Le discours africain de Nicolas Sarkozy a suscité de nombreuses réactions dans le monde mais surtout en Afrique. En France, dernièrement Bernard Henri Levy s’est violement insurgé contre les contenu raciste de ce disours mais il s’en est pris surtout au porte plume de Sarkozy, le sieur Henri Guaino qui prétend faire de l’Anthropologie... à la mode de Monsieur Jourdain.
Même si les thèses énoncées par Sarkozy ne semble pas éveiller beaucoup d’échos, en dehors de quelques cercles d’avertis, il sera lourd de conséquences dont notre cher président ne mesure pas l’ampleur. On n’humilie pas ainsi un continent sans qu’un un jour ou l’autre, il faille rendre des comptes.
Nous recommandons au lecteur francophone de lire la réponse de Boubacar Boris Diop au discours de Sarkozy.
« La brève visite de Nicolas Sarkozy au Sénégal aurait pu passer inaperçue : elle lui a au contraire servi de prétexte à un discours inacceptable, que jamais il n’aurait osé tenir hors du pré-carré, devant le plus insignifiant de ses pairs. En Tunisie et en Algérie, il a bien compris qu’il ne lui serait pas permis de se comporter comme en pays conquis. Il n’a d’ailleurs pas eu droit aau Maghreb à l’accueil populaire, folklorique à souhait et dégradant, qui lui a été réservé à Dakar. Dans cette atmosphère rappelant le temps des commandants de cercle, il a prononcé une sorte de discours sur l’état de l’Union... française, sans même qu’on puisse lui reprocher de s’être trompé d’époque. Car il ne faut pas s’y laisser prendre : bien qu’il ait prétendu s’adresser à l’Afrique entière, Sarkozy n’est pas naïf au point de s’imaginer que la voix de son pays porte aussi loin que Johannesburg, Mombasa ou Maputo. Si les intellectuels de cette partie du continent ont, pour une fois, prêté attention aux propos d’un président français, c’est parce qu’on leur en avait préalablement résumé le contenu. Depuis quelques jours, ils le découvrent par eux-mêmes avec stupéfaction en même temps que les réalités de la Françafrique.
On comprend leur colère : même dans les pays francophones où on croyait avoir touché le fond depuis longtemps, tout le monde est d’avis que cette fois-ci la mesure est comble.
Etre un chef d’Etat relativement jeune et inexpérimenté ne donne à personne le droit d’être aussi puéril. Lorsqu’on dirige un pays important, on ne peut pousser trop loin le jeu du “moi-je-ne-suis-pas-comme-les-autres”. Ce manque d’humilité d’un homme que l’on dirait encore choqué d’avoir si aisément atteint son but l’a amené à aligner, devant un auditoire particulièrement averti, les plus désolants clichés de l’ethnologie coloniale du dix-neuvième siècle. La science politique s’intéressera peut-être un jour à ce cas de figure unique : un président étranger faisant, du haut de son mètre soixante quatre, le procès de tous les habitants d’un continent, sommés d’oser enfin s’éloigner de la nature, pour entrer dans l’histoire humaine et s’inventer un destin. Remises au goût du jour par des auteurs français surtout soucieux de flatter la négrophobie ambiante, ces thèses servent à conforter une lecture révisionniste de la colonisation, du génocide des Tutsi du Rwanda et de la Traite négrière. La phrase “Ce sont des Africains qui ont vendu aux négriers d’autres Africains” est d’une colossale ineptie, elle est tout simplement indigne d’un président de la République. » Lire la suite