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L’amour Dieu ou le Soufisme


La recherche du Bien �tre est donc une ouverture. Cette expansion porte en elle-m�me le germe du divin qui signifie ��ramener�� l’�tre humain � sa source�: ��Dieu��.
L’Islam comme religion universelle, s’inscrivant dans la r�v�lation abrahamique et pr�chant un humanisme d’�quit� et de justice sociale est d’un culte ais� et adaptable � tout temps et � tout lieu, n’en d�plaise aux scl�ros�s.
Parution originale sur Hommes et Faits le 20 novembre 2001

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��Quand l’homme et la femme deviennent un, tu es ce un. Quand les unit�s sont effac�es, tu es cette unit�. Tu as fa�onn� ce “je” et ce “nous” afin de pouvoir jouer au jeu de l’adoration avec toi-m�me, afin que tous les “je”, les “tu” deviennent une seule �me, et soient � la fin submerg�s dans le Bien Aimé ».
Jalla eddine er R�mi, le saint de Konya

Dans sa qu�te du “Bonheur” l’�tre humain n’�pargnera aucun effort, il ira � la rencontre de ses semblables pour chercher l’autre dans le dessein de former un couple et de fonder une famille, il cr�era des cercles d’amiti� pour �chapper � sa solitude. Pour assouvir son intellect il ira � la conqu�te du savoir. Et pour son autosatisfaction il s’investira dans son travail ou suivra ses instincts... La recherche du Bien �tre est donc une ouverture. Cette expansion porte en elle-m�me le germe du divin qui signifie “ramener” l’�tre humain � sa source�: “Dieu”.

L’Islam comme religion universelle, s’inscrivant dans la r�v�lation abrahamique et pr�chant un humanisme d’�quit� et de justice sociale est d’un culte ais� et adaptable � tout temps et � tout lieu, n’en d�plaise aux scl�ros�s. Il serait une voie de transcendance, la voie d’acc�s au “Bonheur” ou le chemin du spirituel comme le sp�cifie le Coran�: “ Celui qui esp�re Dieu, le d�lai de la rencontre avec Dieu est imminent ”. (S. L’araign�e, V. 5)

Certes, pour un cart�sien, ceci sous-entend la division de l’�tre humain entre ses d�sirs “r�els” et son “imagination”. Mais le discursif n’a-t-il pas �t� remis en question par ses ap�tres et dans son propre fief, les sciences dites exactes�? Ce qui renforce d’autant plus l’Islam, dans sa vision de compl�mentarit� entre l’Objet et de l’Esprit�; une religion � dimension spirituelle dans le sens jungien du terme. Dans cette qu�te de soi et de “Dieu”, le soufisme, dans ses diff�rentes pratiques de l’Union et de l’Amour, est une des multiples voies qu’offre l’Islam pour quiconque. L’ascension vers le divin et l’�l�vation � des degr�s diff�rents de “Savoir” n’est pas l’apanage de quelques �lus mais � la port�e de tout �tre humain dou� de patience car nous portons tous en nous cette union tant d�sir�e.

Dans cette qu�te de soi et de ��Dieu��, le soufisme, dans ses diff�rentes pratiques de l’Union et de l’Amour, est une des multiples voies qu’offre l’Islam pour quiconque. L’ascension vers le divin et l’�l�vation � des degr�s diff�rents de ��Savoir�� n’est pas l’apanage de quelques �lus mais � la port�e de tout �tre humain dou� de patience car nous portons tous en nous cette union tant d�sir�e.

L’islam ou l’Universalit�

Loin de se cantonner dans le cultuel pur, l’Islam se soucie de l’Intelligence du c�ur et des �lans de l’�me. Les pratiques religieuses de cette religion abrahamique sont une union du croyant avec lui-m�me et avec ses semblables pour se transcender vers Dieu. La pri�re est une m�diation solitaire pour retrouver ��Dieu�� mais c’est aussi un acte social qui met l’�tre en relation avec ��l’Inconscient social��, comme le dit C.G. Jung, qui implique l’humanit� enti�re. L’Islam ne s’apparente ni au capitalisme, ni au socialisme. Du premier, il condamne le gain et le profit au d�triment du pauvre�; du second il surpasse la trilogie � savoir�: l’assurance du minimum vital, le nivellement des classes et la s�curit� du travail prol�taire. La religion mohammadienne fait primer le social sur l’acte religieux m�me�; car elle d�fend les droits du citoyen quels que soient sa race, sa religion ou son sexe comme le confirme la parole du Proph�te�: (pbsl) ��Si vous �tes juge de vos semblables, rendez justice en toute �quit頻 et ��Il n’y a pas de diff�rence entre arabe et persan sauf en droiture et dans la profondeur de sa foi��, comme d’ailleurs le proclame Zaccaria�: ��Rendez des jugement de v�rit�... N’opprimez pas la veuve et l’orphelin l’�tranger et le pauvre��. (L�vitique. Chapitre XIX)

L’Islam qui se proclame de l’universalisme abrahamique a toujours consid�r� comme fr�res les juifs et les chr�tiens ��Ahl Dhima�� qu’il a prot�g�s et s’il y a eu guerre contre les fr�res chr�tiens au temps du Proph�te, l’Histoire mentionne bien comment les chr�tiens de la Syrie l’avait eux-m�mes d�clar�e en tuant ceux qui avaient opt� pour la nouvelle religion. Le Coran dit�: ��Combattez dans le chemin de ceux qui vous combattent et n’agressez point��, car il n’y a ��pas de contrainte dans la religion��. (S. 11, V. 19)

L’Islam porte en lui-m�me son renouvellement gr�ce au large �ventail de l’interpr�tation que lui conf�re le g�nie de la langue arabe et � ses optiques humanistes. Tous les apports des autres civilisations sont consid�r�s comme un enrichissement car il n’y a pas de civilisation sup�rieure ni de civilisation inf�rieure d’o� sa propagation spontan�e que l’Histoire omet souvent de mentionner. De plus la majorit� des peuples de confession musulmane n’est pas arabe mais plut�t asiatique, sans oublier que l’Islam est solidaire des autres religions du livre m�me s’il les contrecarre sur certains points comme la Trinit� dans la religion chr�tienne.

Mo�se, J�sus et Mohammed, ap�tres v�n�r�s sont les promoteurs d’une pens�e divine source du Bonheur humain. Mais les manipulations humaines ont fauss� l’id�alisme supr�me de ces religions r�v�l�es d’o� sont d�coul�es tant de p�riodes sombres.

L’Islam, cependant, demeure une �thique humaniste o� la prise en compte du subjectif prime sur l’objectivisme actif de l’occident.

L’Islam et la compl�mentarit�

Le congr�s tenu � P�kin sur les sciences avait d�j� �branl� l’antagonisme entre sujet et mati�re dans les sciences dites exactes. Dans le mode cart�sien la r�alit� quotidienne est per�ue en termes d’objets s�par�s, d’espace � trois dimensions et de temps lin�aire contrairement � la vision islamique o� le temps et l’espace sont transcend�s dans une osmose de compl�mentarit� de l’objet et de l’esprit.

Dans les sciences physiques le principe de compl�mentarit� qui a �t� emprunt� � la psychologie vient d’�tre introduit par Niels Bohr et W, Heisenberg, lequel a d�clar�: ��La limitation cart�sienne a profond�ment p�n�tr� l’esprit humain durant les trois si�cles qui suivirent Descartes, et il faudra longtemps avant qu’elle ne soit remplac�e par une attitude vraiment diff�rente � l’�gard du probl�me de la r�alit�.��

En effet, cette loi permet � l’�tre humain d’appr�hender le paradoxal pour que l’imaginaire s’estompe afin de c�der la place au r�el�: “Allah” pour le soufi ou “Dieu” pour tout adepte de la philosophie qui s’oppose au positivisme comme celle de Bergson. Avicenne et Ibn Arabi pr�cisent que quand l’�tre humain, dans son �lan vers Dieu, fera appel au sensuel en s’�loignant du discursif exag�r�ment virtuel alors le voile se l�vera pour c�der la passage du “Malakout” ou le royaume divin.

L’Amour et la Connaissance

Arr�tons nous un instant au mot Soufisme ou suffisme —�qu’importe la transcription latine ou la prononciation de ce mot d’origine arabe —�o� la voyelle n’est pas discriminatoire.

��Attasaouf�� est un nom passif celui qui subit l’action de ��souf�� la laine rude par opposition � la soie et au coton symbole d’opulence et de douceur. Le nom vient aussi de la r�f�rence commune � tout pratiquant de la ��Tariqua�� —�la conduite, dont le Proph�te qui �tait un soufi et s’habillait de souf pour s’isoler et m�diter avant la r�v�lation et qui l’est rest� jusqu’� sa mort. Il a men� une vie d’abstinence, de pri�re, de puret� et d’Amour pour ses femmes, son voisinage, ses semblables et Dieu. Il est consid�r� comme le premier ma�tre de ��Attasaouf��.

En effet le soufi se rend � Dieu dans un d�pouillement total d�gag� de toute vell�it�. Seuls, la Crainte de Dieu, le renoncement au monde, le je�ne, la pri�re et la veille nocturne caract�risent ces asc�tes. C’est l’�lan d’Amour vers le Cr�ateur, cette soif absolue de l’amoureux transi pour l’objet de son amour —���Ach-chawq�� le d�sir et le manque de ��Huwa�� ��Lui�� —�qui est pr�sent chez le soufi, et dont il d�sire ��la Face de Dieu��. Tel est le premier pas sur le sentier s�fi.

Alors commence le voyage de l’�me. Ro�mi dit�: ��Dans le c�ur passe une image�: �Retourne vers ta source’. Le c�ur s’enfuit de tous c�t�s, loin du monde des couleurs et des parfums, en criant�: � O� donc est la source�? � et en d�chirant ses v�tements par amour��. La Beaut� divine est alors per�ue comme l’essence du ��Tout�� beau et du ��Tout�� harmonieux. Dans les pan�gyriques soufis, celle-ci est souvent repr�sent�e par un personnage f�minin, Le�la, Maya, Nafissa, etc.�; l’Amour spirituel, l’Elixir divin et l’Ivresse des amoureux sont des symboles que les soufis utilisent pour d�peindre leurs �tats �mes. Et ils sont rompus � d�crire avec exactitude leurs sensations m�me dans la vie courante.

Dans le cadre d’un raisonnement cart�sien/newtonien, de tels �tats paraissent relever de la psychose or, il n’existe, pour l’instant, que cette r�f�rence pour d�crire la sant� mentale. C�dons la parole � S. Grof�: ��Une personne fonctionnant exclusivement sur le mode cart�sien, peut �tre exempte de sympt�mes manifestes, mais ne peut pas �tre consid�r� comme mentalement saine. De tels individus m�nent une vie centr�e sur leur ego et la comp�tition, orient�e vers un but. Ils ont tendance � �tre incapable de tirer satisfaction des activit�s ordinaires et ils sont �loign�s de leur monde int�rieur. Pour ces gens [...] aucun degr� de richesse, de pouvoir ou de c�l�brit� n’apportera de satisfaction authentique.��

En effet, les humains comme les plus infimes particules sont une compl�mentarit�.

Le soufisme ou le culte des sens

Dans le monde soufi, tous les sens sont honor�s�; la vue, l’ou�e, l’odorat, le go�t et le toucher comme le dit si bien Giordano Bruno�: ��Il y a des mondes infinis et les cr�atures sont vivantes��. C’est un monde fait de sensualit� qu’est la confr�rie ou la ��Zaouia�� lors d’une veill�e mystique. C’est une occasion de plus de savourer un bain selon les rites marocains et de s’habiller en cons�quence. C’est une purification du corps pour mieux recevoir l’�puration de l’�me.
L’encens, le bois de santal, le musc, l’eau de rose et de la fleur d’oranger embaument tous les espaces du soufi. Ces senteurs procurent une d�tente physique et intellectuelle ainsi qu’un doux effet aphrodisiaque qui diffuse une �nergie sacr�e propice � recevoir le divin. Certes, le compagnon durant ��’Lilla�� la veill�e est compl�tement d�tourn� des plaisirs terrestres ��Al�am Achahawat Adounia�� et il tend vers le monde de Dieu ��Al�am Rabb�ani��. Ceci ne veut nullement dire que le soufi se prive des plaisirs du corps�; l’Islam condamne la vie monacale et le bigoterie. Les compagnons de la confr�rie, aussi bien hommes que femmes, sont des partenaires conjugaux extatiques dans le sens tantrique du terme. Mais � chaque temps son extase.

Le d�ner de la veill�e ou l’Offrande ��Sadaqua�� est un don d’une des familles les plus nanties de la confr�rie car la g�n�rosit� est une des qualit�s de l’amoureux —���Al mohib��. Le repas est un raffinement visuel et gustatif, les �pices les plus fins rel�vent les mets�; la cannelle, le clou de girofle, la cardamome, le gingembre, le safran, etc. Le th� � la menthe arrose le festin. Et on mange en cercle autour de tables rondes, la forme g�om�trique ch�re au Soufi, symbole de compl�mentarit� et d’union sans d�but ni fin. Certes l’ou�e est le sens le plus sollicit� car l’oreille est la plus grande porte de l’�me.

Et contrairement au positiviste, ce n’est pas l’�il mais l’ou�e qui est le sens le plus sollicit� car l’oreille, pour les soufis, est la plus grande porte de l’�me.

La musique et le chant comme viatique

Au Maroc, l’extase auditive ou le ��Sam�a�� est une variante de la musique andalouse ou le mariage raffin� des r�pertoires hispano-arabes. Il englobe trois genres�: ��Al Madih��, des po�mes pan�gyriques qui constituent le fond commun � toute veill�e religieuse m�me en dehors de la ��Zaouia��. Ce sont des chants de louanges de Dieu et du Proph�te�; ��Al Bourda�� et ��La Hamzia�� que toute personne �lev�e dans la tradition musulmane peut entonner dans le rythme musical propre � sa r�gion. ��Al Inchad�� ou le chant individuel avec ou sans fond musical est donn� par les plus belles voix de la confr�rie, celles qui poss�dent la plus large capacit� vocale. Nous avons �t� t�moin de l’�motion vive de certains de nos invit�s occidentaux qui, bien que ne comprenant pas un mot d’arabe, ont n�anmoins pleur� voire sanglot� � l’�coute des chants mystiques. ��As Sam�a�� ou le raffinement d’un savant r�pertoire codifi�. C’est une musique qu’on cultive avec �l�gance m�me chez les enfants au sein de certaines confr�ries comme Tijania, Boutchichia, Madkourya et j’en oublie. C’est une musique sacr�e tr�s raffin�e qui allie les techniques du concert et du concerto. C’est suivant la r�gion o� se trouve la ��Zaouia�� qu’un ou l’autre des instruments est mis en exergue, cependant, les instruments � cordes ont une place de choix.

Il serait superflu d’�voquer le r�le th�rapeutique de la musique. Cette musique mystique procure d�tente et relaxation du corps et de l’esprit qui permettront � l’ego de l�cher prise afin d’int�grer le spirituel. Jalal eddine ar Ro�mi, le cr�ateur du ��Sam�a�� —�musique et danse cosmiques jou�es jusqu’� nos jours par les confr�ries des derviches tourneurs —�, l’avait qualifi� de ��pri�re��. � un des compagnons qui l’avait press� d’interrompre ��As Sam�a�� pour r�pondre � la pri�re d’��El Fajr�� il avait r�pondu���: ��C’est aussi une pri�re, toutes deux s’adressent � Dieu. Il veut l’une ext�rieure pour son service, et il veut l’autre int�rieure pour son Amour et sa Connaissance��. Ibn Al Arabi, le grand ma�tre soufi la qualifiait de ��Mounajat�� —�appel intime � Dieu. Beaucoup d’occidentaux et des plus illustres se sont convertis � l’Islam en d�couvrant le monde f�erique du soufisme et ce fut le cas de Eva de Vitray-Meyerovitch. Cette catholique, issue de l’aristocratie fran�aise et mari�e � un juif, avait d�couvert l’Islam par le biais du soufisme auquel elle avait donn� plusieurs d�finitions et avait conclu avec celle-ci�: ��Peut-�tre, pouvons nous, simplement d�finir le soufisme comme l’int�riorisation v�cue de l’Islam��.

L’Amour et la beaut�

Il est dit dans ��Sahih Al Boukhary���: ��Dieu est beau et il aime la beaut頻 et ��Il a cr�� le monde � son image�; tout est harmonie, beaut� et perfection�; nulle trace de laideur. L’univers entier se prosterne devant lui et c�l�bre ses louanges, ��la Ilah Illa �llah��, ��Dieu est l’Unique��. Ainsi le psalmodient les ��Tijanis�� et ce n’est nullement une vision id�aliste du monde mais juste un d�voilement spirituel ou, dans l’unit� des paradoxes. La mort devient g�n�ratrice de vie, la laideur cr�atrice de beaut�. C’est tout simplement le cercle de la plong�e m�ditative subconsciente.

En effet, tous les �tres humains sont beaux quand nous les voyons avec les yeux de l’Amour. Pour le soufi l’Amour Dieu ne se r�alise qu’en aimant d’abord ses semblables�; il ne peut pr�tendre ��Dieu��, l’Esprit pur s’il n’aime pas ses cr�atures, une mati�re d’abord. Le guide Tijani dit�: ��Le devoir sans amour est poids, le devoir avec amour est joie, et l’Amour sans devoir est Divin�; c’est la voie d’Allah��. C’est seulement dans un c�ur rempli d’Amour qu’on per�oit Dieu��

Le soufi cultive l’Amour dans ses actes et son culte est en lui m�me�; il apprend � s’aimer d’abord, pour aimer les autres et Dieu car l’Amour est un Don de soi et qui ne l’a pas en lui ne peut l’offrir aux autres. On dirait de la psychiatrie spirituelle, non�? C’est la ��Tariqa��, une asc�se s�culaire du soufisme. Le soufi d�bute avec l’observation de soi conform�ment � la parole du proph�te (Pbsl)�: ��Celui qui se conna�t lui m�me, celui-l� conna�t Son Seigneur��. Il faudrait une ouverture � soi et une certaine r�ceptivit� pour r�gler les conflits � l’int�rieur de soi et mettre � nu la vuln�rabilit� dans le sens de la sensibilit� exempte de toute d�fenses cr�ant la dualit� pour acc�der aux diff�rents degr�s du soufisme

La s�paration entre le Bien et le Mal subsiste chez le soufi � l’�tat conscient mais elle est nuanc�e par ��Rahma�� ce sentiment affectueux fait de bont� et d’indulgence vis � vis de nos semblables. Le devoir du soufi est de guider en ��douceur�� un fr�re ou une s�ur �gar�e comme l’ordonne le Coran�: ��Pas de contrainte en religion, la voix de la raison est d�sormais diff�renci� de l’errance��. (S. 2, V. 250) Le soufi doit participer � la vie et la gagner. Les soufis doivent vaquer � leur besogne comme de v�ritables mod�les d’un humanisme actif. Les compagnons de la Zaouia Tijani, pour ne citer que cette exemple, consid�rent le travail comme adoration divine�: ��Le travail bien fait est beaut� et la besogne accomplie est culte�� et c’est en �cho au hadith du Proph�te (pbsl)�: ��Dieu b�nit tout humain qui fait son travail avec comp�tence��.

Le cheikh Tijani, le guide de cette confr�rie exhortait�: ��le compagnon doit �tre de son temps et participer � l’�volution des hommes et il ne doit jamais s’id�aliser outre mesure car il s’ankylosera dans l’isolement et le d�nuement qui �loigne de l’Amour Divin��.

—�pbls�: Paix et b�n�diction sur lui�!

Koweit le 15/12/2001


Bibliographie

—�Ibn ’Arabi n� � Murcia en Andalousie en 569/1165 est sans conteste celui qui a donn� tout son sens au soufisme tant par sa pratique que par les centaines d’ouvrages qu’il a r�dig� et il fut nomm� Khatem Al Awliya’ —�Sceau des Saints. Il s’�teignit � Damas le 28 Rabi’ 11 638/16 Novembre 1240, peu avant la prise de Bagdad par les Monghols en 1258.
—�Jalaluddin R�mi naquit en 1207 dans la province de Balkh —�qui se trouve dans l’Afghanistan actuel, mais sa famille, fuyant l’avance mongole, �migra en Anatolie o� r�gnaient les Seljoukides. Le p�re, Bahauddin Walad, un th�ologien mystique connu, fut appel� par le roi � Konya en 1228.
Apr�s la mort de son p�re, R�mi lui succ�da dans sa chaire d’enseignement. A Konya vivait aussi le grand commentateur d’Ibn Arabi (m. 1240), son beau-fils Badruddin Qonawi, un lien d’amiti� et de connaissance va l’ unir � R�mi. Puis la rencontre du derviche Shamsuddin Tabrizi �veille en R�mi le feu de l’amour mystique. Dans l’exp�rience de cet amour qui consumait tout, R�mi devint po�te. Sa production est consid�rable, plus de 36.000 vers de po�sie lyrique et plus de 26.000 distiques dans le Mathnawi�; � c�t� de ��conversations de table��, intitul�es Fihi ma fihi, o� l’imagination po�tique l’emporte sur l’argumentation logique, il y a aussi des correspondances et des histoires all�goriques comme Fariduddin �Attar.
.
—�Le fiqh de la Tariqa —�quatre �p�tres, manuscrits de la zaouiya de F�s.
—�Mohammed Larbi Ben Sayah, Boghiat el Moustafid fi charhi moniat el Mourid ��But de celui qui cherche � tirer profit du Commentaire du D�sir de l’initié », ed. Caire, 1304 h/1886 gr�gorien, 2�me �d. Dar el J�l, Beirout, 1961.
—�Burkhardt, Introduction aux doctrines �sot�riques de l’Islam.
—�Qushair�. Ris�lah.
—�Jamil Abou Nasr, the Tijaniyya, 1965 (204 pp.).
—�Anne-Marie Schimmel, Dimensions mystiques de l’Islam.
—�Eva de Vitray-Meyerovitch, L’Islam, l’autre visage.
—�Jallal Ed Dine er R�mi, le Mathnaw.
—�Montet, E, The religions orders of Morocco, Asiatic quartly Review,1902.
—�Ali Ben Mohammed ed-Dakh�l Allah, et-Tijania, Ryad, 1983.
—�Needleman Jacob, The Sword of Gnosis (Seif el ’Irf�n) , 1974 (464 p.p.).
—�Zahan Dominique, Religion, Spiritualit� et Pens�e Africaine, 1980 (256 p.p.).
—�Adolphe Faure, Le Tasawwof de l’�cole asc�tique marocaine, in M�langes, Louis Massignon, II.
—�Willis, Ralf, Reflection on the diffusion of Islam, West Africa in studies, vol I , London,1979..
—�Hamidullah, Le Coran, traduction, Club fran�ais du Livre, 1971.
—�Richard Bell, The introduction of the Qur’an, Edinburgh, 1970 Cragg, Kenneth.
—�The mind of the Qur’an, Cambridge scholar, 1973.
—�The Meaning of the Glorious Koran, Mentor Books, New York.

mars 2006 par Le�la Zouggari


Notes�:

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  • L’amour Dieu ou le Soufisme

    2 mars 2007, par benaissa kaddour

    votre article est int�ressant dans l’optique soufisme coeur de l’islam�:les cat�gories auxquelles nous sommes conditionn�s nous ont quelque peu �loign� du divin consid�r� comme suprarationnel et donc inaccessible � notre entendement�;un adage soufi dit en arabe�:hahssen el aoun elli dhak ou yahssen el aoun elli ma dhakche.Celui qui a gout� peut-il d�crire le gout�?il s’agit d’une exp�rience intime ,dans le sens ascentionnel d’une relation verticale au Divin qui peut�tre partag�e dans un cadre confr�rique comme le dit si bien sidi Boum�di�ne el ghaouth�:ouala tatib ennoufous illa bi emthali/Seul Dieu guide vers Sa Lumi�re qui Il Veut�;le reste n’est que litt�rature/mais l’homme,cristallis� dans son �go ne peut s’empecher de parler alors forc�ment quand il parle il se voile � Lui.Merci pour votre article et que Dieu nous �veille � lui,n’en d�plaise aux imbus de sciences�

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    • L’amour Dieu ou le Soufisme

      18 avril 2007

      En feuilletant des pages sur le soufisme, je suis tomb� sur cet excellent article, s�rement d’une sp�cialiste de la probl�matique du religieux car malgr� l’adh�sion au soufisme on ne peut ne pas r remarquer une certaine distanciation..

      Dans ce monde livr� au fanatisme de tout bord le soufisme reste un souffle l�ger et tol�rant .Une des rares belles pages sur la question sur le web, merci�! Abdou El Ouazzani

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      • L’amour Dieu ou le Soufisme

        12 mai 2007, par benaissa kaddour

        Qui peut pr�tendre �tre un sp�cialiste du religieux sans tomber dauns une forme de narcissisme qui flatte l’�go de celui qui s’y soumet�?Soyons humbles devant Son infinie grandeur.Quand nous parlons,Il Se tait.Si nous d�sirons qu’Il nous parle,il nous faudra apprendre � nous taire�;mais le pouvons-nous r�ellement�? Comment etre en Lui sans etre en soi�?Comment r�soudre cette �quation o� seul Lui Est�?Le soufisme est peut-etre un de ces chemins de l’homme au Divin.Merci du fond du coeur pour votre bouquet spirituel.Votre ami � la recherche de l’Ami.BENAISSA Kaddour

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