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�L Insam �L Kamil, L’Homme Universel

Apports de l’Islam � une anthropologie de l’Homme Total


Les textes, dont je pr�sente ici le premier, sont n�s en Alg�rie, quand il devint �vident que la mont�e de l’Islamisme paraissait in�luctable et qu’elle allait embraser l’Alg�rie. Conscient que mon pays allait traverser une autre fois un �pisode sanglant je me suis plong� aux origines de cette culture qui avait baign� mon enfance. Je ne pouvais me r�soudre � croire que les vieillards qui avaient empli mes oreilles d’enfant de leurs paroles r�confortantes, po�tiques et pleines de paix avaient trouv� si peu d’�coute. Je remercie mon ami Mohammad Idali qui me permit d’avancer dans la traduction des textes des origines.

En octobre 1989, le mur de Berlin s’effondra sous la pouss�e pacifiste de la foule berlinoise. Le monde entier v�cut cet �v�nement avec curiosit�, mais pour les europ�ens, il s’agissait du signe le plus puissant qui ait �t� donn� que la deuxi�me guerre mondiale avait achev� son cycle.

� l’�poque il s’agissait �galement de clore quarante quatre ann�es d’une guerre froide qui appara�t de plus en plus comme la troisi�me guerre mondiale, une guerre de l’ombre. Cela �chappa � tous les analystes. D�s lors il m’apparut que la dualit� essentielle sur laquelle le monde entier avait v�cu allait dispara�tre d�finitivement. L’opposition Est-Ouest allait d�sormais appara�tre comme une notion d�pass�e. Il m’apparaissait �galement que les mentalit�s n’avaient pas suffisamment �volu� pour faire face aux cons�quences de ces cycles finissant. La disparition de l’ennemi ext�rieur signifiait que, d�sormais, cet ennemi viendrait de l’int�rieur. En effet priv� de la possibilit� de projeter sur un monde inconnu, ext�rieur, la puissante masse d’�nergie qui d�fendait encore leurs ��acquis�� de civilisation, les Nations occidentales allaient devoir affronter un lent processus de transformation.

Mais une civilisation ne meure pas simplement, comme par un arr�t cardiaque. Les forces qui conduisent � une mutation rencontrent forc�ment des oppositions puissantes car si l’Histoire va de l’avant, il n’est naturel pour personne de quitter une s�curit� �tablie pour s’avancer vers l’inconnu, m�me si l’on nomme progr�s cet inconnu.

Il �tait �vident, donc, que na�traient d’autres ennemis, b�tards ceux-l�. Les puissances occidentales, ex-alli�s de la guerre froide devaient trouver un autre bouc-�missaire pour remplacer le communiste —�l’ours puissant qui menace d’envahir le monde avec un couteau entre les dents.

L’effet de la plan�tarisation ne pouvait pas d�boucher sur la constitution d’une ennemi ext�rieur. Les valeurs occidentales — celles du march� — avait envahi le monde et, d�sormais nous �tions face � une civilisation unique qui jetait au rang d’accessoires des cultures aussi puissantes que les cultures nippone, chinoise, arabo-orientale, etc. Ces cultures devenaient de fait des tribus singuli�res au sein d’un vaste ensemble dont le lieu d’expansion �tait la plan�te terre en son entier.

Que pouvait bien �tre un ennemi b�tard, ni tout � fait int�rieur ni tout � fait ext�rieur�? Un ennemi suffisamment rus� et pervers pour se voir qualifier de tous les attributs de l’ennemi mais �galement proche et familier car lui-m�me noy� dans la masse des peuples du monde.

� cette m�me �poque, les islamistes alg�riens �taient en passe de prendre le pouvoir en Alg�rie, propuls� par les hi�rarques du FLN et financ�s par les waabites d’Arabie Saoudite. J’avais �t� t�moin de la mani�re dont ces int�gristes parvenaient � enlever l’adh�sion du peuple alg�rien et il ne faisait aucun doute dans mon esprit qu’ils rempla�aient l� un communisme moribond. Le nouvel ennemi �tait celui-l�, parce que les islamistes, � l’�poque ne cachaient pas leur volont� d’�tendre leur conqu�te � l’ensemble du monde musulman. Ce qui correspondait � l’ensemble des continents de la plan�te.

Cet ennemi fourbe et invisible �tait celui-l�, ce fondamentaliste, ce barbu que l’on rencontre � Barb�s, Berlin ou dans le Bronx.

Or, dans la l�gende fondatrice de l’Islam, Isma�l appartenait bien � la tribu d’origine d’Abraham mais sa m�re —�l’esclave Hadjar —�en avait �t� bannie.

Le mythe trouvait l� un moyen �trange de rappeler � l’Histoire que l’Imaginaire demeure toujours aussi puissant.

Un premier texte d’approche surgit que je reprends maintenant, 12 ans apr�s, car le mythe poursuit sa saga... L’Histoire de la mutation du monde ne fait que commencer car, � mon sens, le mythe isma�lien en est aux chapitres d’introduction.

Si l’Islam juridique meurt par archa�sme, si l’Islam institutionnel vit sa crise la plus grave, l’Islam psychologique est en train d’advenir.

Ce texte est n� en m�ditant sur les exclus, les tar�s de nos id�ologies, les souffrants de nos sciences arrogantes, ce texte est d�di� � tous les Isma�liens.

... Je le dois aussi aux fanatiques dont mon enfance fut tant habit�e.

Mais plus que tout, je le dois � ma terre dont mon peuple fut injustement expuls� et dont la m�moire n’est toujours pas r�habilit�e.

Le Coran, ’L Qur’an (la lecture)

C’est le livre saint des musulmans, il se compose de l’ensemble des r�v�lations communiqu�es par Dieu � Muhammad, au cours des vingt derni�res ann�es environ de sa vie, par l’interm�diaire de l’archange Jibra�l. Les r�v�lations advenaient au cours de transes (), dont Muhammad sortait porteur d’un message, qui �tait alors retenu et compil� par ses proches.

Nous pourrions relire la totalit� du Coran comme on le fait pour des contes ou des mythes et il est probable que cela nous �clairerait consid�rablement sur les aspects psychologiques de la p�riode. Auparavant il faudrait vaincre ce pr�jug� f�roce selon lequel les livres saints appartiennent aux religions dont ils sont porteurs. Ces ��t�moignages�� que sont les livres saints appartiennent au patrimoine universel de l’humanit� et ils ne sauraient appartenir � un groupe humain � l’exclusion de tout autre.

Muhammad ne fut pas consid�r� imm�diatement comme un proph�te. Il eut m�me � vaincre bien des obstacles avant d’�tre vu comme un ��envoy頻. En dehors des �pisodes merveilleux qui jalonnent sa naissance et son enfance, il ne conna�tra sa premi�re transe que vers l’�ge de quarante ans, lors d’une retraite pieuse dans une grotte, sur une montagne proche de la Mecque. Il a d�crit lui-m�me en ces termes la r�v�lation.

��Elle se fait de diff�rentes fa�ons�: parfois Jibra�l prend la forme d’un homme, qui me parle comme parle un homme, parfois comme un �tre particulier, dot� d’ailes, et je retiens tout ce qu’il me dit. D’autres fois, j’entends comme une cloche sonner dans mes oreilles et c’est l� la plus dure des �preuves et, quand cet �tat d’extase s’en va, je me souviens parfaitement de tout, comme si c’�tait grav� dans ma m�moire.��

Il appara�t bien qu’il s’agit d’un �tat de transe au cours duquel se produit un afflux d’images qui demeurent ��grav�es dans la m�moire��.

Le texte du Coran se divise en 114 sourates (chapitres), elles-m�mes divis�es en versets. De longueurs in�gales, les sourates ne suivent pas l’ordre chronologique, mais se pr�sentent selon un ordre de grandeur d�croissant. A une exception pr�s, la premi�re, longue de sept versets seulement, et intitul�e Al Fatiha (l’entr�e). Consid�r�e comme une somme de tout le livre saint, elle est la seule partie du Coran � �tre obligatoirement r�cit�e dans toutes les pri�res. Il n’est plus possible de retrouver l’ordre exact des sourates telles qu’elles furent r�v�l�es � Muhammad. Cela constituerait un document extr�mement important � tous les points de vue. � l’heure actuelle, si l’on voulait retrouver l’ordre initial, donc le processus de la r�v�lation, le psychologue pourrait jouer un r�le, en s’appuyant sur le fait que chaque Sourate traduit la pr�occupation du moment, � laquelle r�pond l’Inconscient. Pour l’instant, le texte sacr� ne suivant pas l’ordre chronologique, les messages dict�s au Proph�te � la Mecque avant l’H�gire donc, alternent avec ceux re�us ensuite � M�dine.

Les fragments du Coran ont �t� assembl�s du vivant du Proph�te lui-m�me. Apr�s chaque r�v�lation, il dictait � un de ses compagnons lettr�s les paroles re�ues de Jibra�l, tout en indiquant la place exacte de ce nouvel �l�ment dans l’ensemble d�j� constitu�. Le plus souvent, ce fut ’A�cha qui recueillit soigneusement les paroles r�v�l�es. La tradition rapporte qu’elle seule savait le Coran par c�ur. Pour la classification, Muhammad a pr�f�r� un classement essentiellement th�matique (cependant quelques tr�s longs textes traitent de plusieurs probl�mes�; on y trouve compil�es des r�v�lations d’�poques diff�rentes, traitant du m�me sujet). L’ensemble du Coran pr�sente donc un agencement logique.

Le travail de transcription se poursuivit, parall�lement � la vie du Proph�te, dans sa fonction de chef de la communaut�. Apr�s sa mort, celle-ci n’eut aucun droit de modifier, par ajout ou par suppression, la longue s�quence des r�v�lations coraniques.

C’est aux successeurs du Proph�te qu’incomba la t�che d’�tablir une version compl�te et d�finitive du Coran, en un seul et m�me livre. Les habitants de la p�ninsule arabique ne connaissant pas alors le papier, les premiers musulmans de la Mecque, puis de M�dine, not�rent les r�v�lations sur des mat�riaux plus ou moins frustres et pr�caires (morceaux de cuir, tablettes de bois, omoplates de chameaux, fibres de dattiers, pierre tendre, etc.). Cette transcription des textes �tait souvent fragmentaire et marqu�e de divergences. Le premier calife, Abou Bakr, sur le conseil d’Omar, qui devait lui succ�der, ordonna, pour sauvegarder le Coran et en achever la v�rification par l’interm�diaire des " hafiz " encore vivants, de rassembler les divers fragments en un corpus unique. On rapporte qu’Omar lui-m�me �crivit le texte sacr� en un seul volume. Mais on doit, en fait, l’�dition officielle et compl�te du Coran au troisi�me Calife, Othman, qui r�gna de 23/644 � 36/656.

La port�e universelle du saint livre est constamment soulign�e et mise en relation avec la guidance de Jibra�l. C’est cela qui nous int�resse. Il arrivait souvent que Muhammad prescrive de lui-m�me un certain nombre de r�gles, au cours des combats ou de la vie de la communaut�. Ses compagnons savaient parfaitement distinguer s’il s’agissait d’une r�v�lation, ou de la seule parole de l’homme Muhammad. Il leur arrivait volontiers alors de contester ou de demander la modification des d�cisions prises.

Les sourates mecquoises (le tiers du Coran environ), r�v�l�es pour convertir une communaut� hostile, pa�enne et idol�tre, constituent une sorte de code �thique, et inculquent la charit�, la pers�v�rance, la purification. Elles ont aussi un caract�re eschatologique tr�s prononc�, rappelant surtout aux croyants le Jugement Dernier qui les attend.

Les sourates m�dinoises (pr�s des deux tiers du livre), sont ponctu�es de dispositions juridiques n�cessaires � la vie communautaire de la nouvelle soci�t� islamique, cr��e � M�dine.

Les messages r�v�l�s se succ�deront jusqu’� la mort du proph�te, en l’an 11 de l’H�gire (632 apr�s J.-C.). L’an un de l’H�gire rappelle l’arriv�e du Proph�te � M�dine. D’apr�s les ’hadith, au seuil m�me de sa mort, il eut une vision.

Le Coran ne consacre pas seulement une religion, mais une langue, l’arabe. Du temps de Muhammad, une multitude de dialectes d’origine s�mitique �taient parl�s dans la p�ninsule arabique. La parole divine fut r�v�l�e dans l’idiome de la tribu de Qoreich, destinant l’arabe � devenir une langue de civilisation pour des centaines de millions de personnes. Premier livre arabe connu r�dig� en prose et non en vers (m�me si les versets sont souvent rim�s), le Coran est un texte " inspir� ", d’une grande perfection formelle.

Dans leurs pri�res, tous les Musulmans du monde sont tenus de r�citer de brefs versets dans la langue originelle du Coran (traduit aujourd’hui dans presque toutes les langues). Mais il faut bien remarquer que les stances �taient destin�es � �tre psalmodi�es. C’est pourquoi la rime et la cadence des versets contribuent � plonger l’orant dans un �tat de semi conscience, �tat proche du sommeil, qui facilite l’acc�s � d’autres zones de la psych�. C’est l� un des aspects de la r�citation, que d’aucun rel�vent, sans en souligner le caract�re asc�tique —�au sens o� l’asc�se est pr�paration, exercice —�de pr�paration de l’orant � la r�ception d’un message int�rieur. Il est regrettable que cet aspect de la religion islamique ait �t� si peu soulign�. Il s’agit bel et bien d’un mode de pr�paration corporel destin� � abaisser la vigilance consciente afin de se laisser p�n�trer par le message de l’Inconscient.

Le caract�re particulier de cette oraison est d’autant plus important que d’autres sources palestiniennes nous ont l�gu� une m�thode de m�ditation qu’est l’oraison monologiste.

Pour les P�res du d�sert, aux environs du ive si�cle, la pri�re, c’est la pri�re au sens biblique, �vang�lique du terme, c’est-�-dire la pri�re vocale de demande (m�me si elle est silencieuse, tacite, implicite). Cette pri�re est courte, c’est pourquoi on l’appelle monologiste�: une seule parole. Elle est souvent accompagn�e de gestes, mais pas toujours�; on se l�ve, on se prosterne, on l�ve les mains, les yeux... Cette pri�re se caract�rise par la bri�vet� de sa formule et aussi par sa r�p�tition afin de tendre � la pri�re continuelle selon le pr�cepte de l’Evangile "Priez sans cesse", repris par Paul (1Th.5,17). Cette pri�re courte, dont la formule peut varier, est distincte de la psalmodie ou de l’oraison.

C’est aussi une �uvre, une activit� particuli�re, une occupation dans la journ�e de l’orant. On prie en travaillant. La pri�re tend � devenir continuelle jusque dans le travail et dans toutes les occupations quotidiennes. Ce qui revient � dire que, plus loin qu’une pri�re, il s’agit d’une attitude que l’orant doit s’efforcer d’atteindre, celle de totale ouverture � l’imaginaire.

La bri�vet� des gestes, la sobri�t� des paroles ont pour principal objet de cr�er un rythme et, en cela, nous retrouvons la base de la plupart des formes de transe, de la transe africaine au candombl� en passant par les psalmodies des chamans sib�riens.

Ce n’est pas un hasard si cette pri�re monologiste est apparue dans le monde monastique d’Egypte et si elle s’est ensuite propag�e partout o� les Paroles des Vieillards —�les sages du d�sert —��taient � l’honneur —�par exemple et tr�s sp�cialement � Gaza au vie si�cle. Les Vieillards en effet, s’expriment avec la m�me concision pour s’adresser � Dieu et pour parler aux hommes. Leurs conditions de vie les y portent�: dans la solitude et le silence du d�sert ces asc�tes sont parvenus � une extr�me simplicit� qui se traduit par une tr�s grande sobri�t� des mots et des gestes. Le besoin d’�conomiser jusqu’au moindre geste, la moindre parole a s�rement servi cette sobri�t�.

Muhammad appartient � la pure tradition orientale, d’o� est �galement issue une personnalit� comme Jean le Baptiste. La communaut� fond�e � M�dine fonctionnera en outre sur le m�me mod�le que celui des sectes gnostiques des premiers si�cles du Christianisme. Or ces groupes de mystiques, qui furent � l’origine de la tradition monacale, reprennent � leur compte la tradition des Ess�niens. Il y a tout lieu de penser que la plupart des exercices spirituels que nous connaissons, que nous attribuons faussement � quelques religions plus orientales, hindou, bouddhiste, tao�ste... ont �t� utilis�s par ces sectateurs, dont il est dit�: ��Ils ne cultivent que ce qui regarde l’existence de Dieu et l’origine de l’univers, mais ils s’appliquent fortement � la morale, prenant constamment pour guides les lois de leurs anc�tres, que l’esprit humain n’aurait pu concevoir sans l’inspiration divine... Alors quelqu’un prend un livre et lit. Un autre parmi les plus lettr�s en fait un commentaire pour rendre intelligible les passages difficiles.��

Ces sectes �taient �galement marqu�es par la puissance de l’imaginaire s�mite, dont nous retrouvons le mod�le dans la communaut� fond�e par le proph�te � M�dine. Il a souvent �t� dit que les r�cits proph�tiques ou apocalyptiques �taient dus � l’imagination exalt�e de ces sectateurs s�mites. Ceci a contribu� � jeter le discr�dit sur ces r�cits de grande port�e po�tique. Or le Coran appartient totalement � cette lign�e, et il est clair que la rythmique en favorise le caract�re exaltant. Si Muhammad a tellement tenu � guider la succession des paroles, ce n’est pas seulement pour r�pondre � un souci de logique formelle. Il s’agissait plut�t de retrouver un rythme propre � induire un �tat de transe, et � animer ce fameux imaginaire exalt�. Les s�mites connaissaient tr�s bien les m�canismes de l’oreille interne�; en effet, ils usaient eux-m�mes de ces m�thodes que Muhammad a reprises. N’oublions pas que, depuis son plus jeune �ge jusqu’au d�but de la r�v�lation, celui-ci fut un marchand, sillonnant le d�sert de la pointe du Yemen jusqu’� la Gr�ce. Muhammad lui-m�me envoya ses �missaires en Chine. En pr�s de trente ans, dix ans de plus que la pr�dication elle-m�me, il eut le temps d’observer et d’accumuler ce formidable savoir int�rieur que seuls connaissent les illettr�s, parce qu’ils sont oblig�s de se servir de leur m�moire sans jamais l’encombrer. Il faut avoir �t� soi-m�me berger, ou voyageur, pour conna�tre cette disposition particuli�re de l’esprit qui se met en �uvre en l’absence de tout recours � l’outil scripturaire. Illettr� ne signifie nullement ignorant, et le th�me du savoir, comme sagesse, est constant dans le Coran�; ce qui est bien en continuit� avec la tradition orientale, depuis les grecs et m�me au-del�. En effet, la sagesse a toujours �t� reli�e � une certaine activation de l’esprit, en particulier des zones de la psych� qui s’effacent en g�n�ral devant le travail de la conscience, lors de l’�tat de veille. Cette activation est pr�cis�ment le r�sultat d’une multitude d’exercices spirituels, dont certains sont parvenus jusqu’� nous. Le je�ne, la pri�re, la r�citation litanique, la pri�re nocturne, l’oraison, la danse, et m�me le vin, sont autant de moyens d’atteindre ces �tats-limites, � la fronti�re du sommeil, favorables � la p�n�tration des messages de l’int�rieur dans la conscience.

On a dit de Muhammad qu’il �tait �pileptique�; mais quels sont les �pileptiques qui parviennent � se souvenir de l’int�gralit� de leur vision�? Quel �pileptique pourrait, comme lui, rester en selle durant une crise, faire le r�cit de sa vision, et reprendre ensuite les choses l� o� il les avait laiss�es auparavant, comme si rien ne s’�tait pass�? Autant de questions auxquelles la psychologie moderne ne sait pas r�pondre, car elle demeure encore dans la filiation de la science actuelle, o� l’imagination fait d�faut.

Parall�lement au Coran, la Sunna tient lieu de v�ritable livre de lois. C’est dans ce recueil, en v�rit�, que se trouve la racine de quelques exag�rations, n�es du z�le de disciples fanatiques. Nous verrons ce que disent certains ’Hadith sur la femme et la favorite, notamment sur ’A�cha. Entre la Sunna et le Coran, il y a � peu pr�s la m�me diff�rence qu’il peut y avoir entre la r�gle d’un monast�re (Sunna) et l’utilisation qu’un mystique peut en faire (Coran)�; comme Ste. Th�r�se, par exemple, qui sut si bien � quoi servait la r�gle. Le probl�me est soulign� � l’�vidence par la question de la consommation de vin. Les vertus de cette boisson �taient vant�es par le Proph�te lui-m�me. Mais, et c’est ce qui nous fait dire que le souci de celui-ci �tait bel et bien de pr�server les usages spirituels destin�s � modifier les �tats de conscience, il fut amen� � en limiter l’usage. Cela ne suffit pas cependant, et il dut le supprimer totalement, consacrant du m�me coup le fait que le vin ne servait plus de liqueur divine, mais renfor�ait l’idol�trie, la confusion entre le r�el et le symbolique. On per�oit le pragmatisme mystique de Muhammad et son souci de rester dans une ligne de profonde tol�rance. Ses disciples et les lign�es successives de fid�les, ne furent pas tout � fait � la hauteur de ce destin.

Beja�a, janvier, 1983, repris � Paris-mars 1990, Chaabane 1410, puis � Toulouse, mai 2006.

mai 2006 par Illel Kieser


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