La prescription, c’est le délai au-delà duquel il n’est plus possible de porter l’action en justice. Pour les crimes sexuels les plus graves au sens de la loi, tels que viols, ce délai est actuellement de 10 ans après la majorité de la victime, 20 lorsque le crime est commis par un ascendant ou un proche.
• Parce qu’un crime contre l’humanité qui se construit dans le corps et le psychisme fragile d’un enfant est un crime contre l’humanité tout entière.
• Parce que la révélation de l’abus se fait dans l’immense majorité des cas très tardivement, seul un infime pourcentage des crimes sexuels commis sur des enfants est jugé (moins de 1%) en raison de la prescription qui équivaut à une quasi impunité des criminels.
• Parce que la reconstruction de la victime, quel que soit le temps écoulé, passe par la reconnaissance de ce qu’elle a subi et la désignation du criminel qui doit être puni.
• Parce que l’imprescriptibilité, dans la menace qu’elle constitue pour les abuseurs, protégera des enfants.
Arguments :
L’abus sexuel commis sur un enfant va bien au-delà d’un traumatisme physique immédiat. C’est tout son psychisme en pleine édification qui est dévasté. L’abus sexuel exerce des ravages souterrains à long terme, dont les répercussions sont innombrables sur la santé, l’affectivité et le devenir de la victime. L’abus sexuel s’accompagne d’un abus de pouvoir, d’un abus de confiance, et emprisonne la petite victime dans une violence psychique inouïe.
Honte, culpabilité, doute, sentiment de souillure, angoisse, perte de l’estime de soi, prennent toute la place. L’enfant ne se sent plus en sécurité et il redoute que cela recommence. Les fondements de sa confiance en l’adulte et en le monde sont détruits.
Souvent, pour survivre dans cette situation, l’enfant se coupe de ses sensations et se dissocie. L’amnésie post-traumatique lui permet de survivre, l’abus est enfoui, refoulé durant des années, des décennies, mais jamais effacé. En profondeur les ravages ne s’arrêteront pas aux seules atteintes subies par son corps Des états dépressifs s’installent ; beaucoup, même, envisagent le suicide. L’anxiété, l’inadaptation vécues au quotidien, l’impossibilité de se détendre, de vivre pleinement ses émotions, que ce soit de la joie ou de la peine, des difficultés relationnelles majeures, et fréquemment, plus tard, l’incapacité de connaître une relation amoureuse épanouie et de construire une vie de couple.
Divers problèmes de santé surviennent, qui peuvent persister tout au long de la vie d’adulte : dépression, insomnie, cauchemars, phobies, incontinence, dépendances (alcool, drogues...), troubles des conduites alimentaires (anorexie ou boulimie), mutilations, conduites auto-destructrices...Et puis il y a celles et ceux qui semblent fonctionner normalement mais sont prisonniers de leur secret, dans une cruelle solitude, se protégeant tant bien que mal derrière une image qui ne correspond pas à leur réalité : une enfance brisée.
La plupart des abus ne se révéleront que bien plus tard, le plus souvent après des années voire des décennies, lorsque la victime devenue adulte aura, enfin, un interlocuteur de confiance et les moyens d’exprimer l’indicible.
Pourquoi ? Parce que l’amnésie ou le déni est la seule réponse de survie à l’horreur de l’abus sexuel, et que ce refoulement dans l’inconscient se prolonge chez un grand nombre de victimes jusqu’à un âge avancé, conduisant au-delà du délai de prescription... Parce que le milieu bien souvent protège l’agresseur. Parce que la légende est encore bien ancrée, qu’il faut oublier et que la plainte n’est que vengeance, alors que nul ne s’offusque de voir déposer une plainte, même tardive, pour un crime financier, par exemple-. Parce que la parole de l’enfant, quand elle est possible, est fréquemment mise en doute. Mais aussi parce que l’ampleur des crimes sexuels sur des enfants est telle que la société dans l’ensemble se voile la face.
Entendre la victime et la reconnaître comme telle, désigner le criminel et le reconnaître comme tel, c’est le premier pas dans le processus de reconstruction de l’enfant victime d’abus sexuel. Il n’y a pas de guérison possible sans que la vérité soit dite. Quel que soit le moment où survient la dénonciation de l’abus, la vérité sera toujours synonyme de délivrance. Savoir qu’il y a une Justice, sans prescription, est donc capital.
En effet, comment concevoir qu’un crime qui laisse des séquelles à vie sur la victime, demeure impuni parce que la plainte survient au-delà du délai de prescription ? Est-ce à dire que la société et l’institution considèrent que le temps a effacé, voire réparé le préjudice ? Pour la victime, quel désaveu ! C’est la renvoyer une seconde fois au silence et à l’oubli ; c’est tout bonnement la condamner au néant. Tandis que l’agresseur, lui, peut tranquillement tourner la page ...et recommencer.
Les chiffres de l’ODAS (Observatoire Décentralisé d’Action Sociale) indiquent que le nombre de signalements pour abus sexuels sur les enfants tourne autour de 5500 par an en moyenne, sur les cinq dernières années. Le total de tous les signalements effectués depuis que l’Etat a installé cette procédure ne dépasse donc pas 1% du nombre réel d’enfants victimes d’abus sexuels en France (abus perpétrés le plus souvent au sein de la famille ou par des personnes connues de l’enfant, il faut le souligner).
Au nom de l’enfance violée,
Victimes et proches de victimes de l’inceste et de la pédophilie.
Daniel Boirat
Marie-dominique Lecluse
Jean-françois Lecluse
Pour signer la pétition rendez vous sur le site Au nom de l’enfance violée.
Parution de l’essai de Illel Kieser ’l Baz, Inceste, pédocriminalité : crimes contre l’humanité, version téléchargeable
Vous pourrez déposer vos commentaires en allant à la page destinée à cet effet.
Vous avez aussi la possibilité de dialoguer sur le forum Vivre après l’inceste
Bonjour Jenny,
j’ai lu avec beaucoup d’attention votre témoignage et ne puis m’empêcher d’y ressentir autant votre souffrance que votre courage.
Je ne m’habituerai jamais à ’existence de ce mal et je me dis qu’il ne faut surtout pas s’y habituer. C’est ce qui nous donnera toujours les ressources pour y réagir, lutter contre.
En vous lisant je constate que vous avez déjà réussi à vaincre de nombreux obstacles, notamment celui du silence mais vous restez imprégnée de cette sensation d’être vous-même sale, salie.
Et là, seul le temps pourra vous aider à traverser mais les bases, pour vous sont là, en votre jeune âge. Que vous ayez à faire le deuil d’une famille aimante, d’un accompagnement aimant par des membres de votre famille représente une douleur d’autant plus vive que nos sociétés, hypocritement, nous présentent cela comme valeur fondamentale alors qu’elle les foulent au pied.
Sachez dire non à des stéréotypes et à des préjugés qui, déjà, n’ont plus de valeurs pour vous.
Si vous vous tournez vers d’autres déshérités vous trouverez le gîte de votre épanouissement. Vous aurez ce courage supplémentaire et, cela vous étonnera sûrement, vous pourrez apporter à d’autres le fruit de votre vécu. Cela est un bien précieux.
Dites non, luttez, c’est de vous qu’il s’agit, vivez pour vous ! Kieser
PS : si vous lisez ou réagissez à ce message laissez-moi votre adresse e-mail afin que nous puissions rester en relation directe.
Je tenais à faire part de mon témoignage et rebondir suite a votre article...Je me prénomme Jennifer et j’ai 32 ans , j’ai un parcours chaotique sur ma construction identitaire à la base (séparation, sentiments d’abandon...famille dysfonctionnelle) mais j’ai aussi subi ( et cela me fait drole de l’évoquer aujourd’hui...)des abus sexuels de la part du mari de ma grand mère (celle ci m’a élevé jusqu’à l’age de 4 ans).... Cela a commencé quand j’avais 7 ans je crois, par des caresses que je prenais a priori pour de l’affection. Cet homme je le considérais comme un grand père, un père...Rapidement cela a été plus loin : douches ensemble , demande de sa part de la caresser, caresses sur mon sexe etc...Je suis quasiement persuadée que ma grand mère "savait", ce qui a a eu pour moi des répercussions d’autant plus graves...J’ai grandi et les pratiques de cet homme sont devenus intimes, mes seins naissants et mon corps se développant, il était toujours là, omniprésent physiquement et moralement. J’étais un peu à sa merci, il était "gentil", était mon confident pour moi.Mais je sais aujourd’hui que tout cela n’était que de la manipulation pour qu’il arrive à ses fins...Chantage affectif aussi "si tu parles tes parents vont pas te croire et ta grand mère non plus" "tous les grands pères font ça ""je fais la meme chose à ta grand mère" "ne couche pas avec des garcons, il y a le sida". Jusqu’à l’age de 14 ans j’ai subi cet enfermement, cette pression psychologique, en me disant que je ne pouvais pas réveler quelque chose d’aussi honteux et je me disais que j’étais responsable car je n’avais pas réussi à lui dire "non", que quelque part j’étais une petite salope car il me payait des jeux vidéo, on jouait au billard, il m’apprenanit a conduire (d’ailleurs ces lecons ont commencé quand j’avais 12 ans et personne de ma famille trouvait cela étrange, passons..)j’ai meme été jusqu’à culpabiliser vis a vis de ma grd mère pensant que je lui volait sa place, par rapport à mes parents je me senatsi honteuse, nulle et j’avais l’impression de ne plus mériter d’etre leur fille, d’autant plus que mes parents n’ont jamais apprécié cet homme. Je me sentais prise au piège, l’histoire a éclaté car il cherchait a attirer ma meilleure amie vers lui en lui proposant de la ramener chez elle, elle le craignait bien sur. J’ai donc commencé a dire certaines choses mais très peu, j’avais l’impression que j’étais responsable et voulait protéger tout le monde, y compris lui !Il a abusé aussi de ma cousine, c’est tout d’abord elle qui a avoué certaines choses et puis le jour de l’anniversaire de ma grd mère, j’ai craqué, je n’en pouvais plus et mon père m’a prise à part dans la cuisine et je lui ai donné quelques détails (mais comment avouer des choses pareilles à son père ?cela m’était trop difficile), et puis et puis vient l’heure des dépositions, de la confrontation et du tribunal...Aujourd’hui je regrette de n’avoir pas tout dit car cela uarait été les assises, cet homme est rentré chez lui, en premier procès il a eu 8 mois ferme puis 1 mois avec sursis en appel....C’est a dire qu’il ne s’est rien passé, tout cela pour ça....Moi bousillée, je tente avec une psychothérapie longue de m’en sortir, c’est impossibilité de me projetter dans l’avenir, trouble de mon identité, angoisses, repli et j’en passe.... Alors aussi comment ne pas avoir la haine contre cette societé , contre la justice quand en plus de ce que l’on a subi rien n’est reconnu, puni , comment se reconstruire sans etre reconnue comme victime ? Aujourd’hui j’y travaille mais je me sens toujours coupable, je n’ai aucune estime de moi alors que mon potentiel est grand, j’ai l’impression de crever a petit feu avec ce vécu destructeur et c’est moi qui me bousille...je fais confiance à mon psy, j’ai un entourage aimant, loin de ma famille qui m’a demandé de "tout oublier", je suis en rupture avec elle, je ne peux pas pardonner leur manque de vigilance, leur lacheté et le fait que c’est aujourd’hui puisque j’ai du tourné la page que tout revient et j’ai meme des envies de suicide... Alors oui, c’était il y a plus de 17 ans mais combien de vie ca détruit d’avoir rencontré sur son chemin un monstre de la sorte ? Et comment ne pas avoir envie de tout péter au lieu de se donner une place dans la société, car oui, elle est injuste , comme le reste d’ailleurs...Je n’ai plus confiance en moi, plus en l’autre et encore moins au système de merde qui soi disant protège les victimes , car la prise en charge, comme elle est faite est d’autant plus traumatisante et inhumaine... Voilà ce que j’avais à dire, moi une jolie nana de 32, intelligente et pleine de qualité qui se laisse crever car elle se sent sale, en marge desespérée et en colère, une colère innommable...
" Voilà ce que j’avais à dire, moi une jolie nana de 32, intelligente et pleine de qualité qui se laisse crever car elle se sent sale, en marge desespérée et en colère, une colère innommable..."
je ne comprends, hélas, que trop bien ta souffrance, ta colère et ta tristesse, pour être passée par là, mais différemment (j’ai porté plainte pour des faits subis entre 3 et 7ans, et faute de preuve, l’affaire a très vite été classée sans suite) Face à l’aberration du système juduciaire, j’ai laissé tombé les poursuites. J’ai compris que rien ne viendrait de l’extérieur, en tant que réparation. Je voulais te dire qu’on a la capacité de digérer, de guérir. Il faut absolument se pardonner, ne pas s’en vouloir d’avoir été "faible" car on ne l’a pas été , bien au contraire... Enfants, on fait confiance. Trahis, on l’ a été. Tellement... Il ne faut pas laisser cette CULPABILITénous pourrir la vie. Ni RIEN attendre des autorités, judiciaires et/ou familiales pour ALLER MIEUX. On a la force en nous. On a des ressources fantastiques.Plus, même, que ceux qui n’ont pas à avoir dû passer par là. Se laisser paralyser par cette culpabilité dévorante est une façon de faire plaisir à l’agresseur, de lui donner raison. Si tu veux lui faire un beau pied de nez, vis comme tu as toujours rêvé de vivre. Ne lui donne pas plus de place dans ta vie.
On n’a malheureusement pas le pouvoir de changer le passé, ni les gens autour de nous. Par contre, on peut trouver en soi des ressources insoupçonnées pour traverser cette horreur et s’élever au dessus de toute cette merde. Je te souhaîte de te réconcilier avec toi même, de ne plus porter cette culpabilité qui ne t’appartient pas, pour enfin renaître à toi même et vivre une vie telle que tu le mérites, pleine de joie et d’avenir. Il est urgent de vivre, on n’a que trop souffert. Passons outre, n’attendons rien ni personne pour commencer à aller mieux.
Je suis de tout coeur avec toi, Jenny. On va s’en sortir, crois moi.
Alex.Emmanuelle G
Merci a toi de ton témoignage, cela fait toujours plaisir que des gens vont bien après avoir connu ce cataclysme ! Je sais bien que l’on peut trouver nos ressources qu’en nous meme mais je me rends compte aussi car je suis en thérapie que j’ai des fonctionnements masochistes et là j’avoue que pour en sortir, je ne sais pas comment faire ! Et toujours ce mal etre, je crois que dans ma construction beaucoup de choses se sont cumulées et j’ai bien peur qu’aujourd"hui je tombe dans les états limites, j’ai peur de ce terme et de ce que cela inclue mais tant de choses du passé remonte et je ne sais comment gérer mon présent et mon avenir ! Parfois je me dis que ca fait trop et que je ne serais jamais "bien", alors entre la vie que j’aimerais et celle que j’arrive a vivre ou dans laquelle je survis, cela fait une sacrèe marge ! Difficile de trouver les ressources quand l’angoisse est quasiment permanente, et l’insécurité aussi !Je tente de me défaire de bcp de choses mais au fond je me sens tellement fatiguée..C’est difficile de lutter parfois quand on a tj vécu dans un climat insécurisant et dysfonctionnel, avec tout ce que cela comporte, difficile de reconstruire, si cela est encore possible une identité stable tellement celle ci a été malmenée ou peu construite...Quand les failles identitaires durent depuis plusieurs générations, avec les déviances et excès qui vont avec, il n’est pas évident de s’en défaire ! Alors que faut il entreprendre si ce n’est une thérapie, qui auj, à part faire remonter "la merde" me laisse toujours dans l’incapacité d’etre une personne structurée, responsable et constante ?Lorsqu’on a été la proie d’un malade mental quia abusé de vous pendant des années, sans que vos parents ne réagissent, quand certains de vos proches ont nié votre parole et n’ont rien fait pour qu’un travail de re construction ne soit mis en place (ca fait toujours désordre ce genre d’hsitoire dans une famille !alors il est plus facile de nier et d’enfoncer la victime, meme si ce n’est qu’une ado !), alors voilà tout ces ravages psychiques et cette colère qui ne passe pas , ces états dépressifs qui me rongent a défaut d’avoir pu m’échapper de cet enfer....et on se dit après avoir vécu ainsi que l’on est pas capable soit meme de construire une famille, faute de modèle et peur de reproduire, c’est peut etre une forme d’auto destruction, je ne sais pas , en tout cas j’en suis encore au stade où la mienne me donne envie de vomir...Je suis désolée de dire cela mais ce n’est que la vérité !! Entre lacheté, déni, mensonges et bénéfices secondaires, j’ai été le tiroir a merde d’une famille qui est à 600 kms de moi mais qui me hante encore...Mais merci a tous et toutes pour vos messages qui me donnent de l’espoir et l’envie d’avoir envie !
Bonjour...Je viens de trouver un lien sur lequel un écrivain français indique qu’on ne devrait pas signer la pétition car elle n’est pas positive et il affirme aussi que les crimes sexuels sont rares. Qui a raison ? j’ai peur que les média entraînent des gens sur des voies pas sûres...
Je place le lien de l’article sur le web...Il date du 08 juin 2007, l’auteur en est Orlando de Rudder
http://orlandoderudder.canalblog.com/archives/2007/06/09/5231695.html#comments
PS : J’ai informé d’autres forums, mais personne ne répond...
Merci de cette information, je viens d’y répondre. Cependant sachez que, malheureusement, vous rencontrerez de nombreux individus qui donneront ce genre d’information tout à fait fausse.