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Projet de civilisation, imposture et illusion
II - Alliance avec la nature, le projet social de l’Islam


Le 11 septembre 2001 signe, pour l’Islam, le d�but d’un processus de rejet et de m�fiance dans tous les pays industrialis�s. Si aux USA et au Canada, la suspicion s’est peu � peu estomp�e, il demeure � l’�gard des populations de confession musulmane un rejet rampant et multiforme. En Europe le risque de rejet est plus manifeste, il s’exprime � tous les �tages de nos soci�t�s, dans les d�bats culturels mais aussi jusque dans les quartiers et, bien entendu, dans les commissariats, car la manifestation ostensible d’une diff�rence de religion est v�cue comme une provocation, ce qui est moins le cas sur le continent Nord-Am�ricain ou les multiples courants religieux s’affichent volontiers, pourvu qu’ils respectent les lois fondamentales de la f�d�ration. Pourtant, il se pourrait bien que l’Islam nous offre des mod�les pour affronter les catastrophes �cologiques et sociales qui s’annoncent.

Naissance d’un bouc �missaire - l’Islam en question

Actuellement, sur la blogosph�re, d�s qu’il s’agit de l’Islam les d�bats sont vifs voire violents et, la plupart du temps, chacun s’en tient aux pr�suppos�s du moment. Je ne me retrouve que rarement dans ces dires. Les seules r�f�rences faites sont celles que l’actualit� nous pr�sente depuis environ 30 ans, or il s’agit d’un avatar d�plorable - radicalisme sauvage, interpr�tations archa�ques, violences faites aux femmes, etc. - de l’Islam fondamental. On conna�t peu l’Islam des sources, il m’est donc apparu important de retranscrire ce que l’on m’en avait enseign� et qui m’a profond�ment marqu�, au point que ces percepts conduisent toujours mes m�ditations du moment sous l’�gide de la raison. Plus tard, affranchi des indications parentales, j’ai pu explorer les textes fondateurs de l’Islam, dont le Coran, mais pas seulement... mes convictions sont demeur�es intactes et je demeure moi-m�me la�c. Il est regrettable que, pour des raisons, souvent historiques, il soit fait peu de place aux philosophes et penseurs de l’Islam. Qui conna�t, par exemple, Fethullah G�len, religieux penseur et �crivain turc, adepte du soufisme�? Cet homme qui a consacr� sa vie � r�soudre la d�licate question des relations entre le monde sacr� et le monde profane, vient d’�tre couronn� comme l’intellectuel le plus influent du monde par le mensuel britannique Prospect et par la revue am�ricaine Foreign Policy. Comme nombre de musulmans, il d�nonce la volont� despotique des radicaux de l’Islam car il pr�che pour que croyants de toutes religions et profanes puissent vivre au sein des organisations sociales en parfaite harmonie.

En publiant cet article sur Agoravox, je ne doutais pas un instant de ce qu’il provoquerait comme r�actions.

Ce texte paru en 1989 dans la revue Conscience de, �d. Lierre et Coudrier, a �t� r��dit� en 2000 sur Hommes et faits. Il faisait partie d’une s�rie d’articles �chang�s avec une philosophe marocaine de grande notori�t�, adepte soufi, Le�la Zouggari dont vous trouverez les textes ici�: L’amour, Dieu et le soufisme

J’esp�rais, incidemment, que le lecteur y trouverait une lecture int�ressante de la soci�t� � partir du Coran. Ma r�flexion portait sur la dissolution du lien social et sur la n�cessit� de reprendre aux sources ce qui permit la cr�ation des �tats modernes. En effet, les principaux id�aux de nos d�mocraties semblent avoir quasi disparu. La question se pose en effet de savoir si une nation peut vivre, durer, cr�er si la vie des citoyens est r�gl�e par une infinit� de lois et de r�gles, au point que de plus en plus, y compris aux USA, le l�gislateur s’incruste dans la sph�re priv�e en tentant chaque fois de la rendre conforme � des normes que seuls quelques experts anonymes d�finissent sans que l’on connaisse vraiment les causes sous-jacents, les intentions, les finalit�s objectives.

On constate aussi que les �v�nements d�terminent de plus en plus la production des lois. Il suffit d’un fait divers dramatique pour que, soudain, une loi soit vot�e, le plus souvent dans une intention coercitive, restrictive et d�fensive. Est-il besoin d’�num�rer les secteurs de la vie qui font l’objet de ces intentions masqu�es du l�gislateur�? La libert� sur Internet, les flux migratoires vers les pays riches, la vie intime (avortement, sant�, m�urs, mariage, etc.), la place du religieux et, sym�triquement, le probl�me de la la�cit�, la s�curit� publique, l’insertion des populations de confession musulmane au sein de pays de tradition pr�tendument chr�tienne, le statut des �trangers, etc. L’�motionnel et le spectaculaire comme d�clencheurs de la conscience sociale, les passions tiennent lieu de ferment aux gouvernements divers. Cela induit une atomisation compl�te des param�tres du champ social, on se noie dans les d�tails en oubliant l’essentiel, le fondamental, les racines historiques de la soci�t� ce qui fonde, cr�e et entretient le lien social. En France, toutes les mairies affichent�: ��Libert�, �galit�, Fraternit頻, mais, qu’est-ce que cela veut dire�?

La juste mesure, fondement de la vie sociale
Amour et passion selon l’Islam

Compar�e au Christianisme et au Juda�sme, parmi les religions du Livre, l’Islam pr�sente, pour l’anthropologue, une singularit� non n�gligeable�: il s’agit d’une religion historique, la vie du Proph�te est bien situ�e ethniquement et historiquement. Les sources sont nombreuses. L’�volution historique de la pens�e et de la mystique islamique, parall�le � ses conqu�tes, est bien rep�r�e.

La lecture que je pr�sente ici comme personnelle, appartient � une tr�s longue tradition transmise par les enseignements, souvent de mani�re orale. Elle est commune et peut d�voiler au lecteur occidental, p�tri de pr�jug�s, une singularit� suspecte. Il est cependant int�ressant de noter que l’Islam, civilisation et religion, nous l�gue une vision du monde dans laquelle la notion d’instinct est parfaitement circonscrite, bien avant que la psychanalyse ne vienne nous en dire quelques mots. �tonnante cette notion de mesure dans l’�motion et la passion d�voreuse, cette attention port�e � la mesure et � l’�coute de l’autre, associ�e � la connaissance comme lien social et facteur d’inventivit� mis au service du bien commun.

�tonnante cette mise en garde contre les passions d�vorantes, annihilant la dimension humaine�!

�tonnant ce besoin de nouer une alliance avec l’autre, avec la nature par la connaissance�!

�tonnant ce rappel du principe vital de la terre nourrici�re, comme si, des si�cles auparavant, l’Islam nous avait aussi l�gu� un mod�le philosophique de respect et de pr�servation de la nature. Apr�s 4 si�cles de domination du principe de la philosophie m�caniste, n�e au XVIe si�cle, quand on d�couvre les ravages provoqu�s par la folie de la domination de la nature par l’Homme, on se prend de panique car il ne se trouve aucun mod�le dans la pens�e occidentale pour faire face � la catastrophe annonc�e.

La notion d’amour n’existe pas en Islam, comme elle existe en Occident, fond�e la plupart du temps sur la passion fusionnelle qui lie deux �tres ensemble. N�anmoins, si l’on s’en tient � l’id�e de la force du d�sir qui lie les individus entre eux, assurant la p�rennit� d’une communaut�, tant par la sexualit� que par le partage � l’int�rieur d’un groupe, il est possible de prendre en compte le terme Rahma (prononcer en roulant le r et en aspirant fortement le h comme le j de Jota en espagnol, le ma sera bref avec accent bref sur le m).

Rahma est une combinaison de plusieurs termes renvoyant � des formes diff�renci�es d’affects. Tout d’abord, rahma repose sur l’attention sensible que l’on porte � autrui, ar-riqa. C’est le geste juste, celui qui correspond � l’attente chez l’autre. �tre sensible, c’est �tre juste dans ses attentions. Ar-riqa n’est pas forc�ment pr�sence ou effusion de tendresse ou de gestes concrets. C’est l’attention juste, celle qui emplit l’autre � l’endroit o� le vide, l’appel, se cr�ent en lui. Ar-riqa traduit une sensibilit� aiguis�e par l’�coute attentive. Ainsi, aimer un enfant, c’est d’abord le comprendre pour, ensuite, remplir ses besoins en favorisant le libre d�veloppement de ses potentialit�s. Cette sensibilit� se fonde sur l’�coute et l’attention port�e � l’autre. Le besoin serait cens� na�tre d’une libre adaptation des forces de l’entit� humaine � son environnement.

Rahma est aussi b�ti sur la capacit� au pardon - al-maghfira - pardonner � autrui dans une tension � r�soudre toute forme de conflit, dans un souci d’�quit� - �quilibre - et de coh�sion de la communaut�. Toute la force de l’Islam r�side dans la recherche du compromis - un �quilibre r�gulateur - entre les tendances individuelles et la coh�sion du groupe, hors d’une ali�nation de soi et dans la perspective d’une sauvegarde de la force cr�atrice de chacun mise au service d’un ensemble plus vaste.

Enfin at-ta’attuf, repr�sente le dernier versant de rahma, c’est la douceur nourrissante et s�curisante repr�sent�e par l’image de la tente familiale, par la coh�sion du groupe ou par l’existence de la communaut� des croyants - la Umma.

La Umma, rappel de la d�esse M�re, principe f�minin fondamental

Tout ce qui est nourricier est rahma. Ut�rus se dit rahm. At-ta’attuf est le principe nourricier, compl�ment de ar-riqa. L’attention port�e � autrui est nourrici�re - g�n�reuse - car elle implique le pardon, une attention sans faute, ni calcul, ni arri�re pens�e et c’est sur ce nid de confiance que s’�difie ce principe qui favorise toute cr�ation.

On per�oit ainsi la dialectique qui s’�tablit entre le groupe et l’individu, l’image personnelle est consolid�e par le respect d’un �change �quitable entre soi et les autres.

La communaut�, ne constitue pas une masse anonyme mais un ensemble coh�rent auquel on donne et dont on re�oit. � l’individu sa part de collaboration et de compassion, au groupe de rendre la s�curit� dans un partage �quitable.

L’une des qualit�s essentielles de rahma est de permettre le sacrifice de hawa, ce d�sir compulsif, passion ravageuse et aveugle, hissant alors chacun dans une lign�e d’�volution positive.

Cet aspect sacrificiel g�ne souvent des sensibilit�s forg�es aux pr�ceptes modernes de l’Occident qui entendent d’abord par l� castration ou n�gation du d�sir instinctuel. Et il est dit classiquement, dans ce contexte, que le refoulement est ferment de violence. C’est ignorer l’effort de civilisation fond� sur la connaissance du monde ext�rieur et du monde int�rieur. Or, c’est la juste combinaison de l’un et de l’autre qui conduit � une �volution salvatrice fond�e sur le sacrifice de ce qui est inutile et sur l’ouverture au monde par l’usage de la juste force.

Ainsi dans l’Islam, la notion de violence se conceptualise de toute autre mani�re et para�t - tel est mon avis - tenir compte des manifestations complexes de la personne dans son �change avec le milieu. Avant de comprendre la notion de sacrifice du hawa, il convient de savoir que le fondement m�me de l’acc�s � la raison - ’aql - passe, dans l’Islam, par la gestion libre et consentie des passions irruptives, s�cr�tions imm�diates de l’entit� humaine.

Or, tout individu est cens� repr�senter la totalit� qui l’environne�; elle est � la fois son patrimoine et son lieu d’�panouissement - g�n�r�s par rahma. Il y apporte son savoir acquis gr�ce � la qu�te de connaissance qui l’anime. Cette qu�te entra�ne diff�rents compromis dont celui d’une gestion mesur�e des passions. La raison - ’aql - est comprise alors comme capacit� � g�rer tout autant la libert� d’action - hurriya - que le sourd grondement animal des d�sirs.

Un des grands pr�ceptes donn� � leur enfant par les m�res musulmanes du Maghreb est�: ��Agis et mesure-toi��.

L’action est conduite dans un souci constant d’�quilibre - principe d’�quit� - entre les n�cessit�s de la communaut� et les besoins individuels, lesquels interviennent en compromis constant entre l’avidit� premi�re et le souci de raison. G�rer le d�sir, c’est rester dans ces limites - hudud - qui tracent d’une mani�re abstraite l’espace sacr� de la communaut�. Passer au dehors, percer ces barri�res, c’est courir le risque du bannissement, encourir la honte d’autrui. Et cette honte, qui le met ��hors ban�� peut rejaillir sur l’ensemble de la lign�e. Ce serait assez dire que l’individu n’est pas seul responsable mais que son histoire participe de la mise en commun d’un savoir faire et d’un exp�rience qui s’est accumul�e au fil des g�n�rations.

Le fait gravissime, pour l’Islam, c’est la d�mesure.

C’est en elle que se g�n�re la violence destructrice car il n’existe plus alors ni terre nourrici�re - Umma - ni principe de coh�rence - rahma�-, livr� � lui-m�me, l’individu perd toute mesure et n’a plus de raison - ’aql. Le hawa qui n’est pas g�r� par un principe de raison et de mesure est source de chaos�; il est fissure � l’int�rieur des limites, laquelle peut entra�ner toute la communaut� - Umma - et l’effet d’un seul peut amener un retour au chaos - shirk - des premiers �ges. Si en chacun sommeille une propension au d�sordre - jahili - la raison et la mesure, rahma et le pardon sont sources d’�quilibre et d’action prosp�re - al khayr.

L’Islam est �quilibre entre deux p�les, hawa et rahma. Le pacte social se place donc sous le signe du double lien entre la qu�te de connaissance enrichissante pour chacun et la recherche de la tendresse familiale ou ethnique qui se manifeste le plus souvent avec effusion lors des f�tes rituelles.

La violence est consid�r�e comme provenant de l’absence d’un tel principe de coh�rence, repr�sent� par Allah, l’Unique, Unit� et Totalit�. Autour de cette unit� � laquelle l’individu se soumet - Islam - en toute conscience, toute action trouve une place juste.

Le principe d’unit� et de totalit� est aussi au centre de la psychologie analytique mais on la retrouve tout aussi explicit� dans le Tao�sme et dans l’Hindouisme sous une forme quasi similaire.

C’est la multiplication des idoles, par confusion entre la r�alit� physique et l’au-del�, qui conduit � une perte de la coh�rence premi�re et g�n�re la violence. L’individualisme est compris, dans ce cas comme perte de la rahma sans laquelle la personne retourne � l’avidit� premi�re des instincts non domestiqu�s et au chaos, m�me si, en soi, il nous appara�t un ordre. Ce dernier n’est ni action, ni mesure. Il est soumission � un principe personnel, le plus souvent impartageable, une idole en quelque sorte, son but n’est pas forc�ment coh�rent avec celui de la communaut�. Dans l’assouvissement des contraintes que ce lien g�n�re, il n’existe aucune possibilit� de connaissance et de lumi�res int�rieures. Quand les idoles se battent, refusant d’ob�ir � un principe unique, la communaut� des vivants sombre dans le chaos.

Ceci n’est pas l’apologie du monoth�isme selon l’Islam, il s’agit d’une base de m�ditation. Quant � savoir ce qui se passe aux limbes de l’espace sacr�, c’est d’autre chose qu’il s’agit. Il appara�t bien l� qu’en franchissant les limites de la communaut�, chacun risque de sombrer dans la folie des passions, en pr�sumant de ses forces. L’Islam se fonde en permanence sur la mesure et, par suite, sur la n�gociation, l’�change. Et si Muhammad lui-m�me demeure un mod�le de banni il fut aussi fondateur d’une tr�s puissante civilisation. Ce fait paradoxal reste � m�diter, mod�le d’une singuli�re n�gociation entre la conscience individuelle et les imp�ratifs de la collectivit�.

Les conditions d’une chasse aux sorci�res

� la suite de la publication de cet article, aucun commentaire n’a port� sur le fond. Je m’attendais aux attaques habituelles contre l’Islam, le rappel des divers m�faits de ces pr�tendus d�fenseurs de la foi que sont les ��barbus�� de tous poils. Seuls quelques commentaires se sont arr�t�s sur la r�f�rence � un soufi, Fethullah G�len dont je n’ai cit� aucun �crit. Ce silence est-il �loquent�? Possible. En cessant d’�tre dans l’islamophilie ordinaire, sans doute n’y-a-t-il plus rien � dire.

Le probl�me reste pos� de l’int�gration de l’Islam dans nos soci�t�s urbanis�es. Il est certain que l’int�gration ne s’est pas faite des populations issues des diff�rentes vagues d’immigration des ann�es 70/80/90. Apr�s l’Indochine et le Vietnam, les populations qui avaient fui la guerre, toutes de confession bouddhistes n’avaient, apparemment jamais pos� probl�me, laissant penser que leur int�gration s’�tait faite sans bruit. C’�tait oublier que les populations d’origine asiatiques vivent, la plupart du temps en v�ritable communaut�s, avec leur propre lois, leur police, leurs r�seaux de communication. Ce sont des enclaves au sein de nos villes. Rares sont les sujets asiatiques isol�s dans le bled de nos campagnes, par contre les africains se dispersent plus facilement et on en retrouve m�me dans des lieux relativement isol�s de la campagne fran�aise.

Le 11 septembre 2001 signe, pour l’Islam, le d�but d’un processus de rejet et de m�fiance dans tous les pays industrialis�s. Si aux USA et au Canada, la suspicion s’est peu � peu estomp�e, il demeure � l’�gard des populations de confession musulmanes un rejet rampant et multiforme. En Europe le risque de rejet est plus manifeste, il s’exprime � tous les �tages de nos soci�t�s, dans les d�bats culturels mais aussi jusque dans les quartiers et, bien entendu, dans les commissariats, car la manifestation ostensible d’une diff�rence de religion est v�cue comme une provocation, ce qui est moins le cas sur le continent Nord-Am�ricain ou les multiples courants religieux s’affichent volontiers, pourvu qu’ils respectent les lois fondamentales de la f�d�ration. Ainsi, en France, la question de la la�cit�, largement bafou�e par le chef de l’�tat, rebondit-elle sur des sujets de confession musulmane d�s qu’il s’agit de m�urs.

Le statut de la femme toujours en question est mis en exergue pour les pratiquants de l’Islam et on oublie que le nombre de femmes battues a largement augment� en France.

On attribue les violences urbaines aux difficult�s d’int�gration de ces ��populations d’immigr�s��, ce qui est un moyen commode d’esquiver le vrai d�bat de l’urbanisation de la p�riph�rie des grandes villes.

Faire l’amalgame et d�signer un bouc �missaire a toujours �t�, depuis la nuit des temps, un moyen commode pour les pouvoirs en place de fuir leurs responsabilit�s tout en assurant leur emprise...

Ainsi, lors d’une M�ga Brocante organis�e le 13 juillet 2008 � �vry, des officiers de la Police Municipale sont intervenus sur le stand d’un libraire pour lui ordonner de retirer de la vente tous ses livres ayant trait � la culture musulmane. Parmi ces livres figuraient des biographies de Mahomet, des recueils musulmans, un trait� de philosophie d’Averro�s, des auteurs comme Khalil Gibran, Yasmina Khadra, A�cha al Wafi, Malek Chebel, des livres sur l’architecture musulmane, sur la cuisine au Maghreb, ainsi que des exemplaires du Coran. C’est un fait choquant et inqui�tant, car on peut penser que la police municipale a pris cette initiative sous l’�gide de la hi�rarchie sans en r�f�rer au maire de la commune. Ce qui est le propre des milices et il s’agit d’un acte de s�dition.

L’application syst�matique, m�canique et rationnelle de la politique ��d’immigration choisie�� devrait alerter � plus d’un titre mais la r�sistance demeure locale, au cas par cas, tant il est difficile de contrer la propagande d’�tat.

L’association Mouvement des Indig�nes de la R�publique publie r�guli�rement la liste de tels actes que l’on s’applique � isoler du contexte. Isoler, emp�cher d’avoir une vision globale sont des instruments efficaces de la coercition.

Je pense que les conditions sont r�unies pour qu’une nouvelle chasse aux sorci�res s’organise�: d�sarroi �conomique et institutionnel, r�cup�ration de la peur, invocations r�p�t�es � la protection des populations indig�nes...

Les historiens ont bien rep�r� les �l�ments qui conduisent � la ��chasse aux sorci�res��, Norman Cohn, par exemple mais le rapprochement doit �tre relativis�, nos soci�t�s largement polic�es ne peuvent se livrer � des pratiques barbares, d’un autre temps. Nos �lites pratiquent plut�t l’art de la dissimulation et du double langage, profitant largement du souci de chacun d’oublier les troubles du monde. Face � la peur, l’hypnose est un excellent alli� des polices de l’exclusion.

Mais nous devons garder � l’esprit que l’existence du ��bouc �missaire�� est d’abord destin�e � d�tourner la conscience collective des v�ritables enjeux d’une soci�t� tourment�e par un d�sarroi profond. Et les causes de ce dernier sont ailleurs�!

juillet 2008 par Illel Kieser ’l Baz


Notes�:

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