22 avril 20h 15
Au vu des premiers r�sultats, les tentatives de s�duction vont commencer vers l’ex-candidat Bayrou. Cette �lection pr�sidentielle fran�aise est importante de plusieurs points de vue�: l’Europe d’abord�–�qui en a parl� durant cette campagne de premier tour�?�–�de la culture en g�n�ral.
La culture, ce n’est pas l’artisterie et son statut, c’est d’abord un projet de soci�t�, ce sont aussi les d�bats, engag�s par ceux que l’on nomme les intellectuels, sur les grands th�mes de soci�t�: l’histoire, la philosophie, la morale, le sacr�, la place d’un pays dans le concert des nations, les �changes. Les politiques doivent y puiser les arguments de leur propre programme au plan moral, des choix et des orientations politiques et �conomique. Sauf mutation dont le sens nous aurait �chapp�, c’est la t�te qui pense et la main qui fait. Or, depuis le d�but des ann�es 80, qui conduit le politique�? S�rement pas la t�te�! C’est une oligarchie de leaders de multinationales, portes parole d’actionnaires soucieux d’abord de leur profit, qui dictent les obligations auxquels les politiques doivent souscrire s’il veulent ne pas �tre menac�s par des mesures de r�torsion financi�res. C’est donc la main qui pense et la t�te a, depuis longtemps, renonc� � se relever le d�fi lanc� par les gigantesques d�fis de la mondialisation et de la domination de la technologie. Les politiques ne dirigent plus, il ne contr�lent plus, ils g�rent sous l’�il suspicieux d’invisibles oligarques, capables ici ou l� d’entretenir des arm�es, de faire et d�faire des gouvernements.
Or, quel candidat nous a fait part d’un v�ritable projet�? Chacun s’est content� de discourir plus ou moins habilement sur les th�mes impos�s par les sondages, lesquels sont command�s par une presse aux bottes des industries de l’armement. Il n’y a plus ni presse ni �dition libre.
Depuis l’effondrement des ��id�ologies��, de Marx � Charles Maurras, plus aucun clerc n’a tent� de penser la d�mesure dans laquelle la plan�te enti�re s’enlise�: exc�s induits par la progression reptilienne du monstre nomm� ��Marché », perte insens�e des grands id�aux qui port�rent l’humanit� durant quelques si�cles. Le seul ordre qui s’impose, silencieux et masqu�, ob�it aux lois d’un mat�rialiste outrancier et v�nal qui aurait foul� aux pieds les grands th�mes moraux de l’humanit�. L’holocauste aurait pu nous servir de le�on, temp�rant l’orgueil immense de la pens�e rationaliste. Nous n’en cultivons que le souvenir pour mieux l’oublier au quotidien. La d�mesure nous place d�sormais face � un d�sastre plan�taire annonc� et face � la n�cessit� urgente de restaurer les lois essentielles du ��vivre ensemble��.
La culture, c’est d’abord l’�ducation, la transmission transg�n�rationnelle. La culture c’est aussi la fluidit� et la souplesse des circuits d’informations, leur perm�abilit� au renouvellement des pensers. Or, les soci�t�s s’enferment dans une frilosit� qui les emp�che d’assimiler tout th�me de transformation, toute id�e trouble de mutation. Le mat�rialisme a chass� l’imaginaire, l’inventivit� donc. Le mat�rialisme structure et ossifie nos cultures. Il ne peut qu’en r�sulter une in�vitable et longue phase de mort et de m�lancolie.
Face � des candidats qui nous parlent d’esp�rance, on sourit. Voil� enfin des futurs comptables heureux�! Normal, ils fonctionnent dans l’�ph�m�re et le d�ni�! Si la campagne pr�sidentielle fran�aise s’enlise dans des disputes sur la s�curit�, l’ordre, l’identit�, l’apparition de plus en plus marqu�e de deux castes�–�les ��gens��, de plus en plus pauvres et soumis, les people, de plus en plus riches et arrogants�–�, c’est bien parce qu’il n’a pas �t� point� de d�nominateur commun � ces th�mes.
La culture, comme outil de transmission des connaissances et des grands th�mes �thiques est au centre. On l’a oubli�e�!
L’Europe enfin�! Il s’agit de la naissance d’une immense nation au c�ur du monde, ph�nom�ne que l’Histoire n’a pas relat� depuis des si�cles. Et nous n’en tirons aucune fiert�, aucun espoir, mais beaucoup de g�missement et de pleurnicheries. Il est vrai que la construction de l’Europe n’est plus l’immense chantier, le d�fi lanc� par quelques visionnaires mais un vaste march�. Il est donc �vident, quasiment logique, que cette Europe ne soit plus qu’un espace g�ographique � envahir. Rien de bien exaltant�!
La dimension de l’Europe des peuples est largement oubli�e.
Prochain article de Kieser �l Baz�: Le portrait psychologique du petit Poutine fran�ais.
Internet est un outil de contournement et de travers�e des hi�rarchies �tablies. Il faut s’en servir avec vigueur et opportunit�!
Pour cette campagne de deuxi�me tour nos colonnes sont ouvertes aux internautes.