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Hommes et Terre

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Cérémonie rituelle ? Lêgba L�gba-Fa, l'Homme, les hommes
La mythologie du golfe du B�nin � l'�preuve de l'humain
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Paul Aclinou

Chap.8 - De la puret� aux sources de l'esclavage

Le m�canicien pr�cisa sa pens�e en disant :

—�C'est logique, car, apr�s les dieux, il faut bien que l'homme aussi prenne sa part de responsabilit�...

—�Et cette part est importante ; elle est d�terminante, car, des dieux, il n'en a �t� question qu'au niveau des temps primordiaux ; ensuite, il faut revenir au temps de l'homme, lui qui est le ma�tre d'œuvre...

—�Et la victime, compl�ta le dieu Fa.

—�C'est certain, r�pondit L�gba ; mais il est la victime non par le fondement de la cr�ation, mais par le choix des voies et des moyens par lesquels l'homme pensait aller de l'homme qui �tait � celui qui sera ; c'est-�-dire, de l'Adam Kadmon � l'Adam Rishon. Je veux dire que les voies qui furent retenues pour conduire l'homme � l'humanisme g�n�r�rent ce ph�nom�ne qui est l'esclavage, comme l'une de ses cons�quences.

—�Si cela est vrai, dit Jo ; je veux dire, si les options ont �t� retenues pour conduire les soci�t�s humaines vers un monde d'harmonie, pouvait-on pr�voir que la haine de l'autre, source premi�re de l'esclavage, soit l'une des cons�quences de la d�marche ?

—�Sans doute, r�pondit Fa ; on pouvait le pr�voir ; mais ce point n'est pas l'essentiel. Peut-�tre que l'�tape esclavagiste, dans un sens g�n�ral, �tait apparu comme une n�cessit� temporaire mais in�vitable. Cette �tape �tait , peut-�tre m�me per�ue comme un moteur dans l'œuvre p�dagogique qu'�tait et que reste l'�ducation des peuples. C'est dans cette optique de temporalit� que doivent se placer aussi bien l'analyse du ph�nom�ne que la recherche des voies, forc�ment p�dagogiques, qui permettent d'en sortir. C'est cet aspect qui n'�tait pas soulign� lors de cette journ�e contre le racisme. Nous aurons, je pense, l'occasion de revenir sur ces diff�rents aspects.

—�Vous voulez dire, tous les deux, que l'homme n'est pas fondamentalement esclavagiste, mais que, par suite du d�veloppement des soci�t�s...

Absolument ! s'exclama L�gba ; le dieu reprenait la parole apr�s avoir laisser Fa donner une possible justification � la naissance du racisme. L�gba poursuivit, et il dit :

—�L'esclavage ne va pas de soi ; mais la peur de l'autre, elle, semble �tre une donn�e inh�rente � l'homme, et elle le restera tant que celui-ci ne consid�re pas que l'humanit� est une . De cette peur vont surgir des maux ...

—�Il n'y a pas que la peur, rench�rit Fa, qui entrain � nouveau dans la discussion�; il y a bien d'autres �l�ments, dit-il, qui s'associent � la peur pour nourrir le fl�au. La peur seule ne peut expliquer la gen�se de ce comportement. Viola pourquoi, selon les contr�es et selon les �poques, on peut observer de grandes diff�rences dans les traditions qui fondent les soci�t�s humaines.

—�Je sais, r�torqua le dieu des croisements, toujours prompt � la r�partie. Il suffit, poursuivit-il, de parcourir le temps des hommes pour en �tre convaincu. Prenons le monde asiatique, et plus pr�cis�ment, le sous-continent Indien avec ses castes, une division de la soci�t� qui remonte � la nuit des temps. Ici, quelles furent les n�cessit�s qui conduisirent les ma�tres � penser qui furent � l'origine de la tradition, � exclure une partie de la soci�t� du monde des vivants ; la peur ? la faim�? l'ambition ? l'orgueil ? Aucun de ces �l�ments n'a la force n�cessaire pour donner naissance et la dur�e � ce qui appara�tra plus tard comme allant de soi…

—�Il me semble, dit Jo, que toutes les soci�t� ont �labor� des m�canismes de structuration ; toutes les soci�t�s l'ont fait, y compris la n�tre, m�me si aujourd'hui, l'acuit� est moindre, et surtout, si les diff�rentes couches sont moins �tanches, autorisant par l�-m�me, des transferts d'un groupe � l'autre ; la soci�t� indienne n'a pas fait autre chose...

—�Parfait, Jo ; mais il faut d�finir les crit�res selon lesquels se faisaient les divisions de la soci�t�s et celles qui les gouvernent aujourd'hui ; ceci est important, car, c'est de l'analyse de ces crit�res que nous pouvons d�duire si nous sommes ou non en pr�sence d'une forme d'esclavage. On peut se poser la question suivante : dans le monde Indien, les castes r�pondent � quelles n�cessit�s ? Ici, il serait difficile de pr�tendre � l'institution d'un processus p�dagogique dans lequel une �tape esclavagiste soit n�cessaire. La soci�t� Indienne se fondait sur la puret� de l'�tre...

—�Puret� ou bien saintet� ? demanda Jo qui n'avait pas manqu� de croiser sur ses routes maritimes cet aspect tr�s important de la culture indienne ; le dieu lui r�pondit :

—�Ne lie-t-on pas les deux, comme si cela allait de soi ? Sortir l'�tre de la puret� pour le sortir de la saintet� ; on le sortira ensuite de l'humain pour en faire l'Intouchable. La civilisation indienne n'a pas le monopole en la mati�re ; en Inde, c'est au sein de la communaut�, ailleurs, c'est entre communaut�s que se fera la division. La civilisation indienne a pos� le probl�me � sa fa�on�; elle a centr� la d�marche p�dagogique sur l'individu ; elle l'a centr� sur la conscience que celui-ci doit poss�der de lui-m�me. Cela a conduit � stratifier les hommes avant de stratifier la soci�t� en classe...

—�Je dois comprendre alors, dit Jo, que ceux qui ont con�u le progr�s de l'humanit� sur la base d'un groupe ont fait l'inverse ; c'est-�-dire, qu'ils ont oppos� des groupes humains avant, �ventuellement, d'opposer les hommes � l'int�rieur de chaque groupe.

—�C'est tr�s juste, s'exclama Fa, avec un enthousiasme qui surprit les deux interlocuteurs ; h�las, l'empressement du dieu retomba aussit�t ces mots dits. L�gba reprit son r�le, celui d'assurer la continuit� du quotidien ; il dit :

—�Oui, Jo ; c'est une autre possibilit� ; c'est une voie que d'autres peuples ont adopt�e. Ainsi, comme tu l'as not�, on peut structurer le groupe humain pour conduire � l'homme ; nous parlerons aussi de ceux qui avaient choisi cette direction pour structurer leur p�dagogie. Tu peux noter d�s � pr�sent que le peuple Yourouba et ses d�riv�s ont cherch� � structur� l'individu essentiellement, sans pour autant donner naissance � une classe d'intouchables dans la soci�t� ; bien au contraire, l'harmonie au sein de celle-ci est une condition incontournable dans la d�marche p�dagogie africaine. Un autre aspect de la pens�e indienne est que celle-ci semble dire que vivre rend impur ; on peut se demander alors par rapport � quoi d�finit-on cette puret� qui ferait d�faut , d'autant plus que la mort ne garantit pas la fin de l'impuret�...

—�Alors ? demanda le m�canicien.

—�Alors ? La r�ponse est un paradoxe. La puret� se place face � la saintet� ; car, elle n'est pas, comme ailleurs, une condition de celle-ci. C'est un paradoxe, car, toujours selon la pens�e indienne, la saintet� se trouve dans l'individu. Et ce paradoxe a une cons�quence terrible ; c'est qu'il exclut certains de toute possibilit� d'aller vers la puret� et, par cons�quent, vers la saintet�...

—�C'est une situation sans porte de sortie alors�; sans �chappatoire�? Dans ce cas, quel est le moteur de l'action humaine, le moteur de la vie ? Je n'ai pas l'impression que certains habitants de l'Inde, m�me ceux de la classe des Intouchables, qui de toutes fa�ons est moins voyante � pr�sent, ceux-l� ne m'ont pas donn� le sentiment d'exister pour rien...

—�Parce que une porte de sortie th�orique est propos�e en r�alit�, mais elle est une fiction dans la mesure o� cet espoir est plac� dans l'�ternit�. Qui le garantirait ? Autant dire que la fin de l'impuret� n'est situ� nulle part ; personne ne sait comment passer de cette impuret�-l�, � la puret� pour enfin esp�rer atteindre la saintet�. L'asc�tisme purifie, dit-on, l'�me de cycle de vie en cycle de vie, mais quelle est la limite ? L'homme l'ignore, parce que la m�tempsycose n'est qu'une th�orie de l'espoir parmi tant d'autres ; en aucune fa�on, cette vision ne met le probl�me de l'esclavage de l'homme dans le cycle du d�veloppement.

—�Si je comprends bien, vouloir structurer la soci�t� en individus purs et en individus impurs n'est qu'une forme d�guis�e d'esclavage de laquelle on ne peut �chapper ni par l'action ni par la pens�e active, mais uniquement par une th�orie inv�rifiable ...

—�Une forme � peine d�guis�e devons nous dire ; que l'on ne puisse en sortir que par la m�tempsycose n'est pas, et ne peut-�tre garanti ; par contre l'esclavage lui, est bien r�el ; en clair, nous sommes, dans le cadre d'une dur�e de vie humaine, en pr�sence d'un esclavage sans retour. Ceci n'est pas un cas g�n�ral, poursuivit L�gba ; ce n'est pas une d�marche universelle que nous pourrions placer � la base du fait esclavagiste qui lui est bien universellement r�pandu, aussi bien dans le temps que dans l'espace. D'autres syst�mes de pens�e ont accord� la primaut� � l'individu dans leur d�marche p�dagogique ; c'est le cas de la Gr�ce antique, qui n'avait pas fait pour autant appel � une mythologie de type m�tempsycose, m�me si le concept n'est pas absent de la pens�e des H�l�nes pour �quilibrer ou tenter d'�quilibrer les diff�rentes composantes de la soci�t�. Pour les Grecs, l'esclavage allait de soi, et c'�tait tout ; la vie se chargeant des compensations individuelles si la question se posait ; les Grecs laissaient � la vie le soin d'�quilibrer les ressorts de la soci�t�. C'�tait le cas de bien d'autres groupes humains de la m�me �poque. La sp�cificit� de la Gr�ce venait du fait que tout �tait pens� par l'homme et pour l'homme ; la pens�e religieuse n'y avait aucune part directe ; il n'y avait pas une th�orie divine de l'espoir, mais il existait, la- aussi, une porte de sortie qui �tait purement humaine....

—�En somme, c'�tait de l'esclavagisme honn�te alors ? ironisa le m�canicien.

—�Oui, Jo ; l'honn�tet� n'est pas �tanche ; on pourrait en parler, mais plus tard. L'homme Grec revendiquait sa condition d'homme et entendait assumer une part notable de sa destin�e. La Gr�ce cr�a sans doute la premi�re �cole de pens�e o� l'individu revendiquait son r�le d'acteur et le disait. La pens�e Grecque s�para nettement le sacr� du profane,� et elle d�cida que tout ce qui relevait ce dernier �tait de sa comp�tence exclusive. La division de la soci�t� en hommes libres et en esclaves �tait de la comp�tence des hommes et la Gr�ce assuma ce choix.

—�Je doute que l'organisation de la soci�t� grecque rel�ve d'une d�cision �tablie sur une base issue d'un d�bat d'id�es ; il me semble plut�t que l'accumulation de petits faits, de hasards et, sans doute, aussi d'audace de quelques uns avait conduit peu � peu les Grecs � vivre comme ils vivaient...

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� suivre...
P. G. Aclinou, octobre 2001
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