[Hommes et Faits] > Chroniques la�ques d’Afrique du Nord

Les coptes n’aiment pas le vendredi


Par Ahmed Halli – Paru in le quotidien ��Le Soir d’Alg�rie�� du 21/05/2007
Achraf Abdelkader souligne que le virus islamiste est d�sormais r�pandu en �gypte aussi bien dans les m�dias que les �coles et les sermons du vendredi. Les islamistes ont r�ussi � transformer le pr�che du vendredi qui se voulait sermon d’amour et de tol�rance en un discours de haine et d’incitation � la violence. On appelle � la guerre contre ��la prog�niture des singes et des porcs��, c’est-�-dire contre les juifs et les chr�tiens. C’est ainsi que le musulman sort de la mosqu�e, semblable � une bombe � retardement qui �clate au contact du premier chr�tien rencontr�.

Il y a des gens qui sont tr�s sensibles aux variations climatiques. D’autres ont une aversion particuli�re pour la ��fuite utile des jours��, pour reprendre Hugo. On sait que nous, les Alg�riens, d�testons tous les jours de la semaine. Nous abhorrons les jours dits ouvrables parce que nous sommes oblig�s de travailler ou d’emp�cher l’effondrement des murs, c’est selon. Et nous ha�ssons les week-ends pour le prodigieux ennui qu’ils nous prodiguent.
Les jeudis et les vendredis sont devenus synonymes de punition pour tous les Alg�riens. L’ennui est si pr�sent, telle une fatalit�, si pesant qu’on ne bouge que sur injonctions des minarets ou de notre syst�me cardiovasculaire. Tenez�! Nous n’essayons m�me plus de tromper cet ennui en accomplissant le plus fastidieux des devoirs citoyens�: voter. Oui, c’est l’ennui, et l’ennui seul qui explique le faible taux de participation au scrutin de jeudi dernier. � cause de l’ennui, et � d�faut du ��Tiers �tat��, nous avons l’�tat du tiers ou m�me du quart, selon les plus pessimistes. Vous allez voir comment les Syriens, qui ne s’ennuient jamais, vont envahir les bureaux de vote � la fin de ce mois pour pl�bisciter Bechar Al-Assad. Les Syriens, � la diff�rence des Alg�riens, aiment leur pr�sident, leurs d�put�s et m�me leurs morveux. Les Alg�riens qui ne s’aiment toujours pas, d�cid�ment, sont certes plus libres que les Syriens. C’est le maharadjah de Douniapoor�[1] qui l’a laiss� entendre vendredi dernier en commentant les r�sultats du parti vainqueur. Oui, les Alg�riens jouissent de la cruelle libert� de ne pas aimer le pouvoir et vice-versa. Ceci dit, les Alg�riens qui ont vot� se demandent avec effroi comment leurs �lus vont faire pour ne pas s’ennuyer dans l’h�micycle et succomber ainsi � la tentation de d�serter.

Un ex-voisin, ex-cadre du FLN reconverti dans les affaires�[2], m’a sugg�r� la solution de la coercition, notre sp�cialit�. Puisque les futurs parlementaires ont �t� �lus par un tiers des votants seulement, pourquoi ne pas les payer au prorata. Un tiers des voix �gale un tiers du salaire �gale un tiers de pr�sence � l’Assembl�e, pour rester dans la norme acceptable. Comme tous les Alg�riens, ils auraient �videmment quartier libre pour s’ennuyer durant les week-ends, une mani�re de ne pas se d�tacher de leur �lectorat. Il fut un temps o� les Alg�riens �taient partag�s en ce qui concerne le cas particulier du vendredi. En ce temps-l�, il y avait deux camps en pr�sence�: il y avait, d’un c�t�, les extatiques, les opportunistes et grands p�cheurs qui paradaient au sortir des mosqu�es. De l’autre, les d�mocrates, les la�cs qui fermaient vitres et volets pour laisser passer l’orage. Aujourd’hui, Dieu soit lou�, on ne distingue plus les mena�ants des menac�s. Ils sont m�l�s les uns aux autres, en gandouras blanches, � l’exception des femmes. Sur ce plan-l�, les Alg�riens font cause commune, gr�ce � la divine providence. Bref, le vendredi ne mobilise plus que contre trois ennemis potentiels�: les femmes, Isra�l et les �tats-Unis. Rares sont encore les �gar�s qui affichent leur aversion pour ces vendredis-l�. Il y a quand m�me des voix discordantes, comme en �gypte o� le vendredi est d�sormais synonyme d’inqui�tude et de crainte pour la minorit� copte. Le journaliste et militant pour les droits des coptes, Magdi Khalil, a d�nombr� samedi dernier une vingtaine de vendredis sanglants depuis 1972. Le sc�nario est toujours le m�me�: des pr�ches incendiaires et des tracts s’emparant d’une rumeur puis la cur�e. Notre confr�re Achraf Abdelkader revient lui aussi, dans le magazine Elaph, sur les incidents du 11 mai (la date du onze est-elle fortuite�?) dernier dans un village du gouvernorat de Gizeh. Ce jour l�, dit-il, suite � une rumeur sur l’intention des coptes d’agrandir leur �glise, pr�s de 500 islamistes se sont rassembl�s. Ils ont attaqu� des maisons et des commerces coptes, clamant le nom de Dieu transfigur�s par le bonheur de mener cette ��guerre sainte��. Celle-ci leur a permis de br�ler environ 27 maisons et de piller l’or et les biens qui s’y trouvaient. Et pourquoi pas, puisque les cheikhs du terrorisme ont d�cr�t� que les biens des coptes sont du butin. Gr�ce � Dieu, ils ne se sont pas empar�s de femmes aussi au m�me titre, ajoute notre confr�re. Quant � la police, rel�ve encore le journaliste �gyptien, elle n’est jamais l� lors de ce genre d’incident. Et lorsqu’elle se manifeste, c’est toujours bien plus tard une fois que les agresseurs aient eu tout le loisir d’accomplir leurs forfaits.
�piloguant sur la grande peur du vendredi chez les coptes, Achraf Abdelkader souligne que le virus islamiste est d�sormais r�pandu en �gypte aussi bien dans les m�dias que les �coles et les sermons du vendredi. Les islamistes ont r�ussi � transformer le pr�che du vendredi qui se voulait sermon d’amour et de tol�rance en un discours de haine et d’incitation � la violence. On appelle � la guerre contre ��la prog�niture des singes et des porcs��, c’est-�-dire contre les juifs et les chr�tiens. C’est ainsi que le musulman sort de la mosqu�e, semblable � une bombe � retardement qui �clate au contact du premier chr�tien rencontr�. C’est l� que r�side le danger du vendredi. Je ne sais pas pourquoi, on ne voit pas un seul chr�tien sortir le dimanche de l’�glise et br�ler la maison d’un musulman ou bien agresser un musulman, s’interroge Achraf Abdelkader. Je ne comprends pas pourquoi tous les auteurs du crime d’incendie ou de meurtre commis contre nos fr�res coptes sont tax�s de fous. Ces actes de violence ne seraient-ils pas une fa�on pour le mouvement des Fr�res musulmans d’att�nuer la pression que le pouvoir exerce sur eux�?
Abordant, dans ce contexte, l’attitude des th�ologiens musulmans, le journaliste souligne�: ��L’internationale islamiste dirig�e par Karadhaoui, Ghannouchi et Fahmi Howeidi, ainsi que par d’autres ap�tres du terrorisme a incit� � tuer les femmes, les enfants et les f�tus isra�liens. Mais ils ont observ� un silence de tombeau s’agissant de l’assassinat des musulmans par les islamistes en Alg�rie et au Maroc. Ils se sont tus �galement lorsque nos fr�res coptes ont �t� agress�s. Comme nous le disons, en �gypte, le silence est une marque d’approbation. C’est donc, de la part des th�ologiens du terrorisme, une fetwa implicite l�galisant le meurtre des musulmans et des chr�tiens innocents, pour autant que les meurtriers soient des islamistes.��
Aux derni�res nouvelles, l’internationale islamiste serait dans un �tat de confusion extr�me � cause d’une r�cente fetwa �manant de l’universit� Al-Azhar. L’un des cheikhs de la v�n�rable institution, le Dr Ezzat Attia, a �dit� une fetwa qui s’appuie sur un Hadith authentique. Celle-ci autorise, voire incite les femmes qui travaillent � allaiter leurs coll�gues m�les de fa�on � pr�venir le p�ch� de promiscuit� et � �viter la suspicion, selon Al Arabiya.net. Malgr� les protestations des Fr�res musulmans qui veulent porter l’affaire devant le Parlement, le Dr Attia persiste et signe�: citant le Hadith, il pr�cise que cet allaitement doit intervenir � cinq reprises pour �tre l�gal. �
Les personnes int�ress�es pourront trouver plus de d�tails � cette adresse�: Al Arabiya

mai 2007 par Halim Akli


Notes�:

[1] C’est une circonscription virtuelle. Bon, si vous insistez, c’est la troisi�me � gauche en sortant de l’ascenseur du Palais du gouvernement.

[2] Ce qui ne veut pas dire que tous les anciens pontes du FLN sont reconvertis dans les affaires. J’en connais qui sont partis avec, comme seul butin, une bassine � peine remplie d’eau. Juste de quoi se laver les mains.

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