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Les dieux dans la mythologie andine

VIe congr�s p�ruvien de l’Homme et de la Culture Andine


Nous utiliserons les chroniques en prenant en compte les risques d’erreur et de confusion qui rendent n�cessaire une lecture critique�: ainsi, par exemple, on a confondu l’apparition des premiers hommes sur terre avec l’apparition des premiers incas. Notre analyse se base sur le fait que les dieux ou divinit�s pr�hispaniques �taient vus et repr�sent�s comme des forces ou des �nergies qui favorisaient la f�condit� et la reproduction de tout ce qui existait dans le monde. Ce concept fut interpr�t� par les espagnols depuis le point de vue jud�o-chr�tien, en leur attribuant le r�le de cr�ateurs du monde et de l’humanit�.

Traduit de l’espagnol par Mathilde Caride Prada

Au cours de ce bref article, nous traiterons certains aspects de la religion andine pr�hispanique rapport�s par les chroniqueurs des 16e et 17e si�cles, dans lesquels ils nous ont l�gu� une s�rie de discours mythiques et de l�gendes. Nous centrerons notre �tude sur les divinit�s andines, en pr�cisant le r�le qu’elles jouaient dans la conception religieuse du monde andin.

Nous utiliserons les chroniques en prenant en compte les risques d’erreur et de confusion qui rendent n�cessaire une lecture critique�: ainsi, par exemple, on a confondu l’apparition des premiers hommes sur terre avec l’apparition des premiers incas.

Notre analyse se base sur le fait que les dieux ou divinit�s pr�hispaniques �taient vus et repr�sent�s comme des forces ou des �nergies qui favorisaient la f�condit� et la reproduction de tout ce qui existait dans le monde. Ce concept fut interpr�t� par les espagnols depuis le point de vue jud�o-chr�tien, en leur attribuant le r�le de cr�ateurs du monde et de l’humanit�.

Avant d’analyser le contenu des chroniques et afin de d�tecter les difficult�s d’interpr�tation qu’elles renferment, il nous semble qu’il convient de consulter les travaux d’autres auteurs contemporains traitant de l’origine du dieu Wiracochaet de sa signification. � ce propos, nous avons pris en compte les travaux de Pierre Duviolset E. Urbano, qui ont approfondi ce sujet.

Duviols, dans la premi�re partie de son article sur Wiracocha, consid�re cette divinit� comme une sorte de Dieu Cr�ateur, �galement pris pour tel par les �vang�lisateurs[1]. Il nous montre que les missionnaires essay�rent de faire du dieu Wiracocha un Dieu Cr�ateur, apparemment dans l’objectif de le faire co�ncider avec le sch�ma de la religion chr�tienne, affirmant l’existence d’un seul Dieu Universel. Ceci leur aurait permis s’assimiler directement la divinit� autochtone et facilitait donc la lutte contre le polyth�isme et l’h�r�sie. C’est ainsi qu’ils introduisirent avec plus de facilit� la r�v�lation du Dieu Cr�ateur Chr�tien.

Nous consid�rons que Duviols voit juste quant � la volont� des espagnols de r�orienter et restructurer l’identit� des divinit�s locales en adaptant les fonctions sacr�es que les indiens attribuaient � leurs dieux, et en les faisant co�ncider avec celles du Dieu et des saints chr�tiens. Avec cette strat�gie, ils pensaient gagner les �mes � la cause chr�tienne et ils obtinrent des conversions gr�ce auxquelles ils faisaient la d�monstration de leur z�le �vang�lisateur devant leurs sup�rieurs d’Espagne.

Voici donc le concept forg� par les missionnaires, dont nous pouvons donner quelques exemples suppl�mentaires. Ainsi, Holgu�n nous dit que Wiracocha �tait ��un �pith�te du Soleil, dieu des indiens, et que pour �lever les espagnols au rang de Dieu, ils les appelaient Wiracocha��. Bernab� Cobo affirme�: ��Wiracocha est un, mais eux faisaient pr�c�der ce nom de certains mots�: parfois Titi Wiracocha, d’autres fois Wiracocha Pachayachachi, Cr�ateur du Monde��[2]. Jos� Acosta rapporte�: ��Wiracocha doit �tre interpr�t� comme Supr�me Seigneur et Cr�ateur de toutes choses��[3]. Comme on peut le remarquer, il existe une certaine contradiction entre les trois chroniqueurs, mais au travers de ces d�finitions se pr�sente un concept monoth�iste de la religion.

Tout en signalant la tendance � admettre ��des interpr�tations fantastiques, d’influence lamentable��, Duviols, implicitement, consid�re (comme les chroniqueurs) que l’identit� de Wiracochaes unique comme Dieu ou divinit�, bien qu’il ne fasse aucune analyse concernant l’origine ou la signification du nom de cette divinit�, en entreprenant l’explication de Pacha Yachachi, Ticci, Usapo, Caylla.

Nous donnerons plus loin notre point de vue sur la signification de ces noms - en plus de celle de Wiracocha. Mais nous pouvons d�j� noter une certaine incertitude dans l’interpr�tation de Duviols, incertitude qui provient, selon nous, de l’influence chr�tienne qui transpara�t dans les chroniques.

Nous examinerons en suivant la fa�on dont Urbano pr�sente le dieu Wiracocha.[4]

Le travail de Urbano a le m�rite de faire r�f�rence � des chroniques concernant la religion pr� inca et inca, qui peuvent faciliter la r�flexion de chercheurs int�ress�s par le sujet. L’analyse que fait Urbano de ces documents n’adopte pas une perspective suffisamment critique, si bien que l’auteur s’�carte de la logique andine.

Dans le premier chapitre, ��Deux cycles mythiques andins�: Wiracocha et Ayar��, Urbano affirme�:���Une des cons�quences de la double tradition herm�neutique est l’existence de contradictions les plus vari�es dans la lecture des cycles mythiques andins��[5]. Nous sommes d’accord avec Urbano quand il fait cette affirmation, mais il n’�vite pas lui-m�me de tomber dans cette contradiction, �tant donn� qu’il situe les deux mythes � une m�me �poque. En r�alit�, selon la tradition, le mythe du Dieu Wiracocha est de l’�poque pr� inca, alors que le mythe des Ayar d�signe l’origine de la dynastie inca. Le dieu Wiracocha refait apparition post�rieurement, � l’�poque du sixi�me Inca, Yawar Huasca. Au moment o� les Chancas avan�aient vers la ville de Cuzco, Wiracocha apparut dans une lagune au fils de cet Inca. Il lui conseilla de faire front aux Chancas. Le fils de l’Inca gagna la guerre contre les Chancas et � partir de cette date adopta le nom de Wiracocha Inca.

Pour r�sumer, le mythe du dieu Wiracocha doit �tre situ� � diff�rentes �poques�:

1.�Wiracocha et l’apparition de l’univers (la terre, la vie, etc.)

2.� Wiracochaet les h�ros culturels et civilisateurs pr� incas.

3.�Wiracocha � l’�poque inca.

Urbano ne tient pas compte de ces diff�rentes �tapes dans son livre. Il oriente son analyse selon une division tripartite des fonctions andines en suivant le diagramme suivant qui ne fait pas cas de/ qui omet la chronologie.

1)���R�union de trois h�ros, que nous sugg�re le cycle mythique des Wiracocha��.

2)���La fonction primaire doit � pr�sent / alors �tre d�crite et dessin�e/repr�sent�e en termes de bin�me structurel, le contenu �tant positif d’un c�t�, et n�gatif de l’autre.

Urbano conclut ce chapitre en disant�:���Par respect pour les �l�ments/faits, il me para�t pr�f�rable de ne pas aller au-del� de ce que nous ont l�gu� les chroniqueurs utilis�s jusqu’alors dans les distinctes hypoth�ses de lecture. Ce que je propose, quoique pr�caire, a pour le moins le m�rite de garder intacte la logique du cycle mythique et de solutionner certains probl�mes controvers�s, beaucoup d’entre eux �tant issus d’erreurs de lecture manifestes.��

Une telle affirmation confirme, chez Urbano, une attitude de prudence et une volont� de fid�lit� � la Chronique. Mais les m�mes chroniques, expression et interpr�tation de la pens�e andine par des rapporteurs occidentaux, doivent �tre lues en corrigeant une focalisation qui la mutile ou la d�forme.

Origine du nom Wiracocha

Jusqu’ici, nous avons pu remarquer que les analyses et interpr�tations d�finissent Wiracocha comme Dieu unique et Cr�ateur de tout. En suivant, nous analyserons le sens/signifi� de Wiracocha en nous appuyant sur le document le plus p�n�tr� de la mentalit�/ l’esprit indig�ne, puisqu’il fut �labor� par un chroniqueur indien, Santa Cruz Pachacuti, qui nous a laiss� un dessin se trouvant, selon lui, dans le temple du Soleil ou Coricancha. Ici seule nous int�resse la figure ovale, qu’il est n�cessaire de situer dans le contexte du panth�on indig�ne.

Santa Cruz Pachacuti �crit trois noms � l’int�rieur de l’ovale, qui sont�:

Wiracocha Ticci Capacpa Unanachan Wiracocha Pachayachachi Unanchan Wiracocha Tonapa Pachacayocpa Unanchan

D’apr�s Cruz Pachacuti, la figure ovale repr�sente ��l’image du cr�ateur du ciel et de la terre��, ou plut�t/pour mieux dire, des astres et des plan�tes (monde d’en haut) et de la terre (monde d’ici).

R. Lehmann-Nitsche nous dit que cette figure repr�sente ��un �uf cosmique androgyne�� appel� Wiracocha[6]. Selon B. Isbell le dieu Wiracocha de la figure centrale est le ��dieu cr�ateur, origine et p�re de tous les collca, produit final du processus collectif. Ensemble (ovale et collca) ils forment un syst�me ferm� qui est le d�but et la fin du cycle de reproduction��[7]. Se r�f�rant au m�me ovale, Earls et Silverblatt affirment que ��Wiracocha exprime l’univers entier, la totalit�, l’�ternit� et l’unit� de toutes les dimensions spatiales et temporelles��[8]. Et pour Zuidema�: ��Wiracocha fut le premier moteur du cosmos, de la course quotidienne du soleil � travers le cycle et le retour de l’astre par l’inframonde��[9].

On a pu remarquer, � la lecture de quatre auteurs, que quand ils se r�f�rent � l’ovale central du dessin de Santa Cruz Pachacuti, ils font allusion simplement � Wiracocha alors que l’auteur du dessin trois noms � l’int�rieur de cet ovale. Le fait qu’ils aient indiqu� le seul nom de Wiracocha est peut-�tre d� � un souci de simplification.

Si nous examinons, en revanche, les r�cits des chroniqueurs et les �claircissements des auteurs de dictionnaires de l’�poque de la conqu�te, nous remarquerons qu’ils donnent de l’importance aux trois autres invocations, ce qui nuance et m�me contredit la th�se d’une divinit� unique, appel�e Wiracocha.

Par exemple, Crist�bal de Molina, bien que se r�f�rant � une pri�re qui identifie Wiracocha en tant que ��le seigneur des mers�� (de la mer du ciel comme de la mer de la terre), transcrit une autre pri�re qui s’adresse � Ticci Wiracocha ��Racine de l’�tre, Wiracocha/Dieu toujours proche/ Seigneur de l’habit resplendissant��. Une strophe du po�me s’adresse ainsi au dieu�: ��O� te trouves-tu�? / hors du monde�? / � l’int�rieur du monde�? / parmi les nuages�? / ou au milieu des ombres�?��. On affirme donc dans ces vers que Ticci Wiracocha est un �tre invisible de celui qui ne sait o� il se trouve, et qui peut appara�tre � n’importe quel moment ou �poque. Bernab� Cobo indique qu’il �tait consid�r� comme une entit� myst�rieuse, comme le ��fondement divin��, et nous le montre de plus comme un reflet de lumi�re et comme l’amour des eaux, origine de toutes choses et pas uniquement de l’�tre humain. Quant � Holgu�n, il associe �galement Ticci Wiracocha � la lumi�re puisqu’il nous dit qu’il est compar� au soleil. Nous pouvons ainsi v�rifier que l’on semble attribuer au Ticci Wiracocha une fonction sp�cifique qui le distingue des autres Wiracochas. C’est selon nous une force �nerg�tique qui a �t� l’origine de tout le syst�me solaire et de tout ce qui se trouve sur terre.

Nous reviendrons plus amplement sur ces attributions sp�ciales de chaque Wiracocha, apr�s avoir tent� de nous rapprocher du sens m�me du terme Wiracocha gr�ce � une analyse �tymologique.

Si nous prenons en compte les plus anciens dictionnaires, nous verrons que Domingo de Santo Tom�s traduit ��Wira�� par GRAISSE et ��cocha�� par LAGUNE. Dans les deux cas, Wiracocha en vient � signifier graisse de mer ou de la lagune, et par analogie, �cume de la mer ou du lac.

Il est int�ressant d’observer que tous les mythes ou l�gendes ayant trait � Wiracocha, h�ros civilisateur de l’�poque pr� inca, racontent qu’il arrive de la mer et repart vers la mer. Cette vision est celle de chroniqueurs tels que Guti�rrez de Santa Cruz, Cieza de Le�n, Fransisco de Avila, Santa Cruz Pachacuti, etc.

Cette tradition pourrait expliquer que l’on ait qualifi� les espagnols de Wiracochas, sens que donne Ludovico Bertonio, en plus de l’acception de ��sage��. Cieza de Le�n pr�cise, � ce propos�:���les espagnols sont arriv�s au P�rou par la mer et c’est la raison pour laquelle on leur donne le nom de wiracocha, qui signifie ���cume de mer��.

En examinant attentivement les interpr�tations des traducteurs et des chroniqueurs espagnols, nous noterons qu’ils s’�cartent du sens primitif de Wiracocha. Il est assez risqu� d’assimiler ���cume de mer�� = ��cr�ateur du monde��, m�me en admettant que la mer porte une connotation sacr�e. Nous trouverions plus digne de foi une interpr�tation plus objective qui d�signerait Wiracocha comme une apparition, semblable � l’apparition des �cumes de mer. Si les espagnols furent appel�s Wiracochas, ce serait par analogie puisqu’ils arriv�rent, ou ��apparurent�� par la mer. L’id�e de quelque chose ou de quelqu’un qui appara�t subitement est renforc�e par le sens de MITIMAE ou �TRANGER consign� par Huam�n Poma, la derni�re acception d’�TRANGER �tant celle qui perdure de nos jours dans les communaut�s.

Les difficult�s d’analyse des chroniqueurs et des chercheurs sont clairement d�montr�es du fait des grandes variantes de perspective qu’ils apportent.

Elles transparaissent d�j� dans la transcription de Cristob�l de Molina que nous citerons � pr�sent et dont la traduction nous para�t tr�s approximative. C’est pourquoi nous en proposons une autre qui essaie de respecter le sens litt�ral et qui se rapproche ainsi de notre th�se.

QUECHUA�ESPAGNOL

�ORAISON PREMIERE AU CR�ATEUR / AU DIVIN ARTISAN

Oh Cr�ateur/Artisan�!
qui es aux fins
du monde sans �gal
qui donnas �tre
et Valeur aux hommes
qui dis�: sois�cet homme
et aux femmes�:sois cette femme�;
en disant cela, tu les fis
tu les formas et donnas � �tre.
Ceux que tu fis, garde-les
pour qu’ils vivent sains et saufs,
si Dangers il y a, qu’ils vivent en Paix.
O� es-tu�?
Dans les hauteurs du ciel ou en bas,
dans les Tonnerres
ou les nuages
des Temp�tes�?
Entends-moi
R�ponds-moi et
Accorde-moi et
donne-nous
la vie perp�tuelle,
Pour toujours.
de ta main�; cette
offrande
re�ois-la
o� que tu sois
oh�! Cr�ateur�!

�(extrait de Fables et rites des Incas, par Crist�bal de Molina)

�

Notre traduction (qui respecte le sens Wiracocha = Apparition)

Apparition du commencement
Apparition de la lumi�re
Apparition de l’Habit Brillant
Toi qui fertilises y cr�es en disant
Que ce soit un homme,
que ce soit une femme,
Toi tu donnes des ordres,
En ordonnant,
En disposant,
Immobile tel un cristal
Sans souffrir de faim.
O� te trouves-tu�?
Regardant sur les montagnes
� ’int�rieur des montagnes
au-dessus des nuages
sur ou au-dessus des ombres�?
�coute-moi,
r�ponds-moi
Blanc ou Noir,[10]
Terre puissante.
Tr�s puissant lever du jour,
Prot�ge-moi,
Couvre-moi,
Hisse-moi,
Si je suis fatigu�,
Appelle-moi aupr�s de toi
O� que tu te trouves,
Apparition.

�

Plus pr�s de nous, la d�finition que donne Lehmann-Nitsche�de Ticci Wiracocha s’en tient � une traduction litt�rale qui nous peut nous surprendre. Il nous dit�:���De toute l’expression, les deux mots les plus intimement li�s sont Huira et Tijsi qui signifient de mani�re agglutin�e ��graisse d’origine��, pour mieux dire ��lave��. Cela veut dire que Ticci Wiracocha, dans l’ensemble, doit �tre traduit par ��lac de lave��.

Duviols, dans une analyse qu’il fait de Ticci conclut�:���quant au contenu que nous devons attribuer au mot Ticci uni � Wiracocha, je crois qu’il doit essentiellement �tre celui de ��Fondateur de la lign�e��, de ��P�re des Races et des Ethnies��. Ce qui reviendrait � dire origine de la fraction de l’humanit� qui le reconna�t comme dieu et le consid�re, bien s�r, comme origine et commencement/principe. Quant � la notion de fin et de commencement, il est possible qu’elle coexiste avec la premi�re, surtout � une �poque tardive, apr�s que la pens�e magico-religieuse a �volu� vers une �tape th�ologique.�����Pour le moment je propose de traduire Ticci Wiracocha Pachayachachi par Wiracocha, P�re de l’humanit�, Ma�tre qui sait ordonner le monde��.

Pour trouver une d�finition de Ticci Wiracocha, Duviols se trouve confront� � un dilemme, d� au fait que son analyse est orient�e vers une signification g�n�alogique d’���origine de la Race��, ��Fondateur de lign�e��, ��Fondement��, et cela contraste avec le sens r�el de Ticci ��Commencement et fin�� au niveau cosmique, qui l’�loigne du concept social. Il finit par proposer une d�finition de Ticci Wiracocha, mais en y incluant Pachayachachi, sans l’avoir pris en compte dans son analyse. Ainsi, il nous dit que ��Wiracocha est le P�re de l’humanit頻, oubliant compl�tement la d�finition qu’il avait donn�e de Ticci, en all�guant la d�finition de Pachayachachi ��Ordonnateur du monde��.

Quant � Urbano et Earls, ils se limitent essentiellement � analyser le concept de Wiracocha en nous en proposant une d�finition qui nous para�t vague et incompl�te.

Ainsi, Urbano fait r�f�rence aux noms du Wiracocha principal (sans pr�ciser lequel d’entre eux)�:���On peut affirmer que tous insistent sur un r�le de sage, de ma�tre et responsable des activit�s des h�ros wiracochas��. En ce qui concerne Earls, dans sa d�finition, il parle seulement de Wiracocha, mais il nous semble qu’il se r�f�re a Ticci Wiracocha en tant que principe de cr�ation�:���On peut affirmer que Wiracocha repr�sente la totalit�, l’�ternit�, et paradoxalement, sa cr�ation��.

On peut constater, � la lecture des chercheurs, et m�me des chroniqueurs, qu’ils insistent sur le concept de CR�ATION -ce qui nous rapproche de la mythologie chr�tienne - alors que les indig�nes ont comme fondement de leur propre mythologie le concept d’APPARITION�: le monde n’est pas cr�� mais il ��appara�t��, non pas selon un sch�ma spiritualiste et providentiel mais comme ph�nom�ne surgi de la conjonction de l’�nergie et de la mati�re.

Pour ce qui suit nous analyserons les documents qui d�crivent la divinit� appel�e Wiracocha Pachayachachi Unanchan et le r�le qu’elle joue dans la religion dans la religion andine.

Voyons ce que disent les chroniqueurs � l’�gard de cette divinit�. Sarmiento de Gamboa affirme que Wiracocha Pachayachachi signifie ��cr�ateur de toutes choses��[11],et nous pr�cise que cette divinit� cr�a en premier le monde (la terre), puis, les �tres vivants. Jos� Acosta dit que les indig�nes avaient id�e de l’existence d’un �tre Supr�me, Cr�ateur universel, qu’ils l’appelaient Wiracocha, et � qui ils donnaient le nom qui signifiait ��excellence�� avec les titres de Pachacamac ou Pachayachachi, c’est-�-dire ��Cr�ateur du ciel et de la terre��, et de Usapo, c’est-�-dire ��admirable��[12]. Acosta montre que Pachayachachi et Pachacamac sont la m�me divinit�. On l’appelle Wiracocha Pachayachachi dans le zone sud et Pachacamac sur toute la c�te centrale.

� la lecture de ces d�finitions, on n’observe pas de diff�rence essentielle avec les qualit�s qu’on attribue � Ticci Wiracocha. Cependant, en s’attachant � une analyse �tymologique, nous proposerons une traduction du nom de ce nouveau wiracocha�: Wiracocha�: Apparition, Pacha�:Terre, et Yachachi�: celui qui enseigne, le sage. L’ensemble voudrait dire�: ��celui qui sait faire appara�tre ou surgir toutes les choses sur terre��.

La majorit� des�chroniqueurs que nous avons cit�s s’accordent � dire que le dieu Wiracocha Pachayachachi est l’origine ou l’apparition de tout le syst�me de vie qui existe sur terre. Nous pourrons ajouter qu’autant Wiracocha Pachayachachi que Pachacamac sont la repr�sentation de la terre ou �l�ment f�minin duquel surgissent/apparaissent toutes les choses. Santa Cruz Pachacuti le confirme en �crivant au sujet de cette divinit�:���Que celle-ci soit femme��. � l’int�rieur de la trilogie des divinit�s de l’ovale, ce Wiracocha Pachayachachi repr�sente donc le principe f�minin.

La troisi�me divinit�, appel�e Wiracocha Tonapa Pachacayocpa, est aussi, selon Santa Cruz Pachacuti[13], un dieu cr�ateur, mais lui-m�me a �t� cr�� en tant qu’�l�ment masculin, comme l’indique l’inscription�: Cay Cari Cachon, qui veut dire ��Que lui soit un homme, ou un m�le��.

Par rapport � Tonapa, comme nous allons le v�rifier, les chroniqueurs nous disent que Tonapa porte aussi comme noms Tarapaca (=aigle de alc�n) ou Cernacuy Camayoc (= celui qui est charg� d’avertir, de pr�venir, le proph�te), Pachacan (= serviteur), Bichay (= dans les hauteurs), Wiracocha Pachayachachi Cachon (= apparition de la terre productrice).

Si nous analysons les noms donn�s actuellement � Tonapa, nous remarquons que Tarapaca signifie ��ouragan de sable�� et qu’il pr�sente une analogie avec l’expression Bichay Camayoc�: ��qui concerne les hauteurs, aigle, vent, altitude��, d�signant ainsi l’espace, le monde d’en haut. Cunay camayoc signifie ��celui qui annonce ou provoque l’arriv�e de Tonapa masculin sur la terre f�minine��. Apparemment, tous ces noms indiquent l’�poque des semences, de la f�condation de la terre par l’�nergie (air, pluie, foudre).

Santa Cruz Pachacuti d�crit Tonapa comme un homme blanc et barbu. L’�l�ment le plus important de la description est que Tonapa porte un b�ton dont nous pr�ciserons l’importance ult�rieurement. Pachacuti se demande si ce personnage ne serait pas l’ap�tre Saint Thomas, et quelques lignes plus loin, il nous apprend qu’on appelle ce personnage Tomapa Wiracocha Pachacan, ce qui veut dire ��apparition du rayon/ de la foudre serviteur/ servante��.

Ramos Gavil�n [14] affirme qu’il s’agit d’un saint ap�tre que les indig�nes appel�rent Tupaca, ce qui, d’apr�s lui, signifie ��Grand sage et Seigneur/Ma�tre��. La description qu’il fait est quasi identique a celle de Santa Cruz Pachacuti relative � l’histoire de Tonapa, qui finit par s’en aller vers la mer.

Selon Ludovico Bertonio[15], ��Il est appel� Tonapa par ces indiens et dans d’autres provinces du P�rou, Equeco (= anc�tre)��. il nous dit �galement que Tonapa ou Tunapa signifie racine (origine) de parent�/parent�le (anc�tre), pour mieux dire, origine des anc�tres. Ainsi, Tonapa et Equeco sont un seul et m�me personnage. Le Equeco, � l’�poque actuelle, est la divinit� de l’abondance, tr�s v�n�r�e dans la r�gion de Puno et de Bolivie.

Si on approfondit un peu plus le sens de Tonapa, nous verrons que, dans la zone Aymara, on donne ce nom � la foudre, alors qu’on l’appelle Illa en quechua. De la m�me mani�re, le b�ton ou la lance que porte Tonapa est la repr�sentation de la foudre, qui a un r�le de f�condation de la terre.

Nous pouvons conclure, pour r�sumer, que Wiracocha Tonapa Pachayocpa Unchanchan veut dire�: signe et apparition du f�condateur de la terre, qui procr�e l’abondance.

� ces trois principales divinit�s de l’�poque pr� inca, nous pouvons ajouter trois autres divinit�s qui sont de grande importance et qui ne furent pas prises en compte par les chroniqueurs comme il aurait convenu. Il s’agit de Konticci Wiracocha, ou simplement Kon, de Imaymana Wiracocha et de Taguapaca.

Commen�ons par analyser les chroniques qui parlent du dieu Kon.

Bartolom� de las Casas y Betanzos[16] disent que Condici Wiracocha (Kon Ticci Wiracocha), nom qui signifie ��cr�ateur du monde��, se trouve aux confins du monde. Ce dieu avait un fils appel� Taguapica Wiracocha (Tawa Paca Wiracocha), qui faisait tout le contraire de son p�re. Le dieu Kon jeta son fils � la mer pour faire dispara�tre le mauvais sort, mais on n’eut jamais la certitude de la mort de Tawapaca.

L�pez de G�mara rapporte�: ��Au commencement du monde, il vint par le septentrion un homme appel� Kon, qui n’avait pas d’os. Il �tait tr�s rapide et il �courtait son chemin en abaissant les collines et en �levant les vall�es par le seul pouvoir de la parole et de la volont�. Il cr�a l’homme et la femme, et lui/leur donna beaucoup de fruits, du pain et d’autres choses n�cessaires � la vie.��[17]

Las Casas pr�cise que ��le dieu Kon Ticci Wiracocha, cr�ateur du monde, se trouvait aux confins extr�mes de ce monde��. si nous nous r�f�rons a la conception indig�ne du monde, et si nous devons choisir parmi les trois ��mondes�� qui le composent�: monde d’en haut, monde d’ici et monde d’en bas, quant � nous, nous conserverions le mode d’en bas, lieu o� reposent les anc�tres, pour identifier ces ��confins extr�mes��. Effectivement, selon les chroniqueurs, cette divinit� est li�e � l’apparition des �tres vivants sur la terre. C’est un dieu du monde d’en bas et nous pouvons supposer que ce dieu cr�ateur appartient au premier �ge de l’humanit�.

En suivant, nous allons essayer de voir qui est la divinit� appel�e Tawa Paca, le destructeur du monde. Si Kon Ticci Wiracocha a jet� son fils � la mer, cette attitude peut �tre interpr�t�e de deux mani�res�: tout d’abord, que le fait de l’avoir jet� � la mer a pu �tre avec l’objectif de le purifier et tout le mal s’en aille avec l’eau. Ensuite, il a pu le punir pour l’�liminer et qu’ainsi ��meure le mauvais sort��, comme l’�crit Las Casas.

Quand il se r�f�re � Tawa Paca, Sarmiento de Gamboa[18] nous dit presque la m�me chose que Las Casas, � la diff�rence que l’identit� du p�re n’est pas celle de KON. ��Apr�s le d�luge, Wiracocha Pachayachachi, alors qu’il d�truisait la terre, sauva trois hommes, dont un s’appelait Taguapaca, pour qu’il lui serv�t d’aide. Tagua Paca d�sob�it � Wiracocha Pachayachachi, qui ordonna qu’on le m�t sur un radeau sur le lac Titicaca, mains et pieds attach�s. Le radeau�avec sa charge suivit le fleuve par o� se d�versent les eaux du lac, et on ne le vit plus jamais��[19].

Dans les deux cas, Tawapaca est li� � l’id�e de destruction d’une zone g�ographique ou de la terre.

Voyons � pr�sent quelle est la signification du nom Tawapaca et quelle est son origine. Tagua ou Tawa veut dire quatre. Quant � Paca, d’apr�s Lira[20]/Liara, ce mot signifie ��ce qui est dissimul�, cach�, secret, occulte, myst�rieux��. Pour Guardia Mayorga[21], Paka a un sens similaire�: ��cach�, secret, myst�rieux��. Pour Jes�s Lara[22], il signifie ��dissimulation��. � partir de ces �l�ments, nous pouvons d�duire que Tawa Paca peut d�signer ��Les quatre myst�res��, c’est-�-dire les quatre �l�ments qui peuvent d�truire la terre�: l’air (les typhons), la terre (les s�ismes), le feu (les volcans) et l’eau (les inondations ou les d�luges). Dans leurs aspects catastrophiques, ces �l�ments apparaissent d’une mani�re impr�visible en d�truisant tout, et dans ce cas, en d�truisant l’�uvre de Wiracocha Pachayachachi ou de Kon Ticci Wiracocha.

Nous pouvons nous r�f�rer � des exemples concrets qui permettent de d�terminer � quoi correspond exactement l’id�e de Paca, dans son double aspect de myst�re et de destruction.

� l’�poque actuelle, il existe un rapace, une esp�ce de chouette � qui on donne le nom de Paca Paca. Cet animal nocturne est, pour les habitants des Andes, de mauvais augure. Si on se r�f�re au sens pr�cis de Paca Paca, on peut v�rifier que la r�p�tition du terme a une fonction d’intensification et renforce ainsi le sens, en insistant sur l’id�e de myst�re mal�fique. Les paysans croient que si la Paca Paca chante sur leur toit, une personne de leur famille va mourir. Ainsi donc, la Paca Paca est consid�r�e comme la messag�re de la mort ou de la destruction de la vie.

En lien avec le mot Paca, on peut aussi d�couvrir le terme de Pacay. Si, comme nous venons de le voir, Paca d�signe ce qui est cach�, dissimul�, Pacay d�signe l’action de se cacher ou de se dissimuler. Pacay est aussi le nom d’un fruit qui est produit dans les vall�es temp�r�es ou en for�t. Ce fruit a la forma d’une grande gousse/cosse. Quand on l’ouvre, on peut voir qu’elle cache une p�pin/une graine de couleur bleu noir et que cette graine ou p�pin cache � son tour un germe de couleur jaun�tre et blanch�tre dans sa partie centrale. Cette description nous permet de mieux comprendre le concept de PAGUA PACA. Comme on peut le remarquer, dans le fruit, chaque partie en cache ou en couvre une autre.

Nous pouvons noter que les termes de Paca, Paca Paca, et Pacay conservent entre eux une �troite relation dans leur signification. Dans les trois cas, il est fait r�f�rence � la disparition ou la destruction de quelque chose. De la m�me mani�re, Tagua Paca a quelque chose � voir avec la destruction et la mort, au travers des ��quatre myst�res�� qui sont latents dans la terre et qui menacent l’humanit�.

Nous allons � pr�sent nous int�resser � d’autres divinit�s terrestres qui ont une grande influence sur la production agricole. Il s’agit des divinit�s appel�es Imaymana Wiracocha et Topaco Wiracocha.

Dans le contexte agricole, Crist�bal de Molina[23] nous dit que Pacha Yachachi eut deux fils, l’un appel� Imaymana Wiracocha, et le second Tocapo Wiracocha. Molina ajoute que Imaymana avait en ses mains tous les pouvoirs. Pachayachachi lui ordonna d’aller dans les Andes, d’en parcourir tous les territoires (vall�es et montagnes/punas), ��et donner des noms aux fleurs et aux fruits qu’il trouverait, en enseignant aux habitants lesquels �taient comestibles et ceux qui ne l’�taient pas, ceux qui pouvaient servir comme rem�de, ainsi que l’�poque � laquelle se d�veloppaient/produire les fleurs et les fruits��. Ce fut Imaymana qui enseigna aux hommes les vertus curatives des plantes, et leurs pouvoirs mortels.

Selon nous, Imaymana Wiracocha veut dire�: apparition de tous les v�g�taux, comestibles, m�dicinaux et de toutes les plantes. Cette divinit� repr�sente quant � elle l’�poque de floraison des plantes et des fruits, autrement dit, le printemps.

Dans la partie basse du dessin que nous laissa Santa Cruz Pachacuti, on peut lire ��les yeux d’Imaymana��. Et plus bas on peut �galement lire�:��mauray cu�ay �awin��, ce qu’il traduit par�: les yeux qui ordonnent � toutes les choses (mauray�: diversit�, multiplicit�, cunay�: ordonner, et �awin�: les yeux).

Voyons maintenant quelle est la signification de ��les yeux de toutes les choses�� et celle de ��les yeux qui ordonnent � toutes les choses��.

Nawin d�signe les grains et les tubercules s�lectionn�s parmi les meilleurs pour �tre sem�s. On donne aussi ce nom lors des rituels agricoles � toutes les parts ou portions de toutes sortes qui sont mises de c�t�s avant d’�tre offertes � la divinit�. Ces portions assign�es aux divinit�s sont appel�es coca �awi pour la coca, ou chicha �awi pour la chicha, par exemple.

Si nous nous reportons � la seconde traduction, ��les yeux de toutes les choses��, nous pouvons consid�rer que l’apparition des sept Pl�iades�: ��les yeux de Imaymana��, donne � tous les v�g�taux l’ordre de se reproduire, et de m�me qu’� l’homme. Avec l’apparition en d�cembre de ces �toiles, les indig�nes incas savaient que le printemps commen�ait. Ainsi, Imaymana d�signe les sept �toiles dont l’apparition d�termine le commencement de la floraison des plantes. Les indig�nes consid�raient que la nature ob�issait � un ordre de Imaymana.

En ce qui concerne le second fils appel� Tocapu, Molina le consid�re comme ��le cr�ateur��. Cette divinit� re�ut le m�me ordre que son fr�re a�n� Imaymana, mais il devait aller dans les plaines et travailler ��jusqu’au plus bas de ces villages�� (la c�te)[24].

Si on traduit le mot Tocapu, il veut dire ��beaut� du v�tement, v�tement luxueux, habit de c�r�monie��. Cette interpr�tation n’a rien � voir avec l’agriculture, � moins qu’on la fasse au niveau m�taphorique. Dans ce cas, on pourrait interpr�ter que Tocapu signifie que la terre, � l’�poque du printemps, se v�t de son plus bel habit de verdure brod� de fleurs et de fruits. Tocapu Wiracocha serait la repr�sentation du printemps sur la c�te. Ceci pourrait donner un sens au nom de cette divinit�: apparition du printemps.

Ces deux personnages mythiques repr�sentent l’apparition des fleurs dans toute la v�g�tation de la terre. Imaymana dans la zone andine et Tocapu dans les vall�es temp�r�es et sur la c�te. Ces deux zones g�ographiques offrent des climats diff�rents�: tandis que dans les Andes (montagne), les mois de juin, juillet et ao�t ont un climat d’automne, sur la c�te, ces mois sont ceux de l’hiver. Ces diff�rences climatiques sont une raison suffisante pour faire une distinction entre les deux divinit�s. D’une certaine mani�re, ces divinit�s remplissent leurs r�les respectifs pour que vienne le printemps dans les deux zones g�ographiques.

Conclusion

Comme on a pu l’observer au long de cet article, les divinit�s ou dieux dont nous avons trait� sont li�s, dans la conception andine, au concept d’apparition, alors que dans la conception europ�enne des chroniqueurs, on les donne � voir comme des dieux cr�ateurs du monde.

� partir des documents consult�s, nous pouvons constater que la pens�e andine prenait en compte les trois premi�res divinit�s comme l’origine de l’apparition de notre syst�me solaire. Ils sont ��commencement et fin de tout��, comme le dit Santa Cruz Pachacuti. Les autres divinit�s son celles qui font appara�tre sur la terre la v�g�tation et les �tres vivants. Chaque divinit� ou dieu accomplit un r�le d�terminant dans son milieu.

Nous pensons que les chroniqueurs des 16e et 17e si�cles ont mal interpr�t� les discours mythiques de l’�poque pr� inca et inca, �tant donn� qu’ils connaissaient mal la langue quechua et que les traducteurs quechuas parlaient mal l’espagnol. De l� viennent les erreurs dans la chronologie. Ils confondirent les mythes pr� incas avec ceux de l’�poque inca et vice-versa. L’apparition des premiers hommes sur terre en vint � se confondre avec l’apparition des premiers incas Manco Capac et Mama Ocllo ou des fr�res Ayar.

Par incompr�hension du sens m�taphorique du quechua, toutes les interpr�tations ou analyses furent faites depuis le point de vue de la mentalit� europ�enne de l’�poque. Ainsi, par commodit�, ils retinrent seulement le nom de Wiracocha, qui veut dire Apparition et non Divinit�, sans tenir compte du v�ritable nom des divinit�s comme Ticci, Pachayachachi, Tocapu, Imaymana, etc. ces erreurs se sont perp�tu�es jusqu’� nos jours y beaucoup de chercheurs continuent en persistant � faire de Wiracocha une divinit�.

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juin 2007 par Francisco Aliaga


Notes�:

[1] –�Les noms quechuas de Wiracocha ��supposé » Dieu cr�ateur des �vang�lisateurs. Allpanchis n�9, p.53, 63

[2] –�Bernab� Cobo, 1964, Historia del Nuevo Mundo, p. 155-156, B.A.E. 12.

[3]�–�J. Acosta, Historia Natural y Moral de las Indias, Chap. IV p. 142, B.A.E. Madrid.

[4]�–�Urbano, ��Wiracocha y Ayar��, p. XXII-XLV, Centro de estudios rurales Bartolom� de las Casas, 1981, Cuzco.

[5]�–�O. Urbano, op. cit. p. XVIII

[6]�–�Lehamann-Nitsche, 1928, Astronom�a Inca, p.30-31.

[7]�–�Billy Isbell, ��La otra mitad esencial��, p. 37-56, Estudios andinos, a�o 1.

[8]�–�Earls et Silverblatt, ��Realidad f�sica y social en la cosmolog�a andina��, p. 318.

[9]�–�T. Zuidema, 1971, cit. p. 39

[10]�–�Blanc�: en �tat d’�tre f�cond� (= semence, grain, eau). Noir�: en �tat de gestation

[11]�–�Sarmiento de Gamboa, Op. cit. p.109-110

[12]�–�Jos� Acosta, Op. cit. p. 142-143

[13]�–�Antiguedades de este Reynado. p. 282-283-284.

[14]�–�Ramos Gavil�n, 1621, Historia de nuestra Se�ora de Copacabana, p. 28, La Paz, 1976

[15]�–�Diccionario aymara, p.192

[16]�–�Las Casas, Apolog�tica Historia, B.A.E., Tome 105 p. 433, Betanzos, Suma narraci�n de los Incas, B.A.E., Tome 209 p. 9-11

[17]�–�G�mara, Historia Natural y Moral de los Indios, Chap. 28, p. 126. Mur�a, Historia General del Per�, Tome II.

[18]�–�Gamboa, 1572, Historia Indica, B.A.E., Tome 135, p. 208-209, Madrid.

[19]�–�Cieza de Le�n fait allusion � cette l�gende, Se�or�o de los Incas, p.8-12, I.E.P., 1967, Lima.

[20]�–�Liara, 1945, Diccionario Kechua-Espa�ol, p. 110, Tucum�n

[21]�–�Guardi Mayorga, 1959, Diccionario Kechua-Espa�ol, p. 110.

[22]�–�Jes�s Lara, 1978, Diccionario Qheshwa, p. 158, Ed. Amigos del Libro, Bolivie.

[23]�–�Crist�bal de Molina, Op. cit. p.12.

[24]�–�Crist�bal de Molina, Op. cit. p.13.

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