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H�donisme f�minin et sexualit� animale
Bio-anthropologie de l’h�donisme f�minin�: le passage de la polyandrie � la polyandrogynie universelle comme conformit� aux lois de la vie.
dimanche 12 juin 2011, par
Pierre Bamony explore depuis plus de 20 ans les dessous de nos soci�t�s et, s’appuyant sur une m�thode comparatiste, il d�voile les contradictions inh�rentes � ces ensembles complexes. La sexualit�, selon lui, demeure pr�te � livrer de nombreux secrets, notamment si l’on s’inspire des �thologues.
Introduction
La polyandrie est, en g�n�ral, suppos�e rare. Cette hypoth�se semble fond�e eu �gard aux formes matrimoniales les plus r�pandues comme la monogamie, la polygamie, la polygynie simultan�e, effective ou s�rielle. M�me quand on rencontre des formes de cette esp�ce d’union chez des populations humaines, on n’h�site pas � la qualifier de fausse polyandrie, pr�f�rant r�server la v�ritable figure - cette distinction nous para�t arbitraire par rapport aux actrices elles-m�mes de cette forme de vie matrimoniale — � quelques peuples comme les Bahima de l’Afrique orientale, certaines communaut�s d’Esquimaux, les Toda de l’Inde�; voire quelques populations du Tibet.
Au fond et au-del� de l’union matrimoniale, lorsqu’il s’agit des pratiques sexuelles de la femme, soit on a tendance � m�conna�tre le fait qu’il existe dans le monde des soci�t�s o� la libert� sexuelle de la femme est tout autant large que celle du masculin�; soit on �prouve de la g�ne, de la pudeur m�me � examiner ce fait humain en oubliant qu’on met en avant les inhibitions morales g�n�ralis�es. On assiste �galement � une telle attitude par rapport � l’homosexualit� comme si la recherche du plaisir des individus humains doit se limiter � la seule reproduction de l’esp�ce par l’union h�t�rosexuelle.
Si la polyandrie est consid�r�e comme le pendant de la polygamie, et si l’on veut renoncer aux pr�jug�s culturels surann�s du masculin � l’�gard de la femme en t�chant de traiter de fa�on �gale les deux genres d’�tres humains, les raisons qui expliquent l’existence de la seconde pourraient �tre, suivant des figures diff�rentes, semblables � celles qui rendent compte de la premi�re. Si l’on s’en tient � la d�finition stricto sensu de ces termes, ils sont assimilables. En effet, des biologistes comme Jared Diamond consid�rent que la polyandrie peut s’entendre comme l’union simultan�e, souvent durable d’une femme et de plusieurs hommes. Il en est de m�me du terme polygamie qui, selon le Robert, est employ� pour qualifier un homme qui a plusieurs femmes. Sans lui �tre totalement identifi�e, la polygamie (poligamos — qui a plusieurs femmes) est, n�anmoins, diff�rent du premier en ce que le terme grec gamos signifie ��union�� et aussi ��mariage��[i].
En effet, dans la pratique de certaines soci�t�s, entre autres, chez beaucoup de peuples de l’Afrique de l’Ouest, le polygame �pouse une premi�re femme qui est l’unique �pouse acquise suivant les proc�d�s matrimoniaux en vigueur chez ces populations. Mais, les occurrences de la vie peuvent l’amener ult�rieurement � prendre d’autres femmes qui ne b�n�ficient pas du m�me statut que la premi�re �pouse. En revanche, le polygyne, tout comme la polyandre, est un individu qui vit en union libre avec deux ou plusieurs partenaires sexuel(le)s simultan�(e)s.
Quant aux formes de la polyandrie, qui est l’objet de l’analyse pr�sente, elles peuvent varier et �voluer jusqu’� la polyandrogynie qui peut �tre d�finie comme la multiplicit� des partenaires et la discontinuit� des relations sexuelles. Or, dans toute union permanente, discontinue ou �ph�m�re, il y a la recherche effr�n�e du plaisir sexuel comme accomplissement biologique. C’est ce qui, dans la polyandrie ou dans la polyandrogynie conduit � des accouplements r�p�t�s, � des liaisons sexuelles fr�quentes en vue non seulement d’assurer la reproduction des esp�ces mais essentiellement du plaisir que celles-ci procurent dans l’effectuation de cet acte. Cette recherche du plaisir sexuel chez le vivant en g�n�ral, et chez l’esp�ce humaine en particulier, plaisir qui est source d’ach�vement et de s�r�nit� biochimique dans l’organisme, nous a conduit � cette hypoth�se�: suivant le mod�le socioculturel des Na de Chine, la libert� sexuelle de la femme serait le commencement du progr�s de l’esp�ce humaine.
Pour v�rifier cette hypoth�se, nous nous attacherons � montrer l’existence du polypartenariat sexuel dans la nature. Puis, nous verrons que la polyandrie, sous ses diverses figures, est un fait humain permanent. Enfin, avant d’analyser le mod�le social des Na de Chine, nous �tudierons quelques cas de polyandrie dans la France contemporaine.
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Conclusion
En d�finitive, l’organisation de la vie sexuelle des Na de Chine, qui se fonde sur l’absolue libert� des individus � faire usage de leur corps selon leur seule volont�, des motifs sentimentaux, des d�sirs m�me purement instinctuels, hormonaux, arbitraires et souverains, pr�sente l’image d’une humanit� accomplie selon la nature. Car le mariage n’est qu’une pure convention, un ph�nom�ne culturel tardif dans la longue histoire de l’Humanit�. Par elle, le masculin impose au f�minin le monopole sur son activit� sexuelle afin de s’assurer la l�galit� de la paternit� des enfants. Au fond, par-del� ce d�sir animal, le mariage est une association entre deux individus de sexe oppos� qui �tablit un fonds commun de biens au b�n�fice de leur prog�niture. Il voudrait fonder ainsi un lieu d’affinit� des membres de la pater familias socialement significatif.
Mais, le mariage comme double relation sexuelle et �conomique n’aboutit pas forc�ment au bonheur des conjoints. La lassitude est g�n�ratrice d’infid�lit� et la cohabitation permanente est source de conflits de toutes sortes au quotidien. Dans cette institution qui charge le f�minin de responsabilit�s plus que de raison et qui nuit grandement � son bonheur, � son d�sir effr�n� de varier et de multiplier ses sources de plaisir sexuel, le masculin a le beau r�le�: la soci�t� lui reconna�t la possibilit� implicite de l’infid�lit�. D�s lors, � quoi sert le mariage s’il ne peut rien garantir quant � la r�alisation des promesses dont il est cens� �tre porteur�? D’autant plus que de nos jours, des scientifiques comme Jared Diamond, d�montrent que les parents, hors mariage, sont de plus en plus nombreux. C’est du moins ce qu’il �crit�: ��Aux �tats-unis, il y a plus de parents seuls que de parents qui �l�vent leurs enfants � deux, et la majorit� des parents seuls sont des femmes.
Parmi les hommes qui restent mari�s, nous en connaissons tous qui prennent mieux soin d’eux-m�mes que de leurs femmes et de leurs enfants, et qui dissipent une quantit� d�mesur�e de temps, d’argent et d’�nergie en aventures extraconjugales et en signes ext�rieurs de richesse et de civilit�: voiture, sport, consommation d’alcool […] La contribution masculine � l’entretien du foyer et aux soins des enfants est encore plus faible que dans quelques autres pays industrialis�s comme l’Australie, le Japon, la Cor�e, l’Allemagne, la Pologne et la France …�� [1999�: 122-123]. En fait, l’homme ne sert absolument � rien si ce n’est � nuire au bonheur de la femme et � causer des troubles dans la soci�t�[i].
Pierre Bamony, f�vrier 2005 - premi�re parution sur Hommes et faits�: f�vrier 2006
Messages
1. H�donisme f�minin et sexualit� animale , 19 f�vrier 2006, 09:48, par Yvette Reynaud—Kherlakian
Il est r�jouissant, pour la vieille dame que je suis, de lire, sous la plume d’un homme, que dans la soci�t� d’aujourd’hui ��l’homme ne sert absolumant � rien��.
Par contre, se r�clamer de la nature pour appeler � la polyandrogynie universelle me laisse dubitative�:
1)Si, dans la nature, c’est sans doute le polypartenariat sexuel qui l’emporte, on y trouve pourtant des comportements sexuels assez divers (dont la fid�lit� � vie chez certains oiseaux) pour que l’on ne puisse pas, sans gauchissement intellectuel, �riger en mod�le tel type de comportement plut�t qu’un autre. On peut dire de la nature ce que Val�ry disait de l’histoire�: qu’elle donne des exemples de tout, qu’elle justifie tout. Il n’est que de voir comment les moralistes sacralisent ou diabolisent la nature suivant les besoins de la cause.
2)Philosophiquement parlant, nous n’avons pas � fonder les conduites humaines, individuelles ou sociales, sur la nature mais � les orienter selon une exigence d’humanisation qui int�gre et transcende les donn�es biologiques.
3)tout projet de tranformation des moeurs doit s’adapter aux exigences minimales de survie proprement humaine des individus et du groupe. Je pense en particulier � la n�cessit� d’assurer aux enfants la s�curit� affective, et assez de propositions culturelles pour leur permettre des choix...
Ceci dit, la polyandrogynie, pourquoi pas�? pourvu que le app�tits de chacun se r�gulent humainement, selon Eros et Agap�.
Si h�t�roclites qu’elles soient, ces remarques t�moignent de l’int�r�t de ce texte. Merci � l’auteur�!