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La ��m�decine cogniticienne��, un enjeu pour le 21e si�cle

vendredi 3 f�vrier 2012, par Bernard Dugu�

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Les m�thodes th�rapeutiques occidentales reposent toutes sur le principe op�ratoire de la technique. La science occidentale elle aussi est ax�e sur la technique exp�rimentale avec laquelle elle s’identifie presque. La cons�quence, c’est que la biologie moderne conna�t tr�s bien la vie en tant qu’assemblages d’�l�ments pouvant se pr�ter � la manipulation technique mais elle ignore presque tout de la logique (de l’onto-logique) du vivant. La m�decine soigne avec efficacit� en ignorant l’essence de la vie. La vie est � la fois substance technique et substance cognitive.

Parution originale sur Agoravoxle mercredi 01/02/2012
On ne le r�p�tera jamais assez, la m�decine occidentale est technicienne. Les m�thodes th�rapeutiques utilis�es reposent toutes sur le principe op�ratoire de la technique. La science occidentale elle aussi est ax�e sur la technique exp�rimentale avec laquelle elle s’identifie presque. La cons�quence, c’est que la biologie moderne conna�t tr�s bien la vie en tant qu’assemblages d’�l�ments pouvant se pr�ter � la manipulation technique mais elle ignore presque tout de la logique (de l’onto-logique) du vivant. La m�decine soigne avec efficacit� en ignorant l’essence de la vie. La science produit des diagrammes m�caniques d’une complexit� inou�e, assemblages prot�iques, r�gulations, g�n�tique, �pig�n�tique, mais elle ne sait pas comment fonctionne le vivant. La vie est � la fois substance technique et substance cognitive. Si on applique � la vie une m�thode technique, on ne trouvera que de la substance technique. Mais alors, que faut-il faire pour trouver la substance cognitive�? Je dirais, en premi�re approximation, qu’il faut mobiliser une m�thode cognitive et je mettrais en avant la pens�e. Pour comprendre le vivant, il faut penser la vie. La science doit maintenant penser, en plus de manipuler. La pens�e lib�re, la pens�e rend libre, bien plus que la technique ou le travail.

Bri�vement, la substance technique a comme principe de fonctionnement la transmission d’une efficience � travers une interface pour une prise sur la cible. La substance cognitive fonctionne avec les r�seaux interactifs, ceux-ci �tant aussi compos�s d’agents techniques�; mais c’est l’assemblage et la structure des couplages qui permettent ces facult�s de calcul et de cognition. Un rappel pour cadrer cette nouvelle pens�e. Le processus cognitif s’inscrit dans un paradigme initi� par Varela, celui de l’autopo��se, autrement dit de la cl�ture op�rationnelle r�sultant de la r�cursivit� des connexions, th�orie inscrite dans un paradigme plus vaste, celui de l’auto-organisation. Un r�seau se pr�sente comme une structure hyper r�cursive. La th�se que je propose va bien plus loin que celle h�rit�e de Varela. Les r�seaux mol�culaires, g�n�tiques, biologiques, sont � la fois le r�sultat et le th��tre de r�alisation mettant en œuvre ce que j’appelle les substances techniques et cognitives. Avec un postulat fondamental, celui de l’irr�ductibilit� du cognitif au technique. De ce postulat on d�duira que la technique m�dicale, surtout si elle est chimique, ne permet qu’une efficience limit�e car elle n’agit que sur une cible. L’effet th�rapeutique n’en reste pas moins li� � une r�action favorable de l’organisme mettant en œuvre les r�seaux mol�culaires. La m�decine ne traite pas un ensemble de m�canismes mol�culaires constitu�s en r�seau�; elle agit sur des cibles individualis�es. Les processus cognitifs de la cellule �chappent pour l’essentiel � toute op�ration technique car ils sont le r�sultat d’une synergie interactive propre aux assemblages mol�culaires. Et du reste, ces assemblages semblent suffisamment consistants et imbriqu�s pour ne pas se laisser ��infiltrer�� par des �l�ments exog�nes, lesquels agissent comme on le sait, en surface.

La logique du vivant appara�t comme une forteresse complexe mais plastique, ouverte au milieu car vou�e � l’�change mat�riel et � la perception permettant la connaissance de ce milieu�: le vivant est donc fragile autant que solide. Tout exc�s dans l’�change, toute perturbation dans le dispositif perceptif, est susceptible de cr�er les conditions d’un d�s�quilibre, d’une crise si l’on veut, � l’�chelle des cellules ou de l’organisme dans son ensemble. Ces perturbations sont � l’origine de la maladie. Un organisme malade est un organisme en situation de d�s�quilibre, de crise. Ce constat n’a rien de nouveau, il assume un h�ritage qui en France, nous conduit de Claude Bernard � Canguilhem. La gu�rison se con�oit alors comme un retour � l’�quilibre. Ce qui est nouveau dans l’id�e de la conception cogniticienne du vivant, c’est l’implication, dans le chemin vers ��l’�quilibre��, de processus con�us comme cognitifs ou bien calculatoires. Les cellules sont capables d’effectuer des calculs sur l’�tat syst�mique. Et par voie de cons�quence, d’orienter la ��logistique mol�culaire�� de retour � l’�quilibre. Gu�rir repose ainsi sur un ��savoir-gu�rir�� inh�rent aux �l�ments cellulaires coop�rant dans les tissus et organes. En parlant comme Aristote, le retour � l’�quilibre repose sur des causes finales. Et cette finalit� suppose un ensemble de processus cognitifs et de calculs, comme si la cellule produisait sa ��feuille de route��. Tandis que le volet technique rel�verait plut�t des causes efficientes.

Parmi les pathologies les plus courantes, quelques-unes sont li�es � des exc�s, alimentaires notamment. Le fait que le corps soit secou� et que l’organisme soit soumis au stress, explique certaines pathologies. D’autres semblent plus ��sournoises�� et peut-�tre pourrait-on �voquer des pathologies produites par des cellules ayant perdu leur feuille de route. Autrement dit, des pathologies li�es � une perturbation des flux d’information, des m�canismes perceptifs et des processus de calcul. Des maladies comme Alzheimer, Parkinson et surtout le cancer peuvent se concevoir comme associ�es � une perte des ��feuilles de route cellulaires�� faisant que les cellules n’exercent plus leurs activit�s conform�ment aux finalit�s qu’elles se sont dot�es. Il en r�sulte une d�g�n�rescence, voire une activit� intempestive et anarchique comme dans la croissance tumorale. Et c’est le point de d�part d’une hypoth�se. Si le cancer est li� � une perte du contr�le cognitif des cellules, pourrait-on inverser le processus ou � d�faut, le pr�venir�? Cette question se pose �galement pour d’autres pathologies d’origine ��cogniticienne��. J’emploie les guillemets � dessein pour pr�ciser que ce syst�me de pens�e se refuse � dichotomiser le vivant et ses dysfonctionnements. Il y a du cognitif cellulaire dans le technique cellulaire et r�ciproquement. Le principe du vivant, percevoir, agir, percevoir, r�agir, concevoir, agir.

En gros, on distingue deux sph�res imbriqu�es mais diff�rentes, un peu comme l’�lectronique embarqu�e dans un v�hicule. La sph�re m�canique, technique, cybern�tique, des interactions mol�culaires fonctionnelles p�riph�riques et la sph�re cognitive et perceptive li�e aux r�seaux de communication et de traitement des signaux (calculs, interpr�tations, situations, finalit�s). De ces principes d�coule l’hypoth�se de deux types de m�decine, la premi�re, m�canique, est tr�s bien connue depuis les progr�s de la science occidentale. Elle fonctionne comme on l’a d�j� expos� sur le principe de la technique. La seconde m�decine sera d�finie comme cogniticienne. Son principe �tant de jouer sur les capacit�s de l’organisme � trouver la voie de la gu�rison en mobilisant ses processus cognitifs, perception et conception. Et c’est l� que se dessine le mur �pist�mologique. On sait que ces processus existent mais on ne sait pas comment les ��voir��, les observer et surtout, les activer. On conna�t uniquement les innombrables d�tails fournis en d�composant les �l�ments et en les introduisant dans ces d�tecteurs technologiques que sont les s�quenceurs d’ADN, d’ARN et autres appareils d�voilant des structures, RMN, cristallographie, etc… L’hypoth�se c’est donc que le vivant fonctionne sur le principe d’une substance-machine technique et cognitive. Voici deux d�finitions pour clarifier ce principe�:�


Le concept et le t�los�: o� je vais, ce que je deviens et comment je fais

Le percept�: ce qui m’entoure, ce que je dois �viter ou ce dont je peux me servir

Le concept dans une cellule, c’est le point de vue de l’autonomie, de l’autod�termination, de l’auto-cognition. Le percept, c’est le point de vue de la relation et la d�pendance au milieu, de l’�laboration des signaux sp�cifiant la connaissance du milieu. Le concept et le percept sont en relation dialectique. Le concept s’exprime et envoie des signaux vers l’environnement et celui-ci fait de m�me dans le sens inverse si bien que le concept se d�termine en relation avec le percept. Ce sch�ma se v�rifie par exemple avec les �tudes men�es sur le d�veloppement de l’organisme. Ainsi, une �quipe dirig�e par Michael Levin � l’universit� Tufts a mis en �vidence l’influence de courants �lectriques sur la d�termination que prennent les cellules embryonnaires. Il a pu ainsi faire produire des cellules oculaires sur la membrane intestinale de la grenouille (Pai et al, Transmembrane voltage potential controls embryonic eye patterning in Xenopus laevis. Development, 07/12/2011) Le ��syst�me g�n�tique concevant�� r�agit en coordination avec un ��dispositif ph�notypique perceptif��. Si on adopte ce type de paradigme, on peut imaginer le g�nome comme le lieu o� sont stock�es une masse consid�rable de donn�es formelles pouvant �tre activ�es dans un organisme, chaque cellule se d�terminant selon un calcul formel effectu� sur les �l�ments conceptuels et perceptifs.

C’est donc � l’int�rieur de ce paradigme que se dessine la possibilit� d’une m�decine cogniticienne dont on con�oit peu � peu le principe, celui de jouer sur le ��patrimoine conceptuel�� du g�nome ainsi que de l’�pig�nome � des fins de restauration de l’int�grit� fonctionnelle de l’organisme. Comment alors penser et concevoir cette possibilit�? En usant d’une m�taphore, par exemple, un logiciel d’exploitation qui se r�pare en acc�dant au programme originel. Cette m�taphore est formellement �clairante mais elle s’av�re trompeuse pour ce qui est des ressorts de la r�paration. C’est l� tout le pi�ge des analogies formelles. Un organisme naturel peut acc�der � sa m�moire pour restaurer son �quilibre et d’ailleurs il le fait en permanence. Par contre, ce processus a peu de chance d’�tre une sorte de m�ta-programme mobilisable apr�s une instruction d�termin�e. L’organisme poss�de un ensemble complexe de m�canismes conduisant vers l’�quilibre mais pour les rendre op�rationnel, il n’existe pas de solution technique. Seule la th�rapie cogniticienne peut exercer une efficace sans qu’on sache comment la mettre en œuvre, except� les m�thodes connues depuis l’Antiquit� et reposant sur la sagesse. Soyons n�anmoins prudents car ces m�thodes, m�me r�actualis�es, visent plus � �viter la maladie en adoptant une ��vie vertueuse�� qu’� gu�rir un corps malmen� ou us� par l’existence.�



La th�rapie cogniticienne appartient pour l’instant � l’univers des sagesses antiques. Ce qui ne surprend gu�re car ces sagesses reposaient sur la pens�e, l’Intellect, l’Esprit. Autrement dit sur le niveau le plus �lev� manifest� par la substance cognitive.�La th�rapie technicienne fut aussi pratiqu�e dans l’Antiquit�, de la Gr�ce � la Chine et sans doute en Am�rique. Mais c’est en Europe que les m�thodes scientifiques, techniques et m�caniques ont pris un essor si bien que les r�sultats en ces domaines peuvent �tre qualifi�s de colossaux. Les gens instruits et les scientifiques se sont enivr�s de tant de succ�s et d’efficacit� au point d’en oublier les connaissances antiques et les gnoses philosophiques fond�es sur la ��substance cognitive��. L’Europe a �t� l’�picentre d’un changement de civilisation. On peut parler d’un tournant technique, m�caniste ou scientiste ou enfin technologique. Ce virage fondamental et m�rite quelques pr�cisions que le lecteur pourra contourner pour aller vers la conclusion sur la m�decine cogniticienne. Ce tournant s’est d�roul� en plusieurs phases. Descartes est bien �videmment une des figures centrales de ce changement de civilisation consistant � avoir l’emprise et la ma�tre du faire sur les choses et les hommes, avec la mise � disposition des savoirs-faires. La science n’a pas �t� le moteur de ce changement mais son instrument principal. Le 17e si�cle est axial. Deux volets, ma�trise des hommes, emprise sur les choses. Le premier volet a fait l’objet des belles analyses men�es par Leo Strauss qui clairement, expliqua la prise de distance de la philosophie politique moderne (Machiavel, Hobbes puis Rousseau) avec celle, qualifi�e de classique, pens�e par Platon et surtout Aristote. Aux m�mes �poques, l’alchimie de la Renaissance fut supplant�e par la science m�canique des Galil�e et Newton. Et en m�decine, deux figures embl�matiques symbolisent la transition m�caniste, Paracelse l’alchimiste et Harvey qui incarne l’esprit scientifique d’un 17eme si�cle qui ne savait pas encore o� m�neraient toutes ces d�couvertes. Qu’on ne se m�prenne pas. L’alchimie de la Renaissance n’avait rien de la sagesse antique. Elle �tait utilis�e � des fins d’emprise, voire de pouvoir (comme l’astrologie du reste). Paracelse �tait un esprit vif, en effervescence, agit�, voire m�me violent (Le volontarisme techniciste est souvent associ� � la violence). Du 16e au 18�me si�cle, l’Europe a �t� marqu� par ce d�sir d’agir, de ma�triser, l’organiser les hommes et les choses. Spinoza avait parfaitement capt� cette force vive qu’�tait le conatus, celle �nergie qui pousse en avant les œuvres humaines. L’Europe, apr�s s’�tre enrichie de la m�taphysique antique, celle d’Aristote et de Platon, s’appr�tait donc � liquider progressivement cet h�ritage au profit d’une pens�e de l’ext�riorit�, de l’objectivit�, de la m�canicit�, de la mesure et du calcul. Le scientifique op�re m�caniquement sur la nature et celle-ci lui r�pond en se soumettant � l’emprise technique et calculatrice. Progressivement, la nature est devenue un objet �pist�mologique m�canis� confondu avec l’objet ontologique. Leibniz occupe une place embl�matique car il s’effor�a de freiner cette ��d�sontologisation�� de la nature en tentant de pr�server la substance aristot�licienne et le finalisme avec ses ent�l�chies.

Peut-on penser que les sagesses anciennes sont d�finitivement inscrites comme �l�ments mus�ifi�s ayant marqu� une �poque ou bien vou�es � ��reprendre du service�� en se pla�ant comme interpr�tation m�taphysique d’un monde dont la science livre elle aussi une lecture m�taphysique compl�mentaire, fournissant des d�tails formels consistants vis-�-vis des doctrines anciennes�? Cette �ventualit� fut d�j� explor�e par Fritjof Capra, auteur de la fameuse th�se sur le Tao de la physique. Je surench�ris en sugg�rant que la physique quantique et peut-�tre la cosmologie relativiste ont rendez-vous avec Ath�nes et J�rusalem. Cette formule inscrit la science contemporaine dans l’�laboration d’une nouvelle gnose. Qui incorporera tout particuli�rement les sciences biologiques et la syst�mique des r�seaux cognitifs. On pourra alors envisager une seconde gnose contemporaine, apr�s celle des ann�es 1960, qui fut baptis�e gnose de Princeton par Ruyer. En fait, le doublet m�decine technicienne et cogniticienne, lui-m�me adoss� au doublet substance technique et cognitive, rejoint sur bien des points un autre doublet explicit� par Herv� Barreau, celui des explications physique et m�ta-physique du monde�:

��En guise de conclusion, nous dirons que les deux styles d’explication, distingu�s par Dyson,�ont chacun leurs avantages propres. Le style non-t�l�ologique, qui est celui de la science, permet d’acqu�rir des connaissances pr�cises, mais il d�pend toujours de suppositions ant�rieures et n’�claire pas�la raison d’�tre de telles pr�suppositions. Kant le caract�risait par le ��jugement d�terminant��. Le style t�l�ologique, qui est celui de la m�taphysique, fournit une explication qui �claire la raison d’�tre de l’ordre observ� dans l’Univers, mais il ne peut accro�tre nos connaissances que lorsqu’il est compos� avec le style non-t�l�ologique. Kant le caract�risait par le ��jugement r�fl�chissant��. Pour Kant ce type de jugement pouvait avoir une valeur m�thodologique - et c’est ce que montre maintenant la forme faible du principe anthropique - mais il n’avait pas de valeur objective. Or c’est l� qu’il est possible de se s�parer de Kant. Il est possible et m�me n�cessaire, si l’on accepte la l�gitimit� des questions ontologiques, d’ajouter � l’objectivit� scientifique, qui r�clame une v�rification au plan ph�nom�nal, une objectivit� m�taphysique, qui concerne les raisons de l’existence m�me de tout ce que nous observons dans l’Univers. Depuis toujours la m�taphysique s’efforce de r�pondre � la question de l’�tre, et Leibniz, pour sa part,�l’avait formul�e en ces termes�: ��Pourquoi y a-t-il quelque chose plut�t que rien�?��. L’objectivit� m�taphysique est d’ordre ontologique et, contrairement � la science, elle cherche la raison de l’existence des �tres dans une finalit� objective. Il faut reconna�tre qu’� cette objectivit� m�taphysique manque la contrainte exp�rimentale, mais non l’�vidence de certains faits eux-m�mes m�taphysiques, auxquels la science elle-m�me doit faire droit en se diversifiant selon les domaines d’�tre qu’elle �tudie � sa fa�on. A cette cat�gorie de faits m�taphysiques appartiennent, selon ce que nous avons essay� de montrer, l’�mergence de la vie et l’�mergence de la pens�e.�� (H. Barreau, Colloque ISST-ENS-Ulm)

Le constat trac� par Barreau est �clairant. Deux points essentiels, la place du t�l�ologique dans l’explication m�ta-physique des choses et cette question qui depuis deux si�cles, semble inhiber les qu�tes m�taphysiques, l’�preuve des faits, le test exp�rimental. Du coup, nombre de philosophes des sciences se replient derri�re la ligne m�thodologique kantienne ou tentent la voie de la philosophie analytique qui a l’avantage de la ��prudence empirique�� au risque d’aboutir � une m�taphysique de l’ind�cision faute d’avoir os� une m�taphysique du ��survol�� en craignant de rester plant� dans l’apesanteur de l’id�alisme (vaste d�bat qui ne peut ici �tre d�velopp�). D’o� la question qui se pose ici�: comment mettre en œuvre et/ou donner des preuves de l’efficace de la m�decine cogniticienne�?

La r�ponse ne peut qu’�tre indirecte. La m�decine cogniticienne repose sur une gnose scientifique contemporaine associant l’ontologie des deux substances vivantes et la t�l�ologie. Ensuite, chacun pourra chercher la th�rapie qui lui semble la plus prometteuse ou m�me carr�ment croire en ses capacit�s � recouvrer la sant� et � compter sur la t�l�ologie du vivant qui permet � l’organisme de trouver la voie de son �quilibre. S’il s’av�re que tout est cognition, alors le sujet attentif peut apprendre � conna�tre son �tat physiologique, ses faiblesses, ses fluctuations �nerg�tiques et m�me pr�voir avec l’intuition une possible �volution vers une r�solution des dysfonctionnements passagers entravant son quotidien. Evidemment, cette approche repose sur la sensibilit� cognitive, sur la patience, sur la confiance et le d�sir d’autonomie. Ce qui contraste avec l’esprit contemporain voulant que tout d�faut, tout dysfonctionnement doive �tre corrig� le plus rapidement possible. Ce qui produit une surconsommation de consultations m�dicales pour des maux qui avec le temps et la patience, pourraient �tre r�solus. Tout savoir s’accompagne d’un savoir-faire. La dualit� entre les sciences m�dicales techniciennes et les ��gnoses m�dicales�� cogniticiennes induit logiquement deux pratiques dans le domaines de la sant�. Peut-�tre �tablira-t-on un jour que l’hypertrophie des savoirs techno-scientifiques a engendr� un exc�s dans l’usage des techniques de sant�. Alors que le sous-d�veloppement des savoirs t�l�ologiques, m�taphysiques, n’incite pas la soci�t� � proposer des alternatives au ��tout technique��. Le d�veloppement de la gnose scientifique est donc un v�ritable enjeu pour le 21�me si�cle. Le champ m�taphysique est ouvert. Et la cl� sera plus dans la t�l�ologie que l’ontologie. La science du ��r�el qui trouve sa voie vers l’�tre (avec)�� plut�t que la science ��du r�el qui est��.

En une formule, si l’enjeu du 20�me si�cle a �t�, selon les dires de Ellul, la technique et sa compr�hension, alors, l’enjeu du 21�me si�cle pourrait bien �tre la gnose scientifique comme chemin et alternative pour s’affranchir de la technique, voire l’affronter. La gnose affranchit.

Autre possibilit� � envisager, celle d’une m�decine cogniticienne bas�e sur un dispositif externe au patient. Un paradoxe surgit, celui d’une action effectu�e par une machine op�ratoire pour un effet non technicien. En fait, cette �ventualit� repose sur un savoir qui pour l’instant n’existe pas, bien qu’il ait �t� envisag� par quelques figures mal connues de la science du 20�me si�cle. On pensera aux effets des champs magn�tiques et/ou �lectromagn�tiques. Juste pour m�moire, quelques noms de scientifiques que l’histoire placera, peut-�tre, comme les pr�curseurs de la gnose du 21�me si�cle, Lakhovsky, Pinel, Kervran, auxquels on pourra ajouter le sulfureux Prior� et sa machine � soigner le cancer. Que viennent faire les champs physiques dans la m�decine cogniticienne�? Eh bien ils se caract�risent par une action qui n’est pas technique au sens strict. Ils n’agissent pas sur une cible par la m�diation d’une interface dot�e d’une forme. Ils exercent leur influence globalement, en modifiant le contexte ���nerg�tique�� du patient. La balle est maintenant dans le camp de la science, de la th�orisation, de l’exp�rimentation. Je rappelle les r�centes d�couvertes de Levin sur l’influence du champ �lectrique dans le d�veloppement embryonnaire de la grenouille (voir plus haut). Imaginer une th�rapie �lectrique ou magn�tique est donc ais� mais la concevoir et la r�aliser est d’une toute autre difficult�. Il faut des savants et des moyens (En l’�tat actuel des connaissances, les chances de r�ussite sont limit�es. La probabilit� de gaspiller des moyens modestes est �lev�e. La probabilit� de r�ussir est faible mais si c’est le cas, alors ce sera une perte colossale de profits pour l’industrie m�dicale technicienne).
Pour conclure, une note eschatologique. Il y avait une Am�rique � d�couvrir, Christophe Colomb l’a trouv�e. Si la th�rapie cogniticienne est possible, alors elle sera d�couverte car tel est le destin de l’humanit�. C’est donc la transposition du principe de Gabor�: tout ce qui accessible � la connaissance et � l’exp�rience sera trouv�, invent� ou cr��. La t�l�ologie est universelle, dans la Nature et en l’homme.
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�Ce texte est le r�sultat d’un travail de recherche qui aurait sa place dans une revue sp�cialis�e. Il peut �tre reproduit dans son int�gralit� en citant la source et l’auteur

Voir en ligne : Sur Agoravox

P.-S.

�Ce texte est le r�sultat d’un travail de recherche qui aurait sa place dans une revue sp�cialis�e. Il peut �tre reproduit dans son int�gralit� en citant la source et l’auteur

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