon livre me croient mais il n’a pas assez de visibilit�.

    Je veux que l,on sache que l,on peut avoir oubli�, que la r�putation irr�prochable de l’abuseur �tant donn� la gravit� des traumatismes me fait horriblement mal, que l’on se fie � cela pour ne pas me croire me donne envie de mourir car je reste enferm�e dans ma tombe.

    Mon p�re m’a attach�e au niveau de la r�gion g�nitale, m’a suspendue � un crochet nue avec une ceinture de cuir entre les jambes, m’a p�n�tr�e l,anus et le vagin avec divers objets, m’a frapp�e avec sa ceinture de cuir sur les fesses, entre les cuisses et derri�re les cuisses. iL M’A VIOL�E � 7 ANS APR�S M’AVOIR FAIT TOMBER DANS L’ESCALIER ET M’AVOIR FRAPP�E AVEC UNE R�GLE EN BOIS. Il m’a viol�e alors que j’avais une c�te probablement f�l�e ou cass�e. � deux ans, il m,a attach�e les deux bras aux barreaux de ma bassinette et m’a ins�r� des objets dans le vagin et l’anus. A partir de 10 ans, les viols sont devenus plus fr�quents. Il me disait que toutes les femmes sont des garces, des putains et que nous m�riterions toutes de mourir. Il me disait qu’il lui fallait boucher cela tous ces trous l� et qu’il faisait cela pour m’�duquer, pour mon BIEN. A treize ans, il a eu peur que je sois tomb�e enceinte de lui et m’a introduit une aiguille � tricoter dans le vagin apr�s m’avoir ligot�e dans la baignoire (sans eau), en position gyn�cologique et me disant qu’il n’avait pas le choix car sinon je devrais partir de la maison. Tous ces d�tails ne sont pas dans mon livre �tant donn� que je n,AURAI jamais rien pour les corroborer. � part mes s�ances morbides et sadiques en solitaire. et une hospitalisation de 7 jours � l’�ge de 5 ans pour troubles nerveux et psychosomatiques (incontinence urinaire, pleurs � la d�f�cation). M�me si mon livre est �crit sous pseudonyme et tous les noms chang�s, un �diteur a eu peur de poursuites en diffamation. Si monp�re �tait d�c�d� (IL A 86 ANS), ils m,auraient publi� tout de suite et tel quel.

    Suis-je encore condamn�e � garder encore tout cela sous silence. POuvez vous m’aider�? Faire r�f�rence � mon livre pour illustrer vos �crits car mon p�re est un super bon exemple de pervers narcissique, peut-�tre psychopathe, peut-�tre double personnalit�, je ne sais que trop. Mon histoire en est une d’emprise jusqu’� aller enfouir tout dans mon subconscient. J’ai �tudi� jusqu’au PH.D, ai m�me fait la moiti� du cours de m�decine dont le stage de psychiatrie. Je me lancais dans les �tudes pour essayer de rehausser l’estime de moi-m�me et aussi essayer d,avoir l’amour de mon p�re qui ne valorisait que cela chez moi. Mes �tudes m,ont permis d’analyser, tout le long de mon r�cit de vie, les comportements anormaux que j’avais et tout ce qui s’en suit, support� par des ouvrages de r�f�rence.

    Pouvez-vous parler de l’oubli chez les victimes d’inceste aussi.

    Mais surtout, c’est comme une bouteille � la mer que je jette pr�sentement, car j’ai souvent encore aujourd’hui envie de mourir devant tant d’injustice et de n�gation de la v�rit�. Je ne le fais pas car quelque chose � quelque part me dit de continuer. Mais j’avoue que si vous lisez mon livre, j,ai vraiment tout fait en mon pouvoir � date pour essayer d’�tre crue pour pouvoir gu�rir.

    J’aimerais avoir une r�ponse de vous si possible, ne serait ce que pour me dire comment faire pour avoir plus de visibilit�. Sept exemplaires de mon livre ont �t� vendus en France via mon site internet.

    Peut-�tre qu,un expert en la mati�re pourrait m,aider. j,ai �crit � l’INRS ou son �quivalent en france pour parler de mon livre mais pas de r�sultats.

    Merci de votre �coute,

    Danielle alias Marit�e Auteure de "Ma vie en pi�ces d�tach�es" Disponible via www.editionsjespoir.com

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    • Les traumatismes de l’enfance - I

      15 janvier 2010, par Webma�tre

      Bonjour Marit�e, je vous r�ponds en massage priv� car nous sommes souvent l’objet d’attaques virales. Je serai au Canada au printemps - au d�gel - et je serais � votre disposition pour vous rencontrer. Vous soulevez le probl�me de l’�dition et de l’�dition... Il est �vident que les circuits de l’�dition sont verrouill�s en France, depuis les ann�es 80. Est-ce un hasard si la circulation des id�es s’est arr�t� � cette m�me �poque. Daniel Bensa�d l’a souvent not� et d�nonc�. Mais il nous reste des ressources... A bient�t Illel Kieser

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      • Les traumatismes de l’enfance - I

        15 janvier 2010, par Marit�e

        Il me ferait extr�mement plaisir de vous rencontrer. Je demeure dans les environs de Montr�al.

        Vous avez mon adresse courriel je crois.

        A plus tard, au printemps...

        Marit�e

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