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Hommes et Terre


Léopard, H : 81,5 cm, Bénin. Ils étaient placés aux côtés de l'Qba pour l'apparat. Chaque animal est fait de cinq défenses. British Museum. Hommes et Dieux

Les fondements de la mythologie Yorouba

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Paul Aclinou

La th�ogonie

Peu d�velopp�e ; elle tourne autour de LA DIVINITE SUPR�ME (MA WU) et de la notion d'�me ; (la mythologie Yorouba en compte quatre.) La th�ogonie est contenue toute enti�re dans le NOM de DIEU, tel que nous le disons ; c'est-�-dire � ce que nul ne peut atteindre�� c'est la traduction litt�rale du terme MA WU (ou MA HOU) ; comme on le voit, il s'agit d'une phrase qui exprime un concept ; et comme telle la culture yorouba ne va pas trop s'attarder sur cet aspect ; j'aurai l'occasion de dire pourquoi. C'est de l� que d�coulent notre conception des noms et les propri�t�s que nous leurs supposons.

Remarque : on trouve un couple de divinit�s, Mawu et Lissa, qui sont v�n�r�es dans certaines r�gions ; � mon avis, il s'agit d'une d�formation qui viendrait du fait que le simple concept de � ce que nul ne peut d�passer�� traduction de Mahu, s'av�rerait trop abstrait � certains, et surtout, tr�s difficile � rendre au niveau de la vie quotidienne.

On a invoqu� �galement la possibilit� que ce couple symboliserait un principe de dualit� universelle qui serait � l'origine du monde. Dans un tel couple, Ma Wu serait f�minin et Lissa masculin. Beaucoup de choses ont �t� �crites sur cet aspect de la culture du golfe du B�nin ; cependant, je pense qu'il faut s'en tenir � la signification que j'en donne plus haut. C'est ce que j'ai appris ; mais surtout, � l'occasion d'une c�r�monie quelle qu'elle soit, on finit par � S'il plait � MaWu, notre c�r�monie atteindra son but.�� et ceci est dit quelque soit la divinit� en cause, la divinit� pour laquelle la c�r�monie est faite. En clair, Ma Wu serait donc la Divinit� Supr�me, � laquelle on se r�f�re sans pour autant lui d�dier une c�r�monie particuli�re. En voici la raison : Nous pensons que Dieu (Ma Wu) cr�a le monde et les �tres, il se d�sint�ressa de sa cr�ation, mais, dans son immense Bont�, il cr�a les dieux pour venir en aide aux hommes.

L'homme doit donc rendre gr�ce � l'�tre supr�me constamment et le remercier de l'avoir cr�� ; mais pour le reste, pour tout le reste, il s'adresse aux divinit�s qui sont, elles, les � techniciennes�� de l'action, �tant entendu que Dieu avait tout entrepris dans le Commencement.

Voil� pourquoi je consid�re que parler de polyth�isme n'est pas justifi� ; c'est ignorer la structure de la pens�e spirituelle des peuples en question. Or, et c'est l� o� les choses se compliquent , � Vodou�� signifie litt�ralement � ce qu'on ne conna�t pas, ce qu'on ne conna�t pas encore��.

Vous voyez ainsi que nous allons naviguer entre � ce que nul ne peut atteindre�� et � ce qu'on ne conna�t pas encore��. Le ��pas encore�� est extr�mement important, car il positionne l'ensemble de la d�marche p�dagogique qui se place entre ces deux entendus. C'est pourquoi je disais que le Vodou n'est pas seulement une religion. Je pense qu'il est possible de le sortir totalement d'un cadre religieux et proc�der � l'analyse du m�canisme de son fonctionnement. C'est ce que je propose par ailleurs. Quoiqu'il en soit, il ne s’agit que de mon point de vue, et surtout, c'est une invitation � la r�flexion que je propose.

����� La cosmogonie

Elle reste sommaire dans la mythologie Yorouba. Sachez seulement que selon les ��Vieux��, le monde est cr�e par un principe appel� GB�DOTO, c'est-�-dire, � celui qui poss�de la vie�� ; ou mieux, � p�re qui poss�de la vie�� ou encore � l'Etre qui g�n�re le vivant��, qui s'est servi d'un autre principe : ASH� (pouvoir, puissance, s�r�nit�...) une notion qui est tr�s difficile � rendre dans la langue fran�aise. On parlera du � Commencement�� ; il ne s'agit pas du commencement du monde, mais d'un �v�nement qui serait intervenu beaucoup, beaucoup plus tard, et qui justifie la n�cessit� d'une p�dagogie qui est le r�le de la mythologie Yorouba, comme toute mythologie � mon avis, mais, je peux me tromper.

La p�dagogie vise � retrouver l'�tat du commencement car ��toutes les graines sont dans le commencement��. Il est important de retrouver cet �tat car, selon la mythologie Yorouba, c'est celui de l'harmonie parfaite de la cr�ation. C'est aussi la seule chose qui nous soit possible. En effet, dit-on encore, � avant le commencement, il n'y avait que Dieu seul et Lui-m�me��.

Bien s�r, les peuples du golfe du B�nin ont une repr�sentation qui avait la forme d'une calebasse compl�te, ronde donc, qui se divise en trois parties, le domaine des Esprits celui des vivant et le pays des morts.

����� La p�dagogie

La p�dagogie appara�t comme l'objectif principal de la mythologie. Une p�dagogie qui doit conduire l'homme, en tant qu'individu, mais aussi en tant qu'�tre social, � un niveau d'harmonie qui est celui dans lequel il se trouvait dans le � Commencement �.

En cons�quence

��������� L'homme est au centre de toute cette mythologie.

��������� Les dieux apparaissent comme de simples � outils�� qui sont � la disposition de l'homme pour lui permettre de d'assurer sa marche vers l'harmonie.( mais, des outils que l'homme doit acheter et qui ont leurs exigences ; d'o� la constante n�cessit� de faire des � sacrifices�� et d'une attitude de d�f�rence )

��������� Sa libert� est infinie. L'homme doit �tre libre par rapport � la soci�t� ; il doit l'�tre �galement, par rapport aux divinit�s. Il ne peut y avoir d'harmonie sans libert�. Sa libert� se traduit par le fait qu'il n'interroge pas le dieu de la divination ; il � le fouille�� Il peut refuser la pr�diction des dieux. Il peut refuser la r�ponse qui lui est fournie (une fois, et � une condition de rachat). Il peut demander une autre interpr�tation du verdict... cela suppose qu'il doit en assumer toutes les cons�quences.

��������� Libert�, mais aussi responsabilit� ; il revient � l'homme de saisir le sens du sacrifice et de se l'appliquer ; ce qui signifie que le r�sultat de ses pri�res d�pendent uniquement de lui.

Les outils

Ce sont des l�gendes, des devises et des chansons qui sont s�lectionn�es � partir des figures du dieu de la � divination��, le dieu Fa. Il y a 256 figures ; chacune d'entre-elles comporte 3 l�gendes, 2 ou 3 devises et 2 ou 3 chansons. En r�alit� nul n'est en mesure de confirmer le nombre de l�gendes, de devises ou de chants dans lesquels la tradition a enferm� l'enseignement de chaque figure.

Les Dieux

����� Structure du panth�on Yourouba

Nous nous trouvons en pr�sente d'une mythologie dont la structure est sans hi�rarchie entre ses divinit�s. On a le sentiment que les divinit�s sont d'importance �gale ; m�me si, l'un d'entre-eux est d�sign� comme � premier dieu��. Une extraordinaire compl�mentarit� entre les divinit�s appara�t une fois qu'on a acc�d� aux sens des l�gendes.

����� Les dieux du fondement

Dans les faits, nous observons une structure qui regroupe autour de quelques divinit�s, un ensemble d'Esprits � secondaires��, un peu comme une cour autour d'un roi. Les �l�ments de cette � cour�� connaissent une �volution qui voit appara�tre de nouveau membres, (comme dans l'ancienne religion japonaise).

Dans ma d�marche, j'ai retenu huit divinit�s ; c'est un choix personnel qui ne signifie pas que les autres divinit�s sont � n�gliger. Celles qui interviennent dans le cadre de ma r�flexion me semble assumer l'essentiel de l’œuvre p�dagogique. Parmi celles-ci, deux dieux Fa (ou Ifa) et L�gba (ou Eshu) forment le noyau. (J'ai montr� par ailleurs qu'il s'agit en fait de deux facettes d'un seul et unique principe, et ceci se d�duit de l'examen analytique des l�gendes).

En voici une rapide pr�sentation :

AZIRI

Je suis Aziri, d�esse des march�s; j'apporte la richesse, mais aussi la mis�re et quelques autres choses. On dit aussi que je suis la d�esse de l'amour; mais comme on ne peut pr�server ses droits sans les d�fendre, alors...

OSHOOSI (AG� )

Peu importe mon nom; mon domaine est celui de la chasse. J'ai appris aux hommes � avancer dans l'ombre; � voir sans �tre vus. Je leurs ai enseign� le silence et l'art de se fondre dans la for�t. Vous me trouverez toujours aux c�t�s des armes de mon fr�res G�.

FA

F�, est mon nom; je ne suis qu'un gardien. Je garde les seize voies de la connaissance. Je suis votre guide; mais, vous �tes libres.

G�

Je suis G�, dieu de la guerre, et aussi celui des forgerons; c'est ainsi. Parlons ; ensuite, vous jugerez.

H�BIESSO ( SHANGO )

Je suis le dieu de la foudre; le dieu tonnerre; on m'appelle �galement H�bi�sso. Je suis craint; car, je peux d�truire en un instant.

L�GBA

On dit de moi que je suis le dieu de la t�te; mais vous me rencontrerez sous beaucoup d'autres appellations; par exemple: dieu des carrefours, dieu des nœuds, L�gba... J'aime moins quand on m'appelle � Filou��; mais, tout cela est sans importance; l'essentiel est que je sois � votre disposition .

OSANYIN ( ARONI )

(Le dieu gu�risseur est aphone; il ne peut donc rien vous dire. On pr�tend que ce sont les oiseaux qui parlent pour lui.)

YEMOJA (OBOTO) DEESSES DE LA SERENITE

Nous sommes innombrables; on dit de nous que nous apaisons les vivants afin qu'ils poursuivent leur marche vers l'Harmonie. Mais, nous nous occupons des dieux �galement. A chacun, son d�.

L�GBA ou ESHU

Le dieu L�gba est consid�r� comme le plus important des Esprits Yorouba, que ce soit en Afrique, dans son aire de rayonnement ; ou bien que ce soit en Am�rique (Nord et sud , Cara�bes...) o� il arriva � la suite des �v�nements que vous savez..

Il est le premier des Esprits parce que le tout Puissant en a d�cid�e ainsi ; mais, ce sont les dieux qui souhaitaient conna�tre lequel d'entre eux venait en premier ; L�gba sortit vainqueur de la comp�tition.

L�gba est le dieu de la t�te, le dieu de la r�flexion. Il est aussi le dieu des nœuds, le dieu des croisements ; c'est celui des Esprits qui induit les renversements de situations les plus inattendus. C'est ce que nous pouvons d�duire des deux l�gendes fondatrices de la divinit�.[1]

Voici en compl�ment, un r�sum� d'une l�gende qui nous donne un aper�u de cet Esprit.

Premier r�sum�

L�gba apprit un jour que le roi Metolofi poss�dait un bouc � quatre yeux, deux situ�s sur la t�te et les deux autres � l'arri�re de l'animal. En pr�sentant la b�te � son peuple, le roi fit savoir que ce que chacun serait amen� � faire lui serait imm�diatement rapport� car rien ne pouvait �chapper � son bouc. L�gba s'indigna ; il trouvait inadmissible qu'un �tre, fut-il roi, puisse tout conna�tre de ses semblables. Le dieu � fouilla � Fa ; il lui fut prescrit un sacrifice qui consistait en un chapeau et en quatre morceaux de tissu de couleur diff�rente. L'Esprit Fa remodela le chapeau ; il en fit un couvre-chef � quatre faces, chacune de couleur diff�rente; il le remit � L�gba qui s'en alla ainsi �quip�.

En chemin, le dieu trouva le bouc � quatre yeux et le tua ; la sc�ne �tait observ�e de loin par la population du royaume ; mais chacun ne pouvait d�crire le responsable du forfait que selon son point de vue, selon la face du chapeau qu'il pouvait apercevoir sans soup�onner que les autres voyaient une autre couleur. Le roi d�p�cha son ministre pour conna�tre l'auteur du m�fait. Il s'en suivit une querelle g�n�rale, chaque personne �tant persuad�e d'�tre le t�moin de l'unique v�rit�. L�gba profita de la m�l�e pour tuer le ministre ; l� encore, le crime fut v�cu de mani�re diff�rente selon la couleur du chapeau que chacun pouvait voir. Le lendemain, L�gba reprit sa tenue habituelle et vint trouver le roi pour le prier de rassembler le peuple; il avait � s'entretenir avec lui en sa pr�sence...

FA ou IFA

Fa est le dieu de la qui�tude ; il est le dieu de la s�r�nit� ; c'est ce que traduit le sens litt�ral de son nom. Dans la plupart des langues du sud du B�nin et dans l'aire g�ographique Yorouba ; fafa signifie fra�cheur, calme, s�r�nit� ; l'eau fra�che se dit si fifa.

Fa, le � silencieux��. On dit que Fa conna�t tout ; que Fa dit toujours la v�rit� (en l'opposant � L�gba). Je le dis � silencieux � car, on � n'interroge�� pas Fa ; on le � fouille��.

Fa conna�t tout et dit tout. Fa est ins�parable de L�gba ; on constate que le second se tourne constamment vers le premier pour lui soumettre les probl�mes. Fa prescrit un sacrifice et L�gba agit. Est-ce pour cela qu'il faut � nourrir�� L�gba avant Fa ? Ainsi le veut la r�gle ; sans doute, parce que L�gba est craint et que Fa n'est ��que�� respect� ; ou bien encore, parce que L�gba est le premier des dieux. Mais, la r�alit� est plus complexe ; cette coutume, cette obligation rendue � la hi�rarchie des deux Esprits, est aussi une indication sur ce que j'ai appel� un concept unique ayant deux facettes que sont Fa et L�gba.

Quand on fouille Fa on obtient, ou mieux, on trouve, une r�ponse qui est aussi un Fa auquel sont associ�es des l�gendes, des devises et des chansons.

Ceci n'est que la traduction des seize voies dont j'ai parl�.

FA et les FA

En effet, parler de Fa doit s'entendre dans un sens multiple. Une multiplicit� que traduisent les figures du dieu. Nous trouvons les seize voies ou seize figures de bases ; ce sont les figures � m�res �. On les dit ��m�res�� parce que ce sont les figures du fondement et non parce qu'elles sont f�minines. En fait, il y en huit m�les et huit femelles ; la premi�re est m�le et la derni�re femelle ; cet ensemble forme une premi�re famille dans laquelle les figures 2 � 15 sont les � enfants��. Chacune de ses seize premi�res figures donne naissance � seize enfants. Un calcul rapide vous montre que Fa est form� d'un ensemble de 256 figures (16 x 16) ; soit, 16 figures de base et 240 figures secondaires.[2]

On pr�tend que les 256 figures poss�dent, chacune, trois l�gendes pour autant de devises et autant de chansons ; en r�alit�, personne n'est en mesure de garantir ces chiffres ; n�anmoins, sur cette base, on peut remarquer que Fa est une connaissance tr�s �tendue ; et pratiquement personne ne peut se vanter de conna�tre toutes les l�gendes, toutes les devises et toutes les chansons des 256 figures de Fa.

Voil� pourquoi quand on dit que Fa poss�de une connaissance - un pouvoir - infinie, je pense que cela est faux. Fa n'a pas une connaissance infinie ; Fa est comme une surface parfaitement limit�e, mais qui n'a pas de bord ; comme la terre par exemple. Fa est une � surface�� limit�e, sinon ce serait Dieu. Fa est comme une surface sans bord parce que, un homme ne peut probablement pas ma�triser tout son savoir.

Vous pouvez avancer aussi longtemps que vous voulez sur la terre sans jamais rencontrer de bord.

(Ce probl�me est sans doute aussi celui de l'esprit humain ; nous y reviendrons, peut-�tre).


Notes

[1] - Si vous souhaitez en apprendre plus, allez sur le site www.aclinoupconcept.com ; vous y trouverez les l�gendes et leurs interpr�tations.

[2] - Le d�tail de cet aspect de Fa, avec les interpr�tations, seront donn�s dans la � P�dagogie�� qui est l'�tape suivante du contenu de mon site ; sa r�alisation est en cours.

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