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Baal ou le dieu cannibale
vendredi 10 juin 2011, par
Notre tranche de civilisation prétend s’ętre affranchie de toutes forme d’aliénation aux mythes. Mais si l’on relit les mythes antiques, on ne peut manquer d’ętre frappé par d’étranges similitudes. P. Bamony nous livre ici une relecture du mythe de Baâl, le redoutable dieu cannibale.
Dans le fracas des événements de notre monde contemporain, l’urgence des faits inessentiels si complaisamment traités par les médias qu’ils aliènent, à notre insu, notre esprit critique, nous n’avons plus la nécessaire disponibilité de nous mettre en retrait pour comprendre la nature effective des choses. Nous sommes tellement pris au quotidien, dans le maelström de diverses informations en provenance de tous lieux de notre commune terre, dite mondialisée, que nous tombons aisément dans les fers de la prégnance de l’événement, la force de ce qui se passe ici maintenant, et qui se donne à entendre comme dévoilement des phénomènes. Or, il n’en est rien : au lieu d’éclairer les esprits pour les rendre plus vigilants, cette masse informe de notre monde présent génère l’ignorance crasse. Celle-ci se distille insidieusement, subrepticement dans les esprits en raison des savoirs à peu près qui est son essence même, car elle n’instruit pas, elle embrouille.
Ainsi, l’embrouillamini des faits quotidiens annihile la prise de distance nécessaire pour réfléchir et tâcher de comprendre comment notre monde est tel qu’il est aujourd’hui ; en l’occurrence, un monde tragique pour la vie des peuples, seule et permanente réalité humaine, et pour les risques que les élites politiques contemporaines des pays démocratiques ou non font courir à notre devenir commun. En ce sens, il importe de savoir décrypter le mensonge des politiques, comprendre le sens de leurs actions présentes par un recours au passé récurrent pour analyser la nature des faits qui expliquent ceux d’aujourd’hui. C’est ce que je tente de mettre en exergue dans cette tribune libre à propos des agissements dans le monde de la plus grande puissance planétaire, en l’occurrence, les États-Unis, en accord avec la soi-disant communauté internationale, laquelle n’est telle que par le simple vocable.
I — La puissance des États-Unis ou l’avatar contemporain du dieu Baal
Dans le riche imaginaire des peuples de l’Extrême et du Moyen-Orient, inventeurs d’un panthéon riche de divinités uniques et multiples à la fois, on peut retenir la figure singulière du dieu Baal, symbole approprié de l’objet de mon analyse. Baal était l’un des dieux les plus grands et les plus puissants- à l’instar du Yahvé des Hébreux- des Phéniciens dont on trouve des avatars dans l’ensemble des pays du pourtour méditerranéen dont Israël (anciennement pays de Canaan), la Syrie, voire Carthage. Il était considéré par l’une des traditions religieuses/théologiques sémites, entre autres, celle des Phéniciens, comme un dieu jeune, fougueux. La victoire lui appartenait et son intervention hâtive dans les affaires du monde pour imposer une sorte d’ordre assurant la sécurité de la vie des hommes, était reconnue de tous les peuples qui le vénéraient ou l’adoraient comme le dieu suprême et unique. D’ailleurs, son nom signifie « Seigneur » ou « Maître ». Et, contrairement au dieu national d’Israël, Yahvé, Baal était un dieu international tout-puissant. Il était aussi le dieu de l’Orage, comme l’écrivent les auteurs des Religions du Proche-Orient – babyloniens-Ougaritiques-hittites.[1] « En tant que dieu de l’Orage et de la Pluie, il manie la foudre, et brandit la massue, il est un dieu guerrier, prêt à frapper ses ennemis. ». Baal était le « Très Puissant » (aliyn) et le dieu unique de cette région de la Méditerranée ; au même titre que le Yahvé national d’Israël[2], d’après les auteurs de cet ouvrage. Considéré comme dieu agraire, celui qui rendait la vie possible sur terre, qui nourrissait le monde, Baal était perçu comme le « dispensateur de la pluie vivifiante, seigneur des eaux, sources de la terre nourricière, du renouveau de la nature… » (p. 368). Mieux, il avait la figure d’un dieu père comme le dieu national d’Israël, Yahvé, voire le dieu bienveillant et proche des hommes.
Nonobstant, à l’instar de tous les dieux que l’humanité a pu inventer, Baal avait une figure paradoxale. En effet, il était si proche des hommes qu’il ne manquait pas de causer de grands dégâts parmi eux. Du moins, la représentation qui nous a été transmise du culte que ses adorateurs lui rendaient, était terrifiante. D’une part, les Phéniciens sacrifiaient volontiers des enfants au dieu Baal. La prostitution dans ses temples était une pratique courante ; ce que les Israélites regardaient comme des cultes de cruauté (sacrifices humains) et de débauche (prostitution). Baal était représenté par une statue colossale en bronze à l’intérieur de laquelle on avait construit un autel. En fait, il s’agissait d’un immense brasier qui servait de sanctuaire sacrificiel. En ce lieu, des mères, pour se purifier de leurs péchés, jetaient leurs nouveau-nés. À Carthage, vers 310, on avait érigé une immense statue de Baal sur la place centrale de la cité, conçue avec des bras articulés et, dans ses mains, on déposait les enfants de familles nobles ou non, emmaillotés de vêtements noirs. Celui-ci les portait à sa gorge géante et les engloutissaient vivants dans ses entrailles infernales, devant la foule orante.
Au regard des cérémonies cruelles dédiées à ce dieu, on se demande s’il n’a pas connu des métamorphoses à travers le temps, en changeant de nom, mais non de nature, jusqu’à nos jours. Dans les temps contemporains, il pourrait avoir pris la figure de la toute-puissance des États-Unis, si l’on s’en tient à la manière dont cet État agit avec morgue, sans loi ni droit, à l’égard des petits pays de notre commune terre. Or, sur ce point, j’avais déjà remarqué dans le premier tome de mon essai de géopolitique[3] à quel point l’exécutif américain se conduit dans le monde de manière insensée, du fait de sa conduite arrogante vis-à-vis du reste du monde. Il me semble pertinent de revenir longuement sur une partie des analyses que j’y ai faites pour la cohérence de mon analyse.
Depuis les attentats du 11 septembre 2001, George W. Bush, pour justifier l’intervention unilatérale des États-Unis en Irak, a réactualisé, à partir de 2002, le concept d’« État voyou ». Celui-ci est synonyme d’État « paria » ou « hors-la-loi ». Traduit de l’américain « Rogue State », l’expression d’ « État voyou » renvoie au concept d’un État qui ne respecte pas les lois internationales les plus essentielles, qui organise ou soutient des attentats, qui viole systématiquement les droits les plus élémentaires de l’être humain, voire les Droits internationaux sans tenir compte des protestations de la Communauté internationale, même des mises en garde de l’ONU, censées s’appliquer à tous les États de la terre sans exception. Suivant le sens de ce concept, on serait tenté de dire que l’action unilatérale des États-Unis en Irak le 20 mars 2003, ou même la manière dont l’État d’Israël se conduit épisodiquement par rapport aux Palestiniens que ces deux États pourraient également être qualifiés d’« États voyous ». Une telle hypothèse découle naturellement de l’analyse objective, humaniste et réaliste que Shlomo Sand ou Uri Avnery font sur la nature des conflits entre leur pays (Israël) et la Palestine. On se demande, d’ailleurs, au sujet de ces deux États, en l’occurrence les États-Unis et Israël, quel est le sens de leur puissance militaire réelle quand ils ne s’en prennent, jusqu’ici, qu’à des États plus faibles qu’eux en matière d’armement, ou à des petits États. On leur témoignerait du respect, peut-être, pour autant que l’on ait quelque admiration pour l’esprit guerrier et sanguinaire[5], somme toute atavique et fort éloigné de la sublime humanité ; et on les admirerait même s’ils étaient parvenus à vaincre des États de puissance équivalente à la leur.
C’est en ce sens que le discours des pays dits puissants à l’intention du monde entier n’est plus recevable aujourd’hui à la fois d’un point de vue du droit international et d’un point de vue moral. En effet, d’un point de vue du droit international, à moins de considérer que l’ONU (Organisation des Nations Unies) n’est nullement la garantie de l’égalité des pays qui la composent, la position dominante de certains pays dans le monde et de leurs États satellites surprotégés, n’est pas admissible au regard de la raison. Tel est le cas des États-Unis, qui sont devenus aujourd’hui la surpuissance par excellence. Une telle position de force peut donner libre cours aux actions arbitraires de par le monde. Car aucune puissance humaine n’a, en soi-même, une quelconque raison susceptible de la maintenir dans le strict respect des lois et des droits internationaux. A ce sujet, dès mes jeunes années d’étudiant en philosophie à la Sorbonne-Paris-IV, dans les années 1977, conduisant déjà des recherches sur le devenir de l’Humanité sur notre commune terre, qui ont donné lieu à un ouvrage[6], je m’étais insurgé contre la thèse de Thomas Hobbes en me fondant sur l’exemple des États-Unis justement. En effet, selon ce philosophe anglais, Léviathan, devenu tout-puissant, à l’instar du Dieu des religions judéo-christiano-islamiques, et n’ayant plus d’adversaires à craindre, ne pourrait plus désormais vouloir mal agir. Car c’est la guerre de tous contre tous dans la recherche des mêmes biens qui est source de la méchanceté humaine. Les hommes, craignant la mort violente dans cette lutte impitoyable de l’état de nature, manifestent les uns à l’égard des autres une agressivité mortifère continue. Tel ne peut être le cas du Léviathan : celui-ci, par sa puissance intrinsèque, est infiniment au-dessus de cette masse d’êtres humains aux intérêts divergents et, pire, qui n’a pas l’intelligence claire en soi-même de son bien commun. Léviathan le comprend mieux qu’elle. Car cela suppose que celui-ci a la certitude profonde que le fait de comprendre libère l’intelligence de toute passion susceptible d’incliner à quelque parti pris ou intérêt particulier. L’on sait : comprendre est une manière d’opérer un changement en soi-même et d’envisager celui du monde, de son monde. Idéalement, et d’un point de vue utopique, une telle conception d’homme politique rationnel et juste est séduisante, admirable si l’on oublie un instant que les membres de l’espèce humaine- qu’ils soient particuliers ou souverains- ont toujours été capables du pire. Ainsi, au regard de l’histoire de cette espèce infatuée de sa prétendue supériorité, je désespérais de l’émergence des États-Unis comme mono-puissance sur terre.
D’une part, ceux-ci sont bâtis, au-delà des beaux principes de leur Constitution initiale, sur une essence institutionnelle inique, inéquitable, injuste, violente et discriminatoire. C’est pourquoi, je n’avais pas hésité à écrire de longues pages pour exprimer mon étonnement face à l’admiration mondiale et courante du modèle américain ; sans doute, une telle admiration est le fait de l’ignorance de la majorité des citoyens du monde quant aux réalités profondes de ce pays : « le modèle américain, triomphant aujourd’hui sur toute la terre, exerce une fascination jamais égalée dans l’histoire de l’humanité. Cette dynamique sans contrôle, figure d’un tyran qui, ayant le pouvoir suprême, l’exerce de manière absolue, sournoisement oppressive, parce qu’il l’a rendu fou… Devenus désormais la seule surpuissance, notamment militaire, les États-Unis ont aussi conforté leur hégémonie dans tous les domaines, donnant à contempler à toute la terre, l’image d’une puissance gagnante » (p. 334).
D’autre part, l’histoire récente de notre monde démontre manifestement que ce genre de Léviathan ne saurait être aucunement ni rationnel ni raisonnable, ni même humain quand il s’agit de montrer ses muscles, comme un enfant, pour prouver qu’il est réellement le plus fort et qu’il tient les rênes du pouvoir mondial ; d’autant plus que la raison et l’intelligence d’un pays résident dans la qualité spirituelle, intellectuelle et humaine de son magistrat. Or, à l’image des êtres humains, et en vertu du jeu de la démocratie, qui fait se succéder la figure des magistrats à la tête d’un pays, les États peuvent donc en connaître qui soient d’excellente qualité humaine, mais aussi la pire engeance de l’espère humaine. Les citoyens peuvent aussi se laisser abuser par la démagogie d’hommes politiques véreux moralement, dénués d’intelligence et de bon sens et psychologiquement déséquilibrés- beaucoup d’entre ce genre d’individus sont marqués par la paranoïa-, voire immatures ; mais qui parviennent, par le jeu des suffrages, à se hisser au sommet de l’État. Sous l’empire de tels magistrats ou chefs d’État, le pire est toujours à craindre pour tous quand il s’agit d’une surpuissance comme celle des États-Unis. C’est en ce sens, d’ailleurs, qu’aucun pays ne peut prétendre à un progrès qualitatif, celui de l’esprit, de la majorité de ses citoyens. Les peuples connaissent des mutations matérielles tout en étant dans le même état d’esprit ; il s’agit d’une répétition du même, c’est-à-dire de la même modalité d’être mental dans le temps ».
Certes, lors des deux guerres mondiales (1914-1918 et 1939-1945), les États-Unis ont dû voler au secours de l’Europe bien empêtrée dans des conflits monstrueux qu’elle avait elle-même générés. Cette intervention américaine a eu des conséquences majeures pour ce pays. D’une part, l’implication américaine dans les guerres européennes n’avait pas été effectuée par gratuité ou par humanisme ou grandeur d’âme. Bien au contraire, elle a permis aux États-Unis de pouvoir s’enrichir scandaleusement au détriment de l’Europe en vidant les lingots d’or de ses coffres-forts. D’autre part, l’industrie de l’armement, dans un processus de très forte production pendant cette période, a permis aux États-Unis non seulement d’expérimenter de nouvelles armes, mais aussi aux ingénieurs américains d’en concevoir de plus sophistiquées et de plus performantes. Ce faisant, l’industrie de l’armement a propulsé les États-Unis au rang de première puissance mondiale à la fois militaire et économique. C’est ce qui explique que, depuis 1960, les États-Unis ont pris l’habitude d’agir par-delà les discours trompeurs, fallacieux, justifiant leur conduite dans le monde, hors du droit international et des lois humaines. Tout se passe comme s’ils n’ont jamais eu d’adversaire de poids en face d’eux ; comme si les petites puissances (l’Europe, la Russie, aujourd’hui la Chine, l’Inde) tremblent devant eux au moindre toussotement et/ou frisson de cette puissance désormais ivre de sa force hors-normes. Cela s’explique par les raisons suivantes. D’une part, à l’instar du dieu phénicien Baal, les États-Unis démontrent, eux aussi, une soif inextinguible de sang humain ; une manifestation de soi mortifère rémanente de la terreur et des meurtres organisés depuis le XVIIIe et le XIXe siècle. L’histoire moderne et contemporaine nous a suffisamment enseigné comment le déploiement des colons anglais sur les terres amérindiennes a été fatal pour les primo occupants de la terre américaine. Point n’est besoin de les rappeler en détail. Ce fut un crime contre l’humanité jusqu’ici impuni en raison de l’impuissance des Amérindiens à demander réparation de ces exterminations d’hommes innocents, qui se contentaient de défendre leurs territoires contre des envahisseurs. Parallèlement à cette conquête, il y a eu la barbarie innommable, jamais reconnue ni excusée contre les populations noires, extraites de force de leurs territoires pour être vendues comme des marchandises sur les places publiques des territoires conquis par les populations d’origine européenne. Elles aussi n’arrivent pas à vendre leur douleur pour qu’elle soit reconnue par les hommes responsables de ces crimes. Comme elles ne disposent guère de lobbys puissants dans ce monde, en raison de leurs divisions, de leurs égoïsmes, de leur défaut de combativité, d’agressivité (celle-ci ne s’exerce que dans un sens : les Noirs contre les Noirs), de leur ignorance de la solidarité, elles ne sauraient avoir gain de cause sur notre commune terre. Dès lors, il est quasi normal que l’on continue de les piétiner, de les humilier de par le monde sans réaction défensive éminente.
D’autre part, cette soif de sang inscrite dans les structures élémentaires du mode d’être du monde états-unien, apparaît comme une constante désormais indestructible. Autrement, on ne comprendrait pas pourquoi les États-Unis soient toujours le seul pays qui obsède le monde au point d’en rendre son atmosphère étouffante, irrespirable. En effet, si l’on prend la peine de bien y réfléchir, on s’aperçoit que la terre tout entière est devenue comme le « Far West » contemporain de la puissance américaine. Notre commune terre, dans le silence coupable des autres prétendues grandes puissances mondiales, s’est transformée progressivement en un terrain de jeu de guerre pour les Américains, en raison de leurs interventions intempestives et continues dans le monde. Une telle conduite arrogante, un tel déploiement de soi au détriment des autres peuples, extension fondée sur le mépris, confirme la validité du concept jaulinien de Hébreu-Pharaon. Comme je l’ai analysé et précisé il y a quelque années déjà dans mon To Eskhaton, c’est la dynamique mortifère et aveugle qui conquiert le monde, à l’instar des cellules cancéreuses qui détruisent insidieusement et de manière suicidaire l’organisme en l’acheminant vers sa mort. En substance, je faisais l’analyse suivante : « Le modèle culturel américain est, en son essence même, synonyme de mort programmée du tout Autre. C’est ce qui fait dire à Jaulin que "Les U.S.A. ne sont pas l’avenir du vide, mais ils en sont bien le modèle momentané, leur rôle est de ce fait énorme"[7]. Nous nous permettrons de faire remarquer que non seulement ils sont, au fond, le modèle momentané, mais même, ils sont désormais la figure incontournable, dynamique ouverte sur un futur, le futur du monde, où la mort se tient aux limites de son horizon comme les premiers rayons du crépuscule annonciateurs de l’abime du soleil.
Ce paradigme culturel triomphant aujourd’hui est une inversion des choses, expression du pire en tout point. Si nous prenons, par exemple, l’essence de cette culture, nous voyons l’absence totale du sens ou de la culture de l’humain. Celui qui y a cours s’inscrit dans une logique néantique manifestée à travers la constitution d’un horizon, d’une sphère de réalité investi seulement par ce qu’on pourrait appeler l’humainement ou l’ethniquement pur, le politiquement correct, le religieusement convenable. L’état politique actuel du pays, malgré le progrès de la culture intellectuelle, cache mal la pureté doctrinale telle que l’ont conçue les Pères Fondateurs de cette "nation". C’est, du moins, ce qu’ils ont eux-mêmes reconnu, d’après Michel Rezé, Ralf Bowen : « Le mythe de l’Amérique en tant que "Terre promise" a une origine biblique. Les premiers immigrants de la Nouvelle Angleterre, des puritains (la plantation de Plymouth en 1620 et la colonie de la Baie du Massachusetts en 1630) se comparaient explicitement au peuple élu de l’Ancien Testament et s’identifiaient aux Hébreux de l’Exode qui, sous le commandement de Moïse, fuirent l’Égypte pour la Palestine "la Terre de Canaan". L’absolutisme et les politiques antipuritaines des rois d’Angleterre (Charles 1 er et Jacques 1 er) ressemblaient volontiers au pharaon et au long voyage, aux épreuves et aux privations auxquels les colons avaient dû faire face, le parallèle était évident avec les errances des Hébreux à travers le désert du Sinaï"[8]
D’ailleurs, l’idéologie de ces Pères Fondateurs de l’Amérique triomphante, aujourd’hui, s’inscrit dans le même cheminement qu’Hébreu-Pharaon en son essence originaire et en son déploiement dans le temps. Ce déploiement manipulateur et mortifère révèle que ce n’est pas Dieu qui est en cause -il ne peut prendre parti dans les affaires humaines tordues et complexes sans se nier lui-même comme Toute-puissance, Justice et Bonté-mais l’usage que les hommes font de l’idée qu’ils en ont conçue. Dieu, s’il existe vraiment, est toujours en retrait par rapport aux réalités humaines.
Mais, l’idée que l’on en a est une affaire qui marche bien et, à la longue, s’avérera scabreuse et mortifère pour la vie humaine. Ainsi, ces nouveaux Hébreux qui se sentent niés par leur Pharaon vont, â leur tour, sous d’autres cieux occuper cette position pharaonique, puissance niante. En se déployant dans cette position, ils vont inventer des Hébreux à nier, c’est-à-dire une entité projetée comme un ailleurs qui sert de courroie à la puissance déployante. De l’Est à l’Ouest du territoire des États-Unis, ce mouvement mortifère a pris matériellement un doublé visage : d’une part, les Amérindiens qui ont été niés c’est-à-dire pourchassés, tués, spoliés de leurs terres et des conditions de leur vie ; les Noirs qui ont servi d’instruments à l’émergence, à la constitution de cette nouvelle puissance dangereuse. D’autre part, la recherche de l’or, pure fiction de l’esprit en tant que valeur extrinsèque, c’est-à-dire inventée, lequel métal est constitutif, d’abord, de la puissance déployante "thanatotique" dont l’horizon fut, en premier lieu, l’Océan Pacifique, et qui devient, ensuite, le vide de l’ailleurs vidant qui se poursuit toujours. De même la méga-richesse (l’amoncellement ou l’accumulation du Capital) est, elle aussi, une absurdité pure, une superbe et scabreuse fiction.
Ainsi se trouve justifié le concept jaulinien d’Hébreu-Pharaon en tout temps et en tout lieu dès lors qu’il manifeste évidemment l’intériorité de la face cachée du monde devenu, et en perpétuelle mutation depuis mille ans. En d’autres termes, cette dynamique trouve un écho dans la nature même de l’Homme. Il s’appelle l’amour du pouvoir quelles que soient les formes que celui-ci peut revêtir : pouvoir politique, intellectuel, administratif, pouvoir de l’argent ; voire les formes multiples de commandement : presse, édition, armée, petit ou grand chef etc. L’essence de tout pouvoir est d’être exclusive et totalitaire. Elle ne souffre pas l’altérité. Le face à face lui est insupportable. N’est-ce pas la figure même de la conscience humaine qui ne peut supporter l’adversité et qui se met constamment en position de force face aux autres, tant que le sujet existe, en dehors de toute morale religieuse d’amour ou éthique philosophique (philia personnelle) […] »
II — Les interventions des États-Unis hors du droit international et des lois humaines
En ce sens le déploiement des États-Unis dans le monde est essentiellement la manifestation douloureuse de l’Usure-Temporalité ou Hébreu-Pharaon. Telle est la volonté de puissance nihiliste de tous les chefs de l’exécutif américain. Ils sont avides de sang humain qu’ils font couler sous divers cieux pour satisfaire leurs ambitions spécifiques. Deux motifs majeurs expliquent leurs agissements : soit pour se faire réélire, donc pour conserver le pouvoir ; soit pour tâcher de satisfaire la soif de vengeance de la majorité des peuples américains, peu éclairée sur le respect de la dignité des autres êtres humains, comme le recommande la religion judéo-chrétienne : « Aime ton prochain comme toi-même ». Les quelques exemples, ci-dessous, auxquels je me réfère suffisent à comprendre le sens de mes analyses. Ainsi, John Kennedy a engagé son pays dans la guerre du Vietnam, laquelle a eu pour effet de générer des souffrances ineffables pendant des décennies ; souffrances que les Vietnamiens ont eu en partage avec les soldats américains que l’on contraignait d’aller faire la guerre contre leur gré, comme autrefois, les enfants que l’on sacrifiait à la voracité de Baal. Cette guerre a été poursuivie pendant des décennies par les successeurs, démocrates ou républicains de John Kennedy.
En 1981, Ronald Reagan est élu Président des États-Unis. Aussitôt après son investiture, il lance ce slogan : « America is back » ou « L’Amérique est de retour » comme si elle avait déjà été absente de la scène du monde, après sa cuisante défaite au Vietnam en 1975. Puisqu’il n’avait que la suprématie de la puissance militaire américaine en tête, de 1980 à 1986, il favorise un accroissement spectaculaire des dépenses militaires. A titre d’exemple, en 1983, il crée l’I.D.S (Initiative de défense stratégique ou « guerre des étoiles »). Celle-ci avait pour but de protéger le territoire américain par un bouclier spatial supposé invulnérable aux missiles balistiques du reste du monde (comme l’ex-Union soviétique), que l’exécutif américain a tendance à considérer comme un ennemi potentiel. Dans la même année, pour piéger toute la terre devenue le royaume des États-Unis, il fait installer des missiles américains au Royaume-Uni et en Allemagne de l’Ouest afin de contrer le déploiement des missiles soviétiques en Europe de l’Est. Au cours de cette période, Ronald Reagan fait renverser le régime prosoviétique qui s’était installé dans l’Ile de la Grenade aux Antilles et fait armer la résistance afghane, encourage la Chine communiste au détriment de l’U.R.S.S. On remarquera que les États-Unis s’en prennent, jusqu’ici (depuis 1960), à des petits pays, à des puissances misérables comme autrefois, on aimait livrer des enfants sans défense à la voracité de Baal.
En août 1990, Saddam Hussein envahit et annexe le Koweït, dit-on avec le consentement implicite des États-Unis, dès lors que la C.I.A le savait parfaitement et n’avait rien fait pour l’en empêcher. Or, le Koweït, en tant qu’État souverain, membre des Nations-Unies, ne saurait être impunément rayé de la carte par un autre État membre de cette organisation internationale. Dès lors, l’O.N.U se devait de réagir contre cette violation manifeste des principes du droit international ; sauf quand il s’agit d’un État protégé par les États-Unis[9]. Avec l’accord de l’ONU, les États-Unis entreprirent une vaste opération pour libérer le Koweït. Georges Bush, alors chef de l’exécutif, veille hypocritement à ce que l’opération, appelée « Tempête du désert », soit entièrement approuvée par l’ONU dont le secrétaire général de l’époque était soumis à ses diktats. De cette manière, elle apparaissait comme une réaction de la soi-disant communauté internationale à l’agression irakienne, laquelle Communauté se résume toujours aux mêmes puissances occidentales, à cause de l’impuissance des autres soi-disant grands pays de notre planète.
L’union soviétique, qui fut l’ancienne alliée de l’Irak, s’est hâtée de voter toutes les résolutions des Nations-Unies contre Saddam Hussein, même celle qui prévoyait l’utilisation de « tous les moyens nécessaires » pour obliger ce dictateur à reculer. La bipolarité des puissances dans notre monde avait aussi pris fin, livrant la terre entière à la mono-puissance états-unienne pour le pire. La guerre du Golfe de Georges Bush, qui éclata le 17 janvier 1991, prit fin le 26 février de la même année. La fameuse Communauté internationale, sous la férule des États-Unis, fit subir une cuisante défaite à Saddam Hussein et placer l’Irak sous un sévère embargo. Pendant des années, la population irakienne en souffrit grandement, dans l’indifférence du reste du monde, notamment des États-uniens. Sous le contrôle de l’ONU, Saddam Hussein fut contraint de détruire ses armes nucléaires et chimiques. Donc, répétons-le, cette guerre a eu pour conséquence majeure de rendre misérables les peuples irakiens, de les affamer et de les priver de soins. Tout se passe comme si la fameuse Communauté internationale (qui n’a d’international que le nom) n’a cure de la souffrance des peuples arabes, comme s’ils ne sont pas aussi dignes de respect et de dignité au même titre que les autres êtres humains ; comme si les morts arabes devaient être considérés comme quantité négligeable ; comme s’ils étaient insignifiants et sans importance.
Quelques années plus tard, sous la présidence de Bill Clinton, les États-Unis s’arrangent avec l’ONU pour continuer à porter le glaive sur toute la terre. Ainsi, en 1992 (3 décembre 1992, 4 mai 1993), le conseil de sécurité donne mandat à une force armée conduite par les États-Unis pour intervenir en Somalie sous le nom de code de « Restaure Hope in Somalia » ou « Restaurer l’espoir en Somalie ». La raison apparente de cette intervention était la suivante : porter secours aux populations décimées par la famine et soumises aux seigneurs de guerre. Mais la raison inavouable était une tentative de prendre possession des réserves prometteuses de pétrole. Ce fut, et pour la deuxième fois, après le Vietnam, un échec cuisant. Les États-Unis durent se retirer de ce pays après l’humiliation infligée au corps d’un soldat américain par des somaliens.
Avec l’arrivée de Georges W. Bush à la tête de l’exécutif, ce fut le déploiement d’une puissance barbare, aveugle et sans contrôle contre deux pays arabes, deux peuples arabes et musulmans : l’Irak encore, et l’Afghanistan. Ces guerres causent un double dégât monstrueux : les souffrances des peuples arabes dans l’indifférence du reste du monde, ou son impuissance ; les dépenses colossales qu’elles entraînent dans le budget américain[10] ; une dépense inutile de la richesse des peuples américains. On détourne l’argent destiné aux investissements générateurs d’emplois aux États-Unis pour le bénéfice des industriels de l’armement. Ces guerres, qui sont toujours en cours, démontrent comment les États-Unis, qui constituent à eux seuls, sur notre commune terre, la terreur ; celle-ci crée constamment crainte et tremblement partout. Et ils méprisent les douleurs des peuples qui sont leurs victimes ; ou les cobayes servant d’expériences à leurs nouvelles armes technologiques, en l’occurrence, les peuples arabes.
Lorsque Barak Obama est arrivé au pouvoir en 2008 avec un programme humaniste jamais envisagé en ce pays, il nous a tous fait rêver en raison de sa volonté d’arrêter le processus terrifiant et guerrier des présidents états-uniens. Par une nouvelle modalité de gouvernance politique et économique, il projetait de faire advenir un nouveau monde : un monde d’amour et de paix. Et c’est au regard de la belle promesse de ce nouveau monde que les honorables membres de la Fondation Nobel de Suède lui ont décerné le prix Nobel de la paix. L’on a voulu ainsi l’encourager à agir dans le sens de la paix telle qu’il l’avait promise. Hélas ! Malgré ses belles intentions, fruits d’une belle âme, il n’a pu résister à l’attrait du mal pour diverses raisons majeures. D’une part, lorsque le chef de l’exécutif ne s’accorde pas avec les membres des autres grandes institutions politiques de ce pays, comme le Congrès, il ne peut avoir aucune liberté d’initiative. Dans ce pays où la religion judéo-chrétienne a pollué et aliéné les esprits, excepté ceux de la frange de la population états-unienne qui fait preuve de culture savante, d’intelligence critique et élégante (comme par exemple Noam Chomsky), l’on agit suivant l’empire de la lie de l’humanité.[11] On en vient vite à l’abhorrer s’il ne satisfait pas les désidératas de cette frange de l’humanité. D’autre part, le lobby des armes agit comme une totalité dans une totalité, un État dans un État. Il exige continûment que du sang humain soit versé dans le monde, que des vies soient brisées sous la puissance et la sophistication de ses objets de la mort. Dès lors, l’armée américaine doit avoir pour mission de délester ce pays d’une grande partie de ses armes produites. Elle le fait en s’en amusant ; c’est-à-dire en massacrant impunément des populations humaines, partout dans le monde, sauf aux États-Unis. Grâce à cette épée de Damoclès, aucun chef de l’exécutif américain ne semble avoir le courage d’affronter la force du lobby des armes, au risque de se voir réduit à néant dans ses actions politiques.
Et la ploutocratie américaine a en partage cette idéologie de la mise à mort programmée des peuples non européens. Et l’intelligence de cette ploutocratie est comme aliénée par deux facteurs majeurs également mortifères : d’abord elle est prise aux pièges de l’empire et de l’amour de l’argent ; ensuite, elle constitue elle-même la classe sacerdotale du dieu Baal, inconsciemment sans doute, hormis la minorité éclairée de la population qui fait preuve d’esprit critique et philosophique. En outre, presque tout le monde est adorateur de pharaon dans la paire Hébreux-Pharaon, comme symbole de la suprême puissance. Enfin, Barak Obama, comme tout être humain, ne peut demeurer sain d’esprit en touchant au pouvoir, frappé de malédiction en son essence même. Tel est du moins, le sens de l’analyse de ce phénomène que je fais dans le 2e tome de mon essai de géopolitique dont voici un court extrait : « En effet, la propriété du pouvoir, qu’on pourrait appeler le phénomène mystérieux de l’ombre (celle de la nature biochimique de l’homme) ou le spectre de l’innommé, ne cesse de ronger l’esprit des hommes politiques, de les tourmenter au point de rendre leur vie insupportable à leurs propres yeux. A l’instar de la maladie de Creutzfeldt Jakob, en raison de la dégénérescence spongiforme caractéristique de l’encéphale qu’elle entraîne chez les personnes qui en sont affectées, ce phénomène mystérieux de l’ombre ne ronge pas seulement la cervelle des Gollums. Il fait pire : il infecte et affecte progressivement ou rapidement, suivant le caractère sain de l’esprit des individus, la conscience morale, psychologique et toute la raison. C’est ce qui explique justement qu’ils ne tardent pas à devenir des despotes au pouvoir absolu, odieux pour leurs peuples ; au point que leur régime politique se transmue en tyrannie et/ou en totalitarisme. C’est ce qui explique aussi que les démocraties contemporaines sont devenues elles-mêmes des dictatures « démocratiques » (p.112)
On comprend alors que Barak Obama soit gagné par le sentiment de la puissance de soi, puisque la folie du pouvoir crée, à son insu, un désordre psychique dans n’importe quel individu. Et on n’est pas étonné de constater comment il fait preuve d’une propension à ordonner la liquidation de ses « ennemis », à autoriser la violence contre des populations arabes par ses armées, lesquelles ont pris la possession du monde. Désormais, le fameux prix Nobel de la paix ne craint plus d’agir contre les principes fondamentaux qui régissent moralement ce prix. S’il le faut, il pourrait, comme ses prédécesseurs, déclarer la guerre à quelques petits États pour se faire réélire par exemple. Pourtant, celui-là même qui ordonne de liquider des Arabes dans le monde, sous prétexte de terrorisme, qui agit avec désinvolture et mépris par rapport au Pakistan, s’avère incapable d’user de la puissance dont il dispose pour régler le problème épineux du Proche-Orient : aider la Palestine à accéder au statut d’État souverain, à l’instar des autres peuples de cette région de notre commune terre. Mais il se montre toujours fort et impitoyable quand il s’agit de détruire un État arabe, d’humilier son dirigeant, comme il le fait actuellement en Libye, avec la complicité de la fameuse Communauté internationale, composée essentiellement d’États européens.
III — Les raisons fallacieuses d’une intervention inique en Libye et ses conséquences désastreuses prévisibles
La guerre contre l’Irak, peuple arabe et pays musulman, contre l’Afghanistan, peuple arabe et pays musulman et aujourd’hui contre la Libye, peuple arabe et pays musulman… Et demain, à qui le tour ? Contre quel pays arabe ou musulman va-t-on déclarer encore la guerre sous ces fallacieux prétextes ?
La partie de notre commune terre que l’on nomme aujourd’hui Occident s’est fondée sur une double mythistoire dont les origines remontent au Moyen-âge. D’une part, sa création, comme un ensemble politique, voire un bloc supposé homogène, s’est forgée en tant que contingence ou occident historique, dans une double opposition : d’abord, cette homogénéité n’est qu’un artifice de la raison, qui trouve sa justification a posteriori, c’est-à-dire de l’idée, plus exactement de l’illusion que l’Occident serait constitué de peuples eux-mêmes homogènes. Or, une telle croyance est totalement infondée par rapport à l’histoire. C’est en ce sens que l’historien Christopher Dawson écrit : « à la différencede l Australie et de l Afrique, l’Europe n’a pas d’unité naturelle ; elle est le résultat d’un long processus historique et d’une longue évolution spirituelle. Du point de vue purement géographique, elle n’est que le prolongement nord-ouest de l’Asie, et son unité physique est moindre que celle de l’Inde, de la Chine ou de la Sibérie ; du point de vue anthropologique, elleprésente un mélange confus de races, et le type européen est le fruit d’un ensemble de conditions sociales plutôt que celui d’une unité de race. Même sous le rapport de la civilisation, l’unité de l’Europe n’est pas le fondement et le point de départ de son histoire, mais le but ultime et qu’elle n’a pas encore atteint, vers lequel elle s’efforce depuis plus d’un millier d’années[12] ». D’autre part, comme je l’ai déjà analysé dans un précédent ouvrage, le facteur religieux a été très important dans l’émergence de cette entité. D’où mon questionnement et mes remarques dont je rapporte ici un court extrait : « En définitive, ce que l’on nomme la civilisation occidentale, du point de vue historique, avec ses caractéristiques spécifiques, est née dans les limites de l’ancien empire carolingien, c’est-à-diredans les confins des anciens territoires francs du Nord de l’actuelle France et de ceux de l’Allemagne occidentale. Cependant,ne peut-on pas dire que la mythistoire religieuse a joué également un rôle dans la conception de l’idée d’occidentalité ? En effet, l’idée d’occidentalité (outre la mythistoire qui a pris naissance au Moyen-âge et qui s’est poursuivi jusqu’au XVIIIe siècle à peu près, dont l’objectif principal était de fonder l’unité de la chrétienté, voire l’unicité, l’entité de la culture occidentale) résulte surtout de la prise de conscience de soi en tant que civilisation par rapport à d’autres. Selon Suzanne Pillorget[13], la conscience d’appartenir à la Chrétienté s’est surtout faite par opposition, d’une part, au Judaïsme et, d’autre part, à l’Islam. Au fur et à mesure ques’élargissent les horizons de l’espace, depuis la fin du Moyen-âge, et plus particulièrement au début du XVIe siècle, les Européensréalisent l’évidence de leur différence quant au type physique humain par rapport aux mœurs, aux religions, au physique d’autres populations humaines. L’ouverture des esprits résulteelle-même de l’ouverture de l’espace géographique ».
Enfin, la philosophie comme science éminente, à la fois théorique et pratique de l’intelligence pure, a été aussi l’un des déterminants majeurs dans la genèse et la construction de l’idée d’Occidentalité. La définition même de la philosophie par Descartes implique une telle hypothèse. Sans évoquer explicitement l’idée d’Europe ou d’Occident, à propos de l’utilité de la philosophie pour les hommes, il s’est employé à montrer qu’en raison de cette utilité, elle doit être étendue « à tout ce que l’esprit humain peut savoir ». Donc, elle apparaît comme le signe manifeste de ce « qui nous – sans doute songe-t-il ou parle-t-il des peuples européens ?- distingue des plus sauvages et barbares ».[14] Dès lors, « chaque nation est d’autant plus civilisée et polie que les hommes y philosophent mieux ; et ainsi que c’est le plus grand bien qui puisse être en un État que d’avoir de vrais philosophes[15] […] ». Dès lors, « C’est proprement avoir les yeux fermés, sans tâcher jamais de les ouvrir, que de vivre sans philosopher… » Car « Cette étude est plus nécessaire pour régler nos mœurs et nous conduire en cette vie, que ne l’est l’usage de nos yeux pour guider nos pas ».
Si donc l’Occident est le fruit à la fois de l’humanisme chrétien, de la lumière de la philosophie, il n’agit pas conformément à l’esprit de ces données fondamentales des réalités humaines. Au fond, ce qui l’emporte, dans ses agissements, sur le souci de l’humanisme ou de l’intelligence, c’est la volonté de domination. C’est en ce sens que l’intervention occidentale en Libye fait penser encore à la manière dont les puissances occidentales ont dépecé le continent africain. En effet, selon Cheikh M’Backé Diop « du 15 novembre 1884 au 26 février 1885, à Berlin, une « conférence » sur l’Afrique avait réuni les pays européens ainsi que les États-Unis. Cette rencontre se termina par la signature de l’Acte de Berlin qui a conduit au « partage de l’Afrique » entre les puissances européennes : l’Angleterre, la France, la Belgique, l’Allemagne, le Portugal, l’Espagne »[16]. Un tel acte a été effectué dans le mépris total des peuples et de leurs frontières en tant que primo-occupants des territoires ; et dans celui de leurs institutions politiques respectives. On a eu recours aux ratiocinations fallacieuses pour nier celles-ci ; ce qui autorise à parler de « colonisation » alors qu’il s’agit d’une réelle occupation. Ces territoires n’ont jamais été vierges pour s’autoriser à parle de « colonisation ». C’est un terme juridique trompeur, un galimatias inacceptable. Il s’est agi alors de dépecer un continent initialement mis en valeur par ses primo-occupants, suivant des modes de développement spécifiques et porteurs d’avenir pour les générations futures. Ce fameux partage avait donc pour but d’occuper les pays africains (ou territoires selon le langage de la domination occidentale) pour les voler et soumettre leurs peuples aux conditions de non-humains afin d’exploiter plus aisément leurs immenses richesses sans se poser de cas de conscience morale.
Le temps a passé, mais rien n’a changé ; et ceci à double titre. D’une part, les chefs d’État africains contemporains ne manifestent aucun sens de solidarité par rapport à un pays africain injustement attaqué, en l’occurrence, la Libye. Un écho du « Canard enchaîné » (mercredi 25 mai 2011) confirme bien le sens de mon propos. Aucun chef d’État africain présent n’a encore pris conscience de la nécessité de défendre les frontières du continent africain contre l’agression étrangère. Comme leurs prédécesseurs, qui n’ont pas hésité à livrer leurs propres frères aux marchands européens, ceux d’aujourd’hui agissent de la même manière. A ce sujet, on peut s’autoriser à parler de l’honneur perdu du président Mahamadou Issoufou (président du Niger depuis le 7 avril 2011) pour avoir été au devant de la volonté de la France d’utiliser son pays pour livrer des armes aux adversaires de Kadhafi. Selon cet hebdomadaire, « c’est le général Benoit Puga, chef d’état-major particulier de Sarko, qui a supervisé des livraisons clandestines d’armes aux insurgés libyens. Comme « Le canard » s’était fait un plaisir de le raconter, le 4 mai, des camions prêtés par le gouvernement nigérien transportaient cette quincaillerie mortelle vers Benghazi. Pourtant, l’Otan s’interdit, en principe, de fournir des armes aux rebelles. Lors d’une visite à Niamey en avril dernier, le général Puga avait mis au point ce trafic « élyséen » avec le président Issoufou. Mais sans prévoir que, chemin faisant, des armes disparaitraient à travers le désert et tomberaient entre les mains de quelques groupes plus ou moins terroristes »
Pourtant, auparavant, du temps de sa splendeur, la majeure partie de ces mêmes chefs venaient manger dans la paume de Kadhafi. En cas de difficultés financières, celui-ci n’hésitait pas à les secourir grâce à ses pétrodollars, en pure perte. Car un grand nombre d’entre eux n’a jamais eu le sens du remboursement des prêts libyens. Pire encore, à l’instar de quelques-uns de leurs aînés, les chefs d’État africains sont passifs face à l’étranger envahisseur. On eût dit, je le répète, qu’ils sont toujours à genoux devant lui ; qu’ils préfèrent le silence et l’humiliation à la volonté d’affirmation de soi. Ils se comportent comme s’ils n’existaient pas encore comme chefs d’État souverains, mais plutôt comme des présidents de confettis d’États dépendants, insignifiants et soumis à des puissances étrangères, en l’occurrence, occidentales. Quant vont-ils se réveiller, enfin, prendre conscience de la souveraineté de leurs peuples respectifs et des frontières de leur continent ?
D’autre part, quoi qu’on dise, le groupe de pays dit occidental se comporte toujours en pays dominateurs et puissants ; non pas dans toutes les zones de la terre, mais essentiellement en Afrique, au Proche et au Moyen-Orient, faute de réelle opposition en face de lui. Car devant lui, il trouve toujours le néant, le vide, la faiblesse rédhibitoire, qui semble trouver son contentement en courbant l’échine devant les puissances souveraines occidentales. S’il en était autrement, cela se saurait depuis bien longtemps. Hélas ! Ce n’est pas encore le cas.
On n’est donc pas étonné de la promptitude de la réaction de la communauté internationale, qui se réduit essentiellement aux puissances occidentales, avec la connivence de l’ONU, devenue son outil moral face à l’imprudence politique de Kadhafi. Celui-ci a eu la maladresse politique de tenir des propos très durs vis-à-vis des citoyens de son pays, qui ont osé le défier et braver son autorité. Comme ces propos s’adressaient principalement aux habitants de la Cirenaïque, dont ceux de Benghazi, cela a été le fallacieux prétexte de l’intervention de cette fameuse Communauté internationale. L’on a commencé par intoxiquer les esprits des benêts, qui ont encore la naïveté de croire aux mensonges des politiques, que l’intervention a pour but de protéger les populations de Benghazi contre le massacre entrepris par Kadhafi à leur égard. Or, si telle était la bonne intention effective, comment comprendre que cette même Communauté internationale ne soit pas intervenue au Bahreïn, en Arabie Saoudite, en Syrie, au Yémen ? Ne continue-t-on pas, dans les deux derniers pays, de massacrer la population au quotidien ? Qu’est-ce donc que cet humanisme si impartial qui voit tout le mal d’un côté et ferme les yeux de l’autre ? En outre, la protection des populations de Benghazi n’implique pas de déployer tant d’armement face à un seul petit et faible pays.
Au quotidien, les européens larguent des bombes sur les populations à Tripoli et ailleurs dans toute la Libye, comme si l’on avait déjà oublié les populations de Benghazi. Et quand la France et la Grande-Bretagne ont épuisé leurs stocks de bombes sur la tête des Libyens, les États-Unis n’hésitent pas à leur en fournir, comme l’affirme un article du « Canard enchaîné ». Le titre de l’article est, d’ailleurs, fort explicite de l’intention des dirigeants de ces deux pays : « Des bombes gratuites pour se payer Kadhafi ». En effet, « après plusieurs semaines de raids sur la Libye, les stocks de bombes françaises et britanniques sont à sec. Pas très glorieux, quand on veut jouer les gendarmes en Méditerranée. Il n’est donc pas question d’avouer que les États-Unis ont été appelés au secours et qu’ils ont, tout récemment, livré gratis à Paris et à Londres les « bombes intelligentes » qui vont permettre aux aviateurs français et britanniques de ne pas s’envoler à vide. A savoir des GBU made in USA de 250 et 500 kilos, guidées par laser, des roquettes et d’autres munitions air-sol.
C’est un aimable cadeau que le Pentagone a chiffré à 25 millions de dollars, histoire de prouver à ses alliés que Washington ne voulait pas les voir manquer d’arguments explosifs contre Kadhafi. A dire vrai, ce n’est pas la seule aide fournie par la Grande Amérique. Si les avions US de ravitaillement en vol n’abreuvaient pas en carburant bombardiers français et britanniques, et si d’autres appareils américains de renseignement et de guerre électronique ne leur fournissaient pas, en survolant la Libye, des informations essentielles, Paris et Londres auraient quelque peine à poursuivre cette guerre ».
Quant à leurs alliés, les états-uniens eux-mêmes, ils sont comme dans une salle de jeu : à des milliers de distance de la Libye, avec l’accord de Barak Obama, ils envoient des drones « prédators » qui tirent et font pleuvoir des bombes dangereuses sur la tête des libyens de manière indistincte. Et cette bataille inégale, immorale même n’est condamnée par aucun pays, puissant ou non, ni aucune Communauté dite internationale, ni par l’ONU, l’instance morale des États contemporains. Les bons sentiments, qui ne sont intelligibles que par des ignorants, ont toujours été la belle image humaniste pour commettre impunément des crimes contre l’humanité et contre les principes du droit international, qui stipulent que tout pays et/ou peuple[17] reconnu par l’ONU, quelle que soit sa taille, petit ou grand, est égal à un autre. Il est souverain et son chef d’État doit être respecté comme les autres. A ce titre, Barak Obama n’a pas plus de dignité que Kadhafi.
Dès lors que le voile est levé sur l’hypocrisie initiale et que l’on ose enfin avouer clairement qu’il s’agit de chasser Kadhafi du pouvoir, on se rend à l’évidence que les premiers arguments étaient des mensonges. Tel est le sens d’un article du « Canard enchaîné », qui lève le voile sur le mensonge et l’hypocrisie des puissances occidentales coalisées contre un seul homme, un même peuple, sans vergogne au regard de la démesure dans ce conflit ubuesque et incongru. L’intitulé de l’article est, en soi, révélateur : « Missiles et négociations pour en finir avec Kadhafi- Les avions français et britanniques cherchent à le tuer… » Selon cet hebdomadaire, en effet, « avec l’espoir d’éviter que cette guerre ne dure plusieurs mois, voire davantage, les adversaires de Kadhafi ne ménagent pas leur peine. De temps à autre, les avions de l’Otan tentent de lui régler son compte, en balançant quelques missiles sur ses repaires plus ou moins secrets. En revanche, et de manière plus courtoise, on lui garantit la vie sauve, et celle de sa famille, s’il accepte de prendre sa retraite en Serbie (Belgrade s’est porté volontaire), dans les Émirats ou dans un quelconque pays de son choix.
A la fin avril, un missile bien « guidé » a réduit en miettes, dans un immeuble du complexe Bab Azizia, à Tripoli, un bureau souvent utilisé par Kadhafi. Et, dans la nuit du 30 avril, un bâtiment du même quartier, où, croyait-on, se trouvait le chef libyen, était en partie détruit par un autre missile français ou britannique. Résultat : la mort de Seif al-Arab, le plus jeune fils Kadhafi, et, méchante bavure, celle de ses trois enfants âgés de 2 ans et 4 mois.
Cette volée de missiles a provoqué des réactions hostiles à l’ONU, à Moscou, à Pékin et dans plusieurs pays d’Afrique. Car, si la résolution du Conseil de sécurité a béni l’entrée en guerre des Occidentaux et prôné la protection des populations civiles, elle s’est bien gardée d’autoriser l’assassinat du Colonel. A l’état-major de l’Otan - mais c’est vraiment pure hypocrisie -, on affirme que ces missiles ne visaient que des bâtiments militaires qualifiés de « stratégiques ». Même sur ce plan, de quel droit un ensemble de pays peut-il décider, de son propre chef, de destituer un homme d’État parce que la liberté de celui-ci le gène ?
Pourtant, comme je l’ai suffisamment montré dans les deux volumes de mon essai de géopolitique, hormis le personnage fantasque, Kadhafi a beaucoup fait pour relever le niveau de vie de son peuple. En 1986, par exemple, la population libyenne avait le niveau le plus élevé de tout le continent africain. L’éducation et la libération des femmes a extraordinairement progressé en Libye par rapport à tous les pays voisins. Kadhafi a toujours refusé d’être un valet de l’Occident, d’être aisément malléable, manipulable, comme ses pairs africains. Il a toujours défendu les citoyens libyens dans le monde. Et son peuple était fier de ne pas prendre le chemin de l’exil pour des questions économiques. En même temps, il travaillait dans le sens des intérêts de l’Occident : avec la richesse produite par le pétrole et le gaz, il achetait leurs armes ; et son pays était comme un mur qui protégeait les frontières européennes contre les clandestins, au prix du respect et de la vie de ces derniers[18]. Mais, de tout cela, en apparence, l’Occident n’a cure, ni même du bien-être du peuple libyen ; ce qui l’intéresse, ici et maintenant en Libye, c’est la mort d’un chef d’État, sans déclaration de guerre effective, ni cause réelle, hormis le fait de montrer que l’on est puissant et maître du monde.
Dès lors, cet acharnement de l’Occident contre Kadhafi frise l’absurdité absolue, le non-sens, voire la passion haineuse. Une telle posture exprime ouvertement la haine de l’Occident à l’égard des Arabes (comment dire les choses autrement ?) ou encore la manifestation de cet inepte concept du « choc des civilisations ». Ce ne sont pas les peuples qui se déclarent la guerre, mais bien les agissements des élites politiques. Ce sont elles qui sont causes de tous les maux qui frappent le monde arabe depuis une vingtaine d’années. A cause de ces actes passionnels, il y a le désordre partout dans le monde arabe. En effet, l’Irak d’aujourd’hui n’est pas un modèle de réussite politique, même si l’intention supposée des Américains était d’instaurer la démocratie en ce pays, comme si celle-ci était elle-même un modèle politique. Bien au contraire, le chaos provoqué en Irak par les guerres américaines est profond dans les esprits et dans les faits. L’Afghanistan est exactement dans la même situation. La démocratie à l’américaine n’est pas source de paix, de cohésion sociale, mais de désordre, de chaos, de troubles divers, de violence institutionnelle. C’est ce qui risque d’arriver en Libye. Lorsque la haine des Occidentaux aura réussi à pousser Kadhafi hors de son pays ou à le tuer sans raison, les divisions et les mésententes séculaires entre les grandes tribus de ce pays que ce dernier avait réussi à juguler par une tactique politique pertinente et efficace, pourraient resurgir tôt ou tard. Pire, Al-Qaida, dont des membres se sont déjà mêlés aux soulèvements des populations libyennes, pourrait faire de ce pays un terrain d’expérience. Aussi, au lieu d’obtenir la paix, ce serait la guerre et une menace perpétuelle de conflit en face de l’Europe. Au lieu d’avoir la paix, les occidentaux s’apprêtent à installer le désordre, le chaos en Libye, comme d’habitude.
Finalement, comme je l’ai démontré dans le 2ème volume de mon essai de géopolitique, les politiques sont des monstres factices et éphémères, toujours inconscients de leur statut de ministres transitoires des peuples, quand ils exercent le pouvoir. Aussi, sont-ils dans la posture de mépris de ceux qui les ont faits rois, l’espace d’une mandature. Dorénavant, ils se sont vendus au pouvoir de l’argent au détriment de la défense des intérêts de leurs peuples. Or, la réalité intangible permanente, c’est le peuple. Notre commune terre lui appartient en propre. Il est le véritable garant des biens de celle-ci. Ce sont donc tous les peuples qu’il faut défendre contre le germe des divisions créées par les élites politiques. Celles-ci n’ont d’autres intérêts que la défense de ceux de leur classe, le temps de leur gouvernement. C’est dans l’esprit et l’unité des peuples que nous, particuliers, devrions trouver notre propre unité et notre salut. En dehors de ceux-ci, c’est le chaos dont les politiques sont les facteurs.
Références bibliographiques
– Anta Diop M’Backé Cheikh (2003) : Cheikh Anta Diop-L’homme et l’œuvre- (Présence Africaine, Paris)
– Bamony Pierre (2000) : To Eskhaton, le triangle de la mort (Thot, Grenoble) ;
(2008) : Eve, fille d’Eve : le féminin intemporel-Vanité du soi-disant sexe fort- (Thélès, Paris) :
(2010) : Pourquoi l’Afrique si riche est pourtant si pauvre ?-De la faillite des élites de l’Afrique subsaharienne- tome 1 (Éditions Le Manuscrit, Paris) ;
(À paraître prochainement) : Pourquoi l’Afrique si riche est pourtant si pauvre ?- La malédiction du pouvoir politique-Quel espoir pour les peuples de demain ?- (Éditions Le Manuscrit)
– Dawson Christophe (1960) : Le moyen-âge et les origines de l’Europe (Arthaud, Paris)
– Descartes René (1965) : Principes de la philosophie-Introduction et notes par Guy Durandin- (J. Vrin, Paris)
– Jaulin Robert (1977) : Les chemins du vide (Ch. Bourgois, Paris)
- Kant Emmanuel (1988) : Projet de paix perpétuelle (J. Vrin, Paris)
– Key Words (1988) in American life, Undestanding the Unites States
– Pillorget Suzanne (1969) : Apogée et déclin des sociétés d’ordre 1610-1787 (Larousse de Poche, Paris)
– Les Religions du Proches-Orient-babyloniens-Ougaritiques-Hittites (ouvrage collectif) (Fayard-Denoël, Paris)
Journaux :
– « Le Canard enchaîné »- mercredi 25 mai 2011
– « Le Canard enchaîné »-mercredi du 1er juin 2011
[1] – Fayard-Denoël coll. Le trésor spirituel de l’Humanité, Paris 1970 ; p. 367
[2] – Les hébreux étaient aussi polythéistes que les autres peuples de cet Orient moyen et proche de la Méditerranée. Baal figurait parmi les dieux vénérés à Jérusalem même, selon les auteurs de l’ouvrage précité ; et dont on trouve de nombreuses traces dans l’Ancien Testament, en particulier.
[3] – Pourquoi l’Afrique si riche est pourtant si pauvre ? De la faillite des élites de l’Afrique subsaharienne– tome 1 (Editions Le Manuscrit, Paris 2010, p.p. 378 à 383)
[4] – Dans un ouvrage publié en 2008, j’ai longuement analysé les causes de cette forme de pathologie propre au masculin depuis environ quatre mille ans ; une pathologie qui risque, à tout moment, de mettre en danger la vie sur la terre, celle des êtres humains et des autres espèces vivantes. En outre, elle a toujours conduit le malheureux masculin à organiser le massacre des enfants d’Eve par ses guerres infantiles et monstrueuses. Si l’on veut en savoir plus sur ce sujet, il suffit de lire le chapitre quatre de cet ouvrage « L’essence du masculin : privation du creux et soif infantile du pouvoir » (Eve, fille d’Eve : le féminin intemporel-Vanité du soi-disant sexe fort-, Thélès, Paris, 2008, p.124 à 194).
[5] Sur ce point, au risque de me répéter, j’ai déjà démontré, dans un ouvrage récent (Eve, file d’Eve le féminin intemporel-Vanité du soi-disant sexe fort- Thélès, Paris, 2007), ce qui, dans la nature du masculin, explique son inclination à l’esprit guerrier, à une entreprise séculaire mortifère. Une telle conduite pathologique permanente, depuis que les pouvoirs religieux et politiques sont passés des mains du féminin au masculin, il y a environ cinq mille ans, s’explique ainsi : « chez le masculin, il y a comme une impossibilité de garder son âme égale à elle-même : l’inadéquation de soi avec soi-même est une constante de sa personne. On comprend alors qu’il soit sujet au trouble psychique rédhibitoire qu’est son amour immodéré pour la guerre, toutes sortes de destruction de la vie humaine en somme… Cette pathologie psychique du masculin est… la source des maux les plus dangereux, les plus aigus, les plus imparables par l’ampleur de leurs possibles catastrophes quant à la sécurité de l’espèce humaine sur terre » (p.129). Car les guerres, mondiales, régionales ou locales, ne sont jamais rien d’autres que des crimes organisés par la volonté des hommes politiques, c’est-à-dire le masculin.
[6] – Pierre Isso-Amien Bamony : To Eskhaton-Le triangle de la mort (Editions Thot, Grenoble, 2000)
[9] – Tel est le cas de l’intervention d’Israël au Liban (Le conflit israélo-libanais de 2006). L’O.N.U et les États-Unis sont restés muets, ou plutôt inactifs face à cette agression d’un État membre de l’ONU contre un autre État membre de l’ONU (début de la guerre 12 juillet ; résolution 1701de l’ONU, après beaucoup de massacres des populations civiles, 14 août 2006).
[10] – Selon un écho du « Canard enchaîné »-mercredi 1er juin 2011, « les opérations militaires en Irak ont coûté aux États-Unis 642 milliards de dollars, entre mars 2003 et décembre 2010. C’est la conclusion d’une étude de 70 pages du GAO, l’équivalent américain de notre Cour des comptes. Et encore il faut 24 milliards pour la formation et l’équipement de l’armée irakienne ».
[11] – Pourquoi l’Afrique si riche est pourtant si pauvre ? - La Malédiction du pouvoir politique-Quel espoir pour les peuples de demain ?- Tome II (« Du peuple et de la lie de l’Humanité comme dimension de l’egolâtrie », livre à paraître prochainement Editions Le Manuscrit).
[14] – Principes de la philosophie – Introduction et notes par Guy Durandin (J. Vrin, Paris 1965, p.31)
[15] – On peut légitimement s’interroger, sur ce point, de savoir si notre monde contemporain possède encore de « vrais philosophes ». Car on ne peut concevoir que quelqu’un puisse se prétendre philosophe, conseiller des élites politiques, et manquer de les éclairer sur les exigences de l’esprit philosophique, qui vise essentiellement au règne de la paix (voir sur ce point Emmanuel Kant : Projet de paix perpétuelle, J. Vrin, Paris 1988). La philosophie est, en son essence même, irénique. A l’inverse, l’on participe du désordre du monde, sous couvert du statut de philosophe, en incitant les hommes politiques au crime. L’on fait preuve ainsi de postures partisanes au regard des problèmes spécifiques des peuples de la terre. Le philosophe, en principe, n’est d’aucun pays, ni d’aucune communauté humaine. Sa patrie est l’Humanité en sa totalité et en son universalité. C’est pourquoi, on a raison de penser qu’il n’y a plus de « vrais philosophes » aujourd’hui. Nous avons affaire à des « histrions » de la philosophie, selon l’expression de Nietzsche, voire à des « philistins » tout entiers accaparés par l’inessentiel. Ils obscurcissent et jettent le voile sur les phénomènes bien qu’ils prétendent les éclairer, on ne sait comment. La toge du philosophe convient mieux à la stature de Noam Chomsky qu’à celle de nos intellectuels contemporains, qui se prennent pour des philosophes.
[16] – Cheikh Anta Diop : L’homme et l’œuvre (Présence africaine, Paris 2003, p.13)
[17] – Selon ces principes, « le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes implique le libre choix par chaque peuple de son régime politique. Cette prescription est énoncée par l’article premier du Pacte international relatif aux droits civils et politiques de 1966 : « Tous les peuples ont le droit de disposer d’eux-mêmes. En vertu de ce droit, ils déterminent librement leur statut politique et assurent librement leur développement économique, social et culturel » ». (« La Charte des Nations Unies, article premier, paragraphe 2)
[18] – Les candidats subsahariens à l’émigration étaient enfermés dans des enclos, sans aucune hygiène eu égard à leur dignité, en plein désert où beaucoup mourraient dans l’indifférence de leur pays d’origine.