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Faut-il redouter la f�minisation du monde�?


Le sens de l’histoire est phalique, � n’en pas douter... La femme existe-t-elle�?

Faut-il redouter la f�minisation du monde�?

"Voil� la question que j’ai fait semblant de me poser apr�s avoir entendu parler comme tout le monde du livre d’Eric Zemmour, Le premier sexe, �cout� avec attention le commentaire indign� que m’en a fait une jeune amie, �tudiante en droit international et lu la critique maligne — De m�le en pis — de Jacqueline R�my dans l’Express. Livre que je ne lirai pas�: son succ�s de librairie a d�j� r�compens� le talent de l’auteur — que l’on dit r�el — et s�rement mis du baume sur sa virilit� endolorie — ce qui apaise mes �mois grand’maternels. Mais ce livre que je n’ai pas lu et que je ne lirai pas me donne l’envie d’exercer mes neurones d’octog�naire un peu mieux que par la pratique des mots crois�s. Je vais, avec canne et lanterne, promener sur ce que je per�ois de notre monde, la question fatidique�: femme es-tu l�? — accompagn�e au besoin d’une inqui�tude subsidiaire�: femme, qu’as-tu donc fait de l’homme�?

Femme, es-tu l�?

Si ma lanterne s’en tient � la rue, au march�, aux transports publics, aux grandes surfaces, aux bidonvilles, aux campements de r�fugi�s, aux champs de coton, aux rizi�res... elles sont bien l�, en nombre, nonchalantes ou affair�es, voil�es ou nombril clignotant entre blouse et pantalon, dernier caprice de l’�ternel f�minin selon la mode du jour ou sempiternelle image du malheur. Elles sont de tous les grouillements de foule, de la stagnation de toutes les files d’attente, de la h�te besogneuse de toutes les fourmili�res. Elles sont aussi de toutes les solitudes. Elles sont l�. Elles sont.

Mais existent-elles tout � fait�?

Certes, les d�mocraties d’Europe, d’Am�rique et d’ailleurs ont inscrit l’�galit� des droits de l’homme et de la femme dans leurs constitutions. Chez nous, filles et gar�ons se c�toient � l’�cole et � la piscine�; le bulletin de vote de la citoyenne vaut celui du citoyen�; Monsieur peut prendre un cong� de paternit� s’il se sent en veine de mignotage tandis que Madame m�ne sa campagne de candidate � la d�putation... Pourtant, sauf dans la fonction publique, il y a le plus souvent, � comp�tences �gales, disparit� des salaires�; les femmes restent minoritaires partout o� se concentre l’exercice du pouvoir�: assembl�es politiques, conseils d’administration, grands corps de l’�tat, appareils religieux. Il n’est pas n�cessaire d’�voquer la situation des femmes dans bien des pays d’Afrique ou d’Asie pour affirmer que la femme, quand elle participe � la vie publique, reste confin�e dans les seconds r�les. Aujourd’hui comme hier, c’est l’homme qui d�termine les normes de la visibilit� de la femme�: tchador ou r�partition �moustillante du nu et du couvert, sabot chinois ou talon aiguille restent son affaire�; il y a une Coco Chanel pour cinquante Christian Dior. Aujourd’hui comme hier la livr�e de la bonne cuisini�re se r�duit � un discret tablier d’office domestique�; les grandes toques sont viriles�: Brillat-Savarin oblige.

On voit bien qu’apr�s des mill�naires de pouvoir masculin — � peu pr�s sans partage et souvent calamiteux�—, ledit pouvoir, dans toutes les instances — politiques, religieuses, familiales — o� il pr�tend encore s’imposer, a tendance � se raidir dans une violence, manifeste ou larv�e, que la langue de bois ne peut ni dissimuler, ni justifier. Notons au passage que la mis�re ne fait partout qu’alourdir les charges des femmes sans all�ger la domination masculine�: dans la condition la plus abjecte, se cramponner � des restes de pouvoir est encore un moyen — d�risoire, et path�tique — de se sentir exister et la plupart des m�les en haillons ne s’en privent pas.

Adonques, la vision horrifique d’un monde �mascul�-f�minis�, rel�ve de l’anticipation frileuse, voire du fantasme, plus que de l’observation. Pourtant, il est bien vrai que fait son chemin l’id�e selon laquelle hommes et femmes appartiennent �galement � l’humanit� si bien qu’il serait n�cessaire d’harmoniser leurs conditions respectives. Il y a bien l� une mise en question du pouvoir masculin. Mais encore faut-il comprendre quel est — pour la femme et pour l’homme — le sens de cette remise en question, faite au nom des droits de l’Homme.

Ce que Femme veut�?

Il faut d’abord rappeler ce que la femme ne veut plus�: que la diff�rence sexuelle entre homme et femme soit interpr�t�e comme inf�riorit� de l’une et sup�riorit� de l’autre.

Or telle est bien l’interpr�tation encore dominante ici et l� — et facile � r�sumer�:

—�il y a un ordre naturel qui d�signe l’homme comme le sexe fort, donc le premier sexe et la femme comme le sexe faible, donc le deuxi�me sexe.

—�l’ordre culturel qui fait vivre la femme dans l’ombre de l’homme ne fait que prolonger — en la normalisant — une r�alit� biologique en n�cessit� logique et en valeur morale.

Dans une telle interpr�tation, l’�rection phallique est le signe ostensible de la virilit� conqu�rante tandis que l’int�riorit� ut�rine est la marque d’une passivit� silencieuse qui seconde l’activit� virile. Toute la visibilit� masculine est l� qui va cr�nement vers l’accomplissement rationnel de l’homme universel — et aussi tout l’�ternel f�minin avec sa tendresse enveloppante, comme avec son opacit�, sa duplicit�, ses incons�quences... � partir de l�, de graves th�ologiens se sont demand� si la femme avait une �me�; les terreurs superstitieuses ont fabriqu� plus volontiers des sorci�res que des sorciers�; et, il y a peu, la psychanalyse — de Freud � Lacan — s’avisait de ce que l’absence de p�nis chez la femme �tait g�n�ratrice de fantasmes du manque chez la petite fille, l’inconscient se faisant ainsi complice de l’in�galit� naturelle entre les sexes�: ��l’anatomie, c’est le destin��, �crit Freud�; et Lacan de rench�rir�: ��La femme n’existe pas��. Chez les juifs orthodoxes, la femme remercie Dieu de l’avoir faite ce qu’elle est tandis que l’homme, lui, remercie Dieu de ne pas l’avoir fait na�tre femme�! Et la science nous dit — cerise sur le g�teau de l’excellence virile — que c’est le spermatozo�de qui d�termine le sexe de l’enfant � venir...

Ainsi Moli�re aurait raison — ou plut�t l’Arnolphe de l’Ecole des Femmes � qui il fait dire�:

Du c�t� de la barbe est la toute-puissance...

L’essor des civilisations doit plus � la qu�quette d’Adam qu’au nez de Cl�op�tre. � n’en pas douter, le sens de l’histoire est phallique.

Et pourtant j’en doute. Et nous sommes de plus en plus nombreuses — voire nombreux — � en douter.

C’est que, si j’ai entendu dans mon enfance le cur� de ma paroisse dire qu’un enfant �tait plus l’enfant de son p�re que de sa m�re, — le p�re �tant seul procr�ateur, la m�re seulement logeuse et nourrici�re de l’embryon — j’ai appris par la suite bien des choses qui m’ont amen�e � admettre comme �vidente la formule lapidaire de Simone de Beauvoir�:

�� On ne na�t pas femme, on le devient��

Il faut dire que peu � peu — � partir du xviiie si�cle surtout — l’id�e du devenir, c’est-�-dire d’un temps qui ne fait pas que r�p�ter ou corrompre mais qui transforme et qui cr�e, p�n�tre dans la pens�e philosophique et scientifique occidentale, si bien que le regard sur la nature — et sur le droit qui y �tait attach� — s’en trouve boulevers�. Hobbes d�j�, en faisant d�couler le droit de la force, d�sacralise et la nature et le droit�: la nature est un champ de forces et le droit n’est que la l�galisation d’un rapport de forces. Rousseau peut bien critiquer Hobbes et se faire le chantre de la bont� naturelle de l’homme�: � vilipender comme il le fait la soci�t� corruptrice, il appelle � une refondation de la soci�t� � partir d’un contrat social par lequel la libert� de chacun doit n�gocier avec la libert� de tous. Il n’y a plus d’ordre �tabli qui tienne...

Et la science de faire chorus�: Galil�e, Newton mettent l’univers en branle�; Lamarck et Darwin s’avisent de ce que la vie est bien autre chose qu’un grouillement statique de reproduction et que, � coups de regards louchons, chaque esp�ce se mire dans l’esp�ce voisine�; l’ethnologie morcelle l’histoire humaine en cultures et met � mal la distinction sauvage-civilis�. Dans ce branle-bas g�n�ral, bien des fronti�res se brouillent�; quels sont les crit�res de diff�renciation entre nature et culture�? animal et homme�? normal et pathologique�? Voire entre homme et femme�? La petite diff�rence demeure, �videmment. Mais enfin, pourquoi la femme a-t-elle un clitoris et que vient faire ce bourgeonnement mammaire sur le torse de l’homme�? Un ethnologue, Georges Balandier explique la pratique de l’excision f�minine dans certaines soci�t�s comme une volont� sociale de clarifier et de parachever une distinction rest�e incompl�te. La nature ne fait que bricoler dirait le biologiste Fran�ois Jacob. Et l’emploi — luxuriant — qu’elle a fait de la m�thode des essais et des erreurs dans le cours de l’�volution est totalement amoral et n’a pas d’autre sanction que la r�ussite ou l’�chec. Du coup, se r�clamer de la nature pour justifier un comportement humain n’a pas grand sens. Que dans telle esp�ce de canards le mignon du m�le soit ins�parable du couple h�t�rosexuel montre que l’homosexualit� existe dans la nature et qu’elle n’est donc pas une invention de la perversit� humaine mais cela ne justifie pas pour autant l’homosexualit� humaine, pas plus que la d�voration des petits d’une port�e pr�c�dente par un lion, nouveau m�le dominant, ne justifie l’infanticide. Entre ce qui est et ce qui doit �tre, il y a, chez l’homme, l’intervalle de la r�flexion et du choix.

Le fait — dans quelque domaine que ce soit — ne d�finit donc pas le droit. En tant qu’il entre comme �l�ment constitutif dans des situations le plus souvent complexes, il n’est que la mati�re premi�re � partir de laquelle se pose la question du droit. Hobbes n’en disconviendrait pas puisque le droit n’est pas pour lui la cons�quence m�canique de la force mais l’acceptation de l’exercice d’une force pour substituer un ordre au chaos.

Voil� qui nous permet de comprendre que la domination de la femme par l’homme n’est pas un destin mais une construction humaine qui, toute codifi�e et ritualis�e qu’elle est, reste, � la r�flexion, r�vocable. Certes, � travers l’espace et le temps, elle s’est largement �tal�e dans la mouvance m�me des cultures et l’essor des civilisations — au point de para�tre universelle. Aujourd’hui, les institutions qui la consacraient se l�zardent visiblement, — ainsi le mariage — et l’anthropologie nous apprend qu’il y a toujours eu de par le monde des soci�t�s r�gies par les femmes. C’est bien la soci�t� qui �duque le petit d’homme — n� m�le ou femelle — pour le faire homme ou femme selon les conventions du milieu humain qu’il habite.

Oui, on ne na�t pas femme, on le devient. La formule n’est plus scandaleuse et elle est � peine paradoxale. Elle est aussi, par les travaux pratiques qu’elle sugg�re, plus riche qu’il n’y para�t, — et plus hasardeuse. Car enfin, si elle appelle d’abord � une d�construction de la femme ali�n�e, elle invite tout autant � la construction de la femme libre. Or la femme ne dispose d’aucun miroir magique qui lui donnerait l’image de ce quelle doit �tre.

Une �vidence pourtant�: d�construction et construction passent n�cessairement par la conqu�te sociale de l’�galit� des droits entre homme et femme, �galit� qui doit �tre juridiquement �nonc�e et pratiquement assur�e afin de donner � la libert� le cadre objectif dont elle a besoin pour produire de l’existence. Chez nous, — encore que la pr�sence de l’Islam int�griste et de ses voiles r�veillent bien des suspicions�—, le temps est sans doute pass� d’un f�minisme hargneux. Mais combativit� et vigilance sont toujours n�cessaires�: bien des hommes ne sont pas pr�ts � admettre pour leur propre compte la distinction entre droit l�gitime et privil�ge abusif et bien des femmes ne voient pas la distorsion entre leurs revendications �galitaires et leurs comportements passifs ou capricieux. C’est que l’esprit critique a bien du mal � atteindre en nous un imaginaire collectif et individuel encore soutenu par des institutions et nourri de l�gendes et de mythes. L’inconscient, pav� de dogmes archa�ques, est volontiers fanatique. La femme � talons aiguilles est toujours pr�tresse d’un �ternel f�minin �dict� par l’homme. Regardons plut�t du c�t� de la femme d�j� hors joug masculin et de ses s�quelles intimes — au moins mentalement.

Qui est-elle�?

� cette question, pos�e par le sociologue Alain Touraine (voir Le monde des femmes Fayard 2006), de nombreuses femmes r�pondent successivement�: ��Je suis une femme��, ��Je me construis comme femme�� et ��Je le fais d’abord par la sexualité ». Les femmes — ou tout au moins ces femmes — veulent donc se d�finir par elles-m�mes et non plus relativement � l’homme. Et si elles pr�tendent le faire d’abord par la lib�ration sexuelle, c’est parce que la domination de l’homme s’est d’abord — et constamment — exerc�e � leur �gard par l’appropriation sexuelle. La contraception permettant de s�parer procr�ation et �rotisme, l’homme et la femme deviennent des partenaires �gaux dans la r�ciprocit� du d�sir. Zorba le Grec peut y aller de sa danse, lui qui disait criminel le refus d’un homme d’accorder son d�sir au d�sir d’une femme. Et qu’Eric Zemmour proteste tant qu’il voudra, la berg�re polyandre qui r�pond au berger polygyne, c’est le r�ve d’un accord fluide et tendre — celui-l� m�me qui enchante Les Mille et une nuits de Pasolini — sans m�le dominateur ou dominant, sans ersatz d’Eve sournoise, — tent�e et tentatrice�—, donc sans amuse-gueule sado-masochiste. � en croire l’exemple souvent cit� des Na de Chine, il arriverait m�me que la polyandrie r�ussisse � assurer une soci�t� �quilibr�e. Dans un article intitul� H�donisme f�minin et sexualit� animale, un anthropologue, Pierre Bamony, va jusqu’� consid�rer que la polyandrogynie, largement r�pandue dans la nature et qui procure la ��s�r�nit� biologique dans l’organisme�� serait le mod�le susceptible d’assurer la paix entre les sexes et de favoriser ainsi l’harmonie sociale.

Je serais tent�e de dire�: pourquoi pas�? mais je sais que l� o� il y a libert�, il n’y a pas de recette et je me contente, prudemment, de soupirer�: Inch’Allah�! en tirant un peu sur les r�nes de l’attelage sexuel. C’est que le sexe n’est pas le tout des relations de la femme et de l’homme, pas plus que le march� n’est le lieu de rencontre de l’argent et du bonheur. Nos soci�t�s modernes ont une autre extension et une autre complexit� que la soci�t� villageoise des Na, d’ailleurs menac�e, pour le pire sans doute, par une Chine monogame, � enfant unique, avec f�rule communiste sur mis�re en mutation ultralib�rale. Prises qu’elles sont dans l’�changisme commercial, elles n’ont que trop tendance, nos soci�t�s, � faire de la lib�ration sexuelle une consommation des corps qui d�shumanise le sexe. Et il y a le sida qui fait du corps de l’autre une menace de mort. Et il y a l’enfant que la rupture et les errances affectives du couple parental, le morcellement de l’environnement condamnent trop souvent � une ins�curit� mortif�re... Autant d’obstacles qui ont force d’avertissement�: la libert� sans frein risque de se perdre dans un libertinage vampirique et autodestructeur. La marquise de Merteuil, h�ro�ne des Liaisons dangereuses de Chaderlos de Laclos, en est une saisissante illustration. Et peut-�tre aussi l’�rotisme maniaco-d�pressif qui r�gne dans Les particules �l�mentaires de Houellebecq.

Femme, que veux-tu faire de l’homme�?

Une telle question sugg�re d�j� que c’est comme sujet total — conscience de soi et conscience d’autrui — que la femme a � se lib�rer et � se construire. Ce faisant, elle d�chire obligatoirement le tissage social de ses relations au monde et les pr�rogatives de l’homme en sont, bon gr� mal gr�, entam�es. Qu’il puisse ren�cler, on le comprend. La dialectique du ma�tre et de l’esclave se d�fait rarement par un gracieux abandon de pouvoir de la part du ma�tre. Plus rare encore est la conversion de la perte du pouvoir sur les �tres et les choses en libert� int�rieure, soit en sagesse. Aussi la perte du pouvoir est-elle v�cue comme un d�ni d’humanit�; de son c�t� l’esclave lib�r� mettra du temps � tailler � sa mesure l’humanit� qui lui est rendue. On comprend que les ruses de l’inconscient, chez l’homme comme chez la femme, s’efforcent — rageusement, maladroitement — de faire raison claire d’une obtuse r�ticence.

La lib�ration de la femme appelle donc la conversion du regard que l’homme porte sur la femme, et plus g�n�ralement la renonciation � un pouvoir vampirique — qu’il s’�tale sur la place publique ou se dilue insidieusement en menues exigences dans la vie quotidienne. Mais cela ne devrait signifier ni une f�minisation de l’homme, ni une virilisation de la femme. L’homme et la femme r�concili�s dans une commune humanit� n’existent pas, n’existeront peut-�tre jamais mais ils sont l’horizon �thique de la lutte des femmes pour la reconnaissance de leur pleine humanit�. L’homme et la femme n’ont donc pas � se r�duire l’un � l’autre dans une identit� illusoire mais � apprendre � exister ensemble — autant par t�tonnements empiriques que par projets �labor�s�—, dans l’exercice de responsabilit�s partag�es. La diff�rence sexuelle demeure — sans �tre d�terminante d’une fonction, sans figer un comportement en st�r�otype. Elle est au d�part d’une gamme d’attitudes — de la r�serve pudique � l’intimit� sans voile — qui font la particularit� des rapports homme-femme � travers la mouvance des rapports intersubjectifs. Lesquels exc�dent et l’appartenance sexuelle et l’�nonc� des lois. L’androgyne, le transsexuel, l’homosexuel se caract�risent par ce d�bordement des rep�res biologiques normaux — soit visibles et constants — et du cadre l�gal de la reproduction sexu�e. Ils ont droit de cit�, comme l’h�t�rosexuel et, si besoin est, un suppl�ment l�gal doit garantir la reconnaissance et le respect de leur diff�rence. La loi, qu’elle interdise ou qu’elle permette, n’est jamais — au mieux — qu’un garde-fou qui prot�ge ou qui encadre l’existence. Mais l’existence elle-m�me est faite de ce que nous faisons ensemble tout en restant des individus particuliers et diff�rents. La diff�rence sexuelle est un moteur d’existence. Et aucune autre diff�rence n’est autoris�e � la diluer pour se faire admettre. L’utopie exprim�e dans Les particules �l�mentaires — une �rotisation g�n�ralis�e par disparition concomitante de la diff�renciation sexuelle�—, rel�ve sans doute d’un d�sir lessiv� par le libertinage... De quoi entonner une chanson de corps de garde pour se remonter le moral�!

Exister comme femme, oui, — avec l’homme. Gentil po�te qui dit de la femme qu’elle est l’avenir de l’homme. De l’homme d�phallocratis�, bien s�r, mais qui, fort de son pass�, peut continuer � �tre haut de taille et large d’�paules, — donc protecteur�—, et entreprenant, et inventif, viril en somme. La femme en est encore, dans les domaines longtemps r�serv�s aux hommes, non seulement � faire ses preuves, ici o� l�, selon des crit�res qui restent essentiellement masculins mais � d�couvrir et � faire admettre un style de pr�sence et d’action qui ne soit pas simple affaire de s�duction et qui porte sa marque. Margaret Thatcher s’est impos�e comme chef d’Etat mais en dame de fer plus mec que nature. La lourdeur physique de la chanceli�re allemande est peut-�tre en train de lester et d’authentifier un langage politique efficace et distill� sans �clat. S�gol�ne Royal fait ses gammes, non sans gr�ce�: elle propose du m�tier politique une approche sensible, famili�re, quasi maternelle qui fait bouger la distinction entre le public et le priv� et elle se d�marque ainsi — peut-�tre trop visiblement — de l’�loquence formelle en cours dans les tribunes masculines. � suivre...

Me vient tout � coup � l’esprit un nom�: Lysistrata. Un nom de femme qui donne son titre � une com�die d’Aristophane, �crite et jou�e il y a quelque 2500 ans. Lysistrata entra�ne les femmes ath�niennes dans une gr�ve du sexe pour amener leurs belliqueux �poux � mettre fin � la guerre entre Ath�nes et Sparte... Et �a a march� — sur la sc�ne tout au moins�!

La femme, nerf de la paix�? Et en retournant comme un gant sa fonction traditionnelle de repos du guerrier�? Voil� qui tonifie son image et ouvre de gaillardes perspectives d’avenir�! Hommes de nos vies, aidez-nous � couvrir pieusement P�n�lope de sa tapisserie � jamais inachev�e�; et que repose en paix la matrone romaine dont la vie se r�sume � l’�pitaphe�: ��Elle fila la laine et resta � la maison��...


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