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Hommes et Terre

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Cérémonie rituelle ? Lêgba L�gba-Fa, l'Homme, les hommes


La mythologie du golfe du B�nin � l'�preuve de l'humain

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Paul Aclinou

Chap.11 - D'une cosmogonie � l'autre...

La notion de l'�tre Supr�me dans la Gr�ce antique �tait une donn�e sp�culative qui opposait deux �coles de pens�e ; la premi�re �cole, majoritaire, consid�rait un Dieu du Bien qui correspondait � ce que nous avons dit de la structure sociale des Grecs ; la seconde �cole posait comme �vident l'existence de deux divinit�s supr�mes en quelque sorte, ce sont les D�miurges ; il y aurait un demi Dieu du Bien et un demi Dieu du Mal ; les deux seraient en lutte permanente, c'est la base m�me de la Gnose, pour qui c'est le demi Dieu du Mal qui aurait cr�e le monde pour qu'il soit si dur � vivre ; deux D�miurges en lutte donc pour cette �cole, avec des adeptes pour chacun d'eux ; et tandis que pour l'autre (l'�cole qui suppose un seul Dieu bon et cr�ateur) dans ce contexte sp�culatif, il n'y aurait qu'un Dieu Bon, et le mal serait le r�sultat des conditions de l'existence. Tu remarqueras que cette vision rejoint la juda�que et la chr�tienne ; ici, le Mal serait une irr�gularit� qui serait apparue apr�s la cr�ation par le Dieu Bon. La science d'aujourd'hui comme tu le sais suppose qu'une irr�gularit� du continuum espace-temps explosa � un ��instant�� donn� - instant que la science n'est pas encore en mesure de pr�ciser - entra�nant le Big Bang dont serait issu l'univers ; mais c'est l�, une parenth�se dans notre propos. Certains dans le juda�sme vont jusqu'� dire que le Mal est apparu en Dieu, et le combat est de l'en extirper ; je simplifie, bien s�r. Nul part ailleurs que dans le Juda�sme, le r�le de Dieu, consid�r� comme l'Unique, n'est aussi essentiel ; ce fut une rupture totale qui �tait introduite par rapport � ce qui se pensait jusqu'alors. Le juda�sme va faire du constant face � face entre l'homme et son Dieu le principal moteur de toute sa d�marche p�dagogique. Face � face entre Dieu et l'homme, mais �galement face � face entre les deux groupes humains que le juda�sme institue comme �l�ment de sa d�marche ; c'est l�, le second moteur qui s'articule autour d'un pr�-requis que suppose l'�lection divine. En fait, ce second face � face n'est pas propre au juda�sme seul, on le retrouve partout, au sein des peuples et entre les peuples, sans pour autant atteindre � l'exclusive juda�que ; et pour cause, ce comportement ne se fonde pas dans tous les autres cas sur une �lection. C'est un facteur extr�mement important pour la compr�hension du probl�me qui nous pr�occupe ; car l'autre, le r�prouv� sert de levier � l'action p�dagogique, nous y reviendrons, mais d�s � pr�sent , tu peux voir l�, la signification du r�le p�dagogique de la notion d'esclavage con�ue comme �l�ment essentiel des relations entre individus mais aussi et surtout comme rapport entre les soci�t�s. Il faut en sortir si on veut �radiquer le mal.

-�Comment ?

-�Nous aurons l'occasion d'en parler. Dans le juda�sme c'est dans l'opposition permanente entre les deux groupes que s'ins�re l'esclavage comme �l�ment essentiel du rouage ; mais ici, il faut donner un sens tr�s �tendu � la notion d'esclavage. Tu comprends bien s�r que cet �l�ment parcours les deux ensembles d'humains que le juda�sme pr�suppose. Comme dans le monde Grec, le syst�me h�bra�que n'avait pas besoin de r�f�rences pour fonder le fait esclavagiste ; les conditions de la vie quotidienne et la nature humaine suffisent pour en d�rouler les �l�ments. Ici �galement, une soupape de s�curit� existe pour que l'individu, fils de Dieu, garde l'espoir d'acc�der � un statut sup�rieur ; une s�curit� qui rel�ve autant de son action vis � vis de la Divinit� que de celle du groupe en sa direction ; nous avons l�, l'aspect p�dagogique que je pourrais qualifier d'interne.

-�En somme, dit Jo, cela allait de soi !

-�Oui et non, r�pondit L�gba qui poursuivit : Oui, par le fait que cela d�coulait des conditions de l'existence ; non, par le fait que fils de Dieu, l'homme en situation de d�pendance, l'esclave, se savait plac� dans un �tat provisoire d'o� n�cessairement il devait sortir avec le temps , avec les temps : c'�tait l'Alliance, la Promesse. Sa situation �tait donc passag�re : mais, et c'est l� encore un �l�ment de la p�dagogie, il ne pouvait sortir de cet �tat que par son action d'une part, et par celle du groupe d'autre part ; l'une ne va pas sans l'autre ; il s'ensuit une solidarit�, je dirais obligatoire entre les deux, individu et groupe, ceci au sein de l'ensemble h�breu.

Jo demanda encore :

-�Et par rapport � l'autre partie de l'humanit� , celle qui est issue de la division que fit le juda�sme et qui n'est pas h�breux, selon toi ?

-�L'autre �l�ment, le groupe non-h�breux, quel est son devenir dans la vision juive de la marche de l'homme ? c'est �a ta question ? Seul le christianisme apporte une r�ponse connue, claire et pr�cise, mais, celle-ci est situ�e � l'horizon des temps. D'une fa�on g�n�rale, entre les deux groupes, h�breux et non-h�breux, c'est la peur de l'autre qui a jou� le premier r�le dans un sens comme dans l'autre ; il faut compter �galement avec un sentiment de frustration du groupe non-h�breux qui peut s'expliquer par son exclusion de l'�lection (ce que corrige le christianisme, nous l'avons vu) ; une peur qui ob�it dans tous les cas au reflex de d�fense ; c'est le reflex de survie qui tient la premi�re place comme moteur de l'action...

-�En somme, nous retrouvons la peur de l'autre...

-�Oui, une peur biologique que seule l'action de la pens�e peut aider � �carter. Mais il faut pour cela que la p�dagogie soit �labor�e en ce sens, et ceci ne peut se faire que progressivement...

-�Tu disais que l'esclavage joue dans le juda�sme un r�le p�dagogique...

-�Parfaitement, Jo ; et cela est tr�s clair dans le face � face homme-homme qui se trouve dans la structuration interne au groupe h�breux ; ce face � face n'intervient que dans cette structure interne ; � l'ext�rieur, c'est le groupe tout entier qui est acteur, l'individu doit s'effacer, et son effacement est exig� avec une rigueur sans faille. Peu importe qui avait institu� ce principe, mais, si tu veux en conna�tre les �l�ments, il te suffit d'aller lire le r�cit de la distribution des r�les que fit le Patriarche Jacob lors de sa visite � ses fils en Egypte avant sa mort. La distribution des r�les qui eut lieu � ce moment l� selon le r�cit, jointe � la rigueur dont je parlais donnent une efficacit� redoutable au groupe ; mais h�las , cela conduit aussi � une opposition farouche, une opposition sans concession avec l'autre partie de l'humanit� ; tu comprends d�s lors, l'importance de l'approche du christianisme qui tout en faisant deux groupes lui aussi, laisse la porte ouverte � un rassemblement. ; il est n�cessaire cependant que tu fasses attention � la mani�re de percevoir ce que je viens de dire, car nous n'avons pas examin� les raisons qui fonde le syst�me juda�que ; nous en avons seulement vu la structuration sans en d�terminer les raisons ; pour cela il faudrait prendre en compte Mo�se qui avait pos� les bases semble-t-il ; c'est � son niveau que nous pouvons tenter de d�terminer les raisons qui fondent v�ritablement la structure h�bra�que.

-�Et l'Islam ? tu n'en dit rien ; n'intervient-il pas comme voie d'acc�s � l'harmonie entre les hommes ?

-�Tu as parfaitement raison, c'est aussi une �cole de formation ; elle est �troitement imbriqu�e � la juive et � la chr�tienne parce que se r�clamant des m�mes fondements qu'elles. Tu peux consid�rer les trois comme les c�t� d'une pyramide � base triangulaire dont le sommet serait l'incommensurable, mais chacune revendiquant la primaut�. La p�dagogie se distribue de fait entre les trois p�les, mais on assiste tout au long de l'histoire � une empoignade triangulaire, parfois celle-ci se concentre entre deux p�les, la troisi�me �tant relativement tol�r�e...

-�C�t� primaut�, il suffirait peut-�tre de consid�rer l'ant�riorit� dans le temps , non ?

-�Non, Jo, non, car l'ant�riorit� ne conf�re pas � une id�e une valeur sup�rieure � celle qui serait �mise apr�s ; c'est au niveau de l'efficacit� qu'il faudrait mesurer la valeur d'un concept. C'est l� que se situe l'une des raisons des confrontations entre les trois. Tu peux consid�rer qu'� l'origine, l'islam apparaissait comme �tant destin�e � se substitu� aussi bien au christianisme qu'au juda�sme...

-�Une roue de secours en quelque sorte ?

-�Oui, mais une roue de secours qui a su se constituer et faire �merger sa personnalit� propre, avec fougue et d�termination, la foi oblige ! une roue de secours qui a su p�n�trer en profondeur l'esprit de l'homme, nonobstant les avatars introduits par la nature des hommes. L'�mergence de l'entit� islamique en tant que force constitu�e et vivante est due �galement � son alliance ici aussi avec la pens�e Grecque tout en produisant ses fruits propres. Mais, tu vois cet aspect ��roue de secours�� n'est pas propre � l'�re moderne, elle n'est pas propre au sixi�me si�cle, presque un mill�naire plus t�t, l'�mergence du fait h�bra�que �tait accompagn�e, elle aussi de sa roue de secours ; il ne semble pas qu'il fut n�cessaire de s'en servir, et surtout, elle n'a pas su se hisser au niveau d'une entit� agissante et conqu�rante comme le fera plus tard l'islam...

-�Ah bon ? une roue de secours qui accompagnait le juda�sme naissant ?

-�Oui, parfaitement ! les tziganes semble-t-il �taient dans cette position.

Le syst�me que la Gr�ce antique avait mis en place est universaliste, de m�me que celui qui � cours en Afrique ; il y a l'homme et il y a les dieux; Dieu �tant plus lointain�; Il est con�u comme l'Inaccessible, et non comme l'Inutile, surtout en Afrique. Il y a cependant une grande diff�rence entre le syst�me grec et le syst�me africain ; dans le premier cas, il y a les dieux, l'homme doit les v�n�rer, et il y a la nature dont l'homme doit s'occuper activement et positivement ; comme tu le sais, cette d�marche � conduit � tout ce qui est science aujourd'hui. Dans le second cas, c'est � dire en Afrique, on dit que l'anc�tre mythique avait deux fils, l'un, l'a�n� demanda aux dieux de le suivre, alors que le second, le cadet demanda aux dieux de passer devant lui. Il faut reconna�tre que l'attitude de l'a�n� fut pr�f�r�e, c'est tr�s peu efficace, car l'homme avance tr�s lentement et ne fut pas oblig� de courir derri�re les dieux comme cela aurait d� �tre le cas.

-�Tout cela ne nous explique pas le quotidien du racisme !

-�Non, pas enti�rement bien s�r, Jo ! Ce ne sont l� que quelques uns des �l�ments, et ils sont importants. Il y a d'autres donn�es qui entrent en jeux, mais le fondement est celui-la m�me que nous venons de voir. Un autre facteur qui intervient et qui est commun � toutes les approches que nous avons consid�r�es tient au fait que l'homme est l'unique client de l'homme, mais surtout, il est per�u comme la meilleure marchandise ; et une marchandise qui est active en ce sens que par sa capacit� de r�action qui est tr�s �tendue, l'homme participe activement, volontairement ou non, � la dynamique du racisme ; il faut �tre conscient que tous les aspect de l'esclavage sont li�s � cette dynamique. C'est dire que quand m�me la peur de l'autre serait surmont�e par l'�ducation , par l'ouverture sur le monde, il faudrait encore trouver une autre dimension � l'action humaine, une dimension qui ne fasse pas de l'homme une proie de pr�dilection pour ses semblables. Il ne peut pas en �tre autrement ! Tant que l'on n'aura pas trouv� un objectif, je dis bien objectif et non un d�rivatif, pour ses passions, ses envies, ses intrigues, ses ambitions, et que sais-je encore, qui ne prenne pas l'autre comme cible, on peut craindre que le concept d'esclavage soit toujours d'actualit�. Il y a deux caract�ristiques dans la nature humaine qui nous donnent la dimension du probl�me. L'homme est l'animal le plus fragile, le plus vuln�rable de la cr�ation ; c'est le seul qui, abandonn� � lui-m�me � la naissance , poss�de la plus faible chance de survie ; voil� donc la premi�re caract�ristique : sa tr�s grande vuln�rabilit� qui demeure jusqu'� sa mort. La seconde est son potentiel intellectuel, un potentiel fantastique, un potentiel �volutif marqu� par une �norme capacit� d'acquisition, d'adaptation volontaire et de transmission sans limite. J'insiste sur le volontaire, car, il ne s'agit pas seulement d'une donn�e biologique. Ce pouvoir de choix volontaire va d�cupler ses possibilit�s et le faire dans des proportions inimaginables, sans pour autant annuler compl�tement sa fragilit�. Est-il n�cessaire d'ajouter que le but de toute p�dagogie est ou devrait �tre le renforcement de ce potentiel.

- Mais alors, dit Jo ; quelle autre voie pouvons nous suivre pour que l'homme soit ce qu'il devrait �tre ?

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� suivre...
P. G. Aclinou, f�vrier 2002
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