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La danse contemporaine — “un �tat d’esprit” , “un point de vue”�?

Les avatars d’un nom


C’est l’une des forces de la danse telle qu’elle se manifeste actuellement�: le m�tissage, les brassages et les �changes entre diff�rentes cultures, les recherches conjointes, les impr�gnations et les perm�abilit�s � des expressions "autres", �trang�res, folkloriques, antiques, etc.

��En Japonais, le terme "hana" peut s’�crire � l’aide de quatre id�ogrammes chinois diff�rents�: “fleur”, “cristallisation”, “le bout” ou “le bord” d’une chose et donc le “nez”. L’oeuvre tente d’�voquer ou, mieux, de dessiner la beaut� d’une fleur d�clinante, beaut� de l’�ph�m�re -�ph�m�re typiquement japonais peut-�tre-, surtout si on le compare � la beaut� �ternis�e ou, au moins, � ce d�sir d’�ternit� p�trifi�e qui obs�de l’Occident. Le mode d’expression choisi, la danse, est tout aussi �ph�m�re et il est � souhaiter que, en fin de compte, le but et le moyen se confondent.

Toutes les formes de danse ont pour m�dium exclusif le corps humain et l’on peut dire que l’essence de la danse est, en quelque sorte, l’�me mise � nu par le corps. Cette ext�riorisation, cette projection de l’�me, par les gestes, les attitudes, les mouvements du corps, touche de nature � l’�ph�m�re. L’�me reste �ternelle, absolue, alors que le geste n’en donne qu’un aper�u fulgurant, m�me s’il est capital. C’est un peu comme l’eau qui s’infiltre dans la terre suivant les lois de la g�ologie�: son parcours est comme le geste qui traverse les couches du tissu complexe que forme le psychisme. (...) Ainsi, ce voyage ne se fait-il pas dans ce qui est impos� � l’espace mais dans ce que l’espace impose. L’�me est notre domaine, notre terrain d’action.�� �[1]

Ce texte de H.Yano, chor�graphe japonais, introduit bien ce qui pourrait constituer dans l’avenir une des forces de la danse telle qu’elle se manifeste actuellement�: le m�tissage, les brassages et les �changes entre diff�rentes cultures, les recherches conjointes, les impr�gnations et les perm�abilit�s � des expressions "autres". Ainsi, par exemple, Yano s’associa en France avec l’africaine Elsa Wolliaston, elle-m�me rompue � la danse contemporaine am�ricaine, et avec des danseurs fran�ais et am�ricains au sein de Ma Danse Rituel Th��tre...

Si depuis la fin des ann�es 70 ces trajectoires crois�es vont en s’amplifiant, ce ne sont peut-�tre pas les exp�riences qui ont �t� les plus mises en avant au d�part par “l’establishment” culturel de programmation. Hormis certains noms tr�s m�diatis�s, cela a souvent circul� sans grande publicit�.

Rien de paradoxal a priori�: la "modernit�" en danse, donc sa "contemporan�it�", s’annonce comme souvent ailleurs�: l’Occident renoue avec "les traditions"... Il suffit de regarder les engouements actuels des milieux de la danse (entre autres�!) qui vont du flamenco � la danse africaine en passant par le tango, la samba, la salsa, les capoiera, via le bharata-natyam ou le kathakali, les arts martiaux et... les danses traditionnelles de toutes r�gions d’Europe ou d’ailleurs�!! Dans le m�me temps la danse africaine, le tango ou les danses traditionnelles sont chor�graphi�s selon des modalit�s de la danse contemporaine�; le th��tre comme la musique sont parties prenantes de cette �volution...

Certains y voient un exotisme mal plac�, d’autres crient � la mort de la danse contemporaine...

— laquelle�? —

Sans avoir rep�r�, peut-�tre, les germes nouveaux que contiennent ces balbutiements, ces imitations et ces apprentissages mutuels, pendant que certaines formes, qui nous �taient des r�f�rences jusqu’il y a peu, entrent effectivement en �tat de d�composition.

On ne peut de toute fa�on pas nier l’existence de ces multiples influences, ce serait comme de nier les migrations de populations ou la mondialisation des cultures et des techniques�! Bien s�r, il y a des exc�s, des ph�nom�nes de fascination, des "r�cup�rations faciles" ou des r�appropriations rapides, des gommages... A l’instar de tous nos contemporains, justement, nous sommes confront�s � des exp�rimentations et � la recherche de nouvelles voies�; cela passe par une certaine confusion, qui n’excuse rien et ne nous d�douane ni d’exigences ni de vigilance, mais il nous est donn� d’y trouver �galement des parent�s de pens�e que l’on ne soup�onnait pas forc�ment.

Peut-�tre le foisonnement qui r�gne donne-t-il le vertige devant la difficult� de classer les gens�? J. Robinson remarque � juste titre�:

"(...) il y a de quoi avoir le regard brouill� par la diversit� des d�marches, des styles et des techniques qui se manifestent aujourd’hui�; apparemment si diverses qu’elles seraient contradictoires... et pourtant, il me para�t que la donn�e fondamentale�: "ext�rioriser une exp�rience personnelle authentique", est toujours pr�sente et commune. (...) Toujours est-il que nous assistons aujourd’hui � la manifestation simultan�e de plusieurs tendances�: l’une se r�f�rant encore � ce que certains jeunes appellent avec une affectueuse sup�riorit� "la vieille danse moderne", tout de m�me centr�e sur un terrain d’expressionnisme, et � l’autre extr�me, les recherches dans le domaine d’une soi-disant abstraction, dans l’al�atoire, le minimal, le r�p�titif, etc. Et puis peut-�tre entre les deux, ceux qui sont � l’�coute de la marche du temps dans ce monde en effervescence, tout en restant �galement sensibles aux constantes du c�ur humain."�[2]

Cet �tat des lieux a grandement contribu� � m’attirer vers la danse contemporaine, o� coexistent actuellement la plus grande diversit� de styles et de pratiques�: les danseurs de but� c�toient les mimes du th��tre des pays de l’Est, les danseurs form�s aux techniques les plus classiques occidentales, et les danseurs africains, br�siliens ou asiatiques... C’est la raison pour laquelle je me reconnais souvent encore dans ce courant, et ce, surtout sur certains lieux d’enseignement, m�me si j’essaye de rep�rer ce qui nous enferme dans des formes de dogmes.

Longtemps boud�e du grand public, qui lui pr�f�rait soit le classique soit le jazz et ses d�riv�s, la danse contemporaine est souvent encore consid�r�e comme une danse "intellectuelle", ou distante et froide. Au vu de cette diversit� qui la caract�rise, c’est tout de m�me tr�s �tonnant�! J. Robinson y d�couvre "un divorce entre la danse et le contexte social". Elle se dit "frapp�e par le jugement port� par la majorit� du public qui passe souvent � c�t� de l’essentiel�; les crit�res seront esth�tiques, litt�raires ou autres, mais ne traduisent que rarement une identification du spectateur � l’acte dont il est t�moin et dans lequel il se sent peu impliqu�"�[3]. Elle pose alors la question d’une perp�tuation du "processus du vase clos" par les danseurs et les professeurs eux-m�mes, entretenant ainsi ce divorce.

Cette observation date d’il y a plus de dix ans et peut-�tre est-ce une des questions essentielles qui viennent nous chatouiller les orteils, autant que les m�ninges actuellement�? D’ailleurs le terme de danse contemporaine laisse subsister des ambiguit�s�; pendant longtemps, il recouvrait pour moi ce qui se fait aujourd’hui dans un certain �tat de recherche en danse... Mais cette d�nomination est propre � l’origine aux styles et techniques issus des premiers courants qui se sont affich�s comme danse moderne par opposition � la danse classique dans les pays occidentaux�: autant dire qu’il nous faut d�passer nombre de clich�s et de positions passablement intenables ou r�actionnaires�!

Le terme "contemporain" n’explicite en lui-m�me rien de la d�marche du danseur�! De surcro�t, il est loin de recouvrir l’ensemble de la cr�ation d’aujourd’hui. Ce qui a commenc� � s’appeler la danse libre avec I. Duncan, puis danse nouvelle, rythmique, cr�ative ou expressive, s’est finalement officialis� dans ce terme de danse contemporaine, entretenant ambigu�t� et confusion dans l’esprit du public.

La danse contemporaine voudrait-elle recouvrir "la danse basique, ce dont chacun de nous � notre insu peut-�tre porte en soi l’�lan virtuel�: la danse universelle et primordiale, sans �pith�te, sans �tiquette, un retour aux sources o� le mouvement est expression et communication, et le reste n’est qu’une s�rie d’�piph�nom�nes historiques et socioculturels"&nbsp�;�?�[4]

J. Martin, critique et historien de la danse, �crivait en 1933�:

" ... Selon ce d�sir d’ext�rioriser une exp�rience personnelle authentique, il est �vident que le sch�ma de la danse moderne tend vers un individualisme, et s’�carte d’une standardisation... N�anmoins, il y a une grande similarit� dans tout le domaine de la danse - la danse moderne s’entend. L’erreur, c’est d’y chercher un syst�me, un code tel que celui qui caract�rise la danse classique. La danse moderne n’est pas un syst�me�; c’est un point de vue (soulign� par la traductrice). Ce point de vue s’est d�velopp� au cours des ann�es, et n’est certes pas un ph�nom�ne de d�veloppement isol�. Il est all� de pair avec le d�veloppement de points de vue sur d’autres sujets..."�[5]

On pourrait s’attarder sur cette notion de point de vue, dans la mesure o� chaque d�marche refl�te effectivement un �clairage et un regard diff�rent. Elle n’implique pas une d�monstration particuli�re mais plut�t l’id�e de t�moignage et d’une �volution perp�tuelle. C’est ce qui fait que " (...) cette hypoth�se que le danseur soit non seulement instrument, interpr�te, mais cr�ateur est fondamentale � la philosophie de la danse contemporaine depuis ses origines au d�but du si�cle. Elle est implicite dans la d�marche p�dagogique de celle-ci, et c’est un des facteurs qui la diff�rencie radicalement d’avec la danse classique. Mais dans cette optique, il faut consid�rer le danseur en devenir comme on consid�rerait un futur compositeur ou sculpteur..."�[6]

C’est plus ou moins en r�f�rence aux autres arts que la danse a adopt� cette d�nomination, comme la peinture ou la musique contemporaines... pourquoi rester fix�s � ce qui finalement ne peut �tre que transitoire puisque de nouvelles expressions verront le jour d’ici peu�? Parlons plut�t avec ce grand danseur de jazz qu’est Walter Nicks de "danse", seulement... Ce qui nous �vitera par la m�me occasion de consid�rer certains styles comme des "sous-produits"�!�[7]

Pour conclure sur ces probl�mes de terminologie, je voudrais citer quelques chor�graphes�[8], class�s � la rubrique "contemporain". Leurs t�moignages mettent en �vidence les malaises qui courrent�; du c�t� de la "crois�e des chemins", r�sident d’immenses attentes... mais l’on ne peut g�n�raliser les attitudes�; rien n’est si simple et les inqui�tudes transparaissent malgr� l’affirmation des enrichissements�:

Ea Sola,

vietnamienne, a mont� dans son pays un spectacle — "s�cheresse et pluie" — avec un groupe de dames �g�es et de musiciens, � partir d’une recherche sur des danses villageoises en voie de disparition�: " Ici (en France) prime la cr�ation, dans un souci de relation au monde qui nous entoure, mais dont la transposition me semble parfois trop directe. Le souci de ce qui nous entoure est �motionnel, mais je crois que �a ne suffit pas. Il faut prendre le temps d’aller voir des endroits cach�s, dont les journaux ne parlent pas. Il faut d�couvrir des mati�res, des endroits o� les gens travaillent et d�veloppent des choses qui n’ont peut-�tre rien � voir avec la politique ou le social, voire m�me avec la culture, mais o� il peut y avoir de la beaut�, une technique et une pens�e. "

Angelin Prejlocaj,

albanais, parti au japon �tudier le th��tre N��: "Je suis parti � la d�couverte d’une autre civilisation. Je me disais qu’il en resterait s�rement quelque chose mais je n’ai absolument pas cherch� � reproduire ou � m’influencer consciemment de mon enseignement japonais. Je pr�f�re me laisser impr�gner et ensuite continuer mon travail comme si de rien n’�tait. On trouve ensuite des traces comme lorsque l’on dilue un produit dans un liquide, m�me � dose hom�opathique. Je trouve cela r�ducteur de vouloir faire un produit d�fini comme le bilan d’une exp�rience. Lorsque l’on demande�: quelle est la meilleure substance � extraire du Japon�? C’est pour moi, une attitude de pillard. A l’�poque, ce qui m’int�ressait c’�tait la tradition, non pas en tant que valeur bourgeoise, mais en tant que d�marche philosophique vers la perfection du mouvement."

C�cile Proust,

a �tudi� le Jiuta-Mai lors d’un stage � Kyoto�: "Tout le probl�me est bien s�r de ramener ces danses dans le champ de la danse contemporaine. Comment �viter l’exotisme�? On accepte assez bien que les peintres puissent s’inspirer de l’art n�gre ou de l’estampe japonaise, mais d�s qu’il y a une implication corporelle, on est suspect�. Il faudrait justifier d’une raison sanguine, on trouverait alors normal que je m’int�resse � ces danses�! Et on m’y enfermerait�! Mais qui d�cide du label "danse contemporaine", "danse folklorique"�? Pourquoi certains pays auraient-ils le privil�ge du "contemporain" et pas d’autres�? Cette question m�riterait une r�flexion historique et politique approfondie. Il y a, je crois, beaucoup d’ignorance dans cette critique de l’exotisme. Pour appr�cier une relecture des codes, il faut �tre en mesure de les conna�tre, et par manque de r�f�rences, on ne voit souvent que de l’exotisme l� o� il existe un vrai travail sur les codes chor�graphiques."

Santiago Sampere,

a voyag� en Inde et au Japon, � la recherche des origines asiatiques du flamenco�: " Je ne suis pas andalou d’origine, mais ma culture espagnole fait que j’ai "tremp�" depuis longtemps dans ce travail, des pieds et des mains, propre au Kathak. Cela me semble familier, presque imm�diat et tr�s agr�able. La difficult� en France fut de n’�tre pas catalogu� comme "danseur espagnol" qui est une �tiquette tr�s vite d�pr�ciative. Ce voyage en Inde a �t� une fa�on de lib�rer une forme que j’avais en moi qui ne soit ni du flamenco, ni du Kathak. Ce qui est dommage, c’est que le "folklorisme" soit ici un probl�me, c’est-�-dire qu’on mette tant d’�nergie � chercher � l’�viter. Je pr�f�rerais qu’on enseigne le flamenco comme une danse aussi formatrice et importante que la danse classique et qu’on remette enfin en cause cette opposition entre la danse "s�rieuse" (la danse acad�mique) et les autres danses. Ce qui me fait dire que le concept de contemporan�it� en danse est un concept de pays puissants�[9]. Ici je me sens parfois � l’�troit et j’ai r�guli�rement besoin de voyager pour respirer, pour pr�server une ouverture. L’esprit m�me de la danse contemporaine est celui de la recherche, de l’exp�rience."

Carlotta Ikeda,

japonaise�: "Je m�ne le m�me type de travail avec les danseurs europ�ens ou japonais. Le plus d�licat, c’est peut-�tre la diff�rence d’esprit, de mentalit� dans l’ex�cution d’un mouvement, c’est aussi une question de respect. Comment vous dire�? Ils sont "l�gers". Ce n’est pas uniquement un jugement de valeur, je me demande simplement si cette l�g�ret� est contemporaine, et je m’�tonne, comment peut-on �tre si l�ger�? Un ma�tre N� me disait qu’il fut tr�s surpris de constater que certains de ses anciens �l�ves europ�ens, qui n’avaient travaill� qu’un an avec lui au Japon, puissent donner des cours de N� � Londres. En But�, on retrouve parfois cette m�me l�g�ret�. (...)

Enfant, la danse classique m’impressionnait par exemple beaucoup. Puis j’ai cherch� ma propre danse en abordant des techniques tr�s diff�rentes. Mais j’ai d�couvert mon propre chemin � l’Universit�, avec l’enseignement d’Eguchi (qui �tait tr�s marqu� par Mary Wigman). J’ai commenc� plus tard le classique parce que j’avais le sentiment que cela pouvait m’aider � r�soudre des difficult�s que j’avais avec les jambes. De tous mes ma�tres, j’ai tir� quelque chose, il n’y avait rien � enlever dans leur enseignement. Ils m’ont mis sur le chemin de mon mouvement et je ne peux s�parer clairement l’h�ritage qui revient � chacun. L’�tat id�al de ma danse serait d’atteindre un �tat de "non personne", de pouvoir m’effacer, c’est alors seulement que je pourrais �voquer le caract�re intime et particulier de ma danse qui est aussi celle d’une danseuse japonaise. Je n’ai pas cultiv� une esth�tique japonaise par l’apprentissage de danses traditionnelles, mais la sensation que j’en ai, m’aide � cr�er ma danse. Le plus important lorsqu’on d�couvre une nouvelle technique est de saisir l’esprit, le mode de pens�e qui l’irrigue."

Puis encore, en clin d’�il, comme un oiseau qui lance une trille, Blanca Li, Espagnole�: "Mon id�e est de commencer doucement � m�langer toutes les choses de ma vie. Je ne voulais �tre ni danseuse de flamenco, ni une chor�graphe post-moderne, ni une chanteuse de cabaret. J’aime la sc�ne et j’aime cr�er�; je veux laisser toutes les portes ouvertes, pouvoir faire une "revue musicale", ou un spectacle seulement de flamenco ou bien un spectacle de danse contemporaine... Je veux savourer la libert� de pouvoir changer d’un jour � l’autre."�[10]

C. Ikeda avec l’id�e de l�g�ret� rejoint-elle en partie l’avis de Christine G�rard, qui tout en appr�ciant l’h�t�rog�n�it� des danseurs, se demande si "la connaissance de l’origine de leur travail peut leur manquer. C’est-�-dire que des gens n’ayant pas travaill� quatre ou cinq ans dans une m�me �cole, avec le m�me professeur, le m�me transmetteur de pens�e et de savoir, n’ont pas eu le temps de traverser cette origine, de la vivre, et apr�s, soit de la garder, soit de la faire �clater. Le fait que l’on ne sente plus la pens�e de leurs gestes fait que ces gestes deviennent fragiles. Cette connaissance ne s’acquiert pas forc�ment uniquement dans une �cole. Elle peut se vivre dans la solitude, dans une n�cessit� int�rieure..."�?�[11]

Parmi les autres critiques adress�es � la danse d’aujourd’hui, se trouve l’id�e qu’elle est devenue "respectable" avec ce corollaire qui est de chercher � plaire et � �tre accept�e. Les fondateurs �taient des "rebelles", la jeune g�n�ration serait "bourgeoise"... et en �cho il y aurait une attitude "�gocentrique" et "�sot�rique" de certains, perdant de vue la fonction de communication de l’art...

Cela engage assez bien � aller voir d’un peu plus pr�s sur quelles grandes notions fondamentales s’appuient les pratiques, et quels types de d�calages existent entre les discours qui circulent ou les objectifs mis en avant et le terrain.

Car c’est sur le terrain que l’on se rend compte du conservatisme obstin� que l’on peut rep�rer ici ou l�. Doit-on, par exemple, parler encore de danse contemporaine lorsqu’on voit ce qui se profile dans les directives du "minist�re" en mati�re d’attributions de subventions ou d’enseignement�?... Il y a de quoi se poser quelques questions...

Il faut se rendre � l’�vidence�: dans ces fameuses instances qui ont pour mission de donner des directives et des axes, ce sont souvent des danseurs(euses) eux-m�mes qui nous imposent un classicisme et des fonctionnements obsol�tes�!

Les pr�curseurs �taient effectivement en leur temps des novateurs. Leurs nombreux successeurs se sont peut-�tre parfois fourvoy�s dans des chemins d’une rigidit� �tonnante... et nous sommes tous des successeurs�! (� quelque niveau que cela soit�!).

Je me sens, malgr� ma perplexit� actuelle, dans une continuit� par rapport aux recherches des chor�graphes et des enseignants aupr�s desquels j’ai dans� et me suis form�e... Ce qui m’am�nera � pr�ciser certains jalons de mon parcours.


Notes�:

[1] — Y. Hano, �loge de l’Eph�m�re, 1979, introduction au spectacle Hana, cit� par la revue Mouvements n�9, 1995.

[2] — J. Robinson, �l�ments du langage chor�graphique, Ed Vigot, 1981, p. 7.

[3] — J. Robinson, Ibid, p. 24.

[4] — J. Robinson, Ibid, p. 21et 22.

[5] — J. Martin, La danse moderne, essai traduit de l’am�ricain par S. Schoonejans et J. Robinson, Actes Sud, 1991, p. 34 — cit� par J. Robinson, Ibid, p. 4.

[6] — J. Robinson, Ibid, p. 11.

[7] — Entretien avec W. Nicks, octobre 1983, in N. Midol et H. Pissard, La danse jazz — de la tradition � la modernit�—, Amphora, 1984, p. 99.

[8] — Revue Mouvements, n��9, Janv-mars 1995 — Entretiens sur le th�me “ voyages initiatiques�? ”

[9] — C’est moi qui souligne.

[10] — La com�te Blanca Li, , Revue Mouvements n�7, avril-mai 1994.

[11] — Cit�e par J. Robinson, Ibid, p. 2 — in " L’Avant Sc�ne — Ballet Danse ", Avril 1980, p. 110.

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