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Un prêtre pédophile, en France...
mardi 12 janvier 2016, par
La France n’a pas connu de scandale de pédocriminalité liée à l’Église. Tout au moins, rien ne transparaît, sauf parfois, un égaré qui, de temps en temps, intrigue les journalistes.
Un ancien frère de la Communauté religieuse des Béatitudes résidant en Aveyron a été placé sous contrôle judiciaire après avoir reconnu des attouchements sur une cinquantaine d’enfants de 5 à 14 ans entre 1985 et 2000, selon un reportage diffusé mardi par France 3 Sud.
Mis en examen la semaine dernière pour attouchements sexuels et placé sous contrôle judiciaire, le frère Pierre-Etienne, âgé de 57 ans, a reconnu les faits dans une interview réalisée à Comps-la-Grand-Ville (Aveyron), près de Rodez.
Il y explique ne pas avoir eu "le courage" de se dénoncer et avoir dû se confier à "une personne".
"J’ai donné tous ces noms (des victimes) à cette personne en lui demandant de me dénoncer. Je voulais avouer mais je n’en avais pas du tout la force", a-t-il expliqué.
Selon France 3 Sud, le religieux aurait agi dans toute la France et aurait cessé ses agissements en 2000, aidé par ses collègues de la Communauté.
Le procureur de la République de Rodez, Manuella Garnier a expliqué à la chaîne de télévision régionale que "le silence du mis en examen pendant plusieurs années fait que des dossiers seront très certainement prescrits".
Il a été placé sous contrôle judiciaire, le 4 février, par la juge d’instruction de Rodez, après sa garde à vue à la gendarmerie de Cassagnes-Bégonhès.
"Des expertises auront lieu sur les victimes afin de déterminer l’étendue des préjudices physiques mais surtout moraux qu’elles ont subis", a-t-elle ajouté.
Lors de son audition, frère Pierre-Étienne – exclu depuis par le mouvement, après avoir été très proche de son fondateur et l’arrangeur musical de la communauté - aurait reconnu s’être livré à des attouchements sexuels sur une cinquantaine de filles et de garçons, âgés de 5 à 14 ans. Ces abus auraient été commis dans différentes "Maisons" de la Communauté, à travers toute la France, sur des enfants, dont les parents étaient membres du mouvement. Aucune de ces agressions présumées ne concerne toutefois l’Aveyron. « J’ai reçu Pierre- Étienne sans connaître sa problématique et encore moins ses actes. Nous souhaitons désormais faire toute la vérité » , explique frère Jean-Baptiste, un prêtre responsable de la petite communauté aveyronnaise. L’affaire, particulièrement complexe, avait déjà été portée devant la justice, en 2001, à la suite d’une première plainte. Convoqué, en 2003, au tribunal d’Avranches, dans la Manche, Pierre-Étienne avait reconnu une quinzaine d’abus sexuels. Le juge d’instruction s’était alors « déclaré incompétent » et l’affaire en était restée là. « Il n’était jamais seul, nous l’avons toujours encadré, éloigné des enfants. Si nous nous en étions lavé les mains, il aurait peut-être récidivé. Je lui ai toujours dit que je voulais savoir la vérité et c’est nous qui l’avons poussé à remettre ses voeux », explique Mauricette (1), à qui l’homme s’est progressivement confié. Cette vérité, toute crue, est venue en juillet dernier. Les membres de la fraternité de Bonnecombe ont immédiatement alerté les responsables de la Communauté, mais aussi ceux de l’Église, jusqu’au Vatican, avant d’en référer à la justice. « Nous portons une affaire qui est très lourde. Nos vies ont été brisées. Après un long cheminement, Pierre-Étienne arrive à reconnaître le mal qu’il a fait et il veut le réparer devant la justice et les victimes. » En attendant, l’instruction risque de se poursuivre durant de longs mois.
Il officiait depuis plusieurs années à l’abbaye de Bonnecombe, à Comps-la-Grand-Ville, en Aveyron. Il faisait partie des fondateurs de l’association.
Le 5 février dernier, l’ancien religieux a été mis en examen pour "agressions sexuelles sur enfants de moins de 15 ans".
Mais cette affaire pourrait avoir dans les prochaines semaines un retentissement plus important, car les membres qui sont à l’origine de la dénonciation du frère Pierre-Antoine, laissent entendre que les responsables de la communauté étaient au courant des agissements du "frère pédophile" depuis longtemps. Ce que semble démentir le porte-parole de la communauté, le père Etienne Richer.
Source Le Monde
Source Le Monde
L’ex frère Pierre-Etienne a reconnu des attouchements sexuels sur une cinquantaine d’enfants entre 85 et 97... et ce, dès 2001 ! Il témoigne.
S’il parle sur RMC, ce jeudi matin, c’est parce que Pierre-Etienne, 57 ans, veut "faire reconnaître ses victimes". Mais en filigrane, on sent dans son témoignage, une large critique de la communauté des frères des Béatitudes de Bonnecombe (Aveyron) à laquelle il a appartenu.
"J’ai commis des attouchements sexuels sur une cinquantaine d’enfants entre 1985 et 1997. En 2001, l’un d’entre eux a déposé une plainte. Devant le juge, j’ai reconnu les faits et ai parlé d’une quinzaine de victimes. Mais le juge s’est déclaré incompétent, il n’a pas voulu donner suite à cette affaire."
"En 2001, j’ai abandonné l’habit religieux et j’ai demandé à être remis de mes vœux. Mais certaines autorités de ma communauté ne voulaient pas. Je n’ai été remis de mes vœux qu’en 2005. En 2007, j’ai même fait une liste avec le nom des enfants, je l’ai transmise à mes supérieurs de la communauté des Béatitudes. Elles n’ont pas donné suite. Ils n’ont pas jugé bon de me faire soigner."
"Il y avait une vraie loi du silence dans la communauté. Je ne veux pas dire du mal de mes autorités mais leur comportement a permis la continuation de mes délits. Alors, j’ai fait un long travail, avec une amie à qui j’ai tout confié. Et comme je n’avais pas le courage de me dénoncer, elle l’a fait pour moi. Et la justice a alors pu suivre son cours normal."
"Ç’a été un vrai soulagement que les victimes soient reconnues comme victimes. C’est le fruit d’un long travail avec cette personne pour voir et prendre conscience du mal que j’avais fait. Je tiens à réparer le mal que j’ai fait en reconnaissant les victimes comme telles."