Louis MASSIGNON a relev� dans les pays musulmans de l’Asie, l’usage suivant�: " Le miroir des fianc�s est encore en usage en Perse, en Afghanistan et au Pakistan�: pour b�nir la premi�re rencontre entre les fian�c�s, le miroir est accroch� sur le mur du fond de la salle de leur rencontre�; tous deux doivent y entrer par deux portes oppos�es�; �vitant de se regarder en face, ils font d�vier leurs regards vers le miroir. Ce faisant, ils se rencontrent comme au paradis, apercevant leurs visages redress�s (l’�il droit � droite), et non plus "invers�s" comme ici-bas.
Carl Gustav Jung 1875 1961
Carl Gustav Jung est n� � Kesswil, sur la rive Suisse du lac de Constance. Son p�re, pasteur, s’installa peu apr�s � Schlosslaufen, au bord de la chute du Rhin, puis � proximit� de B�le. C’est dans cette ville qu’il fit ses �tudes et acquit le titre de m�decin. Il entre alors � l’h�pital psychiatrique du canton de Zurich. Il y est �l�ve, puis assistant de Bleuler. Apr�s avoir soutenu sa th�se sur la ��Psychopathologie des ph�nom�nes dits occultes��, il y pr�pare ses premi�res publications�: ���tudes sur les associations�� (1903) et ��Les d�mences pr�coces�� (1907). Cette m�me ann�e, il devient disciple et ami de Freud, qu’il quitte cinq ans apr�s pour fonder une nouvelle �cole de ��psychologie analytique��. D�couverte de "l’inconscient collectif", fondement de l’imagination, commun � tous les peuples � travers les ages, et qui se manifeste dans les religions, les mythes, l’alchimie...
Jung a beaucoup voyag� en Afrique continentale et en Afrique du Nord, en Inde et en Am�rique o� il �tudia particuli�rement les coutumes des Indiens "Pueblos". Il s’effor�a toute sa vie de d�passer une attitude purement descriptive de la maladie mentale et de la comprendre de l’int�rieur. S’il fut d’abord attir� par les travaux de Freud —�avec qui il se lia d’amiti� durant 5 ann�es, l’esprit de syst�me de son a�n� l’�loigna peu � peu de lui�: Jung ne pouvait accepter une conception de l’�nergie psychique - la libido —�limit�e, pour les besoins d’une th�orie, � l’impulsion sexuelle. La rupture survint apr�s la parution de M�tamorphoses et symboles de la libido en 1912 dans laquelle Jung exposa sa th�orie sur la notion de l’inconscient collectif. Il d�crit une structure quaternaire de la psych�, avec 4 fonctions psychologiques caract�risant les diff�rents types humains�: Pens�e, Intuition, Sentiment et Sensation. Ces 4 fonctions forment un instrument que l’individu doit manier pour �voluer. Sa vision de l’Homme est dynamique, et on peut la r�sumer par ces 2 concepts�: le devenir, et la transformation. En l’homme, le monde devient conscient de lui-m�me par la formation d’un Moi. Mais le renforcement unilat�ral de ce dernier ne doit pas d�passer une certaine limite. Au del�, le Moi tend � oublier son lien avec l’oc�an d’o� il sort, l’arbre se s�pare de ses racines, se dess�che ou produit des fruits monstrueux. Sur le plan collectif ce seront alors des d�cha�nements sauvages —�les exemples abondent au XXe Si�cle. Chez l’individu, c’est la n�vrose, affection psychique o� l’inconscient, ni�, r�clame sa part. La n�vrose n’est donc pas li�e uniquement � des �v�nements du pass� notamment infantiles, comme pour Freud, mais � une situation actuelle. Jung disait que beaucoup de personnes souffraient de ne ��pas �tre adapt�es � elles-m�mes. R�tablir le passage sans heurt du courant psychique, source de renouvellement, tel est le but de l’exploration int�rieure. Jung a nomm� fonction transcendante la dynamique de mise en �uvre de cette �nergie psychique.
Tout le travail de Jung s’est appuy� sur la double question qui domina sa vie�: ��Qu’est-ce que le monde, et qui suis-je�?��. L’insuffisance du cadre religieux �clata aux yeux de ce fils de pasteur (nous aurons l’occasion de revenir sur ce point important pour Jung). Il devina que la r�ponse se trouvait au dedans de lui et non au dehors. La psychiatrie lui parut offrir un moyen plus propice d’aborder la totalit� de l’Homme. Jung a �galement travaill� sur la mythologie des grands alchimistes. Au bout d’un travail de traduction et tri qui lui pris de nombreuses ann�es il en vint � la conclusion que dans la transformation alchimique du fer en or, c’est la transformation de quelque chose en l’alchimiste lui-m�me qui s’op�re. C’est la transformation de la personnalit�.
Jung fut avant tout le t�moin d’une r�alisation int�rieure aupr�s de tous ceux qui travaill�rent avec lui. Et ses concepts, son �laboration th�oriques sont strictement issus de cette exp�rience r�alis�e sur plus 80 ann�es. Sa m�thode psychologique et son �uvre sont les fruits de cette r�alisation. Adolescent, il rencontra sur son chemin la figure fascinante de Zarathoustra, le ��messager du surhumain�� qui avait conduit Fr�d�ric Nietzsche � la folie, B�lois d’adoption comme lui. � son tour il s’est vu contraint par le destin d’affronter ce qui est en d�finitive, l’unique probl�me de l’�me moderne�: l’Homme peut-il se surmonter, et par quelle voie�?
Il existe depuis 1948 � Zurich, un institut C. G. Jung qui assure la formation des praticiens. L’�cole jungienne a des repr�sentants un peu partout dans le monde.
L’�uvre de C. G. Jung a inspir� de nombreux courants psychologiques et culturels. Nombreux sont les chercheurs de toutes disciplines qui puisent dans son �uvre. Sa contribution � la compr�hension des cosmographies modernes est consid�rable, pourtant cet aspect de son �uvre est tr�s mal connu en France o� il n’est pas toujours de bon ton de le citer. Consid�r� comme un mystique, un antis�mite, son �uvre supporte le poids difficile du sectarisme freudo-lacanien. Les rumeurs ont bonne presse de ce c�t�-ci de la psychanalyse�! Quant � ses continuateurs fran�ais, ils demeurent peu actifs et il fallut attendre la fin des ann�es 80 pour accueillir la traduction de ses �uvres compl�tes, sous la direction de Michel Cazenave aux �ditions Albin Michel. Quant � la traduction des �uvres d’une de ses continuatrices parmi les plus prosp�res, Marie Louise von Franz, c’est un groupe de fid�les qui les �dit�t. (Dans les archives, vous trouverez des bibliographies qui renvoient � ces traductions)
Marie Louise von Franz explora durant sa toute sa vie l’univers des contes de f�es � la recherche d’une meilleure compr�hension de nos soci�t�s contemporaines. La vision qu’elle nous transmet de la dialectique entre le Moi et l’Inconscient devrait inspirer de nombreuses disciplines, notamment l’anthropologie. � notre avis, la lecture conjointe de A. Leroi Gourhan et de Marie Louise von Franz �claire de mani�re singuli�re l’�volution de l’Homme.