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Baal ou le dieu cannibale

vendredi 10 juin 2011, par Bamony (Pierre)

Notre tranche de civilisation pr�tend s’�tre affranchie de toutes forme d’ali�nation aux mythes. Mais si l’on relit les mythes antiques, on ne peut manquer d’�tre frapp� par d’�tranges similitudes. P. Bamony nous livre ici une relecture du mythe de Ba�l, le redoutable dieu cannibale.

Dans le fracas des �v�nements de notre monde contemporain, l’urgence des faits inessentiels si complaisamment trait�s par les m�dias qu’ils ali�nent, � notre insu, notre esprit critique, nous n’avons plus la n�cessaire disponibilit� de nous mettre en retrait pour comprendre la nature effective des choses. Nous sommes tellement pris au quotidien, dans le maelstr�m de diverses informations en provenance de tous lieux de notre commune terre, dite mondialis�e, que nous tombons ais�ment dans les fers de la pr�gnance de l’�v�nement, la force de ce qui se passe ici maintenant, et qui se donne � entendre comme d�voilement des ph�nom�nes. Or, il n’en est rien�: au lieu d’�clairer les esprits pour les rendre plus vigilants, cette masse informe de notre monde pr�sent g�n�re l’ignorance crasse. Celle-ci se distille insidieusement, subrepticement dans les esprits en raison des savoirs � peu pr�s qui est son essence m�me, car elle n’instruit pas, elle embrouille.
Ainsi, l’embrouillamini des faits quotidiens annihile la prise de distance n�cessaire pour r�fl�chir et t�cher de comprendre comment notre monde est tel qu’il est aujourd’hui�; en l’occurrence, un monde tragique pour la vie des peuples, seule et permanente r�alit� humaine, et pour les risques que les �lites politiques contemporaines des pays d�mocratiques ou non font courir � notre devenir commun. En ce sens, il importe de savoir d�crypter le mensonge des politiques, comprendre le sens de leurs actions pr�sentes par un recours au pass� r�current pour analyser la nature des faits qui expliquent ceux d’aujourd’hui. C’est ce que je tente de mettre en exergue dans cette tribune libre � propos des agissements dans le monde de la plus grande puissance plan�taire, en l’occurrence, les �tats-Unis, en accord avec la soi-disant communaut� internationale, laquelle n’est telle que par le simple vocable.
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I — La puissance des �tats-Unis ou l’avatar contemporain du dieu Baal
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Dans le riche imaginaire des peuples de l’Extr�me et du Moyen-Orient, inventeurs d’un panth�on riche de divinit�s uniques et multiples � la fois, on peut retenir la figure singuli�re du dieu Baal, symbole appropri� de l’objet de mon analyse. Baal �tait l’un des dieux les plus grands et les plus puissants- � l’instar du Yahv� des H�breux- des Ph�niciens dont on trouve des avatars dans l’ensemble des pays du pourtour m�diterran�en dont Isra�l (anciennement pays de Canaan), la Syrie, voire Carthage. Il �tait consid�r� par l’une des traditions religieuses/th�ologiques s�mites, entre autres, celle des Ph�niciens, comme un dieu jeune, fougueux. La victoire lui appartenait et son intervention h�tive dans les affaires du monde pour imposer une sorte d’ordre assurant la s�curit� de la vie des hommes, �tait reconnue de tous les peuples qui le v�n�raient ou l’adoraient comme le dieu supr�me et unique. D’ailleurs, son nom signifie ��Seigneur�� ou ��Ma�tre��. Et, contrairement au dieu national d’Isra�l, Yahv�, Baal �tait un dieu international tout-puissant. Il �tait aussi le dieu de l’Orage, comme l’�crivent les auteurs des Religions du Proche-Orient – babyloniens-Ougaritiques-hittites.[1] ��En tant que dieu de l’Orage et de la Pluie, il manie la foudre, et brandit la massue, il est un dieu guerrier, pr�t � frapper ses ennemis.��. Baal �tait le ��Tr�s Puissant�� (aliyn) et le dieu unique de cette r�gion de la M�diterran�e�; au m�me titre que le Yahv� national d’Isra�l[2], d’apr�s les auteurs de cet ouvrage. Consid�r� comme dieu agraire, celui qui rendait la vie possible sur terre, qui nourrissait le monde, Baal �tait per�u comme le ��dispensateur de la pluie vivifiante, seigneur des eaux, sources de la terre nourrici�re, du renouveau de la nature…�� (p. 368). Mieux, il avait la figure d’un dieu p�re comme le dieu national d’Isra�l, Yahv�, voire le dieu bienveillant et proche des hommes.
Nonobstant, � l’instar de tous les dieux que l’humanit� a pu inventer, Baal avait une figure paradoxale. En effet, il �tait si proche des hommes qu’il ne manquait pas de causer de grands d�g�ts parmi eux. Du moins, la repr�sentation qui nous a �t� transmise du culte que ses adorateurs lui rendaient, �tait terrifiante. D’une part, les Ph�niciens sacrifiaient volontiers des enfants au dieu Baal. La prostitution dans ses temples �tait une pratique courante�; ce que les Isra�lites regardaient comme des cultes de cruaut� (sacrifices humains) et de d�bauche (prostitution). Baal �tait repr�sent� par une statue colossale en bronze � l’int�rieur de laquelle on avait construit un autel. En fait, il s’agissait d’un immense brasier qui servait de sanctuaire sacrificiel. En ce lieu, des m�res, pour se purifier de leurs p�ch�s, jetaient leurs nouveau-n�s. � Carthage, vers 310, on avait �rig� une immense statue de Baal sur la place centrale de la cit�, con�ue avec des bras articul�s et, dans ses mains, on d�posait les enfants de familles nobles ou non, emmaillot�s de v�tements noirs. Celui-ci les portait � sa gorge g�ante et les engloutissaient vivants dans ses entrailles infernales, devant la foule orante.
Au regard des c�r�monies cruelles d�di�es � ce dieu, on se demande s’il n’a pas connu des m�tamorphoses � travers le temps, en changeant de nom, mais non de nature, jusqu’� nos jours. Dans les temps contemporains, il pourrait avoir pris la figure de la toute-puissance des �tats-Unis, si l’on s’en tient � la mani�re dont cet �tat agit avec morgue, sans loi ni droit, � l’�gard des petits pays de notre commune terre. Or, sur ce point, j’avais d�j� remarqu� dans le premier tome de mon essai de g�opolitique[3] � quel point l’ex�cutif am�ricain se conduit dans le monde de mani�re insens�e, du fait de sa conduite arrogante vis-�-vis du reste du monde. Il me semble pertinent de revenir longuement sur une partie des analyses que j’y ai faites pour la coh�rence de mon analyse.


��B) Abus de pouvoir ou infantilit� manifeste[4] des �lites politiques masculines de par le monde
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Depuis les�attentats du 11 septembre 2001, George W. Bush, pour justifier l’intervention unilat�rale des �tats-Unis en Irak, a r�actualis�, � partir de�2002, le concept d’���tat voyou��. Celui-ci est synonyme d’�tat ��paria�� ou ��hors-la-loi��. Traduit de l’am�ricain ��Rogue State��, l’expression d’����tat voyou���renvoie au concept d’un��tat�qui ne respecte pas les lois internationales les plus essentielles, qui organise ou soutient des attentats, qui viole syst�matiquement les droits les plus �l�mentaires de l’�tre humain, voire les Droits internationaux sans tenir compte des protestations de la Communaut� internationale, m�me des mises en garde de l’ONU, cens�es s’appliquer � tous les �tats de la terre sans exception. Suivant le sens de ce concept, on serait tent� de dire que l’action unilat�rale des �tats-Unis en Irak le 20 mars 2003, ou m�me la mani�re dont l’�tat d’Isra�l se conduit �pisodiquement par rapport aux Palestiniens que ces deux �tats pourraient �galement �tre qualifi�s d’���tats voyous��. Une telle hypoth�se d�coule naturellement de l’analyse objective, humaniste et r�aliste que Shlomo Sand ou Uri Avnery font sur la nature des conflits entre leur pays (Isra�l) et la Palestine. On se demande, d’ailleurs, au sujet de ces deux �tats, en l’occurrence les �tats-Unis et Isra�l, quel est le sens de leur puissance militaire r�elle quand ils ne s’en prennent, jusqu’ici, qu’� des �tats plus faibles qu’eux en mati�re d’armement, ou � des petits �tats. On leur t�moignerait du respect, peut-�tre, pour autant que l’on ait quelque admiration pour l’esprit guerrier et sanguinaire[5], somme toute atavique et fort �loign� de la sublime humanit�; et on les admirerait m�me s’ils �taient parvenus � vaincre des �tats de puissance �quivalente � la leur.
C’est en ce sens que le discours des pays dits puissants � l’intention du monde entier n’est plus recevable aujourd’hui � la fois d’un point de vue du droit international et d’un point de vue moral. En effet, d’un point de vue du droit international, � moins de consid�rer que l’ONU (Organisation des Nations Unies) n’est nullement la garantie de l’�galit� des pays qui la composent, la position dominante de certains pays dans le monde et de leurs �tats satellites surprot�g�s, n’est pas admissible au regard de la raison. Tel est le cas des �tats-Unis, qui sont devenus aujourd’hui la surpuissance par excellence. Une telle position de force peut donner libre cours aux actions arbitraires de par le monde. Car aucune puissance humaine n’a, en soi-m�me, une quelconque raison susceptible de la maintenir dans le strict respect des lois et des droits internationaux. A ce sujet, d�s mes jeunes ann�es d’�tudiant en philosophie � la Sorbonne-Paris-IV, dans les ann�es 1977, conduisant d�j� des recherches sur le devenir de l’Humanit� sur notre commune terre, qui ont donn� lieu � un ouvrage[6], je m’�tais insurg� contre la th�se de Thomas Hobbes en me fondant sur l’exemple des �tats-Unis justement. En effet, selon ce philosophe anglais, L�viathan, devenu tout-puissant, � l’instar du Dieu des religions jud�o-christiano-islamiques, et n’ayant plus d’adversaires � craindre, ne pourrait plus d�sormais vouloir mal agir. Car c’est la guerre de tous contre tous dans la recherche des m�mes biens qui est source de la m�chancet� humaine. Les hommes, craignant la mort violente dans cette lutte impitoyable de l’�tat de nature, manifestent les uns � l’�gard des autres une agressivit� mortif�re continue. Tel ne peut �tre le cas du L�viathan�: celui-ci, par sa puissance intrins�que, est infiniment au-dessus de cette masse d’�tres humains aux int�r�ts divergents et, pire, qui n’a pas l’intelligence claire en soi-m�me de son bien commun. L�viathan le comprend mieux qu’elle. Car cela suppose que celui-ci a la certitude profonde que le fait de comprendre lib�re l’intelligence de toute passion susceptible d’incliner � quelque parti pris ou int�r�t particulier. L’on sait�: comprendre est une mani�re d’op�rer un changement en soi-m�me et d’envisager celui du monde, de son monde. Id�alement, et d’un point de vue utopique, une telle conception d’homme politique rationnel et juste est s�duisante, admirable si l’on oublie un instant que les membres de l’esp�ce humaine- qu’ils soient particuliers ou souverains- ont toujours �t� capables du pire. Ainsi, au regard de l’histoire de cette esp�ce infatu�e de sa pr�tendue sup�riorit�, je d�sesp�rais de l’�mergence des �tats-Unis comme mono-puissance sur terre.
D’une part, ceux-ci sont b�tis, au-del� des beaux principes de leur Constitution initiale, sur une essence institutionnelle inique, in�quitable, injuste, violente et discriminatoire. C’est pourquoi, je n’avais pas h�sit� � �crire de longues pages pour exprimer mon �tonnement face � l’admiration mondiale et courante du mod�le am�ricain�; sans doute, une telle admiration est le fait de l’ignorance de la majorit� des citoyens du monde quant aux r�alit�s profondes de ce pays�: ��le mod�le am�ricain, triomphant aujourd’hui sur toute la terre, exerce une fascination jamais �gal�e dans l’histoire de l’humanit�. Cette dynamique sans contr�le, figure d’un tyran qui, ayant le pouvoir supr�me, l’exerce de mani�re absolue, sournoisement oppressive, parce qu’il l’a rendu fou… Devenus d�sormais la seule surpuissance, notamment militaire, les �tats-Unis ont aussi confort� leur h�g�monie dans tous les domaines, donnant � contempler � toute la terre, l’image d’une puissance gagnante�� (p. 334).
D’autre part, l’histoire r�cente de notre monde d�montre manifestement que ce genre de L�viathan ne saurait �tre aucunement ni rationnel ni raisonnable, ni m�me humain quand il s’agit de montrer ses muscles, comme un enfant, pour prouver qu’il est r�ellement le plus fort et qu’il tient les r�nes du pouvoir mondial�; d’autant plus que la raison et l’intelligence d’un pays r�sident dans la qualit� spirituelle, intellectuelle et humaine de son magistrat. Or, � l’image des �tres humains, et en vertu du jeu de la d�mocratie, qui fait se succ�der la figure des magistrats � la t�te d’un pays, les �tats peuvent donc en conna�tre qui soient d’excellente qualit� humaine, mais aussi la pire engeance de l’esp�re humaine. Les citoyens peuvent aussi se laisser abuser par la d�magogie d’hommes politiques v�reux moralement, d�nu�s d’intelligence et de bon sens et psychologiquement d�s�quilibr�s- beaucoup d’entre ce genre d’individus sont marqu�s par la parano�a-, voire immatures�; mais qui parviennent, par le jeu des suffrages, � se hisser au sommet de l’�tat. Sous l’empire de tels magistrats ou chefs d’�tat, le pire est toujours � craindre pour tous quand il s’agit d’une surpuissance comme celle des �tats-Unis. C’est en ce sens, d’ailleurs, qu’aucun pays ne peut pr�tendre � un progr�s qualitatif, celui de l’esprit, de la majorit� de ses citoyens. Les peuples connaissent des mutations mat�rielles tout en �tant dans le m�me �tat d’esprit�; il s’agit d’une r�p�tition du m�me, c’est-�-dire de la m�me modalit� d’�tre mental dans le temps��.
Certes, lors des deux guerres mondiales (1914-1918 et 1939-1945), les �tats-Unis ont d� voler au secours de l’Europe bien emp�tr�e dans des conflits monstrueux qu’elle avait elle-m�me g�n�r�s. Cette intervention am�ricaine a eu des cons�quences majeures pour ce pays. D’une part, l’implication am�ricaine dans les guerres europ�ennes n’avait pas �t� effectu�e par gratuit� ou par humanisme ou grandeur d’�me. Bien au contraire, elle a permis aux �tats-Unis de pouvoir s’enrichir scandaleusement au d�triment de l’Europe en vidant les lingots d’or de ses coffres-forts. D’autre part, l’industrie de l’armement, dans un processus de tr�s forte production pendant cette p�riode, a permis aux �tats-Unis non seulement d’exp�rimenter de nouvelles armes, mais aussi aux ing�nieurs am�ricains d’en concevoir de plus sophistiqu�es et de plus performantes. Ce faisant, l’industrie de l’armement a propuls� les �tats-Unis au rang de premi�re puissance mondiale � la fois militaire et �conomique. C’est ce qui explique que, depuis 1960, les �tats-Unis ont pris l’habitude d’agir par-del� les discours trompeurs, fallacieux, justifiant leur conduite dans le monde, hors du droit international et des lois humaines. Tout se passe comme s’ils n’ont jamais eu d’adversaire de poids en face d’eux�; comme si les petites puissances (l’Europe, la Russie, aujourd’hui la Chine, l’Inde) tremblent devant eux au moindre toussotement et/ou frisson de cette puissance d�sormais ivre de sa force hors-normes. Cela s’explique par les raisons suivantes. D’une part, � l’instar du dieu ph�nicien Baal, les �tats-Unis d�montrent, eux aussi, une soif inextinguible de sang humain�; une manifestation de soi mortif�re r�manente de la terreur et des meurtres organis�s depuis le XVIIIe et le XIXe si�cle. L’histoire moderne et contemporaine nous a suffisamment enseign� comment le d�ploiement des colons anglais sur les terres am�rindiennes a �t� fatal pour les primo occupants de la terre am�ricaine. Point n’est besoin de les rappeler en d�tail. Ce fut un crime contre l’humanit� jusqu’ici impuni en raison de l’impuissance des Am�rindiens � demander r�paration de ces exterminations d’hommes innocents, qui se contentaient de d�fendre leurs territoires contre des envahisseurs. Parall�lement � cette conqu�te, il y a eu la barbarie innommable, jamais reconnue ni excus�e contre les populations noires, extraites de force de leurs territoires pour �tre vendues comme des marchandises sur les places publiques des territoires conquis par les populations d’origine europ�enne. Elles aussi n’arrivent pas � vendre leur douleur pour qu’elle soit reconnue par les hommes responsables de ces crimes. Comme elles ne disposent gu�re de lobbys puissants dans ce monde, en raison de leurs divisions, de leurs �go�smes, de leur d�faut de combativit�, d’agressivit� (celle-ci ne s’exerce que dans un sens�: les Noirs contre les Noirs), de leur ignorance de la solidarit�, elles ne sauraient avoir gain de cause sur notre commune terre. D�s lors, il est quasi normal que l’on continue de les pi�tiner, de les humilier de par le monde sans r�action d�fensive �minente.
D’autre part, cette soif de sang inscrite dans les structures �l�mentaires du mode d’�tre du monde �tats-unien, appara�t comme une constante d�sormais indestructible. Autrement, on ne comprendrait pas pourquoi les �tats-Unis soient toujours le seul pays qui obs�de le monde au point d’en rendre son atmosph�re �touffante, irrespirable. En effet, si l’on prend la peine de bien y r�fl�chir, on s’aper�oit que la terre tout enti�re est devenue comme le ��Far West�� contemporain de la puissance am�ricaine. Notre commune terre, dans le silence coupable des autres pr�tendues grandes puissances mondiales, s’est transform�e progressivement en un terrain de jeu de guerre pour les Am�ricains, en raison de leurs interventions intempestives et continues dans le monde. Une telle conduite arrogante, un tel d�ploiement de soi au d�triment des autres peuples, extension fond�e sur le m�pris, confirme la validit� du concept jaulinien de H�breu-Pharaon. Comme je l’ai analys� et pr�cis� il y a quelque ann�es d�j� dans mon To Eskhaton, c’est la dynamique mortif�re et aveugle qui conquiert le monde, � l’instar des cellules canc�reuses qui d�truisent insidieusement et de mani�re suicidaire l’organisme en l’acheminant vers sa mort. En substance, je faisais l’analyse suivante�: ��Le mod�le culturel am�ricain est, en son essence m�me, synonyme de mort programm�e du tout Autre. C’est ce qui fait dire � Jaulin que "Les U.S.A. ne sont pas l’avenir du vide, mais ils en sont bien le mod�le momentan�, leur r�le est de ce fait �norme"[7]. Nous nous permettrons de faire remarquer que non seulement ils sont, au fond, le mod�le momentan�, mais m�me, ils sont d�sormais la figure incontournable, dynamique ouverte sur un futur, le futur du monde, o� la mort se tient aux limites de son horizon comme les premiers rayons du cr�puscule annonciateurs de l’abime du soleil.
Ce paradigme culturel triomphant aujourd’hui est une inversion des choses, expression du pire en tout point. Si nous prenons, par exemple, l’essence de cette culture, nous voyons l’absence totale du sens ou de la culture de l’humain. Celui qui y a cours s’inscrit dans une logique n�antique manifest�e � travers la constitution d’un horizon, d’une sph�re de r�alit� investi seulement par ce qu’on pourrait appeler l’humainement ou l’ethniquement pur, le politiquement correct, le religieusement convenable. L’�tat politique actuel du pays, malgr� le progr�s de la culture intellectuelle, cache mal la puret� doctrinale telle que l’ont con�ue les P�res Fondateurs de cette "nation". C’est, du moins, ce qu’ils ont eux-m�mes reconnu, d’apr�s Michel Rez�, Ralf Bowen�: ��Le mythe de l’Am�rique en tant que "Terre promise" a une origine biblique. Les premiers immigrants de la Nouvelle Angleterre, des puritains (la plantation de Plymouth en 1620 et la colonie de la Baie du Massachusetts en 1630) se comparaient explicitement au peuple �lu de l’Ancien Testament et s’identifiaient aux H�breux de l’Exode qui, sous le commandement de Mo�se, fuirent l’�gypte pour la Palestine "la Terre de Canaan". L’absolutisme et les politiques antipuritaines des rois d’Angleterre (Charles 1 er et Jacques 1 er) ressemblaient volontiers au pharaon et au long voyage, aux �preuves et aux privations auxquels les colons avaient d� faire face, le parall�le �tait �vident avec les errances des H�breux � travers le d�sert du Sina�"[8]
D’ailleurs, l’id�ologie de ces P�res Fondateurs de l’Am�rique triomphante, aujourd’hui, s’inscrit dans le m�me cheminement qu’H�breu-Pharaon en son essence originaire et en son d�ploiement dans le temps. Ce d�ploiement manipulateur et mortif�re r�v�le que ce n’est pas Dieu qui est en cause -il ne peut prendre parti dans les affaires humaines tordues et complexes sans se nier lui-m�me comme Toute-puissance, Justice et Bont�-mais l’usage que les hommes font de l’id�e qu’ils en ont con�ue. Dieu, s’il existe vraiment, est toujours en retrait par rapport aux r�alit�s humaines.
Mais, l’id�e que l’on en a est une affaire qui marche bien et, � la longue, s’av�rera scabreuse et mortif�re pour la vie humaine. Ainsi, ces nouveaux H�breux qui se sentent ni�s par leur Pharaon vont, � leur tour, sous d’autres cieux occuper cette position pharaonique, puissance niante. En se d�ployant dans cette position, ils vont inventer des H�breux � nier, c’est-�-dire une entit� projet�e comme un ailleurs qui sert de courroie � la puissance d�ployante. De l’Est � l’Ouest du territoire des �tats-Unis, ce mouvement mortif�re a pris mat�riellement un doubl� visage�: d’une part, les Am�rindiens qui ont �t� ni�s c’est-�-dire pourchass�s, tu�s, spoli�s de leurs terres et des conditions de leur vie�; les Noirs qui ont servi d’instruments � l’�mergence, � la constitution de cette nouvelle puissance dangereuse. D’autre part, la recherche de l’or, pure fiction de l’esprit en tant que valeur extrins�que, c’est-�-dire invent�e, lequel m�tal est constitutif, d’abord, de la puissance d�ployante "thanatotique" dont l’horizon fut, en premier lieu, l’Oc�an Pacifique, et qui devient, ensuite, le vide de l’ailleurs vidant qui se poursuit toujours. De m�me la m�ga-richesse (l’amoncellement ou l’accumulation du Capital) est, elle aussi, une absurdit� pure, une superbe et scabreuse fiction.
Ainsi se trouve justifi� le concept jaulinien d’H�breu-�Pharaon en tout temps et en tout lieu d�s lors qu’il manifeste �videmment l’int�riorit� de la face cach�e du monde devenu, et en perp�tuelle mutation depuis mille ans. En d’autres termes, cette dynamique trouve un �cho dans la nature m�me de l’Homme. Il s’appelle l’amour du pouvoir quelles que soient les formes que celui-ci peut rev�tir�: pouvoir politique, intellectuel, administratif, pouvoir de l’argent�; voire les formes multiples de commandement�: presse, �dition, arm�e, petit ou grand chef etc. L’essence de tout pouvoir est d’�tre exclusive et totalitaire. Elle ne souffre pas l’alt�rit�. Le face � face lui est insupportable. N’est-ce pas la figure m�me de la conscience humaine qui ne peut supporter l’adversit� et qui se met constamment en position de force face aux autres, tant que le sujet existe, en dehors de toute morale religieuse d’amour ou �thique philosophique (philia personnelle) […]��
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II — Les interventions des �tats-Unis hors du droit international et des lois humaines
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En ce sens le d�ploiement des �tats-Unis dans le monde est essentiellement la manifestation douloureuse de l’Usure-Temporalit� ou H�breu-Pharaon. Telle est la volont� de puissance nihiliste de tous les chefs de l’ex�cutif am�ricain. Ils sont avides de sang humain qu’ils font couler sous divers cieux pour satisfaire leurs ambitions sp�cifiques. Deux motifs majeurs expliquent leurs agissements�: soit pour se faire r��lire, donc pour conserver le pouvoir�; soit pour t�cher de satisfaire la soif de vengeance de la majorit� des peuples am�ricains, peu �clair�e sur le respect de la dignit� des autres �tres humains, comme le recommande la religion jud�o-chr�tienne�: ��Aime ton prochain comme toi-m�me��. Les quelques exemples, ci-dessous, auxquels je me r�f�re suffisent � comprendre le sens de mes analyses. Ainsi, John Kennedy a engag� son pays dans la guerre du Vietnam, laquelle a eu pour effet de g�n�rer des souffrances ineffables pendant des d�cennies�; souffrances que les Vietnamiens ont eu en partage avec les soldats am�ricains que l’on contraignait d’aller faire la guerre contre leur gr�, comme autrefois, les enfants que l’on sacrifiait � la voracit� de Baal. Cette guerre a �t� poursuivie pendant des d�cennies par les successeurs, d�mocrates ou r�publicains de John Kennedy.
En 1981, Ronald Reagan est �lu Pr�sident des �tats-Unis. Aussit�t apr�s son investiture, il lance ce slogan�: ��America is back�� ou ��L’Am�rique est de retour�� comme si elle avait d�j� �t� absente de la sc�ne du monde, apr�s sa cuisante d�faite au Vietnam en 1975. Puisqu’il n’avait que la supr�matie de la puissance militaire am�ricaine en t�te, de 1980 � 1986, il favorise un accroissement spectaculaire des d�penses militaires. A titre d’exemple, en 1983, il cr�e l’I.D.S (Initiative de d�fense strat�gique ou ��guerre des �toiles��). Celle-ci avait pour but de prot�ger le territoire am�ricain par un bouclier spatial suppos� invuln�rable aux missiles balistiques du reste du monde (comme l’ex-Union sovi�tique), que l’ex�cutif am�ricain a tendance � consid�rer comme un ennemi potentiel. Dans la m�me ann�e, pour pi�ger toute la terre devenue le royaume des �tats-Unis, il fait installer des missiles am�ricains au Royaume-Uni et en Allemagne de l’Ouest afin de contrer le d�ploiement des missiles sovi�tiques en Europe de l’Est. Au cours de cette p�riode, Ronald Reagan fait renverser le r�gime prosovi�tique qui s’�tait install� dans l’Ile de la Grenade aux Antilles et fait armer la r�sistance afghane, encourage la Chine communiste au d�triment de l’U.R.S.S. On remarquera que les �tats-Unis s’en prennent, jusqu’ici (depuis 1960), � des petits pays, � des puissances mis�rables comme autrefois, on aimait livrer des enfants sans d�fense � la voracit� de Baal.
En ao�t 1990, Saddam Hussein envahit et annexe le Kowe�t, dit-on avec le consentement implicite des �tats-Unis, d�s lors que la C.I.A le savait parfaitement et n’avait rien fait pour l’en emp�cher. Or, le Kowe�t, en tant qu’�tat souverain, membre des Nations-Unies, ne saurait �tre impun�ment ray� de la carte par un autre �tat membre de cette organisation internationale. D�s lors, l’O.N.U se devait de r�agir contre cette violation manifeste des principes du droit international�; sauf quand il s’agit d’un �tat prot�g� par les �tats-Unis[9]. Avec l’accord de l’ONU, les �tats-Unis entreprirent une vaste op�ration pour lib�rer le Kowe�t. Georges Bush, alors chef de l’ex�cutif, veille hypocritement � ce que l’op�ration, appel�e ��Temp�te du d�sert��, soit enti�rement approuv�e par l’ONU dont le secr�taire g�n�ral de l’�poque �tait soumis � ses diktats. De cette mani�re, elle apparaissait comme une r�action de la soi-disant communaut� internationale � l’agression irakienne, laquelle Communaut� se r�sume toujours aux m�mes puissances occidentales, � cause de l’impuissance des autres soi-disant grands pays de notre plan�te.
L’union sovi�tique, qui fut l’ancienne alli�e de l’Irak, s’est h�t�e de voter toutes les r�solutions des Nations-Unies contre Saddam Hussein, m�me celle qui pr�voyait l’utilisation de ��tous les moyens n�cessaires�� pour obliger ce dictateur � reculer. La bipolarit� des puissances dans notre monde avait aussi pris fin, livrant la terre enti�re � la mono-puissance �tats-unienne pour le pire. La guerre du Golfe de Georges Bush, qui �clata le 17 janvier 1991, prit fin le 26 f�vrier de la m�me ann�e. La fameuse Communaut� internationale, sous la f�rule des �tats-Unis, fit subir une cuisante d�faite � Saddam Hussein et placer l’Irak sous un s�v�re embargo. Pendant des ann�es, la population irakienne en souffrit grandement, dans l’indiff�rence du reste du monde, notamment des �tats-uniens. Sous le contr�le de l’ONU, Saddam Hussein fut contraint de d�truire ses armes nucl�aires et chimiques. Donc, r�p�tons-le, cette guerre a eu pour cons�quence majeure de rendre mis�rables les peuples irakiens, de les affamer et de les priver de soins. Tout se passe comme si la fameuse Communaut� internationale (qui n’a d’international que le nom) n’a cure de la souffrance des peuples arabes, comme s’ils ne sont pas aussi dignes de respect et de dignit� au m�me titre que les autres �tres humains�; comme si les morts arabes devaient �tre consid�r�s comme quantit� n�gligeable�; comme s’ils �taient insignifiants et sans importance.
Quelques ann�es plus tard, sous la pr�sidence de Bill Clinton, les �tats-Unis s’arrangent avec l’ONU pour continuer � porter le glaive sur toute la terre. Ainsi, en 1992 (3 d�cembre 1992, 4 mai 1993), le conseil de s�curit� donne mandat � une force arm�e conduite par les �tats-Unis pour intervenir en Somalie sous le nom de code de ��Restaure Hope�in Somalia�� ou ��Restaurer l’espoir en Somalie��. La raison apparente de cette intervention �tait la suivante�: porter secours aux populations d�cim�es par la famine et soumises aux seigneurs de guerre. Mais la raison inavouable �tait une tentative de prendre possession des r�serves prometteuses de p�trole. Ce fut, et pour la deuxi�me fois, apr�s le Vietnam, un �chec cuisant. Les �tats-Unis durent se retirer de ce pays apr�s l’humiliation inflig�e au corps d’un soldat am�ricain par des somaliens.
Avec l’arriv�e de Georges W. Bush � la t�te de l’ex�cutif, ce fut le d�ploiement d’une puissance barbare, aveugle et sans contr�le contre deux pays arabes, deux peuples arabes et musulmans�: l’Irak encore, et l’Afghanistan. Ces guerres causent un double d�g�t monstrueux�: les souffrances des peuples arabes dans l’indiff�rence du reste du monde, ou son impuissance�; les d�penses colossales qu’elles entra�nent dans le budget am�ricain[10]�; une d�pense inutile de la richesse des peuples am�ricains. On d�tourne l’argent destin� aux investissements g�n�rateurs d’emplois aux �tats-Unis pour le b�n�fice des industriels de l’armement. Ces guerres, qui sont toujours en cours, d�montrent comment les �tats-Unis, qui constituent � eux seuls, sur notre commune terre, la terreur�; celle-ci cr�e constamment crainte et tremblement partout. Et ils m�prisent les douleurs des peuples qui sont leurs victimes�; ou les cobayes servant d’exp�riences � leurs nouvelles armes technologiques, en l’occurrence, les peuples arabes.
Lorsque Barak Obama est arriv� au pouvoir en 2008 avec un programme humaniste jamais envisag� en ce pays, il nous a tous fait r�ver en raison de sa volont� d’arr�ter le processus terrifiant et guerrier des pr�sidents �tats-uniens. Par une nouvelle modalit� de gouvernance politique et �conomique, il projetait de faire advenir un nouveau monde�: un monde d’amour et de paix. Et c’est au regard de la belle promesse de ce nouveau monde que les honorables membres de la Fondation Nobel de Su�de lui ont d�cern� le prix Nobel de la paix. L’on a voulu ainsi l’encourager � agir dans le sens de la paix telle qu’il l’avait promise. H�las�! Malgr� ses belles intentions, fruits d’une belle �me, il n’a pu r�sister � l’attrait du mal pour diverses raisons majeures. D’une part, lorsque le chef de l’ex�cutif ne s’accorde pas avec les membres des autres grandes institutions politiques de ce pays, comme le Congr�s, il ne peut avoir aucune libert� d’initiative. Dans ce pays o� la religion jud�o-chr�tienne a pollu� et ali�n� les esprits, except� ceux de la frange de la population �tats-unienne qui fait preuve de culture savante, d’intelligence critique et �l�gante (comme par exemple Noam Chomsky), l’on agit suivant l’empire de la lie de l’humanit�.[11] On en vient vite � l’abhorrer s’il ne satisfait pas les d�sid�ratas de cette frange de l’humanit�. D’autre part, le lobby des armes agit comme une totalit� dans une totalit�, un �tat dans un �tat. Il exige contin�ment que du sang humain soit vers� dans le monde, que des vies soient bris�es sous la puissance et la sophistication de ses objets de la mort. D�s lors, l’arm�e am�ricaine doit avoir pour mission de d�lester ce pays d’une grande partie de ses armes produites. Elle le fait en s’en amusant�; c’est-�-dire en massacrant impun�ment des populations humaines, partout dans le monde, sauf aux �tats-Unis. Gr�ce � cette �p�e de Damocl�s, aucun chef de l’ex�cutif am�ricain ne semble avoir le courage d’affronter la force du lobby des armes, au risque de se voir r�duit � n�ant dans ses actions politiques.
Et la ploutocratie am�ricaine a en partage cette id�ologie de la mise � mort programm�e des peuples non europ�ens. Et l’intelligence de cette ploutocratie est comme ali�n�e par deux facteurs majeurs �galement mortif�res�: d’abord elle est prise aux pi�ges de l’empire et de l’amour de l’argent�; ensuite, elle constitue elle-m�me la classe sacerdotale du dieu Baal, inconsciemment sans doute, hormis la minorit� �clair�e de la population qui fait preuve d’esprit critique et philosophique. En outre, presque tout le monde est adorateur de pharaon dans la paire H�breux-Pharaon, comme symbole de la supr�me puissance. Enfin, Barak Obama, comme tout �tre humain, ne peut demeurer sain d’esprit en touchant au pouvoir, frapp� de mal�diction en son essence m�me. Tel est du moins, le sens de l’analyse de ce ph�nom�ne que je fais dans le 2e tome de mon essai de g�opolitique dont voici un court extrait�: ��En effet, la propri�t� du pouvoir, qu’on pourrait appeler le ph�nom�ne myst�rieux de l’ombre (celle de la nature biochimique de l’homme) ou le spectre de l’innomm�, ne cesse de ronger l’esprit des hommes politiques, de les tourmenter au point de rendre leur vie insupportable � leurs propres yeux. A l’instar de la maladie de Creutzfeldt Jakob, en raison de la d�g�n�rescence spongiforme caract�ristique de l’enc�phale qu’elle entra�ne chez les personnes qui en sont affect�es, ce ph�nom�ne myst�rieux de l’ombre ne ronge pas seulement la cervelle des Gollums. Il fait pire�: il infecte et affecte progressivement ou rapidement, suivant le caract�re sain de l’esprit des individus, la conscience morale, psychologique et toute la raison. C’est ce qui explique justement qu’ils ne tardent pas � devenir des despotes au pouvoir absolu, odieux pour leurs peuples�; au point que leur r�gime politique se transmue en tyrannie et/ou en totalitarisme. C’est ce qui explique aussi que les d�mocraties contemporaines sont devenues elles-m�mes des dictatures ��d�mocratiques�� (p.112)
On comprend alors que Barak Obama soit gagn� par le sentiment de la puissance de soi, puisque la folie du pouvoir cr�e, � son insu, un d�sordre psychique dans n’importe quel individu. Et on n’est pas �tonn� de constater comment il fait preuve d’une propension � ordonner la liquidation de ses ��ennemis��, � autoriser la violence contre des populations arabes par ses arm�es, lesquelles ont pris la possession du monde. D�sormais, le fameux prix Nobel de la paix ne craint plus d’agir contre les principes fondamentaux qui r�gissent moralement ce prix. S’il le faut, il pourrait, comme ses pr�d�cesseurs, d�clarer la guerre � quelques petits �tats pour se faire r��lire par exemple. Pourtant, celui-l� m�me qui ordonne de liquider des Arabes dans le monde, sous pr�texte de terrorisme, qui agit avec d�sinvolture et m�pris par rapport au Pakistan, s’av�re incapable d’user de la puissance dont il dispose pour r�gler le probl�me �pineux du Proche-Orient�: aider la Palestine � acc�der au statut d’�tat souverain, � l’instar des autres peuples de cette r�gion de notre commune terre. Mais il se montre toujours fort et impitoyable quand il s’agit de d�truire un �tat arabe, d’humilier son dirigeant, comme il le fait actuellement en Libye, avec la complicit� de la fameuse Communaut� internationale, compos�e essentiellement d’�tats europ�ens.
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III — Les raisons fallacieuses d’une intervention inique en Libye et ses cons�quences d�sastreuses pr�visibles
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La guerre contre l’Irak, peuple arabe et pays musulman, contre l’Afghanistan, peuple arabe et pays musulman et aujourd’hui contre la Libye, peuple arabe et pays musulman… Et demain, � qui le tour�? Contre quel pays arabe ou musulman va-t-on d�clarer encore la guerre sous ces fallacieux pr�textes�?
La partie de notre commune terre que l’on nomme aujourd’hui Occident s’est fond�e sur une double mythistoire dont les origines remontent au Moyen-�ge. D’une part, sa cr�ation, comme un ensemble politique, voire un bloc suppos� homog�ne, s’est forg�e en tant que contingence ou occident historique, dans une double opposition�: d’abord, cette homog�n�it� n’est qu’un artifice de la raison, qui trouve sa justification a posteriori, c’est-�-dire de l’id�e, plus exactement de l’illusion que l’Occident serait constitu� de peuples eux-m�mes homog�nes. Or, une telle croyance est totalement infond�e par rapport � l’histoire. C’est en ce sens que l’historien Christopher Dawson �crit�: ��� la diff�rencede l Australie et de l Afrique, l’Europe n’a pas d’unit� naturelle�; elle est le r�sultat d’un long processus historique et d’une longue �volution spirituelle. Du point de vue purement g�ographique, elle n’est que le prolongement nord-ouest de l’Asie, et son unit� physique est moindre que celle de l’Inde, de la Chine ou de la Sib�rie�; du point de vue anthropologique, ellepr�sente un m�lange confus de races, et le type europ�en est le fruit d’un ensemble de conditions sociales plut�t que celui d’une unit� de race. M�me sous le rapport de la civilisation, l’unit� de l’Europe n’est pas le fondement et le point de d�part de son histoire, mais le but ultime et qu’elle n’a pas encore atteint, vers lequel elle s’efforce depuis plus d’un millier d’ann�es[12]��. D’autre part, comme je l’ai d�j� analys� dans un pr�c�dent ouvrage, le facteur religieux a �t� tr�s important dans l’�mergence de cette entit�. D’o� mon questionnement et mes remarques dont je rapporte ici un court extrait�: ��En d�finitive, ce que l’on nomme la civilisation occidentale, du point de vue historique, avec ses caract�ristiques sp�cifiques, est n�e dans les limites de l’ancien empire carolingien, c’est-�-diredans les confins des anciens territoires francs du Nord de l’actuelle France et de ceux de l’Allemagne occidentale. Cependant,ne peut-on pas dire que la mythistoire religieuse a jou� �galement un r�le dans la conception de l’id�e d’occidentalit�? En effet, l’id�e d’occidentalit� (outre la mythistoire qui a pris naissance au Moyen-�ge et qui s’est poursuivi jusqu’au XVIIIe si�cle � peu pr�s, dont l’objectif principal �tait de fonder l’unit� de la chr�tient�, voire l’unicit�, l’entit� de la culture occidentale) r�sulte surtout de�la prise de conscience de soi en tant que civilisation par rapport � d’autres. Selon Suzanne Pillorget[13], la conscience d’appartenir � la Chr�tient� s’est surtout faite par opposition, d’une part, au Juda�sme et, d’autre part, � l’Islam. Au fur et � mesure ques’�largissent les horizons de l’espace, depuis la fin du Moyen-�ge, et plus particuli�rement au d�but du XVIe si�cle, les Europ�ensr�alisent l’�vidence de leur diff�rence quant au type physique humain par rapport aux mœurs, aux religions, au physique d’autres populations humaines. L’ouverture des esprits r�sulteelle-m�me de l’ouverture de l’espace g�ographique��.
Enfin, la philosophie comme science �minente, � la fois th�orique et pratique de l’intelligence pure, a �t� aussi l’un des d�terminants majeurs dans la gen�se et la construction de l’id�e d’Occidentalit�. La d�finition m�me de la philosophie par Descartes implique une telle hypoth�se. Sans �voquer explicitement l’id�e d’Europe ou d’Occident, � propos de l’utilit� de la philosophie pour les hommes, il s’est employ� � montrer qu’en raison de cette utilit�, elle doit �tre �tendue ��� tout ce que l’esprit humain peut savoir��. Donc, elle appara�t comme le signe manifeste de ce ��qui nous – sans doute songe-t-il ou parle-t-il des peuples europ�ens�?- distingue des plus sauvages et barbares��.[14] D�s lors, ��chaque nation est d’autant plus civilis�e et polie que les hommes y philosophent mieux�; et ainsi que c’est le plus grand bien qui puisse �tre en un �tat que d’avoir de vrais philosophes[15] […]��. D�s lors, ��C’est proprement avoir les yeux ferm�s, sans t�cher jamais de les ouvrir, que de vivre sans philosopher…�� Car ��Cette �tude est plus n�cessaire pour r�gler nos mœurs et nous conduire en cette vie, que ne l’est l’usage de nos yeux pour guider nos pas��.
Si donc l’Occident est le fruit � la fois de l’humanisme chr�tien, de la lumi�re de la philosophie, il n’agit pas conform�ment � l’esprit de ces donn�es fondamentales des r�alit�s humaines. Au fond, ce qui l’emporte, dans ses agissements, sur le souci de l’humanisme ou de l’intelligence, c’est la volont� de domination. C’est en ce sens que l’intervention occidentale en Libye fait penser encore � la mani�re dont les puissances occidentales ont d�pec� le continent africain. En effet, selon Cheikh M’Back� Diop ��du 15 novembre 1884 au 26 f�vrier 1885, � Berlin, une ��conf�rence�� sur l’Afrique avait r�uni les pays europ�ens ainsi que les �tats-Unis. Cette rencontre se termina par la signature de l’Acte de Berlin qui a conduit au ��partage de l’Afrique�� entre les puissances europ�ennes�: l’Angleterre, la France, la Belgique, l’Allemagne, le Portugal, l’Espagne��[16]. Un tel acte a �t� effectu� dans le m�pris total des peuples et de leurs fronti�res en tant que primo-occupants des territoires�; et dans celui de leurs institutions politiques respectives. On a eu recours aux ratiocinations fallacieuses pour nier celles-ci�; ce qui autorise � parler de ��colonisation�� alors qu’il s’agit d’une r�elle occupation. Ces territoires n’ont jamais �t� vierges pour s’autoriser � parle de ��colonisation��. C’est un terme juridique trompeur, un galimatias inacceptable. Il s’est agi alors de d�pecer un continent initialement mis en valeur par ses primo-occupants, suivant des modes de d�veloppement sp�cifiques et porteurs d’avenir pour les g�n�rations futures. Ce fameux partage avait donc pour but d’occuper les pays africains (ou territoires selon le langage de la domination occidentale) pour les voler et soumettre leurs peuples aux conditions de non-humains afin d’exploiter plus ais�ment leurs immenses richesses sans se poser de cas de conscience morale.
Le temps a pass�, mais rien n’a chang�; et ceci � double titre. D’une part, les chefs d’�tat africains contemporains ne manifestent aucun sens de solidarit� par rapport � un pays africain injustement attaqu�, en l’occurrence, la Libye. Un �cho du ��Canard encha�né » (mercredi 25 mai 2011) confirme bien le sens de mon propos. Aucun chef d’�tat africain pr�sent n’a encore pris conscience de la n�cessit� de d�fendre les fronti�res du continent africain contre l’agression �trang�re. Comme leurs pr�d�cesseurs, qui n’ont pas h�sit� � livrer leurs propres fr�res aux marchands europ�ens, ceux d’aujourd’hui agissent de la m�me mani�re. A ce sujet, on peut s’autoriser � parler de l’honneur perdu du pr�sident Mahamadou Issoufou (pr�sident du Niger depuis le 7 avril 2011) pour avoir �t� au devant de la volont� de la France d’utiliser son pays pour livrer des armes aux adversaires de Kadhafi. Selon cet hebdomadaire, ��c’est le g�n�ral Benoit Puga, chef d’�tat-major particulier de Sarko, qui a supervis� des livraisons clandestines d’armes aux insurg�s libyens. Comme ��Le canard�� s’�tait fait un plaisir de le raconter, le 4 mai, des camions pr�t�s par le gouvernement nig�rien transportaient cette quincaillerie mortelle vers Benghazi. Pourtant, l’Otan s’interdit, en principe, de fournir des armes aux rebelles. Lors d’une visite � Niamey en avril dernier, le g�n�ral Puga avait mis au point ce trafic ���lys�en�� avec le pr�sident Issoufou. Mais sans pr�voir que, chemin faisant, des armes disparaitraient � travers le d�sert et tomberaient entre les mains de quelques groupes plus ou moins terroristes��
Pourtant, auparavant, du temps de sa splendeur, la majeure partie de ces m�mes chefs venaient manger dans la paume de Kadhafi. En cas de difficult�s financi�res, celui-ci n’h�sitait pas � les secourir gr�ce � ses p�trodollars, en pure perte. Car un grand nombre d’entre eux n’a jamais eu le sens du remboursement des pr�ts libyens. Pire encore, � l’instar de quelques-uns de leurs a�n�s, les chefs d’�tat africains sont passifs face � l’�tranger envahisseur. On e�t dit, je le r�p�te, qu’ils sont toujours � genoux devant�lui�; qu’ils pr�f�rent le silence et l’humiliation � la volont� d’affirmation de soi. Ils se comportent comme s’ils n’existaient pas encore comme chefs d’�tat souverains, mais plut�t comme des pr�sidents de�confettis d’�tats d�pendants, insignifiants et soumis � des puissances �trang�res, en l’occurrence, occidentales. Quant vont-ils se r�veiller, enfin, prendre conscience de la souverainet� de leurs peuples respectifs et des fronti�res de leur continent�?
D’autre part, quoi qu’on dise, le groupe de pays dit occidental se comporte toujours en pays dominateurs et puissants�; non pas dans toutes les zones de la terre, mais essentiellement en Afrique, au Proche et au Moyen-Orient, faute de r�elle opposition en face de lui. Car devant lui, il trouve toujours le n�ant, le vide, la faiblesse r�dhibitoire, qui semble trouver son contentement en courbant l’�chine devant les puissances souveraines occidentales. S’il en �tait autrement, cela se saurait depuis bien longtemps. H�las�! Ce n’est pas encore le cas.
On n’est donc pas �tonn� de la promptitude de la r�action de la communaut� internationale, qui se r�duit essentiellement aux puissances occidentales, avec la connivence de l’ONU, devenue son outil moral face � l’imprudence politique de Kadhafi. Celui-ci a eu la maladresse politique de tenir des propos tr�s durs vis-�-vis des citoyens de son pays, qui ont os� le d�fier et braver son autorit�. Comme ces propos s’adressaient principalement aux habitants de la Cirena�que, dont ceux de Benghazi, cela a �t� le fallacieux pr�texte de l’intervention de cette fameuse Communaut� internationale. L’on a commenc� par intoxiquer les esprits des ben�ts, qui ont encore la na�vet� de croire aux mensonges des politiques, que l’intervention a pour but de prot�ger les populations de Benghazi contre le massacre entrepris par Kadhafi � leur �gard. Or, si telle �tait la bonne intention effective, comment comprendre que cette m�me Communaut� internationale ne soit pas intervenue au Bahre�n, en Arabie Saoudite, en Syrie, au Y�men�? Ne continue-t-on pas, dans les deux derniers pays, de massacrer la population au quotidien�? Qu’est-ce donc que cet humanisme si impartial qui voit tout le mal d’un c�t� et ferme les yeux de l’autre�? En outre, la protection des populations de Benghazi n’implique pas de d�ployer tant d’armement face � un seul petit et faible pays.
Au quotidien, les europ�ens larguent des bombes sur les populations � Tripoli et ailleurs dans toute la Libye, comme si l’on avait d�j� oubli� les populations de Benghazi. Et quand la France et la Grande-Bretagne ont �puis� leurs stocks de bombes sur la t�te des Libyens, les �tats-Unis n’h�sitent pas � leur en fournir, comme l’affirme un article du ��Canard encha�né ». Le titre de l’article est, d’ailleurs, fort explicite de l’intention des dirigeants de ces deux pays�: ��Des bombes gratuites pour se payer Kadhafi��. En effet, ��apr�s plusieurs semaines de raids sur la Libye, les stocks de bombes fran�aises et britanniques sont � sec. Pas tr�s glorieux, quand on veut jouer les gendarmes en M�diterran�e. Il n’est donc pas question d’avouer que les �tats-Unis ont �t� appel�s au secours et qu’ils ont, tout r�cemment, livr� gratis � Paris et � Londres les ��bombes intelligentes�� qui vont permettre aux aviateurs fran�ais et britanniques de ne pas s’envoler � vide. A savoir des GBU made in USA de 250 et 500 kilos, guid�es par laser, des roquettes et d’autres munitions air-sol.
C’est un aimable cadeau que le Pentagone a chiffr� � 25 millions de dollars, histoire de prouver � ses alli�s que Washington ne voulait pas les voir manquer d’arguments explosifs contre Kadhafi. A dire vrai, ce n’est pas la seule aide fournie par la Grande Am�rique. Si les avions US de ravitaillement en vol n’abreuvaient pas en carburant bombardiers fran�ais et britanniques, et si d’autres appareils am�ricains de renseignement et de guerre �lectronique ne leur fournissaient pas, en survolant la Libye, des informations essentielles, Paris et Londres auraient quelque peine � poursuivre cette guerre��.
Quant � leurs alli�s, les �tats-uniens eux-m�mes, ils sont comme dans une salle de jeu�: � des milliers de distance de la Libye, avec l’accord de Barak Obama, ils envoient des drones ��pr�dators�� qui tirent et font pleuvoir des bombes dangereuses sur la t�te des libyens de mani�re indistincte. Et cette bataille in�gale, immorale m�me n’est condamn�e par aucun pays, puissant ou non, ni aucune Communaut� dite internationale, ni par l’ONU, l’instance morale des �tats contemporains. Les bons sentiments, qui ne sont intelligibles que par des ignorants, ont toujours �t� la belle image humaniste pour commettre impun�ment des crimes contre l’humanit� et contre les principes du droit international, qui stipulent que tout pays et/ou peuple[17] reconnu par l’ONU, quelle que soit sa taille, petit ou grand, est �gal � un autre. Il est souverain et son chef d’�tat doit �tre respect� comme les autres. A ce titre, Barak Obama n’a pas plus de dignit� que Kadhafi.
D�s lors que le voile est lev� sur l’hypocrisie initiale et que l’on ose enfin avouer clairement qu’il s’agit de chasser Kadhafi du pouvoir, on se rend � l’�vidence que les premiers arguments �taient des mensonges. Tel est le sens d’un article du ��Canard encha�né », qui l�ve le voile sur le mensonge et l’hypocrisie des puissances occidentales coalis�es contre un seul homme, un m�me peuple, sans vergogne au regard de la d�mesure dans ce conflit ubuesque et incongru. L’intitul� de l’article est, en soi, r�v�lateur�: ��Missiles et n�gociations pour en finir avec Kadhafi- Les avions fran�ais et britanniques cherchent � le tuer…�� Selon cet hebdomadaire, en effet, ��avec l’espoir d’�viter que cette guerre ne dure plusieurs mois, voire davantage, les adversaires de Kadhafi ne m�nagent pas leur peine. De temps � autre, les avions de l’Otan tentent de lui r�gler son compte, en balan�ant quelques missiles sur ses repaires plus ou moins secrets. En revanche, et de mani�re plus courtoise, on lui garantit la vie sauve, et celle de sa famille, s’il accepte de prendre sa retraite en Serbie (Belgrade s’est port� volontaire), dans les �mirats ou dans un quelconque pays de son choix.
A la fin avril, un missile bien ��guid頻 a r�duit en miettes, dans un immeuble du complexe Bab Azizia, � Tripoli, un bureau souvent utilis� par Kadhafi. Et, dans la nuit du 30 avril, un b�timent du m�me quartier, o�, croyait-on, se trouvait le chef libyen, �tait en partie d�truit par un autre missile fran�ais ou britannique. R�sultat�: la mort de Seif al-Arab, le plus jeune fils Kadhafi, et, m�chante bavure, celle de ses trois enfants �g�s de 2 ans et 4 mois.
Cette vol�e de missiles a provoqu� des r�actions hostiles � l’ONU, � Moscou, � P�kin et dans plusieurs pays d’Afrique. Car, si la r�solution du Conseil de s�curit� a b�ni l’entr�e en guerre des Occidentaux et pr�n� la protection des populations civiles, elle s’est bien gard�e d’autoriser l’assassinat du Colonel. A l’�tat-major de l’Otan - mais c’est vraiment pure hypocrisie�-, on affirme que ces missiles ne visaient que des b�timents militaires qualifi�s de ��strat�giques��. M�me sur ce plan, de quel droit un ensemble de pays peut-il d�cider, de son propre chef, de destituer un homme d’�tat parce que la libert� de celui-ci le g�ne�?
Pourtant, comme je l’ai suffisamment montr� dans les deux volumes de mon essai de g�opolitique, hormis le personnage fantasque, Kadhafi a beaucoup fait pour relever le niveau de vie de son peuple. En 1986, par exemple, la population libyenne avait le niveau le plus �lev� de tout le continent africain. L’�ducation et la lib�ration des femmes a extraordinairement progress� en Libye par rapport � tous les pays voisins. Kadhafi a toujours refus� d’�tre un valet de l’Occident, d’�tre ais�ment mall�able, manipulable, comme ses pairs africains. Il a toujours d�fendu les citoyens libyens dans le monde. Et son peuple �tait fier de ne pas prendre le chemin de l’exil pour des questions �conomiques. En m�me temps, il travaillait dans le sens des int�r�ts de l’Occident�: avec la richesse produite par le p�trole et le gaz, il achetait leurs armes�; et son pays �tait comme un mur qui prot�geait les fronti�res europ�ennes contre les clandestins, au prix du respect et de la vie de ces derniers[18]. Mais, de tout cela, en apparence, l’Occident n’a cure, ni m�me du bien-�tre du peuple libyen�; ce qui l’int�resse, ici et maintenant en Libye, c’est la mort d’un chef d’�tat, sans d�claration de guerre effective, ni cause r�elle, hormis le fait de montrer que l’on est puissant et ma�tre du monde.
D�s lors, cet acharnement de l’Occident contre Kadhafi frise l’absurdit� absolue, le non-sens, voire la passion haineuse. Une telle posture exprime ouvertement la haine de l’Occident � l’�gard des Arabes (comment dire les choses autrement�?) ou encore la manifestation de cet inepte concept du ��choc des civilisations��. Ce ne sont pas les peuples qui se d�clarent la guerre, mais bien les agissements des �lites politiques. Ce sont elles qui sont causes de tous les maux qui frappent le monde arabe depuis une vingtaine d’ann�es. A cause de ces actes passionnels, il y a le d�sordre partout dans le monde arabe. En effet, l’Irak d’aujourd’hui n’est pas un mod�le de r�ussite politique, m�me si l’intention suppos�e des Am�ricains �tait d’instaurer la d�mocratie en ce pays, comme si celle-ci �tait elle-m�me un mod�le politique. Bien au contraire, le chaos provoqu� en Irak par les guerres am�ricaines est profond dans les esprits et dans les faits. L’Afghanistan est exactement dans la m�me situation. La d�mocratie � l’am�ricaine n’est pas source de paix, de coh�sion sociale, mais de d�sordre, de chaos, de troubles divers, de violence institutionnelle. C’est ce qui risque d’arriver en Libye. Lorsque la haine des Occidentaux aura r�ussi � pousser Kadhafi hors de son pays ou � le tuer sans raison, les divisions et les m�sententes s�culaires entre les grandes tribus de ce pays que ce dernier avait r�ussi � juguler par une tactique politique pertinente et efficace, pourraient resurgir t�t ou tard. Pire, Al-Qaida, dont des membres se sont d�j� m�l�s aux soul�vements des populations libyennes, pourrait faire de ce pays un terrain d’exp�rience. Aussi, au lieu d’obtenir la paix, ce serait la guerre et une menace perp�tuelle de conflit en face de l’Europe. Au lieu d’avoir la paix, les occidentaux s’appr�tent � installer le d�sordre, le chaos en Libye, comme d’habitude.
Finalement, comme je l’ai d�montr� dans le 2�me volume de mon essai de g�opolitique, les politiques sont des monstres factices et �ph�m�res, toujours inconscients de leur statut de ministres transitoires des peuples, quand ils exercent le pouvoir. Aussi, sont-ils dans la posture de m�pris de ceux qui les ont faits rois, l’espace d’une mandature. Dor�navant, ils se sont vendus au pouvoir de l’argent au d�triment de la d�fense des int�r�ts de leurs peuples. Or, la r�alit� intangible permanente, c’est le peuple. Notre commune terre�lui appartient en propre. Il est le v�ritable garant des biens de celle-ci. Ce sont donc tous les peuples qu’il faut d�fendre contre le germe des divisions cr��es par les �lites politiques. Celles-ci n’ont d’autres int�r�ts que la d�fense de ceux de leur classe, le temps de leur gouvernement. C’est dans l’esprit et l’unit� des peuples que nous, particuliers, devrions trouver notre propre unit� et notre salut. En dehors de ceux-ci, c’est le chaos dont les politiques sont les facteurs.
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R�f�rences bibliographiques
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– Anta Diop M’Back� Cheikh (2003)��: Cheikh Anta Diop-L’homme et l’œuvre- (Pr�sence Africaine, Paris)
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– Bamony Pierre (2000)�: To Eskhaton, le triangle de la mort (Thot, Grenoble)�;
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(2008)�: Eve, fille d’Eve�: le f�minin intemporel-Vanit� du soi-disant sexe fort- (Th�l�s, Paris)�:
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(2010)�: Pourquoi l’Afrique si riche est pourtant si pauvre�?-De la faillite des �lites de l’Afrique subsaharienne- tome 1 (�ditions Le Manuscrit, Paris)�;
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(� para�tre prochainement)�: Pourquoi l’Afrique si riche est pourtant si pauvre�?- La mal�diction du pouvoir politique-Quel espoir pour les peuples de demain�?- (�ditions Le Manuscrit)
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– Dawson Christophe (1960)�: Le moyen-�ge et les origines de l’Europe (Arthaud, Paris)
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– Descartes Ren� (1965)�: Principes de la philosophie-Introduction et notes par Guy Durandin- (J. Vrin, Paris)
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– Jaulin Robert (1977)�: Les chemins du vide (Ch. Bourgois, Paris)
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- Kant Emmanuel (1988)�: Projet de paix perp�tuelle (J. Vrin, Paris)
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– Key Words (1988) in American life, Undestanding the Unites States
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– Pillorget Suzanne (1969)�: Apog�e et d�clin des soci�t�s d’ordre 1610-1787 (Larousse de Poche, Paris)
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– Les Religions du Proches-Orient-babyloniens-Ougaritiques-Hittites (ouvrage collectif) (Fayard-Deno�l, Paris)
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Journaux�:
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– ��Le Canard encha�né »- mercredi 25 mai 2011
– ��Le Canard encha�né »-mercredi du 1er juin 2011


[1]Fayard-Deno�l coll. Le tr�sor spirituel de l’Humanit�, Paris 1970�; p. 367
[2]Les h�breux �taient aussi polyth�istes que les autres peuples de cet Orient moyen et proche de la M�diterran�e. Baal figurait parmi les dieux v�n�r�s � J�rusalem m�me, selon les auteurs de l’ouvrage pr�cit�; et dont on trouve de nombreuses traces dans l’Ancien Testament, en particulier.
[3]Pourquoi l’Afrique si riche est pourtant si pauvre�? De la faillite des �lites de l’Afrique subsaharienne– tome 1 (Editions Le Manuscrit, Paris 2010, p.p. 378 � 383)
[4]Dans un ouvrage publi� en 2008, j’ai longuement analys� les causes de cette forme de pathologie propre au masculin depuis environ quatre mille ans�; une pathologie qui risque, � tout moment, de mettre en danger la vie sur la terre, celle des �tres humains et des autres esp�ces vivantes. En outre, elle a toujours conduit le malheureux masculin � organiser le massacre des enfants d’Eve par ses guerres infantiles et monstrueuses. Si l’on veut en savoir plus sur ce sujet, il suffit de lire le chapitre quatre de cet ouvrage ��L’essence du masculin�: privation du creux et soif infantile du pouvoir�� (Eve, fille d’Eve�: le f�minin intemporel-Vanit� du soi-disant sexe fort-, Th�l�s, Paris, 2008, p.124 � 194).
[5] Sur ce point, au risque de me r�p�ter, j’ai d�j� d�montr�, dans un ouvrage r�cent (Eve, file d’Eve le f�minin intemporel-Vanit� du soi-disant sexe fort- Th�l�s, Paris, 2007), ce qui, dans la nature du masculin, explique son inclination � l’esprit guerrier, � une entreprise s�culaire mortif�re. Une telle conduite pathologique permanente, depuis que les pouvoirs religieux et politiques sont pass�s des mains du f�minin au masculin, il y a environ cinq mille ans, s’explique ainsi�: ��chez le masculin, il y a comme une impossibilit� de garder son �me �gale � elle-m�me�: l’inad�quation de soi avec soi-m�me est une constante de sa personne. On comprend alors qu’il soit sujet au trouble psychique r�dhibitoire qu’est son amour immod�r� pour la guerre, toutes sortes de destruction de la vie humaine en somme… Cette pathologie psychique du masculin est… la source des maux les plus dangereux, les plus aigus, les plus imparables par l’ampleur de leurs possibles catastrophes quant � la s�curit� de l’esp�ce humaine sur terre�� (p.129). Car les guerres, mondiales, r�gionales ou locales, ne sont jamais rien d’autres que des crimes organis�s par la volont� des hommes politiques, c’est-�-dire le masculin.
[6]Pierre Isso-Amien Bamony�: To Eskhaton-Le triangle de la mort (Editions Thot, Grenoble, 2000)
[7]Les chemins du vide, Paris, Ch. Bourgois, p. 107, 1977.
[8] – Key words in American life, Understanding the United States – Masson, Paris, 1988.
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[9]Tel est le cas de l’intervention d’Isra�l au Liban (Le�conflit isra�lo-libanais de 2006). L’O.N.U et les �tats-Unis sont rest�s muets, ou plut�t inactifs face � cette agression d’un �tat membre de l’ONU contre un autre �tat membre de l’ONU (d�but de la guerre 12 juillet�; r�solution 1701de l’ONU, apr�s beaucoup de massacres des populations civiles, 14 ao�t 2006).
[10]Selon un �cho du ��Canard encha�né »-mercredi 1er juin 2011, ��les op�rations militaires en Irak ont co�t� aux �tats-Unis 642 milliards de dollars, entre mars 2003 et d�cembre 2010. C’est la conclusion d’une �tude de 70 pages du GAO, l’�quivalent am�ricain de notre Cour des comptes. Et encore il faut 24 milliards pour la formation et l’�quipement de l’arm�e irakienne��.
[11]Pourquoi l’Afrique si riche est pourtant si pauvre�? - La Mal�diction du pouvoir politique-Quel espoir pour les peuples de demain�?- Tome II (��Du peuple et de la lie de l’Humanit� comme dimension de l’egol�trie��, livre � para�tre prochainement Editions Le Manuscrit).
[12]Le moyen �ge et les origines de l’Europe, Paris Arthaud, P.23 (2) P.24, 1960.
[13]Apog�e et d�clin des soci�t�s d’ordre 1610-1787 (Larousse de Poche, Paris 1969)
[14]Principes de la philosophie – Introduction et notes par Guy Durandin (J. Vrin, Paris 1965, p.31)
[15]On peut l�gitimement s’interroger, sur ce point, de savoir si notre monde contemporain poss�de encore de ��vrais philosophes��. Car on ne peut concevoir que quelqu’un puisse se pr�tendre philosophe, conseiller des �lites politiques, et manquer de les �clairer sur les exigences de l’esprit philosophique, qui vise essentiellement au r�gne de la paix (voir sur ce point Emmanuel Kant�: Projet de paix perp�tuelle, J. Vrin, Paris 1988). La philosophie est, en son essence m�me, ir�nique. A l’inverse, l’on participe du d�sordre du monde, sous couvert du statut de philosophe, en incitant les hommes politiques au crime. L’on fait preuve ainsi de postures partisanes au regard des probl�mes sp�cifiques des peuples de la terre. Le philosophe, en principe, n’est d’aucun pays, ni d’aucune communaut� humaine. Sa patrie est l’Humanit� en sa totalit� et en son universalit�. C’est pourquoi, on a raison de penser qu’il n’y a plus de ��vrais philosophes�� aujourd’hui. Nous avons affaire � des ��histrions�� de la philosophie, selon l’expression de Nietzsche, voire � des ��philistins�� tout entiers accapar�s par l’inessentiel. Ils obscurcissent et jettent le voile sur les ph�nom�nes bien qu’ils pr�tendent les �clairer, on ne sait comment. La toge du philosophe convient mieux � la stature de Noam Chomsky qu’� celle de nos intellectuels contemporains, qui se prennent pour des philosophes.
[16]Cheikh Anta Diop�: L’homme et l’œuvre (Pr�sence africaine, Paris 2003, p.13)
[17]Selon ces principes, ��le droit des peuples � disposer d’eux-m�mes implique le libre choix par chaque peuple de son r�gime politique. Cette prescription est �nonc�e par l’article premier du Pacte international relatif aux droits civils et politiques de 1966�: ��Tous les peuples ont le droit de disposer d’eux-m�mes. En vertu de ce droit, ils d�terminent librement leur statut politique et assurent librement leur d�veloppement �conomique, social et culturel����. (��La Charte des Nations Unies, article premier, paragraphe 2)
[18]Les candidats subsahariens � l’�migration �taient enferm�s dans des enclos, sans aucune hygi�ne eu �gard � leur dignit�, en plein d�sert o� beaucoup mourraient dans l’indiff�rence de leur pays d’origine.