TO ESKHATON, Le Triangle de la Mort – Pierre Isso-Amien Bamony (Ed. Thot 2000)
(Anthropologie théorique)
Analyse du texte par Catherine Paquignon
Il s’agit d’une interprétation philosophique des données de l’anthropologie et qui considère que la mort, qu’il s’agisse de celle d’un individu, d’une structure ou d’une organisation comme celle de l’humanité, se définit comme étant à la fois incluse, inévitable, inhérente à la nature des êtres mais aussi provoquée par des facteurs exogènes plus ou moins aléatoires et en particulier évitables et prévisibles. L’enjeu, le défit du vivant, est de résister le plus longtemps possible, en actes comme en idée, à l’inéluctable fin ou « Néantité », pour ensuite comprendre que la mort est aussi le terme de toute pensée, l’objet fondamental de toute recherche anthropologique.
Pierre Isso-Amien Bamony développe sa Thèse : L’hétérogénéité, la mosaïque des différentes cultures à l’œuvre depuis les débuts de l’humanité ont jusqu’à présent conforté, au travers des grandeurs et décadences des civilisations, sa longévité et sa pérennisation (références aux travaux de Robert Jaulin). Aujourd’hui plus que jamais, la flagrante hégémonie de la culture occidentale, en se posant comme modèle unique et omnipotent de développement et d’évolution, en impliquant l’homogénéisation culturelle et l’unidimensionnalité d’une pensée « unique », achemine, inexorablement, l’humanité vers sa mort. En reconsidérant son histoire, l’auteur qualifie de phénomène « Hébreu-Pharaon » le processus par lequel la culture occidentale, entachée de génocides et autres avatars d’un passé esclavagiste, se trouve en perpétuel exil d’elle-même, cherchant par là à fuir son propre vide existentiel, ses propres manques spirituels. Elle s’est ainsi propulsée dans le monde entier, mue par une ambition matérialiste ancrée dans la démesure d’une croissance aveugle et dévastatrice et d’un progrès qui n’a jamais profité qu’aux intérêts d’une minorité de ses prédicateurs, à savoir des groupes financiers médusant leurs sbires au grès de la rentabilité et dont les profits collent à des tentacules rétractiles. Preuve en est faite de par la problématique des rapports économiques entre pays du Nord et pays du Sud dont l’exploitation outrancière passée et actuelle équivaut au mépris pour leurs ethnies et leurs cultures ainsi qu’à la souffrance et aux dangers qui s’accumulent dans les grandes métropoles y compris celles des pays les plus riches. Pierre Isso-Amien Bamony, pour finir et en s’appuyant toujours sur une documentation précise et détaillée, nous interpelle aussi face à la détérioration alarmante des oecoumènes et des écosystèmes en regard des risques d’une surpopulation difficilement contrôlable ainsi que des pressions et chantages à venir issus de lobbies s’organisant déjà autour des pénuries annoncées. La volonté de domination de la nature a eu pour corollaire la domestication des hommes au service de la machine occidentale qui, en restant sourde aux réalités extérieures et hermétique à leurs propres connaissances et stratégies, comme toute entité soumise à l’usure du temps, conduit ainsi le processus d’usure inéluctable à toute chose à s’étaler en métamorphoses « thanatotiques » sur tout le monde contemporain.
L’Usure, se servir de (usare, usus, uti), implique une altération de l’individu et est amplifiée par tous les excès. C’est une énergie déployée dans le temps. Le temps est le soi véritable de l’usure. Il use l’homme en tant qu’il est lui même la conscience du temps. Il est acheminement progressif vers le presque rien, puis le néant absolu. Ainsi le temps, à force d’usure, s’use lui même...
L’Usure conduit tout ce qui vit dans ce qui n’a pas d’être sensible mais qui est l’Étant par excellence : la Mort en tant qu’être négatif et privant.
A - La Matière en tant que phusikos est une substance sensible et visible.
B - Les œuvres humaines sont toutes vouées à disparition à plus ou moins long terme.
C - La vie « c’est l’ensemble des fonctions qui résistent à la Mort » (X. Bichat 1962) C’est un noyau de résistance, un conatus (Spinoza), un effort... Ce n’est pas une lutte contre la mort (cf. Freud) mais une résistance essentielle et fondamentale au sein de la mort. C’est dans le mourir qu’on est mis devant ce fait indéniable. La vie, c’est la mort (Cl. Bernard, C. Ganguillem), c’est l’artéfact de la mort...
D - Les fins naturelles et les fins accidentelles des hommes. p. 32
- Par leur système de reproduction (scissiparité), les bactéries peuvent-elles être qualifiées d’immortelles ?... (Non, car chaque individu est unique et chaque partie également, ne serait-ce que par son histoire).
- À l’Usure et à la dégénérescence du corps humain s’ajoutent les morts accidentelles (taux de mortalité par vieillissement = 1/100.000 (O. Thibault), les suicides, (taux en augmentation constante pour cause d’individualisme, d’appauvrissement des relations humaines, des ravages du Dieu Argent, de la concurrence etc..) et les maladies de la civilisation (alcoolisme, tabagisme, drogues, maladies cardio-vasculaires des gens riches...).
- La problématique des origines de la vie implique que celle-ci a surgi de la Mort et, par usure, qu’elle s’achemine vers le même néant. (La vie était certainement déjà présente dès l’origine de l’univers, au moment du big-bang etc. Les traces que l’on retrouve sont de plus en plus anciennes, - 3,8 milliards d’années aujourd’hui. La vie proviendrait-elle de l’espace ?).
Tout ce qui existe est dans la mort (Nietzche, Hawking). La vie, l’existence humaine sont dans une dimension d’actualité transitoire, la mort a la permanence pour essence. La vie provient de la non-vie, de la non conscience : Terre 4 milliards d’années, vie 400 millions (mais ces chiffres datent d’il y a 25 ans !)
Repos = Mort (Pascal), alors on a inventé le divertissement...
Eros et Thanatos (Freud) : mais la lutte est toujours remportée par la Mort. Juste des sursis. Eros est un résistant.
Les philosophies de l’Inde : çankara considère comme inexistence en son essence même tout ce qui est susceptible de modifications. La Maya est l’illusion de l’existence des choses et des êtres et de l’univers entier. Le nirvana = le non être.
Bouddha : l’impermanence et l’absence d’un soi-même constitue le caractère fondamental des choses. La vie voile la mort comme l’habit le corps et la chair, le squelette...
On retrouve les mêmes principes chez certains sophistes grecs et chez Platon.
V. Jankélévitch (La Mort) : « Nous sommes nés pour mourir... Qui fuira cette mort, fuira la vie... ».
La mort est pour la vie l’alpha et l’oméga.
Lucrèce : les hommes vivent dans la fluctuation d’un passé glorieux et la pensée d’un futur meilleur.
O. Thibault : la sexualité apparaît comme le piège de la mort
Les mythes théogoniques : lutte entre un monde chaotique et un monde ordonné dont les figures divinisées représentent les forces humaines antagonistes et la victoire du bien sur le mal ; l’homme est issu d’une nature violente et destructrice.
Freud : la sexualité contient des éléments d’agression (le sadisme en est l’extrême)
Sade : suivre ses passions = être en harmonie avec la nature qui ne désire que l’anéantissement total des créatures lancées afin de jouir de la faculté d’en lancer de nouvelles ; la cruauté des enfants est naturelle.
Deux volontés antagonistes s’affrontent chez l’homme : la volonté de vie (reprise par certaines philosophies orientales et le Christianisme) et la volonté de mort - au cœur de la libido vivendi et même dominandi. Comme la raison est unificatrice, la nature est discriminatoire : homo hominis lupus est...
Toute érudition est vaine et éphémère : à l’origine de l’hyperspécialisation des formes du savoir ; l’individu préfère vivre que connaître. Avec la peur de la mort l’homme met à l’extérieur quelque chose d’intérieur. L’homme, mortalis = l’être pour la mort = le mourant en sursis.
En ville, les dangers de mort sont démultipliés.
La mort est à l’origine des cultures humaines.
Chercher le sens de la vie hors de la mort est un non sens. Respecter la vie, c’est la faire perdurer.
Kant souligne le caractère pessimiste des mythes religieux d’origine et de la vie des hommes à travers l’étude des différentes religions. L’homme recherche la pénibilité. Il est avide, insatisfait (Lucrèce) dans sa course vers le pouvoir et l’accumulation des richesses. La méditation sur la mort éclaire sur le fait que nous sommes tous des « alter-égo ».
Naissance, apogée et chute des civilisations : l’histoire peut montrer comment les hommes sont installés au cœur de l’Usure-Temporalité et comment ils ne peuvent en sortir.
Aucune puissance ne peut s’ériger sans héros, aucun héros se manifester sans fuite devant son soi-même...
Polybe : la décadence commence par la passion de dominer et par la jalousie de ceux qui seront hors du pouvoir, puis par le faste et l’orgueil des particuliers.
Hégel : la décadence résulte de la facilité à se laisser entraîner dans l’habitude, à se laisser choir dans l’inactivité. Comme l’individu, le peuple qui vit dans la jouissance du but accompli passe de l’âge viril à la vieillesse et à la mort naturelle.
La volonté de la mort est au centre de chaque victoire. Instabilité et caducité des choses humaines.
L’existence est le mode d’expression de la vie comme du temps, mais elle est plus éphémère que la vie.
La pensée de la mort a pris une très grande place dans la pensée du Moyen-Orient
Le mythe d’Athrahasis : les dieux précèdent les hommes dans le cosmos. L’origine de l’humanité correspond au refus des dieux de travailler. Les hommes se révoltent, les dieux les exterminent tous sauf Athrahasis (le très intelligent).
Les récits babylonniens : les hommes sont crées par les dieux et en contiennent une parcelle. Conflits entre les divinités qui ne sont pas immortelles, qui suit les conseils de son dieu Enki-Ea.
L’épopée akkadienne de Gilgamesh : héros proche des dieux et qui cherche l’immortalité (arbre de vie au fond de la mer)...en vain... Futilité de la vie.
Doctrine stoïcienne : feu primordial et rythmicité des mondes dans un mouvement éternel.
Héraclite : « Vie et mort ne font qu’un », le changement constitue leur unité.
Empédocle et Anaximandre : la vie est une faute. L’usure est synonyme de devenir.
L’apocalypse selon l’évangéliste Jean : le monde est livré à des forces antagonistes qui l’entraînent vers l’eschatologie universelle. La fin de Rome se traduit en fin du monde (principe).
L’Islam.
Le mouvement millénariste de l’abbé cistercien calabrais Joachim de Flore (début 13° siècle).
Les croisades au Moyen-Orient.
Les mouvements millénaristes ont compris les étapes mort-naissance des puissances humaines et opéré un renouveau de la pensée spirituelle dont un des corollaires est représenté par le mouvement politique communiste.
« Il faut penser constamment sa mort » ; croyance en l’éternité de l’âme.
Montaigne reprenant Platon « que philosopher, c’est apprendre à mourir ». Paradoxe avec le profiter de sa vie.
Epicure : « Si la mort est là, je ne suis plus. Si je suis, elle n’est pas là. »
L’ennui est le tourment des classes supérieures : sitôt le besoin ou la souffrance en repos, il s’installe du fait de la conscience de notre finitude.
L’homme est néanmoins immortel dans son essence qui est la volonté. La connaissance permet la conscience au sein du transitoire, de la transcendance de l’homme dans l’intra-temporalité.
Conclusion : la néantitude, ce n’est pas l’être de la mort (néantité) mais sa forme particulière de priver les hommes de leur exister.
Le mourant en sursis ne possède que l’éternité de l’instant, la densité intérieure du présent comme profondeur et plénitude. Vivre avec mesure est la garantie du bien vivre et plus longtemps. L’amour réciproque est la volonté de la vie.
Levi-Strauss : c’est dans l’homogénéité de la culture que réside la possibilité de décadence.
Au 3e millénaire av. J. C : foyer de civilisation dans mer Egée puis civilisation grecque puis Rome et naissance du Christianisme puis Empire carolingien au 8e siècle (cf. Pierre Riché) constituent une unité culturelle et spirituelle sauf pour les Juifs (cf. Desclée de Brower. Cette societas christianas (Marc Bloc) est née dans le nord de la France actuelle et l’Allemagne occidentale.
Oswald Spengler : l’occident s’oppose d’une part à l’antiquité gréco-romaine, d’autre part aux autres cultures historiques de la planète (catholicisme contre paganisme)
Pour l’anthropologue Jaulin, il s’agit d’un esprit originaire du Proche Orient - Abraham arrive en Egypte + mouvements migrateurs entre -1800 et -1200 + installation des Judéens (Juifs) et naissance du monothéisme, culte de Aton, émergence du prophète Moïse (+ les babyloniens) - au sein duquel apparaît le caractère abstrait d’1 Dieu à caractéristiques pharaoniques (cf. Freud) ; C’est à dire que l’autre est celui que l’on nie sachant que pour les hébreux, l’autre est celui qui vous nie...
HEBREU-PHARAON : c’est l’esprit venu d’ailleurs qui a subi une mutation substantielle en occident et qui est indéfiniment à la recherche d’un ailleurs, une perpétuelle projection d’un au-delà. En tant qu’esprit, il est vide et en tant que réalité mouvante il est vidant...
Paul Ricoeur (+ Nietzche) : source juive + origine grecque = fondements de notre culture occidentale.
Jaulin : cette « négation-extension » est seulement un mouvement dans le mouvement négateur de l’occident qui fait une part trop belle au judaïsme.
Heidegger : nihilisme = mouvement fondamental de l’histoire de l’Occident qui a donné tant de catastrophes mondiales.
Les indiens guarani : le multiple tempère la propagation du mal.
2e principe de la thermodynamique : fin de l’univers correspond à l’homogénéisation de l’énergie, la vie physique (la différenciation) à son hétérogénéisation ; la dialectique (cf Lupasco) de ces deux phénomènes constitue l’harmonie du monde.
En biologie : la cellule, plus complexe a supplanté les protobiontes.
Le monde est fait de pars totalitas totalitatis in totalitate = parties totales de la totalité dans la totalité.
L’orbe négateur = esprit du soi occidental est, depuis 1000 ans, le moteur de l’histoire.
= extensions du soi occidental
Big Bang : expansion de l’univers puis rétractation (Big Crunch) : analogie avec l’orbe négateur occidental. Au 15ème siècle : la plupart des autochtones sont pacifistes mais l’esprit négateur les renie.
Protestations de Rousseau (contrat social) : les pays les plus industrialisés seront les plus grandes puissances coloniales. L’esclavage des noirs est à la base de l’enrichissement occidental et de l’appauvrissement de l’Afrique (cf Suzanne Pillorget, J. ki-Zerbo). L’extension-négation est une réalité historique. Entre les 15ème et 19èmesiècles, 100 millions de noirs ont été esclavagés.
(Rousseau, M. Duchet, Ki-Zerbo)
C’est une négation physique mais également culturelle qui s’est opérée (et opère encore...) en vue du « salut » occidental. Génocide des Amérindiens (Pierre Clastres, Watchel), ethnocentrisme. L’abolition de l’esclavage a lieu pour des raisons économiques (patrons industriels) et non humanitaires...
Pourtant Kant a souligné l’ « essence virtuelle » commune à l’humanité.
Michel de Certeau p. 91 : la raison a dans son autre, hors de soi (les classes, les races inférieures), ce qui la fait produire ; au 19ème, avec Jules Ferry,) il s’agit de civiliser le monde colonisé. Selon p. Jaulin, aujourd’hui, la colonisation se fait toute seule de l’intérieur dans un mouvement inexorable d’acculturation. La raison mécaniciste homogénéisante ne risque t-elle pas d’annihiler le raisonnable du multiple culturel ?
La raison mécaniciste hégémonique exclut la science fondamentale et la connaissance intéressée par le vrai et le faux. Elle s’érige en guide pour un monde aveugle.
Marcuse : la raison et le progrès technique circonscrivent tout changement politique et social qualitatif et dessinent les frontières des désirs de bonheur : à savoir le matérialisme.
Marcuse : « Le sujet aliéné est absorbé par son existence aliénée » ; pensée et comportements sont unidimensionnels.
Mais aujourd’hui on assiste à la dégradation des pays du sud et peut-être à ceux de l’occident. On est pas si loin de « 1984 » ou du « meilleur des mondes » d’A. Huxley
La société industrielle tend au totalitarisme économico-technique et a substitué l’idée de progrès scientifique à celle de progrès technique.
Chapitre 2 - Les illusions de cette raison divinisée p. 213
La science est la religion de l’occident mais elle n’étudie que ce qu’elle reconnaît et aboutit sur des techniques dont certaines sont mortifères. Elle est au service de la rentabilité immédiate du capitalisme moderne.
(cf Levy Leblond, Heisenberg)
A : Au siècle des lumières : progrès de la raison = progrès scientifique = progrès matériel + spirituel (moral) = perfectionnement des mœurs par l’esprit + positivisme (Berthelot) aboutissent au scientisme :
19e : la science équivaut à l’expansion matérielle et quantitative en vue de la productivité
20e : gaspillage et pollution
La science = dynamique structurante : tout ce qui est réel est scientifique ; c’est le moteur du développement (dont les débats portent surtout sur les modalités et non les finalités (Gosselin), à savoir, l’autonomie des pays concernés...
B : Le siècle des désillusions p. 229
La science n’a pas abouti à la « fraternité universelle ». Le progrès n’est pas illimité. Il aggrave les inégalités humaines : le gaspillage côtoie la misère. C’est la juste-injustice (R. Aron) : « L’homme ne peut devenir maître et possesseur de la nature sociale »
La télévision devient un frein à l’expression individuelle et à la communication + bourrage de crâne + désensibilisation et passivité.
La mécanisation : crée du chômage. L’ouvrier attaché à la machine = le membre vivant d’un mécanisme mort (Marx) cité par Mounier (la machine en accusation). L’augmentation des cadences entraîne celle de la mort des ouvriers.
La science est au service de l’armée et de la guerre.
Aujourd’hui de grands savants s’intéressent au monde politique, à la philosophie, l’histoire, l’anthropologie (Jacquard, Testard). Il n’y a pas d’humanisme scientifique.
(n’oublions pas Tchernobyl !...)
A : Les illusions du bonheur p. 253 (on est loin de la plénitude de soi). Davantage de suicides dans les pays les plus développés ...La France = le pays du médicament (prozac, viagra..). La sauvagerie et la barbarie, l’insécurité règnent dans New York. La ville devient un lieu de mort et de développement de l’alcoolisme/tabagisme/drogues/excès sexuels...
B : La montée de l’anarchie religieuse opère comme un « ailleurs » de substitution p. 267
L’incroyance est le résultat des mensonges du religieux (l’athéisme supposerait une opposition à des dieux existants). Elle modifie le sens du lien invisible qui unit l’homme à son milieu (en particulier, la nature).
Le christianisme, les sciences et techniques ont donné naissance à de nouvelles divinités à la souplesse d’un caméléon mais à l’identité rigide : c’est une religion matérialiste et enracinée dans le désir. L’image est pan-voyante et pan-désirée. Dieu est le père fantasmé (Freud).
La désillusion implique la recrudescence des sectes (Moon, Mahi-Hari, Jim Jones) cf Gosselin.
La technique a amélioré les conditions de vie mais privé l’homme de la complétude de son être et de la paix.
La mort de l’ordre social (anarchie) est un facteur mortifère
Le développement économique occidental se nourrit du pillage des ressources non renouvelables du sous-sol entraînant la mort de la terre et de la biosphère.
Le processus mortifère à l’œuvre contre les civilisations non européennes date de 600 ans et se poursuit (Jaulin).
L’obligation du rendement entraîne la réduction et quasi extinction des prérogatives subjectives : l’être humain devient une entité mathématique (F. Dagognet).
La Banque mondiale et le FMI sont des missiles de la raison mécaniste pour l’agencement structurel des pays en voie de développement.
La croissance n’est pas illimitée, plutôt l’accroissement des richesses des plus riches. La logique de la concurrence affame les pays contrairement à la coopération originelle (Afrique et Amérique Latine (cf. monde diplomatique ) ; ex de la Ghanée : plus forte croissance en 93/94 (+5,6 %) et aucune augmentation du niveau de vie des habitants.
La pensée unique est le corollaire d’une société productiviste issue de la raison mécaniste.
Intérêt des O.N.G (mais qui peuvent se concurrencer), du développement autocentré pour parvenir au fara da sé (faire les choses par soi-même).
La dette des pays du sud (1.300 milliards de $ en fin 20ème siècle) s’est creusée à coup de trafic d’armement, de fuites de capitaux en Suisse, d’achats inadaptés ou superflus, et de l’exploitation des masses.
Gérard de Bernis : il fallait une issue à la crise monétaire internationale en 76 et ce fut l’endettement du sud...
Jaulin : « Le tiers monde se retournera contre ses conquérants après l’ethnocide dont il fut victime ».
Ziegler : humanisme basé sur l’identité ontologique de tous les êtres humains : ceux qui souffrent nous font souffrir aussi.
L’exploitation continue (ex du Katanga : cobalt + cuivre p. 304) par l’intermédiaire des lobbies.
Kwamé N’Krumah : dénonce le néo-colonialisme, soutient le panafricanisme torpillé par Félix Houphouët.
L’autonomie du continent africain et le partage des richesses sont des perspectives positives. Les pseudo-indépendances sont des « dictatures de militaires ou de bourgeoisies compradores » (Ziegler) sont des protonations dépendantes du centre métropolitain (le « précarré » des pays francophones p 307).
Echec du « front de refus » socialo-communiste
Les élites africaines ont troqué le soucis du bien communautaire dans l’esprit des traditions africaines contre la jouissance et la fièvre du pouvoir politique et économique à l’occidentale.
La concurrence avec les pays d’Asie entraîne la chute de l’aide au développement des pays d’Afrique (cf. François Chesnais P 311).
Les coopérants sont des « faiseurs de CFA » animés de sentiments de supériorité par rapport aux noirs pauvres.
L’Afrique sub-saharienne concentre son agressivité sur elle-même à l’inverse du processus Hébreu-Pharaon. L’Asie du sud-est a refusé toute tutelle occidentale et se développe (mais à quel prix !).
La politique d’immigration zéro met en place de nouveaux shérifs aux frontières alors que le tourisme occidental exporte des maladies (sida en Thaïlande). On freine ainsi la vitalité génétique (croisements sexuels) et la diversité alors que A. Jacquard écrit « Eloge de la différence - la génétique des hommes ».
Sous un masque de cosmocité se cache le vide et la mort (Jaulin).
Le sentiment, l’émotion, l’humain disparaît derrière les idées, les concepts, réalités abstraites dynamiques capables de tous les maux du monde, l’idéologie de la négation-destruction.
Les savants, les agents de l’industrie économique et financière, les mass média, ont remplacé les colons et les missionnaires.
Dans le cas de l’ Indouisme, les castes sont issues de la soumission des peuples dravidiens aux aryens venus de Perse.
Franz Fanon : « La civilisation blanche a imposé aux noirs une déviation existentielle » notamment avec le langage... (par ex. pour les antillais)
Les pères fondateurs puritains des Etats-Unis ont bien des analogies avec le peuple hébreu
Le pouvoir, l’amour du pouvoir (politique, industriel, administratif, pouvoir de l’argent) est toujours exclusif, totalitaire et implique le(s) rapport(s) de force : c’est le Niant
200 + grandes multinationales siègent aux U.S.A mais demain elles peuvent se retrouver en Asie (acheminement thanatotique à travers le monde entier).
Le racisme et la discrimination vont de pair avec la différence visible des personnes exclues : alternative en Hollande avec « l’organisation des piliers » p. 331.
Analogie entre la domination de la nature et celle des autres ethnies, civilisations. Mais les riches vivent dans la peur des pauvres (sécuritarisme et ghettoïsations).
Internet, le cyberspace : le télé-contact supplante les échanges sensibles entre humains et constitue un prêt-à-porter idéologique, un accès rapide aux consciences, un prêt à penser. La planète entière est soumise aux mêmes schémas de développement.
Fable du roi Midas qui finit par mourir de faim et de froid et correspondance avec la « chrématistique »d’Aristote = technique d’enrichissement continu. La monnaie a perdu sa valeur d’échange (troc).
La fortune des 3 hommes les plus riches du monde dépasse en 99 le PNB des 35 pays les moins riches et de leurs 600 millions d’habitants.
Finance = industrie qui agit comme le virus du sida et conduit vers un avenir aveugle où règnent l’imprévisibilité et le chaotique (F. Chesnais). Les mécanismes du pouvoir sont illisibles (p. 349).
Les alternatives sont touts reléguées au rang d’utopies (ex : Ph. Herzog p. 354)
Les groupes financiers font pression sur les systèmes politiques occidentaux (M.F Toinet p. 356)
Les privatisations entraînent chômage, exclusion, et le nombre des réfugiés s’accroît (18,9 millions dans la totalité des pays en voie de développement contre 2,5 en 1970, 11 millions en 83, peut-être 250 millions demain ?
250.000 enfants meurent par semaine + 850 millions de personnes n’ont pas de nourriture décente (quantité et qualité) + le sida + la tuberculose et la rougeole (p. 357) : c’est l’échec du mode de développement occidental et la main mise sur leur destinée par l’industrie financière internationale (FMI, Banque Mondiale, OMC)
Lobbies pharmaceutiques : régression du droit à la santé dans le tiers monde
Les 3/4 de la planète se partagent 1/5 des revenus. Dette = 10 fois le montant de l’aide extérieure
En occident : les plus grosses entreprises sont celles qui licencient le plus (p. 362)
Ressources limitées de la planète : comment survivra t-on ?
La taxe Robin sur les produits financiers (0,5 %) fournirait 500 milliards de $ contre 40 nécessaires ...
Des avertissements :
Francis Bacon : « On ne peut vaincre la nature qu’en lui obéissant » ;
La Bible : le fruit défendu de l’arbre de la connaissance ;
Spinoza « Nous voudrions que la totalité du monde se pliât aux habitudes de notre raison » ;
Au Nord, l’homme conquérant - de la nature, de l’espace - perd le sens de sa relation à eux alors qu’au Sud, l’homme se considère comme un infime élément et il cohabite.
Il conduit à l’amenuisement progressif des lieux nécessaires à l’épanouissement de la vie
(chiffres p. 384/385)
A Les pays riches d’Asie et d’Occident p. 386 (Asie = 60% de la pop mondiale)
La régulation des naissances en chine entraîne l’abandon des enfants et le vieillissement de la population.
Les zones oekouméniques au Japon sont très réduites : expulsion des vieillards et avenir impossible.
32 millions de pauvres absolus aux U.S.A.
Europe : 20% de pop mondiale. Densité la plus forte (95 ha /km2 ), 1,5 fois plus que l’Asie, 9 fois plus que l’Amérique, ou l’Afrique. Environ 550 millions d’habitants. En France, doublement de la pop en 60/80 ans.
Pas de nature dans les ZUP (zones urbaines prioritaires)
Exigence de bonheur personnel de plus en plus forte. L’enfant devient encombrant ou suscite différentes peurs : économiques, morales, métaphysiques
B- Les pays en développement p. 397
Effet pervers des progrès de la médecine
L’Afrique : 12,5% de pop mondiale. Densité la plus faible. Pop aura doublé en 2025
Proche-Orient : pas de surpeuplement
Moyen-Orient : pétrole
Amérique Latine : Brésil et Mexique prisonniers des banques américaines sinon sont économiquement riches. Les autres pays sont en surpeuplement.
Asie : poussée démographique dangereuse au Bengladesh, Pakistan, Inde : population très jeune, grande misère, exode rural.
Chômage croissant des jeunes de moins de 25 ans dans les pays riches (1/4).
Chapitre 2-La pollution et ses conséquences p. 409
La planète est un être vivant. Problème du réchauffement climatique ; cf Bilan du monde 1998 ; l’effet de serre (plusieurs degrés par siècle).
Combustibles fossiles et dangers de l’oxyde de soufre. L’atmosphère (une dizaine de kms d’épaisseur) entrain d’être saturée par la pollution. Il y a même des brouillards au dessus des pôles.. Les USA éjectent plus de 140 millions de tonnes polluantes chaque année outre celles des autres pays ...les conséquences sur la santé sont graves (nouveaux cancers et maladies), la nourriture est frelatée par des déchets de toutes sortes.
C’est un problème énorme lié à la croissance exponentielle de la conso et du gaspillage relatifs à l’augmentation des habitants. Atrophisation = dangereuse diminution du fonctionnement biotypique de l’eau qui est due aux déchets déversés (y compris dans les mers et océans).
La crise de l’eau se continuera par une guerre de l’eau et ensuite une pénurie...
F. Dagognet : épistémologue français : le philosophe doit s’intéresser aussi à la matière ainsi qu’à ses détritus, son côté laid et sale p. 434 : philosophie écologique
J. Tricart : l’impact négatif de l’homme sur la nature est aggravé par les mauvaises conditions économiques.
Problème des centrales nucléaires ( dangers et déchets + réchauffement des eaux). Un gramme de plutonium donne le cancer à 100.000 personnes.
La pollution agit sur les précipitations en les restreignant, sur les vents violents en les amplifiant.
Les avions perturbent le climat (déviation du Jet-stream à l’origine de la désertification du Sahara).
En 1999 : gigantesque nuage de pollution sur l’océan indien p. 440.
La pollution s’est mondialisée et se généralise par le biais des océans, de l’atmosphère et de l’alimentation. La plus grave est celle de l’eau après le risque d’étouffement.
(cf René Dumont « L’utopie ou la mort »
Prévisions alarmantes (alarmistes ?) p. 445 : conurbation et sururbanisation quand les villes se rejoignent. Problèmes psychologiques, maladies liées au stress (p. Zimbardo : études sur des villes aux U.S.A). Même chez les rats : épuisement des hormones cortico-surrénales sollicitées par le stress. Problème des déchets urbains p. 449. Dangers industriels (Cevezo et Minamata par ex).
Ecocide = terricide + animalicide. Les engrais + pesticides + détergents polluent les terres, puis les eaux (lessivages par pluies). On trouve du DDT dans l’alimentation des animaux. Dangers liés à la radio-activité (centrales). Le tourisme lui-même pollue.
(cf. les Ehrlich / Tricart / Dumont)
Plus de 1/3 de la surface du globe est désertique et 15% de la population y habite. Plus de 9 millions de km2 de déserts crées par l’homme et les déserts impliquent des sècheresses puis des famines (ex : Sahel). 78 sur 628 millions de personnes sont actuellement menacées (Chili, Chine, Mongolie, Inde, Irak, Niger, Pakistan, Mali, Namibie, Egypte, Tunisie, Algérie, Maroc etc..) . L’Afrique sub-Sahélienne est très menacée et subit des compétitions à l’intérieur d’un même pays (Tunisie, Niger, Israël).
Les monocultures (Sénégal) et déforestations (Côte d’Ivoire) sont vecteur de désertification.
Le progrès a atteint un seuil critique. Le mal causé s’étale et s’amplifie comme une gangrène, un cancer.
Les problèmes fondamentaux de l’humanité sont d’ordre mondial (pollution atmosphérique + épuisement des ressources + pénurie alimentaire + surpopulation locale).
Dangers des catastrophes atomiques + manipulations génétiques.
L’apprenti sorcier qu’est l’homme est un fossile culturel (Aurélio Peccei) : le saut de la culture n’a été que technologique.
L’indifférence et l’aveuglement sont des facteurs de destruction de l’humanité.
Mais la nature (mère génitrice) reprendra le dessus ...
La conquête de l’espace profiterait à une élite (ingénieurs, scientifiques technocrates, financiers) mais sera en réalité impossible.
L’extension de la vie en mer (villes plateformes) est très limitée par la difficulté des conditions de vie. Il existe déjà des compétitions internationales pour la pêche.
La décadence signifie la chute d’un état supposé meilleur, glorieux et hautement riche dans un état profondément contraire. L’avenir est bouché. Marasme. En Allemagne on parle du nihilisme de la jeunesse et en France pas bien mieux (Louis Le Prince Ringuet p. 483))
Exister n’est-ce pas se faire en travaillant, non pas pour un salaire mais en exerçant ses facultés dans 1 activité ?
Oswald Spengler (p. 486) : déclin de l’intelligence et de la créativité en occident dus à la puissance de l’argent qui appauvrit la spiritualité en développant uniquement des capacités, des facultés purement techniques, rentables dans l’immédiat.
La haute finance veut de plus en plus la médiocrité des producteurs et consommateurs et s’évertue à faire baisser le niveau intellectuel des citoyens.
Horace : la cupidité, l’avidité, sont les maladies éternelles des hommes.
Ph. Ariès : l’attachement à la matière rend l’homme indigne de lui-même.
J.F. Raymond : L’homme riche est celui qui éprouve sa propre réalisation comme une nécessité intérieure p. 491.
Saint-Augustin : le bonheur est dans la simplicité, dans l’optimum de la jouissance et dans la mesure exclusivement.
Rendre à l’homme sa noblesse, au lieu de sombrer dans les pires mœurs vénales (prostitution des enfants qui rapporte de gros marchés à certains états par le biais du tourisme). La pédérastie - au sens de pédosexualité - gagne les pays d’Afrique (Sénégal).
La mort des dieux d’une culture, c’est la mort de l’âme de cette culture et de sa régulation. La crise de la conscience vient de la destruction de toute vérité, de tout fondement réel des traditions, des religions, de la science.
La publicité, la formation livresque, l’éducation intellectuelle font que les gens se désintéressent de leur propre culture (dans les pays investis par Hébreu-Pharaon) : leur décadence culturelle n’est-elle pas leur désagrégation par leur propre négation ?
L’inhumanité règne dans les mégapoles urbaines (U.S.A) + la corruption de la police (Italie) quand elle est trop représentée.Le « super civilisé » est celui qui se moque de tout, même des sentiments humains.
Louis Vincent Thomas (p. 501) : la ville est 1 lieu d’aliénation et de répression.
En Afrique : De plus en plus de « parasites » vivent à la charge de leurs familles. Selon les experts de la BIRD, il y aura des centaines de millions de « pauvres absolus » dans les pays du tiers monde à l’aube du 3e millénaire (300 à 700) et plus de 500 millions de nouveaux prolétaires.
L’usage des drogues se répand en Afrique (p. 505) : c’est un nouveau commerce du à la sururbanisation rapide, à l’éclatement des grandes familles, aux pertes de repères.
L.V. Thomas : la mégapole est le « révélateur le plus criant des vices de la société productiviste et marchande » ; décadence physique, morale et psychique.
L’identification au niveau du social, du politique, de l’économique, au modèle occidental entraîne la monotonie des paysages urbains, l’illusion d’un meilleur niveau de vie, une impasse sans avenir.
L’abandon des systèmes d’exploitation traditionnels agricoles en Afrique implique une dépendance vis à vis de l’état. L’ancienne économie (autarcique) était le fruit d’un choix, d’une sagesse ancestrale (cf Rodolfo Stavenhagen p 508) et permettait de nourrir sa famille. Aujourd’hui, apparition d’un prolétariat honteux et qui subit les fluctuations du marché des denrées industrialisées (café, cacao, bananes).
L’endettement des pays pauvres augmente
Les nouveaux dirigeants sont des facteurs d’instabilité politique et de freinage du développement (Gilbert Blardonne p. 511). Ex : Côte d’Ivoire et Capitalisme français p. 511
Il faudrait pouvoir renvoyer l’ensemble du sous-prolétariat et les parasites dans les campagnes et leur faire se réapproprier des systèmes agraires autarciques.
Avec J. M Albertini : pour un développement solidaire et non solidaire des pays du tiers monde.
Avec Bairoch : vive l’industrialisation !
Problématique du Bengladesh p. 517
G. Blardonne : « La reconstitution de la personnalité d’une société ne peut qu’être le fruit d’une mystique du développement s’inscrivant dans la tradition d’une civilisation.
La pénurie annoncée du pétrole n’est pas forcément réelle (cf Inde) + possibilités de pétrole synthétique (huiles lourdes exportables dans la plupart des pays du monde) p. 521
Rapport Meadows (72) : The limits to growth (halte à la croissance... et sans distinctions de pays) avant l’épuisement des ressources naturelles avant fin 21e siècle.
Rapport du Club de Rome de Mesarovic et Pestel (74) : plus souple que le précédent : « Une stratégie pour demain » : monde divisé en régions et croissance calculée : plus l’action de coopération (aide, limitation des naissances, recherche de sources d’énergie, politique agricole etc.) sera retardée, plus elle coûtera cher !
Pour J. Bernard : si l’homme désire transformer ses conditions d’existence, il doit se transformer lui même et en même temps ses représentations p. 524.
M. Leenhardt : les colons ont tenté volontairement de décimer les Canaques (Nouvelle Calédonie) avec l’alcool (la même chose a été faite à l’encontre des amérindiens)
S. Andriamirado (96) : à propos du train de vie des milliardaires zaïrois (blancs) p. 527.
Mehl : sur le caractère éphémère des civilisations p. 528.
A. Jacquard nous fait découvrir la relativité temporelle de l’apparition de l’être humain en regard de l’âge de la planète (4 milliards d’années) et des premières formes de vie (3,5 milliards d’années minimum...). L’homme apparaît tel un simple artéfact, récent et fragile, au sein de l’histoire cosmique. La variété génétique et les diversités culturelles qui le composent ont été, en dépit du phénomène d’usure et de décadence propre à chaque civilisation, les moteurs les plus puissants de sa survie et de son évolution.
Mais cette mosaïque culturelle présente depuis près de 100 à 200.000 ans (apparition de l’homo sapiens sapiens) est actuellement en voie d’homogénéisation et de disparition. Les mouvements homocentriques et pulsatiles des sociétés humaines ont disparu sous l’hégémonie d’un modèle à la fois totalitaire et phagocyteur, garant de la négation des différences des autres traditions et représentations du monde.
Le schéma de développement occidental, qualifié de phénomène Hébreu-Pharaon, est un véritable rouleau compresseur qui, après avoir été esclavagiste est devenu néo-colonial et qui, se justifiant par les seuls critères d’une raison mécaniciste et d’un progrès strictement matériel, voue un culte à une science technicisée asservie aux pouvoirs financiers et aux lois du profit immédiat.
Dès lors, quelques nantis obnubilés par la peur du pauvre iront se disputant des lambeaux de planète et des ressources de plus en plus rares condamnant le reste de l’humanité à un avenir digne d’un« meilleur des mondes ».
Ainsi nous assistons et coopérons la plupart du temps dans le silence et l’indifférence à un processus de pollution et de destruction des oekoumènes et à l’horizon, de l’humanité.
Au cœur du déploiement aveugle de l’appareil occidental et en l’absence cruelle de progrès moral ou spirituel, c’est l’idée même de progrès qui est en cause, celui-là même qui occulte les réalités intrinsèques des mécanismes de régulation que la variété des ethnies et des stratégies de vie avait mis en place.
La flèche du progrès est d’ores et déjà fichée dans les plaies de l’inexorable extermination de l’humanité en l’homme et de l’aggravation des inégalités. Hébreu-Pharaon devra ralentir son cheval fou sous peine de conduire l’humanité à la néantité et à la mort.